Comment commencer un texte?
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il y a 11 ans 3 semaines #18812
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Comment commencer un texte?
Je pourrais commencer par dire que j'ai vu des gens discuter de l'introduction du texte.
Si on se souvient bien, du temps du Wafo' on parlait d'une partie "historique" et d'une partie "narrative", la partie historique posant l'histoire avant que celle-ci ne commence vraiment.
Comme dit, j'ai donc vu des jeunes de 17-19 ans (plus si jeunes ?) expliquer qu'ils n'aimaient pas l'in media res, le texte qui commence en pleine action. Ils préféraient un texte qui débutait en posant le décor, les personnages et une situation initiale au calme, presque sans tension. Dans le cas où on débutait en pleine problématique, ils se sentaient perdus.
J'ai traduit ça par "le media res demande trop d'efforts".
Ca... n'avait rien à voir avec la première phrase mais je tenais à le dire.
Pour ce qui est de la première phrase, je pourrais ressortir Fléau et son "Il y avait un renard sur le quai..." ou Renier et son "Monsieur Renier se levait à quatre heures et demi..." mais en fait j'ai tout autre chose en tête.
Depuis que je me suis mis au GoogleDoc pour écrire mes fanfictions, j'ai pris l'habitude de faire une page de titre avec, en-dessous du titre écrit en très gros, une fausse "citation" qui donne une idée au lecteur de ce qu'il s'apprête à lire.
Il s'agit alors d'une "fausse" première phrase, une phrase avant même le texte. Chose intéressante, je tire généralement cette phrase, souvent une réplique de personnage, du texte même que je m'apprête à écrire. Même si la phrase n'y apparaît plus, on peut quasiment deviner le passage où elle était prévue.
Ma vision de la première phrase n'a pas changé : c'est elle qui va donner le ton du texte et, donc, annoncer au lecteur ce qui l'attend, l'y préparer. Pas au niveau du contenu, mais vraiment au niveau du ton.
Et pour moi, auteur, elle me rappelle ce qui fait le coeur de mon récit, comme un repère (ce que j'ai fini par appeler le "core story").
Ce qui a changé, c'est que je débute désormais une grande partie de mes textes avec "deux" premières phrases. Celle de titre et celle lançant vraiment le récit, avec laquelle je devrai enchaîner.
Par exemple, je suis en train d'écrire une fanfiction impliquant le clonage et les cellules souches. J'ai donc cité, sous le titre, le texte d'un site :
La première phrase du texte, elle, est :
Il y a tout le programme de ma fanfic' dans ces quelques mots, la clé même du message, mais rien sur le contenu. Inversement, la citation précédente donne tout le contenu, à savoir des clones à foison, mais n'explique pas à quoi s'attendre, d'autant plus que c'est juste une traduction tirée d'un site quelconque.
À noter qu'on a parlé de "première phrase" mais il ne faut pas oublier le titre.
Il m'arrive toujours d'écrire un texte avant même d'en avoir trouvé le titre. Par exemple j'avais projeté d'écrire un texte (abandonné) sur un enfant voulant s'engager chez les gardes, et après environ... sept pages... au moment de quitter le document je me suis demandé quel titre lui donner.
J'ai fini par l'appeler "99" (pour "the 99%").
Avant d'abandonner le texte.
Le titre est également là pour annoncer au lecteur le contenu du texte. C'est même, bien plus que la première phrase (qui doit lancer la narration) la toute première accroche. Il doit pouvoir donner le fond comme la forme et c'est parfois un casse-tête de le choisir.
Je me rappelle d'ailleurs qu'avec "Caudectomie" on m'avait reproché que le texte n'avait rien à voir avec l'amputation de queue. J'avais conservé ce terme technique pour prévenir le lecteur que le contenu était assez... déplaisant.
Dernière remarque.
Que ce soit pour les Anges ou pour ce texte sur le clonage, j'ai tenté d'en revenir à l'introduction "historique", classique. Je pensais même mettre cette introduction à part, avec des guillemets. J'avais d'ailleurs prévu ça aussi pour "Arche", texte également abandonné où je passais deux pages à expliquer les événements précédant l'histoire.
Pour les Anges, cela revenait à retracer l'histoire d'Alquières depuis la fin d'une guerre galactique jusqu'à Homs, et non seulement toutes ces informations allaient de toute manière devoir revenir dans les futurs chapitres, mais elles étaient aussi pour la plupart fausses (comme d'habitude).
Dans le cas du clonage, j'avais voulu créer une entreprise fictive en Inde, et j'avais voulu l'ancrer dans la réalité. J'avais donc passé deux-trois paragraphes à citer des instituts, des conférences et des groupes de recherche réels... puis je me suis rendu compte que non seulement ça ressemblait à un manifeste politique mais que là encore l'information viendrait plus tard dans le texte.
Bref, je n'arrive plus à introduire "historiquement" un récit. Cette manière de faire me paraît inappropriée dans la majorité des cas, et même là où elle me semblait appropriée je l'ai abandonnée au profit d'une introduction plus classique, cherchant à placer le lecteur le plus rapidement possible dans le problème.
(C'est le "ce soir-là je ne me rendis compte de rien".)
Et je dois admettre qu'une fois lecteur, je manque particulièrement de patience. Si on se met à me raconter des choses générales pour découvrir qu'au paragraphe suivant on a soudainement tout renvoyé aux calendes pour parler de tout autre chose, j'ai tendance à grogner très fort.
Bref, voilà ce qu'actuellement je peux dire à propos de la première phrase.
En fait non.
Toujours pour ce texte de clonage, j'ai dû réécrire le début trois fois.
La première fois, on débutait avec la partie historique, puis le narrateur découvrait le résultat du clonage au téléjournal, à la manière du 11 septembre 2001 (pour rappel, une image sans métadiscours, brute). Je me suis rendu compte que c'était invraisemblable et j'ai abandonné.
La seconde fois, on débutait sans la partie historique, avec le narrateur qui se connecte à Youtube et y voit un live actif, le résultat du clonage (et un faux "leak"). J'ai pu enchaîner l'histoire là-dessus avant de me rendre compte d'une bête chose : la fréquentation du live, avec des centaines de milliers de spectateurs et plus, aurait dû provoquer des pannes, des difficultés d'accès.
La troisième fois, donc, le narrateur n'a pas accès au live et ne se rend compte de rien.
On peut croire que je suis arrivé au troisième jet par accident, mais de fait avant même d'écrire j'avais cette idée d'un narrateur passif, spectateur et au final inconscient de ce qui se passe. Ce qui se passait était plutôt que je forçais le texte vers cette vision et que les événements de départ ne s'accordaient pas avec le ton que je désirais. Parce que, ne mentons pas, j'aurais pu justifier le téléjournal ou une bande passante impeccable.
Pour le lecteur, il se peut que la première phrase n'ait aucun effet. Aucune idée. Mais quand je dois écrire, si je n'ai pas "LA" première phrase, je peux aussi bien fermer le traitement de texte.
Si on se souvient bien, du temps du Wafo' on parlait d'une partie "historique" et d'une partie "narrative", la partie historique posant l'histoire avant que celle-ci ne commence vraiment.
Comme dit, j'ai donc vu des jeunes de 17-19 ans (plus si jeunes ?) expliquer qu'ils n'aimaient pas l'in media res, le texte qui commence en pleine action. Ils préféraient un texte qui débutait en posant le décor, les personnages et une situation initiale au calme, presque sans tension. Dans le cas où on débutait en pleine problématique, ils se sentaient perdus.
J'ai traduit ça par "le media res demande trop d'efforts".
Ca... n'avait rien à voir avec la première phrase mais je tenais à le dire.
Pour ce qui est de la première phrase, je pourrais ressortir Fléau et son "Il y avait un renard sur le quai..." ou Renier et son "Monsieur Renier se levait à quatre heures et demi..." mais en fait j'ai tout autre chose en tête.
Depuis que je me suis mis au GoogleDoc pour écrire mes fanfictions, j'ai pris l'habitude de faire une page de titre avec, en-dessous du titre écrit en très gros, une fausse "citation" qui donne une idée au lecteur de ce qu'il s'apprête à lire.
Il s'agit alors d'une "fausse" première phrase, une phrase avant même le texte. Chose intéressante, je tire généralement cette phrase, souvent une réplique de personnage, du texte même que je m'apprête à écrire. Même si la phrase n'y apparaît plus, on peut quasiment deviner le passage où elle était prévue.
Ma vision de la première phrase n'a pas changé : c'est elle qui va donner le ton du texte et, donc, annoncer au lecteur ce qui l'attend, l'y préparer. Pas au niveau du contenu, mais vraiment au niveau du ton.
Et pour moi, auteur, elle me rappelle ce qui fait le coeur de mon récit, comme un repère (ce que j'ai fini par appeler le "core story").
Ce qui a changé, c'est que je débute désormais une grande partie de mes textes avec "deux" premières phrases. Celle de titre et celle lançant vraiment le récit, avec laquelle je devrai enchaîner.
Par exemple, je suis en train d'écrire une fanfiction impliquant le clonage et les cellules souches. J'ai donc cité, sous le titre, le texte d'un site :
Ce qui, en y pensant, serait aussi une bonne introduction pour Athenor, mais catastrophique pour lancer le texte même.Avez-vous jamais rêvé d'avoir votre propre clone pour faire vos devoirs pendant que vous allez au parc ou voir vos amis ?
Imaginez que vous puissiez vraiment faire cela. Par où commenceriez-vous ?
La première phrase du texte, elle, est :
Aucune mention de la recherche biomédicale ou de génétique. Par contre, première personne, localisation temporelle et surtout "je ne me rendis compte de rien". Le texte parle exactement de ça : la façon dont le clonage s'impose sans que personne n'y songe, et qui finit par être normal.Ce soir-là je ne me rendis compte de rien.
Il y a tout le programme de ma fanfic' dans ces quelques mots, la clé même du message, mais rien sur le contenu. Inversement, la citation précédente donne tout le contenu, à savoir des clones à foison, mais n'explique pas à quoi s'attendre, d'autant plus que c'est juste une traduction tirée d'un site quelconque.
À noter qu'on a parlé de "première phrase" mais il ne faut pas oublier le titre.
Il m'arrive toujours d'écrire un texte avant même d'en avoir trouvé le titre. Par exemple j'avais projeté d'écrire un texte (abandonné) sur un enfant voulant s'engager chez les gardes, et après environ... sept pages... au moment de quitter le document je me suis demandé quel titre lui donner.
J'ai fini par l'appeler "99" (pour "the 99%").
Avant d'abandonner le texte.
Le titre est également là pour annoncer au lecteur le contenu du texte. C'est même, bien plus que la première phrase (qui doit lancer la narration) la toute première accroche. Il doit pouvoir donner le fond comme la forme et c'est parfois un casse-tête de le choisir.
Je me rappelle d'ailleurs qu'avec "Caudectomie" on m'avait reproché que le texte n'avait rien à voir avec l'amputation de queue. J'avais conservé ce terme technique pour prévenir le lecteur que le contenu était assez... déplaisant.
Dernière remarque.
Que ce soit pour les Anges ou pour ce texte sur le clonage, j'ai tenté d'en revenir à l'introduction "historique", classique. Je pensais même mettre cette introduction à part, avec des guillemets. J'avais d'ailleurs prévu ça aussi pour "Arche", texte également abandonné où je passais deux pages à expliquer les événements précédant l'histoire.
Pour les Anges, cela revenait à retracer l'histoire d'Alquières depuis la fin d'une guerre galactique jusqu'à Homs, et non seulement toutes ces informations allaient de toute manière devoir revenir dans les futurs chapitres, mais elles étaient aussi pour la plupart fausses (comme d'habitude).
Dans le cas du clonage, j'avais voulu créer une entreprise fictive en Inde, et j'avais voulu l'ancrer dans la réalité. J'avais donc passé deux-trois paragraphes à citer des instituts, des conférences et des groupes de recherche réels... puis je me suis rendu compte que non seulement ça ressemblait à un manifeste politique mais que là encore l'information viendrait plus tard dans le texte.
Bref, je n'arrive plus à introduire "historiquement" un récit. Cette manière de faire me paraît inappropriée dans la majorité des cas, et même là où elle me semblait appropriée je l'ai abandonnée au profit d'une introduction plus classique, cherchant à placer le lecteur le plus rapidement possible dans le problème.
(C'est le "ce soir-là je ne me rendis compte de rien".)
Et je dois admettre qu'une fois lecteur, je manque particulièrement de patience. Si on se met à me raconter des choses générales pour découvrir qu'au paragraphe suivant on a soudainement tout renvoyé aux calendes pour parler de tout autre chose, j'ai tendance à grogner très fort.
Bref, voilà ce qu'actuellement je peux dire à propos de la première phrase.
En fait non.
Toujours pour ce texte de clonage, j'ai dû réécrire le début trois fois.
La première fois, on débutait avec la partie historique, puis le narrateur découvrait le résultat du clonage au téléjournal, à la manière du 11 septembre 2001 (pour rappel, une image sans métadiscours, brute). Je me suis rendu compte que c'était invraisemblable et j'ai abandonné.
La seconde fois, on débutait sans la partie historique, avec le narrateur qui se connecte à Youtube et y voit un live actif, le résultat du clonage (et un faux "leak"). J'ai pu enchaîner l'histoire là-dessus avant de me rendre compte d'une bête chose : la fréquentation du live, avec des centaines de milliers de spectateurs et plus, aurait dû provoquer des pannes, des difficultés d'accès.
La troisième fois, donc, le narrateur n'a pas accès au live et ne se rend compte de rien.
On peut croire que je suis arrivé au troisième jet par accident, mais de fait avant même d'écrire j'avais cette idée d'un narrateur passif, spectateur et au final inconscient de ce qui se passe. Ce qui se passait était plutôt que je forçais le texte vers cette vision et que les événements de départ ne s'accordaient pas avec le ton que je désirais. Parce que, ne mentons pas, j'aurais pu justifier le téléjournal ou une bande passante impeccable.
Pour le lecteur, il se peut que la première phrase n'ait aucun effet. Aucune idée. Mais quand je dois écrire, si je n'ai pas "LA" première phrase, je peux aussi bien fermer le traitement de texte.
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra