file Chant des Pierres (le)- Chap 6- Quelques Braises ardentes sous un épais tapis de cendre

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il y a 7 ans 5 mois - il y a 7 ans 5 mois #20626 par Zarathoustra
Il m'aura fallu 5 ans pour écrire la suite (et sans doute la fin dans la foulée) de cette histoire. Pendant toute ces années, je butais sur ce chapitre. Tout ce que j'avais écrit ne me satisfaisait pas. D'abord, les précédents chapitres avaient bouleversé totalement mes plans. Il me fallait une toute autre fin. Ensuite, cette histoire a repris dans ma tête sa place de le Rêve d'Ether, ce qui a toujours été le cas. Initialement, c'était l'histoire qui m'inspirait le moins. Puis, elle s'est développé de manière autonome. Quand j'ai buté sur ce chapitre 6, peu à peu, j'ai repris mes idées du Rêve d'Ether et cette histoire a plus ou moins quitté mes préoccupations.

Aujourd'hui c'est l'inverse. Le Rêve d'Ether est mis en sommeil et je veux le faire bouger en me poussant à finir le Chant des Pierres. Donc ce texte a certainement été pour moi le plus difficile de tous ceux que j'ai écrit, encore plus que la longue scène de bataille dans la Forêt du Rêve d'Ether. Ce n'est pourtant pas de l'action, mais je me rend compte que j'ai d'autres difficultés à traiter d'autres types de scènes que celles d'action. Pourtant, il n'y a rien en soi de particulièrement ardu. Pas vraiment de scènes climax. Mais sa matière même s'est travaillé dans ce que j'ai le plus de mal à écrire. On pourra dire que je me suis battu contre le texte pour l'écrire, pour lui donner forme. A de rares exceptions, il est constitué de ce que j'aurai en tant normal esquivé. Ce chapitre est pour moi, en quelque sorte, un vaste texte inutile mais nécessaire.

J'ignore si je l'ai réussi ou pas, mais il existe. Il a rendu possible le déblocage de mon histoire. Si mon travail a été particulièrement laborieux dessus, j'espère que la lecture le sera moins. En tout cas, j'ai été aussi loin que je pouvais selon mes moyens et ma perception des choses pour atteindre mon objectif. Et je pense qu'il me sera difficile d'y revenir avant quelques temps.
Bien entendu, je compte sur vous pour m'aider à comprendre éventuellement ce qui ne fonctionnerait pas dedans. Moi, j'ai été aussi loin que je le pouvais tout seul.

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il y a 7 ans 4 mois #20650 par Vuld Edone

L’incendie avait d’abord débuté sur le flanc ouest que délimitait une imposante falaise qui surplombait un paysage de vallée et au bas de laquelle serpentait une rivière quasi asséchée.

On dit souvent aux écoliers de ne pas faire une subordonnée dans une subordonnée. Ici ce ne serait pas un problème si l'incendie était bien le "sujet" de la phrase. Le problème n'est pas la double-subordonnée mais l'impression qu'on "s'éloigne du sujet". On met l'incendie au premier plan, et la caméra dérive, lentement, jusqu'à perdre l'incendie de vue.
Régler le problème est purement syntaxique :
> "C'était sur le flanc ouest que délimitait une imposante falaise qui surplombait un paysage de vallée et au bas de laquelle... qu'avait d'abord débuté l'incendie."
Ici au contraire, la caméra commence dans la tampa, et dérive lentement, lentement du côté de l'incendie. La structure "c'est... que..." sous-entend un focus à venir, un "sujet". Et l'incendie remplit l'attente.

Le problème n'est pas qu'on décrit le paysage. Le problème est qu'on s'écarte du sujet, et cela est purement formel. La seconde phrase fait exactement ce dont je parle ci-dessus.

Partout son crépitement incessant libérait un souffle rauque et bestial et d’épaisses colonnes de fumée noircissaient le ciel d’été par intermittences.

Le "par intermittences" semble un ajout tardif. Jusqu'à présent le sous-entendu était que l'incendie gagnait en ampleur. Le crépitement est incessant, le souffle est rauque et bestial, le ciel est noirci... et soudain, en point de conclusion, on a une atténuation. Là encore c'est un pur problème formel :
> "... et d'épaisses colonnes de fumée noircissaient par intermittences le ciel d'été."
Tout simplement parce qu'un élément en milieu de phrase est "moins analysé", a moins d'importance (pour des raisons que j'aimerais bien connaître).

Au milieu de ce brouhaha permanent et du grondement de plus en plus menaçant de l’incendie, les femmes accroissaient toute cette confusion ambiante avec leurs incessants chuchotements entre elles.

Sans doute une pure correction esthétique mais... le dernier complément semble "traîner en longueur". Il y aurait moyen de faire avec moins de mots :
> "... les femmes accroissaient toute cette confusion ambiante par leurs incessants chuchotements."
Que ce soit entre elles est soit sous-entendu, soit sans pertinence. Il est possible que "avec" ait eu une influence mais quoi qu'il en soit, ce serait quelque chose que moi, personnellement, je couperais.

Son cœur accéléra peu à peu ses pulsations en même temps que son appréhension montait.

À nouveau, pure question formelle mais niveau sonore, "son / pulsations / appréhension", le son /õ/ est le plus présent et je m'attendais à ce que la phrase finisse dessus :
> "Son coeur accéléra... pulsations en même temps que montait son appréhension."
Difficile de décrire ce qu'ajoute l'inversion verbe-sujet mais cela à mon sens renforce l'unité de la phrase, "subordonne" artificiellement la seconde partie à la première. On ne peut plus avoir l'impression de lire deux phrases à la suite.

En s’approchant de la dépouille, un détail l’intrigua (...) Elle en déduisit que (...) ce qui accusa soudain le devin.

Ouaaaaais... Hercules Poirot à l'action. Jusqu'ici pas de problème avec le texte, mais soudainement paf, parce qu'il manque de la terre dans les blessures on y voit la preuve irréfutable que le devin est méchant.
Mon problème n'est pas que soudain Vyrehel est une experte en criminologie : elle ne désire rien plus que de voir le devin comme le méchant. Et au fond même si le côté "enquête" est quelque peu hors-sujet dans un tel texte, soit, si le texte le veut je peux le suivre.
Mais c'est terriblement soudain.
Il aurait été plus naturel qu'elle voie ce détail, qu'elle ne le comprenne pas, qu'elle reparte toute déçue et qu'au chemin du retour elle y songe toujours plus, ou qu'une fois rentrée elle en parle et que d'autres fassent le lien. Plus naturel, plus humain.
À cet endroit, je vois le problème que moi souvent je rencontre, où mon plan trop rigide dicte que "là le personnage se rend compte que" et je découvre que non, le personnage n'a aucune raison de se rendre compte que. Du coup et comme je n'ai pas envie de prendre le temps de replanifier, j'invente quasiment une excuse et je passe dessus si vite que ça se voit. Cela ne devrait pas arriver chez toi : tu n'as pas un plan aussi strict.
Imagine la scène si, en revenant près du groupe de femmes vers l'arbre, on lui demandait si elle avait trouvé de quoi grâcier Lonstroek, et elle en larmes dit que non, qu'elle a juste vu ça, ça, ça, et c'était ter- et là on l'arrête et on fait "quoi ? Pas de terre dans les blessures ? Mais comment que quoi ?" Et là soit le lecteur est en mode "AH AH ! JE LE SAVAIS !" Soit il est en mode "Wait comment j'ai pas vu ça ?" Donc soit il s'identifie au groupe de femmes, soit à Vyrehel, mais dans les deux cas le texte réussit. Ici c'est juste le texte qui lui impose que, et c'est un peu brutal.

Je suppose que par difficultés tu voulais parler de la scène du pendu dans les flammes.
Je ne sais pas ce qu'en pensera un autre lecteur mais personnellement j'ai été un peu agacé en la lisant. Ça ressemble beaucoup trop à ces "faux suspens" où "tiens le héros est entouré par dix-huit méchants et qu'ils ont des armes et qu'ils ont des armures et qu'il y a un magicien et que blablabla le dragon le poison et qu'y a un caillou dans sa chaussure". Moi je suis là "bon soit il meurt soit il meurt pas mais décide-toi".
Ce n'est pas de l'impatience de savoir, honnêtement moi Lonstroek... 'fin voilà quoi. C'est plus que je suis passif. En tant que lecteur, tout ce que je peux faire c'est attendre le résultat.
La description de l'incendie est excellente pour rendre le danger. La souche, notamment, rend concrète la présence des flammes. Et même si je n'ai pas senti la chaleur (et que je grmf sur la fumée étouffante, keléou), sur ce point-là rien à dire. Par contre, la description ne me dit rien vraiment sur les distances, le temps qu'il reste, etc... Soudain y a un mur de flammes, soudain il y a l'arbre, soudain les flammes sont un peu partout, elle est encerclée mais pas vraiment... tout ce que je me représente moi c'est qu'ils sont au milieu de l'incendie, qu'un bouclier en scénarium les protège pour le moment et qu'elle doit traverser des flammes pour atteindre son amoureux.
Le résultat est que tout se résume à un choix : traverser les flammes ou pas. Et tant qu'elle ne fait pas ce choix, tout le texte ne fait que piétiner sur place et retarder le moment. Donc, rien ne se passe. Même quand elle essaie de truc avec l'épée ou machin, ben on ne s'attend pas à ce qu'elle réussisse, parce que le texte a dit "elle doit franchir les flammes" et là elle cherche à éviter le problème. Ce serait anticlimatique si elle réussissait.

Le problème est donc le même que pour un combat -- et là je me fais la leçon aussi. Le lecteur n'a pas les "règles" et se retrouve donc passif, à attendre le résultat. Comme regarder un match de foot ou une course de F1 sans connaître. On est là "ouais... c'est des gens qui courent / des voitures qui roulent" et c'est tout.
La seule règle que tu as su instiguer est "elle doit franchir les flammes". Un moyen de rendre le lecteur actif aurait été de dire "de ce côté les flammes étaient plus basses" ou "le tronc en s'effondrant avait comme ouvert un passage" et là soudainement déclic, là on peut franchir. Quand elle a sorti l'épée je me suis demandé "attends mais elle espère couper les flammes ?" Il faut jouer avec la règle, avec cette attente, ou alors clairement poser comme une nouvelle règle "pas besoin de traverser les flammes si on peut trancher la corde". Quitte à être aussi brutal que pour la terre absente des blessures : "elle se rendit compte qu'elle pouvait blablabla" et non pas "elle aurait pu mais" qui semble plus une excuse de MJ mis devant le fait et en train d'essayer de sauver son scénario.

Je dis tout ça notamment parce que j'en suis ~3 paragraphes plus loin et ce passage m'agace encore, à l'idée que le texte me fasse "oh mais qui c'est ? Tu croyais qu'ils étaient morts hein hein hein j't'ai ben eu hein ?" Et moi : "T'as passé une page à tourner autour du pot. Tu te serais arrêté à "elle l'entendit à travers les flammes et le vit s'agiter, et le tronc était déjà léché par le feu" et tu arrêtais là, là oui, là j'aurais accroché.
Là je me serais dit "ouais, ça va être compliqué" et je me serais demandé s'ils s'en sont sortis.

Toujours pétrifiée, Vyrehel regardait le spectacle de son amour en train de se débattre dans l’air brûlant et hurler toute sa souffrance avec des yeux crispés de douleur.

Bord- texte. Faut qu'on discute. Je n'ai. Pas du tout. Envie d'y retourner. Tu fais une ellipse, tu passes la seconde, tu abrèges. Là on a passé plusieurs jours avec Reyv'avih, c'est pas pour rien.
Au fond c'est un bon exemple d'endroit où il faudrait couper. Où ça ne sert plus à rien.
Enfin, je sais que d'autres textes usent de ce mécanisme, et que les lecteurs l'aiment bien. Là on se doute qu'ils ont rattrapé le peuple et que donc on en est au "mais comment ?!?" et sans doute que j'aimerais l'entendre, mais pas avec encore plus de "mais est-ce qu'elle va y arriver ?" alors que non. Non c'est bon, on sait. J'ai honnêtement l'impression de perdre mon temps.

Ce qui est dommage parce qu'effectivement, il y a de la tension ici. Il suffirait sans doute de peu de choses pour rendre ce passage du texte très, très tendu, et mémorable.

Puis soudain, elle eut une dernière idée, si évidente qu’elle fut surprise d’avoir perdu tout ce temps

Est-ce que c'est du troll ? C'est de l'humour ? Je suis censé rire ?

L’homme ne prêta même pas attention à elle tellement il souffrait.

Okay je ne vais pas mentir, j'hésite à comparer ce passage à du JdR ou à LittlePip. Et Imperator sait que c'est pas un compliment.
Là on est retombé dans un texte de débutant qui n'a aucune notion de focalisation et qui fait "les flammes étaient hautes. Elle hésita. De l'autre côté Lonstroek ne prêtait pas attention à elle. Il avait trop mal."
Je veux dire, oui, c'est bien de rappeler qu'il existe et qu'il fait des trucs de son côté. Mais aussi :
> "Au travers des flammes elle pouvait voir le visage tourmenté de son amant (que la souffrance désormais rendu aveugle à tout)."
Quelque chose, quoi. Et pas "pendant ce temps-là, Tommy souffrait."

Le feu ne tarda pas à se répandre sur la branche et à la gravir tel un escalier qui le mènerait jusqu’à la corde.

En toute franchise, je pense que la comparaison, dans un autre contexte, serait très bien passée. Mais là le texte a quelque peu perdu en crédibilité et je m'arrête sur les détails. Donc qu'est-ce qu'un escalier vient faire là-dedans. C'est quoi les marches. Comment ça fonctionne. Parler de "sentier" aurait été plus pertinent mais même ça aurait été hors-sujet.

Son visage se contracta à plusieurs reprises ; sur son passage, des braises ardentes avaient transpercé instantanément ses vêtements jusqu’à la chair.

Une fois encore, ceci devrait être positif et je sais que c'est apprécié dans les textes... mais pour ma part je suis plutôt en train de froncer les sourcils.
Il est au milieu d'un incendie, entouré par les flammes, il chute d'un arbre et roule par terre ai-je précisé qu'il y a un incendie autour d'eux ? Là le texte veut me persuader que ça fait très très très très mal ksapikbokou, mais je suis plutôt d'avis que (1) ils ont vraiment pas le temps de se soucier de ça et (2) ça aurait dû être bien, bien pire. Inutile d eme rappeler leur armure en scénarium, merci.

Puis Vyrehel le rejoignit

ELLES SONT OÙ LES FLAMMES ?!?

... et ils marchèrent pour s’éloigner de la fournaise une vingtaine de mètre.

Mais il fonctionne comment cet incendie... Sérieusement. C'est un incendie du troisième âge, il est super lent. Vingt mètres ? Mais ma- mais...
Et là je comprends qu'ils n'étaient qu'à la "frange", la lisière de l'incendie et tout ça... mais le problème c'est qu'on a passé deux-trois pages à tergiverser, qu'on n'a pas arrêté de répéter au lecteur "y a des flammes partout" et qu'ils étaient encerclés et tout ça. Et là soudain vingt mètres et paf, plus de problème.
Mais wtf.

La jeune femme, pourtant toute petite, l’enlaça de bras immenses

<o.O> Elapafessa.
IL EST BRÛLÉ ! Minimum au deuxième degré, la dernière chose que tu veux faire est de l'enlacer. Elle veut vraiment aggraver ses blessures ? Okay qu'il pleure je veux bien, on se pose des questions mais okay, rien n'interdit un grand brûlé de pleurer. Mais là sérieux. Sérieux.
Sérieux.

Il n’avait pas la force de résister à sa fougue, au contraire, elle lui insuffla son désir à la seule force de l’étreinte de ses jambes, de ses baisers et de ses mains sur ses joues.

<-.(\> J'en suis rendu aux émoticônes, j'espère que tu te rends compte de la chose.
IL Y A UN INCENDIE À VINGT MÈTRES ! Lonstroek est brûlé ! Il souffre ! Vous êtes épuisés ! Qu'est-ce qui va pas chez vous ?! Je sais qu'ils sont super contents de se retrouver mais la première réaction de Lonstroek ça devrait être "aaaaaaaïe ça fait mal !" et fin de la scène tendresse.
Ah ouais et j'ai précisé qu'il y avait un incendie à vingt mètres ?
C'est sans doute ça ce qu'on appelle de la romance à l'eau de rose. Je comprends la jolie scène que ça fait mais il doit bien y avoir un moment où le réalisme reprend ses droits.

Les deux femmes essayèrent de forcer les bras si raides à reprendre leur position normale mais la douleur était telle que Lonstroek les supplia d’arrêter.

Ouais. Ouais maintenant ça compte. Cohérence, texte ? Non ?
C'est qui l'auteur déj- ZARATHOUSTRA ?!

Maintenant que toutes les broussailles avaient été consumées dans l’incendie

À part l'espace des amoureux protégé par le bouclier d'antimatière.

En racontant son récit, on en oubliait presque que Lonstroek avait lui-même tué cette même femme de ses poings. D’ailleurs, il se sentait mal à l‘aise à être parmi elles...

Je... peux laisser passer ça. Non, au fond ouais. La formulation laisse à désirer mais dans le fond ça se tient.

Aussi, pour faire grossir ses rangs, chaque femme devait établir une liste des dix personnes les plus sûres à contacter pour leur communiquer toute la vérité.

Et précisément dix. Pas une de plus, pas une de moins. On fera les quotas à la fin du mois et non, pas de pause café.
Pour une raison qui m'échappe, après avoir repris de la hauteur, le texte est reparti dans un compte d'apothicaire, ou dans un point stratégie de JdR à nouveau. Ça tient à peu de choses mais pourquoi dix ? Les femmes vont convaincre ceux à qui elles peuvent faire confiance et y a pas besoin de plus. Un peu d'humanité, un peu de flou, et pas une chainmail.

Mais moi, je vis et j’ai toujours vécu dans son ombre sans qu’elle le sache.

Obligé de faire la remarque, mais : le soleil qui vit à l'ombre de la lune. Eeeeyup.
À noter que j'ai arrêté de râler, c'est que le texte est à nouveau du bon Chant des pierres.

Malicieusement, elle avait retiré son chemisier de lin et s’était blotti contre lui avec ses petits yeux de mésanges qui lui lancèrent un regard ardant.

Ça casse un peu le discours précédent, mais bon. Les personnages sont ce qu'ils sont.

Au fur et à mesure que se répandait la nouvelle de sa défaite humiliante, tout l’Empire Eldred ne cessait de découvrir de nouvelles menaces à ses frontières au nord, dans le sillage des yhlaks. Quand les émissaires officiels se présentèrent à Vivien le Rapace, l’Empereur des Eldreds, pour lui annoncer la défaite, la nouvelle fut accueillie dans un grand silence glacial.

J'avoue, bluffé. Jusqu'à présent les Yhlaks marchaient dans le vide, avec l'impression qu'on inventait des lieux à mesure. Un problème qu'a le Liscord d'ailleurs.
Mais soudainement tout s'explique. Les Yhlaks ne sont plus seuls et tout ce qui se fait se fait avec logique. En une à deux phrases, un monde de rêves s'ancre dans la réalité.

Depuis que les elfes avaient confié les trois Larmes du Géants aux humains, il y a des siècles déjà, les humains avaient dû promettre, en échange...

D'accord, là on s'éloigne par contre quand même beaucoup du sujet. L'impression qu'on rajoute, tardivement dans l'histoire, toute une autre intrigue qui n'est au fond pas très utile pour justifier la puissance de l'Eldred face aux Yhlaks.

Au final, je ne sais pas bien.
La scène du pendu dans l'incendie est ratée. Pas d'autre mot. Ce qui n'est au départ qu'un problème de passivité tourne vite à la mauvaise blague et je me retrouve à décortiquer des incohérences, ce qui n'était jamais, jamais, jamais arrivé dans un texte Zarastrien. Jamais.
Il y aurait beaucoup à corriger mais le plus simple serait, comme dit, de couper. Couper lorsque Vyrehel repère Lonstroek parmi les flammes. Couper le sauvetage pour le réduire à "elle s'était saisie d'une branche parmi les flammes, l'avait lancée..." etc. Et après cela, sans se perdre en détails, en venir à la scène de passion où on ne sera plus encombré de se dire qu'il y a un incendie à vingt mètres et qu'ils ont des brûlures au second degré. Quand tout va vite, le lecteur passe dessus volontiers. Le même contenu pourrait passer.
Si on ne coupe pas, par contre, alors bon dieu. Rendre le lecteur actif, gommer les incohérences, sauver la vraisemblance, etc... ce serait un chantier auquel je ne me risquerais pas.
À part cette scène, le texte est du bon Chant des Pierres comme je m'en rappelais, lent et pensif mais rythmé, concentré sur les personnages et leurs émotions avec cette arrière-fond épique, des enjeux immenses rendus plus immenses encore par cette ouverture finale, ouverture peut-être un peu trop grande mais eh, si Gisère peut servir à l'intrigue alors pourquoi pas.

Ne jamais laisser le lecteur passif. Le lecteur, surtout vulpien, va mal le prendre.

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il y a 7 ans 4 mois #20651 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Chant des Pierres (le)- Chap 6- Quelques Braises
Dire que j’attendais effectivement ton regard sur ce texte n’est pas un euphémisme parce que j’ai écrit en pensant régulièrement à ce que toi tu aurais eu besoin pour lire cette scène que moi j’ai tendance à zapper complètement (en écrivant ou en lisant).
Globalement, tout ce que tu dis est vrai. Et j’avoue que j’avais besoin de ton regard car sur certaine problématique, ton approche et ta vision des textes, notamment sur la réalité matérielle des choses, est à l’opposé de moi. Toi, tu sais la rendre tangible, moi, c’est comme toi l’abstraction en peinture, ça m’échappe totalement.

Donc si tu savais tout sur cette scène d’incendie… Je la traine et traine depuis… Pfiou… au moins voire plus! C’est elle qui a bloqué mon récit pendant tout ce temps-là. Au départ, c’était comment dire... abstrait involontairement. Vraiment, c’est pas mon truc. Je n’arrive pas à faire vivre la réalité concrète (d’où mon texte du Magicien, d’ailleurs que j’ai écrit en parallèle de ce chapitre sans remarquer consciemment au départ à quel point son thème était lié à ce que je ressentais ici) . Donc j’appréhendé cette scène comme un défi, tout comme celle de la bataille dans la forêt. Je ne suis pas dans mon élément, clairement. C’est même là où j’ai dû me battre contre mon texte parce que la réalité m’échappe tous les jours, donc essayer de transcrire la réalité de l’incendie, c’était comme m’initier à une nouvelle langue. Donc oui, on eut dire que c’est un texte de débutant parce que j’ai voulu lutter contre mes facilités qui aurait été de l’escamoter… Donc je me suis forcé à vouloir en faire un temps fort, ou tout du moins à ce que le lecteur est droit à « sa » scène. J’ai essayé de voir cette non pas à travers mes yeux mais à travers d’un lecteur exigeant sur la question. Donc tout ce que tu soulignes est juste, mais tu n’as pas idée des efforts et du travail qu’il y a eu pour arriver déjà à ce résultat. En me lisant, je me disais que parfois, on s’y croyait quand même un peu. Bien entendu la scène autour de l’arbre clochait, mais bon, c’était ça ou faire une croix sur mon récit. Et puis voilà, je voulais pas capituler face à cette scène en l’escamotant, d’où l’ampleur du truc. Avec le risque d'obtenir un suspense que je savais un peu ridicule.


Ma première difficulté était de retranscrire ma vision de la végétation et du coup de l’impact qu’elle aurait sur le feu. Visiblement, ce que j’ai loupé, c’est que là où le feu passe, il n’y a plus rien et très vite tellement tout est sec. J’ignore si tu as déjà vu un feu se propager, cela peut être très rapide, mais tu peux repasser là où il est passé derrière lui sans problème une demi-heure après. Donc ce que tu n’arrivais pas à voir, c’est cette dimension. Quand les deux se replient, la ligne du feu s’est déplacée. Mise à part des braises laissées par des branches au sol, tu ne risques pas grand-chose.

Par contre, ce qui n’a pas fonctionné pour toi, c’est la description du départ qui devait ancrer la géographie de l’incendie qui va en fait traverser toute la colline d’un flanc à l’autre. Et que Vyréhel se rapproche de la fournaise en s’approchant de l’arbre mais derrière l’incendie. Le danger tel que je le voyais était devant.

La seconde, effectivement, a été de scénariser tout ça et de trouver des dénouements « logiques » (comme la terre dans les blessures ou l’utilisation de la branche au lieu de l’épée). Ta remarque sur le côté inspecteur ne m’avait pas échappé. Je trouve l’idée pourtant bonne, mais je ne vois pas comment la faire passer. Tes suggestions sont de bonnes pistes… mais je ne sais pas, j’avais envie de voir Vyréhel se précipiter pour sauver son amour plutôt qu’elle le laisse cramer puis revienne sur ses pas…
L’utilisation de l’épée, par contre, j’ai envie de la garder (parce que l’épée a toujours son côté phallique qui me parait important sur le fond), mais il faut que je trouve comment la rendre plus nécessaire. Je trouve pas illogique que disposant d’une épée, on veuille l‘utiliser. L’une des façons de la renforcer serait de montrer que la jeune femme rejette l’idée du feu parce qu’elle en a déjà suffisamment peur et que cette épée, soudain si concrète et matérielle dans sa main, la rassure face à l’immatérialité du feu autour d’elle, ce qui fait qu’elle a un rejet spontané de lutter le feu par le feu.

Pour ce qui est des brulures, j’ai aussi vu que ce n’était pas logique, d’autant que je l’ai vécu. Je me suis brûlé non pas avec les flammes mais avec l’air brûlant qui en sortait et montait dans les airs. Et j’ai vu des feuilles et des branches brûler rien qu’à son effet. Donc tu as raison mille fois sur l’illogisme de la scène d’amour… Pour moi, un peu moins sur l’influence de l’incendie dans la mesure où si tu n’es plus sur la ligne de l’incendie et à l’abri des armes en flammes tu peux fort bien te trouver sans danger même en étant aussi prêt. C’est d’ailleurs assez fascinant que de s’approcher au plus près d’un feu sans en ressentir les effets jusqu’au moment où un bourrasque ou un pas excessif te fasse basculer dans son danger. De même de sentir la ligne du feu avec son avant et son après comme une frontière mouvante avec un avant et un après avec deux monde différents qui se touchent quasiment.


Bref, oui, la facilité serait de couper abondamment. Je souhaite au contraire travailler dans la matière pour aller le plus loin dans ce travail pour la rendre crédible parce que j’ai beaucoup à apprendre avec ce type de scène (et j’ai déjà beaucoup appris même si tu ne le vois pas). Mais là, pour apprendre, j’ai maintenant besoin du retour d’autres personnes. Comme je l’ai dit, j’ai été au bout de mes possibilités seules. Mais tu mets le doigt sur un point essentiel qui m’avait échappé : la passivité du lecteur par rapport au texte. Moi, je me suis focalisé à essayer de rendre mes personnages plus actifs que d’habitude et plus immergé dans ce monde qui les entoure. Et j’ai été tellement obnubilé pour essayer de voir ce que pouvait voir le lecteur que je l’ai rendu passif à juste regarder. Moi, j’étais déjà heureux qu’il « voit » quelque chose… :) Le rendre « actif » dans un pareil moment va m’être effectivement un vrai tour de force (mais complètement nécessaire, je le comprends bien).
Tu n’as rien dit sur la partie procession, ce qui voudrait dire, par contre, que ici j’ai réussi à rendre davantage tangible sa réalité (alors que pour moi, c’est toujours la même langue étrangère que l’incendie). En fait, ce chapitre m’a fait prendre conscience combien je ne suis pas à l’aise avec les descriptions paysagées (la vue d’ensemble du début, l’incendie et sa géographie, la procession) et le quotidien, le concret. Décrire un paysage nocturne, un monolithe d’une manière quasi métaphysique, c’est plus mon truc. Un peuple qui se promène dans un paysage, j’ai soudain plus rien à dire. Donc si tu as lu ça sans le remarquer, ce serait, je suppose, plutôt bon signe.

Encore une fois, tout ce chapitre n’a été qu’une succession de scènes contre la nature de mes penchants d’écriture (et même à la limite de lecture). Là où un texte comme Les Démons jouait complètement avec mes penchants naturels de thèmes et de style.
Ton retour était exactement celui dont j'avais besoin pour comprendre cette scène et les nécessités de mon texte. Donc un grand merci.

PS: tu sais que je pense régulièrement au sort de tous tes villageois enfermés dans la statut robot et à ce qui les a pousser à le faire? Comme quoi ton dernier texte avec les Anges et les Bêtes était très réussi...

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il y a 7 ans 4 mois #20652 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Chant des Pierres (le)- Chap 6- Quelques Braises
Je confirme pour la procession, elle fonctionne très bien. Je n'aurais même pas songé que ce passage soit comparable. Le peuple y est comme un personnage de plus, et on s'intéresse à ses émotions. Il a ses officiers, il a ses femmes, il a sa masse, et il a tout le mélange d'émotions qui le rend crédible, et important dans l'intrigue.
À aucun moment je n'ai eu l'impression que tu me "décrivais" le fonctionnement de la foule. Au plus on parle des officiers, mais c'est pertinent et assez court. En général tu ramènes tout au contrecoup de la perte de Lonstroek sur le peuple, et on se demande presque, comme face à une révolution, "ce que le peuple fera ensuite". Il y a une insoupçonnable tension dans chacun de ses gestes.

Du point de vue de l'activité aussi, la procession ne pose aucun problème. Au lieu d'attendre pour pouvoir agir, on a déjà agi et on regarde les conséquences. Le Devin a de nombreuses options mais a comme abandonné et se laisse emporter par les événements. Et en même temps, comme on est humain, on fouine dans le texte en quête d'un moyen d'échapper à son sort. Tout cela forme une excellente tension.

Comparer l'incendie à la procession... je n'y aurais mais alors jamais cru.

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il y a 7 ans 4 mois #20653 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Chant des Pierres (le)- Chap 6- Quelques Braises ardentes

La scène du pendu dans l'incendie est ratée. Pas d'autre mot. Ce qui n'est au départ qu'un problème de passivité tourne vite à la mauvaise blague et je me retrouve à décortiquer des incohérences, ce qui n'était jamais, jamais, jamais arrivé dans un texte Zarastrien. Jamais.

Pour l’incendie, c’est surtout la scène autour de l’arbre ou le début aussi, lorsqu’elle s’y rend ?

Allez quelques points où je voulais avoir ton avis :
1- Comment passe l’alternance des passages peuple/vyréhel ? Ce n’est pas agaçant ? Ou au contraire, cela permet de jouer sur la tension ?

2- Le Devin : J’ai pas l’impression que les rêves qu’il a soient bien clairs pour le lecteur… De même son glissement de personnalité à l’égard de son peuple pour se rapprocher de ce qu’il ressent à l’égard d’Ild/Vyréhel te parait-il crédible ? En fait, ce personnage m’est devenu sympathique à partir d’ici… parce que plus « humain », on peut se trouver un peu plus proche de lui.


3- L’arrivée de Gisère : pour moi, c’est l’ancrage dans le texte du Rêve d’Ether des yhlaks qui est en jeu, donc implicitement, c’est presque effectivement une autre histoire qui déboule d’un coup un peu de nulle part... Le fait qu’on parle de magicien dans un texte où le surnaturel est jusqu’à présent ambigu me dérange un peu. Je voulais savoir comment, toi, tu l’avais perçu. Et à propos de description, celle de Gisère, tu la trouves comment ?
Bon, je suppose que le chapitre est un peu long pour arriver à ça, mais j’ai aussi l’impression que j’ai réussi à créer quelque chose que je n’avais pas réussi à atteindre jusqu’à présent, notamment par rapport au vécu de ce peuple, qui n’aurait pas été possible si je n’avais pas fait si long…

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il y a 7 ans 4 mois #20654 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Chant des Pierres (le)- Chap 6- Quelques Braises ardentes
Pour l'incendie, uniquement la scène autour de l'arbre. Pour ça que je parlais du "pendu dans l'incendie". Comme dit, on coupe à partir de là, tout ce qui est avant passe très bien (même l'histoire de la terre absente des blessures).
À noter que le côté "on ne sent pas les flammes" vient du peu qu'en ressent Vyrehel. Et cela peut te surprendre, parce qu'elle n'arrête pas de se brûler les pieds, mais elle n'a pas l'air de suer, n'a pas l'air de s'en faire beaucoup, ne tousse pas, n'a pas de suie sur le visage... il n'y a pas ces détails qui pourraient l'affecter et rendre le sinistre plus "concret". C'est l'idée (tirée de l'identification) selon laquelle le lecteur juge la scène à travers les personnages.
Mais en tout cas la description elle-même est convaincante, on peut "entendre les arbres brûler". Ce n'est juste pas très menaçant.

1- Ce n'est pas agaçant, mais ça n'ajoute rien à la tension. En fait, tu refais avec l'absence de terre dans les plaies ce que tu as fait avec le sauvetage du pendu. On la quitte alors qu'elle a un problème insoluble, on revient et paf elle a la solution. Interrompre entre deux ne rajoute rien. Au contraire, même, ça peut jouer en sa défaveur.
Honnêtement, c'est plus l'impression que "oh bon on parle d'autre chose ?" On change de sujet et le lecteur est d'accord, en tout cas je suis d'accord, parce que le nouveau sujet est lié et m'intéresse tout autant. On regarde tout le monde évoluer en même temps et ça donne même un certain dynamisme aux événements, vu qu'il n'y a jamais de retour en arrière dans le temps, quand on change de personnage on ne change pas de période, on progresse.
D'où mon grondement de méchante bête quand on abandonne Reyv'avih pour m'expliquer comment qu'ils ont échappé aux flammes, je m'en fiche, on est plusieurs jours plus tard, on va pas revenir en arrière... surtout dans l'histoire d'un peuple qui va de l'avant.
Mais non. L'alternance ne pose absolument aucun problème.

2- Les rêves ne sont pas clairs, mais le lecteur, en tout cas moi, n'a pas envie qu'ils soient clairs. Le Devin ne comprend pas ses propres motivations et ce côté mystérieux, incertain, imprévisible, fait une partie de son charisme. Il se laisse emporter, et du coup le lecteur aussi.
Le glissement ne pose pas de problème. Après ce peut être parce que le chapitre précédent date. Beaucoup. Mais je n'ai pas été choqué, et au vu des événements tout me semble cohérent. Le texte justifie tout, sa progression est le "focus" du texte, je n'ai aucune raison de me plaindre.

3- J'avoue avoir moyennement apprécié. Après, d'un autre côté, je me dis que "Gisère peut être un anti-Reyv'avih" ou quelque chose comme ça. Justement ça peut créer une opposition, deux visions du monde, etc...
Mais pour le moment ouais Gisère est plutôt un intrus malvenu qui va devoir faire ses preuves rapidement.
Par contre sa description est impeccable. Pas marquante, mais sur le moment elle fait amplement le travail. On me disait qu'être face à lui était une punition, on me l'a largement justifié, je suis content. Et cela lui donne beaucoup de personnalité, la manière dont il joue avec sa voix par exemple. On peut lui imaginer toute une histoire rien qu'avec le peu que tu as dit de lui. Cela suffit à en faire une réussite.

Après, je reste d'avis que si tu coupes les moments où Vyrehel sauve Lonstroek, et si tu coupes parmi les rêves du Devin (et, mais je n'ai pas encore lu le chapitre 7, si tu abandonnes toute l'histoire de Gisère), tu obtiendrais la même grandeur, le même résultat en beaucoup plus concentré.
La même chose en moins de mots, dans ma théorie de la littérature c'est toujours mieux.
Un bête exemple. Quand Lonstroek envoie son armée convaincre les Yhlaks, il doit répéter deux ou trois fois à quel point il est fier et tout ça qu'elles sont fortes et cetera. La première fois c'est très bien. La seconde fois bon d'accord. Mais au bout d'un moment on se demande si c'est de la propagande. Là couper ne ferait pas de mal.

Maintenant, le plus grand plaisir du Chant des pierres, pour moi, est de suivre la logique du Devin. Donc ces passages-là en fait, on n'y touche pas d'accord ?

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il y a 7 ans 4 mois - il y a 7 ans 4 mois #20655 par Zarathoustra

La même chose en moins de mots, dans ma théorie de la littérature c'est toujours mieux.

Je pense que c'est effectivement une bonne théorie. Elle s'adapte mal ici à ce que je veux faire parce que, avant de mettre moins de mots, je veux me prouver que je suis capable d'aller au bout des scènes que j'imagine (donc mon idée c'est même apprendre à en mettre trop pour ce qui est description and co). On m'a régulièrement signalé que mes textes donnait l'impression de voir des personnages se mouvoir derrière des décors de studio.
Au cinéma, tu as deux grand cinéastes dont la vision s'oppose sur un même sujet: John Ford qui te donne toujours une vue d'ensemble d'une ciommunauté (une tribu indienne, un corps d'armée, une communauté religieuse) et Howard Hawks qui part toujours des individus. Pour ma part, mon naturel est "hawksien". J'ai envie ici d'être plus "fordien". Donc de prendre le temps de donner vie à cette communauté. Je parle quand même du destin de tout un peuple. Il serait temps que je m'y intéresse...:oops:

La scène du pendu, c'est encore autre chose, c'est arriver à créer une dynamique d'action avec. J'aimerais en faire une scène climax. En l'état, il faut effectivement,t que je tienne compte de toutes tes remarques pour la revoir et qu'en même temps je l'écrive de manière plus ramassée. J'ignore si j'arriverai à en faire un vrai morceau de bravoure, mais j'ai envi d'essayer. Pas maintenant parce que je veux consacrer mon énergie à finir l'histoire... Mais j'ai vraiment envie d'y revenir parce que c'est un manque dans mon écriture. J'arrive (ou tout du moins je m'intéresse) à créer des tensions entre des personnages mais pas à les faire affronter la réalité, même parfois en imaginant avoir mis le paquet. Par exemple, tu me dis qu'à travers Vyrehel on ne sent pas le feu. J'avais pourtant multiplié des choses pour ça, mais je n'arrive pas à me mettre dans le personnage pour ça.
C'est toujours le même problème, je suis cérébral et dans les pensées, je suis très mauvais pour tout ce qui est ressenti. La psychologie, ça va, c'est les pensées et le monde de l'abstraction. Une forêt qui brûle autour d'un personnage, c'est pour moi un continent inconnu à lui faire vivre. J'ai d'ailleurs coupé des phrases dans lesquelles je partais sur la psychologie... Et encore, depuis enfant, je connais bien le feu, on brûlait le foin d'un champs et on s'amusait le lendemain à réactiver les braises pour le faire repartir...

Et si je donne l'impression de m'intéresser aux émotions, c'est en grande partie parce que dans la vraie vie, je suis nul pour les deviner autour de moi. Je les "comprends" (voire avec un certain sens de la psychologie) mais je n'arrive pas à mesurer l'impact d'un événement sur quelqu’un qui vit avec ses émotions. Mais comme je sais les analyser et qu'il forme pour moi une sorte de mécanique, j'arrive à en donner à mes personnages; Du coup, je pense que cela reste une approche trop cérébrale pour véhiculer une vraie émotion.

2- Les rêves ne sont pas clairs, mais le lecteur, en tout cas moi, n'a pas envie qu'ils soient clairs.

Les rêves, cela fait partie du Rêve d'Ether. Ceux qui ont touché le monolithe ont accès à la conscience du Géant qui essaie de leur parler pour sauver le monde qu'il a créé en rêvant. C'est impossible de le comprendre ici parce que ce chapitre prend place dans le Rêve d'Ether beaucoup plus loin que là où je me suis arrêté. Plusieurs personnages auront des rêves de ce genre...
L'idée n'est pas forcément qu'ils soient clairs, juste qu'on sente qu'il y ait un résonance en chacun. Mais sur ce plan-là, je ne suis pas satisfait. C'est plus un rêve d'un auteur qui en profite pour projeter ce que ressent son personnage et qui espère que le lecteur se pose des questions sur ce qu'il a voulu bien dire qui ne soit pas que du ressenti de son personnage, qu'une vraie séquences de rêves dont l'illogisme ou les symbole nous font écho d'une manière troublante ... :)

Le glissement ne pose pas de problème. Après ce peut être parce que le chapitre précédent date.

Moi aussi je ne l'ai pas relu... :lol: Mais je sais que la cassure reste un peu brutal. Quand j'ai repris l'histoire, j'avais perdu mon personnage. Je n'arrivais plus à le ressentir tel qu'il était (ou que j'imaginais qu'il était). Je m'intéressais uniquement à Lonstroek et Vyréhel. Je pense que ça a contribué au long stand by du texte. Avec ce nouveau chapitre, j'ai retrouvé mon personnage. C'est ma principale satisfaction. Et si un lecteur comme toi n'a pas envie de le voir disparaître à la fin du chapitre, c'est déjà un beau succès!;)

Gisère, c'est juste que mon histoire reprend place complètement dans le Rêve d'Ether là où le Chant des Pierres pouvait se lire jusqu'à présent de manière complètement autonome. J'aurais voulu écrire la fin de manière à ce qu'elle le reste, mais j'ai peur qu'elle serait restée à jamais inachevée... Là, je veux avant tout la terminer pour voir si ça débloque mon envie de finir le Rêve d'Ether... Tout comme je ne perds pas espoir de finir Alarielle un jour... Chaque année il y a quelques pages d'écrites... des pages que je n'ose pas relire pour n'aller que de l'avant.
Donc en soi, Gisère, c'est effectivement un intrus indésirable y compris pour moi s'il faut voir Le Chant des Pierres en bloc séparé.. Ca l'est d'autant plus que je pense que mon histoire avait plein de possibilités pour finir sans...

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il y a 7 ans 4 mois #20656 par Vuld Edone
En lisant ton dernier message je me suis fait une réflexion.
Le héros lambda du texte d'aventure est un couteau suisse. Il a la solution à tout, il peut tout faire pour tout le monde, il te décrypte un code à seize chiffres après avoir déglingué dix gardes et il te fait le café sans sucre. Ce personnage m'agace d'autant plus que, pour se tirer de situations impossibles, on va lui faire trouver des moyens improbables, voire absurdes. Avec une telle approche, je me fiche du péril qu'il attend, vu que je sais par avance qu'il va le surmonter, et que la solution sera "débile, comme d'habitude".
Vyrehel se rapproche de ce problème. Elle est au milieu des flammes, paniquée, et soudain paf elle a une idée. À aucun moment elle ne doute que ça va marcher, qu'elle pourrait rater son lancer, que le bâton pourrait toucher la corde du mauvais côté, que le feu pourrait ne pas prendre, etc... non non une fois qu'elle a la solution, tout fonctionne comme sur des roulettes. Et c'est agaçant parce que je suis à peu près sûr que Vyrehel n'a jamais eu affaire à ce genre de situation et n'est pas censée agir ainsi. C'est juste le scénario qui le veut.

C'est la réflexion que je me suis faite. Tu pourrais obtenir le même résultat par accident.
Vyrehel abandonne. Elle ne sait plus quoi faire, elle n'y croit plus. Et ça c'est important parce que le lecteur change de posture : c'est trop tard, il n'attend plus rien, il regarde désormais les conséquences. Le texte lui dit que c'est fini, que Vyrehel va devoir regarder Lonstroek brûler sans rien pouvoir faire.
Pour illustrer cela, Vyrehel jette l'épée sur la corde, pour la couper, ce qui échoue bien sûr. Ou bien la chaleur des flammes lui fait lâcher la lame et elle se tient le poignet en gémissant. De rage et de désespoir, elle saisit une pierre ou une première branche qu'elle jette sur la corde, futilement. Puis, aveuglément, elle refait de même et la branche qu'elle saisit au hasard est enflammée d'un côté. Le feu prend à la corde et Vyrehel s'épouvante d'avoir accéléré la fin de Lonstroek. Ce dernier, en sentant la chaleur à ses poignets, s'agite follement. La corde cède, Lonstroek est sauvé.
Le résultat est le même mais Vyrehel, au lieu d'une pirouette, n'a triomphé que par courage ou par désespoir. Aucun calcul, aucune solution. Ce qui se passe est que le lecteur, forcé comme elle de regarder l'inévitable, réalise avant elle cette voie de secours "inespérée". L'identification en devient beaucoup plus aisée.

En somme, et ironiquement, il faudrait rendre Vyrehel passive. Après qu'elle ait essayé, ceci ou cela, il faut soudain montrer qu'elle abandonne. Cela dit à son tour au lecteur d'abandonner, d'être passif, ce qu'il est déjà, et "tout rentre dans l'ordre". Plutôt que de lui crier "il faut faire quelque chose ! Il faut faire quelque chose (pour sauver Lonstroek) !" on lui dit "il n'y a plus rien à faire, il n'y a plus rien à faire".

Si tu veux la posture active, alors Vyrehel n'a pas le loisir d'échouer. Enfin si mais non.
Il faut lui mettre différents obstacles. Il y a des flammes entre elle et Lonstroek ? Elle va contourner. Les flammes sont partout ? Elle va attaquer la corde. C'est trop haut ? Elle va amener une pierre sur laquelle monter. La pierre est trop lourde, ou trop chaude ? Etc... Un personnage actif doit progresser, son activité doit amener quelque part, et pas juste piétiner. S'il ne fait que piétiner alors le lecteur piétine aussi.
Pense au texte de Solaris (comment ne pas écrire des histoires) où un homme est enfermé dans une bibliothèque dont les livres disparaissent peu à peu. Si l'homme ne fait rien et se lamente, il est passif. S'il tente de s'évader, de trouver des solutions, il est actif. Mais si son activité n'amène ni solution ni explication, ben... ben en fait il pouvait aussi bien ne rien faire. Tu le regardes ouvrir un livre, fouiller le livre, calculer la vitesse à laquelle les mots disparaissent eeeeeet... nope, rien n'a changé. Ce passage n'a servi strictement à rien.
Il n'y a donc pas que l'activité. Il y a la pertinence de l'activité.
Quand j'y pense, c'est aussi comparable à un jeu vidéo. On peut bien te dire d'appuyer sur X ou A ou de choisir gauche/droite, mais si tous les chemins mènent à Rome tu auras un peu l'impression qu'on se moque de toi. "Choisis une carte !" et toutes les cartes sont des trois de trèfle.

Toute cette discussion ferait un bon article des Chroniques d'Écriture.

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