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Je précède le Slann derrière la petite porte en bois et tombe sur un Globe, un immense globe représentant la voûte céleste, où se côtoyaient toutes les constellations existantes. Xetitzl esquisse un geste et les étoiles s’assombrissent puis laissent la place au noir complet.

"Sans doute connais-tu l’histoire des vents de magie ? Celle qui dit que le mana provient des huit vents du Chaos. Les huit domaines de la magie." Le globe fait apparaître le symbole du Chaos : les huit flèches symbolisant les huit disciplines magiques : Ashy, le vent du feu, Chamon, le vent du métal et de l’alchimie, Ghur, le vent de la bête et de la force naturelle, Hysh, le vent de la lumière, Azyr, le vent des cieux et des étoiles, Ulgu, le vent des ombres, Ghyran, le vent de la vie et Shyish, le vent de la mort.

-Bien sûr, mais ces vents magiques ne sont pas en rapport avec ma quête !

-Plus que tu ne le crois. Laisse-moi finir. Ces vents sont changeants et aléatoires, ils sont l’essence même du Chaos mais il ne pourraient pas garder de cohésion matérielle seuls.

-Je crains de ne pas comprendre.

-Lors de la grande Œuvre, les Anciens ont créé le vieux monde, et les hommes-lézards, par la même occasion. Ils ont alors découvert le Chaos, une source pure mais corruptrice de mana. La trouvant trop dangereuse, ils décidèrent d’équilibrer cette magie, de la canaliser pour disposer d’un pouvoir créateur sans risque. Ils firent souffler quatre vents discrets mais tenaces sur la dimension chaotique : Drulcheapoc, vent de l’innocence, Vaxloc, vent de la découverte, Zixtlec, vent de la gloire et Kaxlaty, vent de la raison.

-Drulcheapoc ? Comme sur la plaque ?

-Les Anciens, leur œuvre du grand Tout achevée, concentrèrent le pouvoir corrupteur qu’ils n’avaient pas pu canaliser dans une pierre qui prit avec le temps plus de pouvoir. Lors du départ des Anciens, cette pierre explosa en une multitude de fragments corrompus qui s’abattirent sur le Vieux Monde. Le Chaos reprit ses droits peu à peu et fit naître des engeances telles que les Skavens. Ceux-ci cherchent maintenant activement les fragments de cette pierre pour assouvir leur sombres desseins.

-De la Malepierre !

-Oui, de la Malepierre. Les serviteurs du Chaos cherchent à annihiler tout reste de la trace des vents sacrés pour que le Chaos puisse surgir sur le Vieux Monde, et nul ne sera épargné.

Les Anciens, avant leur départ, enfermèrent leur pouvoir dans certains objets.

-Qui pourraient être ces plaques ?

-Qui le sont peut-être ! Ton destin est de retrouver au moins un de ces objets. Si les serviteurs du Chaos arrivent à réunir les quatre vents, ils parviendront sûrement, avec l’aide des dieux sombres, à les détruire, s’ils ne peuvent les contrôler."

Pour la première fois, je comprends l’importance de ma quête, mais une fois de plus, je doute d’être à la hauteur des attentes de Xetitzl.

Je repars donc immédiatement de la cité temple avec quelque nourriture, pour rejoindre les terres du Vieux Monde. Après plusieurs nuits de marche, je rejoins enfin la côte. Une embarcation de Saurus se prépare à lancer une expédition punitive vers un bateau humain, qui s’éloigne de la côte lentement. J’embarque dans une pirogue et rame vers le large. Lorsque je m’estime enfin suffisamment loin de la rive, je déploie ma voile pour arrêter de me fatiguer trop durement. Prions pour que les vents me soient favorables.

Déjà le troisième jour de navigation, et j’aperçois enfin la terre. Comment font les humains pour mettre des mois à traverser la grande Flaque ? Je suppose que les dieux m’ont aidé à arriver beaucoup plus vite. Je jette l’amulette à la mer, en guise de remerciement. Il ne me reste que ma cape et la bague d’alliance. J’espère qu’elles me seront utiles.

Enfin j’accoste, les voyages sur la Flaque ne sont pas très agréables. Je cherche du regard les hommes dont on m’a tant parlé lors de l’Instruction. Ils sont une race faible mais intelligente à ce qu’on raconte. Ils cherchent à envahir nos terres et à nous prendre notre or pour leur propre intérêt. Les lames de certains de nos Saurus sont fondues dans un alliage de ce métal, les humains ont ce qu’ils viennent chercher. La plage est déserte, le ciel est lourd, je pense que je détonne un peu dans ce paysage où tout est sombre et gris. Il faut que j’enfile ma cape, elle s’accorde plus que mon pagne coloré à l’environnement où je suis plongé. J’aperçois à travers la brume des maisons de pierre grise avec un toit de chaume, typiques de l’architecture villageoise de l’empire des humains. C’est étrange, je pensais arriver dans les terres du sud et je me retrouve sur des terres froides et brumeuses. Ainsi en ont voulu les dieux.

Je me dirige d’un pas rapide vers la première maison et frappe à la porte sans idée précise en tête, je veux absolument voir de près un humain. Aucun bruit derrière la porte, la maison est apparemment déserte. Je me retourne pour tirer ma pirogue à l’abri des regards, je n’aperçois que des terres à perte de vue. La mer a disparu en quelques secondes, qu’est-ce que cette folie ?

Je me décide à observer avec plus d’attention les terres autour de moi. Il fait froid, des montagnes enneigées se profilent à l’horizon. Le drapeau déchiré qui flotte à ce fortin appartient aux terres de l’empire. J’ai été projeté par quelque force inconnue vers les terres lointaines de Kislev ! Le village me semble entièrement déserté ses habitants ont fui quelque chose, mais qu’ont-ils fui ?

Je me mets à fouiller le village à la recherche d’un habitant qui aurait décidé de rester. Mes recherches ne furent pas vaines car je trouve un homme à la lourde carrure enveloppé de fourrures qui affûte ses armes. Dès que je pousse la porte de sa cabane, il se retourne, l’épée levée prêt à me fendre en deux. Je lève les bras en signe de paix mais il semble décidé à me tuer.

"Meurs, suppôt des dieux sombres, que la justice ce l’Empire soit le fléau des enfants du Chaos.

-Ai-je l’air d’un démon ?"

Apparemment, le fait que j’emploie le langage commun le surprit.

"Pose ton épée, homme de Kislev, et répond à mes questions

-Qui êtes-vous ?

-Je suis Jolrael, un archiviste Skink de la lointaine Lustrie !

-Comment ce fait-ce ? Tu mens ! Tu es un démon du Chaos !

-Non, les démons ne parlent pas, et si j’étais un démon, je t’aurai déjà sauté à la gorge. Je te répète que je suis un homme-lézard !

-Les hommes-lézards n’existent que dans les contes pour enfants ! La Lustrie est habitée uniquement par des Skavens !"

Une lueur passe dans ses yeux et j’ai l’impression que cet homme a été soudainement éclairé.

"Pourquoi les autres habitants ont-ils déserté le village ?

-Ils... Ils ne l’ont pas quitté. Ils sont morts, foudroyés par une épidémie.

-Une épidémie ?

-Oui, envoyée par Nurgle. Ses tribus sont venues nous voir et nous ont dit de s’allier à eux mais nous les avons mis dehors.

-Ils se sont vengés ?

-Deux jours plus tard, la maladie nous rongeait. Ceux qui ne sont pas morts se sont ralliés à Nurgle. Il me semble que ces tribus d’hérétiques se rassemblent vers le nord. Quelque chose se prépare, les attaques sont de plus en plus fréquentes, c’est comme si...

-Comme si ?

-Comme s’ils cherchaient quelque chose. Ils voulaient tous nos objets en métal précieux, et les rejetaient après les avoir examinés.

-Et parmi ces objets... En ont-ils gardés ?

-Oui, il me semble qu’il s’agissait... d’une plaque décorative.

-Une plaque ?"

Mon cœur a faillit défaillir à cette nouvelle. Le Chaos cherche aussi les plaque divines ? Le Slann ne faisait donc pas allusion aux Skavens mais aux nombreuses hordes du Chaos.

"Cette plaque portait-elle une inscription, des gravures ?

-Il y était gravé un serpent aux yeux sertis d’une pierre verte avec un mot bizarre en dessous.

-Ressemblait-elle à celle ci ?

-Comme une sœur, mais le mot n’était pas le même."

Cette fois c’est certain. Le Chaos est dans la course. Il me faut récupérer la plaque déjà trouvée. Quel hasard que les dieux m’aient envoyé sur cette terre désolée après que le Chaos y ait pris son dû !

Qu’attendent-ils de moi ? J’ignore jusqu’à présent tout du fond de ce qu’on me demande. Il me faut en apprendre plus que ce que je sais déjà. Trouver les autres plaques ne suffira pas, il faut que je sache ce que je dois en faire. Ma quête prend un aspect spirituel que je n’avais jusqu’alors pas senti. Ca ne fait que m’effleurer, cette sensation de n’être qu’une partie d’un grand Tout qui me dépasse, j’ai l’impression d’être un grain de sable dans un torrent, qui essaie de remonter le courant sans progresser.

"Montre-moi leur campement, homme de Kislev, je dois récupérer la plaque.

-La récupérer ? Mais c’est folie pure ! Les maraudeurs sont nombreux et le père des infections veille sur eux, la plaque est à mon avis perdue.

-Les Anciens me protègeront. Pour le moment, allons dormir, il est tard.

-Je monterai la garde cette nuit."

Je me dirige vers la petite couche de paille que l’homme me présente et m’allonge. Je réfléchis à tous les évènements récents qui ont bouleversé ma vie.

Le sommeil ne tarde pas à me gagner. Je vois des formes indistinctes et colorées qui dansent devant mes yeux, une créature bizarre avec de larges ailes tenant un bâton chamarré surmonté d’un œil se présente à mes yeux. Le tissu de sa tunique volette autour de lui d’une manière irréelle. Dans ses yeux noirs et sans vie brille une flamme démoniaque. Je sens que je suis en face d’un élu de Tzeentch, le grand dieu sombre. Il tient dans sa main un livre marqué de la rune maudite des huit flèches. Sa voix rauque et sifflante murmure à mes oreilles des choses insensées.

"Ssssssssuis-moi, petit Skink, et à toi reviendra la connaissssssssssance des plus grands érudits, tu auras la puissance d’un mage supérieur et tu surpasseras de loin tes aïeux. "

Je connaît Tzeentch par les livres et l’enseignement. Il détient la connaissance des énergies malsaines du Warp mais cette connaissance mène à la perte de celui qui la détient et il se voit obligé de suivre le dieu qui la lui a proposé. Il en fait d’abord son serviteur, puis son esclave, enfin, il en fait son jouet, un jouet que l’on brise quand il nous ennuie...

"Arrière, Démon persifleur, ta folie ne me fera pas tomber, et tes connaissances corruptrices ne valent rien en regard de la sagesse des Slanns.

-Ssssssssssssstupide lézard, tes connaisssances ne surpasseront jamais celles du Warp, tu cours à ta perte en t’opposant à moi ! Ceci n’est pas mon dernier mot, je briserai ton esprit et ton corps et tu me supplieras de mettre fin à tes souffrances !"

Il commence alors une incantation, mes flèches ne peuvent rien contre lui. Un seul moyen s’offre à moi pour le vaincre. Mon corps se soulève, comme porté par le vent, je suis ballotté en tous sens, je m’abandonne aux courants de magie divine, m’efforçant de reconnaître, parmi la toile d’araignée qui s’étend devant mes yeux, quels fils il faut emprunter. Je brandis le poing en avant, je ne vois plus que la lumière et les couleurs qui dansent devant mes yeux, j’entends un grand cri qui me semble être de la douleur.

Le guerrier, furieux, explose dans un nuage multicolore.

Ouf, j’en suis délivré, le décor revient à la normale. Je suis revenu dans le village, mais... celui ci est envahi par la moisissure ! Partout de petits démons informes sortent de terre et dévorent les restes des habitants en décomposition. Partout se répand la vermine et la peste.

Une masse informe et immense sort soudain du marais voisin et éclate comme une bulle de méthane. Une silhouette voûtée et obèse se rapproche à une vitesse rappelant une grosse limace adipeuse. Je distingue de plus près ce corps, si tel nom peut s’appliquer à un être de ce type. Je détaille une peau ravagée et cloquée, couverte de bubons infectieux, de croûtes purulentes, de plaies suintantes et de lambeaux de chairs en cours de décomposition.

Une odeur nauséabonde se répand à son approche. A ne s’y pas tromper je me trouve en face d’un élu de Nurgle, seigneur de la déchéance, père des épidémies et maître de la corruption abjecte. Il tourne vers moi des yeux pervers couverts de pus et me dit d’une voix mielleuse presque joviale :

"Ce vieil emplumé de Tzeentch est stupide, tu n’as pas besoin de connaissances. Ce qu’il te faut, c’est de l’affection, l’affection d’un père pour son enfant. Suis-moi, mon petit, et à toi s’offrira l’opportunité de rejoindre notre grande famille. Tu ne craindras ni le froid ni les blessures ni le temps."

Des images de Huancayo appaissent devant mes yeux mais je connaît les habitudes de Nurgle : il attire ses suivants par des promesses de bonheur, il ravage leur corps pour les protéger des intempéries et se sert de leur lien pour les amener en esclavage.

"Garde tes offres, visqueuse créature, j’ai déjà un père et n’ai pas besoin de ta protection. Tes promesses de bonheur équivalent à la déchéance physique et morale...

-Tu refuses de venir faire partie de ma famille ? Tu préfères t’enfermer dans ton orgueil et me repousser ? dit-il d’un ton déçu ...

-Exact ! Rejoins les tiens dans le Warp, démon malfaisant.

-Puisqu’il en est ainsi, tu t’exposes à ma colère. Comme tu refuses d’être mon fils, je te ravagerai avec la cruauté dont on ferait preuve sur un traître, un paria, un galeux d’une autre espèce."

Il sort une masse immense, hérissée de pointes et couverte de rouille. Il n’a pas le temps de frapper que déjà, ma flèche empoisonnée part s’enfoncer profondément dans l’estomac bouffi du champion. Le sourire qu’il affiche me décourage : le poison n’a aucun effet sur lui. Il me faudra me battre en combat rapproché. Je sors ma dague, le frappe, frappe, frappe encore jusqu’à l’épuisement. Son arme se rapproche dangereusement à chaque coup qu’il me porte et que j’esquive. Enfin, j’y arrive, ses entrailles se déversent dans un flot pestilentiel et fétide et son sourire s’efface. Il n’est pas mort, mais ne va pas tarder à l’être. Je tranche ses organes, déchire ses nerfs et lui arrache le cœur. Abattu, il s’effondre dans la poussière..

Sa disparition fait entendre un claquement sec et laisse la place à la grande salle d’un palais couvert d’or et de soie. Entouré de femmes, un grand démon blanc et délicat trône au-dessus d’une montagne de coussins. Il porte à sa bouche une coupe emplie d’un fin nectar. C’est un Gardien des Secrets, un prince démon de Slaanesh. J’adresse mes prières aux Anciens afin qu’ils me donnent suffisamment de volonté pour lui résister. Ses servantes à demi nues le choyaient avant mon arrivée. J’ai un vague sentiment de honte à l’idée de me trouver dans l’intimité de ce démon, mais ce sentiment se dissipe vite lorsqu’il tourne ses yeux de biche sur moi. Il me susurre à l’oreille d’une voix douce et charmeuse quelques mots.

"Bonjour, Jolrael. Pourquoi ne pas abandonner ta vie à Slaanesh, pourquoi ne pas t’oublier dans les plaisirs et dans la joie pour une vie éternelle ?"

La proposition est tentante, l’odeur est enivrante, mais je reprends soudain mes esprits devant l’aspect répugnant et corrompu de ce qui m’entoure.

"Non, Slaanesh, je ne vouerai pas ma vie au plaisir malsain, je refuse de partir dans l’oubli du Warp...

-Je n’insiste pas, mais au lieu de la douceur tu connaîtras la douleur et tes cris berceront mon sommeil comme une comptine peut bercer un bébé. "

Ses pinces acérées volent à toute vitesse vers mon cœur et j’ai à peine le temps de bondir sur le côté pour l’éviter. Il se fige d’un coup, comme foudroyé. Le venin des grenouilles de Lustrie est efficace et inconnu des démons...

Le paysage se craquelle, se fend et laisse place à un paysage volcanique, le sol est couvert d’ossements et des chiens aux dents sanglantes courent sur des amas de scories incandescentes. Du geyser voisin surgit soudain une grande forme ailée, au corps musculeux et à la peau teintée de sang, Des crânes pendent à sa ceinture, ses mains brandissent une hache et un fouet, ses cheveux en bataille sont couverts de poussière et ses ongles sales sont couverts d’hémoglobine. Je suis devant Khorne, Dieu du sang et de la guerre en personne.

"Je n’aurai pas la stupidité d’essayer de te corrompre avec un de mes sous-fifres, je viens moi-même pour te reprendre la plaque. Elu des Anciens, donne-moi la plaque de l’Innocence ou ton crâne rejoindra la pyramide de ceux qui ont osé me défier !

-Retourne dans tes ténèbres, Démon malfaisant, tu ne détruiras pas les Quatre Vents de la Vertu !

-Puisque tu ne veux pas me la remettre de gré, je la prendrai de force ! Gulzan ! Mon favori, flaire cet ennemi et met-toi en chasse, rapporte-moi la plaque qu’il possède !"

Un démon majeur de Khorne apparaît à ses côtés, le Buveur de Sang est vraiment impressionnant. Son regard mauvais croise le mien...

Pourquoi moi ? Pourquoi me suis-je mis à dos les quatre dieux du Chaos ?

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