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Le général Akdov, à la tête du Nouveau Monde, déployait deux divisions de Pornev au-dessus de la mer du Labrador. Les bâtiments de guerre atmosphérique approchaient Nuuk par l’ouest, à seulement trente kilomètres la garnison de l’astroport alors en l’air recevait les renforts de tout le Groenland, prêt à contrer ce qui apparaissait à tous comme une invasion.
Alors que le combat se préparait au-dessus de la mer, la balise radar avait saisi cette masse de vaisseaux et en l’absence de transpondeur, avait reconnu une flotte ennemie. La compagnie du site sous-marin s’acharna aussitôt à fermer toutes les portes, à verrouiller les accès et rediriger le personnel sur les abris. Au poste de sécurité ces mêmes soldats passaient devant les cellules sans remarquer les prisonniers qui les interpellaient.
- Quelqu’un va nous dire ce qui se passe ?!
De tous les membres de l’équipe, Naïa supportait le moins cette situation. Elle tenait les barreaux à pleines mains et les secouaient à chaque passage de soldats. L’un d’eux se retourna à ses appels, pointa son arme en sa direction et hésita, deux ou trois secondes, avant de repartir.
- C’est la panique. Conclut Kyréna.
- Un problème technique ?
- Un problème de surface. Akdov doit se trouver juste au-dessus de nos têtes.
- Akdov ?
Le lieutenant Immons s’arracha au mur froid de la cellule.
- Qu’est-ce que vous racontez, Kyréna ? Cela fait des années qu’Akdov ignore où se trouve le tore, pourquoi est-ce que du jour au lendemain il le trouverait, comme ça, par miracle ?
- En tout cas s’il ne l’a pas trouvé, avec tout ce raffut même un sonar au rabais satisferait sa curiosité.
- À deux cents mètres de profondeur ? Moins que probable.
- Vous n’avez pas répondu, Kyréna.
Le capitaine se détourna. Il essaya la couchette, malgré l’alarme qui, dans les petites cellules d’acier, leur vrillait les oreilles. Naïa continait de secouer les barreaux.
- Ils ne vont pas nous laisser ici ! Ouvrez-nous, enf…
Elle sentit la grille lui échapper des mains. Dans un déclic la porte de sa cellule s’ouvrit. Le temps de regarder d’un côté et de l’autre au cas où un garde viendrait et la pilote s’aventurait dans le couloir. Kyréna se leva d’un bond en la trouvant de l’autre côté. Il s’approcha de sa propre porte pour découvrir qu’elle était ouverte également.
- Alors là, sentencia Immons tandis qu’il ouvrait la sienne, il faut absolument que vous deveniez ma femme, sergent Naïa !
Elle eut envie de pouffer de rire tant c’était déplacé.
- Vous roucoulerez plus tard. Naïa, retrouvez le biochimiste et rendez-vous avec lui au sous-marin. Immons, nous allons aux bureaux.
- Et si on rencontre un garde ?
- Ce qui se passe au projet cinq ne sort pas du projet cinq.
De violentes secousses ébranlèrent l’installation. Les troupes du Nouveau Monde larguaient des mines sous-marines, heureusement trop peu, trop loin et qui n’atteignaient pas le fond. Akdov ne voulait pas détruite l’installation, mais s’en emparer de force. Ils n’attendraient pas jusque-là. Naïa disparut très vite tandis que les deux officiers, restés seuls, cherchaient à se repérer parmi tous les couloirs.
L’alarme se tut. Malgré cela l’agitation se poursuivait parmi le personnel et quand ils rencontrèrent des membres scientifiques, des équipes d’entretien, personne ne leur prêta attention. Ils s’effacèrent cependant au passage d’un groupe armé.
- Au fait, je ne sais pas nager.
Et Immons repartit en laissant le capitaine épaté. Une poignée de minutes leur suffiraient pour atteindre les bureaux, si rien ne venait les freiner.

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