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La stupeur

Les semaines qui suivirent furent assez mouvementées. De plus en plus de raids éclairs orcs étaient signalés dans la contrée, et les affrontements de petites envergures étaient monnaie courantes.Un peu partout la résistance s’était organisée , et la plupart des hommes valides avaient pris les armes pour défendre leur foyer en attendant les troupes impériales qui n’arrivaient toujours pas. Au total , onze des premiers compagnons de Karl étaient morts ou mourants, heureusement vite remplacé par les hommes qui ne cessaient d’affluer pour se mettre à son service. En effet, Karl avait acquis une grande réputation, et lui et ses chasseurs attiraient nombres de jeunes téméraires en quête de gloire. La moitié de son temps était maintenant prise par la gestion de ces troupes, des patrouilles,... et bien que cela l’irritait , il savait bien en lui même que cela était nécessaire.

Un jour, alors qu’il tentait à nouveau de découvrir le campement des bandes d’orcs qui écumaient son pays, un cavalier surgit sur le sentiers ou il se trouvait avec ses hommes. Dans un nuage de poussière , il vint s’arreter face aux chasseurs. Il chevauchait un superbe destrier bai , aux veines saillantes et aux naseaux fumants. A son accoutrement, Karl put reconnaître un messager impérial. Enfin des nouvelles, les choses sérieuses allaient commencer.

- Lequel d’entre vous est Karl Von Kilmer ?

- Je suis l’homme que tu cherches !

Karl s’avança de quelques pas vers l’écuyer, malgré le ton dédaigneux de ce dernier, car il était trop impatient pour réagir.

- Saute en croupe ! le sergent veut te voir !

Karl s’executa. Ainsi les renforts étaient là. Il confia le commandement à Bork, et parti à bride abattue vers le village . Le son des sabots martelant le sol dur encore en tête , Bork s’interrogea sur le sens de ce qui venait de se passer. Tout en affichant un visage serein pour les hommes qui marchaient devant et se retournaient de temps à autres , il était torturé par l’incertitude des événements à venir. Il n’eut pas le temps de se questionner bien longtemps , tiré de ses pensé par des hurlements stridents. Les hommes de têtes s’étaient immobilisés ,mais les cris ne venaient pas de là. Brusquement, un vive douleurs lui déchira l’épaule. Instinctivement , sa main s’abbatit sur son dos, agrippant le gobelin immonde qui s’y trouvait. Il en sortait de partout, des fossés, des bois , des talus , des rochers, une multitude de petits êtres verts aux yeux rouges globuleux. Dans un geste de rage , il broya le crâne du gob dans sa main ensanglantée. La tête explosa en une répugnante gerbe de matière rose, les yeux jaillirent hors de leurs orbites accompagnés de craquements sinistres.

Enfin ils arrivaient au village. Les quelques minutes qu’ils avaient fallu pour descendre la montagne semblait une éternité à Karl . Ils passèrent en trombe devant la place où stationnait un régiment de hallebardiers impériaux, c’était sans doute l’avant-garde des troupes de renforts. Le messager s’arrêta devant la taverne du nain frileux, où semblait avoir été établi le Q.G. Karl mit pied à terre et poussa la lourde porte, qui pivota sur ses gonds avec un grincement aiguë.

Bork se mis en devoir d’ouvrir une sanglante voie dans les rangs verts en rugissant.Les ennemis tombaient par dizaines sous ses coups , mais il en venait toujours d’autres , et cela semblait ne jamais vouloir s’arreter. Ses camarades combattaient avec ardeur ; jalonnant le sol de dépouilles vertes ; Les gobs continuaient d’affluer , et les dernières recrues, sans expériences, furent les premières à succomber. Ils tombèrent les uns après les autres , transpercé par les lames rudimentaires des gobs.

L’homme qui se trouvait attablé devant lui sembla étrangement jeune à Karl. Il leva les yeux et sans même saluer le rude guerrier commença :

- Alors c’est toi le fameux Karl Kilmer ?

- C’est moi .Où sont les troupes promises par l’empereur ? »

Sans prêter attention à Karl, il reprit avec un petit sourire aux coin des lèvres :

-Hum hum, et alors comme ça vous avez des soucis ...

- Quelles sont les troupes disponibles ? »

Karl tentait tant bien que mal de contenir son impatience , la vie lui ayant appris à se modérer.Cette fois, le sergent releva le nez.

- Vous ne les avez pas vu en arrivant ?

- Je parle de l’ensemble des troupes ! s’exclama Karl que le calme quittait peu à peu.

- Je vous répète quelles sont sur la place. Vingt hallebardier vaillants, dix arquebusiers des plus fin tireurs, le tout commandé par un renommé personnage, moi ! « Le sergent affichait un air satisfait et moqueur, ce qui fit perdre toute mesure a karl.

La rage

Un peu à droite de Bork , un jeune homme se battait comme un lion,frappant sans relâche. Un gob le saisit à la jambe , tandis qu’un autre lui crevait l’oeil d’un coup de poignard bien ajusté. Dans un sursaut de rage, il envoya celui qui lui tranchait le genou valser contre un rocher, en saisit un autre par le coup et le fracassa contre le sol d’un coup de botte clouté. Bork réussit enfin à le rejoindre , et le libéra du dernier peau-verte qui lui labourait la chair à l’aide d’un tranchant de hache persuasif. L’homme épuisé par tant de combats s’écroula, et Bork le pris sur son dos , tentant de le tirer de la masse rampante de gobs. Autour d’eux le massacre continuait. Un petit groupe de soldats s’était rassemblé et tenait tant bien que mal tête aux peaux-vertes. Soudain un vent de panique se répandis chez les gobs. En tournant la tête , Bork put en apercevoir l’origine. Comme sortie de nul part , une troupe de nains semait la mort et la confusion chez les infâmes petits êtres verts. Leurs haches moissonnaient le gobelin avec une facilité déconcertante. A sa tête, un nain en armure d’or, superbement paré, faisait des ravages dans les rangs verdâtres. En voyant cela , les quelques survivants reprirent courage et la débâcle gobeline se transforma en massacre.

C’en était trop pour le chef du nord . Perdant toute mesure , Karl saisit à pleine main le col de l’ effronté et le souleva de sa chaise, pour maintenir son visage déformé par la rage contre le sien.

- Pauvre fou ! As-tu seulement idée de ce qui t’ attends ? Sais-tu au moins ce qu’ est une horde de peaux-vertes ? Face au tranchant de leur armes les dentelles dont tu es si bien paré ne te seront point d’une grande utilité ! Elles ne suffiront même pas à ralentir le flot vermeil que déverseront tes veines !

Ivre de colère il projeta le corps frêle de l’officier sur sa chaise.

D’abord impressionné par la haine qui brillait dans les yeux de Karl et par son imposant charisme, ce dernier, remit de sa surprise, affichait à nouveau un petit sourire cynique en réajustant sa tunique. Il comprenait comment touts ces paysans naïfs avaient été embobinés par les sornettes de cet illuminé. Il lui rappelait un peu les flagellants qui parcourent les chemins en annonçant la fin du monde...

- Vous n’êtes qu’une bande du bûcherons, il est tout naturel que vous soyez effarouché par le moindre danger qui se présente ! Mais voyez-vous mon brave, nous, nous sommes des soldats de métier, des hommes, des vrais ! Ce n’est pas quelque vermine qui va nous arrêter !

Malgré l’ardente fureur qui lui dictait d’enfoncer le crâne de ce minable à coups de poing , Karl su se contenir et ne dit mot. Après tout , qu’il aille se faire massacrer, cela forcerait l’empereur à le prendre au sérieux et à mobiliser. Il était gêné pour touts les braves soldats qui courraient au massacre à cause de cet imbécile, mais si tel était le prix à payer , il était prêt a le faire. Voyant qu’il laissait tomber , l’un de ses hommes se mit à hurler :

-Mais bougre d’abrutit , tu cours droit au ...

Il venait de croiser le regard de son chef, et celui-ci avait suffit à le faire taire. Sans avoir saisi le sens de cette interruption, il se renfrogna et fit confiance à son meneur. Il ne l’avait encore jamais déçu, et ce n’était sans doute pas pour cette fois. Satisfait, le jeune blanc-bec en uniforme se leva, et se dirigea vers la porte de la taverne avec l’allure d’un paon.Une fois au niveau de cette dernière, il se retourna et s’adressa à Karl :

- Je réquisitionne l’un de vos guignols , il me servira de guide et pourra admirer la puissance et l’élégance de véritables combattants !

Ce fut Malkios , une jeune recrue prometteuse que choisi karl pour cette mission. Avant le départ de la troupe , il lui ordonna de rester à l’ecart des combats, et de venir faire son rapport dès que les hallebardiers seraient enfoncés. Sur ce, il les laissa partir sans remords.

Après avoir nettoyé sa hache des lambeaux de chair verte, le nain que Bork avaient remarqué et qui semblait être le chef s’avança et se présenta en langage commun. Il se nommait Kundin ;-) ,et s’était fait une joie d’accourir lorsqu’il avait entendu que des gobs se battaient tout près d’une de leurs mines. Bork eut un air surprit , il ignorait que des nains vivaient par ici.En réalité , ces galeries ne sont que très peu utilisées , lui expliqua le barbu, mais à l’annonce de l’arrivée de peaux-vertes dans la région, il avait mené une petite troupes de guerriers au combat. Leur intervention avait sauvée la mise aux chasseurs , et ces derniers invitèrent simplement les nains à les suivre jusqu’au village , où ils pourraient être soignés . Même si les nains sont de nature méfiante, voire hostile aux hommes, ce combat les avaient rapprochés comme il serait inexacte de l’exprimer par des mots. Ils avaient côtoyés la mort dos à dos, vu mourir ensemble leur compagnons , et, sur tout les visages, dans tout les regards se lisait le même sentiment intense. Il ne s’agissait pas de combattants héroïques, pas de surhommes, pas de bourrades hypocrites dissimulant un désarroi profond. Chaque homme était un héros, courageux et brave, et méritait le plus grand respect. Face à la mort les règles ne sont plus les mêmes , et il n’existe plus d’apparences, juste la réalité, dure et cruelle.

Chacun, indifféremment homme et nain, aida comme il put à transporter les blessés, à soutenir les mourants dans leurs derniers instants... ; Bork marchait en silence à coté de Kundin, sur ses épaules l’homme qu’il avait secouru maintenant inconscient. Il était surprenant qu’il n’ait pas encore succombé à ses impressionnantes blessures. Il se raccrochait à la vie , et méritait une chance de s’en sortir .

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