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Imperator : Bonjour. Pour commencer, peux-tu nous dire qui est Demosthène?

 

Demosthène: Le pseudo est rapidement identifié par les amateurs de science-fiction comme un des personnages de Orson Scott Card dans le cycle d'Ender. Demosthene y est une identité virtuelle qui sert à la sœur d'Ender à diffuser des idées sur l'équivalent de notre internet.

Au-delà de ça, il parait que c'est à la base un philosophe grec. J'avoue ne pas m'être vraiment documenté d'avantage. C'est surtout cette idée d'identité virtuelle pour le réseau qui m'a attiré.

Derrière le pseudonyme, il y avait à la base un français d'une vingtaine d'année, qui a pris 10 ans depuis la création de cette identité virtuelle. Un travail de bureau, une affinité avec la lecture, et puis une envie d'écrire, et voilà.

 

Imperator: Et comment en es-tu arrivé à écrire les histoires du capitaine Weaving ?

 

Demosthène: C'est né d'un défi d'écriture lancé par une amie, San, qui officie ici aussi. Elle proposait que chacun écrive une histoire de pirate. Ca a donnée l'idée de base. Ensuite, comme chaque auteur je crois, j'ai puisé à droite à gauche. Le Capitaine Weaving, dans l'esprit, est un personnage créé il y a de nombreuses années, il, ou plutôt elle puisque son prénom était Valentine, commandait déjà un vaisseau, le MSS Révolution, dans un jeu de rôle par E-mail dans l'univers de Startrek.

J'avais le capitaine dont j'ai changé un peu la personnalité, il me fallait une histoire. Il se trouve que les histoires de marins ont une résonance particulière chez moi. Si vous avez l'occasion d'écouter des marins raconter leurs aventures, vous allez vivre des moments extraordinaires. Est-ce que l'histoire qu'on vous raconte est arrivée ? Oui, probablement. Est-ce qu'elle est arrivée comme ça ? Ca dépend beaucoup de ce votre interlocuteur. Mais si le conteur est bon, c'est quand même fort peu probable.

J'ai voulu m'essayer à l'exercice, et raconter derrière Weaving des histoires qui me sont arrivées sur l'eau.

Quand vous écoutez un marin raconter ses histoires, il va vous parler en détail de la longue agonie de l'Aubaine sur les rochers. L'histoire derrière ça est bien moins épique. Et s'il lui est arrivé des choses vraiment graves, il n'en parlera pas, ou alors vraiment en fin de soirée.

Moi je n'ai pas de choses graves à raconter, par contre je crois que je me défends bien pour l'épique.

 

Imperator: Peux-tu un peu parler de tes autres récits, comme par exemple "Le lien"?

 

Demosthène: Le lien, c'est l'histoire que je rêve de finir mais qui s'évade à chaque fois que j'essaie. Je ne planifie pas vraiment mes récits. Je crois que c'est un reste du jeu de rôle par E-mail. J'écris en me laissant porter par une image, une émotion ou une sensation, et ça vient comme ça. Je regarde ensuite où ça m'emmène en me disant "Ça serait sympa que ça aille par-là". En général, les personnages sont dociles et les émotions aussi. Mais pas toujours. Kriss, l'héroïne du lien, et le lien en lui-même qui est finalement un personnage de l'histoire, ces deux-là prennent un malin plaisir à aller exactement là où je ne les attends pas.

Pour parler plus de l'histoire, en passant beaucoup de temps derrière un ordinateur et en étant un peu introverti mais intéressé par le monde et l'actualité, je me suis interrogé sur l'omniprésence des connections, des informations, sur tout ce qu'on partage et que d'autres utilisent pour "notre bonheur". San avait eu l'idée d'un moyen de savoir qui allait comment, qui avait besoin d'un câlin parmi tous les gens qu'on croise. Dans sa tête, ça devait être une utopie je pense. Moi j'avais envie d'écrire dans une dystopie, et il y avait des émotions que je voulais expérimenter.

De façon générale, quand j'écris, c'est sur la base d'une atmosphère, d'une lumière particulière ("Le brouillard", ou "Nuage Jaune" sont écrits comme ça) ou beaucoup plus souvent quand j'ai une émotion à sortir, ou que je veux vivre pour m'interroger dessus. Il y a de ça dans Weaving, beaucoup dans le Lien, et beaucoup dans d'autres histoires, dans " Noir comme la nuit ", ou " Ars et le pont " par exemple.

 

Imperator: Tu as partagé certaines de ces histoires sur les chroniques de jours anciens. Qu'est-ce qui t'y a amené et qu'en as-tu retiré?

 

Demosthène: J'ai beaucoup écrit en jeu de rôle par E-mail, puis ça s'est un peu tassé chez moi. J'ai continué à écrire sans vraiment le diffuser, jusqu'à ce que la sorcière bondissante me parle des Chroniques. Quand j'ai débarqué là-bas, j'ai commencé par lire beaucoup, ce que je fais toujours en arrivant dans une communauté sur le net, avant de m'exprimer. Lire, commenter, et à côté de ça, retoucher mes textes qui à la lueur de ce que je découvrais me paraissaient bien pauvres. Rien que là, à lire d'autres textes et à lire d'autres commentaires, j'ai pris conscience qu'on pouvait travailler et retoucher un récit. C'est quelque chose que je n'avais quasiment jamais fait.

La plus grosse claque des chroniques, ça a été de lire les textes du Renard. Je ne sais plus quel est le premier texte que j'ai lu de lui, mais je me suis forcé à aller jusqu'au bout. Et j'ai trouvé ça sans queue ni tête.

Je me suis même demandé s'il n'avait pas un souci d'élocution ou de pensée. Mais par principe, je me remets toujours en question d'abord, donc j'ai dû commenter quelque chose qu'on pourrait résumer par "Je n'ai rien compris et ça ne m'a pas plu, mais ça doit venir de moi, donc peux-tu nous expliquer ta méthode". Et il l'a fait... Et j'ai été scotché par le travail, le niveau de lecture, et la précision derrière le moindre mot, la moindre virgule.

Là j'ai découvert qu'on pouvait aller très loin. Peut-être trop loin comme il le disait lui-même. Je dirais que tout ça, à lire et à commenter, m'a appris à retravailler mes textes, et à ne pas me contenter d'une version qui me satisfait, mais à aller chercher bien plus loin.

Bon, et puis bien-sûr, j'ai lu beaucoup de choses qui m'ont fait vibrer et voyager, et ça c'est aussi assez magique.

 

Imperator: Du coup, quel objectif poursuis-tu dans ou au travers de l'écriture?

 

Demosthène: J'écris pour moi, avant tout.

J'écris pour des émotions, ou des choses qui me marquent. C'est là le processus d'écriture. Ensuite, si je vois que ça pourrait faire vibrer quelqu'un d'autre, je travaille le texte un peu plus, et éventuellement je le diffuse. Soit en cercle restreint, soit à une communauté bienveillante comme les Chroniques.

C'est un peu ce que je cherche dans la lecture aussi, des histoires qui me fassent vivre des émotions, alors j'écris pour apporter ma pierre à cet édifice-là.

 

Imperator: C'était déjà le même but dix ans en arrière?

 

Demosthène: Oui, je crois que oui. Ce que j'ai vécu de plus sympa en jeu de rôle par E-mail, ça n'est pas d'abattre un vaisseau Romulien ou d'échapper à la Fédération, c'était de vivre des émotions fortes, et d'en faire vivre à d'autres.

 

Imperator: Que dirait ton jeune toi d'il y a dix ans s'il pouvait voir ce que tu as accompli depuis?

 

Demosthène: C'était un jeune con imbu de sa personne, alors il aurait surement une remarque sarcastique pour moi.

Non, plus sérieusement, je crois qu'il serait surpris de lire certain textes, et je me demande si voyant qu'il va y arriver de toutes façons, il ne relâcherait pas ses efforts. C'est dur les paradoxes temporels.

 

Imperator: Et si tu avais la possibilité de dire quelque chose au jeune toi d'il y a dix ans?

 

Demosthène: Je lui dirais d'aller encore plus loin, d'expérimenter encore plus, et de continuer à s'amuser. Je suis content d'en être où j'en suis aujourd'hui, donc je n'aurais pas de conseils fondamentaux pour lui.

En regardant en arrière, je sais ce qu'il a vécu et qui l'ont amené là, et j'ai idée de deux ou trois événements fondateurs qui l'amèneront à aujourd'hui en termes d'écriture. Ca n'est pas la peine de se précipiter.

 

Imperator: Pour revenir aux histoires du capitaine Weaving... pourquoi Weaving? Pourquoi ne pas avoir gardé Valentine?

 

Demosthène: Une femme pour commander une goélette ? Mes histoires ne sont pas historiquement exactes, mais une femme commandant, ça devenait complètement cartoon.

Encore aujourd'hui, ça porte malheur d'avoir une femme à bord, même si ça tend à se normaliser. Et quand on enferme 10 hommes pendant 3 mois sur 300m d'acier au milieu de l'océan, sans autre loi que celle du Commandant, on comprend bien d'où vient cette superstition.

Mais ça me plait d'écrire avec un personnage féminin. Je suis par nature quelqu'un qui exprime très peu d'émotion. Et on est peut-être dans le cliché mais en tout cas moi, ça m'aide à les exprimer lorsque le personnage est féminin.

 

Imperator: D'où te vient ton expérience de la mer?

 

Demosthène: Mon père était marin de commerce. Je suppose que ça a ancré l'imaginaire maritime assez tôt chez moi, pour essayer de comprendre ce qu'il faisait pendant les 3 mois qu'il passait en dehors de la maison. Ca a ancré pas mal de choses parce qu'aujourd'hui encore, cette odeur d'huile, de pétrole et de sel, c'est un peu ma madeleine de Proust.

Ensuite, quand on est attiré par l'eau, c'est assez vite fait de passer un peu de temps dessus. J'ai appris un peu la voile. Profité que mon Lycée était vers Marseille pour pratiquer régulièrement en équipage. Et puis bénéficié de deux ou trois cadeaux du destin. Un petit voilier offert par un copain de bateau de mon père en remerciement d'un convoyage catastrophe entre Malaga et Marseille qui s'est interrompu à l'est de l'Espagne (il faudra que j'écrive là-dessus tiens), et un autre copain qui changeait son bateau et m'a offert l'ancien.

Ce n'était qu'un petit dériveur pour deux ou trois, mais quand c'est le sien, ça devient vite une goélette avec un équipage de vingt personnes.

 

Imperator: Et pourquoi avoir nommé le navire du capitaine Weaving "l'Anubis"? Y a-t-il un sens caché?

 

Demosthène: Là, il faut encore aller chercher dans la science-fiction. L'Anubis est un vaisseau spatial créé par Serge Lehmann dans "Aucune étoile aussi lointaine". L'histoire d'un garçon qui voulait devenir naute, marin de l'espace si l’on veut, et qui voit son rêve anéanti par le déploiement de la téléportation interplanétaire. Le livre est parsemé de récit de Nautes sur leurs aventures. J'ai trouvé que ça faisait un parallèle intéressant.

Arkadih Tomkins, le héros de "Aucune étoile aussi lointaine", est fasciné par toutes ces histoires de marins de l'espace, et il passe le livre persuadé que jamais ses histoires à lui ne mériteront d'être racontées. Sans dévoiler l'intrigue, il lui faut attendre la fin de sa vie pour regarder en arrière et se dire que ça ferait une sacrée histoire en fait, s'il y avait des gens pour en parler. J'ai beaucoup entendu d'histoire de marins, en me disant que j'adorerais en vivre, jusqu'à ce que je regarde ce que j'avais vécu sur l'eau, et que je me dise que finalement, il y avait matière à raconter aussi.

 

Imperator: Je comprends mieux. Tu sembles avoir beaucoup de sources d'inspiration. Peux-tu citer les principales?

 

Demosthène: Je regarde beaucoup autour de moi, et je crois que je suis bon public pour ce qui est de ressentir ce qu'on veut me faire passer. Je lis, comme tout le monde ici je crois. Par le jeu de rôle par E-mail j'ai rencontré des tas d'auteurs différents  qui m'ont énormément appris. Et sinon je creuse dans ce que je vois et entends.

Oh, et je n'ai pas la télévision. Je crois que ça joue. J'avais lu l'aphorisme suivant "La télévision fait beaucoup pour ma culture, chaque fois que quelqu'un l'allume dans la maison, je quitte la pièce et je lis." (Groucho Marx)

Plus spécifiquement sur Weaving, les histoires que j'ai entendues par mon père et par les autres marins, à voile ou de commerce. Et puis les récits de mers qui ne manquent pas. La longue route de Moitessier. Je ne sais pas comment on peut lire ce livre et ne pas avoir envie d'embarquer au plus vite sur un voilier.

 

Imperator: Dirais-tu que "La longue route de Moitessier" est ton livre favori?

 

Demosthène: J'aurais bien du mal à citer un livre favori. Il y a des livres qui m'ont marqués, et d'excellents livres, mais n'en garder qu'un, ça serait vraiment dur. La longue route, c'est mon favori dans la catégorie "Journaux de voyage en mer". Mais c'est une petite catégorie. Et c'est aussi un livre qui m'a marqué, par l'histoire, et par le fait qu'un simple mot du vocabulaire maritime vous transporte immédiatement dans une banale journée de force 9 dans les 50ème rugissant.

 

Imperator: Du coup je suppose qu'il est inutile de te demander si tu as un film ou une série préférée...?

 

Demosthène: Oui, même principe pour les films. Je ne saurais pas en citer un seul. J'ai une belle liste de films importants pour moi. Tout comme les séries, avec du bon ou du moins bon, mais tout ce qui est sur la liste a quelque chose. De Startrek DS9 parce que ça me rappelle d'excellents souvenirs de jeux, à True Blood pour ses personnages colorés.

 

Imperator: Ces excellents souvenirs de jeux sont liés au jeu de rôle par email j'imagine. Est-ce que tu pourrais décrire rapidement de quoi il s'agissait, comment ça a débuté et pourquoi tu l'as autant apprécié?

 

Demosthène: Ça a commencé par un copain de collège que j'avais perdu de vue et qui m'a dit "Je suis là-dessus, tu devrais tenter". Je me suis inscrit avec une connaissance de Startrek à peu près nulle, et je suis tombé sur des gens incroyables. TSF à l'époque était un très gros club. La flotte fédérée comptait 10 ou 15 navires, les maquisards 4, les klingons et les romuliens 2 chacun. Sur chaque navire était un groupe de joueur, entre 7 et 10.

Le principe était simple, les missions duraient 4 semaines. Un conteur envoyait la situation et répondait aux questions, puis les joueurs écrivaient en racontant leurs actions et posaient des questions. 2 fois par semaine, le capitaine du vaisseau envoyait des ordres, qui servaient de référence au conteur pour faire avancer l'action.

Le club contenait beaucoup de trekkies, principalement à la fédération. Des gens capables de résoudre une mission mal montée en deux mails du genre "Il ne fallut que quelques minutes au lieutenant pour arriver en salle des machines et activer la triangulation quantique (voir voyager S4ep10) pour téléporter sur le navire occulté une torpille de classe 9 modifiée (voir TNG S2ep21) et détruire l'ennemi." Heureusement, il y en avait aussi beaucoup qui n'en avaient pas grand chose à faire de résoudre la mission, mais qui préféraient explorer ce que ressent un enseigne la première fois qu'il appuie sur la commande de tir pour faire sauter une station spatiale pleine d'êtres vivants, fussent-ils hostiles. C'est avec eux que j'ai vécu le plus de choses.

Après plusieurs années avec les mêmes personnages, et avec les mêmes joueurs, on peut arriver à écrire seul des pages de dialogues, et à recevoir un mail du joueur de l'autre personnage juste pour dire qu'il n'a rien à modifier parce que c'est exactement ce que son personnage aurait fait, et qu'il a adoré lire ça.

 

Imperator: C'est au travers de ce type de jeu que tu as pu faire évoluer ton style d'écriture?

 

Demosthène: Oui, c'est certain. Aussi bien du côté de mon personnage que du côté conteur et de ses descriptions, en en lisant d'autres et en s'en inspirant.

Il y avait un programme à TSF (Trek Sans Frontière) qui s'appelait le CENOS (Centre d'ENtrainements des Officiers Supérieurs) accessibles aux joueurs après un an de jeu sur recommandation du capitaine. J'y ai côtoyé des écrivains fantastiques pendant les 8 semaines de jeu, et rien qu'en 8 semaines, mon style d'écriture a beaucoup bougé.

 

Imperator: Comment décrirais-tu ton style d'écriture actuel?

 

Demosthène: Difficile de décrire un style. J'ai l'impression de décrire les émotions comme des paysages, et de décrire les paysages... assez mal.

J'écris surtout à l'instinct, sans trop réfléchir mon texte avant. Il me faut une ou deux phrases dont je suis assez fier puis une montée dramatique, et des images fortes. Quand j'écris, je visualise la scène telle que je voudrais la voir au cinéma, et je mets ça en mots. C'est assez flagrant dans le début de "Tempête" la troisième histoire du capitaine Weaving. J'ai décrit ce mouvement de caméra plongeant à travers les nuages qui ferait probablement hurler au cliché tous les réalisateurs et peut être même les écrivains, mais que j'avais moi envie d'écrire parce que je le voyais et que ça me parlait beaucoup. Je crois que c'est le même mouvement pour L'aubaine d'ailleurs.

Donc si je devais répondre, je dirais un style visuel, en y rajoutant les émotions (si tant est que visuel fasse parti du catalogue des styles. Ou s'il n'y est pas, il faudra le rajouter).

 

Imperator: Il me semble que tu as aussi déclaré une fois avoir de la difficulté avec la description de l'action.

 

Demosthène: Oui, je suis très contemplatif, dans le décor comme dans l'émotion. Mais dès qu'il se passe trop de chose, voir dès qu'il se passe des choses tout court, cela devient difficile pour moi. Les mots ne viennent pas, et j'ai la trouille de tomber dans "Il fait ça, puis il fait ça, puis ça, et ensuite il fait ça." Ca fait sans doute parti des mauvais côtés du jeu de rôle par mail. J'ai trouvé peu de personnes capables de décrire correctement une action, et ceux que j'ai trouvés je n'ai pas su les imiter.

 

Imperator: Comment gères-tu cette limite?

 

Demosthène: Par facilité, j'utilise en général un personnage qui regarde l'action et je décris ce qu'il ressent vis à vis de ça. Ou alors je l'élipse complètement. Quand je ne peux pas y couper, j'écris un premier jet que je laisse reposer au moins trois jours avant de le relire pour m'assurer que ça n'est pas trop mauvais, et je fais plusieurs relectures techniques dessus (lourdeur, répétitions, nombre de "de" sur le texte). J'essaie de mettre de la science dans l'art d'écrire. Ça donne en général quelque chose de propre, ni mauvais ni bon, mais propre.

 

Imperator: Avec toute l'expérience que tu as acquise au fur et à mesure de ces années, quel conseil donnerais-tu à quelqu'un souhaitant se lancer dans l'écriture?

 

Demosthène: De le faire. Si quelqu'un veut se lancer, c'est qu'il a envie, donc il faut y aller. De mettre son orgueil dans sa poche, pour un petit moment. De se trouver un groupe d'écriture bienveillant qui pourra l'encourager tout en lui donnant un avis sincère sur les points à améliorer. Et d'avoir toujours de quoi écrire ou au moins prendre une note avec lui/elle, afin de pouvoir garder trace d'une tournure, d'une idée ou de quelque chose de fugace et pouvoir le développer plus tard.

 

Imperator: Toi qui as des enfants, tu penses qu'ils suivront ton exemple et partageront ta passion?

 

Demosthène: Je n'en ai aucune idée.

Je leur transmettrai l'idée d'écrire, et ma passion pour les mots et les belles phrases. S'ils préfèrent écouter de la pop de supermarché plutôt qu'un discours de Desproges, j'aurais l'impression d'avoir raté un truc. Mais je n'attends pas qu'ils écrivent. J'essaie de ne pas mettre mes attentes chez eux, ils en auront bien assez venues d'ailleurs.

Et puis ces choses-là, ça peut sauter une génération. Mon grand-père a beaucoup écrit. Mon père pas du tout, moi j'écris. Mes enfants feront ce qui leur plait.

 

Imperator: Nous arrivons doucement au bout de cet interview. Nous avons beaucoup parlé du passé, mais quels sont tes plans pour l'avenir?

 

Demosthène: J'ai rajouté une idée de fait réel à transformer en aventure de Weaving au cours de cette interview, on est dans le très concret. J'ai trois histoires de Weaving à écrire. Et Le lien que je voudrais vraiment voir aboutir. Ensuite, j'ai bien l'intention de créer de la matière pour que Weaving vive encore des aventures. J'écrirai encore, c'est évident. La situation n'est pas propice en ce moment mais ça reviendra. Et je reviendrais partager ça dans le futur. En but plus élevé, j'ai dans ma "liste des choses à faire dans ma vie" de publier un recueil de nouvelle. C'est en train d'arriver. Je vais cocher la case, mais à moitié seulement. Donc il y aura ça aussi.

 

Imperator: Est-ce que ça veut dire que cette dernière phrase: "Levant les yeux, il crut distinguer sur le haut des falaises toutes proches une grande silhouette qui les observait. Il ne tarderait sans doute pas à recroiser Barthelemy." va avoir un écho dans des textes futurs?

 

Demosthène: Malheureusement, je n'ai pas eu l'occasion de re-naviguer avec  celui qui a prêté son histoire (à défaut de son caractère) à Barthelemy, depuis qu'il a perdu l'Aubaine. Mais s'il nous arrive encore des choses ordinaires, j'en tirerai à coup sûr une histoire épique.

Connaissant l'homme derrière le personnage, il arrivera surement quelque chose si on retourne en mer ensemble.

 

Imperator: Une dernière chose alors... Tu as rempli ta part du marché en écrivant les histoires du capitaine Weaving. Qu'en est-il de ton amie?

 

Demosthène: Elle a aussi rempli sa part en écrivant son histoire de pirate. Je ne me souviens pas si elle l'a diffusé à un cercle plus large que les participants du défi. C'était sympa à lire et dans un style très différent. Depuis, c'est plutôt moi qui a raté le coche en ne participant pas à plusieurs éditions des défis d’écriture.

 

Imperator: Il arrive le moment de conclure. Je regrette de n'être pas entré dans les détails du texte, mais l'objectif était de permettre de davantage apprendre sur toi. Y aurait-il cependant quelque chose d'autre dont tu souhaiterais parler?

 

Demosthène: Je déteste les dédicaces, parce que le terme est très mal employé surtout, mais s'il y a une personne qui m'a poussé dans l'écriture, c'est un professeur de Français qui faisait simplement son métier avec passion, et qui, s'il n'a pas réussi avec mon orthographe, m'aura transmis le gout des jolies phrases. Et je voudrais le remercier là.

Sinon j'ai l'impression d'avoir fait le tour.

 

Imperator: Dans ce cas, laisse-moi te diriger mes propres remerciements pour avoir pris le temps de participer à cet interview. Je ne peux que te souhaiter d'avoir encore beaucoup de plaisir, non seulement avec l'écriture, mais aussi dans ton travail, sur mer et avec ta famille.

 

 

Demosthène: Merci. Merci à toi d'avoir préparé et conduit l'interview. Merci aux Chroniques qui me permettent de cocher une case de ma liste des choses à faire avant de mourir, et plus largement merci d'exister, sur ce terrain entre la critique forcément positive et l'acharnement négatif, avec bienveillance et humour. Promis, je repasserai la tête par la porte ou par la fenêtre pour faire un coucou de temps en temps. Et je reviendrai un jour m'assoir avec vous au coin du feu pour faire en sorte qu'il continue à brûler.

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