J’ouvris doucement un œil…
Droite… Gauche… Rien…
Bien… L’œil glissa donc à mon cerveau embrumé une information capitale… J’étais seul…
L’autre œil un peu timide s’ouvrit à son tour, soulevant la paupière avec ses petits bras musclés…
Et il confirma l’information déjà parvenue et désormais classée dans un des tiroirs de matière grise… J’étais seul.
Mon dos un peu à la traîne m’appris à grand cri de douleur que j’étais actuellement dans une position qu’il qualifia d’inconfortable… J’en prie bonne note et m’assit donc le plus doucement du monde dos à la barrière métallique contre laquelle j’avais pris une inconfortable posture.
" Hum… " était le seul mot qui me venait alors à l’esprit. Sûrement parti d’une pensée philosophique qui devait bouleverser les théories en place et engendrer un remaniement des idées préconçues vers un bonheur total, l’idée avait loupée une marche de l’escalier de la traduction pour finir dans ce " Hum… "
Flûte… Ce n’était pas le jour ou Thurin devait m’envoyer de tel cadeaux...
Une fois les nerfs optiques correctement ressoudés et prêt à l’emploi, je m’avisait de faire un point de la situation. La bonne nouvelle, c’est que j’avais enfin trouvé trace la guilde de l’Union... Du moins, ce Glen Strident (ou un truc de cet acabit) avait quelque chose à voir avec eux et j’arrivait donc près du but de mon voyage.
La mauvaise, c’est qu’au moment de lui dire ce que je faisait là, une " chose " étrange mangeuse de porte a trouvé celle de MA forge à son goût et que dans ma fuite désespérée avec un demi-cadavre de demi-assassin sur le dos je tombai…
Oui… J’ai trébuché…
Je n’avais pas fait plus de cent pas ( de nain, c’est dire… ) dehors que mes pieds m’envoyaient culbuter contre… hum… contre la barrière je pense.
" Hum hum… " Mon cerveau diesel se mettait en marche.
Je regardais autour de moi…
Rien… Pas rien comme le vide non… Rien, je n’y voyais rien…
- Le brouillard, manquait plus que çà…
Bon, puisque j’avais cinq minute à moi, j’allais me faire une bonne pipe…
Le temps de la bourrer comme se doit de le faire un nain, mon esprit reparti vers les limbes de la compréhension.
Ce village m’avait en effet parut étrange, comme l’est tout village ou la moitié de la population est hystérique, mais là çà dépassait ce que j’avais connu.
Soit, les habitants paraissaient à fleur de peau, soit, ce flash étrange aux échos de Curwen n’entrait pas de plein pied dans ma espace de " réalité ", mais que je n’ai vendu qu’une seule dague, et un ou deux onguents, EN TROIS JOURS !!! NON ! Forcement, il y avait un truc qui clochait.
Ma pipe dessinait ses dernières volutes sous mes yeux, le temps était venu de comprendre ce que diable je fichais là, adossé à une barrière au beau milieu d’un…
…d’un cimetière…
- Hum…
On y voyait peut être pas à cinq mètres, mais je savais reconnaître un cimetière quand j’en voyait un.
A la réflexion, ce cimetière là n’en était pas un… ou plutôt n’en était plus un…
Apparemment, pendant ma période d’absence totale de conscience ou je discutait de près avec une barrière, le train des choses de la vie avait décidé de forcer l’allure.
Le souvenir me revenait maintenant pleinement. Je n’étais pas tombé par pur hasard, non, un nain tient trop à la terre pour en tomber si facilement. Dans mon souvenir, je courrais pour fuir quand… quand une main sorti du sol…
Je me déplaçais vers l’endroit ou la dite main avait poussée.
…pour tenter de me chiper mes bottes neuves d’il y a huit ans !
Oui, c’était çà...
Ne voulant pas me voir séparé de ma paire de bottes j’avais bondit on ne peut plus maladroitement au dessus perdant le demi-assassin en vol et m’écrasant mollement contre le métal…
Bon, la situation était plus claire.
Mais… Où ?
L’esprit faisait un retour triomphant dans un flot de panique… J’avais perdu quelque chose en vol !!! Mes yeux firent un tour rapide de la place déserte.... Où donc ????
Ahhhhhh… Mon esprit ressorti du gouffre de panique ou je me noyais ( oui, les nains ont rarement pied… ). Tout allait bien, j’apercevais la bottine manquante à deux mètres de moi.
Apres une grande inspiration, je me décidais à retourner vers le centre du village.
Evitant tout les trous béants qui jonchaient le sol, j’atteins l’entrée du cimetière quand une pensée me vint avec la force d’un sac de sable mouillé en pleine figure. Le demi-assassin…
Flûte, je l’avais égaré.
Apres tout, ce n’était pas vraiment grave, un demi-assassin disparut, c’est une moitié de victime sauvée, j’avais ma conscience pour moi.
Apres un haussement d’épaule, je me remis en route la hache au poing. Si les morts avaient décidés de regagner leur pénates, grand bien leur fasse, mais s’ils s’avisaient de toucher à MA boutique… Hum, il manquerait plus que les anciens forgerons nerveux viennent me réclamer des " Roi y’a l’tise ".
C’était pire… Non seulement les anciens forgerons étaient bien devant MON commerce mais ils avaient amenés leurs amis ( vous savez, le genre d’amis qui rien que par sa présence vous empêche de mettre une torgnole au petit gars frêle qui vous pique une place de parking le 1er août à la Baule ).
Les morts avaient l’avantage du nombre, mais le statut de " mort de longue date " semblait leur avoir ôté tout pouvoir de finesse. A une centaine devant la forge répondait le vide à l’arrière du bâtiment.
Je me glissait donc derrière la bâtisse pour entrer dans MA forge par cette petite porte au bois vermoulu.
Je poussais doucement le battant… Rien… Rien que l’écho des coups sourd que tapaient des poings à moitié mangés par les vers contre la porte principale. Les nains ne sont pas réputés pour avoir une vue de lynx et je devait donc entrer à tâtons dans...
SHLINGGGGGGG GLINGGGGG FLOUSHH... pink !
Le " pink " de ma hache sur le sol mettait un terme au sifflement des épées et autres dagues qui se tendaient insidieusement vers ma gorge.
- Bien… Hum… Qui que vous soyez, ici, c’est MA forge et ce n’est pas parce qu’il y a une centaines de cadavres devant la porte tapant d’un pied nerveux que pour la plupart ils n’ont plus que je vais la laisser aux mains de…
- ROMPAP !!! La voix m’hurla aux oreilles
- Glen ? osais-je dire.
- OUI !!!
- Ah.
- Mais où étais-tu ?
- Dans un champs de trous.
- Un quoi ?
Je pris une grande inspiration.
- En fait, dans ce village, ils cultivent les trous pour les exporter. En échanges, ils importent de la terre afin de les re-remplir…
- Heu… je…
- J’étais perdu dans le cimetière en fait…
- Ah oui… je vois…
Le silence reprit sa place en planant autour de nous a peine gêné par les coups de moignons insistant contre la porte de devant. Je n’y voyait toujours goutte dans la forge mais je sentais une respiration de trop dans cette pièce. D’ailleurs, pour avoir pointé autant d’armes sur ma gorge, il eu fallut que Glen eu quatre bras.
Un détail peu anodin que j’aurais sûrement remarqué lors de notre première entrevue.
Le responsable de cette respiration en surplus brisa net le silence.
- HE !! C’EST LE NABOT DE TOUT a l’heu…
Un bruit de frottement de cuir étouffé nous parvins de la droite.
- Tu vas te taire oui !!
- Mais c’est le nab… pfffmouffff…
- Je… Pff… Je suis désolé…
- Hum… Mon esprit me conseilla de ne pas en dire plus, sinon ça aurait été ma hache qui aurait pris la parole.
Un nouveau silence déploya ses ailes dans la forge, il tenait la dragée haute aux coup de boutoir des morts au dehors et je décidais que c’était à mon tour de lui mettre un coup de botte.
- Tiens, le Demi-mort est là aussi.
- Je ne te permet pas de... Comment çà ?
- Comme pour moi tu étais soit mort, soit vivant, disons qu’il y avait une chance sur deux que tu sois vivant. Hum… Donc dans l’absolu, tu étais à 50% mort, 50% vivant…
- Je… enfin…
- Laisse, je t’expliquerais avec un chat dans une boite… Tu verras, c’est simple.
Un carreau vola en éclat et ne permit donc pas au silence de revenir se la couler douce entre nous.
- Je… Hum… Il faudra m’expliquer ce qu’il se passe…
- Oui… Enfin, pour le moment, m’expliqua Glen alors qu’un deuxième carreau déposait son lot de morceaux de verre sur MON sol, il va falloir dégager d’ici car ils ne vont pas tarder à comprendre qu’on peut faire le tour. Et il va falloir retrouver Sé’enne…
- Sé’enne ? Je pensais qu’un nouveau petit gars courageux avait fait son apparition pendant mon absence.
- Oui, mais il préfère qu’on l’appelle Dorian…
- Hum… Dorian… Votre compagnon ?
- Lui même.
- Sé’enne ? Pourquoi donc un nom si ridicule ? déjà que Dorian n’est pas glorieux… ( Oui, le Nain est d’humeur massacrante quand des morts vivants envahissent sa boutique )
- C’est à cause de son jeu préféré. Avec sa hache, il se place à…
- Dépêchons !! Vociféra le demi-vivant. Ils vont entrer !!!
Glen, imperturbable quand il s’agit de souvenirs poursuivit parmi les fracas de verres.
- Je disais donc qu’il se place à une trentaine de mettre d’un rocher sur lequel est posé une noisette et d’un lancer de hache, la coupe en deux…
- Hum… Et bien ( Je pensais déjà à la fabrication d’une hache profilé pour cette exercice et aux bénéfices qui en écoulerait. Le marché du lancer de hache était porteur en ce moment )... Mais pourquoi Sé’enne ?
- Bien… A cause des lettres C N… Casse-noisettes en somme. Mais ne vous avisez pas de prononcer ce mot en sa présence. C’est l’équivalent du mot Nab… Enfin, de ce mot que vous n’appréciez pas entendre.
- Hum…
- ILS ARRIVENT !!! Le demi-cadavre nous hurlaient maintenant aux oreilles.
- pff… je m’en doutais qu’on crèverait là… La voix avait un son de cuir.
- BOUCLE LA !! Glen sortais aussi de ses gonds. Vu l’ambiance et les cailloux qui commençaient à pleuvoir à l’intérieur de la bâtisse, çà ne m’étonnait pas que l’atmosphère se tende…
- Mais je l’ai déjà autour de la taille !! se défendit le semi-mort.
- Pas toi ! ELLE ! La Ceinture !
- Mais…
Le premier a avoir sauté le pas devait être un ancien propriétaire des lieux. Le mort avait traversé les restes de la fenêtre pour atterrir aux pieds de l’homme à la ceinture bavarde. Erreur pour lui, un coup d’épée fit de lui un cadavre qui chercherait sa tête pour l’éternité…
Je ne les trouvais pas malins, ( Un à priori dû à mon agacement de voir ma forge en si piteuse état j’espérais ) mais ils savaient se battre. J’aurais pu tomber plus mal. Quoique...