Le Lien - 3 - Y'a quelque chose qui coince...
- Demosthene
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J'ai publié les chapitres 1 et 2 d'une nouvelle qui s'appelle "Le Lien" et pour laquelle je coince au 3ème chapitre. Problème de rythme, d'ambiance, de ton, d'accélération ? Je ne sais pas trop quoi, mais ce 3ème chapitre et sa fin me laissent un arrière de gout de "C'est pas mal, mais tu aurais dû le faire autrement". Je m'en remets donc à vos avis pour me faire part de vos sentiments sur ce chapitre. Qu'en pensez-vous, et surtout, que dites vous de la fin ?
Il est évident que la lecture des chapitres 1 et 2 aiderait, ils sont lisible ici :
ici.
** 3 - Matching pairs **
Le coeur encore tambourinant dans la poitrine, Kriss reprenait lentement son souffle au milieu du quai encombré, en tentant d’approcher des afficheurs numériques. Dans son malheur, elle avait finalement de la chance. Tout comme elle, l’express accusait ce matin vingt minutes de retard. C’était la première fois depuis longtemps qu’elle ratait ainsi son réveil. Les rayons du soleil avaient fait le travail, eux, mais un peu tard. S’en était suivi une course d’obstacles faite de douche, d’habillage et de sprint jusqu’à la gare. Les quais étaient bondés, normal vu l’heure plus tardive et vu les retards, peu fréquents sur cette ligne au demeurant. Sur les quais en béton se pressaient des centaines de gens, foule bigarrée et compacte du matin qui ajoutait par son fourmillement à l’air matinal déjà étouffant. Elle regarda autour d’elle et fut presque surprise de ne voir que peu de trace d’énervement face à cette situation pourtant inhabituelle. Quelques rares personnes partageaient leur rancune à l’égard des trains ou leur crainte de ne pas être à l’heure au travail. La majorité, en revanche, repassait des souvenirs de la veille. Où qu’elle porte son regard, Kriss tombait sur une anecdote, une coïncidence ou une belle histoire qu’avaient vécue les autres voyageurs. Et toutes étaient plus improbables et plus jolies les unes que les autres. Ici un homme avait rencontré un amour d’enfance au détour d’une ruelle, là une jeune fille s’était trouvé par hasard sur le chemin de son groupe de rock préféré et ils l’avaient emmenée en soirée avec eux, là un grand père avait reçu un message de son petit fils alors qu’il ne l’avait plus vu depuis longtemps. Kriss sourit devant autant de bonne humeur, et sortit son livre. Du bout du doigt, elle l’ouvrit au niveau du marque page pour constater qu’il ne lui restait plus qu’une petite page avant la fin du tome, et que le Chevalier de Longcourt se trouvait une fois encore en grand péril.
En soupirant, ses yeux lurent la dernière phrase alors que les hauts parleurs de la gare annonçaient l’approche du train. Elle fermait le livre et laissait, un peu frustrée, le héros entre la vie et la mort lorsqu’une voix féminine l’interpella.
- Excusez-moi, Kriss ?
La personne qui lui parlait lui était vaguement familière (Megan Dominguez, 36ans, comptable, “Mhmm, une soirée romantique ! Merci Chéri”). Elle avait parfois croisé ce visage dans l’ascenseur du building de son bureau.
- Nous ne travaillons pas loin je crois, et je vois que vous avez fini le tome neuf à l’instant. Lui dit Megan, souriante, en désignant son livre du regard. C’est prenant comme histoire, n’est-ce pas ? Vous... Vous voulez lire la suite ?
Elle sortit de son sac le tome suivant de la série et le tendit à Kriss qui ne voyait pas trop quoi dire.
- Je l’ai mis dans mon sac ce matin sans savoir pourquoi, dit-elle avec un sourire. Je passerai à votre étage le chercher un de ces jours, ajouta-t-elle avant de plonger elle aussi le nez dans son livre, le tome douze à ce que Kriss crut voir sur la couverture.
Le train entra en gare dans un glissement silencieux. La marée humaine se pressa vers les portes et se déversa dans les wagons. Sans un bruit, l’engin reprit sa course, lLes quais restant là, vides.
A bord, serrée entre un grand type au regard sombre (Allan Berth, 37ans, avocat, “Recroiser un amour d’enfance, c’est un drôle de moment”) et une jeune fille un peu punk (Lise Vinet, 21ans, étudiante en art, “Vous saviez vous qu’il y avait une salle de concerts au 38ème étage du 4 Patrick Street ?”) Kriss revivait sa soirée et sa rencontre avec Nathan. Perdue dans son livre, elle ne remarqua pas les écrans publicitaires qui s’allumaient tous simultanément. Ce n’est que lorsque le silence se fit, qu’elle leva les yeux.
Sur un fond noir, une créature androgyne et séduisante souriait et semblait parler. Ceux qui voulaient savoir ce qu’elle disait l’entendaient instantanément. “Ocy est fier de vous présenter sa dernière innovation sur le Lien : le service Matching pairs. Chacun de nous peut apporter quelque chose au monde. Nous avons tous quelque chose à lui offrir. Le Lien vous y aide, désormais, en guidant ceux qui ont à offrir, vers ceux qui ont besoin de recevoir. “ Le communiqué ne donnait pas plus de détail, et se terminait sur le logo Ocy surmontant leur credo : Pour un monde plus humain.
Le silence perdura dans le wagon, personne n’osait bouger, tous réfléchissaient à ce qui venait d’être annoncé. Le silence du monde réel était pesant alors que sur le Lien ce communiqué avait l’effet d’une bombe. Les statuts changeaient à vitesse folle, des torrents d’informations déferlaient de partout. Sur bien des visages fleurissaient des sourires. Tout se passait tellement vite. Brisant le silence, un homme éclatait de rire. Deux amis aussi surpris l’un que l’autre se serraient dans les bras, et partout sur le Lien se publiaient de nouveaux statuts. Chaque personne y allait de son commentaire, de sa répartie, de son exclamation. Kriss balayait le wagon du regard, mais ne pouvait plus suivre ce qui se passait. Tout allait trop vite, trop de mots, trop d’émotions échangées. Elle ferma les yeux, et ne pensa plus qu’à elle-même, à ce qu’impliquait ce nouveau service, à cette nuit passée en ville, aux coïncidences superbes qui n’en étaient plus, plus forcément. Le Lien devenait capable d’influencer subtilement ses utilisateurs, c’était magique, génial et vaguement inquiétant. Elle pensa au 36th Sreet Lounge Square alors que sortir en semaine n’était pas dans ses habitudes, aux nombreuses bières alors qu’elle ne buvait que peu, au Jazz qui ne faisait pas partie de ses goûts musicaux et à Nathan. Son visage passa dans sa mémoire et aussitôt elle connut les pensées qu’il partageait. “Quelle invention fantastique” disait-il. Et cette phrase était associée au souvenir d’une fille qu’elle ne reconnut pas immédiatement, et qui avait pourtant ses traits.
Le train avait filé, et il les déposa à Central Station avec dix minutes de retard seulement par rapport à l’horaire habituel. Après une marche rapide, Kriss se retrouva assise à son bureau, derrière son terminal. Devant un écran qui n’avait pas bougé depuis plusieurs minutes, elle avait les yeux dans le vague, et repensait à ce communiqué, au Lien, à Nathan, à cette soirée où elle ne se reconnaissait pas.
“Est-ce qu’il me plaît ?” se demanda-t-elle. Pas tellement finalement, il était gentil, mais elle n’avait pas envie d’une relation, pas maintenant et pas comme ça.
Ses yeux tombèrent sur le livre qu’on lui avait prêté par surprise une heure auparavant. Décidément, ce matin avait étrangement commencé.
“Et ce n’est pas fini” pensa-t-elle, avec un mélange d’anticipation et d'appréhension.
La journée fut bizarre et rapide. Entre collègues, les discussions allaient bon train. On s’interrogeait sur les évènements des dernières vingt-quatre heures. On tentait de faire le tri entre ce qui tenait de l’heureux hasard et ce qui était provoqué. L’avis qui semblait dominer était que le hasard soit fruit d’une impulsion interne, ou d’une impulsion extérieure, le résultat était le même et de toute façon sacrément agréable. Kriss observait tout ça. Comme à son habitude, elle parlait peu. Ce jour là par contre, elle ne souriait pas.
Alors que le jour déclinait et bien qu’ayant prévu de rentrer tôt pour rattraper son retard de sommeil, Kriss restait là pour terminer une dernière ligne de programme, corriger une erreur ou ajouter un commentaire. Les bureaux étaient presque vides lorsqu’elle fut enfin satisfaite de sa journée, se saisit de son sac et quitta le bâtiment.
Elle descendit comme la veille jusqu’au niveau de la rue et entama une marche dans la chaleur du soir, en se dirigeant à peu près en direction de Central Station. C’était peut être encore un effet du Lien, ou une circonstance particulière, mais tous les gens qu’elle croisait avaient le sourire et semblaient heureux. De fourmilière inhumaine et frénétique, la ville semblait devenue une volée d’oiseaux bienveillants jouant dans l’air tiède du printemps. Kriss aussi sentait au fond d’elle comme une joie sympathique, inexplicable. Et elle était là, heureuse d’être au milieu de ce monde, de partager cette joie inconsciente qui animait les passants anonymes. Tout autour n’était que sourire et guimauve, jusqu’au visage heureux de l’homme qui s’approchait d’elle, une glace dans chaque main.
- Salut Kriss, lui dit-il en tendant un des cornets, visiblement ravi.
- Salut Nathan, lui répondit-elle en souriant. Laisse-moi deviner... Sans trop savoir pourquoi tu passais là par hasard avec une glace Chocolat blanc-poire, justement mes parfums préférés ?
- Oh non, répondit-il avec un sourire charmeur, cette glace est pour toi, et le choix des parfums vient des photos que tu as publié cet été. Ah oui, et ton adresse professionnelle est dans ton profil. Par contre, c’est bien que je t’aie trouvée si vite sans quoi tout aurait déjà fondu.
Kriss n’objecta pas qu’elle prenait habituellement le métro et qu’il aurait très bien pu ne pas la croiser. Elle préféra profiter de la fraîcheur des sorbets en observant Nathan. Il souriait toujours, content de sa surprise, et semblait heureux. Ses yeux sombres brillaient de vie, et lui donnaient un air malicieux et vaguement attirant. Elle avait passé une soirée avec lui, mais ne l’avait pas vraiment regardé, détaillant sa vie plus que son visage. Elle voulait cette fois ne pas s’arrêter aux informations envoyées par le Lien sur sa personnalité et son profil plutôt séduisant, et le regarder, lui. Cela demandait un effort conscient pour mettre de coté tout ce que le Lien fournissait si aisément. Ses yeux brun profond appelaient l’image de ses parents, aux yeux bruns tous les deux. Le profil de son nez harmonieux et saillant faisait jaillir les résultats des matchs de rugby qu’il avait joués, et celui qui lui avait valu une blessure. Ses joues renvoyaient des tas d’images tantôt barbues tantôt glabres et lui plaisaient telles qu’elle les voyait. Chaque partie de son corps appelait un souvenir qui se superposait à sa vision et racontait une histoire en plus d’être une simple image. Elle devait faire un réel effort pour pouvoir le regarder simplement tel qu’il était aujourd’hui. Et elle le trouvait plutôt bel homme finalement bien que pas forcément à son goût. Un peu trop sûr de lui peut-être. Elle pourrait lui laisser une chance, d’ici une semaine ou deux, un mois, le temps de faire connaissance. Kriss prenait toujours son temps avec les garçons.
Les glaces fondaient plus vite qu’ils ne parvenaient à les manger, et c’est en se léchant les doigts qu’ils parcouraient la ville, discutant de tout et de rien, échangeant leurs souvenirs et leurs réflexions, verbalement ou non. Les glaces laissèrent la place à un apéritif dans un bar, qui laissa lui même la place à un repas au restaurant. Nathan se faisait petit à petit plus proche, plus intime, et Kriss le laissait faire, sans trop réfléchir alors qu’au fond de son esprit, une voix de plus en plus faible criait que tout allait beaucoup trop vite, et hurlait d’autres choses qu’elle n’entendait pas, n’entendait plus, n’était plus en mesure d’entendre.
Lorsqu’elle ouvrit les yeux le lendemain, le plafond qu’elle contemplait lui était inconnu. Sur une table de chevet au design ancien, un réveil étranger indiquait 6h50 et elle était nue dans des draps aux odeurs d’homme. Elle voulut croire à un rêve, mais tout semblait trop réel, jusqu’à la respiration tranquille qu’elle entendait derrière elle. Alors que la main de Nathan venait délicatement effleurer sa hanche et le bas de son dos, son coeur s’emballa et elle sentit des larmes de peur lui monter aux yeux. Serrant la couverture dans ses bras, elle retint un cri, et essaya de se calmer. Elle ne se reconnaissait pas.
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- Vuld Edone
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Je ne crois pas qu'Ocy puisse modifier fondamentalement le comportement des gens en six ans. Je sais que Facebook&Co modifient profondément les habitudes communautaires, mais ici nous parlerons des fondements de l'interaction. J'ai estimé de mon côté qu'il faudrait un demi-siècle (environ plus de deux générations) pour y parvenir.
L'autre problème d'Ocy est bien sûr l'identité, mais aussi dans l'interaction, ce qu'on appellerait la protection des faces. Je n'ai pas compris comment fonctionnait le Lien. Soit l'utilisateur sélectionne les données qu'il envoie, et alors il peut mentir, soit le Lien sélectionne et envoie par lui-même, et alors l'utilisateur n'a plus aucun contrôle sur l'interaction. Dans les deux cas le système ne fonctionne pas - il est impossible d'y mettre la confiance aveugle que tu présentes.
Il y a un autre problème qui, quelque part, reviendra en parlant de la fin. Ton héroïne est la seule à réfléchir à Ocy, à sa manière. Quand la mise à jour du ch.3 se produit, elle est la seule à ne pas directement réagir, et quand elle se promène dans la rue avec tous les visages souriants on a l'impression qu'elle est déconnectée.
Normalement, elle ne devrait même pas avoir de raison de remarquer ces choses. Ou alors la majorité de la population devrait arriver aux mêmes conclusions.
Un problème de forme maintenant.
La description des personnages est à revoir. J'ai systématiquement sauté toutes les descriptions d'yeux, de pantalons et autres. C'est d'autant plus grave que l'histoire repose sur l'accès à ces informations, et c'est très énervant pour moi, au ch.3, de subir ces parenthèses d'informations dont au final je ne veux pas.
Le texte ne me donne simplement aucune raison de m'y intéresser. Même pour Nathan, où le lien agit : j'ai lu "les yeux de ses parents" et j'ai arrêté là. C'est juste une description incroyablement banale, formulée très platement. Ce qui me dérange le plus, c'est qu'il faille dire à côté de la description que le Lien agit. La description elle-même devrait le rendre évident, et le conflit entre description et émotion. Cela manque cruellement.
Il faudrait, dans la forme, que ces descriptions deviennent au contraire un lieu d'intérêt pour le lecteur, qu'il ait, comme Kriss, ce besoin compulsif de tout savoir sur ceux qui l'entourent. Et au niveau de la forme, il faut rendre leur lecture agréable, par tous les moyens possibles. Je dois dire qu'il n'y a pas grand-chose à faire pour les parenthèses - peut-être les abréger, éliminer quelques informations au hasard pour varier - puisqu'elles ont justement ce rôle de choc et de générique qui a son effet. Mais les développements doivent être retravaillés.
Puisque j'en suis à la forme, deux remarques :
C'est le "au demeurant" qui me dérange. Pourquoi l'avoir placé à la fin ? L'information "peu fréquents" n'a pas de portée, elle est même banale vis-à-vis des trains. Il n'y avait pas lieu d'argumenter. Mais surtout cette position finale met l'emphase sur l'argumentation.Les quais étaient bondés, normal vu l’heure plus tardive et vu les retards, peu fréquents sur cette ligne au demeurant.
Un "peu fréquents sur cette ligne" aurait suffi, sinon "au demeurant peu fréquents" également.
C'est étrange, ce n'est pas ce passage que j'avais en tête mais c'est le seul que j'ai retrouvé. Peut-être dans un autre chapitre...Les glaces fondaient plus vite qu’ils ne parvenaient à les manger, et c’est en se léchant les doigts qu’ils parcouraient la ville, discutant de tout et de rien, échangeant leurs souvenirs et leurs réflexions, verbalement ou non.
Quoi qu'il en soit, c'est l'accumulation des gérondifs/participes qui m'a arrêté. "léchant", "discutant", "échangeant" font beaucoup de propositions subordonnées et j'ai eu l'impression d'une forme de répétition ne menant nulle part. Une sorte de résumé brutal.
Parlant de résumé :
Voilà pour moi le vrai problème du texte, cette transition qui expédie la journée. Et quand on y regarde, si le texte s'arrêtait avant cette phrase, le texte serait complet. On a commencé avec le livre, on finit avec le livre. On a parlé ensuite de Nathan, on en a reparlé, et au milieu le changement du Lien.La journée fut bizarre et rapide.
Donc cette transition tombe de nulle part et, pendant environ deux paragraphes, il ne se passe rien. C'est la grande faiblesse du chapitre.
Le conseil que je te donnerais serait de déplacer la mention de l'ouvrage, celle juste avant cette transition, et la renvoyer un peu après, par exemple un peu avant de rencontrer Nathan. Cela ne rendra pas la transition moins expéditive, et il faudrait réfléchir le passage, mais cela laissera quand même une tension vacante, une sorte de fil auquel se tenir encore et sur lequel attendre. D'ailleurs j'attends beaucoup de cette prêteuse de livre, soit dit en passant.
Venons-en à la fin.
À partir de "Nathan se faisait..." tu as plus ou moins décrit la scène type de romance, avec pour seule variation cette voix, et encore, sans être un expert je pense que ça fait partie du poncif. Heureusement qu'il y a le Lien derrière. Pour moi, tout comme la description de Nathan, l'action manque de portée par elle-même. Il faudrait fusionner l'action et la voix faible en une seule action, et pourquoi pas l'intensifier. J'aimerais aussi, à titre personnel, entendre ici comme une corde de harpe grincer.
À noter qu'ici aussi tu aurais pu continuer à jouer sur la description de personnage. À savoir faire passer la scène de romance dans l'effort délivré par Kriss pour regarder Nathan, et que cet effort se transforme en rapprochement. Elle serait alors l'actrice de ce qu'elle ne veut pas, mais c'est un peu compliqué à mettre en place.
Le dernier paragraphe commence par une chute forte et... classique. Ici, je te conseillerai simplement de ne rien dire. Le paragraphe précédent devrait être suffisamment clair. Simplement la laisser s'éveiller, et seulement vers le milieu du paragraphe le faire comprendre (même si, là encore, je ne le dirais même pas). Il y a même moyen, avec l'odeur d'homme, d'aménager la transition, et le brusque viendrait seulement du comportement de Kriss.
Mais le plus important pour moi est la peur de Kriss. Elle n'a aucune raison d'être triste. Il y a Ocy. Elle devrait être heureuse, infiniment heureuse dans la fourmilière, et elle devrait être effrayée par son bonheur.
Plus simplement, j'ai l'impression qu'il y a une phrase par paragraphe qui permettrait de résumer tout ce que tu as voulu dire dans ce paragraphe. Pour le dernier c'est "elle ne se reconnaissait pas". Tu l'as mis à la fin mais il n'y a pas d'écho avant - au mieux la peur, et encore. Il faudrait peut-être réfléchir ce paragraphe avec cette phrase en tête, pour lui donner écho partout.
Ah. Un détail auquel je viens tout juste de penser. Entre ces deux paragraphes tu aurais pu mettre une phrase entre parenthèse et guillemets. Tu sais, comme les descriptions abrégées de personnage qu'on pouvait avoir dans le train. Une phrase du type ("Je suis heureux.") Cela pourrait avoir son effet. Ou ("Je suis heureuse.") J'aurais tendance à jouer avec ce genre de message, puisqu'ils sont censés être plus ou moins librement accessibles.
Je me suis un peu perdu dans mon commentaire - et je suis fatigué, avouons-le. Pour moi le problème est surtout la manière dont les personnages interagissent, et le fait que je n'aime pas les romances aussi. Mes trois problèmes sont :
- Kriss est la seule à "réagir" à Ocy, et donc à exister dans ton texte.
- Il faut vraiment retravailler les descriptions pour en faire le centre d'intérêt.
- Je ne pense pas que le comportement attendu des gens vis-à-vis d'Ocy soit vraisemblable.
Un dernier détail, que je n'avais pas vraiment remarqué, mais qui m'avait posé problème dans un de mes vieux textes. Ton personnage passe son temps au travail et dans le train. Il faudrait que sa routine comporte plus de menus détails qui rendent ladite routine vivante. Même si une vie se résume à boulot-métro-dodo, dans un texte c'est très fade. Qu'elle fasse sa comptabilité, ses commissions, qu'elle ait des rendez-vous, quelque chose. Une vie.
Voilà voilà voilà voilà.
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- Demosthene
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- Mr. Petch
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Le problème principal du texte, qui apparaissait déjà dans les chapitres 1 et 2, mais je ne savais pas alors que ça allait être un texte court "en tryptique", c'est son objectif. Vers où veux-tu aller ? Ici, la fin apparaît un peu comme un cheveu sur la soupe et n'est pas forcément compréhensible au regard du reste, alors même qu'elle soulève des problèmes intéressants. En fait, elle soulève le problème fondamental du "Lien", c'est-à-dire de savoir à quel point nous sommes "programmés". La question est intéressante, mais arrive un peu tard. Pourtant, tu aurais pu l'exploiter dès le chapitre 1.
Car du coup, ce chapitre 1, avec la rupture momentanée du Lien, n'apparaît pas comme essentiel par rapport à la résolution finale. Cette résolution finale oriente plutôt vers le texte fantastique, et, je ne saurais te dire pourquoi exactement, on y est pas amené.
Pourtant, tu peux garder l'idée de tryptique. Une suggestion : un trois temps où le premier chapitre permettrait de réintroduire une forme de peur, de dramatisation suite à la rupture du Lien, qui se résoudrait vite mais qui serait plus forte qu'actuellement. Un peu pour montrer la dépendance de la population envers le lien. Puis, le second chapitre, tel que tu l'as fait, viens ramener une forme de calme. Le troisième chapitre permettrait alors de revenir à la tension, mais il faudrait la préparer dès le début dudit chapitre, qui perd beaucoup de temps avec des formalités au début : on le sait que le calme est revenu, pas la peine de le répéter avec la scène du thé.
Et sinon, je dirais comme Vuld que les parenthèses ne sont pas forcément bien exploitées alors qu'elles pourraient l'être, et qu'il y a un problème de clarté sur qui met en lien quoi. Dans ce chapitre 3, tu exagères la référence à Facebook alors qu'elle était suffisamment délicate dans les 1 et 2. Pour rendre les parenthèses intéressantes, j'aurais tendance à y introduire des éléments insolites, complètement inutiles. Mais c'est mon goût pour l'inattendu qui parle.
En fait, j'ai rencontré un problème identique dans les Martyrs de cette semaine, dans la scène où Ophélia lit les pensées de Sapiens. Le problème de l'énonciation est important : qui parle : la personne qui lit les pensées ou la personne qui les transmet ? C'est un problème que je n'ai pas réussi à résoudre et moi-même ne suis pas entièrement satisfait d ema scène. On pourra en reparler !
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- Demosthene
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J'aurais peut-être du préciser que le chapitre 3 n'est pas le point final de l'histoire, mais disons à peu près le milieu. Cela justifie peut être un peu plus le rythme plus lent du début.
Comme pour Vuld, je vais tenir compte de tout ça dans ma ré-écriture.
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- Mr. Petch
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J'aurais peut-être du préciser que le chapitre 3 n'est pas le point final de l'histoire, mais disons à peu près le milieu. Cela justifie peut être un peu plus le rythme plus lent du début.
Cela peut justifier, en effet.
En fait, c'est une question que je me pose souvent quand j'écris : moi, en tant qu'auteur, j'ai une vision globale de l'intrigue avec une prescience des évènements futurs. Et parfois, je trouve que ça handicape l'écriture car ça nous fait passer à côté du processus de lecture du lecteur qui découvre chaque chapitre l'un après l'autre. Je me souviens des remarques de Vuld quand un auteur des chroniques se justifie en disant "oui, mais ça viendra plus tard". C'est souvent une assez mauvaise excuse. Et je sais que personnellement, j'ai du mal à m'empêcher d'anticiper, et mes textes perdent en force, du coup. J'ai l'impression que c'est un peu ce qui arrive avec Le Lien.
En revanche, du temps de ma folle jeunesse, j'écrivais pour ainsi dire au fur et à mesure en n'ayant qu'une trame mince en tête. A relire mes textes de cette époque je les trouve plus lisibles que les Cimes ou les Martyrs. Du coup, j'ai tendance à me dire qu'un des dangers de l'écriture est, non pas de trop prévoir, mais que connaître la suite nous empêche de penser avec justesse le chapitre qu'on est en train d'écrire.
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