file Dormi Pace, Miles...

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il y a 16 ans 5 mois #14422 par Leste-Plume
[Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard a été créé par Leste-Plume
j'ai l'honneur d'ouvrir la critique de cette ravissante escapade champêtre.

Peut-être l’auteur, maitre goupil, daignera-t-il m’éclairer sur le titre ? po compris :(

Suivre le renard est assez déroutant et pas seulement à cause du fait que l’animal n’arrête pas de bondir dans tous les sens. Non en fait ce qui déroute c’est l’ambivalence qui est maintenue sur le personnage. On l’imagine comme un vrai renard avec tous les attributs normaux et l’instant d’après il est décrit avec des attributs humains (parole, postures, objets-gants…). C’est déroutant mais pas dérangeant du tout en fait. Au contraire tout cela participe de l’ambiance très particulière que tu as insufflé à ton texte.

L’ambiance justement car c’est le point fort du texte. Tu as installé avec brio un parallélisme si je puis dire entre d’une part le jour qui meurt progressivement et le jeu qui se transforme peu à peu en poursuite angoissante à mesure que les dernières lueurs du jour disparaissent.

Le style très travaillé m’a posé quelques problèmes. Et je veux bien admettre que c’est moi qui suis en cause. Ayant une formation scientifique à la base je crains d’être un peu hermétique au langage un peu (beaucoup) poétique. Je suis toujours frustré de lire une phrase et de ne pas parvenir à me représenter la scène décrite.

Je prends quelques exemples

Les feuillages perlaient une herbe basse, perlaient d’éclats leur danse sous la caresse du vent


les feuillages perlent de l'herbe et une danse?

Leurs ailes perçant les derniers nuages jetaient sur la forêt des corps fugaces, leurs silhouettes.


des ailes qui jettent des silhouettes?

Les ténèbres s’emparaient à moitié de la pièce, à la frontière du cristal, dont la surface se déchirait.


la frontière du cristal? une surface qui se déchire?

enfin mis à part quelques rares exemples sur lesquels j'ai buté, cette prose bucolique coule toute seule. En fait difficile pour moi de trouver des défauts alors je vais faire mon chicaneur:

La têche déjà reposait en arrière


je sens que je vais apprendre un nouveau mot

tu parles de la myrrhe et du musc comme parfums forestiers. je crois que la myrrhe a plutôt une origine exotique et n'est pas caractéristique des "forêts gauloises" qui semblent constituer ton décor. Quant au musc c'est une essence d'origine animale. ça vient d'une sorte de bouquetin montagneux si je me trompe pas et là encore ce n'est pas une senteur d'un sous-bois.

Concernant le rapt nocturne: comment la créature est-elle entrée dans la chambre? elle repart par la fenêtre certes mais comment est-elle entrée puisque c'est elle-même qui ouvre la fenêtre de l'intérieur?

Le village tout entier tenta de l’arrêter.


cette phrase tombe un peu comme un cheveux dans la soupe. Qu'as-tu voulu dire? que les villageois brusquement tirés de leur sommeil essayent d'arrêter le kidnappeur griffu?

***

donc pour moi un texte qui bénéficie d'une réelle ambiance et d'une vraie personnalité.

ps: si je pouvais distiller la même ambiance dans ma saga qui parle d'une forêt aussi, je serais très heureux. Maitre renard ça te dirait de bosser dans mon équipe? :D

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il y a 16 ans 5 mois #14423 par Xlatoc
Réponse de Xlatoc sur le sujet Re: MAJ Juin 2008 Dormi pace, Miles... Feurnard
Attends....euh.....les textes ne sont que sous le site SPIP pour l'instant là.

Tu ne voudrait pas attendre qu'ils soient sur le site "officiel" avant ? :)

Dévoreur de textes va. ;)

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il y a 16 ans 5 mois #14424 par Leste-Plume
Réponse de Leste-Plume sur le sujet Re: MAJ Juin 2008 Dormi pace, Miles... Feurnard
me suis-je encore illustré dans toute ma noobitude?

j'ai vu que d'autres avaient ouvert le bal sur le texte de monthy qui est lui aussi seulement sur le spip si je ne m'abuse. Indiquez-moi quels sont les us et coutumes et je m'y plierai :oops:

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il y a 16 ans 5 mois #14425 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: MAJ Juin 2008 Dormi pace, Miles... Feurnard
Là je suis assez embêté... est-ce que j'y réponds ou est-ce que j'attends...
...
Ma réponse étant déjà écrite, je vais répondre, puis je laisserai Krycek gérer (les joies de l'administration).

J'ai très peu de connaissances en latin, aussi leur traduction est-elle pratiquement impossible. C'est assez normal puisque tout ce qui est en latin est censé ne pas être compris. Ici, le titre veut dire "dors en paix". "Miles" est un peu trop compliqué à traduire.
L'ambivalence sur le renard n'est pas de moi mais du "Roman de Renart", où il est impossible de savoir si Renart est à deux ou quatre pattes. Mais le "Roman de Renart" a au moins une excuse, ayant été probablement écrit par nombre d'auteurs différents.

Les feuillages perlaient une herbe basse, perlaient d’éclats leur danse sous la caresse du vent

Traduit dans un langage humain, ça signifie que la lumière faisait briller (comment, je ne sais pas, c'est commun) l'herbe et les feuillages et que les feuillages remuaient. Un spectacle tout ce qu'il y a de plus banal, duquel j'ai éliminé la lumière, attribuant son effet aux feuillages, puis confondant la lumière à un liquide. Décortiquer cette phrase plus loin demanderait passablement de temps.

Leurs ailes perçant les derniers nuages jetaient sur la forêt des corps fugaces, leurs silhouettes.

"Les ailes" est une synecdoque (la partie pour le tout) des oiseaux. Les oiseaux jettent, projettent leur ombre sur le sol. Ici les ailes "percent" et "jettent des corps", une légère isotopie ici assez reconnaissable et un peu trop d'inférences.

Les ténèbres s’emparaient à moitié de la pièce, à la frontière du cristal, dont la surface se déchirait.

Le cristal de la fiole, dont la surface est déchirée entre l'ombre et la lumière. L'idée de frontière est assez importante (elle apparaissait déjà avec le feuillage) et je crois avoir déjà qualifié la surface de l'étang de cristal. La déchirure est celle de la frontière, c'est exactement ce qui se passe, et je pense que je cela devrait répondre aussi à ton autre question : la créature nocturne ne devrait pas être dans la chambre. Il est impossible qu'elle y soit.
Concrètement, une explication à la "kitsune" est celle du déphasage, mais je trouve que l'expliquer enlève tout son charme à l'acte. Il est mieux de s'imaginer sa propre raison, quitte à défier la logique, que de subir une explication scientifique totalement plate qui ne contribue pas au sens du texte.

Le village tout entier tenta de l’arrêter.

Le village est une nouvelle frontière. C'est le verbe "arrêter" qui me fait dire ça. Dans les faits, le village n'a rien fait, ses habitants non plus, et personne ne s'est rendu compte de rien, mais pour la créature, une autre barrière est apparue, qu'il a dû franchir aussi.
Je te jure que s'il me faut lancer trois paragraphes et un dialogue pour expliquer que "dans la vie, on se sent arrêté comme par des barrières", j'abandonne ce texte sur le champ.
Ce qui, note, n'empêche pas cette phrase de tomber comme un cheveu dans la soupe.

J'ai vérifié dans le dictionnaire, "têche" n'existe pas, c'est un mot de mon enfance désignant un empilement de bois en rondins. J'ai employé ce mot parce qu'il appartient à mon imaginaire d'enfant, et que j'écris aussi pour moi.
Quant à la myrrhe et au musc, il s'agit des deux opposés : je n'ai pas trouvé mieux, puisque je tenais tant à introduire l'odorat, pour exprimer une opposition. Si tu tiens là aussi à une explication scientifique, la myrrhe et le musc sont produits par le renard et la créature, mais lequel produit quoi, ça, je préfère le taire. A la limite, je dirais que chacun produit les deux.

Ta forêt est légèrement différente. Elle doit être plus brutale, plus violente et directe. Chez moi, tout est ambivalent, alors que ta forêt est monochrome. Prends tout ce qui est considéré comme négatif : les araignées, les corbeaux, les plantes carnivores, les champignons vénéneux, la vermine, la maladie, la pourriture, les essaims de moustique. Dès que tu as ta liste, au lieu de la plaquer telle quelle sur le texte (ce que tu ne fais pas, à ce que j'ai pu lire), mélange, puis applique le principe de la métonymie. Au lieu de parler d'araignée, décris les toiles qui pendent un peu partout, décris les cocons suspendus aux branches. Au lieu des moustiques, leur bruit d'essaim. Plutôt que de placer une carcasse à chaque pas, fait planer l'odeur du sang et de la chair décomposée, etc...
Tu devrais obtenir un vaste panel de banalités pour dire combien ta forêt est méchante.
Ajoute-y les lieux communs les plus usés, comme les branches tordues et les ombres menaçantes, et tu obtiendras le tableau que tu désirais.
Pense aussi, si tu ne l'as pas déjà fait, à localiser différents lieux de la forêt. Ici, un gros rocher, là un vieil arbre suffisamment isolé, quelque part un marais, etc... Chaque lieu étant décrit comme plus horrible que le précédent (il y a de la vieille mousse sur le rocher !), tu devrais déjà avoir fait bien mieux que moi.
Il ne te reste plus qu'à appliquer ton style et tu oublieras avoir jamais pris le temps de t'intéresser à mes descriptions.

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il y a 16 ans 5 mois #14430 par Leste-Plume
Réponse de Leste-Plume sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard

Je te jure que s'il me faut lancer trois paragraphes et un dialogue pour expliquer ...


non ce n'est pas souhaitable. lorsque l'artiste, le poète, le peintre se retrouve à devoir décortiquer chaque aspect de son oeuvre c'est qu'en général le public n'est pas à la hauteur. en l'occurence j'admets volontiers que le problème vient de moi car même avec tes éclaircissements j'ai du mal :oops:

si tu sais exactement ce que tu fais mais que ta prose ne fais pas mouche, tant pis, ne t'en formalise pas trop ;)

...subir une explication scientifique totalement plate ...


sois rassuré, je ne suis pas un fanatique du tout scientifique. si je viens m'évader sur un site où on trouve des textes parlant de petits lutins c'est justement pour échapper à mon quotidien. donc pour moi je veux bien que la bête soit surgie des ténèbres, du néant, d'une autre dimension pas de problème. Par contre je ne peux m'empêcher de me demander pourquoi son méfait commis elle doit filer par un un moyen aussi conventionnel que la fenêtre tel un arsène lupin chargé de butin, surtout si elle semble capable de s'affranchir des contraintes spatio-temporelles.


ps: effectivement ton perso me rappellait vaguement qqchose mais j'arrivais pas à mettre le doigt dessus. ah le roman de Renart et ses persos anthropomorphes!

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il y a 16 ans 5 mois #14431 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Si l'artiste, si le peintre doit décortiquer chaque aspect, c'est qu'il n'a pas fait son travail. L'auteur est censé avoir tout expliqué dans le texte, et rien d'autre ne compte que le texte. Si ce n'est pas dans le texte, c'est la faute du texte, pas du lecteur. Un effet raté est un effet raté, quelles que soient les explications à côté.
Crois-en l'argument "ad populum", tu n'es de loin pas le premier et tu ne seras certainement pas le dernier à ne pas comprendre mes textes.

Le passage de la fenêtre est un symbole de force et de faiblesse simultanément, donc, une contradiction (tout du moins une opposition, voire une inversion, des termes que je n'ai jamais pris la peine de réfléchir).

Force parce que la créature apparaît de nulle part et n'est pas confinée à la chambre et aux ténèbres. Faiblesse parce que c'est la méthode des voleurs, matérielle.
Par défaut, j'admets toute créature fantastique comme omnisciente et omnipotente, jusqu'à ce que l'auteur en donne les limites. Ces limites sont données le plus souvent par le personnages lambda "j'ai entendu dire quelque part que [insérez la créature] est vulnérable à [insérer kryptonite]". Elles viennent aussi des actions mêmes de la créatures.
A commencer par le plus simple : si une créature omnipotente veut enlever quelqu'un, pourquoi ne l'a-t-elle pas fait avant même que l'histoire ne commence ? Ici, durant tout l'épisode de la forêt, la créature tente à maintes reprises de s'approcher de Tale et échoue à chaque fois. De mon point de vue de lecteur, cette créature est extraordinairement faible, voire risible. Regarde l'enlèvement, et dis-toi qu'elle se sert d'un mouchoir. Un mouchoir pour une créature des ténèbres.
Donc la créature est limitée, et j'ai envie de dire, confinée à l'ombre (un topos classique du monstre tapi sous le lit). Or, ce que fait la créature, dans la chambre, c'est apparaître à la lumière, et quand elle traverse la fenêtre, elle apparaît à la lumière de la lune : "La lune une seule fois saisit sa silhouette." C'est bien qu'en franchissant la fenêtre, elle n'est plus contrainte.

Le plus difficile à comprendre étant que cet enlèvement est un échec. La créature veut aller de l'ombre à la lumière, or la dernière phrase le dit : "L'instant d'après, il disparaissait dans les ténèbres." De tête.

Il se passe la même chose quand les feuillages perlent : une impossibilité, et le passage de la lumière au travers du feuillage. Même chose pour les ailes qui percent les nuages, même chose pour la surface qui se déchire. Les poètes décrivent cela en quatre vers, il me faut quatre pages, mais l'idée du franchissement n'est pas rare, surtout en fin du XXème siècle. Je peux citer Jaquottet.
L'échec d'ailleurs apparaît déjà dans "les ténèbres s'emparaient à moitié de la pièce", à moitié.
J'ai tenté de mettre en place cette frontière dès la deuxième phrase du texte : "dans les arbres les ombres terrestres et aériennes se rencontraient", terre et ciel s'opposant, à la frontière des arbres. Sauf que la forêt est un lieu idyllique, où justement la rencontre devrait être possible. Là aussi, contradiction.

Si je devais demander un effort, à mon lecteur, ce serait en permanence de tout inverser.

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il y a 16 ans 5 mois #14436 par Hécate
Réponse de Hécate sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Bien le bonsoir, maître Renard. Ou puis-je dire « Feufeu » puisque c’est sous ce tendre pseudonyme qu’à ton insu tu fais couler tant d’encre sur la toile « MSNienne » pour le coup je doute de la règle de dérivation linguistique à employer, m’enfin : passons. Tu vois, je récidive et risque ma soirée de repos à commenter « Dormi pace, Miles ». Ne suis-je pas franche et débonnaire ? :)

Pour changer, ça risque d’être le bazar. Mais c’est une marque de fabrique. J’espère que tu t’y feras. J’espère encore et bien davantage que tu ne te formaliseras pas du ton quelque peu cavalier de ce commentaire au fil de la plume :oops: : cette verve un peu nébuleuse et parfois salée. La qualité de ta prose force mon respect et aiguise ma curiosité…

Ainsi, pour commencer, je vais pester. Hmm. Ça aussi c’est une marque de fabrique.
« Dormi pace, miles » Pourquoi utiliser le latin en lieu et place d’une langue que tu désires hermétique ? Non, parce que, de suite, je t’avouerai que je me sens froissée :evil: : mettre du latin pour faire obscur et complexe, à mon sens, c’est douteux. Et puis, pourquoi ne pas créer une langue de toute pièce ? Pour le coup, un challenge à ta taille, ami goupil. Du reste, « Dormi pace, miles » : « Repose en paix, soldat. » « Miles » est sans ambiguïté que je sache.
Voilà. Fin du couplet. Mais j’avoue que d’entrée de jeu…

Par ailleurs, toi qui me disais il y a peu :

« Il est vrai que je déteste l'idée de ce lecteur qu'il faut tenir par la main, en chaise roulante dans un bus à touriste sur un tracé gardé de barrières, aux arrêts préparés à l'avance, avant le retour à l'hôtel aseptisé. Je préfère le lancer dans la jungle avec une boussole détraquée et un canif', et le retrouver à l'arrivée, soit mort, soit vétéran, et véritable aventurier. »

Au diable le lecteur paresseux, donc.
Soit. J’avoue être de ceux qui dédaignent les oreilles nonchalantes.
Toutefois, quid de cette belle profession de foi ? Je constate avec une perplexité certaine que, pour le coup, tu fais assez peu crédit à l’imagination de ton lecteur. Autonomie zéro.

Je m’explique. Ouverture : description d’une forêt.
Que dire ? D’entrée de jeu, tu donnes l’impression de délaisser la littérature pour t’enliser dans un travail digne de la phonographie ou du cinéma numérique. Successivement : les feuilles, les arbres, les ombres, l’herbe, le vent, les oiseaux, les branches, les nuages, le soleil, les fleurs…Bref, je m’arrête là : c’est plus de la description, c’est carrément de l’ekphrasis et le catalogue exhaustif de « Bucolique and co. » Résultat : au lieu de laisser le lecteur respirer et s’imprégner d’une ambiance, tu lui assènes en pleine tête une autre vague descriptive tout aussi méticuleuse. Après Balzac qui veut concurrencer l’Etat civil, voici donc Feurnard qui lance un défi à Dame Nature. :D

Au point que j’en viens à me poser la question de ce qui motive le saut de ligne et la formation des paragraphes dans la première page. [ Petite intrusion : j’ai converti le fichier sous Word pour bidouiller ton affaire. Trois pages et demie. D’où « première page »]
Relecture. Je finis par me dire que tu as éventuellement scindé ton tableau entre les effets visuels dans le premier paragraphe ( ombre, lumière, perles, silhouettes fugaces), les effets olfactifs et tactiles dans le second ( parfums, senteur, souffle…) et les effets auditifs dans le dernier (cloche, cris, chant…).
Mais même ainsi, je ne suis pas satisfaite : certains éléments détonnent et ne se plient pas à cette hiérarchie là. Un truc qui me laisse un petit goût de joyeux bordel, donc. Et cette impression persistante que par souci de bien faire et poussé par ton zèle de polisseur-de-langue tu as choisi de convoquer tous ces effets là dans le seul but de réaliser une description techniquement parfaite : donner à voir, à sentir, à entendre… si bien que tu sembles oublier de donner à imaginer.

Pour en rester avec les trois premiers paragraphes.
Alors que mon esprit aiguisé par les descriptions cyranienne et virgilienne se réjouissait de cette errance dans un décor tout sensualiste et animiste d’une forêt vivante, bruissante, moite et vibrante, voici que d’un pas gaillard tu viens joyeusement me claquer en tête de paragraphe :

« Une âme heureuse emplissait cette forêt. »

Oh. Pour le coup, le lecteur averti est douché. :( C’est comme d’inscrire « Ceci est un fruit » en dessous de la Nature morte aux fruits de Courbet. Voici que tu nous plantes ton commentaire, tel le poteau indicateur sur la scène du « Banquet de Marion ».
Fichtre. Rapidement, face à tant de zèle, le mien se fait la malle. Je ne me sens plus la vaillance de faire des efforts et je dérape sur le « sol riche et ameubli » de ta forêt. Tellement dense cette description, que je m’enfonce dedans et que je me retrouve bien embêtée de n’avoir pas pris mes précautions et d’être venue en escarpins. :D

Arf. A me relire, j’ai l’impression d’être cavalière et sévère. La fatigue, sans doute.
Néanmoins, je me répète : j’espère que tu ne t’en formaliseras pas :oops: ! Je me permets de tels commentaires parce que ta plume est capable de les supporter. Je crois. Et puis, ils sont formulés sans vanité aucune.

Histoire de continuer, je rebondis sur les propos de l’ami Leste-Plume. De fait, il y a des phrases dont le sens m’échappe. Je me demande si à un moment donné le vœu pieux de « faire poétique » ne se concrétise pas dans le refus de la « droite ligne » et de l’expression limpide. Ce que je dis est peut-être arbitraire, mais « faire poétique » et « faire hermétique » sont deux choses différentes. Parfois, ma paresse aimerait se raccrocher davantage à « ce que tu dis » plutôt qu’à « la façon dont tu le dis »…

« Un replat élevait trois blocs de pierre »

Bon. C’est un exemple. Sans doute pas le plus représentatif, mais il est déjà tard et je peine à retrouver mes moutons. Et pour le coup, je ne me représente pas du tout la chose. Qu’est ce ? Trois blocs de pierre qui s’élèvent au hasard d’un bout de terre aplanie ? Ou pas.
Feurnard, tes lumières ^^ ?

Autre petit détail, puisqu’on en est aux détails : je me suis demandée l’espace de quelques minutes s’il n’y avait pas une coquille dans les prénoms. J’en dénombre trois pour deux personnages. Un personnage caché version « Jus d’Orange » ^^ ? Reel, Riss et Tale. Comptez-vous ! ;)

D’autre part, je sais que tu t’attaches dans tes réécritures à bannir ce que tu ( ou du moins cette méthode) appelles les mots « faibles ». Il faut savoir, déjà, que le Monthy m’a fait (re)découvrir les Chroniques récemment grâce à cet article. Mon sang ne fit qu’un tour, bien sûr ! Toujours est-il que le verbe « avoir » fait parti de ces mots faibles, je crois. Je continue néanmoins à me demander si ce petit jeu ne recèle pas certains travers.
Certaines expressions me laissent perplexe. Exemple.

« Ses vêtements possédaient la couleur du ciel. »


« avaient » ? « étaient de » ? Bon. Je suis prête à admettre que « posséder » sous-tend un effet de style bien précis. Mais pour le coup, je demande à voir. ^^

Macte Animo ! Le calvaire touche à son terme. :)
Après avoir relu trois ou quatre fois ton texte, j’ai eu envie de me prêter à un exercice fastidieux. A vrai dire, c’est ton dernier commentaire sur les jeux d’ombre et de lumière en réponse à Leste-Plume qui m’y ont poussée. Le moins que l’on puisse dire, c’est que Goya n’a plus qu’à aller se rhabiller : le clair-obscur et les jeux ténébreux sont désormais l’apanage du Goupil. – Toutefois : « ????? ???? ». Une fois encore, je me suis demandée si ce petit jeu ne t’avait pas échappé, avant de me souvenir que tu étais cet effilocheur de signes invétéré.
Parce que pour le coup, en trois pages et demi sur Word :

Les ombres terrestres et aériennes…se rencontraient…
Frontière de la lumière et de l’obscurité…
Sous les jeux des ombres…
Aux rayons de lumière…
L’herbe se gorgeait de lumière…
Les rochers couverts de mousse et d’ombres…
A l’ombre des branches …
Le renard surgit de l’ombre…
Des yeux dans l’ombre…
Les rayons de lumière entre les branches…
La lumière faisait briller les gouttes …
La pénombre tombait…
Se tapissait dans la noirceur…
Se glissait parmi les ombres…
Un changement brusque de lumière …
Pour ne voir que des ombres …
La lumière plus forte perça les ombres…
Les ombres se renforçaient …
La frondaison sombrait dans les ténèbres …
La nuit tombée…l’obscurité …
Sa noirceur…
La lumière miroitait à la surface…
Il se trouvait au plus profond des ténèbres …
Dans l’obscurité…
Plongé dans le noir…
Espace encore baignée de lumière…
Rien ne traversait les ténèbres…
La lumière quittait même le vieil étang …
Trônait sur les ténèbres …
L’obscurité les emporta …
Dans l’obscurité …

Et ce qui relève plus proprement du Ciel :

Le soleil alors se courbait vers l’horizon…
Le ciel blanchissait …
La pénombre tombait…
Le soleil menaçait de s’effondrer en équilibre encore au dessus de l’horizon…
Perdait leur couleur : la teinte fauve dominait…
Quelques couleurs survivaient…
Le ciel au contact de la terre s’embrasait…
Retrouva ses couleurs…
Le ciel empourpré …
Les rayons du soleil…
Les teintes fauves du ciel tournaient au noir…
Les derniers feux du soleil …
La lune ravivée par l’astre ardent …
Le soleil n’offrit plus qu’une crête de flamme …


Quarante occurrences rien que pour « ombre », « ténèbres » et « lumière ».
Persistance rétinienne ? ;) Je dois reconnaître qu’on s’y perd. Même avec tout plein de bonne volonté. Alors forcément, on a du mal à voir où tu veux en venir, même si la logique de la frontière entre le clair et l’obscur est évidente et l’idée de la lutte entre l’ombre et la lumière flagrante.

Voilà. J’en reste là. Il est affreusement tard. J’espère que tu trouveras quelques nuances à ce commentaire que je redoute très salé :oops: . Je suppose que le retour de flamme n’en sera que plus intéressant. Du moins l’espère-je. La suite au prochain épisode.

Merci pour ta prose !

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il y a 16 ans 5 mois #14437 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
J'aime beaucoup la vigueur du commentaire, suffisamment honnête, dépourvu de trop de sécurités qui finissent par peser.
En somme donc, non, pour avoir moi-même été très dur avec beaucoup, je ne risque pas de me formaliser.

Mais prenons dans l'ordre, mérite du goupil fatigué.

Pourquoi le latin ? Historiquement, pour entraîner mes notions de langue. Egalement pour l'ambiguïté sur "Miles". Il est en effet possible de la traduire aussi comme "servant, serviteur", ainsi que "chevalier", avec sème de noblesse. Ajoute à cela la majuscule, donc un nom propre, et tu pourras mesurer l'ambiguïté du mot. Du reste, ta traduction signifierait que "Miles" est mort, ou qu'il va être tué, or à ce stade il n'est fait mention d'aucun mort et personne n'a été assassiné.
Pour en revenir au latin même, je le garde surtout parce qu'il est familier. Je veux dire que s'il s'agit d'une langue différente du français, historiquement c'est la même. Comment dire ? Tale va pouvoir reconnaître une langue qu'il n'a jamais entendue et qu'il ne comprend pas. Tout comme il va reconnaître des lieux qu'il n'a jamais vu auparavant. Cela revient à savoir quelque chose avant de se le faire expliquer ou d'en faire l'expérience. Ce qui est exactement ce que je voudrais obtenir dans mes textes : comprendre sans explication.
Ce n'est possible que parce que, dans notre savoir partagé, nous savons que le latin est le substrat (adstrat et superstrat) du français. D'où que je ne peux absolument pas me permettre d'inventer une langue de toute pièce, d'autant que pour un linguiste, cela tient de l'hérésie, ou d'une prétention sans borne.

Le suivi maintenant.
Tu as raison, je ne laisse aucune liberté au lecteur. Je peux aussi l'expliquer historiquement. Cet texte est la réécriture d'une réécriture. J'ai pu écrire trois chapitres et à chaque chapitre, j'ai appliqué les conseils qu'on m'a donnés. Or, on m'a répété encore et encore de clarifier mon texte. J'ai donc corrigé, au fur et à mesure : tu en as le résultat. Tu arrives après la bataille.
Je crois qu'il faut y imputer nombre de problèmes, pas seulement dans le contenu, mais aussi dans la forme, surtout les phrases courtes. Je ne supporte pas ces phrases courtes que j'écris. J'ai l'impression de buter contre un mur à chaque pas. Mais si je retournais à des phrases plus longues, d'une mes paragraphes doubleraient de taille, de deux le chapitre aussi, de trois les participes reviendraient en force, tout comme le double adjectif, enfin de quatre mes structures se compliqueraient à nouveau, au-delà de ce que tu peux envisager.
D'autres raisons encore, bien sûr, mais pour le moment, ma priorité n'est pas de tenir à ma parole, mais de me corriger, de suivre les conseils qu'on me donne. Même si je n'aime pas le résultat, c'est une manière d'apprendre. Et il faut faire attention. Certains descriptions de Balzac sont très travaillées, et recèlent plus qu'elles n'en montrent.
Pour répondre à une remarque plus loin, imaginer semble trop difficile au lecteur, je le lui envoie en pleine figure en espérant qu'il ne le rate pas, cette fois (ce qui n'est que de la mauvaise foi de ma part, je l'admets).

Ah, le saut de ligne, honni de l'écriture. Théoriquement, tu dois pouvoir abandonner ta lecture à l'un de ces sauts, puis la reprendre à partir de là plus tard, sans te perdre. Tu dois pouvoir aussi commencer au milieu du texte, par un de ces sauts, et arriver à t'y retrouver. A chaque saut doit correspondre un groupe de paragraphes solidaires. Le plus souvent, ce sont des sauts temporels, mais le premier cache quelque chose d'inconcevable. J'ai simplement appliqué un plan de dissertation au texte, de sorte que les trois premiers paragraphes sont rien de moins que l'introduction.
C'est censé aussi aérer le texte et faciliter la lecture, et cela me permet de m'y retrouver plus facilement en cas de relecture et de correction. Enfin, c'est une habitude, du temps où un chapitre comptait cinquante pages, quand il y avait des chapitres.

L'hermétisme.
Ton exemple n'est en effet pas le plus représentatif, mais expliqué brièvement, il signifie que sur un replat se trouvent trois blocs de pierre, élevés bien sûr, avec ici une petite contradiction puisqu'un replat, plat, élève, ce qui revient à dire qu'une horizontale produit une verticale. J'aurais pu écrire "un replat dressait ses trois blocs de pierre".
Je doute pouvoir encore prétendre faire poétique après la bucolique du départ, et puisque j'essaie d'écrire clairement, vouloir m'engager dans une écriture aussi compliquée que la figuration ne me semble pas pertinent. Car au fond, c'est cela qui différencie la poésie, plutôt que donner l'expérience, le fait, elle tente de le figurer. J'ai travaillé longtemps par figuration, ou quelque chose qui s'en rapprochait, que j'appelais et appelle encore la symbolique. Mais force est d'avouer que le passage que tu m'as cité n'a rien de symbolique.

Il y a effectivement une coquille dans les prénoms. "Riss" est l'ancien nom de "Reel", modifié pour obtenir l'idée de "real", un jeu sur l'anglais, opposé à "Tale". Le personnage caché viendra plus tard, et à propos, tu as oublié un autre nom propre.

Je confirme aussi, beaucoup de mots faibles sont restés, la majeure partie parce que je ne voulais pas m'attarder dessus, ou parce que je ne trouvais pas mieux. Le renard aussi a ses limites.
Par contre, pour les vêtements, il s'agit bien de possession, tout comme le pelage possédait les parfums de la forêt. Si j'avais écrit "il y avait la couleur du ciel dans ses vêtements" ou pire, "ses vêtements contenaient la couleur du ciel", l'effet aurait été pire. Je ne veux pas donner la couleur du vêtement, je veux bien dire que le ciel appartient au vêtement, et le vêtement au ciel. Comme tu le vois, j'ai fait le saut de la couleur, tout comme je ferais le saut du vêtement et du pelage pour dire que le ciel appartient à Reel et le parfum à Tale (ce qui répondrait en partie à la question "myrrhe / musc").
Simplement, dans le texte, rien n'indique qu'il faut appliquer deux métonymies et le sens de "posséder" au premier degré.

Quant à la répétition de l'ombre, elle m'oblige à réfléchir... je veux dire que, comme après chaque chapitre des Larmes et chaque texte proposé sur les Chroniques, et après bientôt trois mois de réflexions sur l'écriture qui s'ajoute à plus de deux ans passés (je n'en ai même plus la notion), je réfléchis déjà à ce qu'il me faudra corriger, essayer, tenter, pour réaliser le bon texte.
Pour le second chapitre, dans les anciennes versions j'envisageais de présenter le lieu petit à petit, sans rien expliquer, en laissant le lecteur se perdre avec Tale. Le résultat est assez catastrophique, admettons-le. Cette fois, j'espère introduire dès le départ le lieu, dès le premier paragraphe et clairement, dire "c'est ça", puis seulement après laisser le lecteur le découvrir.
Je me dis qu'il me faudrait essayer la même chose pour ce texte. J'avais déjà voulu surcharger les trois premiers paragraphes de signifiants, mais toujours en suivant la règle de ne rien expliquer. Peut-être me faudrait-il d'emblée dire ce qu'est la créature et l'enjeu même de sa présence, de ce qu'elle veut faire (à savoir atteindre Tale). L'effet produit, du moins au départ, serait violemment concret, pire que descriptif : "on va parler de ça, c'est ça, non c'est pas ça mais ça", mais peut-être que passé cette explication si souvent présentée en parenthèses au début des longues sagas, le texte prendrait tout son sens, et alors je pourrais le décharger de tout cet engrenage compliqué et défectueux.

Mais cette question ne tombera vraiment qu'en juillet.

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il y a 16 ans 5 mois #14438 par Leste-Plume
Réponse de Leste-Plume sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
héhé notre renard se voit contraint de réaliser la quadrature du cercle. Le voilà coincé entre un gnome rouillé du bulbe qui a besoin qu'on le tienne par la main (voire carrément qu'on le porte sur les épaules) et une déesse de la nuit qui estime qu'il faudrait laisser encore plus de latitude à l'imagination du lecteur.

comment va-t-il se sortir de ce mauvais pas? la suite au prochain épisode. :lol:

plus sérieusement maître goupil ceci confirme ce que je te disais plus haut, il y a DES publics et parfois certains peuvent ne pas être à la hauteur des ambitions de ton texte. Faut vivre avec ;)

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il y a 16 ans 5 mois #14439 par Hécate
Réponse de Hécate sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Bon, en théorie je vais réviser Sophocle. ;)
Mais je voulais revenir sur l’histoire des noms propres.

Arf. Sur ce coup là, je ne suis pas fière de moi. :evil: Effectivement, il me manquait un nom. Et pas des moindres. Puisqu’il s’agit de ton fameux « Miles ».
Traduction qui au demeurant me laisse un peu perplexe. Je n’avais effectivement envisagé qu’une version « Archaïque ». En ce qui concerne « Dormi pace », je trouvais à ta formule des allures officielles et gnomiques, d’où le glissement qui tient de la belle-infidèle vers « requiescat in pace ». Toutefois, « dormire » peut signifier « dormir du sommeil de la mort ». Donc le contre-sens tient plutôt du faux-sens. Et je ne rougirai qu’à moitié. :oops:

Reel / Tale.
Bien. C’est le moment où je vais (encore) me cacher. Parce que du reste, je me suis fais la réflexion en lisant « Bigre, pourquoi des noms pareils ! » Et surtout, j’avais achoppé sur la version précédente du chapitre et de fait, j’avais connaissance du patronyme « Riss ».
Malgré tout ça, j’ai manqué l’essentiel.
Entre l’effet de « réel » et l’essence du « conte ».

Voilà. Je vais m’arrêter là. « Œdipe roi » me tire par les pieds. :(

Au demeurant Leste-Plume, il y a DES publics c’est vrai. Et je suis du genre à m’adapter aux plumes. Mais plus encore, il y a DES lectures. Et les lectures du genre de celles que je m’attache à faire pour Feurnard sont…hmm, éprouvantes ? ;)

Malheureusement, c’est ainsi que vont les choses. Il appartient au lecteur de se hisser à la portée du texte. Et parfois, le fait est que c’est peine perdue. Certains auteurs restent des grands incompris. Le travers du Renard, c’est qu’il souffre de n’être pas compris…Parce que de toute évidence, il n’a pas la vanité suprême d’abandonner son lecteur en route et qu’il semble pour le moment rattacher patiemment les wagons. Tant mieux. "L’Elitisme littéraire, c'est mal."

Toutefois, je suis certaine qu’à émonder un peu ta forêt et à désherber un grand coup, tu gagnerais en clarté, beau sire. J’ai bien conscience d’arriver après la bataille. Et mon avis vaut ce qu’il vaut. Cependant, je suis convaincue que ton lecteur réfléchirait bien mieux si tu parvenais à l’obliger à avancer « lentement ».
Mauvais texte que celui qui explique tout : autoroute sur laquelle le lecteur fait du 180 km/h sans regarder le paysage, sans s’arrêter, sans suer ce qu’il devrait.
Mais, extrême inverse : texte insurmontable que celui qui mine le sens par une lettre trop riche et trop dense. A l’image de ta forêt et de tes rangées de troncs serrées. Le lecteur tourne autour, à la lisière, sans jamais rentrer dedans. Hermétique. Vise un peu Mallarmé. La seule chose qui permet au lecteur de pénétrer dans ses crises de vers, c’est qu’il y a la marge et le blanc pour respirer.

Les phrases courtes te filent des boutons. Soit.
Mais le juste milieu est clairement entre ces deux extrêmes. Etonnant, n’est-il pas ? ^^
Retire du caillou, retire du vent, retire clairement du clair-obscur. Ce que le texte gagnera en sobriété, la lecture le convertira en « esprit critique » et en regard aiguisé. Fais crédit à l’imagination et à l’intelligence de ton lecteur !

Pour te servir, beau sire.

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il y a 16 ans 5 mois #14441 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Il est évident que, quelle que soit la forme que je donne à ce chapitre désormais, si je ne le motive pas, si je ne lui donne pas des enjeux clairs, il ne sera jamais réussi. Je me suis moi-même donné la contrainte de ne rien expliquer, de laisser le lecteur deviner, alors que les corrections me poussent en sens inverse.
Pourquoi le dire ? Parce qu'au fond, retirer ou pas ne change rien, si ce qui reste ou ne reste pas n'a pas de signification pour le lecteur. Donner une épée à son personnage est mauvais s'il s'agit juste d'une épée, bon si on ne s'attendait pas à un combat, mieux si l'épée avertit de la difficulté du combat, ou du caractère atroce de la guerre et de la mort, mieux encore si l'épée répond déjà à un problème que le lecteur sait devoir se poser plus tard dans l'aventure.

Je peux donc désherber tout ce que je veux, cela ne changera rien au résultat du texte. Non, à mon sens, je peux satisfaire tout à la fois les lecteurs nains (très bonne image, d'ailleurs) et les lecteurs imaginatifs.
Etrangement, je risque de réécrire encore ce premier chapitre, jusqu'à ce qu'il me convainque moi, et que j'arrive à partir de lui à écrire le suivant. Je ne connais pas de meilleure motivation en écriture que d'avoir une nouvelle écriture à tester.

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il y a 16 ans 5 mois #14462 par Xlatoc
Réponse de Xlatoc sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Bon, allez, je m'y colle, à chaud et à sang.

Avis général : Tes descriptions sont rondement menées, puisque je visualise très bien la/les scènes. Je n'ai aucun problème à voir un renard tantôt debout, tantôt à quatre pattes. L'habitude de féérie sans doute. Je me suis bien immergé dans le récit, sauf à la fin. Le passage dans la chambre, avec la fiole, et le village, bien que relativement bien mené et visualisable, me laisse une impression de "cheveu dur la soupe".

En détail :
Premier paragraphe : une belle description. Souple, une introduction en matière délicate, comme le reste du texte.

Les feuillages perlaient une herbe basse, perlaient d’éclats leur danse sous la caresse du vent

Même avec explications, je bute quand même sur la première proposition. Je pense que l'idée de "perles de lumières" ne me parle pas.

Des oiseaux se détachaient des branches, après les avoir touchées du bout de leur patte, pour, d’un battement frêle, disparaître

Là, j'ai tiqué au début, parce que les oiseaux dans les arbres, on les voit pas bien, donc le verbe "se détacher" me semblait étrange, jusqu'à la fin de la phrase. Là, j'ai compris. J'aurais mis le verbe "se jeter", plutôt.

Deuxième paragraphe : fort mignon aussi, à part deux petites choses
"ensuite remontait tout doucement". Je ne sais pas, dans le rythme de la phrase, les sonorités, les images invoquées avant et après, cette proposition ne "colle" pas. Le vent à l'air de jouer, d'être vif, en plus on est le soir, donc il s'accélère. Bref, ces mots me semblent superflus.
"Il mêlait son sifflement aux appels répétés des animaux." Superflu dans ma tête à moi. La forêt paraît calme et "vide" dans tout le paragraphe. D'un coup BAM, des animaux qui appellent. Ou bien il faut en faire mention avant, ou bien pas du tout, puisque tu y reviens de manière plus souple et agréable après. Ils me paraissent, ici du moins, "en trop".

La suite est super agréable. Tout en douceur et très fluide, on s'y croirait. Là où j'ai tiqué, c'est pour la rosée...elle tombe pendant la nuit, alors en début de soirée, j'ai trouvé cela un peu gros. Et puis, OUF, on souffle. Pendant toute ta description, tu utilises un paquets d'images, de verbes et qualificatifs empruntés à des champs sémantiques inhabituels, alors, je t'avoue, un retour à des descriptions plus simples dans leur forme repose un peu la tête.

Pour faire durer encore, Reel ne s’arrêta pas à dix, mais alla jusqu’à douze, avant de regarder.

J'adore ! Typiquement le genre de truc tout bête qui donne une personnalité, une vie au personnage.

Toute la poursuite est assez rythmée dans la forme de tes phrases. Ce qui me choque, c'est ton unité de temps. Elle semble commencer au moment où le soleil touche l'horizon, et durer très longtemps. Pourtant, elle s'arrête bien avant les dernières lueurs du jour. Illogique, vu la vitesse à laquelle le soleil se couche.

La fraîcheur sur la flore faisait couler des gouttes le long des corps, sur les branches, sur le pelage

Je ne saisis pas bien ton image. Flore arborée ou herbacée ? Si arborée, alors l'herbacée décrite auparavant devrait être plus réduite (floraison à des époques différentes). Si herbacée...je vois pas

Suite : la scène dans la chambre. L'opposition ténèbres/cristal est intéressante, mais demeure la question de savoir que viens faire cette fiole. Je pense cependant que cela sera la suite de l'intrigue, donc...si tu veux nous faire tiquer dessus, c'est tout bon.

J'ai l'impression de voir deux parties : la créature entre, étouffe le renardeau, ouvre la fenêtre, le réveille. Et la deuxième : enlèvement de Tale.
Pendant un long moment, j'ai cru que la première partie était un cauchemar, comme les impressions dans le bois (bien mené donc). Au final, ce que je ressent, c'est que seule la deuxième partie est avérée, la première fait plus partie d'une cauchemard/vision déformée des évènements dans un demi sommeil. J'ai un doute, ne le dissipe pas, je pense que c'est une bonne chose.

Point étrange : la créature de ténèbres est visiblement très discrète. Pourtant, tout le village à l'air de savoir qu'il y a un truc. Tale aurait donc du se réveiller, ou ses parents, bref, un village entre en ébullition. Logiquement, il réveille tous ses membres. Il y a là mystère pour moi...Je pense qu'il a été ensorcelé pendant la journée. Mais pour le reste du village ?

Bref, cela m'intrigue et me donne envie d'en savoir plus.

Juste un petit moins : le rythme de tes phrases, que tu rehausses trop souvent à la fin avec une virgule, qui induit une césure et un prolongement, essouffle parfois le lecteur.
Exemple type :

Il crut à une présence, tapie dans les branchages, qui l’appelait.


Ta césure entre le verbe et le sujet, pour y insérer ton complément, coupe le suspens, le rythme, l'image. A mon avis, ou bien tu zappes le verbe, ou bien tu mets ton complément à la fin. Je serais d'avis de la solution 1.

Autre chose, toujours sur la souplesse et la douceur des phrases : tu gagnerais, je pense, à user d'un peu plus de participes présent/passés, en lieu et place des proposition introduites par "que/qui".
Exemple : Le parfum, qu’un vent chaud attisait, le surprit agréablement ===> Son parfum, attisé par un vent chaud, le surprit agréablement.
Au niveau de la fluidité, c'est, à mon avis préférable.


Bilan : très joli texte. Je me suis bien laissé emporté, et je veux savoir la suite !!

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il y a 16 ans 5 mois #14471 par Xlatoc
Réponse de Xlatoc sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Juste un petit truc pour préciser que je suis très mauvais en commentaire de texte, donc prière de ne pas s'offusquer si mon message précédent apparait très mauvais...pardon

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il y a 16 ans 5 mois #14472 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Cette prudence rappelle la mienne, mais la prudence est inutile sur les Chroniques.

J'avais envisagé toute une série de réécritures, et visualisé à peu près la construction à appliquer pour satisfaire autant Leste-Plume qu'Hécate. Me voici avec un troisième avis, également divergent, et j'en arrive à un problème puisque ces corrections nuiraient, voire annuleraient ce que tu aimes dans ce texte. Je me retrouve donc à réfléchir à un nouveau plan, un juste milieu entre ces trois positions.

Je mets aussi du temps à répondre car je ne trouve presque rien à redire. Ta critique me parle, parce que tu t'arrêtes beaucoup plus au détail, et à la forme. Cela, je l'apprécie vraiment (sans déprécier les autres commentaires, c'est une autre manière d'envisager le texte).

Le passage de la chambre se détache trop du texte, il donne l'impression de ne plus parler de la même chose. Je le maintiens parce que je l'ai vu ainsi (et que le passage de la fenêtre est important pour moi), mais certainement, il me faudra le revoir en entier.
Je me demande si "des perles de lumière se perdaient dans les feuillages" ne serait pas plus judicieux, d'autant que la danse (positive ici, mais qui fait référence à la ronde des démons) pourrait bien disparaître en réécriture. A voir ensuite si "se perdre" exprime bien mon idée, peut-être "s'arrêtaient aux feuillages". Tant que les feuillages forment une barrière entre ciel et terre, cela me conviendrait.
Je pourrais alors enchaîner "à leurs éclats, des oiseaux [insérer syntagme] se détachaient des branches..." Le verbe du détachement me semblait bien choisi, puisqu'il peut exprimer tout autant la distance que la fuite. Le détachement vient aussi de l'idée que les oiseaux dans les arbres, justement, se confondent aux feuillages. Ils "se détachent" donc de ces feuillages, comme s'ils y avaient appartenu. Ce doit être un sens du verbe qui n'est pas partagé. Je ne peux pas le remplacer par "se jeter", ne serait-ce que pour la connotation négative et son emploi dans "jetaient des ombres" plus loin.

Au second paragraphe, la proposition que tu soulignes, en effet, tient du remplissage. Je voulais quelque chose de naïf, mais cela ne s'accorde pas avec l'ensemble.
Je reconnais aussi avoir ajouté, comme une verrue, cette phrase de conclusion, comme une mauvaise rime. Les appels des animaux sont l'appel du démon, ils auraient avantage à discorder, mais je dois effectivement l'introduire avant. En comparant ce texte à une horloge, ici on voit derrière le cadran.

Pour la suite, et la rosée, j'ai fait ce choix étrange, censé être intriguant, sans réellement l'exploiter. La rosée se dépose le soir (et parfois le matin), mais certainement pas si tôt. C'est même tout l'intérêt de la réplique de Tale. Là encore, si je veux garder cette idée, il me faudra la motiver et la prévenir.
L'unité de temps pose problème, pour la rosée comme pour la poursuite. Là encore, je devrai motiver et prévenir ce ralentissement du temps, qui tendrait jusqu'à l'extrême.
La flore par contre ne désigne pas la période de floraison, mais s'oppose à la faune, qui regroupe tout le règne animal. Par flore, j'entends donc tout le règne végétal. Tu as l'air de réduire ce sens à celui des fleurs, sur les arbres ou dans l'herbe, du moins je le perçois ainsi intuitivement. D'après mes définitions, je peux parler de la flore en hiver, en désignant même les buissons épineux (qui ont, dans les contes, l'habitude de se couvrir de fleurs, mais c'est une anecdote).
Je pourrais résoudre tous ces problèmes si je réussissais à adopter l'expression du conte, moins cette sorte de réalisme par défaut qui me colle au poil.

La fiole, comme la chambre, appartient à ce que je vois de la scène, à la manière dont je me la représente. Si le cristal reviendra constamment, l'idée de fiole, elle, en demeurera là. A modifier donc, certainement.
Pour tout ce qui concerne la chambre, sans vouloir dissiper ton doute, il me faudra vraiment retravailler ce passage, entièrement.
Cette phrase, "le village tout entier tenta de l'arrêter", est constamment interprétée comme des paysans qui se lèvent, prennent les fourches et les torches puis vont hurler aux fenêtres. Non. C'est l'existence même du village, sa nature de village, qui arrête le démon. Je vois déjà un avenir de touche [DELETE] pour ce village.

A propos du rythme, très souvent mes phrases auraient dû continuer, mais je les coupe justement pour essayer d'obtenir des phrases courtes. En lisant la citation que tu donnes, je sens déjà tout ce que le verbe devant ce point demanderait comme ajouts, la manière, le rapport, la personne, l'effet, entre autres.
C'est un objet encore trop difficile pour moi que la rythmique (prosodie), mais j'y travaillerai.
Quant aux relatives, à l'emploi du participe dans un texte déjà fortement torturé dans sa syntaxe, je sais que le lecteur finit par les confondre avec les verbes à l'indicatif. On ne gagne pas beaucoup en fluidité, pas suffisamment pour appliquer ce changement, tant que ces virgules subsisteront. Ici, en structure, ce serait : "Son parfum attisé par le vent le surprit agréablement." Mais à ce stade, je remets en question le complément, sa signification.

Pour terminer, je suis en situation où si j'écris une suite, elle ne correspondra déjà plus à ce premier chapitre, ce qui m'oblige à le réécrire encore et encore. Je dois notamment tester la nouvelle structure, que ce soit au premier ou au second chapitre. Je dois encore y réfléchir.

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il y a 16 ans 5 mois #14473 par Xlatoc
Réponse de Xlatoc sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Oui, enfin, ne te formalise pas trop sur mon côté naturalistico-extrémiste. Je ne sais pas pourquoi, autant un renard tantôt à deux, tantôt à quatre pattes me paraît la chose la plus naturelle du monde, autant une rosée qui tombe en fin d'après midi me paraît absurde. Everything has its counterpart, is balanced dirait un vieux sorcier de magie Additive.

Si je te parle peu du fond, c'est parce que le fond de ton texte, justement, ne me parle pas, mais alors pas du tout comme tu l'expliques à Leste-Plume.
Là où tu veux représenter un échec de l'entrée des ténèbres, une frontière permanente, un passage difficile, je perçois, moi, au contraire, une avancée, lente mais inéluctable, depuis le début.

Si la créature ne l'attrape pas dans la forêt, c'est qu'elle fait du "repérage", de l'observation. La créature est lente...aussi lente que la tombée de la nuit. Mais elle avance, c'est inexorable, elle ne peut échouer.

Ce ressenti pour moi s'explique sans doute par l'impression générale du texte : fluidité. Tout le texte se déroule, coule de source, sans vraie pause, arrêt. Des esquives, des échappements, mais c'est tout. D'où mes remarques sur le rythme qui enlève parfois à cette fluidité. Un fluide est difficilement bloqué ou arrêté, tout comme ces ténèbres liquides, qui pour moi s'échappent de la fiole. Dans ce que je ressens, il n'y a pas d'échec, il n'y a que des contre-temps. Cette fluidité est à double effet : pour des lecteurs un peu "inquiets", tels Leste-Plume apparemment, il n'ose pas suivre le courant, et doit recevoir une barque pour se laisser porter. Pour un lecteur plus "acerbe", telle Hécate, cette fluidité est trop lente, et on s'embête à la suivre. C'est mon avis. Et c'est vrai que ton texte est un peu un très long fleuve, qui fait donc peur par sa taille, mais trop tranquille pour être vraiment trépidant à descendre. Il faut bien que je te l'avoue, je n'ai, à aucun moment de ma lecture, été tendu, apeuré, crispé, et pourtant, il y aurait matière avec les peurs de Tale dans la forêt et l'attaque de la créature. Mais non...le rythme du texte et trop lancinant pour faire frissonner. Les quelques sautes de rythme montrées plus haut me font plus l'effet d'un cahot portant un sourire, d'autant qu'elles n'apparaissent pas forcément à des moments dramatiques.

Solution ? A mon avis de moi, il faut utiliser des mots forts, avec des sonorités qui tapent. Piler, déraper, trébucher, fuir (fuir son ami ou fuir la créature). Fait rentrer Tale à reculons dans son buissons, les oreilles rabattues et les pattes crispées. Fais-le se piquer, s'écorcher sur cette forêt qu'il connait par coeur. Et ose la phrase courte. Plein de phrases très courtes à la suite. Carrément, 2 mot, voire 3. Je sais, c'est dur, mes dissertations/écritures ont toujours eut la réputation d'avoir des phrases trop longues et indigestes (moyenne de 4 lignes/phrase avec écriture pattes de mouche), qui m'ont d'ailleurs valu la réaction en 1ère de ma prof de Français : "Lire Jean-Khalil, c'est comme lire Proust, en plus dur à cause des pattes de mouches." Mais si je peux me forcer, toi aussi.

Pour ton village, j'aime bien cette image que tu veux donner, mais la formule est trop hasardeuse et prête à confusion. Plutôt que "village", peut-être faudrait-il faire référence aux bâtisses, qui deviendraient des murs ou des pièges, par exemple. Ou alors quelque chose comme "quitter cet endroit qui ne la désirait pas". Voire, carrément, mais cela en fonction de tes désirs, exprimer le ressenti de ta créature. Mais du coup, elle perdrait de son intangibilité pour le lecteur. Sinon, peut-être Tale, lui, pourrait le ressentir...

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il y a 16 ans 5 mois #14474 par Hécate
Réponse de Hécate sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard

Pour un lecteur plus "acerbe", telle Hécate, cette fluidité est trop lente, et on s'embête à la suivre.


Ou pas.
Je ne pensais pas avoir fait mention de la fluidité du txt, encore moins pour dire qu'on s'ennuyait à la lecture. J'aurais bien plutôt parlé d'une progression laborieuse, mais en aucun cas "trop" lente. J'estime plutôt que le problème tient à la densité de la description. ;)

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il y a 16 ans 5 mois #14475 par Xlatoc
Réponse de Xlatoc sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Oui, pardon...ce que je veux dire par "s'embêter", cela fait référence à ce que tu disais ressentir : on est trop guidé, par assez d'imagination. Donc, on "s'embête" dans le sens : ben on suit, tout est cuit, on a pas à imaginer/faire son propre chemin. Mauvais vocabulaire de ma part, désolé.

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il y a 16 ans 4 mois #14495 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Petit privilège pour ma part d'avoir connu la première version du texte et de connaitre notre animal sur ses phobies et manies. Mais j'ai lu ce texte en oubliant pour une grande moitié que je l'avais "déjà" lu (c'est l'avantage du latin du titre qui ne me laisse aucun souvenir).

Tout d'abord, je trouve cette version meilleure. Meilleure parce que plus rigoureuse et certainement plus claire.
Pour connaitre également la suite, on voit que cette introduction donne déjà pas mal de clés sur ce qui va suivre.

Ici et là les feuilles roussies annonçaient la fin de l’été.


Voilà comment commence le texte. On sait l'attention que tuportes sur tes premières phrases et celles des autres. Que dit-elle, cette première phrase? Et bein que le soleil est un menace et que ce termine la belle saison. Nous sommes donc à un moment précis où les choses peuventbasculer. Donc, djà, ici, nous avons un avertissement. Lumière = danger.

Parmi les arbres les ombres terrestres et aériennes se rencontraient, jouaient ensemble à la frontière de la lumière et de l’obscurité

Voici la suite. Après la lumières, l'obscurité. Un monde dualité. Un monde de jeu également. Paradoxalement, l'ombre possède des conatation plus positives que la lumière. Ombre = protection de cette lumière.

Puis arrivent les oiseaux. Et une scène que tu qualifie souvent de "bucolique". Effectivement nous avons de quoi nous réjouir, la nature s'amuse, il y a des felurs, la végétation respire de vie et pourtant... A l'oiseau tu associes systématiquement un signe de violence: se détacher; percerx2 (répétition involontaire?); déchirer. Donc cette nature est violente derrière ses apparats bucoliques.
Puis l'avertissement: "au loin, très loin sonne la cloche du village".
Tes fidèles lecteurs connaissent ton univers symboliques (et quasi lovecfartien). La cloche est chez toi toujours un signe d'alarme. L'avertissement lié au monde des démons. Cetres, c'est toujours tiré par les cheveux dans la mesure cela t'es très personnel et que 'lon n'est pas sensé te comprendre. Mais, comme j'ai cité Lovecraft, tout comme lui, tu donnes tes indices à qui te connait. En ce sens, je pense que tu détiens une qualité.
Autres connaissance: le renard. C'est toujours un plaisir de te voir nous le présenter sous toutes ses formes. Puis, son penchant dans tes textes: le démon. Voilà que tu posé ton décor, un décor balisé pour le lecteur Feurnarophile. Et comme tu le présente au début de ton texte, nous sommes dans une sorte de jeu. Et la lumière et l'obscurité sont les principaux acteurs de ce jeu. Le lecteur est là pour trouver les règles qui lui permettront de saisir le Sens..

Hecate a montré à quel point tu insistait sur la lumière et l'ombre. Par rapport à la première version, je trouve que c'est plus fort et plus clair. Plus cohérent, moins dissonants, je dirais. Chacune possède sa dualité.
Au début, le soleil est associé au mal. Et l'ombre aux biens. Puis, comme souvent dans ton texte, nous assistons à une inversion. Cette ombre protectrice devient elle-même un lieu dangereux.
Et encore une fois, alors que la lulière se retire du lieu, tu nous proposes un jeu, un simple cache cache.
Autant la première partie flirte parfois avec les clichés: le soleil brille, les oiseaux chantent et les fleurs sentent bon. Tous les ingrédients sont là mais subversivement contaminé par des intentions malsaines. Par la suite, on te sent encore plus à l'aise pour introduire le monde des ténèbres. Cette fois-ci en t'éloignant de tout risque de clichés.

Maintenat, tes personnages. Par rapport à ta première version, ils paraissent quasiment secondaire; On a presque l'impression qu'il ne sont là que par accident et que tu ne t'intéresse pas vraiment à eux. Tu as ôté le côté froussard de Tale. Mais tu ne lui as rien donné en echange. Il est un peu un cobaye à qui l'on s'essaie à des expériences. Mise à part quand tu joues avec ses vêtements et le capital sympathie d'un renard, nous avons du mal à s'intéresser à lui. Pourquoi? Parce que tu ne nous l'as pas vraiment fait vivre devant nous. C'est un animal de compagnie. Quant à Reel, il n'existe pas vraiment. C'est en gros un prénom.
On te fait le reproche de ne pas "intéresser" le lecteur. Je crois que tu y arriveras aisément si toi-même tu te mettais à aimer tes personnages. Tu te complets à les rendre "fonctionnels" mais pas à les faire vivre. J'avais souvenir que ta première version les laissait vivre d'avantage. Ici, on sent que le décor est plus important qu'eux (et que ce décor tintéresse dvantage). C'est là le principal écueil du texte.

Allez ! Une dernière partie ! Je serai le loup

Voilà l'un des seuls phrases de Reel. Je la trouve très étrange (outre qu'un loup puisse jouer avec un renard ;) ), du moins, lourde de sens. Reel devient ambigu. Tale , dans le jeu, a peur et Reel ne fait rein pour la diminuer. S'il est le loup, c'est donc en partie le démon qui poursuit Tale. En tout cas, ta scène est assez ambigue. Pourtant si c'était Reel la menace, on se dit que Tale ne devrait pas avoir peur, puisque que c'est un jeu. Donc il y a un 3eme personnage.

La denière scène est encore assez criptée. Toput n'st pas clair..
Bon je terminerais plus tard. Un impératif m'oblige à vous quitter.
J'espère cependant que Fufu a déjà de quoi grignoté pour quand je reviendrais! :D

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il y a 16 ans 4 mois #14520 par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Qu'ajouter, après tout cela ?

Je ne me souviens plus de la version précédente, et c'est très bien ainsi.
Ce qui est intéressant, c'est la progression qui transparaît clairement dans le texte, avec le soleil qui se couche et les ténèbres qui gagnent du terrain. D'ailleurs, tu utilises énormément le terme "fauve" (l'expression la plus marquante étant "les yeux fauves de la nuit"), je suppose que ça n'a rien d'un hasard (fauve, loup, tout ça...). Cela dit, je n'irais pas jusqu'à penser, comme Zara, que la lumière est dangereuse, bien au contraire : c'est bel et bien la nuit que le pauvre ch'tit renard est enlevé.
Par ailleurs, si la progression apparaît de façon évidente, elle est quand même un chouïa lourde, avec les mêmes termes répétés trop souvent à mon goût (je t'avais déjà fait la remarque quant à la 1ère version, je crois). C'est un peu redondant, alors que l'oppression pourrait être bien rendue grâce à la seule séquence du jeu de cache-cache.

Quant aux personnages, bon : Réel est un nom un peu tarte, je trouve, même s'il a un sens important dans ton récit. Alors que Tale sonne plutôt bien. Bon, après tout, on s'en fiche.

Une petite remarque quant à la fleur : au début, elle est clairement associée au rêve ("Il voulut la lui rendre, mais le renard s’était renfermé sur lui-même, pour sombrer dans le rêve.") ; or, elle disparaît par la suite, et on peut donc supposer que c'est la part de rêve qui disparaît. Et cela semble aller un peu à contre-courant du reste du récit, notamment de sa fin (et d'autant plus lorsqu'on connaît le chapitre suivant). J'ai dû me planter dans mon interprétation.

Sinon :

Tu crois que demain sera pareil ? - Qui sait ? répondit Reel. - Mais nous serons toujours ensemble ?

J'hésite. D'un côté, c'est un panneau indicateur clignotant pour le lecteur, quant au fait que NON, demain, ce ne sera pas pareil et ils ne seront pas toujours ensemble ; de l'autre, c'est dans le ton de ton texte, qui ne tient (j'ai l'impression) absolument pas à installer un certain suspens, un certain doute sur l'issue du "chapitre", mais plutôt à nous y amener de la façon la plus évidente, douce possible. Inutile de se leurrer : dès le début, on sent qu'il y a congre sous caillou et que Tale (ou Réel) va passer un mauvais quart d'heure.
Enfin, en l'occurrence, Tale le vit plutôt bien :

Quand il sentit la chaleur de ce corps, le renardeau par instinct s’y blottit.

Amusante, cette phrase. Il y a une sorte de paradoxe, comme si l'obscurité (l'ombre) était chaude, alors qu'elle rimait plutôt avec le froid jusque-là. Cette créature n'apparaît en fait pas si méchante/cruelle/abominable, mais plutôt délicate, presque maternelle.
Et du coup, j'en viens à aller dans le sens de Zara quand il parle de l'ombre comme d'une protection. Damned.

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il y a 16 ans 4 mois #14524 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Juin 2008] Dormi pace, Miles... - Feurnard
Je n'aime pas Reel. Je n'aimais déjà pas Riss (je ne pouvais pas m'empêcher de me faire le jeu de mots "hé Riss !") et s'il ne tenait qu'à moi (paradoxalement il ne tient qu'à moi) ce personnage se recevrait un bon coup de poing. Riss avait déjà un nom de brosse, si Reel peut avoir un nom tarte, c'est autant que mon égo aura obtenu contre lui (l'abstraction qu'il est).

La remarque de la fleur a son importance parce qu'elle montre bien que j'inverse tout.
Pour simplifier, oui, la fleur dans cette version symbolise le rêve (qui lui-même symbolise la volonté, mais ça, c'est plus compliqué). En effet, la part de rêve disparait une fois arrivé dans le manoir : le manoir est la rencontre avec la dure réalité. Inversément, même en réalisant une forêt parfaite, bucolique et donc utopique, au final je voulais l'effet d'une forêt réaliste, qui semble concrète. De même, je veux que le manoir semble un rêve (alors que pour le kitsune de base, c'est un lieu banal).
Ton interprétation est exacte, je dirais au-delà des apparences. La forêt est un rêve et sans spoiler (puisque rien ne permettra jamais de le dire dans l'histoire), un rêve d'Eden sur terre. Comme pour le banquet, initialement cette histoire (qui traite quand même de démons) possédait quelques symboles chrétiens (la cloche n'en est pas absente, il y avait une croix dans le hall) mais comme pour le banquet je les évite à tout prix. Inutile d'invoquer Dieu pour dire des trivialités.

Ah, le seul dialogue du texte. En structure discursive, c'était le seul endroit où ils pouvaient se parler (ils auraient pu après la partie de cache-cache mais en termes de pertinence, c'était moins probable). Je me suis dit qu'il me fallait absolument mettre un dialogue là, aussi court soit-il et je suis tombé là-dessus.
Je savais avant même de proposer le texte qu'en cas de réécriture cette phrase tomberait la première, bien avant de supprimer l'ensemble. C'est pour moi affligeant de banalité, peut-être une tentative de retour aux sources.
Ce discours pose d'autant plus problème que Tale n'a droit qu'à une dizaine de mots alors qu'à cet instant il peut pratiquement tout dire (et selon ce qu'il dira, les objectifs, les thèmes de l'histoire changent avec). Pour exprimer la même chose, je peux le faire regarder tantôt vers le futur, tantôt vers le passé, tantôt spatialement vers la pierre ou le ciel.
J'ai beau dire que je reprends tout de zéro en réécriture, les structures subsistent et ce court dialogue non seulement ne disparaîtra pas (même si je le remplirai de ce qui me conviendra) mais ne changera très certainement plus de place. Il me faut juste trouver les bonnes phrases pour exprimer en dix mots toutes les préoccupations de Tale (et il y en a beaucoup) et surtout la complexité presque schyzophrène d'un renard.

Et je ne peux que confirmer le propos de Zara' : l'ombre protège et la lumière est dangereuse, même si en définitive l'ombre est à craindre et la lumière à chercher. Tale recherche l'ombre dans le chapitre trois, d'ailleurs et c'est un détail que je n'ai pas marqué dans le texte, il la cherche aussi durant la partie de cache-cache. Au chapitre deux (et trois, même si en suivant Post-Scriptum je devrais modifier), le démon apparaît dans la lumière.

Il y a encore beaucoup de travail et cette réécriture m'aura surtout permis d'élaguer énormément. Si je trouvais le temps de prendre le temps, je pourrais enfin faire quelque chose de convenable.

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