Myriade
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il y a 7 ans 6 mois #21191
par Vuld Edone
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il y a 7 ans 6 mois #21192
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Myriade
Voilà Zara'. Satisfait ?
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- Zarathoustra
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il y a 7 ans 6 mois - il y a 7 ans 6 mois #21193
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Myriade
Tout à fait!
Surtout que je ne comprends pas pourquoi tu n'en ai pas content... Je l'ai lu mais reviendrai dessus quand j'aurai un plus de temps.
Et Lacrima que tu évoques dans le topic Auteur/Narrateur/Lecteur? On pourra y avoir droit?
Surtout que je ne comprends pas pourquoi tu n'en ai pas content... Je l'ai lu mais reviendrai dessus quand j'aurai un plus de temps.
Et Lacrima que tu évoques dans le topic Auteur/Narrateur/Lecteur? On pourra y avoir droit?
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- Vuld Edone
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il y a 7 ans 6 mois #21195
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Myriade
Pour Lacrima, non.
Pour ce texte, je mesure mon insatisfaction au fait que je n'arrive pas à le relire. Je bloque... dès le premier paragraphe.
J'ai commencé ce texte dès que j'ai lu ton appel à texte, ce jour-là, et je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais écrire. J'ai donc commencé par un "Athenor", avec un vaisseau spatial mais au lieu de l'appeler Athenor je l'ai appelé Myriad et j'ai commencé à écrire l'histoire de ce vaisseau et puis après une page je me suis arrêté et j'ai fait "tu ne pourrais pas raconter la même chose avec des épées ?"
Je ne sais pas si c'est la même chose mais j'ai donc décidé de créer Myriad dans le Liscord, et j'ai repris pour cela mes brouillons d'autres histoires. On a là presque une réunion de vieux amis et si au départ le village "qui n'a jamais existé" a une signification dans le monde des Armes, il a pris un sens méta avec tous ces personnages qui n'ont jamais pu avoir leur histoire.
De la même manière, le "ne les laisse pas mourir" final -- qui du reste n'était pas planifié -- a une signification dans le monde des Armes, mais a pris un sens méta également. C'est mécaniquement à travers Myriad que ces personnages vivent.
Kran est l'histoire d'un dragon amoureux des humains, qui demande (ordonne) à un "gobelin" de le transformer en homme et qui part vivre avec eux. Le dragon veut "voir les humains de près", pas en devenir un, juste... les côtoyer sans qu'ils ne fuient. Il n'y a aucun conflit en particulier, juste un dragon déguisé avec ses attributs de dragon. Vers la fin de l'histoire sa "femme" se fait tuer et, de rage, il révèle sa nature, puis décide de s'enterrer vivant avec sa dulcinée. Il ordonne donc aux humains de fondre son trésor et de le verser liquide dans un trou qu'ils auront creusé, avec lui et sa femme dedans.
À ce stade c'est plus une comédie qu'autre chose, vis-à-vis des enjeux des démons ce n'est même pas une note de bas de page. Donc ça n'a jamais vu le jour.
Adeline j'en ai déjà parlé, c'est cette idée de l'épée qui se porte / forge elle-même. Ici on a la petite-fille, la grand-mère ayant été brisée. La petite-fille ne veut pas se battre, d'où l'absence d'yeux. Le texte devait d'abord tourner autour d'elle, elle devait trouver un aventurier / villageois et partir à l'aventure avec, et passer par un village qui n'existe pas, rempli de bêtes. "Scellée dans la pierre" vient juste du fait qu'un héros est venu demander l'aide de la mère, qui ne pouvant pas compter sur sa fille l'a enfermée le temps de sa mission. Pour l'anecdote, l'épée est un fragment de la lame de Dine, le démon créé pour tout détruire.
Là encore, il n'y a pas vraiment d'enjeu en soi, et il faudrait un véritable personnage avec une véritable pertinence pour écrire dessus.
Gabriel est un golem créé par un alchimiste qui se posait essentiellement la question des démons : peut-on créer un être libre. Gabriel est donc un ordinateur des temps médiévaux programmé pour être libre. Quand on lui demande ce qu'il veut, il répond "faire ce qu'on me demande". Le sablier est une création alchimique, chaque grain de sable est un golem qui, une fois détruit, coule dans la partie du bas. On retourne le sablier et paf, le golem est actif à nouveau. Techniquement Gabriel transporte son "peuple" sur son dos mais il se moquerait bien de voir le sablier détruit. Bref.
Le problème de cette histoire est qu'elle est une mise en abime des Armes, et que Gabriel est frustrant parce qu'il n'offrira jamais aucune réponse. Il est juste... là.
Tsarra (anciennement Tiegarra) a eu un texte sauf erreur sur les Chroniques, c'est donc un très vieux personnage, et parmi mes premiers féminins. Essentiellement, une bête servant les démons et qui a massacré son peuple en leur nom. Elle n'existe plus que par son devoir, c'est-à-dire sa lance qu'elle ne doit jamais lâcher, sous peine de disparaître. Le principe devait être repris avec les Reniants, dont les vaisseaux spatiaux tireraient des lances avec chacun un esprit de leur peuple se manifestant à travers l'arme.
Elle n'a pas d'histoire en soi. Elle est juste habituée à côtoyer les démons. Et elle ne les aime pas. Du tout.
Quant à Myriad, au départ j'avais juste décidé que ce serait une bête qui se mettrait à manifester de la volonté. Soit une aporie, dans le monde des Armes. Le conflit est entre Myriad et son démon (Hautmont, l'être noir aux yeux sales (et délavés)), leur "négociation". À mesure que j'ai improvisé le texte, j'ai réfléchi à la résolution. Encore lorsque j'écrivais le dernier jour, j'avais en tête la fin telle que Tsarra la décrit, les bêtes faisant ce qu'on leur dit de faire et toutes les prières n'ayant servi à rien. Dans cette version, les personnages appelés auprès de Myriad n'étaient là que pour lui permettre de partir en guerre contre le démon.
Ce n'est pas arrivé comme ça pour deux raisons. La première, j'avais mis cinq jours, et le texte est structuré avec un personnage par jour. Je n'avais déjà pas de quatrième personnage, d'où le passage de Tsarra, et j'aurais pu m'en tenir au vide pour le cinquième, illustrant la futilité des prières, mais j'ai tenu la structure. La seconde, "tout cela pour ça ?" Mes textes sont orientés sur la guerre et l'esprit actuel est que non seulement la guerre est perdue, mais qu'il n'est même plus possible de se battre. Et je tends à tronquer toutes les fins pour donner une alternative, pour briser cet esprit. D'où, à la fin, un deus ex littéral pour les Armes.
Or, à mesure de l'écriture, je me suis rendu compte que Myriad pouvait signifier plus qu'elle ne signifiait déjà. Myriad, dix-mille, est l'idée de ce personnage perdu dans la masse et qui seul ne pèse pour rien, ne peut rien changer. Myriad, dans ce texte, est devenue une représentante des bêtes. Pour l'anecdote, les dix mille bêtes qu'elle a sauvées, qui ont été renvoyées au rang d'animal, doivent toujours mourir. Il faut donc qu'à travers Myriad dix mille bêtes meurent, par compensation.
Je ne vois au texte aucun enjeu. J'aurais pu aussi bien écrire une rencontre dans un bar. "Salut ! Comment ça va ?" - "Bien, bien, toi aussi tu es là pour l'annonce ? Eh, qu'est-ce que tu deviens ?" J'ai parfois pensé à "En attendant Godot" en écrivant.
Le seul enjeu serait méta. Au sens où le village n'existe que parce que les humains (des aventuriers, à la base) avaient besoin de monstres à tuer. C'est un texte qui demande pourquoi il existe, pourquoi il doit y avoir ce faux conflit, où les personnages se plaignent presque d'être là et qui demande à la fin "alors, satisfait ?" Une histoire qui ne comprend pas pourquoi elle a été écrite.
Je ne me sens attaché ni à Myriad ni à la moitié du cast, exceptions faites de Hautmont et Tsarra, lesquels j'ai massacrés dans cette histoire.
Pour préparer ce texte j'ai rapidement repassé mes vieux textes des Armes, et je suis retombé sur "Sans nom", écrit pour le tronchage d'orcs. Où Luana (une Tsarra-like avec une histoire un peu différente) devait défendre une faille pendant sept jours.
Ce type de combat un peu spectaculaire, un peu grandiloquent, est le coeur des Armes. Mais il est devenu comme impossible d'en écrire, comme si c'était désormais interdit, infantile.
Bref.
Pour ce texte, je mesure mon insatisfaction au fait que je n'arrive pas à le relire. Je bloque... dès le premier paragraphe.
J'ai commencé ce texte dès que j'ai lu ton appel à texte, ce jour-là, et je n'avais absolument aucune idée de ce que j'allais écrire. J'ai donc commencé par un "Athenor", avec un vaisseau spatial mais au lieu de l'appeler Athenor je l'ai appelé Myriad et j'ai commencé à écrire l'histoire de ce vaisseau et puis après une page je me suis arrêté et j'ai fait "tu ne pourrais pas raconter la même chose avec des épées ?"
Je ne sais pas si c'est la même chose mais j'ai donc décidé de créer Myriad dans le Liscord, et j'ai repris pour cela mes brouillons d'autres histoires. On a là presque une réunion de vieux amis et si au départ le village "qui n'a jamais existé" a une signification dans le monde des Armes, il a pris un sens méta avec tous ces personnages qui n'ont jamais pu avoir leur histoire.
De la même manière, le "ne les laisse pas mourir" final -- qui du reste n'était pas planifié -- a une signification dans le monde des Armes, mais a pris un sens méta également. C'est mécaniquement à travers Myriad que ces personnages vivent.
Kran est l'histoire d'un dragon amoureux des humains, qui demande (ordonne) à un "gobelin" de le transformer en homme et qui part vivre avec eux. Le dragon veut "voir les humains de près", pas en devenir un, juste... les côtoyer sans qu'ils ne fuient. Il n'y a aucun conflit en particulier, juste un dragon déguisé avec ses attributs de dragon. Vers la fin de l'histoire sa "femme" se fait tuer et, de rage, il révèle sa nature, puis décide de s'enterrer vivant avec sa dulcinée. Il ordonne donc aux humains de fondre son trésor et de le verser liquide dans un trou qu'ils auront creusé, avec lui et sa femme dedans.
À ce stade c'est plus une comédie qu'autre chose, vis-à-vis des enjeux des démons ce n'est même pas une note de bas de page. Donc ça n'a jamais vu le jour.
Adeline j'en ai déjà parlé, c'est cette idée de l'épée qui se porte / forge elle-même. Ici on a la petite-fille, la grand-mère ayant été brisée. La petite-fille ne veut pas se battre, d'où l'absence d'yeux. Le texte devait d'abord tourner autour d'elle, elle devait trouver un aventurier / villageois et partir à l'aventure avec, et passer par un village qui n'existe pas, rempli de bêtes. "Scellée dans la pierre" vient juste du fait qu'un héros est venu demander l'aide de la mère, qui ne pouvant pas compter sur sa fille l'a enfermée le temps de sa mission. Pour l'anecdote, l'épée est un fragment de la lame de Dine, le démon créé pour tout détruire.
Là encore, il n'y a pas vraiment d'enjeu en soi, et il faudrait un véritable personnage avec une véritable pertinence pour écrire dessus.
Gabriel est un golem créé par un alchimiste qui se posait essentiellement la question des démons : peut-on créer un être libre. Gabriel est donc un ordinateur des temps médiévaux programmé pour être libre. Quand on lui demande ce qu'il veut, il répond "faire ce qu'on me demande". Le sablier est une création alchimique, chaque grain de sable est un golem qui, une fois détruit, coule dans la partie du bas. On retourne le sablier et paf, le golem est actif à nouveau. Techniquement Gabriel transporte son "peuple" sur son dos mais il se moquerait bien de voir le sablier détruit. Bref.
Le problème de cette histoire est qu'elle est une mise en abime des Armes, et que Gabriel est frustrant parce qu'il n'offrira jamais aucune réponse. Il est juste... là.
Tsarra (anciennement Tiegarra) a eu un texte sauf erreur sur les Chroniques, c'est donc un très vieux personnage, et parmi mes premiers féminins. Essentiellement, une bête servant les démons et qui a massacré son peuple en leur nom. Elle n'existe plus que par son devoir, c'est-à-dire sa lance qu'elle ne doit jamais lâcher, sous peine de disparaître. Le principe devait être repris avec les Reniants, dont les vaisseaux spatiaux tireraient des lances avec chacun un esprit de leur peuple se manifestant à travers l'arme.
Elle n'a pas d'histoire en soi. Elle est juste habituée à côtoyer les démons. Et elle ne les aime pas. Du tout.
Quant à Myriad, au départ j'avais juste décidé que ce serait une bête qui se mettrait à manifester de la volonté. Soit une aporie, dans le monde des Armes. Le conflit est entre Myriad et son démon (Hautmont, l'être noir aux yeux sales (et délavés)), leur "négociation". À mesure que j'ai improvisé le texte, j'ai réfléchi à la résolution. Encore lorsque j'écrivais le dernier jour, j'avais en tête la fin telle que Tsarra la décrit, les bêtes faisant ce qu'on leur dit de faire et toutes les prières n'ayant servi à rien. Dans cette version, les personnages appelés auprès de Myriad n'étaient là que pour lui permettre de partir en guerre contre le démon.
Ce n'est pas arrivé comme ça pour deux raisons. La première, j'avais mis cinq jours, et le texte est structuré avec un personnage par jour. Je n'avais déjà pas de quatrième personnage, d'où le passage de Tsarra, et j'aurais pu m'en tenir au vide pour le cinquième, illustrant la futilité des prières, mais j'ai tenu la structure. La seconde, "tout cela pour ça ?" Mes textes sont orientés sur la guerre et l'esprit actuel est que non seulement la guerre est perdue, mais qu'il n'est même plus possible de se battre. Et je tends à tronquer toutes les fins pour donner une alternative, pour briser cet esprit. D'où, à la fin, un deus ex littéral pour les Armes.
Or, à mesure de l'écriture, je me suis rendu compte que Myriad pouvait signifier plus qu'elle ne signifiait déjà. Myriad, dix-mille, est l'idée de ce personnage perdu dans la masse et qui seul ne pèse pour rien, ne peut rien changer. Myriad, dans ce texte, est devenue une représentante des bêtes. Pour l'anecdote, les dix mille bêtes qu'elle a sauvées, qui ont été renvoyées au rang d'animal, doivent toujours mourir. Il faut donc qu'à travers Myriad dix mille bêtes meurent, par compensation.
Je ne vois au texte aucun enjeu. J'aurais pu aussi bien écrire une rencontre dans un bar. "Salut ! Comment ça va ?" - "Bien, bien, toi aussi tu es là pour l'annonce ? Eh, qu'est-ce que tu deviens ?" J'ai parfois pensé à "En attendant Godot" en écrivant.
Le seul enjeu serait méta. Au sens où le village n'existe que parce que les humains (des aventuriers, à la base) avaient besoin de monstres à tuer. C'est un texte qui demande pourquoi il existe, pourquoi il doit y avoir ce faux conflit, où les personnages se plaignent presque d'être là et qui demande à la fin "alors, satisfait ?" Une histoire qui ne comprend pas pourquoi elle a été écrite.
Je ne me sens attaché ni à Myriad ni à la moitié du cast, exceptions faites de Hautmont et Tsarra, lesquels j'ai massacrés dans cette histoire.
Pour préparer ce texte j'ai rapidement repassé mes vieux textes des Armes, et je suis retombé sur "Sans nom", écrit pour le tronchage d'orcs. Où Luana (une Tsarra-like avec une histoire un peu différente) devait défendre une faille pendant sept jours.
Ce type de combat un peu spectaculaire, un peu grandiloquent, est le coeur des Armes. Mais il est devenu comme impossible d'en écrire, comme si c'était désormais interdit, infantile.
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- Zarathoustra
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il y a 7 ans 5 mois - il y a 7 ans 5 mois #21196
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Myriade
Bon, je fais ce retour du boulot, sans avoir accès à ton long commentaire, parce que le site est toujours bloqué. Mais comme j’ai un peu de temps et que j’ai imprimé ton texte…
D’abord, la première chose qui m’a saisi, c’est le style. Notamment ton premier paragraphe. Il est incroyablement maladroit. On devine ainsi tout de suite que le texte ne t’a pas convaincu, car, je suppose, tu n’aurais sans doute pas laissé ces maladresses.
Cette impression reste présente pendant une bonne partie du début. Par contre, j’ai souvenir d’un moment où le style devient bon, plus efficace et où tout coule. Cela arrive sur le dernier tiers je crois.
Pour le reste, on est dans un univers qu’on commence à connaître et qui fait qu’il y a un vrai plaisir à retrouver les thèmes et ses règles de fonctionnement.
J’ai l’impression que c’est d’ailleurs le texte où les choses sont le plus explicites. Du coup, même si tu trouves qu’il n’y a pas d’enjeux, il y a un vrai plaisir à lire ce texte. On a l’impression d’être plus immiscé dans l’histoire parce que tout nous parle plus (par contre, difficile de dire si ce serait le cas si je n’avais pas lu d’autres histoires de ce monde). Pour autant, il y a toujours une certaine frustration à lire des textes d’un même univers mais sans avoir les personnages qui serviraient de fil rouge. Du coup, on a l’impression qu’à chaque fois tu es un peu obligé de tout reprendre depuis le début, notamment ton univers et la manière dont un lecteur est censé le découvrir et le comprendre.
L’autre point intéressant, c’est ton texte fourmille d’idées brillantes (et il est vrai pas totalement exploitées). D’abord, cette idée du village même qui existe sans jamais avoir existé. Ensuite, comme tu l’indiques, il y a cette multiplication de personnages, que, pour ma part, je trouve savoureux. Vraiment, chacun a un potentiel qui mériterait sa propre histoire. Tel que tu les exploites, ils arrivent et ils créent leur petit mystère excitant (qui contribue à l’indéniable plaisir de la lecture) mais effectivement, tout ça se neutralise et accouche un peu d’une souris.
D’ailleurs, tu évoquais Godot mais j’y a pensé plus d’une fois en lisant. Ce qui fait que, là où tu te plaint qu’il n’y a pas d’enjeux, il y a cependant une vraie curiosité à progresser dans le récit. Et on n’est pas comme dans le Désert des Tartres où on attend qu’il se passe quelque chose, un peu en vain (et on le comprend assez vite), puisqu’ici il y a un décompte. Et face à ce décompte, on ce personnage de Myria qui agit et qu’on suit et pour laquelle on s’attache. Donc il y a pour moi un enjeu pour le lecteur. Il a envie de connaitre ce qui va lui arriver. Il a envie de savoir si elle va infléchir l’inexorable destin qui doit s’abattre. Le fait qu’il ne passe rien, à la manière de Beckett, devient aussi une sorte d’enjeu, une sorte d’ironie cruelle qui renforce le tragique latent de cette créature.
Et je dois te dire que je trouve que la force de ton récit que tu négliges, c’est que tu as ici à ta disposition de vrais personnages qu’on sent vivre et pour lequel j’ai éprouvé un vrai attachement. Ta bête est vraiment touchante dans son obsession et dans le déploiement d’énergie qu’elle met en œuvre pour ses fins.
Vraiment, le fait qu’elle n’ait pas véritablement de volonté à elle mais qu’elle agisse avec une telle détermination donne à ton texte une émotion très latente qui est inhabituelle de lire dans tes textes.
L’autre point fascinant, c’est bien entendu la présence hors champ et en même temps omniprésente de ton démon. On cherche à comprendre sa logique et ses intentions. C’est d’autant plus troublant que les bêtes sont éminemment présentés de manière ambiguës. On a envie de prendre leur défense parce qu’elle sont présentées malgré tout comme des victimes à tout point de vue. Et même si elles commettent des actes ignobles, le fait qu’elle ne le perçoivent pas vraiment et qu’on veuille à ce point s’acharner sur elles créent un mécanisme d’attachement.
Donc ton texte possède un vrai mystère, un vrai suspense et une dimension touchante et tragique à la fois. Donc, en soi, tu joues, contrairement à ce que tu sembles penser, sur du velours pour le lecteur. Par contre, s’il y a un point qui parait à revoir, c’est ta fin. Je le trouve trop rapide. On est pour ainsi dire un peu perdu. Tu dis pourtant tout explicitement les choses, mais j’ai eu l’impression tout s’accélérait inutilement comme si tu n’avais pas cherché à exploiter le potentiel du récit. D’ailleurs, cela renforce le côté « Godot ». On a l’impression que la fin n’est pas importante et que c’est le reste qui l’est, donc quand il ne se passe, pour ainsi dire, rien. Maintenant, imagine que ta dernière page, au lieu d’en faire une en fasse deux ou trois. Je suis sûr que tu serai aussi contraint à donner de l’ampleur aux enjeux. Plus globalement, je dirai que ton impression dérive directement de ta volonté de ne pas exploiter tout ce que tu avais à ta disposition. Je vais te dire, ce texte pourrait faire 20 pages que je signerai encore pour le lire. Peut-être n’était-ce pas ce que tu voulais, mais tu as créé un village où il fait bon d’être On y est bien en tant que lecteur, donc tu peux y faire se dérouler les pires horreurs, on y serait toujours bien ! Et tu as là un jeu que je trouve intéressant avec le lecteur qui consisterait à jouer délibérément avec ça jusqu’à le contraindre à accepter qu’il n’y fait pas bon et qu’il ferait mieux de partir au plus vite….
Mais, vraiment, tu as réussi à travers ce texte à rendre le destin des bêtes touchant. Leur position entre l’homme et l’animal est très bien transcrit et souligne leur précarité. En accédant à une demi-humanité, ils ont pour ainsi plus perdu que si elles étaient restées des animaux et qu’ils n’ont pas vraiment gagné l’humanité.
Dans le texte, d’ailleurs, l’humanité est présentée de manière assez inhumaine. Pour autant, la volonté de se venger des bêtes l’est totalement, mais en nous donnant à voir le point de vue des bêtes, tu nous révèles la part inhumaine de l’homme. Et tu renforces l’humanité des bêtes qui sont censés au contraire nous répugnées.
Donc, pour ma part, tu as potentiellement un vrai texte, avec de vrais enjeux. Et de vraies réussites. A mon sens, il manque principalement un peu de travail d’écriture et de remise en valeur de certains passages. Et surtout, tu donnes envie d’en savoir à la fois sur ton monde et, surtout, sur tous ces personnages que tu convoques.
Donc voilà ce que je voulais te dire au sujet de ce texte. Je tacherai de relire ton commentaire puor voir si j'avais des choses sur lesquelles rebondir.
D’abord, la première chose qui m’a saisi, c’est le style. Notamment ton premier paragraphe. Il est incroyablement maladroit. On devine ainsi tout de suite que le texte ne t’a pas convaincu, car, je suppose, tu n’aurais sans doute pas laissé ces maladresses.
Cette impression reste présente pendant une bonne partie du début. Par contre, j’ai souvenir d’un moment où le style devient bon, plus efficace et où tout coule. Cela arrive sur le dernier tiers je crois.
Pour le reste, on est dans un univers qu’on commence à connaître et qui fait qu’il y a un vrai plaisir à retrouver les thèmes et ses règles de fonctionnement.
J’ai l’impression que c’est d’ailleurs le texte où les choses sont le plus explicites. Du coup, même si tu trouves qu’il n’y a pas d’enjeux, il y a un vrai plaisir à lire ce texte. On a l’impression d’être plus immiscé dans l’histoire parce que tout nous parle plus (par contre, difficile de dire si ce serait le cas si je n’avais pas lu d’autres histoires de ce monde). Pour autant, il y a toujours une certaine frustration à lire des textes d’un même univers mais sans avoir les personnages qui serviraient de fil rouge. Du coup, on a l’impression qu’à chaque fois tu es un peu obligé de tout reprendre depuis le début, notamment ton univers et la manière dont un lecteur est censé le découvrir et le comprendre.
L’autre point intéressant, c’est ton texte fourmille d’idées brillantes (et il est vrai pas totalement exploitées). D’abord, cette idée du village même qui existe sans jamais avoir existé. Ensuite, comme tu l’indiques, il y a cette multiplication de personnages, que, pour ma part, je trouve savoureux. Vraiment, chacun a un potentiel qui mériterait sa propre histoire. Tel que tu les exploites, ils arrivent et ils créent leur petit mystère excitant (qui contribue à l’indéniable plaisir de la lecture) mais effectivement, tout ça se neutralise et accouche un peu d’une souris.
D’ailleurs, tu évoquais Godot mais j’y a pensé plus d’une fois en lisant. Ce qui fait que, là où tu te plaint qu’il n’y a pas d’enjeux, il y a cependant une vraie curiosité à progresser dans le récit. Et on n’est pas comme dans le Désert des Tartres où on attend qu’il se passe quelque chose, un peu en vain (et on le comprend assez vite), puisqu’ici il y a un décompte. Et face à ce décompte, on ce personnage de Myria qui agit et qu’on suit et pour laquelle on s’attache. Donc il y a pour moi un enjeu pour le lecteur. Il a envie de connaitre ce qui va lui arriver. Il a envie de savoir si elle va infléchir l’inexorable destin qui doit s’abattre. Le fait qu’il ne passe rien, à la manière de Beckett, devient aussi une sorte d’enjeu, une sorte d’ironie cruelle qui renforce le tragique latent de cette créature.
Et je dois te dire que je trouve que la force de ton récit que tu négliges, c’est que tu as ici à ta disposition de vrais personnages qu’on sent vivre et pour lequel j’ai éprouvé un vrai attachement. Ta bête est vraiment touchante dans son obsession et dans le déploiement d’énergie qu’elle met en œuvre pour ses fins.
Vraiment, le fait qu’elle n’ait pas véritablement de volonté à elle mais qu’elle agisse avec une telle détermination donne à ton texte une émotion très latente qui est inhabituelle de lire dans tes textes.
L’autre point fascinant, c’est bien entendu la présence hors champ et en même temps omniprésente de ton démon. On cherche à comprendre sa logique et ses intentions. C’est d’autant plus troublant que les bêtes sont éminemment présentés de manière ambiguës. On a envie de prendre leur défense parce qu’elle sont présentées malgré tout comme des victimes à tout point de vue. Et même si elles commettent des actes ignobles, le fait qu’elle ne le perçoivent pas vraiment et qu’on veuille à ce point s’acharner sur elles créent un mécanisme d’attachement.
Donc ton texte possède un vrai mystère, un vrai suspense et une dimension touchante et tragique à la fois. Donc, en soi, tu joues, contrairement à ce que tu sembles penser, sur du velours pour le lecteur. Par contre, s’il y a un point qui parait à revoir, c’est ta fin. Je le trouve trop rapide. On est pour ainsi dire un peu perdu. Tu dis pourtant tout explicitement les choses, mais j’ai eu l’impression tout s’accélérait inutilement comme si tu n’avais pas cherché à exploiter le potentiel du récit. D’ailleurs, cela renforce le côté « Godot ». On a l’impression que la fin n’est pas importante et que c’est le reste qui l’est, donc quand il ne se passe, pour ainsi dire, rien. Maintenant, imagine que ta dernière page, au lieu d’en faire une en fasse deux ou trois. Je suis sûr que tu serai aussi contraint à donner de l’ampleur aux enjeux. Plus globalement, je dirai que ton impression dérive directement de ta volonté de ne pas exploiter tout ce que tu avais à ta disposition. Je vais te dire, ce texte pourrait faire 20 pages que je signerai encore pour le lire. Peut-être n’était-ce pas ce que tu voulais, mais tu as créé un village où il fait bon d’être On y est bien en tant que lecteur, donc tu peux y faire se dérouler les pires horreurs, on y serait toujours bien ! Et tu as là un jeu que je trouve intéressant avec le lecteur qui consisterait à jouer délibérément avec ça jusqu’à le contraindre à accepter qu’il n’y fait pas bon et qu’il ferait mieux de partir au plus vite….
Mais, vraiment, tu as réussi à travers ce texte à rendre le destin des bêtes touchant. Leur position entre l’homme et l’animal est très bien transcrit et souligne leur précarité. En accédant à une demi-humanité, ils ont pour ainsi plus perdu que si elles étaient restées des animaux et qu’ils n’ont pas vraiment gagné l’humanité.
Dans le texte, d’ailleurs, l’humanité est présentée de manière assez inhumaine. Pour autant, la volonté de se venger des bêtes l’est totalement, mais en nous donnant à voir le point de vue des bêtes, tu nous révèles la part inhumaine de l’homme. Et tu renforces l’humanité des bêtes qui sont censés au contraire nous répugnées.
Donc, pour ma part, tu as potentiellement un vrai texte, avec de vrais enjeux. Et de vraies réussites. A mon sens, il manque principalement un peu de travail d’écriture et de remise en valeur de certains passages. Et surtout, tu donnes envie d’en savoir à la fois sur ton monde et, surtout, sur tous ces personnages que tu convoques.
Donc voilà ce que je voulais te dire au sujet de ce texte. Je tacherai de relire ton commentaire puor voir si j'avais des choses sur lesquelles rebondir.
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- Iggy Grunnson
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il y a 7 ans 5 mois #21197
par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Myriade
J'ai sans doute lu le texte trop rapidement pour en faire la critique, mais je laisse mon avis ici car il recoupe assez bien celui de Zarathoustra. C'est assez surprenant car contrairement à lui je ne connais pas du tout l'univers dans lequel se place le récit.
Le début est effectivement maladroit, c'est parfois inutilement confus, même si je comprends que l'intention peut être de déstabiliser le lecteur d'emblée. Par contre par la suite le style est très bon je trouve, c'est fait sans esbroufe mais même si je ne suis pas assez calé en la matière pour mettre le doigt sur un détail en particulier j'ai ressenti une grande maîtrise de la langue.
L'histoire est à la fois intriguante et un peu agaçante, intriguante car elle brasse plein d'éléments et de personnages dont on se prend à rêver qu'ils aient leur propre histoire étant donné leur potentiel dramatique, agaçante car l'ensemble est un peu hermétique surtout pour qui n'a pas lu le reste de tes textes. Le compte à rebours donne un rythme au récit, et la succession de personnages un rythme, et au final, oui, comme le dit Zara, même si ce qu'on nous raconte est plutôt sinistre on a envie de passer un moment dans ce village.
Ce qui est marrant par ailleurs, c'est la complète adéquation je trouve entre ton récit et tes interventions sur le forum. Je veux dire, on pourrait presque intercaler un de tes posts au milieu du texte, ça passerait inaperçu. On te sent jouer avec tes personnages, tester les possibilités pour pousser ta réflexion sur le libre-arbitre, la création, etc. J'ai l'impression d'assister à une pièce de théâtre expérimentale déguisée en conte. Ca tranche complètement avec Zarathoustra qui, je trouve, a tendance a être très charnel et spontané dans ses textes par opposition avec l'aspect analytique de ses messages.
La fin, je t'avoue ne pas l'avoir trop comprise, il faudrait que je m'y replonge. Comme dans le texte "Petit tom" publié récemment sur le forum, je trouve qu'elle est un peu balancée, pas vraiment à la hauteur de ce qui a précédé.
Bref, comme le dit Zara, je crois que le texte a un vrai potentiel, même pour moi qui ne suit pas un lecteur acquis à ta cause a priori. Il faudrait sans doute retravailler un peu certaines parties, mais je crois que ça en vaudrait la peine!
Le début est effectivement maladroit, c'est parfois inutilement confus, même si je comprends que l'intention peut être de déstabiliser le lecteur d'emblée. Par contre par la suite le style est très bon je trouve, c'est fait sans esbroufe mais même si je ne suis pas assez calé en la matière pour mettre le doigt sur un détail en particulier j'ai ressenti une grande maîtrise de la langue.
L'histoire est à la fois intriguante et un peu agaçante, intriguante car elle brasse plein d'éléments et de personnages dont on se prend à rêver qu'ils aient leur propre histoire étant donné leur potentiel dramatique, agaçante car l'ensemble est un peu hermétique surtout pour qui n'a pas lu le reste de tes textes. Le compte à rebours donne un rythme au récit, et la succession de personnages un rythme, et au final, oui, comme le dit Zara, même si ce qu'on nous raconte est plutôt sinistre on a envie de passer un moment dans ce village.
Ce qui est marrant par ailleurs, c'est la complète adéquation je trouve entre ton récit et tes interventions sur le forum. Je veux dire, on pourrait presque intercaler un de tes posts au milieu du texte, ça passerait inaperçu. On te sent jouer avec tes personnages, tester les possibilités pour pousser ta réflexion sur le libre-arbitre, la création, etc. J'ai l'impression d'assister à une pièce de théâtre expérimentale déguisée en conte. Ca tranche complètement avec Zarathoustra qui, je trouve, a tendance a être très charnel et spontané dans ses textes par opposition avec l'aspect analytique de ses messages.
La fin, je t'avoue ne pas l'avoir trop comprise, il faudrait que je m'y replonge. Comme dans le texte "Petit tom" publié récemment sur le forum, je trouve qu'elle est un peu balancée, pas vraiment à la hauteur de ce qui a précédé.
Bref, comme le dit Zara, je crois que le texte a un vrai potentiel, même pour moi qui ne suit pas un lecteur acquis à ta cause a priori. Il faudrait sans doute retravailler un peu certaines parties, mais je crois que ça en vaudrait la peine!
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra