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A l’oree de la foret :

     Les premiers arbres étaient visibles et déjà la forêt semblait menaçante. Il en fallait bien entendu beaucoup plus que des arbres, aussi nombreux puissent ils être pour effrayer Gorzag.

Un orque noir d’une haute et large stature monté sur un monstre encore plus hideux que lui ; tel était Gorzag. On retrouvait en lui la toute relative finesse de son peuple. Gorzag avait mené sa horde dans les territoires bretonniens à l’ouest de la forêt de Loren, il y avait décimé de nombreux villages de paysans sans jamais trouver une résistance digne de ce nom, une petite milice de chevaliers s’était trouvée sur sa route, les malheureux furent exterminés aussi facilement qu’un dragon terrasse un gobelin... A présent, Gorzag voulait mener sa waaagh dans les verts territoires des elfes sylvains. Il savait que la forêt abritait les lointains cousins des hauts elfes, il connaissait leurs forces de réputation et se réjouissait à l ’idée d’en découdre avec des guerriers dignes de lui. Gorzag n’était décidément rien de plus qu’un orque noir assoiffé de batailles. Gorzag savait toutefois que ses guerriers étaient fatigués de marcher sans relâche, lui qui montait une hydre monstrueuse ; créature liée grâce à des artefacts magiques plus anciens que lui, ne connaissait pas les affres de cet épuisement. Dans sa grande générosité, il permit à sa horde de se reposer jusqu’au levé du soleil. Un gobelin portant des vivres passa à proximité de Gorzag, en moins d’une seconde, une des cinq monstrueuses têtes acérées de dents pointues se saisit de lui, son triste sort s’acheva ainsi entre les puissantes mâchoires de l’hydre... Gorzag, qui fixait les hauts arbres de la forêt de Loren fut tiré de sa méditation par les pathétiques cris d’agonie du malheureux gobelin. Il se tourna vers le monstre :

" Druul, sale bête ! ! ! Tu vas arrêter d’bouffer les gobelins ! ? "

     Le massif poing de Gorzag frappa la tête fautive qui tomba inerte sur l’herbe verdoyante aux pieds de Gorzag. Ce dernier se pencha et sortit de l’horrible gueule les restes ensanglantés du gobelin, il arracha une jambe au cadavre et la dévora en moins d’une minute tout en pensant

" J’me d’mande kel goût ça a un elfe boisé ! ? "...

 

Les ombres de la nuit :

     Plus silencieux que des chats sauvages, les quatre éclaireurs elfes sylvains s’introduisirent dans le campement ronflant des orques, l’obscurité percée de rares rayons lunaires masquant leur présence aux yeux des sentinelles. Faire une estimation plus ou moins précise des forces ennemies ; tels étaient les ordres donnés par Drake quelques heures plus tôt à ces courageux elfes. Une dizaine de gobelins et un gros orque faisaient office de gardes. En réalité, l’orque n’était là que pour réveiller les gobelins qui saisissaient la moindre occasion de s’endormir. Les éclaireurs n’éprouvèrent ainsi aucune difficulté à s’infiltrer à l’intérieur du camp. Ils rampèrent jusque la plus haute et la plus grande tente : celle de Gorzag en personne. Sans le moindre bruit, ils pénétrèrent dans la tente nauséabonde. Gorzag dormait profondément. Les elfes échangèrent quelques gestes lourds de significations. L’un d’eux sortit son épée courte de son fourreau, la faisant glisser sans qu’aucun bruit ne se fasse entendre. Il s’approcha alors de l’orque noir, fermement décidé à le faire passer de vie à trépas. Alors, qu’il pointait la lame vers le coup dénudé de Gorzag, il perçut un léger sifflement dans un coin obscur de la tente, il n’eut que le temps de tourner le regard vers la source de cet étrange bruit ; une grosse mâchoire garnie de nombreuses dents et vive comme l’éclair se referma sur le bras qui tenait l’arme dans un claquement qui tira Gorzag de ses rêves de batailles. La douleur n’arracha cependant pas le moindre cri à l’éclaireur elfe qui pour le coup venait de perdre un bras ! A l’unisson, les trois autres elfes dégainèrent leurs lames avec une rapidité surprenante. Trois reflets argentés fusèrent vers Gorzag. Le premier fut bloqué par le puissant bras gauche de l’orque noir, le deuxième trouva son chemin jusque le flanc de l’immonde créature, ouvrant une brèche qui fit jaillir un sang verdâtre, tandis que la troisième se planta dans la couverture à l’endroit même où un quart de seconde plus tôt se trouvait la gorge du seigneur de guerre. Au même moment, l’elfe qui quelques instants avant s’était retrouvé amputé d’un bras rendait l’âme sous les assauts de l’hydre qui désormais poussait des hurlements stridents. A peine éveillé, Gorzag était pourtant pourvu de réflexes qui lui sauvèrent une nouvelle fois la vie ; d’un geste ample, il jeta la couverture sur ses trois assaillants, gagnant ainsi le temps de se saisir d’un frêle cou et de le briser d’une seule pression de sa poigne de fer. Récupérant à la hâte l’arme de l’elfe qu’il venait d’occire, il put contrer les deux lames qui fondaient sur lui. L’hydre, dont trois des cinq têtes dépassaient à présent par-dessous le tissu de la tente essaya d’entrer le reste de son corps massif à l’intérieur. Ce faisant, le monstre arracha les piquets qui maintenaient la forme de la tente, et celle ci s’affaissa sur les combattants... Gorzag hurlait tandis qu’il tâchait de se saisir à l’aveuglette de l’un des deux elfes encore en vie. Ses mains se refermèrent sur une frêle silhouette qu’il s’empressa d’empaler de la lame elfique. Il déchira ensuite le tissu pour constater qu’il venait de planter l’épée dans le corps de l’elfe auquel il avait brisé le cou dans le tumulte de la bataille qui venait de s’achever. Les deux autres elfes sylvains avaient disparu. Gorzag hurlait à la garde de fouiller tout le campement et de retrouver les deux derniers elfes. En quelques minutes, tous les orques et tous les gobelins étaient réveillés et cherchaient sous les tentes, sous les chariots et derrières les talus... Rien... Il ne restait du passage des elfes qu’un cadavre au cou tordu, une blessure sur le flanc de Gorzag et une bosse sur le ventre de l’hydre qui semblait avoir grandement apprécié la chair elfe...

 

La trahison de Burbo :

     Le soleil se levait à peine sur le campement des peaux vertes. Après l’incident de la nuit, les factions de surveillance autour du camp avaient été surmultipliées. Et comme de bien entendu, l’orque et les frêles gobelins qui avaient été responsables des tours de gardes avaient été exécutés pour leur manque de vigilance... Gorzag sortit de sa tente. Deux sentinelles se trouvaient à l’entrée ; deux gobelins chétifs. Gorzag se saisit de l’un des deux d’une seule main par le cou. Il jeta le petit corps en direction de Druul. Les cinq têtes déchirèrent le pauvre gobelin, réclamant tout leur part du petit déjeuner.

" Tiens, ma belle ! T’es une brav’ fille ! " dit Gorzag en songeant une fois de plus à ce qui lui serait arrivé sans l’intervention de l’hydre au cours de la nuit.

     L’autre gobelin soupira de soulagement... D’une voix caverneuse Gorzag appela un de ses seconds :

" Zorko ! Zorko ! ? Où es-tu misérable ? ".

     Quelques instants plus tard, un orque noir de stature bien moins imposante que celle de Gorzag fit son apparition, un tambour en bandoulière, deux lourdes baguettes dans une main, et un gros morceau de viande dans l’autre :

" J’suis là chef ! ".

" Kess’tu bouffes’ ? " demanda Gorzag.

" Ben, c’est Burbo qui a fait griller l’elfe de cette nuit Boss ! " répondit Zorko.

     Les yeux de Gorzag s’écarquillèrent :

" Quoi ! ? J’avais dit de m’le laisser ! ! ! Bande de fientes de zombies ! ! ! "

     La voix et le ton de Gorzag laissaient présager le pire. Il bouscula Zorko qui tomba lourdement sur le sol et marcha à grands pas vers les tentes des gobelins, ce faisant, il passa devant les trois gros et stupides trolls des cavernes qui faisaient partie de ses troupes, il longea la tente du chaman d’où émanait une mélopée étrange et se saisit d’une hache en frôlant un râtelier d’armes. Arrivé dans le ’quartier’ gobelin du camp, il ne put que constater qu’il ne restait plus de l’elfe que quelques os à ronger. Burbo, un gobelin particulièrement idiot se tenait assis de dos près des restes du repas. D’autres gobelins étaient restés là à sucer quelques ossements et à racler le fond de gamelles dont s’étaient servis des orques (dont Zorko) qui avaient réclamé leur part du festin. Réalisant l’arrivée de Gorzag, les gobelins prirent tous leurs jambes à leur cou, s’éparpillants rapidement dans le camp. Tous sauf cet abruti de Burbo qui se tapait doucement sur le ventre en ricanant. Gorzag leva la hache qu’il tenait, prêt à frapper dans le dos le gobelin qui ne s’était toujours pas rendu compte de la présence de son seigneur et maître juste derrière lui. Au moment de frapper, Gorzag entendit le cri d’une sentinelle :

" Aleeeeeeeeeeeeeeeeerte ! Aleeeeeeeeeeeeeeeeeeerte ! ",

     Le temps pour Gorzag de tourner la tête vers la source de l’alarme, Burbo s’était levé et avait couru chercher son arme sans jamais prendre conscience du fait que son maître aller le châtier.

" Toi, t’as pas intérêt à crever pendant la baston ! J’en ai pas fini avec toi ! " pensa Gorzag à l’encontre de Burbo avant de foncer rejoindre Druul en hurlant en chemin ses ordres à ses troupes.

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