Etoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactivesEtoiles inactives
 

     Ka-Dingel, la tour de la souffrance, plantée en plein milieu des terres sombres tel un truc planté en plein milieu d’un autre truc. Dirigée d’une petite main trapue dans un gant de cuir noir par le pas vraiment célèbre Scorbut Bigasshat.

     L’édifice bedonnant vivait principalement de l’élevage de grand taurus et si l’endroit était qualifié de tour de la souffrance c’était surtout en rapport avec la vie morne et répétitive des pauvres nains du chaos qui y résidaient et qui ne rêvaient que de massacres sanglants sans jamais avoir l’occasion de tuer quoi que ce soit (pas même une mouche, ces dernière volant trop haut pour les pauvres demi-portions).

     Mais entrons à présent dans le vif du sujet en nous propulsant dans le quatrième étage de cette fameuse tour pour nous retrouver dans un sombre couloir - éclairé faiblement par quelques torches - dans lequel résonnaient des bruits de pas rapides accompagnés de grognements dont seul l’auteur comprenait le sens :

-par Ashut ! si ces larves m’ont dérangé pour rien je les donne en pâture aux taureaux...

     Scorbut s’était levé de mauvaise humeur ce matin, non pas qu’il lui arrivait de se lever de bonne humeur mais ce jour était encore pire que les autres, probablement parce que son sommeil avait été troublé de rêves étranges dans lesquels il marchait pieds nus dans de l’herbe fraîche, donnant à ses pieds l’odeur de la rosée matinale.

     Et puis il n’avait pas eu le temps de prendre son petit déjeuner, alors que c’était le repas le plus important de la journée, il avait fallu qu’on vienne le déranger parce que des esclaves avaient fait " soi-disant " une découverte intéressante.

     Evidemment il fallait que de tous les esclaves qu’il avait, ce fussent les trois hobgobelins qui étaient chargés d’amener un message de demande de ravitaillement au temple d’Ashut qui durent s’arrêter en cours de route pour faire machine arrière et ramener un truc qui traînait par terre et qui avait eut la mauvaise idée de paraître de valeur.

     Non décidément ce n’était pas un bon jour pour Scorbut aujourd’hui.

     Le nain du chaos pressa le pas, autant que pouvaient lui permettre ses courtes jambes.

     Le seigneur de Ka Dingel descendit encore deux étages de l’énorme tour pour enfin déboucher sur un large hall où les deux vigiles en faction s’inclinèrent devant leur supérieur qui se fit un devoir de les ignorer superbement.

     Les trois Esclaves étaient là, deux portant le corps inanimé de ce qui pouvait être assimilé à un humain et un troisième tenant une grande épée qui devait dépasser le nain d’au moins deux bonnes têtes et qui a priori devait peser dans les 2, 3 tonnes vue la difficulté qu’avait le peau verte pour tenir la lame. Ce dernier arriva toutefois à balbutier quelques mots :

-regarde maître... joli... magique...

     L’esclave ne put rien dire de plus, il s’effondra d’épuisement pour ne plus jamais se relever. Scorbut se retint de massacrer les deux restants avec difficulté tant il était consterné par la stupidité de ce gob qui n’avait même pas pensé à poser l’épée à terre maintenant qu’il était arrivé.

     Dans un effort surhumain de Self-control le nain du chaos vociféra quelques ordres de sa voix grave et cassée, il voulait que tout cela se finisse au plus vite sinon son chocolat allait refroidir et il avait horreur du chocolat froid :

-Vous deux, dit-il en désignant les deux esclaves restant qui tenaient l’humain, jetez ça dans une geôle ! et toi, prends l’épée et amène la au laboratoire de Scrotum, et toi jette moi cette merde en pâture aux taureaux !

     Le hall se vida en un éclair et Scorbut reprit le chemin de la cuisine d’un pas vif, en maudissant le jour où il était né.

 

     Muspell commençait à se demander si elle avait vraiment bien fait de ne pas tuer les trois bestioles vertes qui les avaient trouvé, elle et son propriétaire. Vu les circonstances, Wagner serait mort après une dizaine d’heures supplémentaire à l’extérieur, au moins, ici, il avait plus de chance de survivre. Toutefois quelques récentes informations continuaient de poser des problèmes à l’épée. D’après son créateur le fait que son propriétaire soit enfermé dans une " geôle " était à considérer comme une situation dangereuse à laquelle il fallait remédier rapidement, mais si elle faisait sortir Wagner de cet endroit, elle allait se retrouver avec le même problème que précédemment. Le dilemme tournait en boucle sans arriver à une solution satisfaisante...

 

     Scrotum sentait l’excitation monter en lui, les émanations blanches qui dansaient en face de lui était un signe incontestable que ses calculs étaient bon, trois étapes seulement le séparaient de la finition de sa nouvelle poudre à fusée. Fébrile, il inscrivit ses observations sur un grand livre posé entre deux bocaux de viscères à la provenance plus que douteuse. Absorbé par ses recherches, le sorcier ne s’aperçut même pas de l’arrivée du vigile, chargé d’amener l’épée à son laboratoire.

     Muspell était encore en plein brainstorming lorsque le vigile la déposa sur un coin à peu près propre de l’immense table de travail. Ce dernier s’éclipsa discrètement, connaissant les fréquentes sautes d’humeur du sorcier lorsque celui ci était dérangé lors de ses expériences.

     Alors que le vigile venait de refermer la porte du laboratoire avec d’infimes précautions pour ne pas la faire grincer et encore moins la faire claquer, Muspell fut interrompue dans ses pensées par un nouveau problème, une personne à 3 mètres d’elle dégageait des vibrations que seuls les utilisateurs de forces occultes dégageaient ; or, son créateur avait bien insisté sur le fait que ce genre de personnes devait être mis hors d’état de nuire dans la seconde sauf objection de la part de son propriétaire.

     L’épée enchantée s’apprêta à dégager une onde de choc propre à sonner n’importe quel sorcier lorsqu’elle se rappela d’un ordre que Wagner lui avait récemment donner : " si tu veux faire du mal à quelqu’un tu me demandes d’abord ! ". Muspell commença à établir le contact mental avec son propriétaire, ressentant comme une légère frustration d’avoir été stoppée dans son élan :

-Maître.... maître.... répondez maître....

-...........

-maître vous m’entendez ? si oui répondez...

-..........

     Apparemment, Wagner était toujours évanoui, ce qui posa un nouveau problème à Muspell : si son propriétaire restait encore une dizaines d’heures évanoui, il y aurait de fortes probabilités qu’il rende l’âme. Il fallait donc qu’elle trouve un moyen de le réveiller, mais pour ça elle devrait se trouver près de lui, or elle n’avait aucune notion en matière de furtivité, si elle cherchait son " maître " elle allait être obligée de se battre, au moins avec le sorcier qui se trouvait dans la pièce.

     Après avoir retourné le problème dans tous les sens, Muspell décida de se mettre au point mort en attendant que Wagner ait la bonté d’âme de se réveiller.

 

***deux heures plus tard***

" Une soupe de poireaux... non, une soupe de boîte, avec des morceaux de grands-pères dedans... pour la 28... le chasseur de sorcières... celui qui a plus de tête... ‘maître ?’ hé, qu’est ce que je fais avec une épée dans la main ? et où est la taverne ?... des plaines vides... noir... ‘maître, réveillez vous ! vous n’êtes plus évanoui puisque vous rêvez’ ...hein ? qui parle... je suis où ? pourquoi j’ai une maison sur la tête ? ‘maître réveillez vous ! vous êtes en plein délire !’ maman, c’est toi ? je suis mort ? il fait froid, je frissonne... un ouragan arrive ! mais il se dirige vers moi... pourquoi moi... ‘maître, ai-je votre accord pour me débarrasser de quelques individus par la force de façon à revenir vers vous ?’ revenir vers moi ? mais bien sur maman je... "

     Lion fut coupé dans son élan en se réveillant en sursaut. Il lui fallut quelques instants pour que son cerveau se décide à interpréter les petites impulsions électriques que lui envoyaient ses yeux et se rendre compte qu’il se trouvait dans un endroit fort sombre, à l’atmosphère épaisse et nauséabonde à mi-chemin entre les relents d’un égout et les effluves caractéristique d’un cadavre en pleine décomposition. Son esprit encore fortement embrumé parvint tout juste à formé les mots " prison ", " faim ", " soif " et à percevoir une voix aux accents métalliques disant :

" j’arrive... "

Connectez-vous pour commenter