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Les premières lueurs de l’aube éclairaient la plaine, et faisaient scintiller les boucliers et les armures encore couverts de rosée. L’armée de l’alliance s’était déployée non loin d’une petite colline bordée de sapins sur laquelle avaient pris place de nombreuses machines de guerre : canons, catapultes et balistes en tous genres entourées de multitudes de servants nains, elfes ou humains occupés à faire les derniers préparatifs avant la bataille. Jamais une telle force de frappe n’avait été réunie dans le même camp, et des machines légendaires comme les très rares canons à flammes nains ou les canons feu d’enfer impériaux côtoyaient les meurtrières balistes à répétition des Hauts Elfes. Non loin de là, perché sur une impressionnante Enclume du Destin, le maître des runes de Karak Paci levait son marteau vers les cieux pour demander l’aide des dieux Nains ; tout à l’heure, il déchaînerait sur ses ennemis la puissance de l’immense et antique artefact qu’on disait indestructible et qui vibrait déjà sous la force de la magie. L’air était empli des vrombissements d’une dizaine de gyrocoptère qui tournoyaient lourdement au-dessus de leurs lignes ; on apercevait également, beaucoup plus haut dans les cieux, des nuées de grands aigles montés par des Elfes Sylvains, et leurs cris perçants résonnaient jusqu’aux oreilles des soldats. Mais les créatures les plus impressionnantes étaient de loin les montures de Fingolfin et de Maleyron : deux grands dragons aux ailes immenses qui planaient au-dessus de leurs troupes respectives, les couvrant à chaque passage de leurs ombres démesurées. Les troupes d’infanterie étaient en majorité dans chaque armée, particulièrement chez les Nains qui alignaient bon nombre de leurs meilleures unités comme les célèbres Brise-Fer ou les "Longues-barbes", ces vétérans endurcis qui avaient livré tant de combats héroïques au cours de leur longue vie. L’Ordre des Tueurs était bien sûr de la partie, et Kundïn avait pu réunir un régiment important de ces guerriers fanatiques qui se battraient sans craindre la mort. Le Tueur de Démons se trouvait à leur tête, au premier rang, car il avait tenu à aller au combat avec ses frères d’armes.

Lorindil avait revêtu un magnifique manteau représentant la haute atmosphère du Monde, vision allégorique des vents de Haute magie qui circulent à ces hauteurs vertigineuses. Equipé d’une lourde épée, il commandait la quasi-totalité des Maîtres des Epées, lesquels reconnaissaient en lui un chef important dont la défense leur revenait de droit. Des Lions Blancs avaient rejoint le groupe, ayant juré de défendre jusqu’à la mort Faereïn, le fougueux porteur de la Grande Bannière d’Ulthuan.

Ce groupe offensif se joignit aux guerriers de Kundïn. Les nains lancèrent aux elfes des regards noirs, chargés de reproches. La tension semblait palpable. Les elfes discutèrent entre eux, dans leur langage cristallin. Faereïn s’approcha de Kundïn, sous le regard approbateur de Lorindil et de ses guerriers. Plantant la bannière dans le sol, il tira son épée et en présenta la garde au Nain :

<< Par Ulthuan, Nous nous liguons autour de Ta Bannière, Grand Guerrier Naugrim. Qu’Asuryan nous permette d’arracher ensemble aux griffes de l’Ennemi la Victoire !

- Votre aide est la bienvenue, Maître Faereïn. Que cette bataille symbolise désormais la nouvelle entente entre nos deux peuples et leur alliance contre les forces maléfiques ! Nous ne formerons qu’un seul régiment, et nous ne reculerons pas >>, répondit-il en lui tendant une main que l’Elfe serra avec force.

La brume matinale masquait encore en partie les troupes ennemies, mais déjà l’on pouvait distinguer à l’autre bout de la plaine les masses grouillantes des unités de skavens et de Peaux-Vertes. Le nombre de ces créatures dépassait l’imagination : des zones entières étaient couvertes par une marée vivante d’hommes-rats ou de gobelins qui tenaient des rangs plus qu’approximatifs, retenus tant bien que mal par leurs chefs.

Monté sur son destrier, Mercusio, général des maigres troupes impériales, regardait l’ennemi dans sa longue-vue. Ce qu’il apercevait aurait effrayé n’importe quel homme, mais il se contentait de décrire d’une voix calme ce qu’il voyait à son aide de camp :

<< Ils ont mis le paquet, comme prévu : chez les Peaux-Vertes, trois lance-rocs et plusieurs petites catapultes à plongeurs de la mort... quelques Wyverns... des troupes de chevaucheurs de loups et de chevaucheurs de sangliers... un petit bataillon de trolls d’eau... qu’est ce que c’est que ça ? fit-il en tendant soudainement la longue-vue à son compagnon.

- Où cela, seigneur ?

- Ces choses rouges à côté des régiments de gobelins de la nuit.

- Hmmm... Ah je vois : ce sont des squigs "apprivoisés" monseigneur. Vous savez, ces créatures...

- Oui je me rappelle, coupa-t-il en reprenant la lunette. Je pensais que cela n’était qu’une légende. Ces bestioles ont l’air voraces en tout cas : si ça continue elles vont dévorer leurs propres gardiens ! Bien... voyons les skavens maintenant : toujours aussi nombreux... il y a quelques rats-ogres... des moines de la peste apparemment... Jezzails, Lance-feu, globardiers... et Cloche Hurlante et Roue Infernale. Voilà qui nous promet du spectacle ! >> fit-il en commençant à replier sa longue-vue.

<< Et ce groupe en noir, là bas, sur la droite ?

- Je ne l’avais pas remarqué... Des cavaliers, on dirait des humains... Mais... >>

Mercusio rabaissa soudainement sa lunette. La terreur se lisait sur ses traits, et il fallut quelques secondes avant qu’il ne reprenne ses esprits et ne finisse enfin par lâcher à son aide de camp qui lui demandait ce qu’il avait vu :

pensait au même moment le maître des runes de Karak Paci à qui Lorindil avait fait part de ses craintes la veille au soir.

Tandis que les troupes de tirs se préparaient à jeter sur les lignes ennemies leurs salves de traits mortelles, l’infanterie et la cavalerie de l’alliance se mirent en branle.

Le sol trembla sous le martèlement incessant de milliers de sabots, bientôt suivi par le fourmillement de centaines de fantassins brandissant bannières impériales, naugrims et étendards elfiques.

De l’autre côté de la plaine, l’ennemi semblait attendre l’assaut de ses adversaires. Les clameurs et les insultes pleuvaient dans les langues barbares des Hommes-rats et des Peaux-vertes mais personne n’osait rompre les rangs, ce qui était inhabituel pour de telles armées habituées à combattre en grand désordre. Soudain, les unités ennemies se mirent en marche toutes au même moment, comme lâchées par un ordre muet. Les wyverns décollèrent ensemble et prirent rapidement de l’altitude. Au même instant, les machines de guerres orques expédièrent dans les airs leurs premiers projectiles, et trois gros rochers furent éjectés avec puissance en direction du camp ennemi par les immenses Lance-rocs orques, alors que quelques gobelins étaient catapultés par leurs étranges machines au-dessus du champ de bataille. Tous les soldats de l’Alliance levèrent les yeux pour suivre le chemin des projectiles, et virent avec horreur deux des rochers s’abattre au milieu d’une unité de Brise-Fer Nains, tuant beaucoup de valeureux guerriers sur le coup. Le reste des tirs visait essentiellement l’artillerie de l’Alliance, et une baliste à répétition fut entièrement détruite par un Plongeur de la mort. Le gobelin s’était lui aussi tué dans sa chute, mais il était mort avec la satisfaction d’avoir emporté avec lui quelques-uns de ses ennemis. Quelques instants plus tard les machines de l’Alliance firent feu elles aussi, et des dizaines de boulets et de traits de baliste fusèrent vers l’ennemi, semant la mort sur leur passage.

Kundïn qui avançait rageusement droit vers les lignes ennemies avec ses frères d’armes et les lions blancs de Faereïn, vit arriver sur son unité la charge d’une vingtaine de chevaucheurs de sangliers orques. Le sol tremblait sous les sabots de leurs montures et une colonne de poussière s’élevait derrière eux. Bientôt, les Nains et les Elfes purent entendre les cris sauvages de leurs adversaires et choisirent de s’arrêter pour attendre la charge de leurs ennemis. Le choc entre les deux unités fut d’une violence extrême.

Si les lions blancs, prévoyant l’attaque, dévièrent grâce aux manches en bois de leurs imposantes haches la plupart des coups de leurs adversaires, une bonne rangée de Maîtres des Epées et de Tueurs Nains fut transpercée par les rustiques lances orques. Deux cavaliers orques eurent le malheur de vouloir s’en prendre directement à Lorindil ; contre toute attente, ce dernier ne fut nullement atteint par les rustiques armes et trancha en deux revers d’épée les infortunés peaux vertes. Mais les pertes, trop importantes, firent souffler un vent de panique dans les rangs des Elfes. Le champion du régiment s’apprêtait à faire sonner la retraite lorsque Lorindil l’en empêcha.

<< Par Kurnous, que veux-tu faire ? L’interrogea sévèrement le maître mage.

- Nous sommes fichus ! implora le champion, le regard rempli de peur.

- Nous resterons, ordonna Lorindil d’une voix stridente. Nous combattrons, jusqu’au dernier s’il le faut !

- Mais...

- Nous resterons ! gronda-t-il, ses yeux brûlaient d’un feu intense. >>

Les lions blancs parvinrent à affaiblir l’ennemi, tendis que les Tueurs de Trolls, le regard rempli de haine, suivaient leur chef dans une orgie de sang et de massacres.

Tout autour d’eux, les fiers soldats de l’Alliance tentaient d’endiguer la marée déferlante de créatures maléfiques. Placées sur des collines situées derrière les lignes, l’artillerie impériale, naine et les balistes elfes crachaient un flot ininterrompu de traits et des boulets dévastateurs. Usant avec grâce de leurs arcs elfiques, des centaines d’archers hauts elfes et elfes sylvains terrassèrent de nombreux skavens, tendis que les terribles arquebuses et arbalètes balayaient les premières lignes orques.

Très haut dans le ciel, les deux dragons elfiques entamèrent un long et âpre combat contre les cruelles wyvern ennemies ; plusieurs de ces grands vers ailés tombèrent, leurs flancs lacérés par les griffes des dragons.

Aux tirs de l’alliance, des milliers d’archers peaux vertes et de servants skavens aux terrifiantes armes magiques répondirent. Tout un régiment de chevaliers panthères fut anéanti d’un seul tir de jezzails et de lance-flammes skavens.

Pendant ce temps, le fer de lance de l’infanterie, composé des lions blancs de la grande bannière Haut Elfe, des tueurs de Kundin et des maîtres des épées de Lorindil continuait son combat contre les cavaliers orques. Bientôt, grâce au courage des guerriers, les derniers chevaucheurs orques succombèrent. Aucun n’avait fui, pas même lorsque Faerëin défia et vainquit leur chef. Quelque chose clochait, songea Lorindil. Même les gobelins faisaient preuve d’un grand courage face aux marteliers nains, sur sa gauche. Les gobelins ! Son esprit fut submergé par un flot ininterrompu de rancœurs et de haine envers ces êtres maudits. Devant lui, un régiment de gobelins de la nuit, arborant comme trophée des lambeaux de bannières d’Yvresse, se préparait à charger. Lorindil ne put supporter plus longtemps cet affront. Levant bien haut sa grande épée, il jura au nom de la déesse Morai-Hegg de combattre jusqu’à la mort. Dépités, Elfes et Nains regardèrent le mage se jeter dans la mêlée, balayant les fanatiques à l’aide de flammes ardentes magiques, avant de percuter de plein fouet les petites peaux vertes.

Une puissante clameur éclata dans le clan des Tueurs Nains : pleins d’admiration pour l’Elfe, ils se mirent à l’encourager et l’admirer dans leur langue :

<< Lorindil Aln’ Garaz !

- Pour Ulthuan ! Tous avec lui ! >> hurla Faereïn en se jetant à la tête de ses troupes aux côtés du mage de Tor Yvresse.

Mais à l’instant où les Tueurs s’apprêtaient à rejoindre en marche forcée les troupes de leurs alliés Elfes, une immense ombre tomba sur leur régiment et deux Wyverns aux ailes démesurées s’abattirent sur les rangs des Tueurs Nains, les séparant du reste des troupes. Au même moment, une escouade de skavens sifflant et hurlant des insultes dans leur langage sinistre s’abattit sur le flanc des Tueurs, terminant leur encerclement. Les Nains se trouvaient à présent au milieu d’une marée d’ennemis qui les harcelaient de toutes parts, et très vite les premiers Naugrims commencèrent à tomber. Ils étaient à un contre dix.

cria Kundïn en se jetant avec rage dans un bond étonnant sur le flanc de l’un des monstres. La créature hurla de douleur lorsque la lame du Tueur s’enfonça profondément dans sa chair, faisant jaillir des gerbes d’un sang vert et poisseux. La hache runique luisait d’une lumière surnaturelle, accumulant l’énergie magique entre chaque coup. Les autres Tueurs, se ralliant à l’ordre de leur chef, concentrèrent leurs attaques sur les deux monstres qui représentaient une menace bien plus sérieuse que celle des hommes-rats qui les avaient encerclés. Seuls quelques-uns d’entre les Nains continuaient à faire face aux Skavens, protégeant leurs compagnons qui s’acharnaient sur les deux Grands Vers. Malgré leur riposte, le nombre des Nains continuait à décroître.

ordonna Mercusio qui se trouvait encore sur l’arrière des lignes et qui avait vu la situation critique des Tueurs Nains.

pensa-t-il en lançant sa monture au galop en direction du régiment de Nains, suivi par ses cavaliers impériaux.

Le visage du Nain ruisselait de sueur et de sang, tandis qu’il s’apprêtait à tenter une action suicide contre la Wyvern en essayant de s’agripper à son aile pour pouvoir atteindre la tête de la créature.

Soudain le sol se mit à trembler, et un long grognement sourd parcourut le champ de bataille. Tous les combattants s’arrêtèrent pendant un instant, figés sur place par ce son qui semblait presque surnaturel. Le martèlement de pieds immenses s’amplifia, et les Tueurs qui s’attendaient à voir surgir un nouvel ennemi virent arriver sur l’arrière des Skavens un immense Homme-arbre qui ouvrait un large passage au milieu des troupes ennemies, écrasant sans pitié les skavens et balayant des rangées entières d’ennemis par de larges coups de ses puissantes branches.

s’écria Kundïn, reconnaissant son ami de la forêt d’Athel Loren.

La charge de Tricromnur s’arrêta devant l’une des deux Wyverns. Avant que le monstre ou son cavalier aient pu réagir, le gigantesque Homme-Arbre avait attrapé le cou de la bête à l’aide de ses puissantes branches et avait serré de toutes ses forces. Les vertèbres éclatèrent sous la pression et la créature maudite s’écroula dans un râle étouffé, écrasant dans sa chute des dizaines de Skavens médusés. Le cavalier de l’autre Wyvern, éperonnant sa monture, tâcha de décoller au plus vite mais le monstre se cabra et le désarçonna avant de s’envoler dans un gémissement aigu. Le Peau-Verte tomba lourdement à terre, et il fut aussitôt taillé en pièces par les haches de ses ennemis. Un cri de joie monta de toute l’armée de l’Alliance, tandis que l’Homme-Arbre éclatait d’un grand rire sonore et grave en voyant s’enfuir ses adversaires pris de panique.

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