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Chapitre 1 / Partie 4 : Comme l’autre a dit…

[  Bat  ]    Cette fois c’est la bonne ! Ils vont s’en manger une volée !
[  Serf  ]    Il faut arrêter ça, c’est une catastrophe !
[  Bat  ]    Mais non ! Zaleth comprendra, et puis c’est sa faute aussi pour traîner !
[  Serf  ]    Qu’est-ce qu’on peut faire, mince, qu’est-ce qu’on peut faire ?
[  Bat  ]    On charge !
[Régiment]    Minute, on n’a pas fini de s’armer.
[  Serf  ]    Skruik, dis quelque chose !
[  Bat  ]    Il s’est déjà caché, qu’est-ce que tu crois !
[Régiment]    C’est bon, on est prêts.
[  Bat  ]    On charge !
[  Serf  ]    Non !
[  Bat  ]    Eh, Serf, regarde. Quand je bouge ma hache dans l’air même doucement, tu vois, elle siffle. C’est parce que la lame est très très affûtée. Et tu sais ce qu’il me dit ce sifflement ? Il me supplie de l’abreuver. Tu préfères quoi, toi ou eux ?
[  Serf  ]    Attends, je suis sûr que je peux leur expliquer la situation !
[  Bat  ]    Tu peux ?
[  Serf  ]    Euh… non. Bon bah on charge ?
[Soldats]    Pas la peine, on est déjà là.
[  Bat  ]    Ah bah surtout vous gênez pas ! Troisième régiment !
[Régiment]    Seigneur, nou-
[  Bat  ]    Vos gueules et à l’attaque !
[Soldats]    Eh mais vous êtes les villageois de Delémont !

Soupir.

[Régiment]    Attendez mais vous portez la livrée de l’Elebren !
[Soldats]    Qu’est-ce que vous faites là les gars ?
[Régiment]    Bah le village a brûlé alors du coup…
[Soldats]    Du coup ?
[Régiment]    Je sais plus, qu’est-ce qui se passe ensuite ?
[  Bat  ]    On charge !
[  Serf  ]    Non !
[  Bat  ]    C’est pas vrai mais vous vous croyez où, dans une pastorale ?! L’ennemi est à deux pas et vous hésitez !
[Soldats]    Et vous êtes ?
[  Bat  ]    Regarde plutôt mes pieds.
[  Serf  ]    Oh non.
[Soldats]    Ah oui, le tueur. Tout le monde sur lui !
[Régiment]    Même nous ?
[Soldats]    Comment ça, mais non, vous êtes des villageois !
[Régiment]    Ah pardon, on est le troisième régiment de ligne !
[Soldats]    Vous racontez quoi, vous êtes des paysans, des vilains, vous servez à semer la terre et paître les moutons !
[Régiment]    Attends eh, troisième régiment c’est un nom qui claque !
[Soldats]    Arrêtez de rêver et laissez-nous faire notre boulot !
[Régiment]    Cette fois c’en est trop ! On charge !
[  Bat  ]    Et voilà, voilà ! J’étais sûr que quelqu’un allait me voler la vedette !
[  Serf  ]    Arrêtez ! Vous n’êtes que des villageois !
[Soldats]    C’est ce qu’on s’évertue à vous dire !
[Régiment]    Mais on va pas rester là se faire insulter !
[  Bat  ]    Ouais !
[  Serf  ]    Quoi insulter ? C’est un fait, vous et moi, on est que des villageois !
[  Bat  ]    Euh… ouais !
[Régiment]    Eh bah dans ce cas faisons des trucs de villageois !
[  Bat  ]    Ou… ouais ?
[  Serf  ]    Bonne idée !
[Soldats]    Mais qu’est-ce qu’ils font ?
[  Bat  ]    Mais qu’est-ce qu’ils font ?!
[Régiment]    On construit un rempart !
[Soldats]    Vous êtes pas sérieux…
[  Serf  ]    On va se gêner.
[  Bat  ]    Non mais… vous êtes pas sérieux…
[Régiment]    On a presque fini !
[Skruik]    Ouais ! Ils sont pas sérieux !
[Régiment]    Et c’est fait ! Venez un peu pour voir, essayez !
[Lucien]    Ouais essayez !
[Régiment]    Eh Lucien, dans les rangs !
[Lucien]    Désolé.
[Soldats]    C’est quoi ce délire, non mais c’est quoi ce délire ?!
[  Serf  ]    C’est simple, une double palissade de bois avec fossé et piques, tours et chemin de ronde.
[  Bat  ]    Eh bah quand Zaleth verra ça ! Beau boulot les gars !
[Soldats]    Ouais, beau boulot, des fortifications juste sous nos murs.
[Régiment]    Hein ?
[  Bat  ]    Ah mais j’y crois pas les buses ! Vous êtes sous le feu de leurs archers !
[  Serf  ]    Dis donc tu passes vite des louanges aux reproches ?

En parlant de reproches, elle vient cette bataille ?

[Soldats]    Descendez de là.
[Régiment]    Non !
[Soldats]    Descendez de là.
[Régiment]    Non !
[Soldats]    Allez quoi, nous obligez pas à venir vous chercher…
[  Serf  ]     J’ai l’impression qu’ils nous prennent pas au sérieux.
[  Bat  ]    C’est notre chance ! La troisième, avec moi ! On charge !
[  Serf  ]    Et les palissades ?
[  Bat  ]    Ranaf’ des palissades, on charge !
[  Serf  ]    Et le fossé ?
[  Bat  ]    Ranaf’, on charge !
[  Serf  ]    Mais ce sont que des villageois !
[Soldats]    C’est ce qu’on s’évertue… oh et puis zut.

Ah ben enfin !

[Soldat]    Tiens, prends ça !
[Lucien]    Eh, j’ai paré !
[Soldat]    Mais c’est pas vrai comment t’as fait ça ?!
[  Bat  ]    Ah ben je vois que Zaleth a au moins pensé à les nommer !
[  Serf  ]    Et ça change quoi ?
[Lucien]    Tiens, prends ça !
[Soldat]    Mais il a réussi à me blesser le sagouin !
[  Bat  ]    Facile ! En face c’est que des soldats sans nom ! Et quelqu’un qui n’a pas de nom est toujours moins fort que celui qui en a un !
[  Serf  ]    Attends mais les soldats ils ont des noms !
[Soldat]    Euh…
[  Serf  ]    Ne plus rien demander, j’avais oublié ça.
[Skruik]    On a cent trente-sept héros, on va gagner !
[Lucien]    Aaaaaaaaaargh…
[Soldat]    Ah ben quand même !
[Skruik]    Cent trente-six, on va perdre !

Mais non mais non…

[Zaleth]    Qu’est-ce que j’entends ?!?!

Qu’est-ce que je disais.

[Zaleth]    Vous avez commencé la bataille sans moi ?!
[  Serf  ]    Oui mais-
[Zaleth]    Et vous osez perdre ?! Non mais vous savez que vous êtes sous mes ordres ?
[  Serf  ]    Pas vraiment non.
[Zaleth]    Bat ! La situation !
[  Bat  ]    Ton régiment c’est des bons à rien !
[Zaleth]    Aide de camp !
[  Serf  ]    Je suis à côté.
[Zaleth]    Combien l’ennemi a perdu d’hommes ?
[  Serf  ]    Aucun. Ah si y a un blessé.
[Soldat]    Je vais très bien !
[Zaleth]    Aux grands maux les grands moyens !
[  Serf  ]    On dit pas aux grands mots l-
[Zaleth]    La moitié du régiment avec moi ! On va leur apprendre ce que c’est que des guerriers !
[Régiment]    Mais nous on est des villageois !
[Soldats]    C’est ce qu’on s’évertuait à vous dire !
[Régiment]    On sait !
[Soldats]    Mais si vous le savez alors pourquoi on se bat ?!
[Zaleth]    Assez parlé ! Ensemble, et un deux trois quatre ! Dance de guerre !
[  Bat  ]    Non, Zaleth ! Pas ça !
[Zaleth]    Si ! Dance de guerre !
[  Bat  ]    Pense aux prochaines batailles, tu vas pas dévoiler toutes nos tactiques si tôt !
[Zaleth]    Je vais me gêner ! Avec moi un deux trois quatre et un deux trois quatre on se bouge les gars !
[Soldats]    Mais… mais… ils sont complètement ridicules !
[  Serf  ]    Ce qu’ils dansent mal, j’ai mal et je ne sais pas si c’est le rire ou la honte.
[Zaleth]    Vous en croyez pas vos yeux, hein !
[Soldats]    Et c’est censé nous faire quoi ?
[Zaleth]    C’est une diversion !
[Skruik]    Dans vos faces !
[Soldats]    Au nom du ciel, un rat !
[Zaleth]    Mais non, pas ça !
[Skruik]    Oh.
[Soldats]    Bah alors quoi ?

Les enfants sur moutons.

[Soldats]    Aaaaaaaaaaah !
[  Serf  ]    Zaleth, c’est quoi ça ?
[Zaleth]    La fine fleur de la chevalerie d’élite de l’Elebren ! Et elle c’est Couette, leur capitaine.
[Couette]    Salut papa !
[Abélard]    Ma fille !
[Régiment]    Nos enfants !
[Berger]    Mes moutons !
[Zaleth]    Le plus dur a été de collecter les armes en forêt, c’est pour ça le retard.
[  Bat  ]    Des enfants sur mouton… avec des bâtons.
[  Serf  ]    Attends mais ils mettent les soldats en déroute !
[Soldats]    Tout le monde se replie derrière les murs !
[  Bat  ]    C’est une blague ?
[  Serf  ]    C’est surtout qu’ils n’osent pas frapper des enfants.
[  Bat  ]    J’ai atterri où, dans le monde des poneys ?! Le sang qui coule, les cadavres plein les champs, les charrettes entières de corps ! Je sais pas, moi, au minimum des nuages noirs !
[Skruik]    Ouais, plus de morts !
[  Bat  ]    Skruik, toi t’es juste un rat, ça compte pas.
[  Serf  ]    Mais je suis de quel côté, moi…
[Zaleth]    Capitaine Couette !
[Couette]    Monsieur général ?
[Zaleth]    Revenez défendre les machines de siège ! Dans dix minutes on aura réduit les murailles en poussière, et il va voir ce qu’il va voir le seigneur du coin !
[  Bat  ]    Coin paumé, ouais ! Dans les grandes plaines, en combat, ça saigne ! On se bat pas à coups de bâtons ou de palissades !
[Zaleth]    Je fais avec ce que j’ai – quelle palissade ? Oh. Joli. Abattez-moi ça, et faites gicler les pierres qu’on en finisse !
[Régiment]    Euh…
[  Bat  ]    Non mais c’est bon, pour les catapultes je vous explique.
[  Serf  ]    Étrange.
[Zaleth]    Quoi donc, mon fidèle compagnon ?
[  Serf  ]    Ils n’ont pas fait tirer leurs archers. Ils préparent quelque chose.

Quel suspense.

[  Bat  ]    Eh bah voilà, ils ouvrent les portes ! On charge !
[  Serf  ]    T’en as pas marre ? Quelqu’un sort…
[Régiment]    Oh non ! Nous sommes perdus ! C’est-
[Zaleth]    Le seigneur, j’espère, je m’en vais te le dérouiller !
[Cuvier]    Je suis Cuvier, de l’Elebren. Et toi, dis-moi ton nom, car je te défie en combat des champions !

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