[Demande particulière] Un poème...

Contacte petimuel pour ca. Il est très TRES doué pour la poésie.

On demande mon avis, alors moi, plop, tout inopinément, j'accoure, n'ayant jamais peur de donner de ma personne pour démanteler le mythe selon lequel je saurais faire de la poésie.
Je ne reprendrait pas les comentaires de Feurnard dans ceux-ci, même si bis repetitae placent.
Alors allons-y.

(Entre parenthèses, j'ai rien compris à ton introduction, j'ai supposé un peu au pif que ces poèmes étaient de toi, mais peut-être sont-ils de ta mère...)

Déjà, le thème est classique -et Romantique-, mais sympa.
Après, il est certain qu'en quatre ou cinq vers, on aura du mal à être exhaustif (ou alors on s'appelle Laforgue).

Parlons du premier.
Alors déjà, premier problème, tu parles du temps qui passe, et ton poème bondit. Tu commences avec deux tétrasyllabes - - et termines sur deux hexasyllabes. On eut pu faire encore plus brusque, à savoir ces pentasyllabes chers à Verlaine ("de la musique avant toute chose, et pour cela préfère l'impair"), mias -et foin d'étalage de culture!- c'est déjà assez rythmé, assez haché, comme structure. Le temps, lui, s'écoule, à la limite s'enfuit, mais ne saccade ni ne bondit jamais, ou alors tu nous explique ça au détour de quelque joli vers. Mais ce qui n'est pas est convenue, et la convention au sujet du temps ne correspond pas à la forme du poème.
Enzouite. Les rimes. Bon, tu as choisi de prendre les mêmes mots, c'est un choix. Après tout, Verlaine -toujours lui!- le fit aussi :
"Il pleure dans mon coeur
Comme il pleut sur la ville ;
Quelle est cette langueur
Qui pénètre mon coeur ?

Ô bruit doux de la pluie
Par terre et sur les toits !
Pour un coeur qui s'ennuie,
Ô le chant de la pluie !
[...]"
Bon mais d'une part il y avait la formule, et n'est pas Verlaine qui veut, et d'autre part il ne s'agissait pas là de tout le poème! Là nous avons deux rimes en tout et pour tout.
Bon, je ne dis pas que c'est catastrophique. Au fond, ça se laisse lire, ces rimes. Mais c'est un peu "limite" tout de même.


Après, parlons du "yoda-style". Les inversion sont tolérés, et parfois très jolies, mais parfois aussi très ringardes, voire lourdingues. Ton "passe le temps", bon, passe - -, mais suivi de "souffle le vent", là, ça fait vraiment superflu, pesant, genre "formulation pseudo-poétique passke j'ai pas d'idée". Bon, certes, j'exagère, hein, m'enfin voilà l'idée...

"Iras au gré des vents", c'est bien, mais oukilé le sujet de la phrase? Vraiment, la formule est opaque, floue, on ne cerne rien, j'ai dû m'y reprendre à trois fois avant de comprendre que tu avais oublié de mentionner le sujet, et la formule finale, du coup, fait un flop. (bon ça Feurnard l'avait déjà dit, mais je souligne).

Au final, on -je- ne voit pas où tu veux en venir. Les formules semblent se suivre sans se répondre, et le sens se fait tout petit (s'il n'est pas déjà parti )

Le second, déjà, est plus compréhensible. Quoique pas exempt de défauts, certes, mais au moins ça fait sens.

Krycek écrit: Aller au gré des vents
T'offrir un peu de temps

Soit "temps" rime avec "attend" (et non "attent" ), soit la rime est pauvre, mais bon ça c'pas grave.
Déjà cette formule est-elle claire, assez jolie, pas absolument géniale, certes, mais bon, ça se lit.
"L'instant du doux chant", moui, la poésie fait des miracles, mais quand même, la formule laisse un peu à désirer.
"l'amour"? Sauf si a mère et lui font ce voyage en amoureux, alors... Je te déconseille le "languissant", bien plus poétique, bien plus doux au niveau des sonorités (nous y reviendrons), mais en opposition radicale avec le sujet : tu parles de prendre le temps et à la fin tu dis que l'amour attend? Il y aurait bien une explication capillotractée, mais ce qui ne va pas de soi ne va pas! (Je ne dis bien sûr pas qu'il faut expliciter les sens; les interprêtations multiples et discrètes sont une des saveurs de la poésie; nonon, je parle juste des formules et idées vraiment tirées par les cheweux).
Après, la métrique, bon Feurnard a fait une proposition qui n'est pas de mon goût, mais il e l'a dit : ça ne va pas. 6/6/4/4/6, bof, d'autant que les rimes sont pauvres, la découpe un peu hasardeuse et la justification absente.
"Mais, qui est le chevalier blanc?"
Hein?
"Euh.. qu'est-ce que la justification?"
La justification, comme je l'appelle, c'est en gros un sens qui te permet de justifier une telle structure métrique. Un image particulière qui expliquerait le passage au 4/4, puis le retour à l'hexasyllabe. Là il n'y en a pas, et ce système là, outre le fait de réduire un poème déjà bien court, et de hacher menu le souffle fluide des vers, comme j'en ai déjà parlé pour le premier poème, n'est d'aucune utilité.
Enfin voilà.

Les sonorités.
Beaucoup trop de "t", c'est dur et agressif, pas du tout ce qu'on attendrait de la part d'un voyage en montgolfier, ni encore moins du doux chant de l'amour languissant. Pas mal de "r" non plus, mais c'est moins marquant.

Enfin, et ceci vaut pour les deux poèmes, le fond n'est pas du tout travaillé, et si au moins l'on comprend les images du second, il n'empêche qu'il en reste assez obscur (mais je ne crois pas pouvoir y déceler des sens cachés comme chez Bonnefoy) et que tu sembles toi-même ne pas trop savoir où tu comptes te rendre.

Il n'en reste pas moins que le second est assez plaisant à lire. Mais c'est largement perfectible.

Le temps s'enfuit, et les nuages
Le portent inlassablement.
Rejoins-les pour marquer cet âge,
Aimer et vivre au gré des vents...

En cinq minutes, voilà l'ébauche d'une idée de ce que ça pourrait donner en retravaillant.
Enfin voilà un peu comme je le verrais, en me pliant aux restrictions sus-citées.

J'ai pas dit qu'il était mort!
Mais puisque c'est un cadeau d'anniversaire, l'idée de "marquer l'âge" me semblait appropriée.

Petimuel
"Il nous donnait tout, même des ailes; mais prit les siennes pour rejoindre le ciel..."

Juste un petit mot : Verlaine power !

(Aheum)

Bon sinon, je me dis que j'aurai bien aimé aider mais en même temps... Je suis du genre revêche et réfractaire aux règles en poésie. Non, plus précisément, je suis incapable de m'y tenir et j'écris parfois sous l'impulsion... rarement quelque chose de satisfaisant.

En tout cas je rejoins les critiques de tout le monde, et j'aime bien les vers de Petimuel. Voilà. Je trouve pas ça tant plein de regrets puisque "aimer et vivre au gré des vents", c'est pas si sinistre à mon sens. Parler du temps qui passe, c'est forcément quelque chose de mélancolique, car le temps pour l'être humain c'est bien souvent synonyme de... dégénérescence (désolée !) donc je vois mal comment on peut évoquer ça sans être un brin nostalgique sur le passé.

Je ne trouvais pas le mien si grave que ça, m'enfin, si vous le dites tous funeste..