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C'était bien peu dire que leur dernière aventure avait secoué Agratius et Ophélia ! De retour au calme, ils se reposaient dans la chambrette que la Firme avait mis à leur disposition. Gardés par deux agents de l'ordre, ils ne risquaient rien, ici. Ils ont à leur disposition tout le plus beau confort et, surtout, tous les plus beaux jeux conçus par nos usines.

Attardons-nous sur leurs activités respectives...

Agratius s'amusait avec un plateau de trictrac en laque noir et blanc. Les dés en ivoire sont parmi les plus beaux que savent faire nos artisans. Les pions sont doux au toucher. Si le plateau de trictrac est disponible dans tous les grands magasins, Agratius n'a eu qu'à le demander pour en avoir un exemplaire.

Quant à Ophélia, elle profitait d'une très belle maison de poupée de fine composition. Les murs de carton épais sont peints selon les couleurs à la dernière mode. Et les figurines sont riches de détails, et très vivantes. Enfin, plusieurs meubles de la maison sont animés au moyen d'astucieuses ficelles ! La maison de poupée interactive sera disponible pour la période des étrennes, mais Ophélia avait pu en avoir une copie en avant-première !

Malgré ces incroyables jouets, il faut bien avouer que nos deux héros s'ennuyaient un peu. Ce qu'ils aiment, c'est l'aventure, le risque, les rebondissements... Ils ne se doutaient pas encore qu'ils vont retrouver ce frisson, et plus encore, grâce à l'annonce imprévue du général Pompius.

En effet, au vu du retentissement spectaculaire de leurs derniers exploits, la Firme n'avait pas eu d'autre choix : une nouvelle mission s'imposait, plus périlleuse, plus spectaculaire, et plus lointaine.

Quelle mission leur donner ? Ils avaient eu tant d'aventures dans leur pays qu'ils avaient déjà sauvé un bon nombre de fois... Cela sans que personne ne soit informé de leur implication. On veillait en haut lieu à garder leur identité secrète...

Ces temps étaient bien révolus : la guerre contre les extraterrestres avaient impliqué l'ensemble des forces vives du pays. Un pays uni, contre un ennemi commun ! Et, venant depuis le sud, parcourant les routes de village en village, les Enfants de la Dernière Chance, l'espoir... Il ne pouvait plus être question d'anonymat.

A vrai dire, les deux enfants avaient fini par s'habituer à cette nouvelle vie publique. Ils s'étaient habitués à voir leur portrait affiché dans toutes les rues. Ils s'étaient habitués à être salués dans la rue. Ils s'étaient habitués à appartenir un peu moins à eux-mêmes, et un peu plus au pays.

Bien sûr, je dois bien vous avouer qu'il y eut d'abord de leur part une réticence. Comprenez bien : ce n'est pas du mépris ! Les Enfants de la Dernière Chance ont à coeur l'intérêt populaire ! C'est une réserve, bien naturelle en somme, mais aussi une prudence. Car dites vous que les ennemis de nos deux enfants sont nombreux : on ne rend pas la justice sans s'attirer la colère des malfrats.

Si le sort des extraterrestres et des savants renégats était scellé, d'autres menaces, pour l'instant encore inconnues, les attendaient...

Parce qu'il fallait les protéger, la Firme décida donc d'envoyer Agratius et Ophélia loin, très loin. Là où, espérons-le, leurs ennemis ne sauraient pas les atteindre...



Le général entra dans la chambre. Les deux enfants, respectueux, se mirent au garde-à-vous. Le général les rassura tout de suite d'un geste d'apaisement. Il était ici chez eux, et il leur devait tant que les honneurs militaires n'avaient pas d'importance. En réalité, s'il n'y avait pas eu les grades, il les considèrerait largement comme ses égaux. C'est pour cela qu'il esquissa un petit sourire plein d'amitié et de reconnaissance.

« Agratius, Ophélia, je viens vous sortir de votre ennui ! J'ai une mission pour vous...

« Parfait ! Quand partons-nous ?

Agratius était si prompt à répondre ! Ce n'était pas dans son habitude de montrer de l'impatience, mais quand l'attente est trop forte... Tous les enfants connaissent ça !

« C'est une mission qui vous est attribuée par le gouvernement de la Firme en personne. Je n'ai pas pu refuser... Mais elle implique que vous vous rendiez dans nos colonies ultramarines.

« Je ne vois pas de problèmes à ça...

« Elle implique aussi un départ en fanfare et en public, pour que toute la population sache que vous ne les abandonnez pas.

« Vous savez que nous n'aimons pas vraiment nous afficher... Mais enfin, si c'est ce que veut la Firme, nous ne pouvons que nous y plier.

« Je n'en attendais pas moins de vous, Agratius. Je suppose qu'Ophélia est d'accord ?

« Elle est d'accord. Nous n'attendons plus que vos ordres.

Le général allait partir quand il se retourna une dernière fois vers les deux enfants :

« Une dernière chose. La Firme a peur que cette mission soit trop risquée pour vous seuls. Elle vous demande donc de choisir une escorte. Il vous faudra une quinzaine d'hommes, dont des personnes de confiance. Bien entendu, vous avez carte blanche.

Quand la porte de la chambrette fut fermée, Agratius rangea soigneusement le trictrac, Ophélia sa maison de poupée et elle se tourna vers son frère.

« Moi aussi, Ophélia, j'ai toujours rêvé de voir les colonies ! Qui n'en rêve pas ?, lui répondit-il.



Je vous devine impatient de savoir quels acolytes se sont choisis nos deux héros. Avant cela, il est nécessaire de rappeler à ceux d'entre vous qui n'en aurait qu'un souvenir lointain, qui sont Agratius et Ophélia.

Ou plutôt, devrais-je dire, ce que nous savons d'eux... Car tout n'est pas connu à propos des Enfants de la Dernière Chance. Qui sont-ils vraiment ? C'est là un mystère entier que même leur mentor, le général Pompius, ne saurait pas résoudre. Certains disent qu'ils auraient été trouvés, alors qu'ils n'étaient que des nourrissons, dans l'orphelinat qui servait de quartier général aux savants renégats. Pompius, alors simple sergent, les aurait délivrés et éduqués en bon soldats. C'est une version.... Mais il y en a d'autres : on dit aussi qu'ils ont été abandonnés juste devant la porte de la caserne où travaillait Pompius. On dit aussi qu'ils ont été sélectionnés parmi la descendance la plus brillante de nos bienveillants dirigeants de la Firme.

Est-ce vraiment important ? N'importe qui, même vous, est libre d'imaginer sa propre interprétation de l'origine d'Agratius et Ophélia ! Il sera temps, un jour, de savoir qui a raison. Ce qui est certain, ce que nous savons, ce que vous savez tous maintenant que l'identité des Enfants de la Dernière Chance a été révélée, c'est qu'ils sont extraordinaires !

N'y voyez pas qu'un superlatif exagéré : je veux dire par là qu'ils ont des pouvoirs. Agratius a un intellect extrêmement développé, bien plus qu'un enfant de son âge, et même bien plus qu'un adulte. Il est très rusé et capable de concevoir des plans ingénieux. Sans compter son maniement exemplaire de toutes les armes grâce à l'enseignement du général Pompius. Mais le garçon préfère de loin user de sa tête plutôt que de ses poings...

Cette dernière phrase pourrait s'appliquer avec encore plus d'exactitude à Ophélia. Car la petite fille possède, elle, de véritables pouvoirs surnaturels. Elle est capable d'émettre des ondes par l'esprit qui lui servent à inspirer d'autres personnes, voire à prendre leur contrôle. Elle peut aussi déplacer de petits objets par la pensée.

Depuis leur dernière aventure, Ophélia est un robot... Mais cela ne change que peu de choses à ses pouvoirs car son esprit est resté intact. Au contraire : ils se sont vus démultipliés puisque ce n'est désormais plus son cerveau qui a en charge les fonctions vitales du corps.

Voilà ce que vous devez savoir sur nos deux héros, sur les Enfants de la Dernière Chance. Depuis des années, le général Pompius leur confie, en secret, des missions plus périlleuses les unes que les autres. Mais ce n'est que récemment, avec la grande guerre contre les extraterrestres, qu'ils sont apparus au grand jour. Peut-être aurez-vous d'ailleurs la chance de les croiser dans la grande simulation de jeux de guerre Une menace venue du ciel, accessible dans toutes les casernes du pays !



Après l'annonce du général, Agratius et Ophélia se hâtèrent de réunir une équipe de choc pour les accompagner dans les contrées ultramarines.

Le premier membre de l'équipe ne vous est pas inconnu : il s'agit de Cirus, le courageux agent qui avait su épauler les Enfants de la Dernière Chance lors de leur infiltration dans l'orphelinat, quartier général des extraterrestres et du fourbe professeur Sapiens.

Nous avions laissé l'agent Cirus sur la grand'place de Minium, sous l'arbre solitaire dont les habitants de cette petite bourgade prospère sont si fiers. Il saluait les deux enfants et, avec une émotion certaine, leur souhaitait bonne route. Il avait proposé de les accompagner jusqu'au front, mais Agratius lui avait dit que sa place était parmi les habitants de Minium : des robots à chasser, des familles à rassurer, et un orphelinat à remettre en état.

C'était une des priorités du gouvernement de la Firme, après l'épisode malheureux de l'incendie de cet orphelinat abandonné, que d'en faire un beau parc d'amusement pour les enfants de Minium. Il y aurait des toboggans, des cabanes, des bacs à sable... et certainement du travail pour Cirus.

Mais l'agent, impressionné par la prestance d'Agratius, avait juré de l'imiter dans son combat contre le mal. Et cela bien avant que les enfants ne deviennent des héros nationaux ! Alors Cirus avait monté, de lui-même, une troupe d'agents pour traquer les extraterrestres qui, après leur échec à l'orphelinat, essayaient de rejoindre les leurs pour continuer à combattre les humains. Déjà, on signalait des incidents dans les villages alentours : des vols de nourriture, des enlèvements d'enfants !

Cirus y vit un signe : il pouvait montrer son propre courage au pays et, surtout, à Agratius. Alors il prit la tête de sa troupe et, l'un après l'autre, ils capturèrent tous les extraterrestres échappés.

Comme il se doit face à des ennemis en temps de guerre, il les exécuta, lui-même.

C'est dans de tels actes qui mêlent témérité et maîtrise de soi qu'il est possible de s'accomplir. Cirus venait de trouver son destin.

Pour ses hauts faits, il fut promu brigadier officiel de Minium.

Et, le jour où les enfants vinrent lui rendre visite, lui aussi s'ennuyait fermement ! Il avait attrapé le virus de l'aventure, ce virus qui ne se soigne que dans l'action et le risque.

Dès leur arrivée, Agratius et Ophélia reconnurent la simplicité des habitants de Minium. Ils avaient embelli la placette principale avec de nombreux bouquets de fleurs. Les enfants du village, ravis de leur nouveau parc d'amusement, vinrent réciter un poème aux deux enfants qui, assurément, resteraient leurs modèles pour toute la vie.

D'ailleurs, n'était-ce pas une statue à l'effigie des Enfants de la Dernière Chance qui avait été érigée à la place du grand arbre ? Jugez plutôt : dans une petite tente en toile se trouvait une sculpture légèrement plus grande que nature des deux enfants. Elle avait été conçue par les enfants du village, et son aspect naïf lui donnait une grande fraîcheur.

Certes, vous me direz que de tels monuments étaient apparus un peu partout dans les villages après la parution du premier épisode des Enfants de la Dernière Chance. Mais à Minium, ce village qui était partie intégrante de l'histoire, il prenait une dimension toute particulière.

Cirus les reçut dans la caserne des agents. Un modeste goûter de gâteaux et de tartes avaient été préparé en leur honneur.

« Ravi de voir que Minium a retrouvé son dynamisme depuis notre dernière visite.

Le brigadier Cirus serra la main du jeune Agratius.

« Grâce à vous, Agratius. Et à votre charmante soeur. Vous venez visiter le parc d'amusement ? Savez-vous que les attractions ont été nommées en fonction de vos aventures ? Ce sont les enfants qui ont choisi.

« Nous serions ravi de visiter le parc, brigadier. Mais nous ne venons pas uniquement pour cela.

Voilà qui était de nature à attiser la curiosité du brigadier Cirus... Une aventure ?, se dit-il...

« Nous venons vous proposer une aventure. Dans nos colonies ultramarines.

« Je suis partant, Agratius !

« Il nous faudrait aussi une dizaine de vos hommes. Il peut y avoir du grabuge.

« Pas de problème. Mes hommes sont bien entraînés à la chasse aux extraterrestres !

« Il ne s'agit pas d'extraterrestres, cette fois. La menace ne vient pas de l'espace, mais des jungles profondes d'un continent hostile...

« Quoi alors ?

« Je ne peux vous en dire plus pour le moment... Vous le saurez à temps. Vous recevrez vos ordres dans les jours qui viennent, signés par le général Pompius.

Subitement, Agratius quitta son air sérieux. Ophélia venait de lui envoyer, comme à tous les occupants de la caserne, une charmante requête : maintenant que l'affaire était entendue, pourquoi ne pas aller visiter les installations du parc ?



Mais les besoins immédiats de cette histoire ne nous permettent pas d'accompagner nos héros lors de cette petite halte. Sachez qu'elle fut reposante et joyeuse, autant pour les adultes que pour les enfants.

Non, nous devons poursuivre les présentations de l'équipe de choc destinée à accompagner Agratius et Ophélia dans les contrées ultramarines.

Pour leur aventure, les deux enfants voulaient retrouver Lucius...

L'histoire de Lucius est bien triste. Agratius et Ophélia y ont leur juste part.

Lucius est un nain, et sa petite taille l'empêche certainement de jouir des mêmes plaisirs que vous et moi. Sa petite taille en fait aussi un être exceptionnel. C'est un peu son pouvoir personnel. C'est une malédiction qu'il a su transformer en don.

Il mit du temps à s'en apercevoir, pourtant. Car dès son plus jeune âge, Lucius fut exploité par le gérant d'un cirque ambulant. Les plus anciens d'entre vous se souviennent peut-être de ces sordides cirques qui parcouraient nos routes. Des fantômes délabrés. Des nostalgiques ne pouvant se résoudre aux divertissements modernes, refusant toute mécanisation pour de vieux trucages de foire.

Le cirque dans lequel Lucius travaillait était un de ces derniers vestiges. Il aurait été cocasse, gentiment désuet, s'il n'exploitait pas ce pauvre nain, entre autres prisonniers. Lucius faisait rire les autres mais lui ne s'amusait jamais, telle était sa vie.

Du moins jusqu'à ce que la carriole du cirque ne croise le chemin d'Agratius et Ophélia...

Au cours d'un combat aérien dangereux, les deux enfants s'étaient retrouvés dans le vaisseau des extraterrestres. Ils avaient mis en déroute leurs adversaires, mais c'était à présent eux qui étaient en danger ! Sous la lumière de la Lune, dans un marais, le vaisseau s'écrasa.

Le cirque de Lucius se trouvait dans les parages. Le nain vit dans cet objet venu du ciel un signe pour sa propre destinée. De corvée d'eau ce soir-là, il ramena sur la rive le corps d'Agratius et Ophélia. C'était là tout ce qu'il pouvait faire car déjà ses bourreaux l'appelaient, menaçants.

A compter de ce jour, les deux enfants se prirent d'affection pour le nain qui leur avait sauvé la vie. Ils pistèrent le cirque ambulant. Tous les jours ils faisaient signe à Lucius depuis le bas-côté des routes. Il ne se doutait pas qu'il s'était lié d'amitié avec les héros les plus formidables du pays...

Pour le remercier, ils imaginèrent un plan pour le libérer du joug du cirque.

L'évasion eut lieu un jour que le cirque s'était installé près du front. Tous les soirs, le gérant du cirque faisait dormir Lucius dans une tente entourée d'une clôture et gardée par un géant. Il était difficile de faire sortir le nain sans attirer l'attention... Alors Agratius eut l'idée d'un tunnel qui déboucherait dans la tente. Il commença à creuser pendant qu'Ophélia distrayait le géant... Quelques heures suffirent pour permettre à Lucius de s'échapper !

Il en fut reconnaissant aux deux enfants, même s'il gardait une certaine pudeur qui l'empêchait de l'exprimer avec force.

Après son évasion, Lucius fut présenté à l'état-major. Il découvrit les joies du grand jeu de la guerre. Il participa activement à la lutte contre les extraterrestres et devint célèbre au sein de son régiment. Ceux qui ont combattu à ces côtés se souviennent encore que sa petite taille lui permettait de ruser. Il s'introduisait dans tous les recoins pour mieux surprendre l'adversaire. Enfin Lucius s'amusait vraiment ! Enfin, il avait transformé sa malédiction en don !

Même après le conflit contre la menace venue du ciel il continua à participer aux jeux de guerre dans lesquels il trouvait sa véritable raison d'être. Il s'intéressait de plus en plus aux innovations technologiques qui sortaient des grands laboratoires du Service des Jeux de Guerre.

Enfin, il me faut vous révéler un secret partagé par les trois amis... Lucius était amoureux d'Ophélia. Il l'admirait plus que tout. Hormis Agratius, il était le seul être que la petite fille avait jamais laissé entrer dans son esprit complexe.

Alors quand Agratius et Ophélia vinrent le voir pour lui proposer la mission ultramarine, Lucius hésita peu.

« Nous savons, Ophélia et moi, que tu as trouvé un nouvel équilibre au sein de l'armée. Je crois même que les officiers t'ont fait des propositions pour intégrer le Service des Jeux de Guerre... Mais nous avons besoin de toi.

« Vous savez que les honneurs ne m'intéressent pas. Ce qui m'intéresse est de servir le pays.

« C'est exactement ce que nous te proposons... Une mission au service du pays, dans les contrées ultramarines.

Lucius réfléchissait. Si Agratius l'avait choisi, ce n'était pas forcément pour ses hautes capacités martiales. Mais Lucius avait une qualité extraordinaire : sa loyauté. Il le savait loyal envers le pays : pendant de longues années, il n'avait pas connu le plaisir du divertissement et du spectacle, sinon comme objet de raillerie. Alors personne ne comprenait mieux que lui la valeur des amusements que proposaient la Firme. Ce n'est pas dans tous les pays, ni à toutes les époques, qu'il est offert à la population de se divertir autant ! Cela Lucius l'avait bien en tête.

« C'est d'accord.

Sa réponse fut nette. Elle s'adressait, bien sûr, avant tout à Ophélia.



Ainsi Agratius et Ophélia formèrent leur équipe. Tous étaient présents dans le navire qui parcourut le pays, de la capitale jusqu'à Nocea, où eut lieu l'embarquement.

Mais certainement vous souvenez-vous de ce moment... Certainement y avez-vous assisté, comme toute la population, dans un des villages que traversa le cortège.

Certainement vous souvenez-vous de ce moment de joie, de triomphe, de satisfaction pour tout le pays de voir ses héros repartir ainsi à l'aventure.

Alors nous allons voir si vous êtes observateurs... Lors de l'embarquement, vous avez sans doute vu Agratius et Ophélia, dans de beaux habits, saluant la foule. Puis vinrent Cirus et les hommes de sa brigade qui défilaient martialement et ramassaient, de-ci de-là, les bouquets lancés par les spectateurs. Lucius était plus difficile, plus discret, sa pudeur naturelle ne le poussant pas à répondre aux vivats.

Enfin, après toute cette troupe, on chargea plusieurs caisses. Les avez-vous remarquées ? Une grue les déposaient sur le pont du navire. Ne vous êtes-vous pas demandé ce que contenaient ces caisses ? Trop grandes pour de la nourriture... Peut-être des armes ?

D'une certaine façon, oui, des armes, ou plutôt, une Arme. Mais aussi, il s'agissait de l'ultime compagnon choisi par Agratius et Ophélia. Il s'agissait du robot V !

Nous parlons bien du même : le robot V, l'Arme Secrète qui permit le triomphe sur les extraterrestres. Il était ici en pièces détachés, mais il était bien présent.

Après la formidable bataille contre la Grande Faucheuse, tous pensaient que le robot V avait été détruit... Heureusement, Ophélia capta quelques ondes émanant du robot et sut qu'il était encore intact, quelque part sur le champ de bataille...

Comment se peut-il qu'Ophélia ait capté les ondes d'un robot ? C'est que le robot V n'est pas un robot comme les autres...

Rappelez-vous qu'il a été créé par les savants renégats qui, lors du coup d'Etat, pensait s'en servir comme d'une Arme Secrète. Pour construire leur robot, ils utilisèrent la matière première qu'ils avaient à leur disposition à l'orphelinat. En l'occurrence... un enfant...

Oui : si la structure du robot V est bien entièrement mécanique, il lui a été greffé, en guise de centre de décision, un petit orphelin.

Lorsqu'Agratius et Ophélia le comprirent, ils en furent terriblement chagrinés... Ils pensèrent un instant détruire le robot V pour mettre fin aux souffrances de l'être enfermé en son intérieur, vivant encore... Mais que faire : le robot était indispensable au triomphe contre les extraterrestres ?

Heureusement la sagesse du général Pompius parla à nouveau : n'était-il pas mieux pour cet orphelin de servir le Bien plutôt que d'être un agent du Mal ? N'était-ce pas une façon pour lui de trouver une raison de vivre ?

Le même général se félicitait de la décision des deux enfants : une fois de plus, le robot allait les aider dans une lourde tâche.

Depuis les quais de Nocea, Pompius saluait le navire en partance pour les contrées ultramarines.

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