file Matin d'abordage

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il y a 12 ans 9 mois #17948 par Demosthene
Matin d'abordage a été créé par Demosthene
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Matin d'abordage **

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il y a 12 ans 8 mois - il y a 12 ans 8 mois #18037 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Matin d'abordage
De tous les textes que j'ai lus de toi, c'est certainement le meilleur.
D'abord, on retrouve les qualités des autres: descriptions réalistes, sens du détails (et je dirais presque du vécu?). Dès le départ, en quelques phrases, tu arrives à nous faire plonger dans un monde qu'on ne connait pas vraiment mais qui devient très crédible. Il y a juste la première phrase qui lance le récit qui ne me semble pas bonne.

Le fond plat du pneumatique cogne une nouvelle fois sur une vague, éclaboussant les occupants de la première embarcation de gouttelettes d'eau tiède.

En fait, non, elle est excellente car le rythme est bon, on a vraiment l'impression de cogner sur la vague et de resentir les goutelettes avec la structure que tu as choisie, mais pour moi, ce n'est pas une phrase de début. Il me manque une phrase avant pour être ainsi secoué. :)

La peau noire comme la nuit, les yeux des pirates et le métal de leur kalachnikov sont les seules choses à refléter la lumière.

Pour cette phrase, je n'utiliserais pas le terme de pirates ici. D'abord parce que le terme de kalachnikov nous fait comprendre très vite que ce n'est pas des gens en vacances mais je pense qu'il serait au contraire inétressant de jouer avec le lecteur pour lui faire sentir les choses petit à petit pour l'intriguer sur ces étranges personnes. Ce serait une façon de créer une tension, un suspense.

Les embarcations légères filent à travers la nuit silencieuse du Golf d'Aden en direction d'une cible potentielle, un tanker repéré depuis plusieurs jours par un village plus haut sur la côte somalienne.

Là aussi, "cibles potentielles" est inutile puisque tu dis qu'ils ont déjà repré leur cible. Si on poursuit l'idée qu'on ne sait pas qu'ils sont des pirates, il s'agirait ici de les faire chercher quelque chose de précis sans le nommer et de donner peu à peu des signes qu'ils s'approchent de leur cible et qu'on découvre le plus tardivement qu'il s'agit d'un tanker. Surtout que tu as créer un éclairage assez intéressant. Je pense que tu ne l'exploites pas assez, tu pourrais un caractère encore plus étrange, angoissant. Tu as là un merveilleux décor pour travailler une ambiance, tu l'exploites mais sans doute trop rapidement. Je suis sûr qu'on peut en écrire des pages et des pages (j'exagère, car ce serait un peu vain, mais la lumière de fin de nuit avec la mer, ça doit te permettre de jouer avec les métaphores, à piquer la curiosité sur ce quipeut suivre, de jouer avec le lecteur.

Sur les deux canots, les hommes relèvent la tête. Nous sommes tous pareils, pense Makir. Certains semblent trouver du courage dans l'attente du combat, d'autres le cherchent encore alors que le moment approche. Lui est terrifié.

Je trouve ici dommage que tu ne poursuive pas le monologue inétreiur que tu commences. "Lui est terrifié" a beaucoup moins d'impact que des choses à la première personne. Plutôt que de dire "il est terrifié", fais-nous partager cette terreur.
Exemple: "Mais pourquoi suis-je à bord? Pourquoi ai-je l'estomac qui se noue de plus en plus maintenant que je vois cette masse immense de métal devant moi? Elle est inoffensive , cette masse. Et je tiens dansles mains de l'acier bien plus dangereux! Oui, sers donc ton arme contre toi! Cela t'apaise, non? Oui. Cela semble m'apaiser. Mais non, il n'y a rien à faire, j'ai tout simplement peur de etc."

C'est pas très original, ni un modéle de tension, mais c'est pour me faire mieux comprendre. Je pense que tu as un moment clé pour nous faire plonger dans ton personnage central. Tu peux enfin créer unpint de focal pour le lecteur qui ne va plus regarder une scène d'action mais qui va s'intéresser à Makir. Vivre à ses côtés. Et cela peut te permettre de réutiliser d'autres plongée dans l'esprit de Makir sur la suite du récit.

Terrifié par ce qu'il fait, par ce qu'il va faire, et par ce qu'il arrivera s'il ne le fait pas. Il pense à sa famille, à son village qui attend cet argent pour vivre un mois de plus, au chef de guerre qui prendra les trois-quarts de la rançon pour son armée de la libération. Il pense à ces hommes sur le pétrolier qu'il va menacer. Seulement menacer, espère-t-il. Que pourraient-ils faire de toute façon. Ils ne sont pas armés. Ce sont des marins indiens, grecs, philippins, avec un capitaine européen si les pirates ont de la chance. Ils ne sont pas là pour se battre. Eux aussi, ils nourrissent leur famille, pense-t-il.

Du coup, tu veux nous expliquer pourqoi il est terrifié. Or, une terreur ne s'eplique pas vraiment, elle se sent. Je ne suis pas sûr qu'en plus que tout ceci soit un raisonnement de pirate. Je pense qu'il s'en fout de la famille des autres.
Tout ce que tu dis, tu pourras le dire plus tard quand il sera sur le tanker. Là, il découvre de pauvres types qui sont comme lui. Or du coup, tu es obligé d'être redondant en nous disant qu'effectivement, ils sont bein comme il l'avait imaginé. C'est une sorte de non suspense que tu crées. Tu dis: normalement c'est facile, et à la fin, tu confirme que c'est facile. Alors pourquoi être "terrifié" si c'est la routine?

Levant les yeux, Makir voit par les vitres inclinées de la passerelle les marins qui se regroupent et s'alignent d’eux-mêmes, mains sur la tête. Se sachant perdus, ils sont déjà en train de se rendre. Il remercie silencieusement les dieux de sa tribu d'avoir à faire à des hommes intelligents.
Dix minutes plus tard, les pirates sont maîtres du bâtiment et de ses 200 000 tonnes de pétrole. La cargaison vaut à elle seule 150 millions de dollars, sans compter le bateau et les hommes. Une belle prise, pour une belle rançon. Les marins sont conduits et enfermés dans le carré et on laisse un garde devant la porte.


Tu vas certainement trop vite. Il y a certainement de quoi créer un peu plus de suspense. Il faut aménagé un peu de suspense. Surtout que là aussi, tu peux nous plonger dans la tête de Makir pour donner un peu de vie à la scène. Là, tu prends tellement de hauteur pour décrire la scène que tu nous frustres. Mais je trouves que toute la scène qui précédait est par contre très bonne, très lisible, rythmé, crédible. D'ailleurs, je ne souligne que ce qui me parait mériter des remarques, car comme je l'ai dit en ouverture, je trouve ton texte pas mal du tout.

Pour la suite, juste une petite rearque: tu as 4 paragraphes qui commencent par Makir. Ca crée un côté mécanique (et c'est un travers qu'on souvent les écrivain qui débute, mais ce n'est pas tout cas, car le reste des paragraphes ne reprends pas la structure: machin fait ça..blah blah. Machin fait ci... blah blah Truc fait bidule etc.). Cela montre que tu commence tes paragraphes en te focalisant sur lui, mais purtant, tu n'arrives pas vraiment à nous faire vivre ses sensations, tu restes trop extérieur à lui, trop dans le geste et l'action.

Pour le reste, je n'ai rien à rajouter. Il y a juste un manque d'enjeu qu'on retrouve dans plusieurs de tes textes. Bon, là, ils sont poursuivis par des hélico, mais on a rien pour se projeter véritablement dans l'histoire. Mais ce texte est assez court, donc tu as certainement le temps. Mais s'il s'agit d'écrire un récit d'aventure, je pense qu'il faut qu'on en ait un peu plus. Par exemple, qu'il se passe quelque chose de pas normal sur le bateau qui laisserait entendre que ce n'est pas que du pétrole, ou qu'il y a un traitre, etc. mais encore une fois, nous n'avons pas encore assez de proximité avec les personnages pour s'intéresser véritablement à eux et pas assez d'éléments pour se dire qu'on va vivre une histoire palpitante.
Nous avons donc une histoire avec une ambiance, un cadre crédible, un style précis, parfois riche. Un sens du rythme (dans la scène final et dans le début de l'abordage). Bref, tu as beaucoup pour faire un excellent texte. Il te manque maintenant un vrai contact avec ton lecteur. On a l'impression que tu ne t'intéresses pas à lui (en tout cas dans ce que j'ai lu de toi c'est assez récurrent), on a l'impression que tu cherches d'abord à te prouver que tu es capable de raconter ton histoire. Et effectivement tu as un vrai potentiel mais il faut que tu arrives à ancrer davantage le lecteur dans le récit, à le rendre moins passif et moins en situation d'attente. C'est une remarque plus globale car ce récit est celui où c'est le moins marqué, et c'est pourquoi c'est celui que je préfère pour l'instant.

En espérant t'avoir éclairé...

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il y a 12 ans 8 mois #18038 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Matin d'abordage
:) Non, ce n'est pas du vécu : Je n'ai jamais donné l'assaut à l'AK47 sur un pétrolier dans le golf d'Aden (ça c'est si jamais les RG passent par ici). C'est du biographique par contre, du terriblement banal et fréquent, raconté/vécu par une personne proche, à qui j'ai fais lire le texte, et qui en confirme elle aussi le réalisme.

Donc réalisme et description, check.

Je retiens surtout qu'il me manque (encore et toujours) cette prise de risque qui accrochera le lecteur, cette surprise et ces personnages qui donneront du relief au récit.

Bon, il me faut un exercice pour ça, un texte dans lequel je ne mettrais pas trop de moi, pour pouvoir le tordre et le torturer, et le poster ici pour qu'il soit assassiné et que ça me motive à recommencer. Je fini la 3ème aventure de Weaving, et le Lien, et j'attaque ça.

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il y a 12 ans 8 mois - il y a 12 ans 8 mois #18074 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:Matin d'abordage
Bon c'est donc le premier texte de ta part que je lis et ça me plaît plutôt bien.

J'avais prévu quelques points à mentionner mais il me semble que Zara m'ait volé le travail. Bien vu donc et je plussoie sur la plupart des remarques.

Rapport au terme 'Pirate' : tu cherches dans ton texte à mettre le lecteur à la place de Makir et inutile donc de le juger comme un pirate de suite. Lors de ma lecture je le voyais plus comme un chasseur, le pétrolier sa proie, tels les premiers baleiniers qui s'attaquaient à de colossaux animaux.
Ainsi donc, comme le dit Zara, je retirerai le terme de pirate ainsi que la spécification de sa nationalité. Pourquoi ? Parce qu'à ce moment là on entre dans le récit biographique de plein pied.
J'aurai plutôt vu qu'il était d'une nationalité quelconque et à lire le texte sans ces termes on pouvait identifier un peu de SF façon Mad-Max, Waterworld et à la fin, après légère réflexion le lecteur se rendrait compte qu'il y a des endroits sur Terre où la SF est quotidienne (je passe sur la tendance 1984 en occident).

Rapport au rythme, tu démarres sur une partie sombre, la vue sur la proie puis l'attaque. Mais cette attaque n'est pas assez brusque à mon goût. L'accroche du pétrolier/l'arrivée sur le pont et la découverte des points sur le radar : ce sont à mon goût les 2 points charnières de ton texte mais tu ne le fais pas sentir dans ton écriture ou dans ta mise en paragraphe.
On devrait en effet rompre avec le rythme lent précédent et passer à des phrases courtes, sèches puis qui ralentissent avec la disparition de la tension ("ils se rendent") avant de repartir à l'apparition d'ennemis au radar, etc... comme des vagues. ;)

Dernier point : j'aurai vu dans la description un jeu plus fourni sur les couleurs, surtout sur ces latitudes où la transition couleurs froides/couleurs chaudes est marquée par la nuit/mer et le soleil (façon Constant Gardener pour le film ou encore Métal contre métal écrit par notre bon Vuld Edone) avec de forts contrastes. D'ailleurs sur l'eau ils sont dans le froid puis passent dans le chaud sur le pont.


Voilà donc comme commentaire (plus qu'une critique réelle) pour ma part : retirer les mentions qui attachent le récit à la réalité pour laisser le lecteur s'en rendre compte et prendre la mesure de la chose ; jouer plus sur le rythme des phrases ; jouer plus sur le jeu des couleurs pour marquer l'opposition qui se joue sous ces latitudes.
Après c'est ma vision des choses, surtout pour les One-Shot où il faut AMHA plus marquer les différences, le relief et le rythme pour vraiment faire mouche. Sur un texte court du genre, on peut se permettre une légère exagération qui ne passerait pas dans une saga.

Pour autant, ne t'y trompe pas, j'ai beaucoup aimé : bref, intense et immersif !!!

Edit : peut-on avoir dans les bonus plus de détails au sujet de ta connaissance ayant vécu la chose ou approchant ? Pas forcémment le côté people-voyeurisme, mais son retour sur ton texte ou ce qui a mené à cette écriture ?

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il y a 12 ans 7 mois #18089 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:Matin d'abordage
(Non, je ne suis pas mort. J'ai consacré mon temps disponible à l'écriture, et la lecture et ma présence ici en a fait les frais.)

Merci Krycek pour ton appréciation. Je retiens un rythme à revoir, et comme pour Zara, une distance par rapport au réel pour laisser le lecteur s'identifier. J'irais dans ce sens là une prochaine fois.

Les marins et leurs histoires extraordinaires, c'est loin d'être une légende. Il y a peut être de l'exagération parfois, et sans doute beaucoup de pudeur à d'autres moments. Mon père était capitaine sur un pétrolier, et cet abordage fait parti des histoires que j'ai souvent entendu de sa part et de ses collègues, d'un autre point de vue toutefois.
J'en ai d'autres en stock, mais je ne voudrais pas vous saturer d'histoires nautiques ;)

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il y a 12 ans 7 mois #18091 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:Matin d'abordage
Ah mais si ! On en a pas tant que ça. Je me souviens que Vuld en avait une saga sur un bâteau armé et que Monthy3 avait ses Contes et Nouvelles des Antilles.
Je ne sais pas pourquoi, mais quand on me parle de nautisme, rien qu'à l'évocation de "prendre la mer" une ambiance s'installe de suite. :)

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