Le vaisseau décolla dans un bruit assourdissant. Les réacteurs s’enflammèrent doucement avant de propulser l’engin hors de l’atmosphère. Tim était affairé à retrouver ses affaires. Le pilote automatique s’occupait de tout. Un petit robot entra dans la pièce par une petite cavité.
"Bonjour Tim" dit il d’une voix chaleureuse et féminine.
_Lut. Ca va ma vieille ? répondit-il tout en allumant une cigarette.
_Je suis à votre disposition pour les soins médicaux, les taches ménagères, sciences informatiques et les divertissements.
_Bien. Heureux de faire ta connaissance. Commence par ranger ça et me laver cette pièce.
_Entendu"
Le robot émis une succession de petits bruits informatiques puis commença son oeuvre. C’était une vraie porcherie. Tim était d’un naturel très désordonné, et il avait maintes choses à faire qui ne lui laissaient guère le temps de s’occuper de taches comme celle-la.
Il examina avant toute chose la fiche concernant son compagnon de voyage.
Nom : - (a donner par vous même)
Processeur : 57890 terrahertz.
Note : Le robot T-45357 de chez AmericanIndustry a pour particularité d’avoir un cerveau représentant exactement l’activité humaine. Il est donc doté d’une véritable intelligence artificielle qui dépasse de loin les capacités de l’humain moyen.
"C’est super, j’ai Einstein dans mon vaisseau !" ironisa t-il tout en prenant une autre bouffée de sa cigarette.
Il jeta son mégot par terre et l’écrasa du pied. Le robot n’aurait qu’à le ramasser...
Il prit sa fiche de mission, c’était deux missions d’exploration sur les planètes T-44 et T-45 du système de Terralion. Ces planètes n’avaient pas d’intérêt a priori ; mais il devait rapporter quelques poignées de terre, analyser la vie, voir si l’on pouvait coloniser ou planter. C’était depuis la réforme de Yazgul en 2532. Les planètes fertiles étaient transformées en planètes agricoles, les planètes peu fertiles étaient transformées en planètes urbanisées, et les planètes impropres à la plantation étaient devenues des planètes industrielles On manquait de planètes agricoles surtout. Les planètes urbanisés étaient comme la Terre, dont toute la surface ne comportait que deux villes : la première composé de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique ; la deuxième composé des Amériques. (Les îles comme le Japon et l’Australie étant reliés par des transports superrapides aux villes principales.
Pour l’alimenter, il ne fallait pas moins de 34 planètes agricoles, et une bonne 50aine de planètes industrielles pour tous les produits de consommation...
Dès que l’on trouve une nouvelle planète, on l’assigne a une des trois fonctions ; ensuite, on envoie une équipe d’environ 5 ou 6 millions de personnes qui devront vider la planète de ses matières premières comme les métaux, le bois (quoi qu’on en laisse), le gaz, le pétrole, le charbon, l’eau (on en laisse aussi) et après on installe ce qui est désiré sur la planète.
Lui avait donc pour mission d’aller aux planètes T-44 et T-45, aux confins de l’espace galactique terrien connu. On viderait les matières premières, on y installerait des avants postes pour la fédération de défense spatiale, et, on la coloniserait.
Le métier d’explorateur n’était pas très heureux ; on passait sa vie confiné dans un vaisseau, sans vie sociale, pour aller prendre un peu de terre et revenir. C’est pourquoi les explorateurs étaient très peu nombreux.
Il avait sommeil. Il enleva ses vêtements, les jeta dans un coin, éteignit la lumière et commença à dormir, laissant le robot dans le noir occupé silencieusement a ranger.
Il se réveilla le lendemain, hurla d’une voix rauque "Habits ! Ptit Dej !" ; le robot lui donna ses habits et alla préparer le petit déjeuner.
La machine commença une discussion :
"Vous avez passé une bonne nuit ?
_Grouille toi au lieu de causer" répondit-il sèchement.
Le robot retourna à ses activités.
"Ca viens oui ? "
La machine s’arrêta dans sa tache, se retourna et répondit
"_C’est que...
_Ta gueule : Bosse au lieu de jaccqueter"
Le robot retourna à son travail, visiblement courroucé.
Il le servit et regarda Tim manger.
"Aimez vous ?
_Vas ranger le bureau au lieu de glander !"
Tim déversait sa rage sur le petit robot, sa rage de faire ce sale boulot depuis des années... Et puis, le robot n’était il pas la pour le servir ?
De l’autre coté du vaisseau, la machine se démenait pour ranger ce fatras, cette pagaille sur le bureau. Des questions lui vinrent "Pourquoi ne le fait-il pas lui même ?"
Puis il grogna "Il devrait le faire lui même". Le cerveau artificiel du robot commença a être animé par de la curiosité, sentiment humain. Il se demanda pourquoi lui devait servir et pas l’autre, et pourquoi Tim le jugeait inférieur, le martyrisait...
La planète T-44 était en vue. "Ma combi" hurla Tim d’une voix tonitruante. Le robot arriva, combinaison sur le bras artificiel.
Tim ne respectait pas le robot peut être a cause de son manque d’originalité physique. C’était une petite boule, sous lesquelles se tenaient des chenilles, des petits bras et une petite tête dépassait de son buste.
Tim descendit et alla faire son boulot d’exploration pendant quelques heures.
Pendant ce temps ; a la curiosité succéda un profond sentiment d’injustice. Le robot ne voyait pas pourquoi il devrait tout faire alors qu’il était aussi intelligent. Tim revint avec quelques objets ramassés là bas. Il les jeta en vrac (y compris la terre) en criant "Range moi ça, et fais vite".
Au sentiment d’injustice succéda un sentiment de haine. Le robot n’avait fait que ranger et servir depuis qu’il était ici. Il ne s’était pas reposé, pas allongé, rien. Alors que Tim n’avait fait que ça...
Il obéit en grognant intérieurement.
La planète T-45 n’était pas loin. Le vaisseau atterrit. Puis, le sas s’ouvrit. Le robot se mis devant et commença a engager une conversation "Dites moi Tim, ne trouvez vous pas qu’il serait plus correct...
_Laisse moi faire mon boulot " hurla Tim tout en assairant un coup de pied monumental a la petite créature".
Il sortit, et alla ramasser sa terre tout en maugréant contre le robot, son boulot, et l’humanité.
Il entendit un bruit. Le vaisseau décolla. Sans lui.
"Qu’est ce que c’est que cette merde !" lâcha t-il pendant qu’il observait le vaisseau qui partait au loin.
A l’intérieur, le robot alla se mettre un disque de Louis Armstrong. Il s’allongea sur le canapé, alluma un cigare et bougea sa tête en rythme...
Il était heureux et détendu. Il dit au vaisseau d’aller se poser sur une planète déserte. Et il s’endormit ; pour la première fois de son existence.