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Hi'.

      Au départ, l'éditorial a été reporté par flemme. Ensuite, l'éditorial a été reporté parce qu'il avait été reporté. Une fois ce dérèglement logique réglé, les discussions avaient déjà pris et il ne semblait plus nécessaire de s'y pencher.

      Puis, il y a eu ce détail. Juste, ce bête détail. Un chroniqueur avait quelque chose à dire. Et c'est ce que les débutants répondent souvent face à l'idée de critiquer, eux-mêmes, d'autres textes : ils ne "sauraient pas quoi dire". Ils ne se sentent pas compétents, ils ne sauraient pas expliquer, peu importe, dire qu'ils aiment est le mieux qu'ils pensent pouvoir faire. Pour le vieux grognard et pantouflard, c'est incompréhensible. Jusqu'à ce qu'on considère que le même vieux grognard pantouflard, à force de lire ses collègues, le même style, les mêmes tournures, les mêmes techniques, les mêmes pièges, ne sait plus quoi dire non plus. Ce sont les mêmes choses qui reviennent, les mêmes remarques, les mêmes opinions. Et plus d'une fois la discussion se réduit à un "j'ai aimé" plus ou moins élaboré, et une sorte de regard désespéré de la personne qui espérait en dire plus.

     Ce détail est devenu apparent à la lecture de la Sentinelle. Pour celui qui se lancera dans le texte, le début est un peu long, un peu laborieux, bon disons-le en termes djeuns c'est un pavé. Et si l'histoire, quand elle démarre, en vaut vraiment la peine, cette pesanteur peut rebuter. Mais cette pesanteur est aussi courante, pour ce genre de style truffé de petites pensées, et le répéter encore et encore n'a que peu ou pas d'intérêt. C'est une simple rature en marge d'un cahier de notes. Mais entre les deux, entre ce début embarrassé et le plongeon surprenant dans l'histoire, il y a l'épisode de Stéphane. Que le renard vous laisse le soin de découvrir. Et qui était une erreur, normalement, de débutant.

      Sans cette erreur, la discussion aurait probablement été pareille à tant d'autres. Les mêmes constats, les mêmes conclusions, et tout se serait achevé en deux messages. Mais soudain, il y avait un moteur, le critique était lancé. Et dans cet état d'esprit qu'il ne se connaissait plus, le chroniqueur s'est plongé dans des détails qu'il avait arrêté de voir, que l'auteur, même, n'avait jamais considérés. Il n'y a peut-être rien de plus destructeur -- après le manque de temps -- pour un chroniqueur que de n'avoir rien rien à dire. Et au travers de la discussion, plus ou moins disparate, plus ou moins passionnée, tout un tas de considérations sont venues ponctuer ce qui autrement aurait été perçu comme un débit de banalités. Soudain le texte avait rempli sa mission, par un bête accident, de briser la routine monotone.

      Un peu comme c'est, ironiquement, le rôle du RdM :
      RdM - Nox

     Souvent, on met en avant l'effort que demande la critique. Et c'est vrai, c'est un effort, conséquent. Une demi-heure, une heure, parfois plus pour un simple chapitre de saga. Pour réfléchir, analyser puis mettre au net, le plus clairement possible -- ou souvent pas, faute de temps -- cette pensée. Dire ce qu'on pense, dépasser ce qu'on sait sans clamer ce qu'on ne sait pas. Pris entre l'humilité et la prétention, et la prise de tête également, le critique peut baisser les bras. Mais on peut aussi mettre en avant tout ce qu'il a à y gagner, et le plaisir qu'il y a dans cet échange. Pouvoir partager une pensée, voir que d'autres ont eu la même. Être capable de pointer l'élément, la cause, l'effet, puis soudain, dans une étincelle, comprendre. Ce plaisir de la découverte. Cette griserie du nouveau, de la remise en question. Cette envie d'aller plus loin encore.

      Facile, sur un texte qui expérimente, qui se plante, qui s'effondre complètement, de tout déchiqueter, d'en parler sans fin. Presque ennuyeux sur un texte trop ciselé. Le souci n'est pas que le texte soit le meilleur possible, mais ce qu'il peut nous apprendre. C'est là où, vraiment, il invite à la discussion. C'est ce qu'on peut lui demander de mieux et ce qu'on voudrait parfois demander, chroniqueurs,
à vos plumes !

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