file L'Aubaine - 4 & 5

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il y a 12 ans 4 mois #17905 par Demosthene
L'Aubaine - 4 & 5 a été créé par Demosthene
** Ce sujet traite du contenu de l'article: L'Aubaine - 4 & 5 **

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il y a 12 ans 4 mois #17906 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:L'Aubaine - 4 & 5
Comme "l'Aubaine" est fini, je vais m'atteler à un commentaire global.

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Je ne sais pas si c'est parce que j'ai imprimé pour lire dans le train et dont ait pu lire "l'Aubaine" avec plus de temps et de patience, mais ma seconde lecture a été plus agréable que la première.
Mon impression générale sur le texte est bonne, même si la première partie reste bien plus inégale que les suivantes, en particulier le chapitre 3 qui m'a le plus marqué.
A lire la suite, ma première impression d'un manque de cohérence a fini par s'évanouir : on rentre assez vite dans l'idée de la course, double course en fait, à la fois entre les deux bâteaux d'un côté et entre les hommes et la mer de l'autre. Même si cette seconde dimension aurait pu, je pense, être davantage développée, quoique ça n'enlève rien au tout.

Ce qui m'a plut particulièrement tient à ta gestion de l'action et du rythme. Je trouve que c'est dans les moments d'action que tu t'en sors le mieux. Pour relever un passage qui m'a marqué en ce sens, la scène du repêchage de Louis :

L’approche fut encore longue et délicate, mais finalement, affalant la plupart des voiles dans un déluge de coton et de chanvre, l’Anubis mit en panne à proximité du naufragé. Corbil, le meilleur nageur du bord, attacha une écoute autour de son ventre et plongea jusqu’à Louis, s’agrippant des pieds et des mains au corps inerte de son compagnon. Une dizaine de marins prirent spontanément le cabestan pour remonter les deux hommes. Au passage du franc-bord, ils tirèrent le noyé sur le plat du pont. Le chirurgien de bord le bascula sur le coté et lui ouvrit la bouche pour attraper sa langue. A la barre, Weaving avait fermé les yeux. Dans un instant d’éternité on n’entendit plus un bruit. Même le vent retenait son souffle. Le silence fracassant fut soudain rompu par un sifflement, puis un bruit de crachat et de vomissement. Louis était revenu à la vie, et l’eau qu’il avait avalée quittait maintenant son corps. Sur le pont, l’équipage explosa de hourras.

Là, tu parviens à installer un rythme précis qui nous fait suivre manoeuvre après manoeuvre. C'est beaucoup plus agréable que les premiers paragraphes un peu poussif, avec leur rythme répétitif, du chapitre 1. De là mon impression que c'est dans l'action que tu maîtrises le mieux les rythmes de tes phrases.

Pour le vocabulaire marin, moi qui me plaignait au début, j'ai été servi ! En fait, ton usage de termes précis de navigation colle bien à un certain réalisme qui vient à l'encontre des "clichés" du récit de pirate. On est pas dans des représentations grossières et caricaturales, mais dans quelque chose de plus subtil, où les pirates ne sont pas tous de gros bourrins anarchistes.
En fait, tu frôles parfois ces clichés :
- la scène du mousse avec les souvenirs de Weaving qui reviennent
- la scène où Weaving repêche le pirate tombé à l'eau m'a paru inversement caricatural dans sa façon un peu trop explicite de faire de Weaving un anti-pirate. En fait, Weaving m'est apparu durant tout le texte comme un anti-aventurier rationnel et posé (l'aventurier étant plutôt représenté par Barthélemy) et du coup sa réaction face au pirate tombé à l'eau, bien qu'en partie justifiée, désomorçait un peu cette idée... Par exemple quand tu développes :

Vingt minutes, et sur le pont certains avaient déjà retiré leur couvre-chef en signe de respect. Ils mesuraient leur chance aujourd’hui puisqu’un autre qu’eux était tombé. Plonger dans ce qu’on appelle pudiquement « le jardin du commandant » était presque signer son arrêt de mort pour un pirate. Bien peu savaient suffisamment bien nager pour rester la tête hors de l’eau assez longtemps et plus rares encore étaient les capitaines qui détournaient leurs bateaux pour récupérer un homme.

,
j'ai été tenté de croire que Weaving allait laisser tomber, que c'était la chose la plus "rationnelle" à faire. Là, ton intention de montrer la bonté de Weaving est trop apparente, je trouve.

Mais dans l'ensemble, c'est bien l'impression de réalisme qui ressort, en large partie grâce au vocabulaire. J'ai été servi en exotisme avec tous ces termes ! J'ai trouvé que tu étais parvenu à un certain équilibre.

Globalement, je trouve que ton style est très classique, posée, mais tout à fait efficace. Il gagne surtout dans la description des actions, même si le départ et les enjeux du départ reste encore problématique, à cause de cette idée de la course entre l'Aubaine et l'Anubis qui est explicitement écartée, mais en fait s'avère centrale. Là, tu échoues à transformer une simple sortie en mer en course alors que tu aurais pu gagner à faire naître un suspens (au début, Weaving part sans idée de course, mais celle-ci réapparaît progressivement, jusqu'au fatal dénouement final).

Continue comme ça, quoi !

Et enfin, j'aurais une question sur l'origine des noms des deux capitaines : ont-ils une origine particulière ? Je trouve celui de Barthélemy particulièrement bien choisie, pour la connotation d'emblée négative.

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il y a 12 ans 4 mois #17908 par Demosthene
Réponse de Demosthene sur le sujet Re:L'Aubaine - 4 & 5
Les parties d'actions sont mieux maîtrisées en terme de rythme... Soyons tout à fait franc. Ce sont les parties où je me sens le moins à l'aise. Alors je les écris, je les reprends, je les change et je les revois encore... J'en déduis que le travail paye, et que je gagnerais à faire la même chose sur le reste (c'est du boulot en fait d'écrire... :) )

- La scène du mousse... oui, cliché, complètement, et qui n'a rien à faire là peut-être. Je la voulais un peu cliché, mais sans doutes est-ce trop.
- Le pirate tombé à l'eau qu'on repêche... autobiographie, tout ça. Je ne voulais pas m'éloigner trop des faits (et Louis se porte bien aujourd'hui, merci :) ). Mais je vois tout à fait la logique que tu exposes, et ça serait probablement le caractère de Weaving qu'il faudrait revoir alors, puisque je ne veux pas modifier les évènements.

L'origine des noms :
- Weaving est un nom récurrent chez moi. Elle (Oui, à la base, c'était un personnage féminin) plusieurs navires de Starfleet avant de se retrouver Pirate ici. C'est un nom que j'aime bien, il m'a semblé naturel de l'utiliser dans ce cadre là.
Barthelemy, là oui c'est trouvé pour l'occasion, et la connotation négative première qui sort avec ce prénom (en tout cas chez moi, pardon si quelqu'un ici s'appel Barthelemy), c'est tout à fait voulu qu'on la ressente. C'était l'idée de départ pour ce personnage en tout cas.

Merci pour tout le reste, je reprendrais ça au fur et à mesure directement dans le texte.

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il y a 12 ans 4 mois #17917 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:L'Aubaine - 4 & 5
J'ai eu un réel plaisir à lire ces trois derniers chapitres. Moins le tout dernier, il faut l'admettre, qui m'a en grande partie volé la scène attendue où l'Aubaine coule. Mais j'ai retrouvé ces radeaux de la Méduse, monstres dévoreurs de bois et de cordes qui me restent surtout de Balzac, et cette ambiance intense et lente de la marine que je n'ai jamais réussi à retranscrire dans Chimio'.

C'est à la troisième partie, avec la description des voiles, que tu m'as enfin pris. La description des vagues était bonne mais normale, quelque part, et ne jouait en rien sur la tension. L'homme à la mer aurait presque été un haussement d'épaules. Puis il y a eu ces voiles et je n'avais plus connu ça depuis un engagement spatial dans un texte inachevé de 40k.
En bref c'était mesuré, je pouvais y croire et j'y ai cru. C'était encore plus fort pour le sauvetage de l'Aubaine où, avouons-le, je n'imaginais même pas possible de remorquer un bâtiment... toute la méthode et le chronographe, le poids de la mer et des voiles, la description du bas-fonds, tout formait une cohérence féroce.
Et c'est là bien sûr où l'ellipse sur la perte finale de l'Aubaine me déçoit, où la scène aurait pu être développée avec les derniers débats de l'équipage. Comme dit, on sait dès le départ que le navire est condamné - et les deux premières parties restent très faibles - mais le comment prend ici tout son sens, avec le sauvetage et tous les efforts déployés, le temps, les comportements, tout ce qu'il y a à suivre d'événements.

Il y a, ici ou là, des petits détails qui m'ont dérangé, des détails que j'aurais du mal à retrouver, en général des sortes de résumés de tes descriptions ou des expressions qui brisent l'ensemble. Trop faible pour que je les relève.
Pour le coup je n'aurai donc pas vraiment de critique à faire. Surtout ça fait plaisir de voir ces descriptions, la montagne d'Ars aurait dû être la mer de l'Aubaine.

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