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Catégorie : Eternel Vagabond (L')
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     Cornelius, du fond de sa cellule aussi sombre et humide qu’un... hum... et bien, au fond de sa cellule sombre et humide, Cornelius ressassait les événements des dernières heures.

Il se trouvait sur Tatooïne (oui. Tatooïne. Avec des wookies et des Harrison Ford habillés en cowboys dedans. Pourquoi pas ?), à servir tranquillement les habitués de la taverne de Gheedo, lorsqu’il lui avait semblé s’évanouir. Après un bref intermède dénudé, il se rappelait la course poursuite en charrettes, et sa lamentable chute finale. Le lecteur attentif aura compris que les villageois l’ont enfermé dans leurs cachots ; et c’est à cette même conclusion qu’arrivait Cornelius lorsqu’il vit trois paysans s’approcher de lui d’un bon pas. Ces derniers avaient tout de rustres, comme l’on peut s’y attendre dans ces cas là : sourires édentés, face rougeaudes, haleines fétides, mais pas de " slips kangourous moyenâgeux " en vue. Ma mère m’a certifié qu’au moyen-âge, les gens ignoraient tout des sous vêtements ; et, comme chacun le sait, ma mère est un être d’une grande sagesse qui ne se trompe jamais (c’est du moins ce qu’elle m’a dit). Du coup, vous pouvez considérer le fameux slip comme le premier acte de mon comité d’autocensure personnel. Mais revenons plutôt à nos moutons, bien que dans ce cas précis des moutons se sentiraient insultés d’êtres comparés à ces paysans. Avec une inutile brutalité, ils ouvrirent la porte de la cellule et tirèrent Cornelius dans le couloir, le forçant à avancer vers une lourde porte de chêne bardée de fer. Du reste, ce dernier, en pleine réflexion, n’opposa aucune résistance à ses geôliers. Il fut donc amené dans la grande salle de la caserne, qui servait de tribunal ; et notre bon héros se trouva face à un juge à la face austère comme il se doit ; et à sa gauche se trouvaient cinq jurés dont tous étaient des variations de paysans décrits plus haut. Il fut assit sur un banc usé face au juge, sans se poser de question. Mais arrêtons-nous un instant et jetons un œil à Cornelius, assis sur son banc usé. On ne peut pas dire qu’il soit bel homme (ni belle femme, d’ailleurs) : son nez rond et son menton en galoche lui donnent un air...et bien, à vrai dire, ils lui donnent un air crétin. Mais pas autant que son espèce de peignoir blanc qui ne l’est plus vraiment d’ailleurs après ses aventures précédentes ; le genre de tenue que seul un héros comme Luke Skywalker peut porter sans sourciller. Maigrelet, peu d’habitants du Vieux Monde le qualifieraient d’humain ; il se tient droit et n’est même pas assez crasseux pour être un Bretonnien. Ce qui explique les regards interrogateurs des jurés qui semblent bien loin de leurs considérations habituelles, bien que, avouons-le, la plupart des jurés expriment autant de choses par leur regard qu’un poisson mort.

- Quel est ton nom, jeune...homme ? Commença le juge, d’une voix de stentor comme une fois de plus le précisent les conventions en la matière.

     Etonnament, cette simple question sembla plonger notre héros dans une réflexion d’une profondeur abyssale, bien que deux mètres furent une profondeur suffisante à Cornelius pour être qualifiée d’abysses. Il revit sous ses yeux (par " sous ses yeux ", j’entends en pensée, et pas au niveau de son nez) défiler son enfance, et il se remémora toutes les moqueries que lui avaient values son prénom ( si vous avez des jeux de mots là dessus, vous pouvez m’envoyer un mail). " Qu’est ce que tu fiches ? " lui demanda Subconscient, car c’est ainsi que nous l’appellerons, et qui, malgré les apparences, ne tenait pas à voir ce procès s’achever rapidement.

" Je réfléchis " fit Cornelius, sans lui prêter attention.

" Ecoute, petit. Je commence à te connaître, et, si je puis me permettre, mieux vaudrait ne pas trop réfléchir ".

" Yeeeeehaaaa(...)a !!!! ".

" Pardon ?", s’interrogea le démon, ignorant tout de l’existence du Texas, tout comme son interlocuteur mental.

" J’ai une idée !".

" Et bien vas-y, après tout. Ca ne peut pas être pire que la dernière ".

     Cornelius prit alors conscience des six (à vrai dire, ils n’étaient guère plus de trois) regards interrogateurs posés sur sa frêle carcasse.

-Je m’appelle...Skywalker, bredouilla-t-il, se remémorant un nom d’un des héros des légendes de sa planète.

" D’oh ! " fit Subconscient. " Finalement, ça pouvait être pire que la dernière fois ", admit-il.

-Hérésie ! Qu’on le condamne au bûcher ! Hurla soudain un des jurés, sans que personne ne comprenne vraiment pourquoi. Mais étonnamment, ce petit problème ne sembla pas gêner les autres membres du jury qui scandèrent bientôt ces mêmes mots tous ensemble.

-Vos gueeeeuuuuuuules ! Les stoppa le juge. La loi, c’est môua ! (qu’est que je n’aurais pas fait pour la placer, celle la ! : )). Après maintes délibérations, continua-t-il, nous avons décidé que la mort n’était pas un châtiment approprié à tes méfaits. Voici ta peine : tu devras traverser les bois obscurs, aller dans la montagne de la mort et défaire le plus horrible des monstres, la Bête qui terrorise notre contrée depuis la nuit des temps.

-La Bête ! La Bête ! Scandèrent les paysans, euphoriques devant l’inventive cruauté du juge.

     Un silence.

- Excusez-moi, j’écoutais pas, fit Cornnelius d’une voix pâteuse, sortant de sa torpeur.

Le juge s’empourpra de plus belle, de telle manière qu’à présent il n’aurait pas dépareillé dans une armée de démons de khorne. Ou de fruits rouges, c’est au choix.

-Qu’on le prépare ! Hurla-t-il de manièree à ce que Cornelius n’ait pas l’opportunité de ne pas l’écouter. Thorval l’accompagnera.

-Thorval ! Thorval ! Scandèrent les jurés,, s’activant frénétiquement.

     Mais toute cette agitation n’intéressait pas vraiment le soi-disant principal intéressé (Cornelius, quoi !) qui se demandait quelle heure pouvait-il bien être pour qu’il ait aussi faim. A vrai dire, l’après-midi pointait déjà le bout de son nez et il n’avait guère mangé depuis la veille, mais ne le lisez pas trop fort : s’il venait à l’apprendre, il ferait sans doute une crise d’apoplexie qui mettrait fin à l’histoire de manière peu glorieuse. Il regardait donc les villageois s’activer en tous sens d’un œil distrait ; à vrai dire, ça n’était pas plus mal, parce qu’il n’y avait pas grand chose d’intéressant à voir. Dans une attitude qui semblait être une piteuse tentative de solennel, on lui présenta un lot d’épées parmi lesquelles le lecteur attentif aura sans doute repéré celle de Markus, brisée par les roues de la charrette ; il en prit une sans y prêter aucune attention et , maladroitement, la fit tomber par terre. Elle se brisa sur le parquet sans que cela n’émeuve Cornelius.

-Solide, ce bois, fit-il remarquer. C’est du chêne ?

     Les paysans, eux, paraissaient extrêmement gênés.

-Vous comprenez, vous n’avez pas droit à une autre épée...il en faut pour les autres condamnés...Vous comprenez, il n’y a pas beaucoup d’armes par ici...il faut économiser...fit un des villageois sur un ton d’excuse.

-Oh ça ? Ca n’est pas grave, fit Corneliuus, sur un ton rassurant. Je vous comprends. C’est important, les économies... continua-t-il, se remémorant avec réticence les cours qu’il avait suivis sur le sujet quelques années plus tôt. Il n’en avait pas retenu grand chose, si ce n’est que ça devait être important pour qu’on oblige les jeunes à en apprendre les rudiments.

     Cette réponse parut satisfaire pleinement les autres qui semblaient soulagés ; mais bientôt, un cri vint à briser le silence :

-Thorval ! Thorval arrive ! S’époumona un jeune villageois à l’aspect presque aussi rustre que ses aînés.

      Et bientôt, tout le bâtiment fut empli par ces mots, scandés en chœurs par les paysans.
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