file Les Martyrs de la Vérité - 1.1

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il y a 10 ans 2 mois #18918 par Mr. Petch
Les Martyrs de la Vérité - 1.1 a été créé par Mr. Petch
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il y a 10 ans 2 mois #18919 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Hi'.

Je suis retourné sur les Martyrs en décidant que "cette fois je vais le lire". Et je ne l'ai pas lu.
J'ai rapidement mis en page le premier chapitre en me rendant compte qu'il n'y avait pas le moindre espace entre les paragraphes et que du coup la mise en page donnait un pavé qui ne donnait pas envie... mais le problème ne vient pas de là.
(J'ai aussi remis dans l'ordre les chapitres, de sorte que quand on clique sur "suivant", on a bien le chapitre suivant.)

Pour faire écho à ce que je disais déjà :

il est devenu évident que la manœuvre de sortie du hangar contredisait largement les attendus du plan. Cela alors même que le robot constituait une pièce maîtresse du plan.

Déjà, le "supérieurement intelligents" a anéanti toute once de sympathie (au sens non-littéraire, hein, côté haine c'est bon) que j'aurais pu avoir pour les héros. Souhaiter la mort des héros à chaque seconde du récit qui passe n'est pas exceptionnellement cathartique.
Ensuite, répétition de "plan". Ce serait un détail totalement négligeable si le ton n'essayait pas d'être soutenu, avec des termes comme "attendu" en nom commun (au lieu de sa forme habituelle comme participe passé, "les résultats attendus")...
Ce qui nous amène enfin à ce ton juste insupportable et qui nous prend de haut. Chaque apparition de ce ton me donne envie de briser mon écran - à ce titre, la sympathie littéraire est un peu trop largement atteinte. L'idée de tomber dessus me suffit à me détourner du texte.

- Cela me fait penser à la critique "ce film/texte est trop sérieux". Le film/texte réussit trop bien à montrer x, et du coup les gens qui n'ont de base pas envie de voir x n'ont plus envie de voir le film/texte. -

C'est d'autant plus frustrant que :

Ophélia n'était plus dans le tonneau à épices. A l'arrivée du robot, elle s'était dirigée vers la muraille comme il avait été convenu. Les plans ayant changé en chemin il ne s'agissait plus de monter à bord. Comme il restait à Donatien un semblant de souvenir des règles, il parvint à diriger V suffisamment pour atteindre la muraille, là où se postait silencieusement, à peine vraisemblable dans le déluge de projectiles arc-en-ciel et de comètes terrestres, la figure de poupée d'Ophélia fendant la vapeur englobante. Comme mus par un enchantement puissant, les deux yeux doux de la petite fille se posèrent sur la face de Donatien.

J'ai lu ça d'une traite et c'était très bien dosé. Notamment avec "... là où se postait silencieusement, à peine (...) terrestres, la figure..." l'incise était juste assez longue pour ne pas me faire lâcher, et "englobante" parvient à ajouter quelque chose sans être de trop.
J'adore cette narration, son fourmillement de détails et cette sorte d'équilibre qui permet de relancer sans cesse malgré la complexité - c'est maîtrisé - et ça m'agace d'avoir ce préjugé du ton sentencieux sur lequel je peux tomber à tout moment et qui me ruine la lecture.

J'ai arrêté de lire des textes pour bien moins que ça, et c'est vraiment un no-go. Rien à faire, tant que l'expression d'Agratius (doublé par Ophélia... 'kay :huh: ) sera mise en scène ainsi je ne pourrai pas approcher de ce texte.
La santé de mes nerfs en dépend.

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il y a 10 ans 2 mois #18921 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Je ne sais guère que dire non plus tant j'ai l'impression que ton rejet est plus dû à une impression personnelle qu'à une critique rationnelle... Je serais curieux d'avoir l'avis des autres Chroniqueurs pour voir si c'est un rejet général ou non.

Rien à faire, tant que l'expression d'Agratius (doublé par Ophélia... 'kay ) sera mise en scène ainsi je ne pourrai pas approcher de ce texte.


Et malheureusement, je crains qu'il y ait peu de chances que cela change...

Quoi qu'il en soit, je prends ton commentaire dans ce qu'il peut m'apporter, m'apprendre sur mon propre texte.

**

Une question : quand tu dis que le ton est insupportable, qu'il prend de haut, est-ce le ton du narrateur ou le ton d'Agratius ? Ta réponse m'intéresserait...

En tant qu'auteur du texte, je te dirais que la réponse est la même dans les deux cas, et en un sens ta réaction prouve que j'ai réussi mon effet. J'ai adopté volontairement, pour Agratius comme pour le narrateur, un ton prétentieux (disons moralisateur pour le premier est pompeux pour l'autre). Je te dirais bien que dans le cas du narrateur, ce ton est censé être lu par le lecteur au second degré, mais cela n'excuse ni n'explique rien.
A titre de comparaison, l'objectif était de trouver un style à l'opposé des Cimes, Les Martyrs étant conçu comme un pendant inversé de ce premier texte de science-fiction, les deux mondes ayant quelques similitudes mais le regard posé par le texte devant être opposé.
Je pense que c'est un des premiers textes que j'écris dans un style aussi marqué dans le registre pompeux, tu conviendras donc qu'il s'agit de ma part d'une expérience cosnciente, de pousser le lyrisme jusqu'à la prétention.

Et c'est pour cela que je ne sais trop quoi dire... Ce qui te repousse dans le texte est précisément ce que j'ai essayé de faire. Du moins c'est ce que je comprends... Ce n'est pas une réécriture qui arrangerait les choses mais une toute autre histoire.

Bon... Promis, je termine le plus vite possible Les Martyrs pour passer à autre chose ! En un sens, cela motivera de me dire que c'est le prix à payer pour que tu continues à lire mes textes :P

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il y a 10 ans 2 mois #18922 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Effectivement, et avant toute chose, c'est mon opinion personnelle -- et en rien rationnelle. Là, pour le coup, c'est juste un rejet des tripes.

Le narrateur lui-même n'est pas dérangeant. Il en fait "parfois trop" mais quand il dit "Agratius était venu le voir et l'avait fixé de son regard le plus maîtrisé", on comprend et en même temps on sourit. "Et en effet, Donatien n'avait pas compris l'explication d'Agratius" est là aussi très sympathique (toujours au sens non-littéraire).

Non, c'est vraiment Agratius qui m'est antipathique au possible, et en effet je vois bien que c'est volontaire, que tu as voulu le produire, d'où ma réflexion sur le film qui "réussit trop bien".
Il paraît qu'Orange Mécanique est génial mais je n'ai jamais dépassé les premières minutes.
Je m'étais aussi fait la réflexion, un jour où je m'inventais une histoire d'enquête, que les corps étaient gonflés par l'eau, mais que dans pas mal de films les noyés n'étaient pas gonflés et avaient juste la peau livide, même après des heures ou des jours : on était choqué par un noyé alors même que le noyé était mis en scène pour ne pas nous choquer.
Et on peut sans doute se faire la même réflexion pour le "gore". La torture mise en scène est étrangement plus supportable...

Bref, yup, il faudrait l'avis des autres.

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il y a 10 ans 2 mois #18946 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Je n'ai pas honte de dire que je n'ai compris qu'à la fin qu'Agratius était finalement un des héros.

La narration s'applique à nous raconter l'histoire à travers les yeux de Donatien.
Si bien que finalement, la critique faite par Vuld a été pour moi une simple observation : "Ah tiens, Agratius est l'antipathique de service qui sert à mettre en valeur le héros Donatien".

Du coup, énorme surprise à la fin quand je découvre que : Ophélia est douée de raisonnement. Et qu'Agratius s'en sort vivant. Mieux! c'est lui qui va mener la suite.
Ça n'a pas été pour moi très logique. Bien que ma logique soit sans doute sujette à caution.

Sur la narration encore : ce texte qui sert d'entrée m'a semblé par moment partir dans tous les sens. Sans vouloir vexer ni faire une mauvaise blague, j'ai sincèrement songé à dire "Kamoulox!" par moment, quand la paranoïa ambiante s'entrecroisait avec la folie du jeu imposé, emporté par un univers qui ne tient sa cohérence que parce que l'auteur y croit à fond. Heureusement. Mais j'ai parfois décroché. Un exemple :

En un bond furtif, Agratius s'était accroupi – ils étaient au milieu du décor triste d'une vieille banlieue déserte, en pleine partie géante de chat perché entre les vieilles fermes délabrées, juchés au sommet d'un pylône offrant un panorama sur la campagne grise de son urbanisation feinte, inutile, témoin d'un temps clos désormais.


Une partie géante de chat perché, qui interrompt le recrutement de Donatien. J'avoue que ça m'a fait l'impression d'un esprit qui saute d'une idée à une autre.


Sur l'écriture elle même, je la trouve plutôt intéressante, même si ça ne t'aidera pas comme commentaire. Même si j'ai noté des passages qui m'ont paru étrangement formulé. Ou alors c'est simplement moi qui ait mal compris.

Pourtant, ça fait du bien à lire.
Peut être surtout la fraicheur et le plaisir de lire un Chroniqueur. Quand ça fait longtemps, c'est un peu comme de s'envoyer une vieille drogue dont on avait presque oublié l'existence, mais pas le goût.

Quelle était exactement ton intention en ouvrant le récit ainsi?
J'imagine qu'on le découvre ensuite, mais peut être as tu des précisions à apporter. N'hésites pas à en profiter pour y caler un teaser.



Avis d'un "autre", qu'on avait pas vu depuis longtemps.

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il y a 10 ans 2 mois #18959 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1

Je n'ai pas honte de dire que je n'ai compris qu'à la fin qu'Agratius était finalement un des héros.


Je peux te rassurer : si Feurnard l'avait compris, c'est que
1. il s'agit de la deuxième version d'un texte paru dans les Travaux d'écriture
2. il connaît si bien mes histoires qu'il est capable d'anticiper la moindre de mes intrigues ! ;)

Quelle était exactement ton intention en ouvrant le récit ainsi?


Ma première envie avec cette introduction était de faire comme si la scène d'entrée (du moins jusqu'au robot) était tirée d'un jeu vidéo. Cet aspect là s'est un peu perdu avec l'écriture, mais dès le départ c'était clair pour moi que Donatien allait mourir et Agratius et Ophélia devenir les héros.
S'il faut paraphraser, il faudrait lire cette intro comme une façon d'expliquer au lecteur : "Vous croyez être dans un roman d'aventures enfantines traditionnel ? Hé bien vous vous trompez !", et de déjouez tout de suite ses attentes, par la scène de la cuisine, par le robot géant. Ce n'est pas une histoire de "héros", mais une histoire d'anti-héros.
Et comme toutes les intros, celle-ci donne le ton de l'histoire. En gros, le message est "ne vous fiez pas aux apparences, tout peut arriver dans cette histoire".

Et je crois que fondamentalement j'ai toujours voulu écrire une histoire où le héros meurt dès le premier chapitre !

Sur la narration encore : ce texte qui sert d'entrée m'a semblé par moment partir dans tous les sens. Sans vouloir vexer ni faire une mauvaise blague, j'ai sincèrement songé à dire "Kamoulox!" par moment, quand la paranoïa ambiante s'entrecroisait avec la folie du jeu imposé, emporté par un univers qui ne tient sa cohérence que parce que l'auteur y croit à fond. Heureusement. Mais j'ai parfois décroché.


Oui, je comprends. Après coup, et aussi en tant qu'auteur de cette histoire, je me rends compte que Les Martyrs est un texte exigeant, au sens où il nécessite une grande application de l'auteur ET des lecteurs pour avoir une cohérence. C'est aussi, pour moi, un texte difficile à écrire car il m'oblige à rester toujours en éveil : d'une certaine façon, il m'est moins "naturel" que d'autres textes. Peut-être aussi justement à cause de ce que j'ai dit précédemment : je me suis donné pour but de déjouer sans cesse les attentes du lecteur, de le forcer à être en éveil (mais tu me diras, les lecteurs n'ont pas forcément envie d'être tenus en éveil !).

Par rapport à la version précédente j'ai tenté de réduire cet aspect désordonné, mais oui, c'est une des dimensions du texte que de partir dans tous les sens. "L'inspiration", pour employer des grands mots, est vraiment l'aspect enfantin : je veux que l'histoire ressemble à une histoire d'enfants, ou on sauterait du coq à l'âne, avec des rebondissements incessants, un peu comme les intrigues des séries d'aventure pour enfants. D'où la difficulté que j'ai à garder une cohérence. C'est volontaire, mais c'est un vrai défi d'écriture que d'écrire un texte de ce type... !

Si tu lis la suite, tu verras si je parviens à tenir le lecteur en éveil... Ou à l'énerver ! Merci de ta lecture, en tout cas.

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il y a 10 ans 2 mois #18962 par gilfuin
Réponse de gilfuin sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Sur le défi que tu te fixes, vraiment je n'ai rien à dire, tellement ça me semble être finalement la base même de notre activité. Si on se donne aucun challenge, il me semble difficile d'écrire un texte authentique. Un texte qui nous ressemble vraiment.

Et c'est finalement ici ton paradoxe -qui est génial- tu essayes d'écrire à contre nature si je comprends bien et je suis certain que l'expérience a été et sera encore enrichissante. Quelque soit le résultat.

Cependant, notre vil travail de chroniqueur est de nous attarder sur le résultat plus que sur ton expérience d'écriture. C'est dommage, mais c'est ainsi. Et j'avoue volontiers que maintenant que tu décris tes intentions, je perçois bien tous ces éléments que tu as voulu intégré, mais je m'interroge désormais sur le dosage. C'est assez délicat car le dosage dans "le jeu des apparences", "la vision enfantine/vidéo ludique", "la cruauté et la réalité montrée sèchement par contraste", "la volonté de faire une entame à contre courant, assassinant dès le début le gentil"...ya tellement de matière à réflexion et à interprétation, une telle densité, que j'aurais du mal à définir une critique réellement objective. Pourtant, si je devais m'arrêter sur le dosage, je dirais que par moment l'intégration de contraste avec la réalité fait sortir du "jeu des apparences" (l'assassinat gratuit du gardien et de sa donzelle). Et que parfois la surenchère des apparences fait sortir du récit. Pourtant, je crois avoir perçu tes intentions par moment et ça m'a fait regretté que tu ais pas poussé plus loin certaines idées. M'enfin, il faudrait sans doute que je lise la suite pour pousser plus loin -moi aussi- ma critique.

D'autant que je me reconnais assez dans ce genre d'approche, à vouloir casser dès le début le stéréotype, tout en jouant avec pour duper le lecteur. Je n'y réussis pas toujours. Et bizarrement, plus j'avance avec l'âge et plus j'ai la sensation que ce genre d'effet de style est plus approprié à un oneshot, qu'à une nouvelle. Cela ne veut pas dire que dans une nouvelle on ne brise pas les stéréotypes. Au contraire. Simplement on dilue cette intention à travers les pages. On met pas le paquet dès le chapitre 1. C'est d'ailleurs une raison supplémentaire pour lire la suite et voir comment tu t'en es sorti. Vraiment, je suis très curieux d'étudier ça.

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il y a 10 ans 2 mois #18974 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1

Sur le défi que tu te fixes, vraiment je n'ai rien à dire, tellement ça me semble être finalement la base même de notre activité.


Le truc, c'est qu'au départ, je ne pensais pas que le texte serait aussi difficile.
Le défi de départ était d'avoir comme héros un personnage antipathique et surtout à l'opposé de mes personnages habituels (des idéalistes un peu lents et balots, un peu comme Donatien)... Et ce que je trouve intéressant, c'est que ce défi de départ a rendu tout le reste du texte difficile à écrire. Mais comme tu dis, c'est ce qui fait l'intérêt d'écrire, surtout d'écrire en amateur.

je m'interroge désormais sur le dosage


Ah oui, le dosage... C'est ce qui est le plus complexe ! Et je t'accorde volontiers qu'il y a un problème de dosage dans le texte, on voit trop les "ficelles". J'espère l'atténuer au fur et à mesure, apporter plus de nuances dans les chapitres suivants...

Pourtant, je crois avoir perçu tes intentions par moment et ça m'a fait regretté que tu ais pas poussé plus loin certaines idées.


Tu as des exemples précis ?

Et bizarrement, plus j'avance avec l'âge et plus j'ai la sensation que ce genre d'effet de style est plus approprié à un oneshot, qu'à une nouvelle. Cela ne veut pas dire que dans une nouvelle on ne brise pas les stéréotypes. Au contraire. Simplement on dilue cette intention à travers les pages. On met pas le paquet dès le chapitre 1.


C'est vrai : dans un récit court, on peut casser les stéréotypes dès le départ, il y a une esthétique de l'urgence. Dans un récit long, on prend généralement le temps de bien installer les stéréotypes en question avant de les casser, parce qu'on a le temps. Et avec les Martyrs, il semble que j'ai été un peu pressé :P

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il y a 10 ans 3 semaines #19009 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
C'est fait des mois que j'ai lu et pris des notes sur ton chapitre 2 et je prend pas le temps de faire mon retour. Je pars en WE prolongé mais à mon retour je m'y attelle, promis!

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il y a 9 ans 2 mois #19685 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Petite lecture linéaire pour me remettre dans le bain des Martyrs.

Dans l'orphelinat endormi, il trottait d'un couloir à l'autre, poussait délicatement

Le sujet est l'enfant (Donatien), mais "dans l'orphelinat endormi" change le point de vue. Pour imager, c'est comme si dans un jeu vidéo la caméra reculait soudain pour montrer toute la zone puis rezoomait la seconde d'après sur le personnage. On s'attend à parler de l'orphelinat et on retourne à l'enfant, du coup... on se demande pourquoi on a parlé de l'orphelinat ici, aussi tôt...

-> "Il trottait d'un couloir à l'autre, dans l'orphelinat endormi, poussait délicatement..."

Placé en début de phrase, ce complément laisse croire qu'on parlera de l'environnement plus que de l'enfant. ça prête à confusion.

qui conduisait au grand hall et à ses dorures outrancières de salle de bal épouvantée.

Même si ça fait partie du style, ici déjà on a un cas de "tu en fais trop". C'est le "épouvantée" qui crée ça, non pas parce qu'il est vraiment de trop, il faut effectivement un adjectif pour équilibrer la phrase :

-> "... et à ses dorures outrancières de salle de bal."

C'est rude. Mais "épouvantée" a un trait humain, et du coup demande pas mal d'efforts. C'est léger mais ce mot cause un léger décrochage.

faisait frissonner Donatien d'une bouffée sèche de sensations qu'il ne connaissait pas mais qu'il devinait délicieuses et acidulées.

Autre cas où ça en fait "un peu trop" : "faisait frissonner Donatien" se suffit à lui-même, mais soit, le développement se vaut. Le problème vient surtout de la transition : "d'une bouffée sèche..." porte l'attention non plus sur le frisson mais sur la bouffée, et on se demande ce que c'est que ce nouvel objet. L'attention devrait rester sur le frisson. Typiquement :

-> "faisait frissonner Donatien avec une bouffée sèche de sensations..."

La sonorité est moins bonne, cela dit. "comme" passerait mieux, je suppose.

de cet odieux théâtral

"Théâtre" suffira, Agratius.

ils étaient au milieu du décor triste d'une vieille banlieue déserte

Ici, une remarque importante.
C'est ici que le chapitre devient compliqué. Le gros problème du chapitre, au-delà du ton d'Agratius qui reste encore à venir, est qu'on change sans cesse de lieu et que les transitions n'aident pas à suivre.
On était de nuit dans l'orphelinat, soudain on est dans une banlieue... tu as beau l'avoir écrit, la narration est complexe et du coup on s'y perd. C'est sans doute la chose qu'il faudrait corriger ici.

De l'étage une fenêtre allumée des silhouettes de maîtres jouaient

Nous ne sommes pas dans "de corne". "À une fenêtre allumée de l'étage" suffira.

dans l'alignement parfait de l'embrasure vitrée de la porte close du péristyle.

L'alignement n'est pas parfait.
On a une suite de trois "de" qui ne passe pas, notamment parce que l'emboîtement "embrasure / porte / péristyle" ne se fait pas... surtout parce que ces mots sont rares et pas très parlants. Il suffirait de mettre "dans la porte close" pour briser le problème... et un possible alignement.

Tu vas sortir par la porte de derrière sans qu'ils ne te voient. Tu vas te rendre dans le vieux hangar. Tu vas ouvrir la trappe souterraine sous les branchages. Tu vas déclencher l'Arme secrète.

Je suis surpris. Je n'ai pas retrouvé les discours agaçants d'Agratius qui m'insultaient.
Ici, au contraire, on a de l'Agratius en pleine forme, qui ne prend même plus la peine de se justifier. On peut lire sa pensée simplement dans sa façon de parler.

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Je suis arrivé à la fin du chapitre et c'est très différent de mes souvenirs.

À part la confusion des lieux dans le premier tiers, quelques conjugaisons fautives et des termes parfois trop soutenus (relativement parlant, c'est dû au style, mais quand même), c'est un de ces chapitres exemplaires d'introduction.
Je veux dire par là que toute la dynamique est en place.
On a le monde établi avant même qu'Agratius ne nous le précise : la grisaille du béton, le jeu des enfants, l'ambivalence des maîtres, tout crée un monde qui pose mille questions.
On a aussi Agratius, principal acteur et qui, dans ses dialogues, donne bien la couleur. Et l'intervention finale d'Ophélia, effacée jusqu'alors, qui donne son coup de poing. On a là tout ce que le texte nous promet.

Cela dit, si vers la moitié (à la reprise du jeu nocturne) j'ai lu quasiment sans discontinuer, arrivé en fin de chapitre j'hésite à continuer.
Le texte conserve une certaine lourdeur.
Comme dit, le ton soutenu est un style, et parfaitement justifié par l'enjeu (théâtral). Mais il est parfois simplement trop lourd et, du coup, pas assez maîtrisé. Il y a des moments où on préfèrerait de le voir allégé, simplement pour avancer sur ce qui compte au final assez peu.

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il y a 9 ans 2 mois #19690 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Les Martyrs de la Vérité - 1.1

Je suis arrivé à la fin du chapitre et c'est très différent de mes souvenirs.


Je me dis que c'est peut-être parce que tu as lu la version réécrite et que ton souvenir concernait la première version, de l'époque du feuilleton... J'avais beaucoup suivi tes conseils d'alors dans la réécriture, en particulier sur le ton d'Agratius.

Pour imager, c'est comme si dans un jeu vidéo la caméra reculait soudain pour montrer toute la zone puis rezoomait la seconde d'après sur le personnage.


C'est marrant que tu parles de jeu vidéo : l'ensemble de ce chapitre a été conçu comme un niveau de jeu vidéo, dans sa structure, avec l'infiltration, les péripéties, le boss de fin...

C'est ici que le chapitre devient compliqué. Le gros problème du chapitre, au-delà du ton d'Agratius qui reste encore à venir, est qu'on change sans cesse de lieu et que les transitions n'aident pas à suivre.


Je suis d'accord avec ça. Ce passage dans la "banlieue" m'a posé problème en réalité. D'un côté, j'en ai besoin pour exposer le pourquoi du comment, et faire entrer un peu de distance dans une séquence très terre à terre. Comme Donatien ne va pas durer très longtemps, je suis forcé de faire cette explication dans le chapitre 1. En même temps, je reconnais qu'il créé un décrochage curieux. Le problème est peut-être seulement un problème de lieu : la "banlieue" surgit un peu de nulle part alors qu'on pourrait en rester à l'orphelinat sans changer le sens de la séquence.

Bref... Tout ce passage est problématique. Où le mettre ? Au début, cela me semblerait curieux. A la fin, on a autre chose à penser... S'en passer ? Alors je crains que la lisibilité du monde en patisse : on est aussi dans une scène d'exposition qui présente l'univers du récit.

Le texte conserve une certaine lourdeur.
Comme dit, le ton soutenu est un style, et parfaitement justifié par l'enjeu (théâtral). Mais il est parfois simplement trop lourd et, du coup, pas assez maîtrisé. Il y a des moments où on préfèrerait de le voir allégé, simplement pour avancer sur ce qui compte au final assez peu.


Mmh... La lourdeur du narrateur fait partie du texte, bien sûr... Mais il ne faut pas que ça se fasse au détriment de la lecture. C'est toujours un peu le problème ici : rendre fluide un style assez soutenu. C'est un jeu d'équilibriste.

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il y a 9 ans 1 mois #19835 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Les Martyrs de la Vérité - 1.1
Je n'ai pas relu mes propos précédents. Je replonge dans ce vieux récit et redécouvre la version 2. Bon, je serais incapable de faire un comparatif précis, juste te faire part d’impressions. Globalement, j’ai l’impression d’avoir lu quelque chose de plus « carré » et clair. L’univers parait également plus cohérent par rapport à ce qui va suivre (tout du moins, ce que j’y ai trouvé annonce effectivement ce que j’en connais). Bref, cette version me parait bien meilleure que le souvenir de ce que j’avais lu où je sentais des intentions moins marquées. Maintenant est-ce parce que tu as modifié ton texte ou est-ce parce que je connais la suite ? Je suis incapable de te répondre.

Premier point : nous sommes sur un monde qui joue sur l’ambivalence entre l’adulte et l’enfance. Les deux cohabitent mais finissent par s’opposer et cela crée une rupture qui rend un peu mal à l’aise. Et ce qui renforce ce malaise, c’est également que tout ce qui fait normalement le charme de l’enfance (le jeu, l’innocence et l’insouciance) soit implicitement critiqué.
Nous vivons d’ailleurs le texte principalement à travers la vision de Donatien, qui est, un peu comme le lecteur, partagé entre deux regards. Tantôt il culpabilise d’avoir un regard d’enfant, tantôt il l’adopte totalement (quitte à ce qu’il en devienne cruel). Par exemple, la scène de coït est traitée avec cette ambiguité. Il voit le gardien et Norma avec ses yeux d’enfants, ce qui donne lieu à une scène un peu effrayante (et comique si on retrouve notre regard d’adulte).


Les personnages :
Le personnage le plus développé (et le plus attachant) est bien entendu Donatien, parce qu’il fonctionne « normalement ». Seulement, les vrais héros sont Agratius et Ophélia.
Agratius est immédiatement présenté comme un meneur, mais également quelqu’un de dénuer de tout affectif. Il n’est en sorte qu’une machine à raisonner et analyser. Et c’est par lui que survient le doute sur le monde de l’enfance et des adultes de l’Orphelinat. Ce doute se communique au regard du lecteur qui doit à son tour chercher ce qui cloche dans le monde qu’on lui dévoile.
Mais ce qui caractérise le plus Agratius, c’est sa « voix ». Lorsqu’il parle, j’entends clairement sa voix, ce qui montre qu’il a une vraie personnalité et une vraie cohérence. Donatien apparait finalement autant comme un personnage que comme un moyen de mettre en valeur par différence Agratius.
Quant à Ophélia, c’est avant tout une présence, voire même juste un regard. C’est ce que j’ai retenu d’elle dans quasi tout le texte, et son silence et ses regards lui donnent une présence étrange, parfois pesante. Par contre, je mettrai davantage en valeur le fait qu’elle soit muette. Dans la phrase, on pourrait presque croire qu’elle est juste muette face à son frère compte tenu des circonstances.
Là aussi, certes tu la décris, mais quand en fin tu la fais « parler », on entend une vraie voix. Je veux dire que le ton employé lui donne sa personnalité. Je ne me rappelais plus qu’elle prononçait ce discours et à quel point il est implacable. Sous ses apparences de petite poupée, on a un monstre froid, peut-être encore plus qu’Agratius.

J’ai d’ailleurs noté que les deux confient soigneusement de donner les rôles les plus dangereux à Donatien sous de pseudo-prétextes. En soi, tu les présentes vraiment comme des calculateurs qui ne laissent aucune emprise à l’émotion. En fait, ils sont parfois à l’image de ce qu’aimeraient les parents, aussi sages et calmes que des images, quand ils sont fatigués des turbulences de leurs enfants... Donatien reste touchant. Il joue un peu le rôle du peu chevalier pour sa belle, mais la belle se moque complètement de lui, des risques qu’il a pris pour elle et de ce qu’il peut ressentir. En voulant relativiser la froideur de son raisonnement et de sa condamnation, Ophélia ne fait qu’accroître l’horreur de ces propos. Quant à sa révélation sur la mère de Donatien, elle est d’une cruauté sans nom.
D’ailleurs, à plusieurs reprises, tu présentes les adultes comme eux aussi jouant à des jeux, surtout dès que les enfants ne peuvent plus les voir. Des jeux d’adultes en quelque sorte, sous tous les sens du terme.

Pour ce qui est du monde, j’avoue être partagé. Je ne reviendrais pas sur l’énormité que constitue la construction du robot armé que tu peines d’ailleurs à rendre crédible. Mais on a un mélange d’un monde à la fois moderne et archaîque (un peu comme celui des Cités Obscures (la BD)), même si tu y rajoute une forme de grotesque. Je pense que tu as bien réussi à transformer la « bataille » à une sorte de jeu vidéo, où l’on tue, massacre, détruit à tour de bras sans se soucier de rien, ni de l’absence de moralité de ce qu’on fait. Ce n’est qu’un jeu… Et l’ironie n’en devient que plus effrayante.
Je dirais que le monde n’est finalement pas l’essentiel, il est plus une sorte de prétexte. Tu sous-entends que le monde que nous voyons repose sur les vestiges d’un autre monde. Et le regard que porte Agratius nous influence dans la mesure où on a envie de remettre en cause le monde qu’on voit et qu’on aimerait connaître « l’ancien » monde. Les enfants rejettent d’ailleurs à la fois le monde des adultes, de l’enfance et le monde dans lequel il vit.
Pour ce qui est de l’humour, il est régulièrement présent, mais c’est un humour très noir, parfois très cruel.

Pour ce qui est du rythme, je rejoins les commentaires. Il y a parfois une certaine lourdeur, notamment quand l’expédition commence. J’avoue que l’entrée dans le hangar et ce qui a suivi m’a fait un peu décroché. J’en avais marre que ça piétine, que ça paraisse si artificiellement développé sur des points qui finalement ne font que regarder l’intrigue. Certes, tout ton développement sur le transfert maternel sur le robot est nécessaire pour rendre la chute de ton histoire plus implacable, mais sur le moment, on s’en moque. Tout comme on se moque de l’apparence du robot qui n’a fait que souligner en moi le manque ici de crédibilité de l’histoire.
Pour moi, le vrai fil rouge de l’histoire susceptible d’attirer le lecteur, c’est ce fameux jeu de l’évasion. Quand tu donnes les règles et l’esprit du jeu, c’est excitant, mais quand on le lit beaucoup moins. Déjà en partie parce que tu donnes précisément le plan de ce qu’on va lire et que rien ne vient véritablement le bouleverser d’une manière où le lecteur se sentirait impliquer dans le destin de l’enfant. D’abord parce qu’il commence à comprendre que Donatien n’est qu’un faire-valoir et parce que tout ce qui se passe n’apparait que comme un jeu ; Les morts et les murs éventrés de l’orphelinat importent peu le lecteur. Il a en plus la certitude que rien ne pourra détruire le robot parce que ses adversaires sont décrits comme dérisoires.



Une introduction d’une saga commence souvent « fort ». Ici, on obtient une fin de chapitre où le personnage qui nous attire s’en va de l’histoire (même si on ne le sait pas encore) et où il se dit qu’il devra suivre les deux personnages les moins sympathiques. Alors, certes, ces deux enfants ont leur part de mystère, on veut savoir comment cela se fait qu’il soit comme ça. Mais nous n’avons pas de puissant moteur, ni cette impression d’emballement. A ce stade, le plus gros point d’accroche que je ressens, ce serait la découverte de l’univers et de son histoire. Le second point, c’est la critique implicite qu’on ressent de notre société qui pour l’instant ne fait qu’affleurer le récit.
Donc on sent une vraie ambition d’écrivain, une volonté de malmener le lecteur, mais j’ai un peu l’impression que tu écris contre le lecteur plus qu’avec lui, ce qui fait que l’on ne se sent pas le bienvenu. Pour ma part, c’est l’humour implacable du texte qui me rassure (en même temps qu’il m’effraie parce qu’on se sent plus proche de ses victimes que de celui qui le manipule).
Voilà, à toi de me dire si tu voulais creuser d'autres points.

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il y a 9 ans 3 semaines #19861 par Monthy3
Réponse de Monthy3 sur le sujet Les Martyrs de la Vérité - 1.1
C'est un début d'histoire, ou je prends quelque chose en cours ? J'ai un doute...

Bon, avec ce récit, je découvre les Martyrs de la Vérité... et c'est avec bonheur !
Pour être franc, je ne me suis pas posé tellement de questions en lisant. J'y ai vu un anti-héros clairement naïf - et le sachant, avec derrière un autre gamin calculateur et froid, ainsi qu'une gamine qui m'a d'emblée captivé, puis surpris à la lecture de la fin du chapitre. Je n'ai pas été spécialement touché par Donatien : les personnages d'enfants "réellement" enfants me laissent généralement de marbre. J'ai été plus intéressé par le mystère sous-jacent, l'objectif réel d'Agratius, et l’univers autour. Je l'ai lu comme un récit d'aventures, de découvertes, de périls. La vision du monde de Donatien, son intérêt pour le jeu ou, plutôt, sa propension à tout observer sous le prisme du Jeu, sont vraiment bien rendus. De même pour la pureté froide d'Ophélia, et le mépris même pas dissimulé d'Agratius.

Si c'est un début, pour moi, tu as tout gagné : Donatien envolé, on n'en sait guère plus sur le duo Agratius / Ophelia et j'ai clairement envie d'en apprendre plus. Qui, ou plutôt que sont-ils ? Comment se sont-ils retrouvés là ? Où vont-ils ?
Et puis, quel est cet univers ? On a l'impression d'être à notre siècle (on parle de piscine...), d'un autre côté le terme d' "orphelinat" a un côté un peu vieillot, et puis la description du monde donne l'impression d'un contexte post-révolution industrielle... et futuriste à la fois, avec ce robot... doté d'armes moyennâgeuses. Je suis à la fois perdu et content de l'être, avide d'en savoir plus.

En somme, beaucoup d'enthousiasme de mon côté ! :cheer:

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