file [Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3

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il y a 15 ans 3 semaines #16279 par Ignit
[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3 a été créé par Ignit
Je me permets donc d'ouvrir le sujet sur le texte de Monthy.

Texte peu joyeux, certes, mais empreint d'un certain humour qui n'est pas pour me déplaire, surtout présent dans le décalage omniprésent du texte. Le contraste entre l'obscurité du personnage et du décor et l'apparition hurluberluesque et, c'est le moins que le puisse dire, colorée est bien rendu au sens où cet affreux mélange de couleur m'a abîmé l'œil rien qu'à la lecture. D'ailleurs, ce qui se rapporte au personne est sombre, ce qui est autre apparaît clair, coloré ou lumineux. Après, même si le titre l'annonce, la quantité d'occurrences de "noir", surtout vers la fin, rebute un peu.

La soirée avait été la même que les trois précédentes : arrosée. La seule différence tenait dans la nature du lieu de sa débauche : un bar à vodka aux multiples cocktails, tous plus dévastateurs les uns que les autres. La même soirée que toutes les autres : arrosée, et triste. Triste, surtout.


J'aime bien ce premier paragraphe. Je m'explique : je trouve intéressant le fait de partir sur une caractéristique de la soirée, qui apparaît de facto essentielle pour, qu'au final, l'adjectif "triste" s'y substitue comme caractéristique principale de ladite soirée. Du coup, tu décris la soirée tout en gardant une évolution dans le paragraphe et ça le rend intéressant à lire, plus que la phrase d'intro moyenne s'entend.

Les cours reprenaient, la fatigue avec eux, et l’alcool ensemble.


"ensemble" me pose un problème. Je veux dire, "ensemble" est un adverbe et il est censé concerner plusieurs éléments à la fois. Hors là, tu sépares les cours qui reprenaient d'un côté, la fatigue (qui reprenait) d'un autre et l'alcool (qui reprenait) "ensemble". Du coup, pour moi, le "ensemble" coince au niveau du sens.

mais elles ne parvenaient pas pour autant à réveiller celui qui à jamais dormait.


"N'est pas mort ce qui à jamais dort [...]". x)

ses yeux sortirent de leurs orbites comme dans un cartoon


Je trouve l'expression hideuse, tant stylistiquement que phonétiquement. :/

de folie mêlé de fureur


mêlée*

La fin nous montre donc un type bourré et dépressif qui hallucine totalement de l'apparition aux si mauvais goûts vestimentaires tant cela s'oppose à sa vision pessimiste — oui, je sais, euphémisme. C'est amusant mais je m'attendais à un peu plus. Tu nous annonces que l'alcool le fait souvent divaguer, pourtant il ne divague guère qu'au milieu et ne dit jamais "vague". La fin est donc une sorte de spectacle tragi-comique tant on est au bord de pitié pour le personnage — et de compassion pour la fille qui, si elle mériterait la prison pour son alliage de couleurs, n'avait rien fait d'autre que se balader un soir.

Au final, je dirais que malgré l'impression qu'il pourrait y avoir encore plus, j'aime bien ce petit texte, l'assaut de couleurs, etc..
Agréable et bien mené. x)


Cordialement,

Ignit.

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il y a 15 ans 2 semaines #16285 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
C'est différent, différent de tout ce que Monthy nous a habitué à lire de sa part. Le style semble plus téméraire, comme si, libéré des contraintes de style de l'Échiquier, tu tentais à présent des approches différentes, ou peut-être un style que tu avais mis de côté avant de finir ta saga.
Voilà ce qui m'a frappé à la lecture.

Après, sur le fond du texte je ne vois pas trop à dire... je ne sais pas ce que tu as vraiment voulu y mettre, mais j'y voyais surtout la volonté d'appartenir à un monde, communauté, ethnie sans en être ni être convié avant de finalement dénigrer ceux qui diffèrent de par notre incompréhension ou notre impuissance à les joindre.
J'y vois peut-être trop, mais c'est ce que ça m'a donné comme sentiment.

L'homme se dit que le coloré est osé et pourquoi lui ne se démarquerait-il pas aussi de la même façon. Devant son incapacité à prouver qu'il peut appartenir à cette ethnie il préfère la dénigrer et se comporter odieusement afin de marquer sa différence et entrer dans les rangs du troupeau.

Après peut-être que l'alcool a simplement fait sortir de lui une envie, un sentiment particulier qu'il ne saurait s'avouer autrement... Pfff, on pourrait aller loin, comme avec les textes de Fufu'... et comme avec ce dernier, ton retour éclaircira sûrement ma lanterne.


Ah oui, avant de partir, je n'ai pas commenté ton "nouveau" style : j'apprécie, même si quitter les "il" pour lancer une phrase te serait sûrement d'une grande aide.

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il y a 15 ans 1 semaine #16305 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet [Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
Ah, enfin, je trouve le temps et la volonté de me remettre à mon activité favorite. J'imaginais, je l'avoue, commencer par le texte d'Ignit, mais Feurnard m'a indirectement défié sur "la vie en noir"...

Alors voyons de quoi il retourne.

***

Ma première impression en fin de lecture est un sentiment mitigé. On sent une noirceur dans le récit, des petits éléments de folie, de rage et de tristesse, bref, on sent quelque chose qui pourrait nous accrocher, mais la fin, en soit, m'est apparue comme une sorte d'énorme farce :laugh: .

Pour anecdote, j'ai travaillé durant une année à la médiathèque d'un hôpital psychiatrique et j'ai moi-même l'habitude, encore tenace, de m'habiller entièrement en noir (plus pratique). Un jour en me baladant dans les jardins de l'hôpital (en "travaillant", oui monsieur!), l'un des pensionnaires, jeune, m'arrête en me demande (je ne me souviens pas des paroles exactes) si je suis pensionnaire ou si je travaille sur les lieux. Je lui réponds et il me dit que c'est trop triste de s'habiller en noir, que je devais mettre de la couleur. Je me contentais de lui signifier que je ne dédaignais pas mon avis, mais il s'est encore intéressé et m'a demandé:
- Tu t'habilles toujours en noir?
- Oui.
- Absolument toujours?
- Oui.
- Mais t'as tout en noir, même la culotte?

J'avoue lui avoir fait remarqué que ça devenait franchement trop familier, mais la question m'avait beaucoup amusé (je ne donnerais pas la réponse).
Dès lors, en lisant ton texte, et en terminant sur cette fin, j'avoue avoir vraiment eu envie de rire, parce que ça me rappelait cette anecdote de ma propre existence.

***

Ceci étant dit, et dans un cadre plus sérieux, analysons plus en détail cette fameuse fin:

A ces mots, il s’arrêta pour retirer son pantalon noir, dans la poche duquel résidait son portefeuille noir. Il s’en débarrassa sur la route et, finalement, ne se trouva plus vêtu que d’un seul morceau de tissu, un caleçon noir strié de rouge. D’une voix triomphale, il s’exclama :

« Alors, qu’en dis-tu ? Moi aussi, j’ai de la fantaisie ! Moi aussi, j’ai de la couleur… ! »

Bien sûr, juste après vient la vraie fin, bien triste:

Cependant, la femme avait déjà disparu de sa vue, évaporée dans une ruelle quelconque, et alors que ses yeux auraient dû pétiller d’une joie farouche, une ombre voila son visage. Il baissa la tête, souleva son caleçon, secoua lentement la tête. Alors, il se mit à pleurer dans la rue désertée, et à ses poisseux sanglots vint se joindre le croassement d’un corbeau solitaire.

Mais un peu moins.

Qui revient en profondeur sur les sentiments réels, en dehors de l'aspect comico-tragique que tu as développé jusque là.

Je m'égare...
Disons que toute la fin semble vouloir tenir sur l'opposition entre l'aspect extravagant, décidé, farouche et burlesque qu'a le héros jusqu'alors et son abattement soudain, bien signifié par le "et alors que ses yeux auraient dû pétiller d'une joie farouche"... Oui, si on continuait dans son comportement de jusqu'alors, ses yeux auraient dû être emplis d'une joie farouche.
Bref, tu cherches à créer un brusque "retour à la réalité" après une montée en puissance. C'est une technique habituellement efficace et je ne peux pas te reprocher d'avoir réussi l'extrême coupure entre un moment de folie totale et un instant de paix soudaine, vu que je suis passé du rire au larmes entre le coup du caleçon et le sérieux des dernières phrases.

Le problème semble donc venir de la montée en puissance.

***

Dans la montée en puissance, je vois plusieurs techniques:
- répétition du lexique noir en opposition aux couleurs
- ambiguïté consciente et volontaire lors du retirement des pièces de vêtement (et de manière général sur les intentions du héros)
- emploi d'un champ lexical, dans le dialogue direct, faisant référence au fantastique.

Dans le principe général, pour que la montée en puissance soit efficace, il faut qu'elle accroche le lecteur et le prenne avec elle, afin que, tout comme le héros, il puisse ensuite redescendre sur terre.

Au niveau du champ lexical du noir:
- il commence après les mots "la couleur" est sert donc d'opposition entre le héros et la femme qu'il suit (il suit plus la couleur que la femme)
- il y a bien une gradation (gris au départ, emploi lent, puis grand paragraphe avec une suite de noirs)
- le noir ne sert pas la montée en puissance, mais sert de symbole.

Je passe donc aux ambiguïtés.
- les deux ambiguïtés servent une gradation. Il commence à marcher plus vite, etc... bref, la menace se fait de mo0ment en moment plus pressante. De même, il commence pas enlever une chaussure, puis va de plus en plus loin.
- la première ambiguïtés est celle de l'agressivité. On peut supposer qu'il veut carrément aller taper sur la femme.
- la seconde est encore plus directe et laissera à entendre un autre type d'agression (on se comprend).

Or le sens même de tout cela, ce serait plutôt le héros qui se "met à nu", se dévoile. Pas forcément facile à comprendre en première lecture.
Les dialogues directs n'aident pas.
Pourquoi ces références à Lovecraft? Pourquoi ces références aux démons? Le héros se trouve dans un paradigme inconnu à nombre de lecteurs et difficilement compréhensible, qui, du reste, brouille les pistes. De ce que j'ai lu de Lovecraft, l'aspect intérieur de l'âme humaine et les facettes des individus n'était pas le centre des préoccupations (plutôt la faiblesse de l'être humain face aux puissances qui l'entourent).

Bref, je dirais que c'est surtout là qu'on décroche.
Difficile de s'identifier à quelqu'un qui en appelle, pour une raison obscure, à Chtulhu. C'est possible, mais plus difficile.
Et pourtant, tout ne peut venir de là...

M'enfin, dans un premier temps, j'essaierais de voir de ce côté. Je me demande vraiment pourquoi tu as employé ces termes, surtout dès le départ, qui relativisent tout.

***

Le mécanisme en lui-même, pourtant, devrait fonctionner. On a bien une introduction (jusqu'à "les couleurs") sur laquelle je ne vais pas m'attarder, une montée en puissance, puis le calme.
De mon côté, j'accuse le discours direct qui pourrait être à l'origine du manque d'efficacité de la structure.

***

Mais avant de juger, il me faut être sûr d'avoir compris le texte.
Globalement, vu l'emploi du symbole du noir et des couleurs, on peut voir les choses ainsi:
- le héros se considère comme "réaliste" et pragmatique très probablement
- les couleurs symbolisent l'utopie et le rêve
- le fait de retirer les habits noir peut être vu comme une mise à nu, comme le fait de dévoiler l'intérieur de la personne. (je ne parlerais pas de vouloir se "débarrasser" de ce qui est noir, ça ne me semble pas être le cas).
Cela est bien montré par la gradation de la mise à nu et l'appui fait sur le pantalon qui, en même temps, retire le portefeuille. Ce dernier est, dans notre civilisation, un symbole fort de notre propre existence et de notre individualité. Ce n'est pas quelque chose qu'on abandonne facilement, ou que l'on ouvre si aisément...

Bref, le texte parle en quelque sorte de l'incompréhension qu'il y a entre deux mondes. Le premier, symbolisé par le héros et le noir, très terre à terre, qui cherche à voir les choses telles qu'elles sont (Du gris, oui, bien sûr ; les gens en avaient plein leur âme.), avec peut-être une tendance à la dépression (qui n'expliquerait pas tellement la colère).
Le second, symbolisé par la femme et les couleurs (tiens, un homme et une femme, les deux personnes sur terre qui se comprennent le moins), porté au rêve, à l'illusion, à la fantaisie et l'ignorance de ce qui l'entoure (la femme ignore le héros et le fuit).

À partir de là, on peut tout imaginer, depuis la jalousie du héros qui voudrait être accepté par l'autre monde, jusqu'à la volonté de faire comprendre que les habitants de l'un et de l'autre monde son strictement pareils...
Je ne m'avancerais pas plus que:

« Ce rose clinquant ? Ce vert crade ? Ce bleu quelconque ? Ce jaune criard ? »

Clairement, t'as quelque chose contre les couleurs :silly: . Non, je rigole, mais vu que derrière la colère on peut cacher le panel entier des sentiments humains, difficile d'imaginer la réalité.

De là à chercher tes propres motivations pour l'écriture de ce texte... risqué. Au fond, tu as surtout dû t'amuser, j'imagine. Tu devais aussi être conscient qu'on peut faire dire à ce texte ce que l'on veut, ou presque.

***

Quoi qu'il en soit, je reste sur ma position:
- il faudrait envisager de revoir le discours direct, pour le rendre plus fou peut-être, moins "concentré"

Et au niveau de mes questions:
- pourquoi ces allusions à Lovecraft
- est-ce que, comme je le pense, le héros cherche à dévoiler son intimité pychique (hé, ho, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas)?

Impe, un court texte assez sympa, mais qui me laisse sur ma fin.

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il y a 15 ans 1 semaine #16308 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
Je n'arrive toujours pas à conclure mon avis sur le texte.

Lovecraft est tourné en ridicule. Le personnage est identifié à "celui qui jamais ne dort" lors d'une double question. Les lucioles d'outre-espace sont les lampadaires. Et si réduire Lovecraft à un phénomène électrique n'est pas suffisant, il n'y a rien plus éloigné du genre que ce texte.
La femme est une "apparition", dit dans le texte, de la couleur dans un monde dit expressément noir. Elle ne réagit pratiquement pas (ce point n'est pas clair), elle s'évapore, elle n'existe qu'au travers des couleurs venues, le texte le dit encore, d'un monde qui ne doit pas exister.
Bref, cette femme est un rêve, "fantaisie" comme j'aime le souligner, et cet homme la poursuit. Poursuite d'un rêve. Et il le sait, il le hurle, il le sait. Quand commence-t-il à se déshabiller ? Quand il refuse cet état de fait.

Je note encore quelques détails : que le corbeau tiendrait plutôt de Poe, donc, affrontement de deux auteurs ? Que son dernier geste, avant qu'il ne pleure, est pudique. Je ne l'interprète pas.

Tout cela est dans le texte.

Une première chose empêche l'interprétation. C'est le quelconque des couleurs : elles sont indistinctes, elles n'ont qu'un rôle général, elles se confondent entre elles. En d'autres termes, à part se distinguer du noir, elles ne signifient rien.
Ensuite, le comportement de la femme : elle a par deux fois une attitude presque humaine, en allongeant le pas et en jetant un bref regard. Cela peut prêter à confusion.
Et puis il y a toutes ces traces d'humour qui se font parfois référence à elles-mêmes : "ne me fais pas rire", "on se moquait de lui"... On ne sent pas le rôle que joue cet humour. Si le burlesque veut être pathétique car au contraire il le neutralise.
Il reste un terme qui m'échappe : "que c'était beau !" Beau ? Esthétique ?

Sans aucun doute, au sens le plus littéral, c'est un chagrin d'amour. Topos contemporain de broyer du noir vs vie en rose.
Ensuite il y a la poursuite du rêve, c'est indéniable. Les autres chroniqueurs semblent l'avoir manqué, est-ce moi ? Poursuite de ses rêves, poursuite d'un idéal, etc... là encore, c'est un topos moderne.
Quant à mon interprétation, elle ne tient pas.

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il y a 15 ans 1 semaine #16310 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Re:[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
Je me suis permis une fusion du sujet avec... celui qui était déjà créé à cet effet. ;)

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il y a 15 ans 4 jours #16328 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
Pfiou, vous êtes déjà passé, pas facile d'en rajouter...
Bon, Impe et Fufu ont mis le doigts sur quelques unes de mes impressions.

1ere chose: j'ai eu l'impression que le style avait lui aussi un côté criard, ça colle avec l'idée du texte, mais j'ai pas l'impression que ça soit pour autant positif pour le lecteur. Quand je dis criard, c'est un peu l'idée que tu as voulu mettre plein de choses qui toutes ne fonctionnent pas. Bref, je n'ai pas trop aimé le style.
Ou certaines ont un côté "coller" au lieu de faire partie intégrante du texte. Tous ont plus ou moins évoqué Lovecraft. J'ai souvenir que tu avais fait plusieurs nouvelles où son ombre plane, comme si tu baignais à cette époque dans ses texte. Là, l'effet est indéniablement comique. Et il donne aussi un côté angoissant car on ne sait pas si le texte peut plonger dans l'horreur. On dirait même que tu as presque hésité. Mais comme l'a signalé Fufu, en l'état, il y a quelque chose de gratuit.

Globalement, l'humour fonctionne bien et on ne sait jamais où le texte peut basculer. La possibilité que la créature puisse être une entité vraiment dangereuse persiste en nous. Mais la possibilité que le "héros" devienne lui même menaçant à l'égard de la femme constitue une option qui est à plusieurs reprises possibles. Donc il y a pour le lecteur toujours un côté chaud/froid. D'ailleurs, c'est intéressant de voir comment on bascule tantot vers un homme menacé et une femme menacé. C'est quand tespersonnages deviennent humain que l'autre le devient moins et qui fait qu'il contient une sorte d'ambivalence.
Petit à petit, la fin quitte ses atours d'angoisse pour jouer avec le grotesque. Mais un grotesque qui peut également sonner un peu pathétique.
Donc le texte me semble très bien pensé sur le fond. Mais j'ai malgré tout l'impression qu'il n'a pas été écrit avec la bonne forme. Comme si, une fois terminé, les idées étaient enfin toute là (ce dont tu ne semblais pas sûr au début) mais que le texte restait à réecrire parce que toutes ses idées n'avaient pas été pensées au départ. Certaines méritent d'être retrvaillées (Lovecraft) d'autres poussées encore plus loin (l'humour de certains passges).

Au fait, ça fait partie des nouvelles des Caraibes (heu, je suis plus sûr du nom)?

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il y a 15 ans 3 jours #16331 par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Re:[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
Que de commentaires ! :woohoo: Merci à vous, et navré de ne répondre que maintenant - et pas forcément de la façon la plus développée qui soit, mais enfin.

Avant tout, sachez que ce texte n'était pas très ambitieux. C'était plus une tentative (assez vaine en fin de compte, puisque non suivie) pour me remettre à la prose sur une idée qui me trottait dans la tête depuis un petit moment.

Bien entendu, je vais privilégier les critiques négatives dans mes réponses, en vous remerciant pour le reste.


@ Ignit

"ensemble" me pose un problème. Je veux dire, "ensemble" est un adverbe et il est censé concerner plusieurs éléments à la fois. Hors là, tu sépares les cours qui reprenaient d'un côté, la fatigue (qui reprenait) d'un autre et l'alcool (qui reprenait) "ensemble". Du coup, pour moi, le "ensemble" coince au niveau du sens.

En fait, c'est une formule que j'aime beaucoup. Je ne suis même pas sûr qu'elle est correcte, qu'"ensemble" peut s'employer ainsi (je suis à peu près sûr de l'avoir lu quelque part, cela dit). Bref, je comprends que cela puisse gêner, mais je crois que je vais le garder.

Je trouve l'expression hideuse, tant stylistiquement que phonétiquement. :/

C'était un peu osé, je l'avoue volontiers, et vraiment pour tourner en ridicule le protagoniste. En fait, il manquerait d'autres éléments du champ lexical du cartoon pour que la tournure s'intègre vraiment. C'est un hiatus dans le texte.

Au final, je dirais que malgré l'impression qu'il pourrait y avoir encore plus, j'aime bien ce petit texte, l'assaut de couleurs, etc..
Agréable et bien mené. x)

Disons que je n'avais guère d'autre ambition :)



@ Krycek

Le style semble plus téméraire, comme si, libéré des contraintes de style de l'Échiquier, tu tentais à présent des approches différentes, ou peut-être un style que tu avais mis de côté avant de finir ta saga.

Tu as en partie raison, mais en partie seulement parce que tu n'as pas lu l'entièreté de l'Echiquier (et je te comprends !), dont certains chapitres sont franchement très différents (voire audacieux ?) au niveau du style - éprouvants également, je crois. Disons que là, dans cette nouvelle, il est surtout plus léger.

Après, sur le fond du texte je ne vois pas trop à dire... je ne sais pas ce que tu as vraiment voulu y mettre, mais j'y voyais surtout la volonté d'appartenir à un monde, communauté, ethnie sans en être ni être convié avant de finalement dénigrer ceux qui diffèrent de par notre incompréhension ou notre impuissance à les joindre.

Encore une fois, je n'y ai pas mis grand-chose. Simplement le désir d'un peu plus de fantaisie et d'excentricité autour de moi, et de couleurs, effectivement (en cette période, le noir est de sortie partout et je trouve cela un peu triste).

L'homme se dit que le coloré est osé et pourquoi lui ne se démarquerait-il pas aussi de la même façon.

En fait, c'est exactement cela. Le souci, c'est que le type en question aime voir de la fantaisie autour de lui sans pour autant être capable d'en afficher lui-même. D'où sa tentative fort pitoyable de prouver le contraire.

Après peut-être que l'alcool a simplement fait sortir de lui une envie, un sentiment particulier qu'il ne saurait s'avouer autrement...

L'alcool est une fausse piste, en fait. C'est avant tout pour justifier l'attitude excessive du personnage (et les allusions fumeuses à Lovecraft).

Ah oui, avant de partir, je n'ai pas commenté ton "nouveau" style : j'apprécie, même si quitter les "il" pour lancer une phrase te serait sûrement d'une grande aide.

Damn it, je n'y avais pas prêté attention !



@ Imperator

Goddamn, quel commentaire poussé pour une petite nouvelle sans grande prétention ! J'ai l'impression d'être un imposteur.

Or le sens même de tout cela, ce serait plutôt le héros qui se "met à nu", se dévoile. Pas forcément facile à comprendre en première lecture.

Effectivement. En fait, je n'avais pas vraiment l'intention de faire ressentir au lecteur l'existence d'une sorte de menace de coups ou de viol. Je voulais l'éviter justement en montrant un personnage plus grotesque que dangereux, même si certains gestes (comme la bouteille fracassée) pourraient induire la notion de danger.

Pourquoi ces références à Lovecraft? Pourquoi ces références aux démons? Le héros se trouve dans un paradigme inconnu à nombre de lecteurs et difficilement compréhensible, qui, du reste, brouille les pistes.

Pour le plaisir, en fait. Vraiment, il n'y a aucune raison de l'y mettre, mais j'en avais envie. Cela ne fait finalement que compléter le personnage, complètement déconnecté du monde réel (en partie grâce à l'alcool), et explique d'une certaine façon sa sur-réaction. Bref, c'était plus gratuit qu'essentiel (ce qui est un tort dans une nouvelle aussi courte, je sais, mais le but était de retrouver un certain plaisir d'écrire plutôt que d'accoucher d'un chef d'œuvre) et ta critique est fondée.

De mon côté, j'accuse le discours direct qui pourrait être à l'origine du manque d'efficacité de la structure.

En fait, il apparaît toujours pour la même raison : briser le côté amer, l'ambiance un peu oppressante par des propos peu cohérents, comiques dans leur exagération. Je ne cesse d'osciller entre le burlesque et le pathétisme.

À partir de là, on peut tout imaginer, depuis la jalousie du héros qui voudrait être accepté par l'autre monde, jusqu'à la volonté de faire comprendre que les habitants de l'un et de l'autre monde sont strictement pareils...

Tout à fait.

De là à chercher tes propres motivations pour l'écriture de ce texte... risqué. Au fond, tu as surtout dû t'amuser, j'imagine. Tu devais aussi être conscient qu'on peut faire dire à ce texte ce que l'on veut, ou presque.

Lui faire dire ce que l'on veut, peut-être... Mais en tout cas, oui, tu as tout compris : je voulais surtout m'amuser par quelque chose d'assez léger, qui pourtant contient un certain nombre d'angoisses ou d'espoir - c'est selon. 8)

- pourquoi ces allusions à Lovecraft

Déjà répondu : pour le plaisir d'abord, pour montrer finalement l'état psychologique du personnage ensuite(pas franchement maître de ses actes), pour ajouter une dose d'humour (de dérision ?) enfin.

- est-ce que, comme je le pense, le héros cherche à dévoiler son intimité psychique (hé, ho, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas)?

Hmm... Il cherche avant tout à se prouver qu'il est capable lui aussi de rêver, de s'échapper, d'avoir de l'audace et de la fantaisie, bref, de se détacher de la norme - tout en montrant qu'on peut aussi être dans la norme et faire preuve en même temps d'excentricité. C'est un peu contradictoire, en somme. La fin est de toute façon un constat d'échec.



@ Feurnard

La femme est une "apparition", dit dans le texte, de la couleur dans un monde dit expressément noir. Elle ne réagit pratiquement pas (ce point n'est pas clair), elle s'évapore, elle n'existe qu'au travers des couleurs venues, le texte le dit encore, d'un monde qui ne doit pas exister.

Si, tout de même : elle presse le pas, elle jette un regard en arrière. Je pense que cela suffit à la rendre assez concrète. Elle ne fait pas que planer à la même allure, dans le prendre en considération. Certes, pour le protagoniste, elle ne peut pas (elle n'a pas le droit d') exister ; mais elle est bien réelle, aucune ambiguïté là-dessus (s'il y en a, c'est que je me suis planté).

Bref, cette femme est un rêve, "fantaisie" comme j'aime le souligner, et cet homme la poursuit. Poursuite d'un rêve. Et il le sait, il le hurle, il le sait. Quand commence-t-il à se déshabiller ? Quand il refuse cet état de fait.

Cela dit, oui, pour lui, c'est un rêve qu'il poursuit - mais c'est un rêve qu'il peut conquérir, qu'il veut rendre réel. Dans un certain sens, assez métaphorique, on pourrait même aller jusqu'à dire que lui-même veut devenir un rêve, en ce sens qu'il veut se prouver qu'il et capable de faire preuve de fantaisie à son tour.

Et puis il y a toutes ces traces d'humour qui se font parfois référence à elles-mêmes : "ne me fais pas rire", "on se moquait de lui"... On ne sent pas le rôle que joue cet humour. Si le burlesque veut être pathétique car au contraire il le neutralise.

Ah, mais le but est un peu que le lecteur ne sache pas trop comment prendre ce texte, le voir comme un texte humoristique (il l'est) ou comme un texte profondément amer (il l'est aussi). Bref, je voulais que le texte penche sans cesse d'un côté puis de l'autre pour que le lecteur ne sache plus tellement sur quel pied danser.

Il reste un terme qui m'échappe : "que c'était beau !" Beau ? Esthétique ?

Non : fou. C'est le beau excentrique, inhabituel, fantaisiste, audacieux, téméraire, et même le beau du mauvais goût. De l'inattendu, en somme. Pas de la beauté esthétique, non. C'est plus dans le sens que dans l'apparence que tient ce beau.

Sans aucun doute, au sens le plus littéral, c'est un chagrin d'amour.

Même pas, en fait. Je n'ai pas besoin de cela pour quêter un peu de merveilleux autour de moi :) Souvent en vain, parfois avec succès - et il ne vient jamais de moi, ou si peu.



@ Zara

Là, l'effet est indéniablement comique. Et il donne aussi un côté angoissant car on ne sait pas si le texte peut plonger dans l'horreur. On dirait même que tu as presque hésité. Mais comme l'a signalé Fufu, en l'état, il y a quelque chose de gratuit.

Je le reconnais bien volontiers, comme j'ai pu le répondre précédemment. C'était juste une envie, comme ça, qui me semblait cependant propice à mettre dans le ton assez ambigu du texte. En fait, oui, théoriquement, on peut s'attendre au pire, mais on ne l'a pas ; du coup, on pourrait être soulagé, se concentrer sur le côté comique du texte ; mais, enfin, on se rend compte qu'il n'est pas forcément si amusant. Tel serait le cheminement idéal du lecteur si j'avais travaillé un peu plus le texte - mais, encore une fois, il n'était pas ambitieux à la base.

Donc il y a pour le lecteur toujours un côté chaud/froid. D'ailleurs, c'est intéressant de voir comment on bascule tantôt vers un homme menacé et une femme menacé. C'est quand tes personnages deviennent humain que l'autre le devient moins et qui fait qu'il contient une sorte d'ambivalence.

Bon, ben dans la mesure où c'était l'objet de mon propos, tant mieux si cela fonctionne en partie !

Mais j'ai malgré tout l'impression qu'il n'a pas été écrit avec la bonne forme. Comme si, une fois terminé, les idées étaient enfin toute là (ce dont tu ne semblais pas sûr au début) mais que le texte restait à réecrire parce que toutes ses idées n'avaient pas été pensées au départ

Les idées étaient là, mais j'ai sans doute fait preuve d'un certain dilettantisme étant donné que je ne comptais pas y passer une éternité, d'où un style peut-être un peu faiblard. Cela dit, ce n'était pas non plus aisé de favoriser un style, entre le léger et le pesant, j'ai dû naviguer entre deux eaux sans vraiment faire preuve de conviction.

Au fait, ça fait partie des nouvelles des Caraibes (heu, je suis plus sûr du nom)?

Des Antilles ;) Non, celle-ci est récente. Je mettrai peut-être les autres nouvelles des Antilles en ligne un de ces jours, mais probablement pas aux commentaires tant elles sont anciennes, à présent.

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il y a 14 ans 11 mois #16339 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:[Novembre 2009] La vie en noir - Monthy3
A l'inverse du Renard, ça ne m'a pas fait l'impression d'un chagrin d'amour. A aucun moment j'y ai vu une remarque sur un "amour perdu". C'est plutôt l'omniprésence de thème plus malsain qui pousse ce texte à frôler le fantasme "meurtrier". Pourquoi utiliser Lovecraft sinon? C'est un "tue-l'amour".

Après il est clair que tu -Monthy- as mis une touche d'humour et conclu cela comme un one-shot se conclut souvent, par une chute à contre-courant (et dans ce cas là, qui ramène le personnage à la réalité). Personnellement, c'est ce qui m'a un peu gaché le plaisir. Non que je sois un fan absolu de Lovecraft ou que j'aurais aimé que le personnage découpe la jeune femme en rondelle, mais il me semble que la chute n'est pas suffisamment à contre-courant pour que le one-shot fasse mouche (du moins de mon coté).

Ca m'a fait l'impression d'un récit dont on fait monter la pression et d'une pression qui se relâche toute seule à la fin. Pas de choc, pas de crash, pas d'explosion, pas de vraie chute finalement. Non, alors que le déroulement prenait une tournure cauchemardesque, la fin est simplement...réaliste. Les sanglots et la tristesse du personnage font peut être dire à Feurnard qu'il s'agit d'un chagrin d'amour. Pour ma part, le corbeau nous ramène au thème de la mort et l'absence finalement de ressort "dramatique" (au sens propre)à la fin m'a pas vraiment plu.

Je ne répèterais pas ce qu'a dit Feurnard sur les couleurs, mais c'est une des choses que j'avais noté. Le jeu de couleur aurait pu être plus utiles au récit. Pourtant la lecture a été plaisante. Je peux même dire que le texte m'a plu et que j'ai trouvé certains passages bien écrit. L'entrée en matière est intéressante d'ailleurs.


Je terminerais juste sur une question:
Pourquoi là aussi (comme pour Iggy) avoir fait le choix de ce personnage? Un étudiant sans description particulière (donc pour le lecteur c'est un étudiant lambda) qui se saoule et est emporté par un délire lovecraftien qui se termine comme une mauvaise blague? J'ai vraiment pas compris pourquoi tu as utilisé un étudiant, alors que tu fais une description d'ambiance façon Bukowski, en moins vulgaire. Un autre personnage aurait peut être rendu le récit plus marquant. Le banal de l'étudiant nous ramène à une réalité qui gâche, à mes yeux, le one-shot.

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