file [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

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il y a 17 ans 6 mois #12751 par San
[Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard a été créé par San
Au risque de le regretter, je lis comme d'habitude les textes dans l'ordre de la page d'accueil des Chroniques :D Bref, un bon petit Feurnard pour commencer, ça donne du coeur à l'ouvrage.

Sautons directement aux conclusions pour changer (...), j'ai l'impression tenace que ce texte est le récit d'une soirée de beuverie rapportée en termes fleuris par un soûlard paranoïaque et complètement bourré.
Evidemment, tous les indices sont là, le thème omniprésent du vin, l'agressivité, l'incompréhension, des raisonnements biz z arres et une histoire assez hallucinante. Je qualifie les raisonnements des personnages de biz z arres car ils ne sont pas bancals, simplement accordés à l'intrigue, je suppose.
Alors, est-ce que c'est un piège? Un raccourci qu'il vaudrait peut-être mieux éviter de prendre, sûrement. Mais au-delà de ça, il s'agit de la légende fantastique qu'une boisson puisse révéler ce que son consommateur a fait, ou fera... de mal, si je comprends bien. Le vin rouge, un meurtre ; le jus d'orange... Quelque chose de pire? Toujours est-il que cette intrigue ne suffit pas à soutenir l'histoire. Encore plus tordu que les autres, peut-être.

Au fait :

Une vois continua, féminine, avec des accents sauvages.

Une tite faute à corriger.

Ah mais oui, des démons. Le texte n'est pas tout à fait de la même veine que les autres de la série, moins solide, une pause comme tu le dis. Il n'en reste pas moins qu'il faut chercher de ce côté, finalement. En tant qu'entracte il a l'air d'y avoir tout autant d'interprétations à faire que pour H&F, Nominavit... Mais on en a moins envie cette fois, pour ne pas gâcher la récréation.

- Démons !

Aucun ne le contredit.

M'est avis que le démon, ça peut être l'alcool, ou bien lui-même, sans doute aussi le barman, et puis les autres buveurs (leur jus d'orange a l'air louche, l'est peut-être coupé avec de l'alcool!) alors pourquoi pas. L'ivresse fait dire des choses de ce genre. Pourquoi "démons" et pas "conn****"? Moins grossier certes, le tout paraîtrait presque sensé (en laissant de côté quelques détails étranges) si il avait choisi une autre insulte.
Qu'est-ce qu'un démon? Un suppôt du diable? Un être de tentation et de corruption, sûrement. L'autre insulte marcherait bien aussi... Dans notre monde, le mot "démon" n'est en fait franchement pas courant. C'est peut-être un peu du but...

Le soûlard accuse l'enfant d'être un démon qui le fait tuer, ou qui le fait boire, voire les deux. L'enfant proteste de son innocence :

- Dis-leur, c’est de ta faute, c’est toi, c’est toi !

- Non.

Il secoua la tête, la baissant un peu, les yeux fermés. Ses bras levés devant lui le protégeaient de coups invisibles que ponctuaient les cris de l’ivrogne.

- C’est de ta faute ! C’est toi ! Tu veux ma mort !

- Non.

La parole d’un enfant ne vaut rien quand se déchaîne la violence.

Implicitement on le voit clairement innocent. Aucun moyen de le prouver mieux que ça de toute manière, et même si "- Nous avons tous tué.", on imagine que l'enfant n'a rien tué d'autre que des sauterelles en primaire. Il n'a pas bu de vin. En plus, on ne le remarque pas avant la moitié du texte, il est discret, pas baratineur pour un sou. En tant que démon, ce serait lui le mieux déguisé en humain!

Mais bon, l'enfant n'est que l'endroit où se concentre toute la virulence du buveur, mais sa rancoeur est dirigée contre l'ensemble du bar, les clients, le gérant, la boisson... Dans cette histoire, tout le monde est suspect, tout le monde a tué, tue ou tuera, et pourtant ils n'ont pas l'air méchant comme ça, plutôt normaux.

Je vais bientôt me mettre à tourner en rond, mais il faut quand même ajouter ça :

- Qui ? Puis il tourna la tête et, qui va mourir ?

Très bonne question puisqu'on ne le sait pas du tout (en tout cas ça m'a échappé). Histoire insensée, délire hallucinatoire, on retourne à la case départ. Je ne t'ai pas posé de véritable question Feurnard, mais si tu trouves quelque chose à répondre, cela pourrait m'aider. :)

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il y a 17 ans 6 mois #12752 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

San écrit: Au fait :
Citation:
Une vois continua, féminine, avec des accents sauvages.
Une tite faute à corriger.

Tss... pour une fois que je pouvais corriger Feurnard jusqu'à m'en moquer et le réduire, l'écraser, le... Dommage.

Feurnard écrit: - Au moins, pourrais-je avoir du jus d’orange ?
Son ton plaintif fit rire le gérant d’un rire inexistant. Le monsieur laissa s’échapper un sourire gentil, presque amical, pour conclure :
- Vous n’en êtes pas encore là.

Un indice à la fin, parle-t-on ici de repentance ? Ce qui va donc motiver le reste de ma critique.

Ce que j'y vois c'est un homme qui arrive devant le jour de son jugement, confronté aux différentes personnalités qu'il a incarné (attention je ne dis pas qu'il est mort) : commandeur, tueur au couteau, dandy. La femme qui bat la mesure me fait penser à une pendule qui égrenne le temps. L'enfant à une personnalité refoulée qu'il a "tué" de ce fait.
Le vin rouge, la bouteille qui se vide m'amènerait donc à penser au sang qui s'écoule peu à peu et le jus d'orange à la santé...
Mouais... bof. C'est pas ça, trop simple pour du Feurnard'style ;) . J'ai dû me planter.

Quoiqu'il en soit on est loin de la présupposition dûe au chapeau comme quoi ce serait humoristique.

San écrit: Qu'est-ce qu'un démon?

Et c'est reparti ! :lol:

San écrit: Un suppôt du diable?

Cette expression m'a toujours interpellée. Quel rapport entre le cul du diable et un démon ? <-- vision naïve.

Quoiqu'il en soit les textes des 'Armes de la paix' me marquent beaucoup moins que les 'Armes de la guerre'.

Allez, le meilleur (j'espère) de Feurnard, pour la suite : sa saga !

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il y a 17 ans 5 mois #12801 par eLiZ
Réponse de eLiZ sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Ah ! J'ai beaucoup apprécié !

Théâtralement parlant (et même cinématographiquement parlant, si j'ose dire) cela donnerait très bien. Ca m'a notamment fait penser à Ionesco...

- Mais quelles histoires ? demanda d’un ton qu’il se surprit suppliant l’arrivant.

Il n’arrivait plus à détacher son regard


Arrivant / arrivait = c'est normal, cette répétition ? Enfin, c'est voulu je veux dire ?

Mis à part cela les interprétations faites sont intéressantes. J'ai personnellement peu essayé de chercher. Oui, ça sent la beuverie à plein nez, ça sent la liqueur de la culpabilité qu'on boit à son aise, ça sent beaucoup de choses... Ca sent essentiellement le jus d'orange.

Non, vraiment, j'ai beaucoup apprécié ! Peut-être les descriptions des divers personnages sont-elles un brin répétitives, parfois, mais ça correspond bien à l'entêtement (dans les deux sens du terme) du personnage central. J'aime beaucoup l'ambiance, et il y a comme toujours des petites pépites d'expression que je te jalouse volontiers (moi qui bloque désespérément sur mes Masques à la noix... enfin !)

Bon, faut que je lise tes autres textes ! ^^

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il y a 17 ans 5 mois #12823 par Petimuel
Réponse de Petimuel sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Miam! Un récit psychédélique et cauchemardesque très très bon à lire!
Alors pouf pouf, je commence par mes remarques qu'elles sont pas positives :

Déjà j'ai eu beaucoup de mal, au début, à discerner qui est qui (tant que l'homme est au comptoir, quoi). Mais ça c'est sans doute dû à ma mauvaise lecture. Passons.

Pas loin s&#8217;élevait le nouveau grand magasin,

Alors certes ton écriture si particulière t'offre nombre de tournures peu communes, mais celle-ci m'a gêné plus que de raison. Ca fait trop simple, trop "bricolage", trop enfantin...

Là-dessus il salua ses semblables et, laissant derrière lui quelques pièces d&#8217;argent déchargées, fumantes, avec l&#8217;excuse du devoir à accomplir, l&#8217;homme au cigare allait passer la porte de verre quand

Erreur de ponctuation, je pense, il eût fallu au moins un point-virgule avant "l'homme au cigare", car là tu reprends le même sujet.

Quoi dire encore, si ce n'est que, quoique tu ne l'aies employé que deux fois, la redondacne du terme "anachronique" m'a sauté à l'oreille.

Bon sinon je vais dire peu, puisque d'autres m'ont doublé. Une ambiance étrange, une écriture impeccable, on ressent le danger comme le personnage, le texte nous enveloppe comme l'alcool le personnage, et la fin, comme le reste, ne manque pas d'être énigmatique.
C'est biz z arre, mais c'est très bon.

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il y a 17 ans 5 mois #12826 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Et je n'ai toujours pas répondu ? Décidément, il faut que j'arrête de blaguer et que je m'y remette.

San :

J'ai l'impression tenace que ce texte est le récit d'une soirée de beuverie rapportée en termes fleuris par un soûlard paranoïaque et complètement bourré [...] Alors, est-ce que c'est un piège?

Moins un piège qu'une histoire de surface.

Aurait-ce été plus intéressant s'il avait sauté de sa chaise pour étrangler l'enfant sur le sol pendant une minute ?
Je ne trouve pas.

Très bonne question puisqu'on ne le sait pas du tout (en tout cas ça m'a échappé).

Il a tué l'enfant. Au passage, il a aussi frappé un autre personnage, incarné par la boite à musique, qui est désigné par "sauf lui" et "c'est lui". Le "lui", ce n'est pas la première fois que vous le trouvez dans mes textes.

Krycek :

Tss... pour une fois que je pouvais corriger Feurnard jusqu'à m'en moquer et le réduire, l'écraser, le... Dommage.

Il te suffisait de reprendre les critiques de H&F en ajoutant "Feurnard, tu n'as rien fait pour t'améliorer" et c'était tout bon.

Un indice à la fin, parle-t-on ici de repentance ?

De "rédemption".

La femme qui bat la mesure me fait penser à une pendule qui égrenne le temps.

Incarnation du rythme, un rythme musical.

C'est pas ça, trop simple pour du Feurnard'style. J'ai dû me planter.

Tu es en effet à côté de la plaque. Une interprétation psychologique classique n'a aucune chance avec moi.

Quoiqu'il en soit on est loin de la présupposition dûe au chapeau comme quoi ce serait humoristique.

Bah comme dit San, c'est juste un ivrogne qui délire, paranoïaque & Co.

eLiZ :

Théâtralement parlant

Ca devait être une pièce de théâtre, mais mes dialogues sont une catastrophe (d'ailleurs je rêve d'écrire une histoire où il n'y aurait plus le moindre dialogue... plume magique ?)

Arrivant / arrivait = c'est normal, cette répétition ? Enfin, c'est voulu je veux dire ?

Ouf, quelqu'un s'en est rendu compte.
A la relecture, j'étais tombé sur cette répétition. Ca m'avait fait rire, alors même s'il s'agit d'une faute (vous avez entendu, une faute), j'ai laissé en l'état.

Petimuel :

Un récit psychédélique et cauchemardesque très très bon à lire!

Comme quoi tout le monde y aura vu tout et n'importe quoi !

Déjà j'ai eu beaucoup de mal, au début, à discerner qui est qui (tant que l'homme est au comptoir, quoi).

Aïe, disposer mes personnages dans la salle a été un moment très désagréable. La suite de monologues devait me permettre d'ancrer leur disposition mais à terme le résultat est assez décevant.

Alors certes ton écriture si particulière t'offre nombre de tournures peu communes, mais celle-ci m'a gêné plus que de raison. Ca fait trop simple, trop "bricolage", trop enfantin...

Trop facile, donc.
Mes introductions sont toujours composées d'un à trois paragraphes assez "complexes" (surtout, par exemple, pour la Flûte, où toute l'histoire y est concentrée). En commençant cette histoire, je suis parti de l'idée qu'il fallait absolument un environnement "classique", d'où des formulations en fait assez communes, descriptions même assez scolaires.
Ce qui ne m'a pas empêché de faire du Feurnard, on ne se corrige pas si aisément.

Erreur de ponctuation, je pense...

Non. La reprise du sujet ne me dérange pas, elle s'avère assez nécessaire après mes insertions. On pourrait plutôt discuter pour savoir si le "il" n'aurait pas dû se trouver après le "homme au cigare", puisqu'il est son analogique.
Syntaxiquement, ça revient assez au même, "l'homme salua ses semblables et il allait passer la porte quand", "il salua ses semblables et l'homme allait passer la porte quand..."
Je me demande s'il n'y aurait pas là-derrière une expression figée, "X allait faire Y quand/lorsque". Assurément une telle expression se trouve en début de phrase, et il me semblait intéressant de l'insérer au beau milieu, au moins pour voir ce que cela donnerait.

quoique tu ne l'aies employé que deux fois, la redondacne du terme "anachronique" m'a sauté à l'oreille.

Anachronique... notion temporelle, on la retrouve dans le mouvement de canne (voir Krycek) et la poussière. C'est une image que j'ai peu développée, donc "anachronique" n'aurait pas dû ressortir autant.

une écriture impeccable

Il y a l'apparence et puis il y a la réalité.

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il y a 17 ans 5 mois #12875 par Le Warza
Réponse de Le Warza sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Comme d'habitude avec Feurnard, me reste l'impression de ne pas tout saisir, de ne pas comprendre le coeur du récit. Je ne sais pas s'il y en a un, mais cette façon d'esquisser des spectres que l'on entraperçoit au gré de la lecture m'exaspère...et à la fois me ravit. Si, si.

C'est l'impression d'être un marcheur assoifé dans le désert, qui trouvant un verre d'eau fraiche, se précipite dessus et le boit sans parvenir à ressentir l'eau douce descendre son gosier. Une lecture addictive, où l'on recherche et espère le dénouement de la tension accumulée et où la fin ne procure nulle satiété.

J'ai lu cathédrale et chaque phrase y apportait quelque chose. Dès la première ligne, le lecteur pouvait s'y désaltérer. Comme une consommation rapide et instantanée. C'est l'inverse ici. On a soif et l'on voit devant soi le verre de jus d'orange glacé, posé à cinq mètres sur une table. On se lève et s'accroche pour l'atteindre quand bien même tel un mirage son image s'évapore.

Une fois de plus, j'ai l'impression que l'on s'est joué de moi, que l'on m'a floué: "où est le reste ?" voudrais je demander. Et tac, l'imagination s'envole et s'empresse de remédier au vide. J'explore ce bar, redessine les visages et ressasse la scène, changeante à chaque seconde. Des fenêtres obscures de la pièce s'échappe maintenant des contours nouveaux: ca y est: je t'ai volé le texte.

Au final je ne sais plus si ce que j'ai en souvenirs provient des mots de ton récit. Mais la part que tu as joué est indéniable et le résultat plutôt complexe sur mon esprit. Bref, je n'ai encore rien dit du texte mais voilà à peu près mon état à la fin de la lecture. J'hésite à commenter la forme. Elle t'est propre et je crois me rebute un peu. Il faut se plonger dedans pour y être bien. A nouveau, une lecture attentive se dégage comme étant une nécessité. M'est avis que ce ne fut pas le cas de la mienne.

P.S: Désolé si mon commentaire a donné soif à certains ! ;)

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il y a 17 ans 5 mois #12877 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

ca y est: je t'ai volé le texte.

Personnellement, en cours de lecture, quand je commence à inventer ma propre histoire, c'est que celle que je lis est d'un ennui aride.
Maintenant, si tu n'inventes qu'après, alors ça doit être positif.

Je songe à écrire une histoire désaltérante, à la "cathédrale", mais ce genre de texte m'est d'une profonde indifférence.

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il y a 17 ans 5 mois #12894 par Ismaël
Réponse de Ismaël sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
"Pourquoi écrire, si ce n'est pour être lu, compris et apprécié, par d'autres, comme par soi-même ?"

Je ne sais plus de qui est cette phrase, mais c'est à elle que j'ai pensé en finissant ton texte... J'imagine que tu as compris et apprécié ce que tu as fait (j'espére en fait), mais ce qui est sûr, c'est que ca n'a pas été totalement mon cas....

C'est délicat de dire ca, mais j'avoue que j'ai vraiment réfléchit à ce que je pourrais dire en commentaire, après l'avoir lu plusieurs fois.

Pour la forme, il semblerait que ca soit un style bien à toi, mais c'est ton premier texte que je lis. Moi, ca m'a pas mal rebuté. Le vocabulaire est nickel, mais c'est la construction qui me gêne un peu.
Une phrase, ca sert principalement à faire passer un message. Si tu ralonge la phrase, ca dilue le message, ca lui fait perdre... de l'intensité je dirais. C'est dit un peu grossiérement, mais par exemple:

"Le flingue sauta dans ma main. Sa tête sauta sous la balle."

ou

"Mon flingue, semblant doué d'une vie propre, se mua par sa propre volonté jusqu'à ma main, qui ne désirait rien tant que son contact. La balle fila, se fraya un chemin à travers les dédales de son cerveau, puis alla se ficher dans le corps d'une fillette qui jouait négligemment dans le bac à sable non loin."

Ce n'est pas la même chose.
On est tous d'accord qu'il y a une différence d'intensité :D

Je ne dis pas que l'un est mieux et que l'autre. Je dis juste que je préfére, d'un point de vue strictement personnel, la première version à la deuxième. Or tu as très très nettement privilégié la deuxième version tout le long de ton texte. D'où ma première "critique", même si je peux comprendre qu'elle n'engage que moi (chacun ses goûts après tout).
(et ce sauf dans les dialogues, mais ils n'occuppent, malgré leur importance, qu'une place mineure dans la lecture)


Bon, le fond. Pour être franc, j'ai rien compris. :mrgreen:
Je schématise (très) grossiérement:

Il y a des gens. Dans un bar type ancien. Tout le monde, en gros, se défonce au jus d'orange. Un noob débarque, et demande du pinard (rouge !). Tout le monde est choqué. Il ne comprends pas pourquoi.

Pas besoin d'avoir fait polytechnique pour comprendre que ce n'est pas le coeur du sujet.

C'est donc à l'interpretation de chacun. Pour moi, le théme du texte c'est en gros la tentation (surtout), et la déchéance. On a un peu de manichéisme (l'enfant-innocent et le soudard montré du doigt par tout le monde). Mais on a une touche positive à la fin (le soudard change de régime, une lumière au bout du tunnel ?). Redemption donc, comme tu le dis ?

Il y a une chose indéniable qu'on peut pas retirer à ce texte: ca ferait une belle pièce ! (je pense que tout le monde penserait à Ionesco en la voyant en effet !!)


Voila, je ne sais pas vraiment quoi dire de plus... J'ai cru comprendre qu'il y avait des références et des clins d'oeils réguliérement. J'ai cru comprendre que les "analyses classiques" n'avaient aucunes chances avec toi (bigre, déjà que c'est dur d'en faire, alors des "analyses particulières"....). Donc j'ai toutes les chances d'être passé à côté de quelques trucs.... Mais cf ma première phrase, n'est ce pas plus agréable lorsque tout le monde, même le quidam moyen, comprends les messages que tu veux envoyer ? N'est ce d'ailleurs pas le seul objet de l'écriture, que de faire passer des émotions, des ambiances, des réflexions... ? Donc pourquoi dissimuler ces messages ?

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il y a 17 ans 5 mois #12899 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

Si tu rallonges la phrase, ca dilue le message, ca lui fait perdre... de l'intensité je dirais.

"Le flingue sauta dans ma main. Sa tête sauta sous la balle."

ou

"Le flingue, tressautant dans ma main hésitante tel un fauve effarouché, cracha soudain son fiel de flammes, longue traînée furieuse d'un instant. La charge surprise avait sifflé jusqu'au sein de son crâne, fauché la chair et, au son déchirant de la détonation, le projectile soufflait cette silhouette à la vie éteinte."

On est tous d'accord qu'il y a une différence d'intensité

On est tous d'accord qu'il y a une différence de contenu.

Pas besoin d'avoir fait polytechnique pour comprendre que ce n'est pas le coeur du sujet.

... c'est le coeur du sujet.
"- Ca a mauvais goût, n’est-ce pas ? Savez-vous à quoi ce vin fait penser ?"
A quoi fait penser du vin rouge ? A quoi l'utilise-t-on le plus souvent en fantasy, en fantastique ? Même dans la Bible, il a cet usage... Allez, c'est facile, c'est une analogie de couleur.
J'ai juste mis un intermédiaire entre deux, à savoir les larmes : "but encore une courte larme de son verre" (entre autres citations).
Alors, une larme rouge ? Mais enfin, le cliché existe, oui ou non ? Allez, qui n'a pas fait boire ce genre de vin à son vampire préféré ? Parce qu'on parle de démons, San a même trébuché sur l'insulte.

Rater cette image, pour moi, c'est louper un éléphant dans un couloir, à un mètre et à la M60.

C'est donc à l'interpretation de chacun.

C'est presque noir sur blanc dans mon traitement de texte.

Donc pourquoi dissimuler ces messages ?

Pour essayer, de un.
Pour ne pas vous pourrir la vie avec, de deux.
Pour vous laisser totalement libre de les refuser, de trois.
Pour ne pas dire ce qui est inutile, de quatre.

Allez hop, exemple :

... le crime aura lieu ici et ils devront vous en empêcher. [...] Puis la femme lança : « Laissez-le ! » Son voisin lui posa la main sur le bras, la fit se rasseoir.

Où est la contradiction ? En quoi n'est-ce pas une contradiction ?
Là ce ne serait plus rater un cinquante-quatre tonnes à l'arrêt, ce serait carrément rater l'Everest avec une charge nucléaire.

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il y a 17 ans 5 mois #12927 par Ismaël
Réponse de Ismaël sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Mais ce sont des jeux.... Je suis sûr que c'est très amusant et très gratifiant pour toi de faire ca comme tu le fais, mais moi, ca me rappelle ce que des copains appellent "masturbation intellectuelle".
L'image du sang avec le vin, c'est très beau. Mais c'est loin de faire un texte. C'est une sorte de jeu, encore une fois. Pourquoi me parler de cette image, et pas une des autres qui a dans le texte ? Mais de toutes les manières, une image ne reste qu'une image.

De plus, comme je l'ai dis, c'est à l'interpretation de chacun. Encore heureux, on ne peut réduire une image construite par l'auteur à une seule interpretation. En fait, on peut même dire que les images échappent à leur auteur dès qu'elles sont faites, et appartiennent ensuite à chaque lecteur. Pourquoi est tu si certain et si assuré de ton interprétation, pourquoi l'imposer à cette image ?

Si tu voulais que tout lecteur pense au sang en lisant le texte, il y a plus simple, dit le mot "sang".
Si tu forme une image pour le suggérer (ici avec le vin), alors accepte que certains ne la voient pas, ou la comprennent d'une manière personnelle.

Ainsi, le vin, c'est aussi le poison; l'envie, la tentation (théme central de toute drogue) et l'ivresse de l'homme; la perte du contrôle sur soi surtout, très important. Ce n'est pas que la nourriture de démons, le vin est un démon à part entière, qu'on pourrait personnifier dans un récit.

Vin = sang, et rater cette image est impardonnable ? C'est un peu réducteur, tu ne trouves pas ? Comme je viens de le montrer, une image peut souvent être interprêtée de milles et unes manières.
Encore une fois, si tu voulais que vin = sang, il fallait sortir le mot "sang" à côté. Tu ne l'as pas fait, donc accepte qu'il y ait d'autres interpretations par les lecteurs. Nous ne réflechissons pas tous de la même manière, et encore heureux.


Et puis, je te dis tout ca, mais tu l'as très bien compris:

"Donc pourquoi dissimuler ces messages ?

Pour essayer, de un.
Pour ne pas vous pourrir la vie avec, de deux.
Pour vous laisser totalement libre de les refuser, de trois.
Pour ne pas dire ce qui est inutile, de quatre.
"

Tu reconnais donc que c'est une sorte de jeu.
Et tu me laisses libre de les refuser. Donc pourquoi tu me prends de haut avec ton interpretation du vin, ou ton "message contradictoire/pas contradictoire" ? Pour le coup, c'est toi qui est un peu contradictoire.



Pour la différence dans la construction... Exact, le contenu n'est pas le même. Mais tu me parles de quelque chose de différent que ce que je disais.

Dans les 3 phrases (les 2 miennes et la tienne), l'information est la même: un homme meurt d'une balle dans la tête. C'est ce que je voulais te dire.

Après, on y trouve un contenu différent:
dans la première, de la violence, de la vitesse, et une certaine "musicalité", un rythme: 2 phrases courtes centrées autour d'un même mot.
dans la 2eme (qui est pas géniale, je l'ai écrite en speed), la personnification de l'arme, tandis que la vitesse et la soudaineté en sont absentes. La violence et le choc demeurent, avec la cruauté d'y insérer la mort d'un enfant.
dans la 3eme, la tienne, personnification de l'arme, une certaine longueur qui contraste avec la 1ere ("fiel de flammes, longue trainée"). Il n'y a pas de surprise malgré le fait que tu utilise le mot. Et le ton poétique ("soufflait cette silhouette à la vie éteinte") enléve quasiment toute violence à la phrase.

Bon, ce sont de vagues interpretations perso faîtes en vitesse. Inutile de me reprendre dessus, ce n'est pas le sujet. Le sujet, c'est que dans chacune des trois phrases, l'IMPRESSION sur le lecteur ne sera pas la même. Et c'est CA qui est important. Tu choisis à dessein de communiquer certaines impressions aux lecteurs, je disais juste, dans mon premier post, que ce ne sont pas des impressions auxquelles je suis particulièrement sensible. Je suis bien bien plus sensible à la première phrase, qu'à la 3eme. Et c'est une simple histoire de gôut, et non de talent.

Voila voila :) Mais sinon, on ne peut que te reconnaître des talents d'écriture, ce que j'ai jamais nié.

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il y a 17 ans 5 mois #12933 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Nouvelle ère, l'ère du Fufu'.

... mais moi qui suis plutôt du genre à lire rapidement...

Ceci peut expliquer cela.

le vin est un démon à part entière

Réponse du texte : "Ce n'est que du vin."

Fin des interprétations, début de la lecture.

... je compte dix personnages. [...] « C’est lui » chuchota l’enfant.

Un personnage manque.

.. qui va mourir ? [...] ... le crime aura lieu ici et ils devront vous en empêcher. [...] Puis la femme lança : « Laissez-le ! » Son voisin lui posa la main sur le bras, la fit se rasseoir.

Le personnage manquant va mourir, l'enfant doit l'en empêcher, l'enfant meurt à la place du personnage manquant.

Tout le monde est choqué. Il ne comprend pas pourquoi.

Tout simple : "il boit => il tue"
Moins simple : "il boit => rappel de la mort => seconde mort => il tue"

Le texte est un trou noir au centre duquel se trouve le personnage manquant.
Quelle que soit ton interprétation du vin, elle aboutit au personnage manquant. Dire que "vin=sang" revient à ça.

Autre chose : chez moi, l'expression peut parfaitement servir de contenu.

l'information est la même: un homme meurt d'une balle dans la tête. C'est ce que je voulais te dire.

Tu dis que l'expression est différente.
Je dis qu'à contenu différent, expression différente.

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il y a 17 ans 5 mois #12940 par Ismaël
Réponse de Ismaël sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
mmmh

Dsl, mais non, on est vraiment pas sur la même longueur d'onde (sur ton texte et sur le reste). Je vois pas les choses comme toi, mais bon, je ne suis qu'un lecteur, c'est toi l'auteur, donc comme tu dis, c'est toi qui t'impose pour ce coup ci :D Et surtout, notre débat est sans fin, donc autant l'arrêter là (sagesse +2 8) )

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il y a 17 ans 5 mois #12941 par Petimuel
Réponse de Petimuel sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

Ismaël écrit: Mais ce sont des jeux...

Absolument, ce sont des jeux, et qui ici peut se targuer d'écrire pour autre chose que par jeu?

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il y a 17 ans 5 mois #12943 par eLiZ
Réponse de eLiZ sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

Petimuel écrit:

Ismaël écrit: Mais ce sont des jeux...

Absolument, ce sont des jeux, et qui ici peut se targuer d'écrire pour autre chose que par jeu?


Mais j'écris pour l'argent, évidemment ! ^D^ ^

(Aheum, pardon.)

Sinon je suis bien fière d'avoir relevé une faute du renard. ^D^ ^

Et puis heu, pour éviter d'être définitivement hors sujet, spontanément, comme ça, j'aurai tendance à penser comme Ismaël... Même si heu hum en lisant vos échanges j'ai l'impression de pas tellement d'échanges mais de deux personnes qui discutent sur des trucs différents. :mrgreen:

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il y a 17 ans 5 mois #12945 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

et qui ici peut se targuer d'écrire pour autre chose que par jeu?

Moi, pour m'améliorer. Par jeu, aussi, mais pour m'améliorer quand même.

----

Il y eut un craquement d’os atroce, un souffle coupé puis la forme d’une côte qu’elle arrachait dans un claquement sec.

Ca, c'est de moi.
Est-ce que vraiment vous préférez : "Elle fit craquer ses os" ?
*Ou alors : "Elle brisa ses os" ?

*Pour éviter l'ambiguïté.

Une autre :

Elle n'eut pas le temps de récupérer qu'elle se prit un terrifiant coup de boule en plein visage.

Ca, ce n'est pas de moi.
Est-ce vraiment intense ? Moi, ça me fait juste sourire, mais allez savoir, je suis peut-être un renard (=extraterrestre).

Une autre :

Glace s'effondra sur le sol.

Ce n'est toujours pas de moi et "Glace" est un personnage. En contexte, la phrase est isolée entre deux dialogues.
Enoncé intéressant, ch'tite assonance en , format de six mots en comptant le réflexif et le déterminant, action résumée au strict minimum.
Est-ce, une fois encore, intense ? Même avec le passé simple et les sèmes de "s'effondrer" (qui est au fond assez figuré, quand on y réfléchit), je reste gentiment de glace (jeu de mots).

Conclusion :

Si tu rallonges la phrase, ca dilue le message, ca lui fait perdre... de l'intensité je dirais.

Ah ah, ah ah, ah ah... ah ah ah...
Et je tiens tout particulièrement à ce que ce soit clair : NON.

Maintenant, je peux tenter de reformuler ta phrase de deux manières :
1. "Si tu changes l'expression sans changer le contenu, l'expression est changée." => tautologie
2. "Moins y a de confiture, plus on l'étale." => il y en a, de la confiture.

Mais peut-être que je ne sais pas lire le français, auquel cas vous serez gentils de me faire connaître la traduction, que je puisse au moins prendre en compte le commentaire.
Pu'...

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il y a 17 ans 5 mois #12947 par Petimuel
Réponse de Petimuel sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

Feurnard écrit:

Petimuel écrit: et qui ici peut se targuer d'écrire pour autre chose que par jeu?

Moi, pour m'améliorer. Par jeu, aussi, mais pour m'améliorer quand même.

Bien, sûr, moi aussi.
Et pourquoi t'améliorer? Réponse : 1- par jeu ou 2- pour en faire un métier.
Eh oui, mais pourquoi faire ce métier plutôt qu'un autre (d'autant que ce n'est pas le plus lucratif)? Parce qu'il nous plaît. C'est donc aussi par jeu.

Bien sûr ici quand je dis "jeu", je n'entends pas seulement "faire mumuse".

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il y a 17 ans 5 mois #12949 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
A ce propos, le "jeu" est l'image préférée de la stylistique, notamment pour traiter du genre fantastique.
C'est comme dire +1 Petimuel, mais au moins maintenant vous le savez.

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il y a 17 ans 5 mois #13036 par Falc'hun
Réponse de Falc'hun sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Que dire? Que dire de ce huit clos?

Ma première impression est assez mitigée. J'ai eu du mal à entrer dans le texte et à vraiment ressentir quelque chose.

Tout d'abord j'ai eu beucoup de mal à lire ce texte. Butant et revenant sans cesse au début des phrases. Les décorticant non pas pour y chercher une interpretation mais simplement pour les comprendres. J'ai l'impression que ce sont des phrases tellement retravaillées en détail qu'on y perd l'harmonie générale. Comme si à trop vouloir en dire d'un seul trait on y perdrait en lisibilité et en attrait. Apres c'est sans doute une question de goût personnel.

Mais du coup cette tendance forte que j'ai eue de caler et revenir sans cesse sur les phrases m'a empêché de ressentir l'ambiance qui se voulait lourde et pesante. Ce n'est qu'à la suite de ma première lecture, en repenssant au texte et en imaginant la scène que j'ai pu capter l'ambiance. Le fait de devoir décortiquer les phrases pour les comprendre à en quelque sorte mobilisé une trop grande partie de mon attention pour que je puisse en même temps devenir spectateur à part entière de la scène. Par exemple les passages où apparaissaient le rythme de la canne de la femme étaient tellement espacés dans le temps de lecture qu'ils n'ont pas joué je pense leur rôle pour fair augmenter la tension au fur ét à mesure que le texte avançait.

La tension en fin de texte justement, là non plus je ne l'ai pas vraiment ressentie. Je crois que c'est dû au fait que la fin est écrite exactement comme le début. Je crois que pour que la tension puisse monter il faut que le style lui même fasse ressentir cette tension. Comme pour une scène d'action où les phrases sont généralement plus courte afin d'augmenter le rythme. Je trouve qu'un changement de rythme, quel qu'il soit permet de faire passer ce crescendo émotif. Hors dans ton texte le style est en quelque sorte monotone je trouve. J'ai l'impression que tout se déroule au même rythme et du coup la montée de l'intensité chez moi en prend un coup.

Lors de ma première lecture j'ai eu quelques difficultés à situer les acteurs sur scène mais ce petit problème a disparu dès la deuxème lecture.

Ensuite que dire sur le fond de l'histoire en lui même...?

Que dire de ce vin? Corromp-t-il le corps et l'esprit où est-il seulement le révélateur de cette pourriture?

Que dire de ces démons? Tous ont bu du vin, tous ont tué, seul l'enfant est pur et c'est lui qui meurt. Ainsi donc serait-ce la destiné du juste? Mourir tandis que le démon vit?

Mais cette vie est-elle un cadeau où une bénédiction? Vivre du remords et de la malédiction est-il vraiment vivre. Et puis vivre au jus d'orange et sans vin c'est pas super...

Mais alors pourquoi cette hostilité des démons envers celui qui pourrait les rejoindre? Secrète admiration qui les pousse à éviter la mort de l'enfant, soudaine pitié envers celui qui pourrait partager le même (triste?) sort qu'eux?

Mais au final qu'est ce qui provoque la mort? Le vin? La nature de l'homme? Ou peut être les accusations dont il est la victime? Ces accusations qui font qu'il se persuade lui même qu'il est un criminel.

Et pour finir, le dixième personnage. Perdu dans l'ombre? L'Ombre vers laquelle le Commandeur regarde. A moins que cette ombre ne soit elle même le personnage. Ombre se repaissant de la vision de cet être torturé par ses démons? Ou alors l'auteur, machiavélique metteur en scène de cette mort annoncée.

Autant de questions auxquelles je ne répondrai pas. D'abord parce qu'il est trop tard et ensuite parce que d'autres bien plus qualifiés n'ont pas eu assez de leur vie pour en trouver le fin mot.

Pour conclure, je dirai que même si la forme ne m'a pas vraiment plu, le fond lui est vraiment riche et mérite que je m'y attarde.

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il y a 17 ans 4 mois #13095 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
Voilà un texte tout çà fait réussi de Feurnard.
Tout d'abord, j'apprécie que le style soit aussi fluide que peut l'e^tre du Feurnard. On lit l'histoire sans rébucher. Certes , le style est toujours étudié, mais il est fluide. Si je devais faire un repporche, c'est que tes phrases sont toujours construite de manière à tout mettre en valeur si bien qu'on est toujours en train de se demander si ce qu'on lit ne veut pas dire autre chose. Je suppose que c'est voulu, que c'est un compliment, mais il a chez le lecteur que je suis aussi le besoin de baisser sa garde de temps en temps, de se dire que cette phrase n'est là que pour faire transition et non pour "signifié". Je dirais que tu donnes (peut-être) trop l'impression de sur-signifier. D'un autre côté, c'est bien le signe du pacte que tu signe avec ton lecteur: "lisez-moi attentivement car ce que je raconte vraiment est caché". Donc tu ne ments pas sur la marchandise. Bref, c'est un qualité que tu revendiques sans doute, mais que j'aimerais être moins omniprésente surtout que tu n'aides pas spécialement à cerner tes véritables intentions dans tes retours sur tes textes. Pourtant ça t'aiderais sans doute aussi, tout comme ça nous aiderait à t'aider.

On retrouve également des thématiques connus: les démons, les inversions et le renard (heu, àh non, pas de renard dans celui-ci où alors il était bien caché! :lol: ).
Les démons, donc. Ils sont une nouvelle fois montrer comme acteur et comme passif. Ils sont à la fois là pour tendre une sorte de piège, mais leur victime n'est peut-être pas aussi innocente qu'elle ne parait et les démons finissent aussi par subir le chatiment de l'intru.
Inversion, donc. Au départ, tout est fait pour montrer que ce nouvel arrivée n'est pas le bienvenu. Chaque personnage est montré comme potentiellement hostile. Tous sont décrit par un attribut: une canne, un couteau, un boite de cigare etx. et un regard qui est le premier indice de leur nature démoniaque. D'ailleurs tout le début est traité sur des échanges de regard (sans doute le projet théatral initial at-il laissé des séquelles?). Ce sont ces regards qui parlent et qui distille un climat de plus en plus étouffant.
D'ailleurs, le titre et le début auraient pu laisser entendre un texte comique dans une veine quasi absurde. Or difficle de tenir cet argument sur la seconde moitié.
Je suppose que ces démons ont aussi une dimension symbolique. La femme a la canne m'évoque le temps, le géant la force brute etc. Ils sont aussi des archétypes de perso de JDR.
Je disais que l'intru prenait toute l'apparence d'une victime potentiel d'autant que multiplie les allusions dans ce sens : lenteur assassine, les feux brulants des regards etc. Jusqu'à même te jouer du double sens du mot "cartouche" (d'ailleurs le rajout de "comme des lunitions" devient presque trop insistant).
Phrase également pleine d'ambiguité sur le rôle de chacune:

Ils ne le disent pas mais d’après l’histoire, le crime aura lieu ici et ils devront vous en empêcher.

Ces démons sont-ils si méchants ou est-ce l'individu qui l'ait foncièrement?

Ensuite, nous avons ce fameux vin. Très vite, ce vin possède un caractère surnaturelle, l'ivresse monte très vite, il agit comme une drogue etc. Bien sûr, l'insistance sur sa couleur rouge n'est pas sans faire penser au sang (même si l'idée des vampires ne m'avait pas effleuré l'esprit).
Donc le premier basculement du texte est donc sa dimension fantastique qui vient casser les allures de farce du début. Puis vient le drame (ou pus exactement la tragédie puisqu'il s'agit d'un évènement exterieur qui semble pousser l'homme vers son destin de tuer). Nous avions une victime potentiel, or elle devient assassin potentiel. Onl'accuse et c'est là peut-être le piège des démons, même si c'est l'homme qui a bu de son plein gré. On retrouve les ambiguité su cère à Feurnard.
Bien sûr, cette victime du début finit par devenir boureau elle-même. Fin de l'inversion. Sauf que l'homme désigne l'enfant comme le tueur. D'ailleurs, on ne sait pas vraiment qui pronoce ces mots, l'intru ou l'enfant? C'est sans doute volontaire...

Quand j'ai fini ma lecture, une piste avait tout de suite germé dans ma tête. Elle tient debout mais tes commentaires laissent entendre que je fais fausse route; Pour moi, la mise à mort de la fin est une invitation des démons à tuer l'enfant qui est en lui. L'enfant n'est pas décrit, il n'a pas d'attribut. Sa mort est traité sur un mode très allégorique puisque ce sont plus des mots qui le tue que des gestes. L'enfant meurt en laissant place au monde des adultes.

Pour ma part, il y a plein de choses qui reste flou:
- Que symbolisent ces démons?
- Les premiers descriptions ont quelle vocation? Tu fais un texet à la fois fantastique et symbolique, donc, pour être cohérent, la symbolique est censée être là dès le début.
- Je n'ai pas compter, mais j'avoue ne rien comprendre au 11eme perso. Et pourquoi 11?
- La musqie qui suit l'accusation de démons a-t-elle un sens?
etc.
- Le sens caché de tout ceci et l'objectif final, car j'hésite toujours à savoir si tes exercices sont excellent ou toujours un peu gratuit. Sans éclairage de ta part, diffcile de trancher. Et pas la peine de me sortir un pirouette en guise de réponse, ce serait bien qu'un fois tu joues le jeu des MAJ... :(
Je passerais également sur certaines phrases qui a priori ne sont paslà par hasard style:

Il sembla alors à l’arrivant que la porte d’où il venait se trouvait loin de lui, séparée par ces regards profonds aux lueurs inquiétantes.

Rouge d’oubli, blanc de remords, voilà à quoi cela tient. Refus ou accord, puis il y a pire et plus il en boit et plus il sombre. La bouteille vide, il tue ou il a tué.

Vous l’oublierez, dit-il d’un ton qu’il voulait calme et réconfortant. Buvez maintenant.


La balle est dans ton camp pour aller plus en avant... :roll:

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il y a 17 ans 4 mois #13098 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re: [Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard

ce serait bien qu'un fois tu joues le jeu des MAJ...

Here we go again.

Que symbolisent ces démons?

L'extrémisme appliqué à la confusion des valeurs, soit la perte de repères moraux impliquant une rigueur aveugle aux principes fondamentaux et contradictoires de la morale, abstraction faite de toute règle sociale.
Soit donc la double-contrainte telle que décrite par l'école de Palo Alto : "Sois plus spontané !" Demander en même temps deux choses contraires, le démon devant résoudre la contradiction. Cette mise en opposition ne date pas d'hier.
Symbole ? L'extrême.

Les premiers descriptions ont quelle vocation?

Voyons ça. On va reprendre la première phrase :

C’était un petit cabaret de quartier assez aisé, aux murs propres et blanchis par le temps, entouré de vieilles demeures à volets métalliques et d’une pharmacie.

"cabaret [petit] [de quartier [assez aisé]] [à murs [propres] [blanchis [par le temps]] [entouré [demeures [vieilles] [à volets [métalliques]]] [pharmacie]]"
Donc déjà on commence par parler d'un cabaret et on finit par une pharmacie, en passant par un quartier et de vieilles demeures. Léger problème logique, on se demande si vraiment le quartier est aisé si les maisons sont vieilles et, par la suite, la clientèle rare.
D'ailleurs aux vieilles maisons se joint le "blanchi par le temps", alors que le temps a plutôt tendance à salir (mais enfin je ne sais pas, je n'ai pas vécu longtemps). La pharmacie tombe là-dedans, face à un supermarché, comme une sorte d'antiquité. Je n'ai rien contre les petits marchés, au contraire, puisque le cabaret en est un, mais il faut admettre que le mot même a une jolie tournure vieillie pour moi.
"Petit" est par excellent le diminutif en français. "Petit enfant" nest pas redondant car diminutif, et vous allez voir dans Larmes à quel point j'en abuse, au lieu de dire "renardeau" (notamment parce que je suis Feurnard... lâchez-moi, j'ai aussi le droit de faire des blagues). Il y a là une véritable proximité, entre pharmacie et cabaret, contrairement au supermarché qui est quasiment "là-bas". Paradoxalement, murs et volets enferment, déjà cette idée d'isolement et de secret qui fonde le fantastique (du moins en théorie, après le bouquin m'a peut-être menti).

Donc, rien que dans cette phrase, élaboration du paradoxe temporel et enfermement avertissant tous deux de la tournure fantastique du texte. A quoi le diminutif ajoute le référent enfantin CONSTITUTIF du texte, et tellement profondément enterré que même après l'avoir expliqué, tout le monde passe à côté.
Si tu veux que je décortique d'autres phrases, ou que je continue avec celle-là, il suffit de demander.

Je n'ai pas compté, mais j'avoue ne rien comprendre au 11eme perso. Et pourquoi 11?

Le nombre n'a aucune importance, depuis la théorie du trois dans La route de Flandre, j'en suis dégoûté. Ensuite, j'aurais pu mettre plus de personnages, pour atteindre treize, mais très franchement, déjà avec onze on commençait à s'y perdre.
Alors, le personnage manquant... en fait, j'y répondrai à la question suivante.

La musique qui suit l'accusation de démons a-t-elle un sens?

C'est une autre manière d'incarner (sans chair à disposition, oui, encore une blague) un fantôme sans avoir à faire "houhouhouuuu, ne bois paaaaas, c'est maaaaaal". Bref, à mort le dialogue, vive la musique, il s'agit bêtement du personnage manquant (tu sais, ton onzième) qui se manifeste.
Ce qui signifie que quand l'ivrogne chasse la musique de la main, en fait il frappe ce personnage, dans mon esprit il le gifle.

Je considère 90% de mes personnages comme des démons. Etant démons, ils sont coupables (s'ils ne le sont pas, ils le seront). Ledit personnage manquant est le seul renard, qui plus est démon, à être innocent.
C'est, chez mes personnages, une impossibilité. Cela signifie être en Enfer mais pouvoir quand même rejoindre le Paradis. Ou alors être mort mais vivre encore, si tu préfères une comparaison plus terre-à-terre.
Bref, ce personnage représente la clé pour mes personnages vers la rédemption. Seulement voilà, tout comme la beauté de Ramuz, un démon innocent, ça n'existe pas. Donc le personnage est mort. Mort innocent, mais mort quand même.

Je fais simple, il y a toute une histoire derrière (que je suis en train d'écrire, mais que vous ne verrez jamais, parce que je l'écris pour moi, égoïste que je suis).
C'est juste l'histoire d'un fantôme qui se manifeste, et comme je l'ai dit, toute l'histoire vise à le faire se manifester, puisqu'on parle de lui pour le tuer (alors qu'il est déjà mort, c'est une pirouette logique pour le faire vivre, démoniaquement parlant), puisque le Commandeur le regarde (il regarde du vide, mais il le regarde quand même) et veut le pousser à l'arrêter (quand il part, eh, il décharge ses munitions sous son nez - d'ailleurs pour "comme des munitions", entre nous j'ai désormais plus peur d'en dire trop peu que d'en dire trop), puisque le vin altère la réalité (et qu'on ne peut faire revivre quelqu'un qu'en situation fantastique), puisque l'enfant veut mourir à sa place (alors ça c'est complexe, ça implique un déphasage, mais pour faire court et littéralement, "mourir à la place de"), puisque l'ivrogne provoque l'arrivée de la musique (en s'enivrant, le personnage manquant, dans son innocence, veut l'empêcher d'être un coupable), puisqu'on veut le matérialiser jusque dans les jus d'orange (je vous laisse deviner la couleur de sa fourrure, un peu cuivrée entre nous). Etc ?

L'histoire est un trou noir et ce trou noir est le personnage manquant, que je ne peux pas nommer puisqu'il est mort. Excusez la logique, j'y tiens.

Le sens caché de tout ceci et l'objectif final

Que quelqu'un se rende compte par lui-même du onzième personnage, pour qu'il le fasse revivre par la simple cogitation de sa présence. S'il est nécessaire à l'histoire, alors on admettra son existence, et en l'admettant on le fait revivre.
Les questions de culpabilités, de mémoire, de rédemption et j'en passe n'ont aucun sens sans ce personnage.
Au fond, c'est le procédé même que fait le Warza' : créer à partir du texte. Mais bon, pour Jus d'Orange, je n'ai pas suivi la même démarche que pour la Flûte, donc l'introduction ne donnait pas toutes les clés.

Pour moi, la mise à mort de la fin est une invitation des démons à tuer l'enfant qui est en lui.

Krycek proposait la même chose, c'est pour moi l'une des six milliards d'interprétations possibles, dixit Nominavit.

Je passerais également sur certaines phrases qui a priori ne sont paslà par hasard style

Si tu passes dessus, alors moi aussi. Quoique, pour la première il n'y a qu'après la virgule que ça devient vraiment intéressant. La seconde m'est venue pour débloquer le dialogue qui ne menait nulle part, sachant qu'ils ne pouvaient pas dire "regarde, il existe", d'où le jeu de mémoire. Avec la petite pirouette où tuer est faire revivre. Quant à la troisième, c'est une ouverture, je pourrais broder dessus une éternité. Le contenu s'adresse aux lecteurs : oubliez, passez à autre chose. Bien sûr, l'effet voulu est contraire, sinon ce ne serait pas Feurnard.

d'ailleurs le rajout de "comme des munitions" devient presque trop insistant

En travaillant cette image je me suis dit "ils sont encore fichus de ne pas le voir", donc j'ai eu plus peur d'en dire trop peu que trop. Hypercorrection depuis Nominavit ? Mais je prends note, plus besoin de forcer à outrance.

même si l'idée des vampires ne m'avait pas effleuré l'esprit

'Vi, j'ai peut-être "légèrement" exagéré en parlant de vampires, d'autant que je déteste ces bestioles-là. Le "bien sûr" en début de ta phrase me rassure, j'ai cru que le fiasco en armes lourdes était courant (les joueurs de Fallout, qui a loupé son Béhémoth à deux cases avec la M2 ?)

J'ai joué le jeu ?

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Modérateurs: SanKundïnZarathoustra
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