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     Au lendemain de la cérémonie vaudou, les choses avaient bien évolué sur la butte sacrée. Tout d’abord, les Troumpfs, il faut le dire, avaient moyennement apprécié la fin de l’histoire. Ils avaient en effet tristement perdu Tugudu, leur compagnon a plumes qui leur etait si cher.

Périna l’avait décapité sous leurs yeux lors du rituel vaudou, et sur le moment ils avaient plutot bien pris la chose, le sang répandu de leur ami s’inscrivant tout a fait dans la chorégraphie menée de fesse de maitre par la voleuse noire. Mais une fois la fascination passée, tout le monde s’étant rhabillé (Périna s’était dévetue a cause du rituel, et les Troumpfs s’étaient dévetus a cause de Perina), quelques questions s’etaient faites entendre dans les rangs des lutins qui commencaient a etre en proie a un affreux doute, realisant que sans sa tete, le poulet n’avait plus de bec et donc ne pouvait ingérer les graines nécessaires a son alimentation, et qu’il mourrait probablement de faim au bout d’une longue agonie. Le Grand Troumpf avait alors pris la parole, et décrété devant son peuple et devant les aventuriers que ces derniers devaient a présent recoller la tete de Tugudu et le réparer de facon a ce qu’il puisse fonctionner comme avant, tout comme ils avaient fait pour leur propre camarade grace au rituel vaudou. Son discours avait recueilli des applaudissements nourris de la part des lutins, persuadés qu’un deuxieme spectacle allait avoir lieu ; cependant, les résultats escomptés ne furent pas a la hauteur des aspirations des Troumpfs, comme nous allons le voir. Apres concertation, la compagnie du barde empalé décida que finalement, ces lutins devenaient gonflants, que de toute facon on avait plus de poulet pour ressuciter le poulet (chose a quoi Périna se refusait dans tous les cas), et surtout qu’on manquait de nourriture pour ce soir et que ces Troumpfs bien dodus avaient l’air assez appétissants. Restait a tous les attraper d’un coup…

     La tradition veut en effet, lorsqu’on commet un génocide ou un villagicide, que l’on massacre tout le monde jusqu’à la derniere rotule, ce procédé étant bien connu de tous les méchants en herbe et de tous les aventuriers un tant soit peu lettrés qui avaient eu connaissance du célebre ouvrage Le Génocide pour les nuls, écrit il y a bien des siecles par une sommité en la matiere, Georges Mouche Junior (auteur également de L’ortografe pour les nuls et de La Peine de mort sans peine). Selon Mouche, qui n’avait au passage jamais pu faire carriere de méchant en raison de son nom ridicule, la moindre des précautions est de s’assurer qu’il ne subsiste aucun survivant sans quoi on s’expose fatalement a une vengeance de la part du ou des rescapés, qui la plupart du temps sont assez rancuniers envers le bourreau de leur famille et de leurs amis, allez savoir pourquoi. Les gens sont d’un mesquin…

     Quoi qu’il en soit, rassembler tous les Troumpfs n’etait pas une mince affaire, car ils étaient une bonne centaine et se seraient éparpillés d’instinct a la moindre menace ; mais Siani qui connaissait les coutumes déplorables de ces créatures dégénérées eut une idée qui sauva la situation. Apres avoir expliqué son plan a ses compagnons, il demanda au Grand Troumpf de faire, avec son peuple, une démonstration de danse folklorique Troumpfe, apres quoi, promit-il, on ressuciterait le poulet et tout le monde serait content. Les Troumpfs ne se le firent pas dire deux fois et se mirent en rang, l’un derriere l’autre, le pantalon sur les chevilles, et commencerent joyeusement leur sarabande effrénée en sautillant et en entonnant un chant des plus obscenes :

 

« C’est le troumpf, troumpf, troumpf,

Qui te troumpfe, troumpfe, troumpfe

Un gros troumpf dans l’ p’tit troumpf

Ca te troumpfe troumpfe troumpfe ! »

 

     Et ainsi de suite… Et alors que les lutins étaient occupés a sautiller avec frénésie, suant a grosses gouttes, Ferog se glissa derriere eux, prit un grand sac et fourra toute la file de lutins a l’intérieur. Apres quoi, la soiree se passa joyeusement, les compagnons du barde empalé extirpant les Troumpfs de leur sac un a un et s’essayant a tour de role a la cuisine. L’histoire retiendra que ce soir-la, diverses créations culinaires virent le jour, comme le poulet fourré aux Troumpfs, la brochette de Troumpfs, le Troumpf a l’étouffée, le Troumpf bouilli a la sauce a la menthe, la purée de Troumpfs, le Troumpf en robe des champs, les rognons de Troumpfs, le Troumpf farci aux olives (tres marrant a préparer), le boudin de Troumpfs, le roti de Troumpfs, le sauté de Troumpfs, le gratin de Troumpfs, le Troumpf ail et fines herbes, l’émincé de Troumpfs aux champignons, le Troumpf laqué, le Troumpfburger (cette derniere recette comprenant des variantes comme le Big Troumpf ou le Royal Troumpf) les pieds de Troumpfs grillés, les tripes de Troumpfs a la mode de Khan, le Troumpf chasseur, les rillettes de Troumpfs, le paté de Troumpfs, le Troumpf tartare, le filet de Troumpfs, et le Troumpf couinant projeté contre un arbre. Cette derniere recette avait été créée spécialement pour le dernier qui restait au fond du sac et qui suppliait les aventuriers de lui accorder la grace de ne point le manger, lui qui était si petit et malingre et que ses camarades surnommaient « le Troumpf a lunettes » en raison de son handicap visuel qui l’obligeait a porter des verres épais, et que si on lui faisait du mal, il le dirait au Grand Troumpf, d’abord. Nos héros l’avaient trouvé si comique et étaient tant repus qu’ils avaient décidé de lui accorder ce qu’il demandait et ne l’avaient donc point mangé, et Bramkar s’etait fait un plaisir de l’expédier par les voies aériennes vers un monde meilleur.

     Reparlons de Bramkar, d’ailleurs. Comme vous vous en rappelez sans doute, le barbare était décédé d’une crise cardiaque au cours de la soirée suite a un entretien confidentiel avec Sibéa particulierement éprouvant physiquement. Or, (comme l’auront déjà déduit les plus sagaces d’entre vous), il n’avait pas pu etre ramené a la vie par Périna, le rituel vaudou nécessitant un poulet, le seul poulet de la région ayant été utilisé précédemment pour ressuciter Tyrcevon, et ses restes ayant été mangés au cours du repas que je viens de vous décrire. Faute de deuxieme poulet, Bramkar était donc parti rejoindre ses ancetres pour de bon, au grand désespoir de Sibéa qui avait apprécié sa soirée jusque la et regretterait pendant longtemps le gratin de nouilles qu’elle avait partagé avec son compagnon d’un soir. La Compagnie du Barde Empalé venait donc de ressuciter l’un de ses membres pour en perdre aussitôt un autre, et nos héros se retrouvaient a nouveau a cinq : Périna, la voleuse-pretresse vaudou, Sibéa, la magicienne peu expérimentée, Ferog, le nain au terrible secret dont je vous entretiendrai sous peu si vous le voulez bien, Siani, le rodeur elfe docte mais désabusé, et Tyrcevon, le pretre de Malax qui venait juste de revenir a la vie.

     Or, il se trouve que pendant son séjour dans les royaumes des morts, dans les quartiers réservés aux adeptes de son dieu, Tyrcevon avait festoyé comme il n’avait jamais festoyé du temps de son vivant. Au paradis de la bouffe, Malax en personne présidait en permanence une table gigantesque sans cesse garnie de mets délicieux apportés par des servantes accortes qu’on pouvait culbuter librement entre deux verres de vin. Le dieu était un mangeur immense haut comme deux fois la hauteur de son principal temple majeur, bouffi et barbu, a la peau rose et flasque et aux membres enflés. Ses machoires n’arretaient jamais leur mouvement et son ventre énorme paraissait ne jamais pouvoir s’emplir. Il parlait d’une voix grave et forte dans un langage populaire et imagé ; sa bonne humeur et ses calembours faisaient rire les milliers de pretres et de fideles qui ripaillaient joyeusement a sa table, et son rire sonore emplissait l’immense salle du Banquet Dernier. Au paradis de la bouffe, chacun mangeait avec appétit sans jamais atteindre l’indigestion, et notre pretre passa la une merveilleuse journee, tandis que ses compagnons s’attaquaient au donjon de la Tour ou l’on pénétrait l’épée basse. Le quatre heures venait de se terminer et l’on avait a peine enchainé sur le souper qu’une des serveuses vint avertir Tyrcevon qu’un message était arrivé a son intention. La Compagnie Générale des Trépassés (C.G.T.) l’avertissait en effet que suite a un événement imprévu indépendant de sa volonté, il devait arreter la son séjour dans l’empire des morts et revenir a son existence terrestre. Le pauvre Tyrcevon, qui n’en avait pas du tout envie, refusa d’abord obstinément de quitter sa chaise et reprit son repas sans qu’on puisse le dissuader de continuer sa mort. Les prieres, les appels a la raison et les supplications n’y changerent rien, et l’on dut finalement faire appel a la Sécurité Infernale pour le déloger. Les deux puissants démons appelés a la rescousse eurent fort a faire pour lui faire lacher la nappe avant de le trainer par les pieds jusqu’à la sortie, tandis qu’il attrapait au passage tout ce qu’il pouvait encore trouver comme nourriture et se le fourrait gloutonnement dans la bouche. Il ne passa pas, comme a l’aller, par les grandes portes des Séjours des Morts mais fut reconduit par la sortie de service et son ame, aidée par un vigoureux et démoniaque coup de pied au cul, retomba lourdement dans son corps mortel. Il se réveilla de sale humeur pour réaliser qu’il était entre les cuisses de Périna, nue, qui agitait frénétiquement son corps de jais aux formes appétissantes, assise sur la région de son bas-ventre. Dans cette position, je gage que n’importe quel individu male un tant soit peu normal aurait alors feint d’etre encore dans les limbes pour profiter du spectacle le plus possible, mais Tyrcevon avait encore dans la tete la fete continue de Malax et les mets surnaturels qu’il avait goutés la-haut. Et puis, il faut bien le dire, les charmes de Périna étaient bien peu de choses en comparaison de ceux des serveuses divines du paradis de la bouffe, belles a en mourir, pas farouches pour deux sous et serviables autant qu’on peut l’etre. Aussi, a peine réincarné, le pretre se redressa d’un coup, repoussant la voleuse, pour faire entendre a l’assemblée de ses amis et des petits trucs bleus qui le regardaient avec curiosité son point de vue sur sa résurrection, sur les libertés individuelles et sur le droit de mourir dans la dignité, quoi, merde. Autant dire que sa réaction fut plutot accueillie froidement par ses compagnons ; il n’en reste pas moins qu’il bouda toute la soirée et refusa meme de manger du Troumpf, pendant le premier quart d’heure en tout cas, tant etait encore présent le doux souvenir des plats ingurgités post-mortem. En comparaison, la viande de Troumpf avait bien pietre allure.

     Pour terminer sur Tyrcevon, ajoutons que le rituel vaudou différait des rituels classiques de réincarnation en cela qu’il permettait a l’ame de revenir dans le corps, sans pour autant que ce dernier ne recouve sa pleine intégrité. Autrement dit, les breves heures durant lesquelles l’ame du pretre avait quitté son corps avaient été mises a profit par une cohorte d’insectes nécrophages autant que répugnants qui avaient commencé a le dévorer et ne semblaient pas vouloir s’arreter en si bon chemin. Des vers et des asticots lui sortaient par la peau du dos, qui avait été en contact avec le sol, et son ventre bien que recousu ressemblait quand meme un peu a un chili con carne lorsque c’est moi qui le prépare (lire Kundïn le Cuisinier de l’Apocalypse : Recettes amphigouriques, en vente via internet sur www.geocities.com/horreur_rose et hop un coup de pub au passage). Meme s’il ne sentait aucune douleur, Tyrcevon s’accomodait mal de ce corps pourri et pour cette raison et aussi a cause du souvenir de la table de Malax (ou, n’ayant pas de corps, il siégeait sous un avatar solide de sa forme éthérée, a l’apparence idéale ), il avait en tete des idees de suicide qui le faisaient saliver, ce qui est, vous en conviendrez, assez inhabituel chez les suicidaires.

     Mais revenons a notre fabuleuse histoire. Apres cette journée chargée en événements, cloturée par un plantureux repas et pour Sibéa par une scéance de gym plutot musclée, nos héros avaient décidé de reprendre quelques forces en se reposant pour la nuit a l’orée du bosquet sacré des Troumpfs, tout en haut de la butte, avant de repartir chez eux. Comme tous les soirs, la question des tours de garde s’était posée et comme tous les soirs, ca avait tourné en eau de boudin car personne n’y mettait de la bonne volonté. Siani, qui se voulait le plus organisé de la bande, avait bien tenté de découper la nuit en tours de veille de facon a ce que chacun ait une part équitable, et en tenant compte du fait qu’il vaut mieux se coucher tard ou se réveiller tot que de devoir interrompre son sommeil en pleine nuit pour une breve durée, et il était meme prêt a prendre l’heure la plus difficile, mais il s’était comme d’habitude heurté a l’entetement de ses compagnons. Périna ne voulait pas faire de tour de garde du tout, et prétendait que de toute facon, vus sa couleur de peau, sa science du camouflage et ses talents de roublarde, personne ne la trouverait. Ferog voulait bien faire le premier tour de garde mais seulement a condition que quelqu’un le réveille a l’heure voulue pour l’avertir qu’il pourrait aller dormir. Sibea dormait déjà en sucant son pouce (« a défaut d’autre chose » pensait Siani) et Tyrcevon semblait avoir d’autres pensées en tete, répondant nonchalamment que les tours de garde, il s’en battait les couilles en mesure sur l’air de la 5eme de Beetauvent et que tout le monde pouvait bien crever dans une attaque surprise, ca lui ferait plutot plaisir. Siani avait alors grommelé qu’il prendrait le premier tour de garde jusqu’à minuit et qu’apres il irait se coucher, et que si demain matin ils se réveillaient tous avec un poignard dans le dos ca ne serait pas de sa faute.

 

     Le rodeur elfe était allé dormir depuis quelques heures déjà, et tout semblait paisible a l’orée du petit bois de la butte sacrée illuminée par la lune dont les reflets d’argent scintillaient poétiquement sur les os épars des squelettes des Troumpfs, quand soudain Tyrcevon fut tiré de son sommeil par une étrange sentation. En ouvrant les yeux, il vit un curieux lutin qui ressemblait aux Troumpfs sauf qu’il avait de longs cheveux blonds et des chaussures a talons ; juchée sur sa bedaine, cette drole de créature brandissait un petit couteau et s’acharnait a lui poignarder le coeur. La premiere réaction du pretre fut de pousser un petit cri, puis il se tut aussitôt, pensant qu’apres tout il ne demandait rien d’autre que de retourner dans son cher paradis. D’ailleurs les coups de poignard ne lui faisaient pas mal. « Je dois déjà etre en train d’agoniser, je ne ressens meme pas la douleur » pensa-t-il un sourire aux levres tandis que le Troumpf s’acharnait sur sa poitrine. Il attendait donc calmement sa fin quand soudain un cri suraigu jailli d’un gosier encombré par les sécrétions salivaires nocturnes déchira la nuit et les tympans des membres de la Compagnie du Barde Empalé :

- HIIIII ! UN MONSTRE, AU SECOURS !

- Et merde, fit Tyrcevon.

     C’était Sibéa, qui, réveillée par le cri de Tyrcevon, avait ouvert une paupiere, puis deux, avait réalisé que la table de torture ou elle était attachée nue avait disparue, de meme que le chippendale au phallus surdimentionné qui la couvait d’un œil lubrique, qu’elle se trouvait plutot couchée dans l’herbe, habillée, sans presence masculine dénudée et surmembrée dans les environs et que par conséquent, elle n’était plus en train de rever mais devait etre revenue a la réalité. C’est alors qu’elle avait apercu cette minuscule silhouette démoniaque perchée telle une goule naine sur le corps inerte de son compagnon qu’elle poignardait avec acharnement ; Sibéa avait contenu son cri d’horreur pendant un quart de seconde jusqu’au moment ou un bout de peau ensanglanté projeté dans les airs avait atterri sur son sac de couchage.

- LA, LA ! UN HORRIIIIIBLE MONSTRE EST EN TRAIN DE TUER TYRCEVON ! FAITES QUELQUE CHOSE VIIIIITE !

- Mais ta gueule la pouffiasse, je t’ai pas demandé de m’aider ! grogna l’intéressé.

     Ferog fut le premier a réagir, et bondit sur ses pieds. Soit dit en passant, les autres aussi avaient réagi immédiatement mais il est plus rapide de bondir sur ses pieds quand on est un nain que quand on est un elfe ou un humain car la petitesse des jambes permet un contact plus rapide avec le sol. Quoi qu’il en soit, le nain avait été le premier sur les lieux du drame, et avant que Tyrcevon n’aie pu protester il s’était saisi de la Troumpfette – car (ta ta tsaaa) c’était elle (dzim boum !).

     La danse folklorique des Troumpfs était en effet, pour des raisons pratiques, réservée exclusivement aux males, la figure essentielle de cette sarabande intitulée « le serpent qui se mord la queue » exigeant un contact solide et profond entre tous les maillons du cercle. Passons sur ces cochonneries et concluons en disant que par la force des choses, la Troumpfette avait réchappé au massacre perpétré sur son village et qu’elle avait visiblement cherché a venger les siens, ce qui entrait dans les statistiques de Mouche. A présent elle se débattait du mieux qu’elle pouvait entre les doigts solides et boudinés du Nain, et regrettait probablement d’avoir chié son jet de réflexes.

- Regardez-moi ca, on en avait oublié un !

- Une plutot, a ce qu’on dirait.

- Troumpfez-moi immédiatement, espece de troumpf du troumpf !

- Quelqu’un a encore une place pour un dessert ?

- Moi j’en peux plus.

- Pareil.

- ’ pas faim.

- Allez, envoie, mais c’est juste par gourmandise… fit Tyrcevon.

Saisissant la petite chose gigotante que lui tendait Ferog, le pretre allait avaler tout rond la Troumpfette quand il fut interrompu par Siani :

- Attends elle peut encore nous etre utile !

- Ah oui ? Et comment ? Elle a meme pas réussi a me massacrer alors que j’étais endormi, c’est dire.

- C’est normal, fit Périna.

- Ah bon, pourquoi ?

- J’ai employé le rituel vaudou du marabout Mamadou®. La plupart des autres rituels s’estompent au bout de quelques heures, mais avec mon rituel vaudou du marabout Mamadou®, la résurrection dure longtemps, longtemps ! Le rituel vaudou du marabout Mamadou® bénéficie en effet de la technologie avancée développée dans les laboratoires Mamadou®, et ses effets hypoallergeniques thermokhroumirs rétroactifs agissent directement sur les molécules, au cœur du corps. Pour une résurrection longue durée, choisissez vaudou, choisissez Mamadou® ! fit Périna avec un grand sourire niais.

- Euh… tu t’sens bien, t’es sure ?

- Ben quoi ?

- Bon en attendant, toutes tes conneries ca veut dire en gros que je suis immortel quoi ?

- A peu pres, oui. En fait, on peut te considérer comme une sorte de zombi, sauf que tu as gardé une volonté propre.

- Et ca va durer encore longtemps ?

- Chais pas trop, de quelques jours a quelques mois peut etre.

- Mais c’est génial, vraiment ! Merci BEAUCOUP !

- T’as pas l’air heureux pourtant… fit ingénuement Sibéa.

- Toi, le jour ou tu comprendras le sens du mot sarcasme faudra marquer la date.

- Bon alors qu’est ce qu’on fait du lutin ? reprit Ferog, énervé.

- Laissez-la je vous dis, on pourrait en avoir besoin. Je vais l’interroger, et on verra si elle connaît ce que je veux savoir.

- Et qu’est ce que tu veux savoir, au juste ?

- Je vous le dirai plus tard. Tu me passes la Troumpfette ?

- Attends je la ligote d’abord, c’est plus sur. J’ai encore de la ficelle a viande sur moi.

     Et apres avoir saucissonné la Troumpfette qui continuait a protester avec véhémence dans son langage sibyllin, Tyrcevon donna la créature a Siani qui se mit a l’interroger longuement, sans violence physique ni verbale, habitué qu’il était a se montrer bon et généreux avec tout le monde (meme si cette nature profonde tendait a s’estomper petit a petit au fil du temps, des rencontres et des mauvaises expériences). L’elfe et la Troumpfette parlerent tant qu’au bout d’un moment, lassés, les Compagnons du Barde Empalé retournerent se coucher sans avoir le fin mot de l’histoire. Ils se reveillerent au petit matin pour constater que leur ami était encore en pleine conversation avec le lutin, qu’il avait d’ailleurs détaché et avec qui il prenait son petit déjeuner. Les deux interlocuteurs semblaient a présent en assez bon termes, conversant joyeusement dans le langage hermétique des Troumpfs. Voyant que ses compagnons s’éveillaient, Siani les interpella :

- Le soleil vient de se lever, c’est encore une belle journée, qu’est ce que vous faites tous a glander, venez déjeuner ! Y’a pas d’tartines y’a pas d’croissants, mais y’a l’ami riz collé !

- Gné ? Tu veux répéter ca lentement ?

- J’avais du riz dans mon sac, et comme y’a que ca a manger et qu’en plus, ca fait un calembour pas cher…

- Je vois. Ca plane tres haut… Pour le prix Nobel de littérature, c’est pas gagné en tout cas.

- Je ne sais pas, mais quoi qu’il en soit j’ai de bonnes nouvelles ! On va pouvoir rentrer chez nous plus vite, la Troumpfette connaît un raccourci qui nous évitera de galérer trois semaines dans la foret des hauts de machinchouette.

- Ah bon, elle nous aide et elle veut plus nous découper en rondelles, maintenant. Et c’est par ou ce raccourci ?

- C’est un tunnel qui part d’un endroit qu’on appelle « site des balcons » car des rochers tout plats surplombant une falaise semblent curieusement former des balcons naturels qui…

- Te fatigue pas on a compris. Site des balcons… On continue tout en finesse, quoi…

     Et sur cette réflexion désabusée, ils se leverent pour prendre le petit déjeuner avant d’attaquer le chapitre suivant, où, comme vous le verrez, ils auraient fort a faire.

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