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2- Suicide, j'écris ton nom

Omega1, Système B05

-Et merde !

Nous venions tout juste de remonter du 317 après avoir pris quelques holos et étions tout les deux assis dans l'obscurité du salon. Après un silence d'une bonne minute, je me levais et commençais à tourner en rond. 

-Bon, on sait comment opèrent les U.S. et, vu la taille de la pièce, les mécas n'ont dû envoyer qu'un Suicidaire...

-Ce qui veut dire que dalle ! coupa Aesop. On s'en fout de savoir s'ils étaient deux ou mille ! Les machines ont atomisé une cellule de collabos juste en dessous de nous ! On est les prochains sur la liste !  

-Sauf que s'il n'y avait qu'une Unité Suicide, normalement on devrait avoir 4 corps en bas. 3 collabos et 1 US. Or, il n'y a que 3 corps en bas, ceux des Infos. 

-Merde, Ram, comment t'as pu compter 3 corps, leur putain de bombe a fait exploser toute cellule vivante dans un rayon de 4m ? Tu l'as vu, les murs sont rouges, rouges et rouges ! Y'a plus rien d'identifiable et toi tu me dis qu'il y a les restes de 3 humains et pas 4 !

-Sauf qu'avec le volume du salon, s'il avait eu un quatrième homme, le sang aurait atteint le bout du couloir puisque le quatrième aurait été à l'entrée du corridor. 

-Putain, Ram, il suffit qu’il y ait eu un type dans chaque coin et ton histoire marche plus, arrête de...

-Et y'avait pas de casque neural. 

 

Il me regarda, estomaqué. La bombe cellulaire et le casque neural sont les seuls attributs des U.S. La première est leur arme caractéristique, qui cause apparemment une douleur sans fin, au mineur désavantage qu'elle doit à tout prix être en contact avec la peau humaine pour exploser et cause donc la mort du porteur. D'où le nom d'Unités Suicides donné à ce détachement formé à partir des opposants aux mécas.

Le casque quant à lui permet aux IA de contrôler un humain en tout temps. Je n'ai jamais compris pourquoi son usage était limité aux Suicidaires. Il me semble que si j'étais une IA -et parfois je trouve que je leur ressemble un peu trop- je foutrais ce casque sur la tête de tout humain et j'aurais enfin la paix ! Mais apparent un des minerais essentiels est très rare et de plus l'appareil doit être configuré pour chaque humain, ce qui limite les possibilités de réutilisation. 

Bref, les murs repeints en sang et le casque neural traînant dans un coin sont la signature des Unités Suicides. L’absence du casque neural impliquait que la situation était plus compliquée qu’elle en avait l’air.  

 

-Merde, murmura Aes.

-T'as une hypothèse ? demandai-je. 

-Mouais...Ce pourrait être que les collabos ont obtenu une bombe cellulaire et ils l'ont déclenché par mégarde...

-Même si ces crétins ont réussi à mettre leurs mains sur une cellulaire, je doute qu'ils l'aient déclenché par mégarde. Si j'avais un truc comme ça dans les mains je serais plutôt prudent ! Hypothèse ? répétai-je. 

-Sinon les mécas ont trouvé un moyen de faire fonctionner leur bombe sans sacrifier de Suicidaire.

-On est même pas sûrs que ça soit les U.S. ! Il manque un corps pour ça ! Et de toute façon, une cellulaire qui ne tue pas le porteur, c'est sans intérêt pour les Unités Suicides, peu probable donc que les mécas aient développé un truc comme ça. Hypothèse ? répétai-je.

-Sinon les mécas ramassent le casque parce qu'elles peuvent le réutiliser ! C'est ça !

-Ça explique toujours pas le corps qui manque...

-Le corps qui manque, je te rappelle que c'est ton idée ! coupa Aesop. Moi je te dis qu'il y a 4 cadavres en bas ! Et que le casque n'est pas là parce que les machines les ramassent et les réutilisent ! Faut qu'on prévienne le QG, dit Aesop en se dirigeant vers le sac contenant son orgue à odeurs.

Alors qu'il commençait à sortir son fatras, j'eus un déclic.

-Non, faut qu'on mette les voiles. Tout de suite.

-Ouais, ouais, j'envoie mon message et après on se taille à la planque #2. Dans une heure on est là-bas

-Non tout de suite. Parce que à l’odeur, je te dirais que les mecs en dessous ont été tués y'a bien deux jours...

-Et quand ça fait deux jours que ton équipe ne répond pas, t'en envoie une autre pour vérifier ! compléta-t-il, comprenant lui aussi.

-On bouge.      

Dix minutes plus tard et nous étions sur le toit du bâtiment, à vingt étages de la rue crasseuse.

-Direction planque n°2 ? me demanda Aes, en se dirigeant vers le rebord pour sauter.

-Non ! Surtout pas. Si les collabos connaissaient celle-ci, y'a des chances pour qu'ils soient au courant pour l'autre. 

-Merde ! Alors...

-Alors on retourne au QG. Mission annulée. On rentre et on verra ce qu'ils pensent de notre incident.

-Ils vont nous dire que le casque a été ramassé comme je l'ai deviné !

-Ta gueule et saute, marmonnais-je. 

Aesop sauta alors par dessus le rebord et activa son anti-grav. Je le rejoins et nous flottâmes quelques secondes au-dessus de la rue. Puis, nous orientâmes nos fusées motrices avant de foncer sud-est en laissant Hull et ses mécas loin derrière nous.    

 

L'industrie d'Omega1 tourne principalement autour des biens manufacturés à destination du Centre. Les forêts de feuillus qui recouvrent le globe sont utilisées pour fabriquer la plupart des objets de bois qu'utilisent les milliards d'humains répandus dans la centaine de mondes qui constitue le cœur du Saint Empire Techno. Même si de larges pans de la production sont automatisés, les IA utilisent une main d'œuvre importante pour le transport planétaire et la transformation du bois.   

Situé en périphérie de la sphère d'influence des machines, la planète a été colonisée il y a deux siècles par les sondes automatiques des mécas mais les humains y ont été importés il y a moins de cent ans. De notre point de vue, Omega1 a l'avantage d'être habitée par une population importante mais rustre, donc facilement manipulable, et ne bénéficie pas d'une protection importante de la part des forces mécaniques. DIA préfère généralement protéger les sous-sols riches en minerais et carburants fossiles. Il s'agit donc d'une de nos cibles prioritaires dans l'Opération de Reconquête lancée depuis le Secteur Ouest des Libres (ORSOL).

Mis à part quelques grandes villes où l'on trouve les scieries et les astroports, la population est principalement rurale. Les 3/4 du milliard de colons vivent près des forêts, principalement le long des rivières afin de faciliter le transport du bois. Les grandes étendues forestières inoccupées ainsi que les forces aérospatiales réduites d'Omega1 nous ont permis d'installer un des plus grands astroports clandestin de l'ORSOL: Bigg Justoleum, ou tout simplement Bigg Jus.

La base est construite à la manière d’un oignon : avec une infinité de couches. Les premières sont bien sûr les forêts et les montagnes qui l’entourent. Ensuite viennent une dizaine de champs de confinement et de camouflage. En plus, c'est la première position des Libres à avoir été équipée d'un champ de gravité -qui annule les effets des appareils anti-grav -, il y a bientôt cinq ans. 

Puis deux murailles consécutives qui abritent les Premiers et Seconds Corps de Garde, qui où se trouvent un demi millier d’hommes à eux deux. Suivent trois murs de tourelles automatiques qui désintègrent tout méca à cinq cent mètres.

Les défenses laissent alors place à l’Anneau Principal, où vivent et s’entraînent la plupart des trois mille soldats cantonnés en permanence sur Omega1. Enfin, au cœur du complexe se trouve le spatioport et sa dizaine de navettes spatio-athmo.

 

L'entrée dans Bigg Jus fut donc laborieuse, comme d'habitude, entre les champs de confinement, les salles de décontamination méca et les interrogatoires d'empathie. Le soleil était en train de se lever lorsque nous fîmes finalement nos premiers pas dans la base en tant que telle.

-Salut les mecs ! Misson accomplie ? nous demanda le soldat du 1er Poste de Garde en avisant nos tenues d'ouvriers de Hull.      

-Non. On a besoin d'un véhicule pour rejoindre le QG au plus vite. On a des infos prioritaires pour le contre-espionnage.

-Ok, prenez la jeep en arrière du bâtiment, répondit le garde.

Il avait apparemment l’habitude de ce genre de situations. C’est vrai qu’on a tendance à se considérer comme uniques aux services terroristes avec nos révélations, nos informations et surtout nos échecs. J’aurais peut-être dû passer plus de temps dans les troupes régulières, ça relativise.

Aesop sauta sur le siège du conducteur pendant que je m’installais à la mitrailleuse. On n’est jamais trop prudents.

Dix minutes et plusieurs contrôles plus tard, Aes gara la voiture près des bâtiments du Service de Renseignement et je le suivis à l’intérieur.

Dix autres minutes et plusieurs fouilles plus tard, nous entrâmes dans le bureau de notre Agent de Liaison, Burt Miller. La discussion démarra au quart de tour :

-Qu’est-ce que vous faites ici ? L’opération doit avoir lieu ce soir à minuit !

-Annule tout ça, on a été grillés, répondis-je.

-Quand on a reçu votre message, on est descendu tout de suite au 317. Le problème c’est que les Infos avaient déjà étés liquidés…

-Par une bombe cellulaire !

Miller, qui était déjà nerveux lorsqu’il nous avait vu entrer, était en train d’essayer de s’allumer une cigarette. Il s’arrêta net.

-Quoi ? Une cell ?

-Aucune doute là dessus, chef, renchérit Aesop. C’est bien une cellulaire, on a pris des holos.

-Y’a pire. On n’a pas retrouvé de casque neural.

Miller prit une grande inspiration et se calma. Il venait de comprendre que l’histoire était plus complexe qu’elle n’en n’avait l’air.

-D’accord, les Infos ont été liquidés, on sait pas trop par qui, mais pourquoi est-ce que vous avez pas communiqué tout ça par orgue ?

-L’odeur, chef, l’odeur.

Je complétais : 

-Ça doit bien faire deux jours que les collabos ont été tués. On a pensé que leurs collègues n’allaient pas tarder à rappliquer et qu’on avait pas intérêt à traîner dans les parages.     

-Deux jours ? Votre planque elle-même n’as été choisie qu’il y a 48h !

-C’est pour ça qu’on s’est dits que si les Infos étaient au courant pour l’A417 si tôt, ils devaient probablement connaître la cache #2. Alors on a préféré se replier ici, expliquai-je.

Un éclair passa dans les yeux de Miller.

-S’avez bien fait, les gars, l’opération doit être grillée jusqu’à l’os. Je vais prévenir l’équipe de récupération, ils restent au sol ce soir.

-Et les explosifs ? demandai-je.

-Doivent être déposés à l’A417 dans une heure. Je sais pas si j’aurais le temps d’annuler la livraison. Sinon on les fera sauter.

Aesop réagit brusquement :

-Attendez chef, y’a au moins 7 familles qui vivent à coté de cet appart et vous voulez faire exploser une charge thermique de 10 kilos ? C’est quoi cette histoire ?

-9 kilos. Et j’ai pas de comptes à te rendre. Pas plus que les Libres n’en n’ont à rendre aux zombis.

-Attends là on parle de familles d’ouvriers, des femmes, des enfants…Tu crois que les travailleurs voudrons joindre ta belle révolution après ça ?

-On passera ça sur les Infos. En plus, avec un peu de chance les collabos penseront que leurs gars ont été tués pendant l’explosion et non avant.

Je profitais d’un silence pour essayer de ramener la conversation en terrain plus neutre.

-D’ailleurs, chef, Aes pense que c’est un coup des U.S. et qu’elles ont ramassé le casque pour le réutiliser.

-C’est vrai que c’est le seul moyen d’expliquer l’utilisation d’une cellulaire et l’absence du casque.

-Personnellement, je pense qu’il n’y a avait que 3 personnes quand la bombe a été activée. Rapport au volume de la pièce et la quantité de sang sur les murs…

-Ça, Ramint, c’est du ressort des labos. Je vais leur envoyer vos holos et ils bosseront avec le contre-espionnage pour essayer de démêler tout ça. Vous n’avez plus rien à faire dans cette histoire

-Mais…, commenca Aesop

-Pas de ‘’mais’’ qui tienne. Vous avez quartier libre jusqu’à ce soir. Venez me voir à 22h, je vous aurais trouvé une nouvelle affectation d’ici là.

Je sortis et Aes me suivit. Le bruit que fit la porte indiquait ce qu’il pensait de Miller. Mauvaise idée.

Aesop et moi ne sommes pas vraiment des meilleurs amis, ni des camarades ou encore moins des frères. Juste deux mecs qui s’aiment bien et ont effectué assez de missions ensemble pour bien se connaître. Celle-ci devait être notre cinquième opération. En gros, Aes est la personne qui me connaît le mieux après mon père.

Quand à moi, je le connais assez pour comprendre ce qu’il venait de ce passer dans le bureau. Aesop a été élevé sur une planète Libre, Lune TNS, par ses parents biologiques. Pour lui, la révolution doit se faire, mais il est hors de question de tuer des civils. Selon son code moral, les dégâts collatéraux n’englobent que les collabos. Rien d’autre.

L’Assemblée des Libres a conscience  qu’en appliquant la formule ‘’la fin justifie les moyens’’, la révolution se retrouve à employer les mêmes méthodes que les machines. Reste qu’il a été démocratiquement qu’il fallait mieux tuer qu’être tué et que le choix de Miller suit les directives du Commandement.

Si je comprends la position officielle et celle d’Aes, j’ai tendance à trouver les deux extrémistes. Suivre les ordres aveuglement en permanence conduit à la dépendance et l’inaction – deux moteurs de la défaite. À l’opposé, les idéaux de mon partenaire sont, justement, idéalistes. Dans ce cas, il est clair qu’il faut mieux sacrifier une dizaine de bovins plutôt que de laisser tomber nos explosifs aux mains des mécas. Cependant, comme lui, j’ai des dizaines d’exemples où des officiers trop zélés ont préféré laisser des hommes mourir plutôt que de faire preuve d’initiative.

Aesop connaissant mes idées, le débat était enterré avant d’avoir pu vivre.

Nous passâmes la matinée au stand de tir, après avoir fait un détour à la cantine pour un petit déj lyophilisé. Je profitais de ces heures pour m’entraîner à tirer sous gravité-zéro, histoire de ne pas oublier les réflexes durement acquis lors du voyage vers Omega1.  

Pendant que je combattais des mannequins semi-automatiques avec un pistolet à vide et un couteau électrique, Aes s’était tapé trois fois le parcours d’entraînement avec gravité renforcée en 4 heures et 37 minutes. Son meilleur temps, il l’avait établi il y a deux semaines à 4.25 heures.

Crevés, nous allâmes manger en compagnie de la relève du second Corps de Garde. Selon les réguliers, tout avait été calme durant nos 36 heures d’absence. Il n’y avait que les habituels exercices et une certaine excitation au contre-espionnage à signaler.

Remplis, nous allâmes dormir. Miller avait fait nettoyer une chambre double à notre attention et je m’écroulais sur le lit de droite tandis qu’Aesop sauta sur l’autre.  Je dormis d’un sommeil sans rêve. Mais je dormis un peu trop.

Lorsque j’ouvris les yeux, il était près de neuf heures trente. Je me sentais empâté et lourd, normal j’ai pas l’habitude de dormir autant. Je préfère faire des sommes de cinq heures max, au moins j’ai pas l’impression de perdre mon temps.

Aes étant sortit, j’en profitais pour me doucher, en essayant de frotter cette lourdeur qui m’embrouillait le cerveau. La chambre était toujours vide lorsque je reviens des douches. J’enfilais une nouvelle tenue polychrome, rangeait mes armes et quelques effets personnels dans mon sac et sortit.

J’entrais dans le bureau de Miller et attendit qu’il finisse d’envoyer son message.

-Et Aesop ? fit-il en enlevant son amplificateur nasal.

-Je sais pas. On s’est couchés vers 13h. Quand je me suis levé, il était déjà partit. 

-Doit être partit envoyer un message à sa femme…Bon, ben je commencerai par toi alors…

-Un instant, chef. Est-ce que vous avez les résultats du labo concernant les holos ?

-Non, et je t’ai dit que c’était plus de votre ressort. D’ailleurs, le Commandement a décidé qu’il fallait mieux que vous preniez vos distances par rapport à Omega1.

-Pourquoi chef ? Personne ne nous a vu.

-Justement, oui. J’ai pas pu récupérer le paquet qui a été livré à votre planque, alors j’ai pas eu le choix de le faire exploser. Les IA vont certainement voir qu’il manque 4 cadavres, ceux de la famille de l’A417. Les mécas vont alors comprendre qu’on a trompé leurs détecteurs et vont chercher à nous retracer. Le livreur portait un brouilleur facial, mais vous il y a de fortes chances qu’ils aient votre visage sur une des caméras du bâtiment.

-Merde.

Les brouilleurs faciaux sont un petit miracle de la technologie libre, notre réponse aux casques neuraux. Ces appareils, qui se portent comme un collier, transforment le visage du porteur lorsqu’il est filmé par une caméra. De plus, le brouilleur utilise les bases de données mécaniques pour modifier le visage selon les informations à sa disposition. Ainsi, lorsque les mécas regarderont leurs films, le livreur d’explosifs sera remplacé par un fils quelconque qui vient rendre visite à sa ma mère, résidente au S806.

Malheureusement, comme les casques neuraux, les brouilleurs faciaux demandent des ressources que les Libres ne sont pas toujours en mesure de fournir, ce qui explique leur rareté. Ainsi, la plupart des livreurs, receveurs et autres agents doubles en possèdent un car ils sont constamment filmés, tandis que nous, simples terroristes, devons compter sur l’entraînement et la chance pour éviter que les IA ne nous repèrent.    

-Alors, où est-ce que je vais être envoyé ? repris-je.

-Sur la Frégate Kyuss. Tu part dans deux heures pour la rejoindre en orbite. La mission en tant que telle aura lieu dans 48 heures exactement. Tu seras sous les ordres du Major Oliveri. 

-Et sur quelle planète elle aura lieu, cette mission ? Et comment ça se fait que je me retrouve sous les ordres d’un Major ? Y’a pas d’Agent de Liaison là où on vas ?

-Non, y’a pas d’ADL justement. Parce que c’est pas sur une planète qu’aura lieu l’opération, mais en plein vide sidéral. Le Major te donnera  les précisions, je peux toutefois te dire que vous devez intercepter le Zakah, un Croiseur méca pour…

-Quoi ?! Y’a erreur ! Je suis pas entraîné pour les missions en g-zéro moi ! Encore moins l’abordage d’un Croiseur avec une Frégate rétrograde !  Y’a erreur !

-Bon, écoute Ramint, j’ai accepté vos petits écarts à toi et Aesop, mais ça suffit ! Entre toi qui n’en fait toujours qu’à ta tête et l’autre qui remet tout en question, y’en a marre ! Marre ! Maintenant tu la fermes !

Le silence entra alors dans la pièce et s’installa confortablement entre Miller, encore rouge de son éclat, et moi, blessé dans mon orgueil. Prenant de plus en plus ses aises, le silence se mit à grimper le long de mes jambes pour finalement recouvrir ma bouche. Mes lèvres étaient scellées par une créature intemporelle. Jamais plus je ne parlerai. 

Ce fut Miller qui brisa l’étreinte du monstre.

-Aller au spatioport, Terminal D, le Major Oliveri y attend le reste de sa section. Et envoyez-moi Aesop si jamais vous le croisez. Adieu Ramint.

Je sortis sans un mot. Et ne croisais ni Aesop, ni personne d’autre avant d’arriver au terminal. Dommage, j’aurais voulu lui souhaiter bonne chance. Et à la prochaine.

J’arrivai en retard – sur un horaire dont j’ignorai l’existence – et on me le fit savoir. Nous étions cinq, plus le Major et apparemment j’étais le seul à ne pas avoir au moins trois missions en apesanteur à son actif. J’étais le seul ‘’rampant’’.

C’est en m’installant sur mon siège dans la navette spatio-athmo nous amenant au Kyuss que je décidais que j’aurais mieux fait de me casser une jambe à l’entraînement. Les heures qui suivaient allaient confirmer cette idée. 

 

L’alarme retentit avec violence. Un, deux, trois coups. Une, deux, trois ecchymoses. Un, deux, trois flashs rouges. Un, deux, trois et yeux rouges.

Je jetai un coup d’œil au panneau du mur avant de sortir de ma couchette. H moins trois. Et voilà que je pense en heure militaire. Cet enfoiré d’Oliveri aura bien réussi son lavement de cerveau durant la trentaine d’heures où j’ai été en son pouvoir. Mais dans 500 minutes je serais libre. 499 maintenant.

Bientôt, tout sera fini. Bientôt.

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