Le "mur"
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il y a 11 ans 3 semaines #18814
par Vuld Edone
Le "mur" a été créé par Vuld Edone
Hi'.
Déjà je m'aperçois que si ça continue c'est Zaleth qui va reprendre les Chroniques d'écriture. Bref.
Hier soir j'ai eu droit à l'habituel couplet "j'arrête je suis nul l'écriture c'est trop dur j'en ai marre j'ai plus de plaisir bye". La personne en question a bien sûr sa cohorte de fans, du texte au compteur et j'en passe.
J'en ai donc doctement diagnostiqué qu'il s'était mangé "le mur".
Voilà dans les grandes lignes comment j'ai décrit le phénomène :
1) Tu commences à écrire pour t'amuser. T'as une histoire, t'as appris à écrire, tu écris.
2) On te félicite tellement que tu finis par décider d'écrire "bien".
3) Ta courbe de progression commence à s'aplanir dangereusement.
4) Tu vois des fautes partout, c'est nul, t'en as marre, t'y arrives plus.
C'est en peu de mots ce que je me souviens avoir vécu après Largen, à mesure que je m'entêtais pour repousser mes limites. C'est en général le moment où on réalise à quel point on est mauvais et tout le chemin qu'il reste à parcourir (verre à moitié vide), et c'est même de là que vient ma doctrine "apprendre à écrire pour ne pas 'gâcher l'histoire'". Plus on t'a dit que tu étais bon, plus la chute est rude. Et c'est là où en général on finit par tout abandonner.
Je voulais vérifier avec vous si vous aviez connu une telle expérience, un moment où vous aviez l'impression de ne plus pouvoir progresser, d'être condamné à la médiocrité et où le syndrome de la page blanche s'était généralisé au point de vous dégoûter.
Pour être franc je n'ai plus de souvenirs de cette période.
Je ne me souviens plus non plus comment je l'ai surmontée. J'ai conseillé de "lâcher du lest", d'accepter le niveau actuel (verre à moitié plein) et d'être fier du chemin déjà parcouru. Mais j'ai vaguement l'impression d'être aussi passé par des séries de textes courts, pour m'entraîner, pour varier et pour maintenir l'habitude.
Avec le temps -- et mes souvenirs d'époque -- je me suis persuadé que "le mur" était une étape presque obligatoire dans le parcours de l'auteur amateur.
J'ajouterais en corollaire cette réflexion plus personnelle, mais classique. Qu'il s'agisse de dessin, de musique ou d'animation, les gens voient très vite s'ils sont bons ou mauvais, et les techniques qui manquent. Mais en écriture, "tout le monde a appris à écrire", et il est bien plus difficile de réaliser ce qui manque.
J'ai l'impression que le "mur" est particulier à l'écriture au sens où les gens partent avec l'idée que c'est facile, puis ont le choc de la difficulté. Et plus on leur a dit que ce qu'ils faisaient était génial, plus ils tombent de haut. Aussitôt le mythe du "talent" rentre en jeu et les gens se persuadent qu'en fait ils n'étaient pas Rimbaud (sans rire).
Cette réflexion à part, quelle est votre expérience ?
Déjà je m'aperçois que si ça continue c'est Zaleth qui va reprendre les Chroniques d'écriture. Bref.
Hier soir j'ai eu droit à l'habituel couplet "j'arrête je suis nul l'écriture c'est trop dur j'en ai marre j'ai plus de plaisir bye". La personne en question a bien sûr sa cohorte de fans, du texte au compteur et j'en passe.
J'en ai donc doctement diagnostiqué qu'il s'était mangé "le mur".
Voilà dans les grandes lignes comment j'ai décrit le phénomène :
1) Tu commences à écrire pour t'amuser. T'as une histoire, t'as appris à écrire, tu écris.
2) On te félicite tellement que tu finis par décider d'écrire "bien".
3) Ta courbe de progression commence à s'aplanir dangereusement.
4) Tu vois des fautes partout, c'est nul, t'en as marre, t'y arrives plus.
C'est en peu de mots ce que je me souviens avoir vécu après Largen, à mesure que je m'entêtais pour repousser mes limites. C'est en général le moment où on réalise à quel point on est mauvais et tout le chemin qu'il reste à parcourir (verre à moitié vide), et c'est même de là que vient ma doctrine "apprendre à écrire pour ne pas 'gâcher l'histoire'". Plus on t'a dit que tu étais bon, plus la chute est rude. Et c'est là où en général on finit par tout abandonner.
Je voulais vérifier avec vous si vous aviez connu une telle expérience, un moment où vous aviez l'impression de ne plus pouvoir progresser, d'être condamné à la médiocrité et où le syndrome de la page blanche s'était généralisé au point de vous dégoûter.
Pour être franc je n'ai plus de souvenirs de cette période.
Je ne me souviens plus non plus comment je l'ai surmontée. J'ai conseillé de "lâcher du lest", d'accepter le niveau actuel (verre à moitié plein) et d'être fier du chemin déjà parcouru. Mais j'ai vaguement l'impression d'être aussi passé par des séries de textes courts, pour m'entraîner, pour varier et pour maintenir l'habitude.
Avec le temps -- et mes souvenirs d'époque -- je me suis persuadé que "le mur" était une étape presque obligatoire dans le parcours de l'auteur amateur.
J'ajouterais en corollaire cette réflexion plus personnelle, mais classique. Qu'il s'agisse de dessin, de musique ou d'animation, les gens voient très vite s'ils sont bons ou mauvais, et les techniques qui manquent. Mais en écriture, "tout le monde a appris à écrire", et il est bien plus difficile de réaliser ce qui manque.
J'ai l'impression que le "mur" est particulier à l'écriture au sens où les gens partent avec l'idée que c'est facile, puis ont le choc de la difficulté. Et plus on leur a dit que ce qu'ils faisaient était génial, plus ils tombent de haut. Aussitôt le mythe du "talent" rentre en jeu et les gens se persuadent qu'en fait ils n'étaient pas Rimbaud (sans rire).
Cette réflexion à part, quelle est votre expérience ?
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- Mr. Petch
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il y a 11 ans 3 semaines #18830
par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Le "mur"
Ha ha !
Quel sujet !
J'imagine qu'on a tous vécu cela ici... Pour moi, cela a coïncidé au moment où j'ai abandonné coup sur coup deux romans qui me semblaient pourtant prometteurs mais que je ne parvenais plus à écrire.
A ce jour, ma philosophie sur la question et la suivante (les bons jours ) : je n'écris que quand cela m'apporte du plaisir. Je ne veux plus me faire violence pour écrire et le regretter après. J'ai tendance à considérer que c'est un des avantages de l'écriture amateur : on se sait amateur, on s'assume amateur, et cela offre une forme de liberté face à l'écriture. Liberté de jugement de soi et liberté d'action. Me dire "amateur" m'aide à la fois à être un peu déçu de ce que j'écris, et à me faire plaisir en écrivant, sans contraintes.
Et tu as raison sur les textes courts... les Fragments m'ont beaucoup aidé à reprendre l'écriture : c'est gratifiant de terminer un texte qui est comme une expérience. Certains Fragments sont ratés, mais je n'y accorde pas trop d'importance. Alors que les Martyrs qui traînent ça me minent davantage.
Je vais écrire deux-trois Fragments en attendant et ça ira pour reprendre les Martyrs !
Et à ce propos me vient une pensée : les Chroniques sont un excellent endroit, car quand je n'ai pas envie d'écrire, je viens ici et je commente. C'est une sorte d'alternative, de repos qui me dit qu'en commentant, je progresse aussi et je perds moins mon temps qu'en écrivant un texte dont je serais deçu...
Mr Petch
Quel sujet !
J'imagine qu'on a tous vécu cela ici... Pour moi, cela a coïncidé au moment où j'ai abandonné coup sur coup deux romans qui me semblaient pourtant prometteurs mais que je ne parvenais plus à écrire.
A ce jour, ma philosophie sur la question et la suivante (les bons jours ) : je n'écris que quand cela m'apporte du plaisir. Je ne veux plus me faire violence pour écrire et le regretter après. J'ai tendance à considérer que c'est un des avantages de l'écriture amateur : on se sait amateur, on s'assume amateur, et cela offre une forme de liberté face à l'écriture. Liberté de jugement de soi et liberté d'action. Me dire "amateur" m'aide à la fois à être un peu déçu de ce que j'écris, et à me faire plaisir en écrivant, sans contraintes.
Et tu as raison sur les textes courts... les Fragments m'ont beaucoup aidé à reprendre l'écriture : c'est gratifiant de terminer un texte qui est comme une expérience. Certains Fragments sont ratés, mais je n'y accorde pas trop d'importance. Alors que les Martyrs qui traînent ça me minent davantage.
Je vais écrire deux-trois Fragments en attendant et ça ira pour reprendre les Martyrs !
Et à ce propos me vient une pensée : les Chroniques sont un excellent endroit, car quand je n'ai pas envie d'écrire, je viens ici et je commente. C'est une sorte d'alternative, de repos qui me dit qu'en commentant, je progresse aussi et je perds moins mon temps qu'en écrivant un texte dont je serais deçu...
Mr Petch
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- Zarathoustra
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il y a 11 ans 1 semaine #18845
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Le "mur"
Oui, j'ai connu ça. Et je continue à le connaître.
Je me soigne en réécrivant. Comme ça, je me dis que j'ai été au bout de ce que j'étais sensé pouvoir écrire. Et puis parfois, quelques mois plus tard, je vois encore des choses horribles, des formulations ou des phrases à simplifier etc.
Du coup, j'ai pas vraiment eu de blocage sur ça. C'est plus un blocage d'inspiration ou d'envie. Ou de distraction au lieu d'écrire.
J'écris, je le relis plusieurs fois (donc en le modifiant déjà plusieurs fois). Puis je laisse décanter, et je relais et je remodifie.
Et quand je veux écrire et que j'ai ce fameux mur, je reprends un ancien texte qui ne me satisfaisait pas et je le réécris. Ou je me lance dans un truc complètement libre, style une pensée pour faire un paragraphe des 3 Noms où je suis très libre pour improviser, notamment sur ses pensées du présent.
Je me soigne en réécrivant. Comme ça, je me dis que j'ai été au bout de ce que j'étais sensé pouvoir écrire. Et puis parfois, quelques mois plus tard, je vois encore des choses horribles, des formulations ou des phrases à simplifier etc.
Du coup, j'ai pas vraiment eu de blocage sur ça. C'est plus un blocage d'inspiration ou d'envie. Ou de distraction au lieu d'écrire.
J'écris, je le relis plusieurs fois (donc en le modifiant déjà plusieurs fois). Puis je laisse décanter, et je relais et je remodifie.
Et quand je veux écrire et que j'ai ce fameux mur, je reprends un ancien texte qui ne me satisfaisait pas et je le réécris. Ou je me lance dans un truc complètement libre, style une pensée pour faire un paragraphe des 3 Noms où je suis très libre pour improviser, notamment sur ses pensées du présent.
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- Vuld Edone
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il y a 11 ans 1 semaine #18847
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Le "mur"
Étonnamment, yup.
C'est vrai que quand je parlais de "mur", je pensais à une sorte de passage obligé pour les scribouillards que nous sommes, mais une étape unique et qu'on finit par franchir. Il semble plutôt que ce soit un phénomène récurrent et plus dû aux circonstances qu'à un "palier d'écriture".
Et effectivement, quand j'ai du mal à écrire un texte, que je ne me sens plus capable de le continuer (mais que fondamentalement je voudrais), alors je me lance dans un autre texte "moins grave".
Ca n'aide pas forcément à reprendre le texte que je voulais (dixit les chroniques de l'Elebren) mais ça me permet de me maintenir dans l'écriture.
Quand j'y réfléchis, ces derniers temps j'ai fait Fléau -> Athenor -> Anges -> Renier, ce que j'appelle la fuite en avant, puisqu'au final c'est Fléau que j'aimerais écrire... Et je sais qu'Athenor est abandonné (puisqu'Anges peut reprendre le flambeau) justement parce qu'il s'agissait d'un texte "moins grave", pour relancer.
Plutôt que de mur j'aurais dû parler de relance...
C'est vrai que quand je parlais de "mur", je pensais à une sorte de passage obligé pour les scribouillards que nous sommes, mais une étape unique et qu'on finit par franchir. Il semble plutôt que ce soit un phénomène récurrent et plus dû aux circonstances qu'à un "palier d'écriture".
Et effectivement, quand j'ai du mal à écrire un texte, que je ne me sens plus capable de le continuer (mais que fondamentalement je voudrais), alors je me lance dans un autre texte "moins grave".
Ca n'aide pas forcément à reprendre le texte que je voulais (dixit les chroniques de l'Elebren) mais ça me permet de me maintenir dans l'écriture.
Quand j'y réfléchis, ces derniers temps j'ai fait Fléau -> Athenor -> Anges -> Renier, ce que j'appelle la fuite en avant, puisqu'au final c'est Fléau que j'aimerais écrire... Et je sais qu'Athenor est abandonné (puisqu'Anges peut reprendre le flambeau) justement parce qu'il s'agissait d'un texte "moins grave", pour relancer.
Plutôt que de mur j'aurais dû parler de relance...
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra