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Plic, ploc, tombent les gouttes inlassablement. Plic, ploc.


Seul, ce bruit n'est ni chaud, ni froid, ni désagréable. Et pourtant, dans cet espace confiné en profondeur, chaque goutte déchire un silence qui se reforme aussitôt. Chacun de ces coups de tonnerre vient rappeler à Sydney que quelque chose d'aussi insignifiant qu’un peu d’eau finira par gagner sur sa vie. Depuis une heure, elle sent du bout des doigts cette flaque glacée qui se forme et s'agrandit sans cesse. Cette si lente et pourtant inexorable montée des eaux.


D'ici douze heures, elle devra s'asseoir en tailleur sur un des sièges pour ne pas être mouillée. Après vingt-quatre heures, il lui faudra sans doute se mettre debout sur ce même fauteuil, le dos voûté appuyé contre le sas principal, et alors la fin sera proche. Les sous-marins sont exigus, tous ; exigus et froids.


Bien sûr, elle s'est battue, au début. Mais par 400m de fond, dans cette partie du monde, déplacée par les courants, elle est seule. Aucune communication, aucune assistance et pas d’accès aux turbines, impossible de réparer les propulseurs. Sydney mesure à l’aune de cette petite panne combien son expédition était mal préparée.

Lorsque les batteries ont fini par rendre l'âme, et que la lumière a clignoté et s'est éteinte, elle s'est assise par terre et s'est mise à pleurer, en silence. Pleurer pour tenter d'oublier l'inévitable, pour oublier les mises en garde, les choix qu'elle a faits, et qui l'ont amenée ici. Oublier les avertissements qu’ils lui ont tous adressés, tous ceux qu’elle laissera derrière elle.


Après avoir ajouté ses larmes à l'eau de mer, son esprit scientifique a repris le dessus, et elle a réfléchi. Elle pourrait arrêter de manger ou de boire, ça n'y changerait rien. 24h ne sont pas suffisantes pour mourir de faim. Elle a cherché un moyen de couper l'oxygène, ou d'accélérer même la montée des eaux, mais sans l'ordinateur de bord pour l'y aider, cela aussi s'est avéré impossible. Elle mourra noyée, dans 23h maintenant. Elle le sait, et elle n'y peut rien.


On se représente les fonds marins comme des endroits pleins de couleurs, de magie et de poissons merveilleux. Ceci n'est valable qu'en surface.

A 400m, sans projecteurs, tout est silencieux. Et noir, noir comme la nuit.


Noir comme la mort.

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Portrait de Demosthene
Demosthene a répondu au sujet : #17661 il y a 12 ans 5 mois
** Ce sujet traite du contenu de l'article: Noir comme la nuit **

Portrait de Imperator
Imperator a répondu au sujet : #17662 il y a 12 ans 5 mois
Je passais par là et je suis tombé là-dessus.

Je suppose qu'il s'agit d'une réponse au pitch de San. (san? Comme en japonais?)

Bref...

***

Premier point, l'ambiance générale qui ressort pour moi est celle du silence, de la lourdeur, de l'isolement. C'est, du reste, il me semble, ce que tu cherchais à créer (d'après tes mots clés).
Le côté angoisse pourrait ressortir par la claustrophobie, mais à aucun moment l'on panique. C'est une mort lente et inéluctable qui est présentée.

Au niveau style, première et bonne surprise, c'est du tout bon. On peut critiquer les détails, mais tout est cohérent, les pièges évités, bref, il va falloir creuser pour trouver de la matière. (Ah, ces auteurs qui s'acharnent à écrire mieux que moi :laugh: ).

Je note, en détails:

D'ici 12h

, et

Après 24h,

Oui, j'ai compris dès la première lecture de quoi il s'agissait. Cependant, écrit sous cette forme, on pourrait penser à une heure précise: "D'ici midi" et "Après minuit".
Un pur détail, sur lequel je n'avais d'ailleurs pas buté, mais enfin, je le ressors.

Seul, ce bruit n'est ni chaud, ni froid, ni désagréable.

J'aime beaucoup. Vraiment. Commencer le paragraphe en rappelant la solitude, puis décrire l'indifférence, le tout dans une contradiction avec la situation même (le bruit d'une goutte d'eau est d'habitude froid et désagréable). Bref, un résumé du texte d'entrée de jeu. Appréciable.

que quelque chose d'aussi insignifiant qu’un si petit volume d’eau

Ce détail ne m'avait pas dérangé non plus, mais pour pinailler (et j'en suis réduis à ça), on pourrait dire qu'il est redondant de mettre "si petit" juste après "insignifiant".
Pour pousser à l'extrême, je mettrais en analogie: "que quelque chose d'aussi nouveau qu'une innovation de ce type".
Mais c'est poussé à l'extrême.

(Je répète: je pinaille)

Les sous-marins sont exigus, tous ; exigus et froids.

J'ai longtemps hésité sur la ponctuation de cette phrase, mais je crois que ça fait le job demandé. Au fond, rien à redire.

elle s'est assise par terre et s'est mise à pleurer, silencieusement.

Peut-être la partie qui me dérange le plus. (comme quoi, je creuse profond).
J'ai la sensation que ce "silencieusement" casse le rythme. Le plus simple à mes yeux serait d'ôter la virgule qui le précède.
Ou alors, il n'est pas impossible que ce soit la sonorité qui m'ait dérangé, auquel cas on pourrait envisager de remplacer "silencieusement" par "en silence". À essayer à voix haute.
À mon oreille, "en silence" sonne mieux, parce qu'il tombe comme une pierre, contrairement à "silencieusement" qui siffle comme un serpent. Or le reste de la phrase est constitué de fin abrupte: "rendre l'âme", "clignoté", "éteinte". Des sons qui claquent.

Pleurer pour tenter d'oublier l'inévitable,

Dis-moi ce que tu en penses, mais je trouve que, pour une fois, un point d'exclamation aurait tout à fait sa place ici. Après tout, on suit une répétition (celle de "pleurer" et l'on pourrait alors créer une contradiction avec la phrase précédente, un cri après le silence.
À toi de voir.

***

tous ces terriens qu’elle laissera derrière elle.

Seriously? "terriens"? Je peux comprendre qu'elle se réfère à ceux qui sont encore sur la terre ferme, mais j'avoue que j'ai tout de suite pensé que Sydney était un extra-terrestre. Je me suis même trouvé à vouloir relire le texte au début pour vérifier si je n'avais pas sauté le passage expliquant qu'elle se trouvait en fait dans l'espace...

***

Après avoir ajouté ses larmes à l'eau de mer,

Jolie poésie dans un texte qui le demande.

Et noir, noir comme la nuit.

Noir comme la mort.

J'aime cet usage des répétitions. J'aime vraiment.

***

Je crois avoir fait le tour. (plus ou moins, pendant que je suis encore réveillé.

Tu remarqueras que je ne cherche pas de seconde ou troisième lecture, pour deux raisons:
- 1) je crois que tu n'en as pas prévue, enfin, pas directement en tout cas.
- 2) je ne vois quasiment aucun indice de seconde lecture.

Un moment, je pensais à une analogie avec l'humanité, vouée à disparaître, mais ce n'est clairement pas le sujet. Il n'y a pas de moral, ou de thème, simplement la volonté de représenter une situation perdue, et la certitude de la mort qui arrive.

Et en cela, le texte est très réussi.

Impe, toujours en vacance.

ps: je suis vraiment tombé sur ton texte par hasard, habituellement le temps de réponse est beaucoup, beaucoup, mais alors, vraiment, vraiment beaucoup plus long. B)
Portrait de Demosthene
Demosthene a répondu au sujet : #17669 il y a 12 ans 5 mois
Merci Imperator pour cette analyse, merci beaucoup.

Ce texte est assez vieux (2009 je crois) et ce n'est pas ma réponse au pitch "Cressendo" :). J'y ai répondu par contre, et vous aurez sans doute le texte d'ici un petit mois, j'ai besoin d'un peu de recul dessus, j'en suis moins satisfait. Mais revenons à Syndey et à son sous-marin en panne...

Je n'ai pas travaillé sur la claustrophobie. D'abord parce qu'un sous-marinier ne peut pas être claustrophobe, comme un chirurgien ne peut pas avoir peur du sang, ça n'a pas de sens :) Par contre, étant un peu claustrophobe moi-même, l'idée vient quand même assez vite quand on parle de sous-marin exigüe et froid.

- Les heures : Ça passerait mieux avec les heures écrites en toutes lettres, faisant moins horloge ? Je pense oui, donc je vais corriger ça.

- Le "petit volume d'eau insignifiant"... tout ça pour ne pas répéter "goutte" Cette phrase a été tournée et retournée mais ne fonctionne visiblement toujours pas. Je comprends ton sentiment, et je n'ai pas mieux pour l'instant.

- Pleurer silencieusement ou en silence : Démonstration tout à fait parlante. Merci. Je lis toujours mes textes à haute voix quand c'est possible, et avec une intonation presque forcée. Celui-ci est pensé comme une histoire raconté. Donc "Silencieusement" arrivant en fin de phrase, le serpent était un peu atténué. Je tiens à ma virgule, mais "en silence" passe tout de même mieux, je garde.

- L'inévitable point d'exclamation : Merci, mais non :) . Ça serait pour moi renforcer la fin de cette phrase par quelque chose de sonore et énervé, qui viendrait casser le désespoir silencieux.

- Terriens ? : C'est un ajout tardif, et un terme nautique, une blague de pontons et même d'explorateurs (Les habitants des bases en antarctiques parlent d'eux, et s'oposent aux terriens). Le terme renvoie sans doute trop rapidement à l'espace. Et pourtant "les gens qu'elle laisse derrière elle" sonne plat, et "amis" sonne trop chaleureux. Alors je ne sais pas.



Content que tout le reste, et l'ensemble aussi t'ai plu.
Il n'y a pas de seconde lecture à trouver sur ce texte. C'est juste un essai d'ambiance qui visiblement fonctionne.
Portrait de Mr. Petch
Mr. Petch a répondu au sujet : #17672 il y a 12 ans 5 mois
J'aurais aussi juré que tu répondais au pitch de San ! En plus, les deux textes ont été postés en même temps. Mais bref.

Dans l'ensemble, j'ai bien aimé ton texte. Il y a une bonne maîtrise de la forme courte, ce qui n'est jamais facile (moi par exemple, ce n'est pas là que je suis le plus à l'aise). Je passe aussi sur le fait qu'il n'y ait pas de fautes d'orthographe et que le style soit assez fluide à lire. C'est anecdotique, mais toujours agréable.

A mon sens, le passage crucial (et celui où j'ai commencé à accrocher), c'est :

D'ici 12h, elle devra s'asseoir en tailleur sur un des sièges pour ne pas être mouillée. Après 24h, il lui faudra sans doute se mettre debout sur ce même fauteuil, le dos voûté appuyé contre le sas principal, et alors la fin sera proche. Les sous-marins sont exigus, tous ; exigus et froids.


L'écoulement des heures répond en plus au "plic ploc" du début. Efficacité, efficacité dans les effets. Sur moi, ça a bien marché.

Tu as fait le choix de traiter le tout en flash-back et en flash-forward, pas en "temps réel". Je veux dire par là qu'on ne suit pas la mort lente de Sydney, mais l'évolution de sa pensée. C'était réfléchi ou c'est venu naturellement ?

Après, il y a l'histoire du cliché de la noyade progressive qui rappellera bon nombre de films... Là, j'imagine que ça dépend de chacun, mais sur moi ça a marché. Disons que tu donnes suffisamment d'éléments pour dépasser le cliché. Je trouve juste que tu aurais pu développer davantage la lutte entre l'esprit scientifique et la panique. Là, ça se résume à quelques phrases et pourtant c'était une piste qui, justement, aurait permis de dépasser encore le cliché.

Mr Petch
Portrait de Imperator
Imperator a répondu au sujet : #17674 il y a 12 ans 5 mois

- Le "petit volume d'eau insignifiant"... tout ça pour ne pas répéter "goutte" Cette phrase a été tournée et retournée mais ne fonctionne visiblement toujours pas. Je comprends ton sentiment, et je n'ai pas mieux pour l'instant.

Je pourrais proposer:

Chacun de ces coups de tonnerre vient rappeler à Sydney que quelque chose d'aussi insignifiant qu’un peu d’eau finira par gagner sur sa vie.

Pas parfait, mais il faut avouer que le défi n'est pas aisé.

- L'inévitable point d'exclamation : Merci, mais non . Ça serait pour moi renforcer la fin de cette phrase par quelque chose de sonore et énervé, qui viendrait casser le désespoir silencieux.

Je comprends. Il semblerait de plus en plus que ce soit moi qui aime bien les contrastes :P.

- Terriens ? : C'est un ajout tardif, et un terme nautique, une blague de pontons et même d'explorateurs (Les habitants des bases en antarctiques parlent d'eux, et s'oposent aux terriens).

Je garde l'explication, mais il faut avouer que le lecteur a peu de chances de le savoir. (j'ai eu le même problème en écrivant des communications militaires).

. Et pourtant "les gens qu'elle laisse derrière elle" sonne plat, et "amis" sonne trop chaleureux. Alors je ne sais pas.

J'aurais tendance à me rabattre sur un générique comme:

Oublier les avertissements qu’ils lui ont tous adressés, tous les autres qu’elle laissera derrière elle.

Et laisser du coup à l'imaginaire du lecteur la tâche de remplir ce petit vide. Normalement, le lecteur devrait se demander "quelles autres?" et rapidement, il remplira avec "ses amis, sa famille, son patron, les autres scientifiques, etc...".
L'avantage est que ça facilite l'immersion par l'implication du vécu et des valeurs du lecteur.
L'inconvénient, c'est que ça reste très "random".

Il n'y a pas de seconde lecture à trouver sur ce texte. C'est juste un essai d'ambiance qui visiblement fonctionne.

En effet :) .

Impe, qui cherche toujours l'origine de ton pseudo... (je suis curieux à en mourir)

ps: nevermind, wikipédia m'a renseigné :P
Portrait de Demosthene
Demosthene a répondu au sujet : #17676 il y a 12 ans 5 mois
Mr. Petch écrit:

J'aurais aussi juré que tu répondais au pitch de San ! En plus, les deux textes ont été postés en même temps. Mais bref.

Ce n'est pas dénué de lien. San propose un sujet, j'y réponds, puis je déterre ce vieux texte, puis j'en écris un autre, puis un autre encore. "Tu devrais les montrer..." "Ah oui, mais à qui?" "Et bien, là, par exemple.".
Et me voila.

Ah oui d'ailleurs, si j'apprécie tes remarques sur le style, celles sur l'orthographe reviennent plutôt à San et ses corrections.

Tu as fait le choix de traiter le tout en flash-back et en flash-forward, pas en "temps réel". Je veux dire par là qu'on ne suit pas la mort lente de Sydney, mais l'évolution de sa pensée. C'était réfléchi ou c'est venu naturellement ?


C'est un choix. Je voulais un récit dont l'action réelle tienne sur juste une minute, voir moins, à base de souvenirs et de projections. Du coup, oui, c'est un choix conscient pour mettre une tension importante dans un moment où finalement, il ne se passe rien à part 3 gouttes qui tombent dans une flaque.

Je note ton idée sur la lutte scientifique/panique. Je vais peut être creuser un truc dans ce sens.

Imperator > Je ne suis pas fan de la formule "Un peu d'eau", mais c'est mieux que ce que j'ai, donc je prends. Et je garde aussi ton générique au lieu de mes Terriens :)
Portrait de Zarathoustra
Zarathoustra a répondu au sujet : #17741 il y a 12 ans 5 mois
Un texte sympathique.
Quelques pistes pour l'améliorer.
Je pense que l'annonce du sous-marin vient trop tôt. Tout comme l'idée de la mort certaine. Dès que tu le prononce, on sait la fin. Or un texte de cette longueur doit surprendre à la fin. Dès le moment où on "voit" le texte sur une seul page, il y a une lutte inconsciente pour savoir où on veut en venir. Et plus on voit la fin approché et plus il faut apporter une ou des surprises. Je dirais qu'il y a unparadoxe entre les textes longs qui peuvent aménager leurs effets sur la longueur et un texte très court comme celui-ci.
Et pour ma part, j'avais presque deviné le truc au bout de quelques phrases. D'ailleurs j'avais écrit un texte un peu similaire où un personnage était enfermé dans un sablier et subissait l'inexorable chute du sable jusqu'à la mort.

Pour ce qui est de l'ambiance, je n'ai pu m'empécher de penser à Abyss. Sans doute parce que cela ne peut être que la seule réference (il y a aussi "das Boot" mais la mort n'est pas évoqué pareil).

Donc soit il te faudrait rallonger ce texte, soit modifier sa structure pour amener un réel effet de surprise.
Pour le délayage, il me semble que 24h, c'est long. Il doit s'en passer dans la tête de la victime. Elle doit également s'ennuyer, se détester, devenir folle, paniquer. Bref, toute une dimension qui est absente. Et l'enjeu d'un tel texte serait là: que peut bien donc penser une personne qui se sait condamner à une tel mort. En fait, quel serait la réaction d'une personne qui saurait finalement quand et comment elle allait mourir et qu'elle se verrait même peu à peu mourir. Je dirais que c'est certainement le genre de mort le plus horrible qui soit à vivre.

Donc bienvenu à toi.
En espérant t'avoir été utile...
Portrait de Demosthene
Demosthene a répondu au sujet : #17743 il y a 12 ans 5 mois
Merci Zarathoustra pour ton avis.
Je me suis effectivement inspiré de mon souvenir de Abyss. C'est un peu la référence des films sous-marins sur ce thème.

Je n'avais pas prévu de masquer la mort dans ce texte, justement parce que ce n'est pas un phénomène brutal ici. C'est vraiment ce que j'ai mis au dessus : Un texte ou il ne se passe finalement pas grand chose mais qui prend le lecteur au tripes. Et aussi faire en sorte que plus on lit, plus on a l'impression que le personnage se calme, et inversement plus le lecteur se tend.

L'état d'esprit de Syndey dans ses 24 dernières heures, ça pourrait être un sujet amusant; J'y penserais. Merci :)
Portrait de Vuld Edone
Vuld Edone a répondu au sujet : #17793 il y a 12 ans 4 mois
À ma première lecture, je n'avais rien vu à reprocher. Peut-être "que quelque chose d'aussi insignifiant qu'un peu d'eau" avec la répétition de "que" est dommageable. Peut-être que la sonorité de "glacée" au premier paragraphe est trop contrastée. Au final, ça n'a pas d'importance.

Ma première remarque sera pour les relances, ou fausses relances. En somme, comme dit Zara', on a très vite compris que non, c'était fini, et alors lorsque le texte essaie d'expliquer tout ce qu'elle a tenté, on écarte très vite ces informations comme peu pertinentes.
"Bien sûr, elle s'est battue, au début."
Cela, au final, ne dit rien. C'est presque l'idée qu'il faut le dire au lecteur sans quoi le lecteur le reprocherait. En tant que lecteur je demanderais simplement ce que fiche le navire de surface, mais je digresse. Aussitôt dit qu'elle s'est battue on a le "mais" et tout le détail de ce combat est complètement passé sous silence. La remarque n'a alors aucune portée.
De même, le paragraphe sur sa réflexion ne sert pas à grand-chose. On veut marquer l'inéluctable en listant tout ce qui pouvait être fait ou pour l'accélérer, ou pour l'empêcher. Non seulement les arguments donnés sont... euh... arrêter de manger et de boire ? J'ai l'impression qu'une course à la vraisemblance a pris le pas sur l'ambiance.

Et cela m'amène à ma seconde remarque, sur la tension.
En fait, elle repose presque toute entière sur peu de mots. Le mot "inexorable" au premier paragraphe contient à peu près tout entier l'intrigue. J'aurais volontiers mis "glacée" dedans, puisque contrastant par le son on se focalise dessus, mais il n'a pas de répercussion par la suite... Bon, et juste quand je dis ça... il y a "exigus et froids" et étrangement je n'ai pas lié "glacé" et "froid". Pour moi, glacé est purement descriptif, tandis que "froid" désigne vraiment un sentiment, une impression. Et il y a le mot "noir" vers la fin avec ses formules qui rappellent le titre.
Encore plus étrangement, que Sydney pleure ne touche pas, et à la première lecture je ne l'avais simplement pas retenu. La description des turbines, de l'ordinateur de bord, tout cela laisse plus ou moins indifférent - intéressant pour moi, ça. Le passage "ajouté ses larmes à l'eau de mer" est presque naïf, en ce qu'il ne dit au final vraiment rien.
Et c'est là mon observation, au final, que le moment qui m'a le plus marqué dans le texte est le seul qui donne une sorte de description du sous-marin : l'exigu et froid. C'est quand on commence à visualiser les lieux qu'on se rend le mieux compte du péril, et tout ce que j'ai en tête c'est une chambre lambda en métal avec de l'eau à mis hauteur et Sydney recroquevillée dans un coin.
D'où ma conclusion : tout cela manque massivement, massivement de descriptions.

En tout et pour tout c'est un bon texte, qui fonctionne, et on va dire qu'il use des recettes sûres. Mais je n'ai pas retenu les pleurs, je n'ai pas vu l'importance du froid - ni de l'obscurité, d'ailleurs... - et les explications n'ajoutent à mes yeux rien à l'atmosphère.
À mon avis, sous-entendre les explications et décrire, décrire, décrire, et décrire. Et décrire. Et... décrire. Et décrire, et décrire, décrire, décrire. Et décrire. Et décrire.
Et décrire.
Portrait de Ignit
Ignit a répondu au sujet : #17857 il y a 12 ans 4 mois
Bonsoir à tous.

J'ai lu ce texte pour la première fois il y a deux jours et j'ai décidé de le relire, pour comprendre. Hormis le "400m" et le "24h" qui devraient être en toutes lettres, je n'avais rien trouvé de dérangeant et pourtant, à la fin de ce texte, quelque chose m'a posé problème.
Après relecture, je pense avoir trouvé ce qui me dérange : on sait, dès la fin du deuxième paragraphe, ce qui se passe et l'issue. L'eau monte, le personnage va mourir. A partir de là, il faut à mon sens se poser une question sur l'intention du texte parce que j'ai l'impression qu'il n'y a là qu'un tableau, comme si tu décrivais un bref instant pris sur le vif. Le problème c'est qu'en procédant ainsi, en annonçant l'issue dès les premières lignes, l'explication de ce qui s'est passé ou les émotions du personnage dont on ne sait rien d'autre que le nom ont tendance à laisser indifférentes, d'autant plus qu'elles sont très vagues. A partir des évocations, des avertissements, on peut aisément s'imaginer mille histoires sur comment elle en est arrivée à cette situation ; je ne sais pas si c'est le but mais c'est quelque chose que j'apprécie. Le problème, c'est que je n'ai aucune raison de le faire. Je n'en ai pas envie parce que je ne sais rien de ce personnage d'autre que c'est une scientifique, qu'elle pleure et va mourir. Bon. A partir de là, j'ai du mal à m'y attacher ou à faire un effort pour m'imaginer des situations.
Rien à redire en revanche sur l'ambiance, qui me semble tout à fait satisfaisantes. Ce qui me dérange vraiment, c'est que je décroche à la moitié d'un texte aussi court, et à raison, parce que la deuxième partie de ce texte a, a priori du moins, pour intention d'impliquer le lecteur et qu'il n'y parvient pas parce que quelque chose cloche dans le déroulement du texte. A partir du moment où je connais la situation finale et que le personnage n'est rien de plus qu'un nom, cette implication ne peut vraiment avoir lieu.
Portrait de Demosthene
Demosthene a répondu au sujet : #17858 il y a 12 ans 4 mois
Merci Ignit pour tes commentaires. Je vois très bien ce que tu veux dire sur l'implication vis à vis du personnage auquel on ne s'attache pas.
Je note que l'ambiance fonctionne aussi, donc tout n'est pas perdu :)