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Les hauts remparts de la cité m’apparurent au loin. Nichée sur les flancs de la montagne, Middenheim surplombait la vallée rocailleuse pratiquement dépourvue de végétation. La vue de ce spectacle me réjouit pourtant. Ma destination était toute proche et bientôt je retrouverais les bribes manquantes de mon passé. Habitués à ces rudes conditions, nos chevaux progressaient avec aisance sur le sol accidenté. Marcus me décrivit la Cité du Loup Blanc dans ses moindres détails. Ayant passé toute sa vie dans cet endroit, il connaissait le nom de chaque rue, chaque place, jusqu’à la plus insignifiante ruelle. Visiblement, il avait l’air ravi de retourner chez lui.

Les portes de la Cité furent enfin visibles. Je ne pus masquer mon émerveillement pour l’architecture de ce lieu. Surplombant la grande arche de marbre, une magnifique statue du Loup Blanc semble accueillir chaque nouveau voyageur. Plusieurs gardes en faction s’écartèrent de notre chemin et je vis pour la première fois l’activité bouillonnante de Middeheim. Une interminbale allée pavée bordée d’échoppes en tout genre s’ouvrait devant moi. Des centaines de personnes déambulaient dans la rue que les marchands tentaient d’attirer dans leurs boutiques. Cette ville semblait si vivante alors que ses alentours étaient si ternes et terriblement sauvages. La différence entre ces deux mondes qui se côtoyaient était flagrante ! Marcus souriait à présent, heureux de regagner sa cité. Quant à moi, je redécouvrais cet endroit où j’avais passé tant d’années. Marcus se rendit compte que je ne reconnaissais rien de ce qui avait été chez moi. Et je pense qu’au fond de lui, c’est à ce moment-là qu’il comprit pour la première fois les véritables implications de mon état. Ayant vécu en ces lieux pendant plusieurs années, je n’en conservais pas le moindre souvenir, pas la moindre trace dans ma mémoire. Marcus s’aperçut de mon malaise et me proposa de me rendre chez Lord Karson immédiatement. J’aurais tout le loisir de visiter cette somptueuse cité plus tard. Par prudence, Marcus décida de se rendre chez son maître en empruntant une entrée moins exposée. Depuis son départ, il avait été dans l’impossibilité de se tenir au courant de l’évolution de la situation et comme il refusait toujours de m’en dire davantage, je me résignai à le suivre. Après avoir ordonné à ses serviteurs de le rejoindre au manoir de Lord Karson, nous arrivâmes devant une bâtisse dont l’enseigne ne m’était pas inconnue. Bien sûr ! Le poinçon sur la dague qu j’avais trouvée dans mes bagages ! Ainsi, elle provenait sûrement de cet atelier. Marcus pénétra le premier dans l’échoppe, moi sur ses talons. La pièce était totalement vide mais Marcus ne semblait pas s’en préoccuper. Il se dirigea au fond de la salle et entra dans l’arrière-boutique. C’est un véritable bric à brac là-dedans. Il doit bien y avoir une centaine d’objets ammassés ici et de toute origine. Marcus se tint devant un grand miroir appuyé sur un mur. Il me fait signe de le rejoindre. Sans prévenir, il passa sa main à travers le miroir comme s’il n’existait pas, puis il disparut entièrement. Je m’avancai prudemment devant la glace, contemplant mon propre reflet. A mon tour, j’effleurai la surface de verre poli... ma main passa au travers ! Stupéfait, je la retire vivement. De la magie... Je ne suis pas vraiment à l’aise avec ces trucs occultes. Enfin, trêve de cogitations, quand faut y aller, faut y aller ! Je me jette donc à travers le miroir et en une fraction de seconde je me retrouve dans un couloir éclairé par des flambeaux en argent. Marcus se tient au milieu, tout sourire.

- Tu t’es quand même décidé à venir ! Dit—il. " C’est un excellent moyen d’éviter de se faire repèrer. Peu de gens connaissent l’existence de ce passage. C’est sûr que la première fois, ça surprend un peu mais ça a son utilité. "

Nous progressons maintenant dans un corridor juste assez large pour laisser passer deux personnes. Au bout du tunnel, un autre miroir du même style que celui de l’atelier.

- Bon, je suppose qu’on doit aussi le travverser ? demandai-je.

Sans prendre la peine de me répondre, mon guide passa à travers la porte secrète.

- Nous sommes dans la bibliothèque " fit MMarcus dès qu’il me vit sortir du " miroir ".

Cette salle était vraiment gigantesque ! Des dizaines d’étagères trônaient dans la pièce. Cela représentait des centaines et des centaines de volumes ! Le sol était fait de dalles noires et blanches ornées du symbole du Loup Blanc. On retrouvait le même signe sur les colonnes de marbre noir qui soutenaient le haut plafond décoré lui-aussi de fresques historiques. Visiblement, le propriétaire des lieux était une personne de goût. En voyant tous ces ouvrages entassés dans cette pièce, je me demandais si les livres que j’avais en ma possession provenaient de cette bibliothèque. Des bruits de pas interrompirent mes pensées. Un homme vêtu d’une toge blanche s’avança vers moi. Lord Karson en personne. Je remarquai qu’il boîtait légèrement. Assez grand, il paraissait en bonne forme physique même si ses tempes grisonnantes trahissaient un certain âge. Je pouvais maintenant distinguer les traits de son visage. Malgré son air jovial, on pouvait lire dans son regard la lassitude d’un chef face aux lourdes responsabilités qui lui incombaient.

- Ah, Lothar, quel plaisir de te voir à nnouveau parmi nous ! Même souffrant d’amnésie, déclara-t-il d’un ton amical.

Comment était-il au courant ? Bien sûr, notre escorte de tout à l’heure avaient dû faire leur rapport. A ses côtés se tenait une ravissante jeune femme. Peau pâle, les traits fins, un regard clair mais empreint d’une grande détermination, ses cheveux bruns étaient attachés en une longue tresse qui lui descendait jusqu’au milieu du dos. Elle portait une toge en lin et je remarquai immédiatement la dague qui pendait à sa taille. Marcus avait l’air tout aussi étonné de sa présence. En tout cas, je n’arrivai pas à détacher mon regard d’elle. D’alleurs, elle non plus ne détachait pas son regard de moi, mais certainement pas pour les même raisons.

- Venez, dit-il, vous devez avoir faim et soif après votre long voyage.

Il n’en fallait pas plus pour que mon estomac se rappelle à mon bon souvenir. Cinq minutes plus tard, je dégustais une imposante pièce de viande accompagnée d’un bock de bière. Lord Karson s’était installé en face de moi, avec toujours derrière lui Magdalena ( puisque c’est ainsi que se nommait la jeune femme).

- Méfiez-vous des apparences, fit Lord Karrson, cette jeune femme est en fait mon garde du corps. Il y a quelques jours de cela, on a intenté à ma vie, ici même ! A l’intérieur de mon manoir ! Sans son intervention, je ne serais certainement plus de ce monde à l’heure qu’il est.

- Qui était-ce ? Demanda immédiatement Marrcus.

- Notre assasin a réussi à prendre la fuitte sans que nous parvenions à connaître son identité. D’après nos sources, il semblerait probable qu’il s’agisse d’un membre du Cercle Primaire .

- Le Cercle Primaire ? demandai-je.

Lord Karson se tourna vers moi, le visage grave.

- Je crois qu’il est temps de te remettre dans la confidence, mon vieil ami. Suis-moi.

Il se leva sans un mot, intimant à ma grande surprise à Magdalena de ne pas le suivre. Je croisais le regard de Marcus qui me fit signe de la tête. Malgré son handicap, Lord Karson se déplaçait avec grâce. Je pouvais sentir en lui une grande vitalité, partiellement masqué par ses manières de vieil homme fatigué. Nous déambulions dans les corridors, croisant quelques adeptes en tenue du Culte qui nous saluèrent discrètement. Nous arrivâmes devant une porte massive ornée de parures dorées. Décidément, on ne se refuse rien... Lord Karson posa sa main sur une surface de bois poli et les portes s’ouvrirent.

- Voici mon office, dit-il. C’est une piècce où nous pourrons parler en toute sécurité. Mais je t’en prie, installe-toi à ta guise.

L’atmosphère de cet endroit était calme, comme si la pièce était coupée du monde extérieur. Une lueur apaisante baignait toute la salle sans qu’aucune torche ne soit visible. Il y avait certainement quelque magie à l’œuvre. Lord Karson s’assit devant moi, le regard vague. Il s’humecta les lèvres comme s’il cherchait ses mots. Finalement, il prit la parole.

- Laisses-moi te raconter une histoire, Loothar. Il y a une dizaine d’années maintenant, alors que j’arpentais les sombres fôrets qui bordent Middenheim, je rencontrais un homme errant sans but. C’était un voyageur, un aventurier. Sur son visage se lisait la souffrance mais aussi une farouche détermination. Malgré sa méfiance, je parvins peu à peu à gagner sa confiance. Alors que nous parlions, il me paraissait de plus en plus familier, comme les retrouvailles de vieux amis après une longue séparation Ce que je découvris sur lui m’intriga et je l’invitai à se rendre chez moi. L’étranger, d’abord réticent, se laissa convaincre. Il avait senti lui aussi le lien que nous partagions. Ce Don que Dame Nature nous a octroyés. C’est étranger, c’était toi Lothar.

- De quoi parlez-vous ? Quel Don ? M’excllamé-je.

- Nous vivons dans un monde étrange, Lothaar. L’homme côtoie des Elfes, des Nains et bien d’autres créatures qui nous sont inconnues. La magie berce le Vieux Monde. De la plus pure et bienfaisante magie du royaume des Elfes à celle corrompue et dévastatrice des royaumes du Nord où siège l’Inommable... La Nature en a subi de profonds changements, en bien parfois mais aussi en mal. Nous sommes une de ses plus singulières créations. Elle a fait de nous des hommes différents du commun des mortels. Des Hommes qui portent en eux un lourd fardeau mais aussi un grand pouvoir. Une force ancienne et sauvage sommeille en nous, prête à se libérer... Une force de la Nature que les hommes redoutent et ne comprennent pas. Une force qu’il est difficile de maitriser et qui peut faire basculer un homme du mauvais côté de l’abîme...

Lord Karson se redressa vivement. Je restai sans un mouvement, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. C’est alors que je perçus un changement. D’abord, ses mains s’allongèrent, jusqu’à ce que ses doigts deviennent des griffes. Il fut secoué d’un spasme lorsque tout son corps se couvrit d’un pelage argenté.. Il avait le visage baissé mais je pouvais voir ses oreilles maintenant pointues dépassant de la fourure. Chacun de ses os semblaient craquer et s’étirer. Je me levai d’un bond, stupéfait par ce spectacle. Quand la silhouette se redressa, une bête me fixait dans les yeux. A la place de Lord Karson se tenait une créature qui me dominait de toute sa taille. Son museau huma l’air et la créature découvrit légèrement ses crocs. Je ne pouvais toujours pas esquisser le moindre geste.

- Ne crains rien, soit donc admis à me conntempler sous ma forme véritable, mon Frère. Dit la créature d’une voix caverneuse.

Alors que je portai ma main sur la manche de ma dague, la créature changea une nouvelle fois d’apparence et Lord Karson se tint à nouveau devant moi.

- Paix, mon ami. Je crois que cette démonsstration était nécessaire pour que tu puisses réaliser quelle est ta véritable nature...

Je sentai mes jambes se dérober et me laissai tomber dans mon fauteuil, le regard hagard. J’entendis à peine la porte s’ouvrir quand Magdalena et Marcus pénétrèrent dans la salle.

- Maintenant, il sait, dit Lord Karson.

Cela n’avait aucun sens et pourtant... Mes yeux ne pouvaient y croire mais mon cœur me disait que c’était la vérité. J’examinai mes mains tremblantes comme si c’était la première fois que je les voyais. Tout me paraissait confus, les implications étaient beaucoup trop grandes.

- Middenheim, la Cité du Loup Blanc, murmuurai-je.

- Je pense que notre ami a besoin de tempss pour réfléchir, ajouta Lord Karson. Même si hélas, notre temps est compté dorénavant.

- Attendez, vous ne pouvez pas me laisserr comme ça ! Je veux en savoir davantage !

- Je comprends que tu sois bouleversé maiss je ne peux apporter toutes les réponses que tu souhaites. Reposes toi Lothar. De graves évènements se préparent et j’ai besoin de toi à mes côtés...

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