[Mai 2007] Jus d'orange. Feurnard
- Zarathoustra
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Par exemple, ta description est tout à fait justifiée, coéhrente, mais je cherchais une dimension plus alégorique.
Autre difficulté, tu justifie souvent tes textes (bon, on le fait tous, mais c'est problématique pour toi parce qu'ils sont en grande partie dans la compréhension qu'on peut en avoir) par "pour moi, un démon ceci", un perso c'est ça. Les grands auteurs ont certainement cette dimension qui met en lumière leur oeuvre. Je commence aussi à découvrir une grande cohérence dans ton travail. Mais il est difficle de vraiment comprendre ce que tu veux précisement dire, parce qu'au final, tu ne fais pas vraiment le choix de ce que tu veux dire, le fait que tu me dises:
Ou que tu ne fermes pas la porte à l'idée du vampire etc.c'est pour moi l'une des six milliards d'interprétations possibles, dixit Nominavit.
C'atit une remarque. Mais je crois qu'il vaut mieux surligner un peu trop comme tu l'as fait malgré tout. Je sais que j'ai eu cette diffciulté sur quelques textes par le passé. C'est vraiment difficile de trouver le jsute équilibre.En travaillant cette image je me suis dit "ils sont encore fichus de ne pas le voir", donc j'ai eu plus peur d'en dire trop peu que trop. Hypercorrection depuis Nominavit ? Mais je prends note, plus besoin de forcer à outrance.
Rien à voir avec ceci, mais ce matin, en repnsant à ton texte, j'ai repensé à la Cène. Le vin/sang est très judéo/chrétien. De même, le chiffre 11. De même le fait que quelqu'un puisse commettre un crime qu'il se refuse de commettre vraiment. Il y a un côté très Judas dans ton perso. Surtout que comme le Christ, celui qui part annonce qu'il va y avoir un meurtre.L'histoire est un trou noir et ce trou noir est le personnage manquant, que je ne peux pas nommer puisqu'il est mort. Excusez la logique, j'y tiens.
Fin de la Petite parenthèse.
Pour revenir à ton analyse sur le fantôme qu'on doit tuer. OK. Mais tu veux dire quoi avec cette histoire? Ca symbolise quoi d'une manière plus universelle? Si ton intention est de raconter une histoire particulière, tu peux nous raconter tout ce que tu veux et de la manière que tu veux. Mais ton style et ta volonté de nous amener à un questionnement nus pousse à chercher un sens plus universel. C'est ça que je n'arrive pas vraiment à cerner cet aspect ou du moins à raccrocher les pièces du puzzle de manière cohérente. Il ya des bout de pistes mais aucune lecture globale qui les unisse.
Je ne sais pas si je suis clair et ça t'aide.
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- Vuld Edone
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Au passage, un bouquin très petit, pas cher de la collection "Mémo" et bourré d'informations. Approuvé par mon université, en plus, que du bonheur.
Bref, j'ai découvert que quand on écrit une histoire avec un double niveau, comme c'est le cas chez moi, on a la politesse de réaliser une structure progressive rigoureuse, avec des analogies étroites entre les deux niveaux.
Bref, confirmation que je ne faisais jusqu'à présent que du collage de mots.
Problème : seuls les apologues à ma connaissance sont une allégorie d'un bout à l'autre, et un apologue (ou fable) ne fait pas huit pages.
Autre problème : l'allégorie est employée le plus souvent en didactique (sermonner) ou polémique. Or je n'ai pas envie de pourrir la vie de mon lecteur avec de la philo'...
Dernier problème : je n'ai aucun exemple où quelqu'un se serait amusé à employer en même temps symboles et allégories. Le mélange doit être particulièrement illisible, le contexte du symbole devenant l'allégorie, elle-même formant ses analogies sur les symboles. La boucle est plaisante mais impénétrable.
Bref, j'y réfléchis mais pas trop, car si je veux écrire Larmes pour cette Mise à Jour, il n'est pas question que je m'enfonce dans cette réflexion.
Par contre, sitôt la Mise à Jour passée, je saurai par où orienter mon travail, et c'est ça de gagné.
Donc pour répondre à ta question, non, il n'y a pas d'allégorie, et de sens universel uniquement une philosophie dont je n'ai pas envie de parler (peur ou indifférence), le plus souvent fondée sur des clichés poussés à l'extrême (autre principe du fantastique, d'ailleurs, pensez-y) et qui passe par l'événement particulier pour être comprise.
Il faut dire qu'après m'être fait démolir au tournoi, je suis un tout petit peu incapable de défendre encore mes textes...
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- Krycek
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Avis du néophyte : Jean de la Fontaine ne faisait-il pas des allégories (à moins que ce ne soient que des métaphores) et pour ce qui est du symbole, je crois me souvenir que les animaux étaient attitrés à certaines personnes sans parler de la connotation religieuse.Feurnard écrit: Dernier problème : je n'ai aucun exemple où quelqu'un se serait amusé à employer en même temps symboles et allégories. Le mélange doit être particulièrement illisible, le contexte du symbole devenant l'allégorie, elle-même formant ses analogies sur les symboles. La boucle est plaisante mais impénétrable.
Je dis bien : Avis de Néophyte, .
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- Vuld Edone
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Mais oui, en écrivant mon message je n'ai pas arrêté de penser à lui, et Phèdre, parce que chez Phèdre il y a plus de renards. \o/
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- Zarathoustra
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Ce que j'essaie de t'expliquer, c'est une piste qui fait que j'ai du mal à pleinement dire que j'ai "compris" le texte. Ma frustration, c'est de me dire qu'après plusieurs lectures, il n'est toujours pas clair dans ma tête. Mais les réflexions que tu propose, le côté quasi ludique de tes textes, une fois qu'on t'a cerné est plaisant (même si difficile). Et surtout que je me pose des tas de questions pour trouver un sens sans savoir si je dois m'arrêter avant (pourquoi tous ses personnages (pourquoi 10 ou et pas 2 ou 3), ont-ils une fonction autres que narratives (symbolise-t-ils quelque chose individuellement), que symbolise l'enfant, pourquoi meurt-il avec des mots etc.).
Comme tu es capable d'expliquer (en gros) le pourquoi de chaque mot et de chaque virgule, je ne peux m'empêcher de chercher un sens global à l'histoire. Ca peut venir de moi et pas de toi, mais comme a priori les autres butent aussi, il doit y avoir des tords de partager.
Encore une fois, écrire un texte sur un perso que l'on doit deviner, c'est une très belle idée.
Au fait,
Ben oui. Et tu trouves si pénible de se justifier un peu quand tes lecteurs sont si avides d'en savoir plus? Je trouve que pouvoir parler de son texte, c'est quand même bien narcissiquement plaisant. Et suffisement rare pour ne pas s'en priver. A moins que tu es loisir de le faire ailleurs avec plein de monde (c'est pas mon cas).J'ai joué le jeu ?
C'est un peu le problème que j'ai. Même en relisant 2 fois ton explication j'ai pas l'impression d'avoir tout saisi. Il me semble que je lis Emmanuel Kant plus facilement parce que mon prof m'avait donné quelques clés.L'extrémisme appliqué à la confusion des valeurs, soit la perte de repères moraux impliquant une rigueur aveugle aux principes fondamentaux et contradictoires de la morale, abstraction faite de toute règle sociale.
J'espère que tu admettras que sur cette planète, peu sont capables de sortir ça de ton texte. Je ne veux pas dire qu'il faut écrire un texte du journal de mickey, mais que tu admettes que tous les autres ont besoin d'être aidé. Tes explications dans la MAJ en font partie. Et qu'il y a plein de lecteurs qui n(ont pas fait la fac de lettres et qui recherchent plein de choses dans la lecture peut être de très différent de ce que toi tu recherches.
Par contre, il doit certainement être difficle de trouver des lecteurs cobaye qui ont le bon profil. Au passage, Ce serait bien que tu en tiennes compte également dans tes retours (parfois un peu cassants) sur les autres textes...
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- Vuld Edone
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D'abord, je me rappelle une fois de plus que le texte s'intéresse d'abord à la question de la culpabilité. S'il y a un universel, c'est ça.pourquoi tous ses personnages (pourquoi 10 ou et pas 2 ou 3), ont-ils une fonction autres que narratives (symbolise-t-ils quelque chose individuellement), que symbolise l'enfant, pourquoi meurt-il avec des mots etc
Passons.
Donc, d'abord une vision manicchéenne : il y a les coupables et les innocents. Ensuite, soyons moins manicchéens, et admettons une gradation entre les deux extrêmes (un peu comme un gérant qui servirait des boissons dans un certain ordre, par exemple). Le vin rouge serait un extrême, le vin blanc un autre, et les jus d'orange, il ne faut même pas chercher (là désolé, si je dois expliquer ça je ne m'en sors pas).
Donc oui, le plus coupable est le Commandeur, puis dans l'ordre il y a l'homme au couteau, la dame à la canne, la brute, le bûcheron et l'enfant, enfin le monsieur en blanc. Ordre tout à fait discutable, je vous l'accorde, mais puisque vous voulez tout décortiquer...
Bref, ce sont tous les comportements possibles en étant coupable, depuis le rejet violent (Commandeur) jusqu'à l'acceptation... pharmaceutique, dira-t-on. Cela passe par l'indifférence, la révolte, la résignation, le mépris, l'ignorance, des stades que je ne veux pas étiquetter puisque le symbole est à sens multiples et que mes personnages, merci, ne sont pas des étiquettes. On dira que chez les coupables, le plus innocent est encore le monsieur en blanc.
Cette progression est à l'image d'une autre, celle qu'ils suivent pour arriver jusqu'au but ultime, toujours le personnage manquant, qui je le rappelle devait être lui le plus coupable des innocents, mais innocent quand même.
Maintenant oui, la dame à la canne est liée au temps, mais comme je l'ai dit c'était plutôt pour marquer le rythme, et la remarque de Gilfuin (c'est bien Gilfuin ?) est pertinente à ce propos. Bref, ce n'est de loin pas le plus important à mes yeux, d'autant que pour moi la canne est surtout une arme supplémentaire.
L'enfant, chez moi, symbolise toujours l'innocence. Cet enfant devrait donc être innocent, et d'ailleurs il est très, très vite confondu avec le personnage manquant (qui, forcément, était un enfant...). Il incarne également un mensonge, soit la possibilité d'être innocent après avoir été coupable (ou quitter l'Enfer, essayez d'écrire une telle histoire). Egalement la mort (il est noir, sauf erreur, dans l'histoire) et une culpabilité en train de se nier (plus on veut être innocent, en étant coupable, plus on nie cette culpabilité, paradoxalement surtout quand on l'accepte).
Surtout, l'enfant devait "incarner", au sens propre, le personnage manquant. Mais bon, là on entre vraiment dans un niveau qui n'intéresse que moi, pas besoin d'aller si loin.
Pourquoi avec des mots ? C'est le clairon qu'on jette au feu. Pourquoi jeter un clairon au feu ? Parce qu'il poussait les gens à se battre, en temps de guerre, donc on le jette au flammes comme les autres armes. Une belle fable, avec peut-être déjà cet instrument du temps d'Esope.
Au fond, la culpabilité, c'est moins qu'un mot : une notion, un sentiment. Dans un monde où les valeurs sont confuses, la culpabilité n'a plus de sens. Elle est en quelque sorte morte, on ne peut plus la nommer. Alors il faut lui rendre corps, et pour cela, on peut soit faire un geste (le vin, gifler la musique), soit la cerner par des mots, la mettre sur papier comme l'ont fait tant de philosophes.
C'est une reconstruction de la valeur.
N'allez pas croire pour autant que vous tenez là l'allégorie du texte, hein : je me suis just rendu compte du rapport possible.
EDIT : Non, je n'aime pas parler de mes textes. Pour moi, le texte parle en lui-même, devoir en parler signifie juste que je l'ai raté.
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- Zarathoustra
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Pas forcément. Je trouve intéressant de cerner les objectifs rechercher par l'auteur et de les mesurer au résultat.EDIT : Non, je n'aime pas parler de mes textes. Pour moi, le texte parle en lui-même, devoir en parler signifie juste que je l'ai raté.
Maintenant que tu nous explique tes intentions (ce n'est pas forcément expliquer le texte), je pense que tu as réussi. Cette graduation dans les personnages est très perceptible (tout comme la canne en tant que menace potentiel).
Tu vois, c'est ça qui me gène. Il y a une tentative pour donner un sens (le temps) mais qui n'est pas vraiment inetgré au reste. Cette dimension complique, distrait ou tout ce que tu veux ton propos central. Je pense que tu dois nettoyer ton propos surtout si tu veux faire dans l'abstraction. Multiplier des pistes possibles comme ça sans lier entre elles ne peut conduire qu'à de l'incompréhension.Maintenant oui, la dame à la canne est liée au temps, mais comme je l'ai dit c'était plutôt pour marquer le rythme, et la remarque de Gilfuin (c'est bien Gilfuin ?) est pertinente à ce propos
C'est ces petites tentations qu'il te faut surveiller. Si ça n'a pas sens dans l'ensemble, alors coupe, censure toi. Et c'est ce qui te permettra de moins poser de questions si le message passera ou pas (ici, l'insistance sur les regards et sur les menaces du début)
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- eLiZ
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Feurnard écrit: EDIT : Non, je n'aime pas parler de mes textes. Pour moi, le texte parle en lui-même, devoir en parler signifie juste que je l'ai raté.
En fait, non.
Disons qu'il faut qu'une certaine émotion esthétique (bon, on peut même virer le mot esthétique, juste qu'il fait classe associé au mot "émotion", mais bref, je passe avec mes bêtises) passe malgré l'opacité apparente du texte.
Ainsi, quand je lis Kafka, Proust, quand je vois un Bergman ou un Lynch, j'en prends plein la tête d'abord parce que c'est très "fort", visuellement, esthétiquement, littérairement, ce qu'on veut. Ca ne veut pas dire que je "comprends" complètement l'oeuvre du premier coup, et que je suis capable de la saisir dans toutes ses aspérités sans l'aide de personne, mais je la "vis", d'abord, si on veut se la jouer lyrique. Elle "vibre" en moi, il y a des résonnances confuses qui se créent, il y a quelque chose d'indicible, d'ineffable, justement parce que c'est une oeuvre d'art, justement parce que c'est pas un discours, justement parce que ce qui est exprimé n'est, en réalité, pas complètement dicible par de simples mots que l'on alignerait pour une visée pratique, fonctionnelle, et non artistique.
Enfin heu bref. Tout cela pour dire que l'explication "a posteriori", qu'elle soit faite par un prof, ou par l'auteur lui-même (qui n'est néanmoins pas toujours le mieux placé pour parler de son propre texte) n'est pas à mon avis forcément le témoignage d'une insuffisance de l'oeuvre en elle-même. Comme le dit Zara, tout le monde n'a pas le même "bagage" culturel et tout le monde ne peut pas avoir accès au coeur d'une oeuvre en un claquement de doigts ; l'explication peut pallier à ce décalage de la meilleure des façons.
L'explication "a posteriori" révèle un manque quand elle exprime plus que le texte en lui-même. Mais si le texte en lui-même exprime déjà ce que tu essaies laborieusement de nous faire comprendre, à tes yeux, alors il n'y a pas de vrai manque à voir...
On ne peut pas toujours espérer être lu par tout le monde, sans exception, et que tous comprennent du premier coup... Proust, d'ailleurs, est réputé chiant, avec des phrases à rallonge, et difficile d'accès pour quelqu'un n'ayant fait plusieurs années de lettres. C'est triste mais c'est comme ça...
Au final, je suis sinon assez fière d'avoir décelé cette affaire de "culpabilité" dans ton texte.
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- Vuld Edone
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S'il l'exprimait, oui, mais il ne l'exprime pas.Mais si le texte en lui-même exprime déjà...
C'est dans le texte, donc dans le contenu, mais ce n'est pas exprimé (fond / forme).
Mettons que ça, je n'ai pas encore appris à le faire, ou bien je n'ai plus envie de le faire, mais c'est une autre question (quoique, n'avez-vous pas eu parfois l'impression de vous payer la tête du lecteur, de lui mentir ou de ne donner que dans l'artificiel ?)
De toute manière je suis parti dans une direction, je ne peux plus reculer, et s'il y a un mur en face, je n'aurai plus qu'à m'y écraser.
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- Zarathoustra
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Mais c'est pas vrai, quel Calimero celui-là!Feurnard écrit:
S'il l'exprimait, oui, mais il ne l'exprime pas.Mais si le texte en lui-même exprime déjà...
C'est dans le texte, donc dans le contenu, mais ce n'est pas exprimé (fond / forme)..
Au contraire, tes explications montrent que finalement tes idées passent. Seulement quand tu donnes ton éclairage, on cerne mieux où il faut chercher.
L'idée de culpabilité est bien au coeur de ce que tu as écrit.
Seulement, tu vaudrais déjà être au-dessus de Proust, au dessus de Maupassant, au dessus des membres des Chroniques. Tu y arrives mais pas forcément avec tous ceux que j'ai cité. Tu te mets une pression énorme et une ambition colossale.
Honnêtemet, et il me semble que tu n'es pas très vieux, tu as certainement un potentiel littéraire énorme. Admets juste que la perfection n'est pas de ce monde et que l'imperfection est parfois merveilleuse quand elle est assumé. Tu veux être parfait face à des lecteurs parfaits. Et tu as les mêmes exigences quand tu lis nos textes. Tu verras que la vie est plus belle quand on baisse tout d'un cran... Bref, je veux plus voir ton numéro de Caliméro ici, pigé! lol:
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- Vuld Edone
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Pigé.Bref, je veux plus voir ton numéro de Caliméro ici, pigé!
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- gilfuin
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M'enfin, je mets mes oeillères, et je fais semblant de rien avoir vu/lu...ou presque.
Premières lignes, premières impressions:
Le premier paragraphe me plait, et en lisant les suivants, j'ai des souvenirs qui remontent : Une nuit en Enfer.
Je sais pas si vous avez déjà vu ce film, mais c'est plutot dans le genre horreur et je trouve qu'au moins dans l'ambiance, on se rapproche assez de ca dans ce texte ( renforcé par des personnages présents aux allures hostiles et caricaturales).
"L'homme y entra sans raison aucune".
Au moins là c'est clair, ya rien dehors, on se concentre que sur le huit clot. C'est une formule toute bête, mais ca participe bien à l'ambiance. Alors je l'ai noté.
Le ton plus "sérieux" du texte ensuite, m'a plutot ramené à mes vieilles images sur les légendes du blues (et le contrat avec le diable dans un bar miteux) que j'ai déjà évoqué sur un autre commentaire.
D'ailleurs le mot "cabaret" (4ème mot du texte) a soudain résonné dans ma tête lorsque j'ai eu la vision d'un black habillé en guenille et gratant sa guitare pour en faire sortir un son...envoutant. Mais je m'égare.
Revenons à la lecture:
Vu l'ambiance, et la symbolique culpabilisante du vin...je ne pouvais que m'en remettre au diable ou à l'Enfer. En tout cas, tout le long de l'histoire c'est resté dans un coin de ma tête ...enfin, jusque là :
- Démons!
Aucun ne le contredit.
Là, j'ai fait un peu la moue. (note papier: "Mouahahah")
Ca m'a un peu fait sortir de l'histoire. Alors que rien était juste, hormis ce "vous avez tué!!" en relation avec le vin...je trouvais ca dommage que d'un coup, sous pression, le personnage se mette à hurler aux démons. Peut etre suis je le seul? (je vois que San a noté cela aussi, mais peut etre pour d'autres raisons...ou presque).
D'autant que :
- nous n'en avons pas le droit...
...amorce déjà pas mal, une sorte d'ordre logique (absurde pour nous, mais cohérente pour les personnages) qui tiendrait tout ce beau monde.
L'aspect mystique était donc renforcé suffisamment sans que le personnage ait besoin d'en rajouter.
Mais ce passage je m'en souviens d'autant plus que juste après, c'est le moment où je me suis rendu compte qu'il n'y avait pas de musique dans le texte. Désolé pour mon manque de concentration, mais mon imagination et l'ambiance que tu as créé ont fait naître du blues dans ma tête dont je me suis à peine défait à ce moment là.
D'ailleurs, d'un coup, le silence pesant de la scène a pris tout son sens (du moins c'est là que j'en ai pris conscience).
M'enfin, cela avait sans doute peu d'importance.
La silhouette noire se retourna, au travers du brouillard flamboyant, avec ses deux yeux d'un jaune inhumain qui l'observaient. Lui cherchait à suivre le cours de ses pensées, cherchant à échapper aux rumeurs lourdes et menaçantes qui le cernaient.
La transformation de l'enfant devenu une ombre floue, se conclue ici et fini meme sur "deux yeux d'un jaune inhumain". (la phrase elle meme comporte 2 oppositions : l'oxymore "brouillard flamboyant" - le brouillard étant assimilé dans le contexte à quelque chose de plutot sombre, que simplement à un flou ambiant - / puis l'opposition entre le noire de la silhouette, et le jaune des yeux => ce qui donne aux yeux, quelques choses d'enflammé).
Seulement s'agit il vraiment de l'enfant ici? La suite logique de l'histoire voudrait que oui, puisque dans les descriptions précédentes, tu t'évertues à montrer que la folie commence à s'emparer du personnage central (l'alcoolisme? :d ) et à changer l'apparence de l'enfant : "petite silhouette, sombre au travers du filtre vitreux" (j'ai trouvé le "filtre" très moyen mais j'y reviendrai après).
Maintenant peut etre ne s'agit il pas de l'enfant.
On en vient donc à 2 hypothèses:
1/ C'est l'enfant: et là ca colle...il manquait un être démoniaque (du moins dont l'allure le faisait clairement penser) et je trouve ca parfait que ce soit l'individu le plus innocent qui soit cet être. J'adore ce genre de double jeu et généralement quand je lis du fantastique/angoissant, j'assimile "innocent" à "maître du jeu".
C'est lui d'ailleurs qui attise la folie de l'homme. "C'est lui" qu'il dit à plusieurs reprises. Ca finit par exploser à un moment donner.
D'ailleurs le flou sur la mort de l'enfant s'expliquerait mieux ainsi. Car ce n'est pas dit clairement...
2/ C'est un autre personnage.
Mais là, il me faut une explication ou alors justement, me dire "ca contribue juste au mystère, rien de sorcier ".
On a ensuite les 3 "Non" très très froids de l'enfant. Pas de commentaire descriptif...juste un "non". Tandis que s'agite l'homme, et que sa vie est en jeu, l'enfant ne répond que "non".
Alors ca rejoint l'argument selon lequel l'enfant serait le maître du jeu et est seulement là pour attiser la colère de l'homme. Car sinon, son rôle d'innocent ne tient pas ici.
J'ai trouvé d'ailleurs le dernier "Non" assez fade. Même pas un point d'exclamation, toujours cette neutralité qui contraste avec la soi-disante peur que serait en train de ressentir l'enfant.
"La parole d'un enfant ne vaut rien quand se déchaine la violence"
Ca pourrait servir de morale (j'ai noté sur mon papier : "chercher d'autres proverbe dans le texte" mais j'ai eu la flemme de le faire)...mais placée ici, ca sonne m'a confirmé la préméditation. Toute cette scène ne laissait aucune chance à l'homme de s'en sortir.
Tout convergeait vers cette conclusion. Et si ce n'était l'intro, décrivant le cabaret et ses alentours, j'aurais volontiers dit que ce lieu était la frontière vers l'enfer. D'ailleurs, vu l'absurde de la discussion et le refus de voir la réalité du personnage central, j'ai meme pensé qu'il était en fait simplement mort...
Son ton plaintif fit rire le gérant d’un rire inexistant. Le monsieur laissa s’échapper un sourire gentil, presque amical, pour conclure :
- Vous n’en êtes pas encore là.
Non, le jus d'orange ne peut pas être une redemption de quoique ce soit. Dans la redemption, il y a la volonté de réparer ses torts. Hors ceux qui sont là font preuve d'un fatalisme atroce. Ils participent même à la descente en enfer du personnage. A aucun moment, ils décident de le faire dévier de son chemin.
Comme des ames en peine, bloquées à cet étage de l'enfer où ils vivent leur culpabilité, sans cesse. Faisant de l'enfant, le seul personnage en dehors de la scène, voir en dehors du temps.
Que dire d'autres?
Sur la forme, je pense qu'ici c'est à la fois moins bon que d'autres textes, mais certainement à cause de la longueur et de la difficulté de l'exercice.
Car je trouve ca balèze de décrire une scène où...il ne se passe pas grand chose, et autour d'un thème aussi simple : "Le vin tue". (je schématise volontairement car à un moment je me suis dit que ca pourrait servir dans la prévention contre l'alcoolisme, histoire de divertir ceux qui lisent tout en leur disant "Attention, le vin, c'est MAL", vous serez coupable de tuer votre propre innocence).
Du coup, je pardonne pas mal les nombreuses phrases à rallonge, les tentatives de diversification des descriptions de personnages.
J'ai lu le texte avec un ami très critique, qui a noté pas mal d'erreur, je me rappelle notamment d'une remarque sur la "maladie du double ajectif", qui pousse l'écrivain à rajouter après "doux", un "et calme". Je pense moi même être atteint.
Mais effectivement, je ne saurais pas dire si c'est toujours génant.
J'ai noté aussi le :
"vêtu sèchement" => sèchement s'applique à un mouvement...pas à un vêtement. Enfin...j'irai vérifier, mais ca m'a surpris.
"Quand une tension l'arrêta" => ca se comprend, m'enfin, je suis sûr qu'au lieu de tension tu peux trouver mieux.
Mais ces remarques sont futiles.
Voilà pour mon commentaire...certes, je m'attache plus au premier degré, mais on dira que c'était par fainéantise.
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- Vuld Edone
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Dire trop que trop peu.sans que le personnage ait besoin d'en rajouter.
1 et 2 en même temps.On en vient donc à 2 hypothèses:
Le personnage est inexpressif. Explication purement externe.J'ai trouvé d'ailleurs le dernier "Non" assez fade.
... principe du fantastique ?que ce lieu était la frontière vers l'enfer.
Musique. Et puis dame, à la fin. Et vin blanc.Dans la redemption, il y a la volonté de réparer ses torts. Hors ceux qui sont là font preuve d'un fatalisme atroce.
"Ce n'est que du vin.""Le vin tue".
Vive lui, je prends note du double adjectif.J'ai lu le texte avec un ami très critique...
Désigne d'abord celui qui les porte."vêtu sèchement" => sèchement s'applique à un mouvement...pas à un vêtement.
Non.je suis sûr qu'au lieu de tension tu peux trouver mieux.
Réponses minimalistes, mais on dira que c'était par fainéantise (et c'est le cas, outre le blues du "les gens écrivent mal").
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