[Cadavre Exquis] Un bien grossier personnage

Le chev@lier de garde a la bibliotheque ce matin la finissait sa tournee. Encore une ou deux choses a remettre en place dans la Grande Salle, quelques torches a etteindre, et il pourrait enfin aller se coucher, laissant la vie diurne reprendre possession des lieux. Bien que la Grande Salle ne fut plus utilisee qu’en de rares occasions, telles que les adoubements, elle etait constamment illuminee et maintenue en parfait etat par la communaute, un peu comme un joyau cache au plus profond des corridors. Et s’en etait un.

Le chroniqueur ne put reprimer un frisson en y penetrant. Et ce n’etait pas qu’en raison de la brume glaciale encore flottante au dehors. Une telle magie se degageait de ce lieu ! Cette salle etait vraiment unique.Un irregulier plafond peint soutenu par de majestueuses colonnes, de grandes et larges dalles gravees de milles et uns poemes, tellement brillantes et astiquees qu’on aurait put s’y admirer, de la boue… Quoi ?! De la B-O-U-E !

Il fit un bond, l’expression revulsee, comme si cela paraissait la pire ignomie possible. De larges et grasses traces de bottes dessinaient en effet leur chemin tout autour de la salle, passant et repassant devant les nombreux portraits accroche sur les murs, se jouant des precieux tresors exposes ci et la.

« Quel ignoble rustre ? » le gardien suivit d’un pas de plus en plus precipite le sinueux parcours de l’intru, sa colere et son indignation bouillonnant au fur et a mesure que les evidences de l’irrespect a l’ordre s’accumulaient sous ses yeux. Une antique epee, dotee de la plume ancestrale, avait meme etait delogee de son foureau et plantee verticalement au sommet de l’immense barrique, celle dont on ne tirait l’amer nectar que fort rarement, pour quelques speciaux evenements.

L’indignation atteignait son apogee, et le gardien imaginait maintenant les plus atroces chatiments, lorsqu’il appercu enfin l’objet de son couroux. Nonchalement attable dans le coin ou les pierres du mur principal laissaient place a l’ecorce rugueuse du Chene ancestral, les deux bottes goutaient aussi regulierement qu’impunement sur l’antique et respecte table d’honneur. Cette table ou avaient ete grave le nom de chaque chev@lier, petit ou grand, sans distinction de race. Et leur proprietaire, avachit sur une chaise, drapees d’immondes frusques trempees et dechirees, semblait parfaitement a son aise. Il ne retira meme pas ses pieds de la table lorsqu’il appercut le gardien, dont le visage empourpre ne pouvait cacher l’indignation.

« Ah, enfin quelqu’un ! Le climat n’est que peu clement en cette fin de saison, et je suis glace jusqu'à l’os ! Aurais tu l’ obligence de boutter le feu a la cheminee et de m’apporter de quoi me restaurer, enfin, si la legendaire hospitalite de l’ordre n’a pas changee… »

« Tu vas voire de quel bois on se chauffe ici oui, mon gaillards ! » repliqua le chev@lier.

Et bien, pensa le voyageur, l'acceuil n'est plus ce qu'il etait. Il laissa doucement ses doigts glisser le long de la froide table de pierre, ou avait ete gravees plusieurs noms depuis son dernier passage. L'un eux semblait meme tout recent, un peu de jeune poussiere demeurant dans les recoins des lettres. Le style de la gravure, un peu brusque et fiere, mais globalement harmonieuse, laissait presumer l'ouvrage d'un nain.

"Iggy " se dit il avec un leger sourire. Le vieux Grunson avait donc pris un filleuil !

Il reporta son attention sur le gardien, qui apres avoir sonne par trois fois de son cor de garde,semblait indecis.
Les autres ne devraient plus tarder a arriver de toute facon, et il y en aurait bien un pour le reconnaitre et eviter d'ennuyeuses explications avec son seul compagnon du moment. Tirant une pipe ouvragee des replis de son habit mouille, il se mit a la bourrer minutieusement...

Ceci est un cadavre exquis, allons messieurs, j'attend votre entree !

Deux nouveaux personnages avaient finalement fait leur entree dans la grande salle. Le voyageur n’avait pas change d’un pouce sa nonchalente position. De regulieres volutes de fumee bleutees et odorantes s’elevaient au dessus de son front, jouant avec les courants d’air. L’homme semblait se delecter de cet envoutant parfum. On pouvait apercevoir son regards plein de facetie au travers de longs cheveux de jai. Il s’ammusait du moment, pour sur !

Krycek l’etudia un long moment. D’où pouvait sortir un pareil personnage ? On n’aurait su definir la couleur de son habit tant il etait use, lave et delave par les orages. Une criniere en bataille encadrait son visage fin, denotant un certain laisse aller.

« Et bien seigneur Krycek, soyez le bienvenu en ces lieux ! Et pour repondre a votre question, non, je ne pense pas que nous ne nous soyons rencontre. »

Le voyageur semblait s’amuser de plus en plus. « Bienvenu en ces lieux ! », quel toupet ! A-t-on jamais vu intru souhaiter la bienvenue aux proprietaires des lieux sous leur propre toit !

Delaissant sa pipe un instant, il daigna enfin se lever. Il en profita pour retirer sa cape, etant maintenant suffisament rechauffe. Ce fut le blason qu’il portait sur sa poitrine qui intrigua les chev@liers. Bien qu’ayant lui aussi souffert des intemperies, on pouvait encore en distinguer les grandes lignes. En arriere plan, une montagne semblait naitre au sein d’un arbre aux sinueuses branches. Une simple epee entouree d’une longue la plume en premier plan. Il y avait eut quelques inscriptions, mais depuis longtemps elles etaient illisibles. Le vieux zarathoustra se creusait la memoire aussi pronfond que possible. Il avait sans doute vu ce blason quelque part, mais ou ? Diantre, foutue vielliesse…

« Ah Zara ! , s’exclama l’inconnu, les ans te gatent on dirait ! On sont donc mes amis ? Auraient ils du mal a s’arracher a leur couche ? »

de petits indices ci et la...

A moitié avachi sur un des bancs de la grande cuisine, Iggy, plongé dans un confortable état de léthargie matinale, savourait la senteur enivrante du chocolat chaud qui glougloutait faiblement dans sa chope runique.

« VVVum—TUUUUUmmm ! »

Le tocsin vrombit puissamment à travers les corridors de la bâtisse, si bien que le nain, de surprise, manqua de tomber à la renverse. Les pensées se bousculèrent aussitôt dans l’esprit de Grunnson, dont les petites jambes se mirent en action en direction de la bibliothèque, d’où résonnait encore l’appel du garde. Bifurquant à travers un nouveau couloir, il nota les traces de boues qui menaient…

… A la salle de la table d’honneur ! Le souffle court, Iggy déboucha à l’entrée de la salle tandis que ses doigts, instinctivement, cherchaient le manche de sa hache. Une odeur de fumée, à la fois familière et lointaine, régnait sur la pièce où une petite assemblée s’était déjà réunie : Zarathoustra, Krycek avaient rejoint le gardien et faisaient face à la silhouette dépenaillée de l’intrus. Gagné par l’excitation et la nostalgie tout à la fois, le nain se fraya à coups de coudes un passage jusqu’à se trouver nez à nez, enfin, avec le voyageur. L'espace d'un instant, leurs regards se croisèrent, et la méfiance laissa imperceptiblement la place à un plaisir non feint. Finalement gagné par une irrésistible allégresse, Iggy éclata d’un rire puissant.

« Bien sûr que je reconnais ce blason, les amis. Autrefois, c’est moi qui l’ait donné à un jeune chevalier… »

- Qui ose ainsi troubler mon repos?!!" Hurla un voix rocailleuse.

Dude déboula dans la grande salle, seulement vêtu d'un caleçon mauve qui retombait du plus bel effet sur ses jambes à la pilosité foisonnante. , Il brandissait dans son gros poing serré un traversin rapiécé qu'il fit tournoyer telle une épée au dessus de sa tête massive!
Pourtant, le spectacle qui s'offrit à lui le réduisit instannément au silence :

- J'ai raté quelque chose? Ne me dites pas que c'est déjà Noel?"

A mesure qu'il se rapprochait, ses yeux s'agrandirent comme des soucoupes sous l'effet de la surprise.

- Incroyable! Voilà que je souffre d'hallucinations à présent! Je suis pourtant à jeûn à cette heure matinale!

Aux côtés d'Iggy, l'invité surprise lui adressa un sourire complice.

- Par les cornes de Zébulon! C'est bien toi vieux forban!" Exulta le demi ogre en reconnaissant le voyageur dépenaillé. "Et tu me dois encore une bière!".

Gagné par le rire des autres chevaliers, Dude se tapa sur les cuisses dans un claquement sonore avant de s'élancer à grands pas, bousculant le pauvre garde interloqué au passage...

Lorsque le nain avait surgit, la hache a la main et le regard furieux, le voyageur avait doute un instant. Connaissant les acces de coleres de son viel ami, peut etre n’avait il pas ete tres prudent de pousser a ce point la plaisanterie. Un tranchant de hache n’est en effet pas la meilleure facon de commencer une belle journee.

Heureusement, le maitre barbu fut prompt a reconnaître son compagnon, et eclata d’un rire sonore. A ce rire avait tellement manque au voyageur ! il ne put que mettre genoux a terre et serrer Iggy dans ses bras, visiblement ravi.

« Bien sûr que je reconnais ce blason, les amis. Autrefois, c’est moi qui l’ait donné à un jeune chevalier… » !

- Et je suis ravi de voire que tu porte toujours aussi bien le tiens ! Une des œuvre dont je suis le plus fier pour etre franc !

C’est alors qu’une massive silouhette deboula a son tour sur les dalles blanches. Ce fut au tour du rodeur d’etre decontenance… Mais les franches manieres de l’Ogre ne pouvaient lui laisser aucun doute !

- Diantre ! Dude ! La derniere fois que je t’ai laisse, tu m’arrivai a peine a la botte, et tu courrais d’avantage apres les carrottes qu’apres les litrons !

Les rires et les excalamations des trois amis reunis auxquels s’etait joint Zara, faisaient maintenant trembler la salle ! Ce qui ne semblait pas du tout au gout ni du gardien, ni de Krycek. Ce dernier semblait en effet exaspere par la situation.

Au comble de sa facetie, plein d’allegresse, le voyageur bondit sur la table.

- Qui suis-je ? Qui suis-je ? declama t il comme un poeme ou une chanson de geste, en voila une bonne question ! Bien malin qui pretendra y apporter une reponse !

Puis franchissant en deux svelte enjambees la distance le separant du Grand tonneau.

- L’ivresse sera-t-elle bonne conseillere pour pareille interogation ?

Deux autres gracieux froissements d’habit plus tard, le voyageur se tenait debout sur l’immense barrique, la vielle epee a ses pieds toujours fichee dans le bois. Sa voix claire et joyeuse se repercutait le long des murs de pierre.

- Qui suis-je ? Qui suis-je ? Un migrateur te dira le merle ! Un vrai renard dira l’ours ! Un souffle d’air dira le chene ! Un seigneur dira l’ecuyer, un malotru dira le roi ! Un trouble cœur dirai l’infante ! Et que dira le tavernier ? Que dira le tavernier ?

Ses doigts s’etaient refermes sur la garde ouvragee. Toujours riant, il retira d’un geste ample l’epee du fut, liberant le precieux nectar. Un jet mousseux s’eleva promptement dans les airs en direction du petit groupe. Cela ravit Dude, et Iggy, mais apparament un peu moins le tavernier !

Juste trois lignes pour vous dire que je serais sans doute sans acces au web la semaine prochaine, genre de maintenant a lundi 27. Que cela ne vous empeche pas de continuer ce ce, au besoin je ferais des retours en arriere pour incruster des interventions. Sinon, a titre personnel, vous pouvez jeter un oeil ici : cesureben.canalblog.com , l'explication de mes abscences )

Falc'hun s'était levé tôt ce matin là. Il aimait aller voler dans l'air vif du matin. Il était au milieu d'un somptueux looping quand son ouïe perçante entendit le cor d'alarme s'élever depuis le refuge des chroniqueurs.
Sans prendre le temps de réfléchir, il replia ses ailes et il piqua vers le bâtiment, le vent sifflant dans ses oreilles. Il atteint une vistesse vertigineuse. Il remarqua que l'une des fenêtre de la grande salle était ouverte. Il modifia légèrement l'aérodynamique des ses ailes pour se diriger vers l'ouverture. Puis au dernier moment il ouvrit grand ses membres duveteux pour freiner sa course et entra par la fenêtre dans un tourbillon de plumes. Dès qu'il eu posé le pied par terre il dégaîna son épée en observant la pièce.
Il lui fallu un moment pour réaliser ce qu'il se passait. Le tonneau avait été mis en perce, Iggy et Dude trinquaient avec un troisième personnage inconnu de lui alors qu'au milieu de la pièce se trouvait un Krycek aussi ivfre de rage que penaud accompagné d'un garde qui semblait horrifié du désordre qui régnait maintenant dans la majestueuse salle.
Falc'hun se rapprocha de Krycek: "Mais qu'est ce qui se passe ici?
_ J'en sais rien, apparement c'est un des chevaliers. Mais lequel, mystère? Et puis tu as vu ce sans gène?
_ C'est vrai, ils pourraient au moins partager!"

Confortablement attablé, Iggy discutait à présent à bâtons rompus avec le voyageur. Une évidente camaraderie liait les deux compères, tandis qu’ils se remémoraient avec plaisir de quelque anecdote d’un lointain passé. Le nain remarqua alors Krycek et Fal’chun qui, à l’autre bout de la salle, semblaient plongés dans l’expectative. Avec l’aisance que lui conférait une expérience plusieurs fois centenaire, il fit glisser son boc jusqu’à l’extrémité de la table, où se tenaient ces derniers.
- Allez, mes amis ! Pas question que vos gosiers restent à sec alors qu’il y a tant à fêter aujourd’hui ! » Brailla le nain avec un sourire joyeux. « Voici le retour d’un de nos plus illustres camarades, avec qui, autrefois, j’ai sillonné les mers en quête d’aventures. Hourra pour les voyageurs, hourra pour ceux qui sont de retour ! »

Quelques acclamations fusèrent, presque entièrement couvertes par les vivats assourdissants et avinés de Dude, qui donna quelques moulinets de son traversin dans le vide pour faire bonne mesure.

Falc’hun attrapa habilement la chopine envoyée par Iggy. Il la porta à ses lèvres et se délecta du doux nectar, écoutant les paroles du nain distraitement. Il s’arrêta soudain de boire. Fourra la chope dans les mains de Krycek et se précipita vers la sortie de la salle, laissant ses occupants interdits.
Krycek regarda dans la choppe, huma le liquide et finalement le goûta avec circonspection.
« Qu’est ce qu’il lui prend ? demanda-t-il
_ De mon temps on tenait mieux l’alcool, répondit le mystérieux personnage.
_ D’habitude il ne laisse pas sa part aux autres pourtant, releva Krycek.
_ Il est pas du matin sans doute, proposa Monthy. »

Des bruits de course se firent entendre dans le couloir, et c’est dans un nouveau tourbillon de plumes que Falc’hun reparu. Il reprit la chope, bût une rasade avant de la refourger à Krycek. Puis il se dirigea vers le mystérieux personnage comme une groupie en manque. Il lui tendit un parchemin et une plume. « Je serai vraiment heureux d’avoir l’autographe d’une telle célébrité. »

La salle s’etait peu a peu remplie de nouveaux arrivants. Le plus etrange se revela etre pourvu d’ailes, et laissait dans son sillage de nombreuses et legeres petites plumes blanches. Trop accapare par ses retrouvailles le voyageur n’ y avait gere prete attention.

De retour parmis les siens, dans cette antique demeure, son enthousiasme semblait inepuisable. A grand renfort de gestuelle, il contait les longues annees passees loin de l’ordre. A l’entendre, il portait bien son nom de voyageur ! Que de contrees lointaines il avait parcourues ! De quoi noircir de nombreux parchemins. Ses camarades l’ecoutaient avidemment, ponctuant quelques anecdotes de bruyantes exclamations. Bien sur, Iggy et Dude n’etaient pas totalement dupes, et sentaient bien qu’il en rajoutait un peu, a la facon des bardes d’antan. Pourtant, si a peine le quart de ces recits etaient veridiques, ils leur fallaient avouer que l’homme n’avaient pas perdu son temps !

Avide de tout savoir, le voyageur questionna :

- Et bien, quels evenements ont marques mon abscence ? Me feraient vous l'honneur d'un tour des nouveaux batiements ?


Au milieu de ce brouhaha, le personnage aile se fraya un chemin jusqu'à l’inconnu, plus si inconnu que ca comme l’avait justemment fait remarquer quelqu’un dans la salle, a qui Il tendit un parchemin et une plume.

- « Je serai vraiment heureux d’avoir l’autographe d’une telle célébrité. »

Interompant son discours, le voyageur fit face au nouvel arrivant. ( description de Falc’hun a inserer). Eclatant d’un rire joyeux, il sauta de la table pour rejoindre Falc’hun.

- Me voila demasque, semble t il ! Mais nous ne sommes donc plus a armes egales, puisque je ne sais rien de toi ! Qui es tu jeune homme ?

Le dénommé Falc'hun se tenait devant lui. C'était un homme relativement grand assez fin. Son teint blanc aurait pu paraître maladif mais un grand sourire et des yeux bleus vifs et curieux témoignaient de son entrain et de sa joie de vivre. Dans son dos se déployaient deux grandes ailes blanches d'où tombaient de temps en temps quelques plumes dont il se servait pour noircir ses parchemins. A sa hanche battait une robuste épée longue gravée de symboles celtiques.

L'être ailé prit la parole en réponse à l'interrogation du voyageur.
"Il est vrai messire que nous ne sommes plus sur le pied d'égalité qui caractérise cette communauté, et je vais donc de ce pas réparer cet état de fait. Je me nomme Falc'hun, je viens d'une lointaine contrée battue par les vents et les marées. Les ailes dans mon dos sont un don fait par les dieux en récompense du courage et de la volonté de mon peuple face aux éléments et l'aide que nous avons apporté aux autres sur la mer déchaînée au large de nos côtes.
J'ai ouï dire que cette communauté par un elfe répondant au nom de Lomerandin. Poussé par la passion dans sa description de la communauté j'ai pris mon épée et mon encrier puis je suis parti à tire d'ailes pour rejoindre ce lieu de connaissances et de tolérence.
Cela fait bientôt six mois que je participe à la vie des chroniques et j'aspire à devenir bientôt l'un des chevaliers chroniqueurs."
Puis, les ailes agitées de frémissements témoignant de son émotion, Falc'hun tendis son parchemin vierge et une plume prise sur sa voilure au noble chevalier qui se tenait devant lui.

- Ah oui, Lomerandin ! Je me souviens de lui...

L’enthousiasme du jeune Falc’hun faisait plaisir a voire. S’executant de bonne grace, le voyageur saisit la plume et le parchemin. Falc’hun, les yeux rives sur la page vierge, impatient d’y voire apparaître quelques runes or elegantes courbures, ne percu pas le soudain redissement du chev@lier face a lui. Tout se qu’il vit fut une lourde goutte vermeille s’ecraser sur la feuille de papier ocre. L’eclaboussure contrastait violamment avec la virginite de la feuille. Interloque, le futur membre de l’ordre releva les yeux. Le voyageur avait laisse s’echapper le contenu de ses mains. Un mince filet luisant s’echappait de son gant, serpentant le long de son avant bras. L’expression du voyageur, un instant figee dans une horreur glaciale, revint instantanement a son masque de gaitee.

- Pardonne ma maladresse Falc’hun, une vielle blessure qui se rappelle a mon souvenir, rien de grave ! Me voila bien vieux ! Permets moi de te donner ceci.

Se deplacant d’un pas precepite, le voyageur tira un livre jaunit de son sac de voyage. Il en essuya la couverture mitee d’un revers de manche, le retourna et en dechira l’avant derniere page, qu’il revint tendre a Falc’hun. Au bas de la vieille feuille cornee, le jeune homme vit avec delectation apparaître le blason du voyageur, accompagnee d’une complexe signature, chargee d’enluminures.

« K@lth, ChC, par la plume et par l’epee » pouvait on y lire.

Avec la meme hate difficilement dissimulee, Kalth pris conge de ses compagnons, pretextant un long voyage et un lourd besoin de repos. Il disparut en un souffle d’air, laissant perplexes les quelques chevaliers ayant remarques son depart…

« - Aujourd'hui, ce sont ces jeunes, plutôt que nous, qui font tourner la boutique. Comme tu vois, on a fait ce qu'on a... »

Iggy laissa sa phrase en suspens, lorsqu'il constata soudain que Kalth ne se trouvait plus à côté de lui: du coin de l'oeil, il aperçut la silhouette dépenaillée de son vieux camarade qui s'évanouissait déjà dans la pénombre des corridors.
Le nain envisagea un bref instant de se lancer à la suite du voyageur, puis, réprimant la pointe d'angoisse qui envahissait son coeur, retourna son attention vers le cercle étroit des chroniqueurs. Il était l'heure de se réjouir, après tout; le temps viendrait pour échanger les nouvelles, pour les retrouvailles nostalgiques entre vieux amis. Dehors, le timide soleil matinal venait déjà réchauffer de sa bienveillante chaleur les jardins qui entouraient le château, et un large sourire s'épanouit peu à peu sur le visage d'Iggy.

« - Et bien, voilà une journée qui commence de bien belle manière. » rugit-il à la cantonnade. « Alors, que fait-on maintenant, les amis? »

La nuit avait a nouveau enveloppee le temple des chroniques.
De rage, Kalth jetta le precieux livre contre le mur en gemissant.

C’est a ce moment qu’Iggy entrouvrit la fine porte de chene. Soucieux de l’etrange comportement de son ami, qui n’etait pas reapparu de la journee,il n’avait pu trouver le sommeil. Il avait parcouru les froids corridors a sa rencontre, jusqu'à ce que de violent bruits de fouille etouffes le mene dans cette salle de travail reculee. De nouvelles et spacieuses chambres avaient etes construites, et celle-ci quasi oubliee. Mais pas par ceux qui y avait passes de si longues heures, consignant nombre de legendes et faits pour les generations futures. Le vieux nain n’avait pas oublie la miniscule cellule percee d’un unique hublot, ou nombre de ses propres ecrits inacheves reposaient encore. Pas plus que ne l’avait oublie son compagnon du premier cercle, semblait il. Celui-ci se trouvait a genoux au centre d’un incroyable desordre. Parchemins taches, feuilles volantes ferocement arrachees, ouvrages a la couverture craquee jonchaient le sol poussireux. La faible lumiere vacillante d’une bougie decoupait la silouhette de Kalth. Mais qui aurait reconnu le fier troubadour en cette personne courbee, comme accablee par d’invisbles forces.

Il releva subitement la tete tandis qu’Iggy refermait la porte. Un visage desespere aux yeux humides. Des traces de sang seche, comme essuyees d’une blessure, ornaient ses joues et son front. Le nain tenta de ne pas se laisser decontenancer par la miserable allure de son compagnon. Les nains sont reputes pour etre aussi direct dans le discours que dans la taille a la hache, et Iggy ne faisait pas exception a la regle.


- Je crois qu’il est temps pour pour quelques explications mon Ami.
Sa voix etait amicale mais ferme.

- Si tu savais combien tu as raison Iggy. Oh, oui, le temps est venu pour les explications. Mais par ou commencer ? Que dire ? La est la veritable impasse, pour nous tous chroniqueurs, dont la portee des actes depasse largement notre entendement. Attends, regardes…

Kalth se releva avec difficulte, et s’assit a la table de travail. Il redressa l’encrier, et saisi un plume, grimacant comme si le contact en etait douloureux. Il trempa l’extremite de la plume dans le noir liquide, et d’un geste rapide et precis, traca les premieres lettres d’une phrase. Puis il reposa la plume.

Sous les yeux horiffies d’Iggy, la couleur de l’encre tourna rapidement du noir jeais au rouge vermillon. Les lettres se fondirent rapidement, comme absorbees dans le papier, et ne laisserent que de vagues taches encore luisantes.

- Sorcellerie ! S’ecria t il.

Il chercha une explication rationnelle dans les yeux de son ami, qui pour toute reponse ecarta lentement les doigts de sa main doite, presentant sa paume a la lueur de la bougie. Une plaie parfaitement spherique tronait au centre.

- Malediction ! repliqua Kalth qui envoya frenetiquement voler entre les deux chroniqueurs de nombreuses feuilles tachees. Il avait de toute evidence repete l’experience un grand nombre de fois. Je suis maudi Iggy. Maudi. J’ aurais du le savoir pourtant ! Non, mieux, je le savais ! Bien d’autres avant moi se sont brules les ailes a vouloir atteindre le soleil ! Bien des tours se sont effondrees en essayant d’atteindre les cieux ! Mais pauvre fou que je suis, comment aurais je pu resister a cette quete de la connaissance ? Cette connaissance n’est pas pour les mortels, pas pour nos raisons… Comme s’il se souvenait soudain de la presence de son compagnon, il se calma aussi soudainement qu’il s’etait emporte.

Mais j’ais ete arrete a temps. Et ce pour une bonne raison, je veux le croire.

-- Et tu es revenu, avanca Iggy.

-Et je suis revenu. Mon ami des premiers jours, te souviens tu fondement de l’ordre ? Sais tu la grande raison d’etre de notre communaute, bien au dela des apparences ?

Une confusion galopante régnait dans l’esprit d’Iggy. La grande raison d’être de la communauté ? Le nain essaya de remonter le fil de ses souvenirs : pour lui, les chroniques avaient toujours été un foyer, un endroit où s’épanouir et retrouver ses camarades… Un moment, il envisagea d’appeler à l’aide ; l’espace d’un instant, le doute se fit en lui, effrayant. Son regard passa de Kalth au tas de feuilles, maculées de rouges et dispersées ça et là, et, en même temps, un bref sourire éclaira son visage.

- Tu dois me dire tout ce qui t’es arrivé, maintenant. Je t’apporterai mon aide, et, avec moi, tous les chroniqueurs ; mais d’abord, tu dois nous révéler ce qui se passe.

Il tendit sa main à son camarade, qui, agenouillé par terre, reprenait à présent ses esprits. Le nain sentit monter en lui la conviction apaisante, que, quoiqu’il arrive, il n’abandonnerait pas Kalth, et que cette épreuve n’était qu’une des étapes, nombreuses, de leur chemin de chevaliers. Il songea à tout ce dont il avait lui-même été témoin depuis le départ du voyageur, et la certitude se fit plus forte encore qu’ils surmonteraient cette difficulté.
A nouveau, son regard se posa sur une des feuilles, à moitié froissée et barbouillée de signes luisants. Il passa une main dans sa barbe, tandis que, d’une voix qui se voulait rassurante, il reprit :

- J’ai vu bien des choses étranges, mais, comme tous ceux des miens, je ne suis pas un familier de la magie. Que sais-tu donc de la malédiction qui t’affecte, mon ami ?