Dans la Brume
- Ignit
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- Zarathoustra
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Je pense que le style ne fonctionne pas totalement dans le texte. D'abord, tu as tendance à abuser du participe présent. J'avais lu dans un forum sur l'écriture qu'il fallait le bannir. Sans être forcément aussi définitif, je pense qu'il faut l'employer très parcimonieusement. En gros, si on peut formuler en l'évitant, faut le faire. Et d'ailleurs, on peut presque toujours le faire.
Donc cette phrase gagnerait à être reprise. Et j'emploierais pour ma part le plus que parfait: "j'avais eu un sursaut" qui clarifie la dimension temporelle du contexte. Et il introduit aussi un certain fatalisme qui colle davantage au texte.En sortant, ce matin, j’ai eu un sursaut d’espoir, le voyant pointer son museau derrière d’épais nuages.
Le style que tu as choisi donne un caractère à ton personnage. Mais l'approche est intéressante et fonctionne mais parfois, j'ai eu du mal avec les phrases, par manque de fluidité. Essaie de relire à voix haute, on ressent mieux cet aspect. C'est pas forcément grand chose à reprendre, des petits détails, mais cela joue beaucoup sur les sensations de lecture. Je ne suis pas toujours le meilleur exemple, et je suis toujours dans l'effort pour obtenir cette fluidité. En tout cas, sur ce plan, je t'ai senti moins à l'aise que dans les autres textes que j'ai lu de toi.
Concernant l'intrigue, je pense que ton titre est trop explicite, donc cela retire un peu au mystère du texte. On sait en gros ce qui va se passer. Et pour une nouvelle, il est important de surprendre. Comme le texte est court, tu ne dois pas oublier que tu dois tenir en haleine le lecteur qui doit se demander ce qui va se passer en si peu de temps. Et je dirais qu'il manque l'ultime rebondissement qui remplirait ce rôle. Ici, on a ce qu'on avait imaginé quasiment dès le titre.
Maintenant, il y a le texte lui-même. Je trouve que tu as un bon sens du détail qui rend la scène crédible. Il m'a manqué quelque chose pour être réellement immergé, en partie parce que j'ai eu parfois l'impression que tu passe trop vite d'une situation descriptive à un ressenti etc. Ce qui fait qu'on reste à la surface des choses. Je pense que le texte gagnerait à être davantage structuré par bloc travaillant un seul registre pour devenir plus immersif. Ou alors tu dois lier davantage les deux. Dans ce cas, l'un doit introduire l'autre et vice versa. Là, tu as construit la scène où chaque phrase est quasiment un flash.
Concernant la dimension fantastique, et donc la montée de l'angoisse, je pense également qu'il manque quelques phrases pour véritablement en faire un climax. Encore une fois,pas forcément grand chose, mais juste de quoi permettre à l'hauteur de s'immerger. La notion de durer est importante quand on veut mettre en valeur quelque chose. J'ai appris qu'il fallait savoir parfois travailler avec rien. Encore plus pour créer une atmosphère. J'appelle ça "travailler avec le vide". Tu n'as rien à dire, pas d'action pour faire progresser ton texte et pourtant tu te rendras compte que dans ces moments tu travailles dans le dur.
Donc, au final, un texte intéressant par ces enjeux (comment faire naître le fantastique, comment faire partager l'angoisse, comment surprendre le lecteur dans un cadre connu). Le style, même s'il mérite d'être un peu repris, fait partie de l'originalité du texte (voire du narrateur). Le point a retravaillé serait à mon sens le final. Tu dois proposer une sorte de surprise à la fin, ou un élément ambigu, de manière à respecter le contrat de lecture de ce type de nouvelle. Ou alors, cela peut être une image forte qui marque à la fois ton personnage et du coup le lecteur. Comme s'il était encore hanté. Pour finir sur Fog, le film propose une sorte de lecture métaphysique sur la nature du brouillard, une réflexion sur le Mal, qui fait que le spectateur peut prolonger le film dans sa tête. ça peut être ça aussi qui comble le manque ressenti.
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- San
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"au moment d’accepter d’accepter de me lancer dans cette expédition"
Ca m'a fait penser à un rêve tout ça. Les difficultés à se mouvoir, l'impossibilité de parler, les gens qui disparaissent, et ce côté "rien n'est comme d'habitude"...
J'ai eu aussi à un moment l'impression qu'on parlait de pirates, et de voir esquissée la silhouette du Hollandais volant, mais c'est ténu quand même.
Une lecture plaisante en tout cas.
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- Vuld Edone
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Je dois admettre pour ma part que le style n'a pas fonctionné. L'éditorial force à résumer une histoire à une ou deux phrases, notamment pour dégager l'originalité. Ici... pas grand-chose.
Sur le fond, on ne sait presque rien. Les survivants de la brume n'ont pas de nom et pas d'histoire, et cela aurait pu être profondément exploité : des personnages sauvés de la brume justement pour cela, et isolés (prisonniers) même après que la brume se soit retirée. Mais cela ne se réalise pas. Dès lors je retiens surtout un héros passif, et à son tour le navire n'a pas de nom et pas vraiment de géographie. Loin du Scrupuleux et de sa capitaine. Du coup même sans brume le héros tâtonnerait quand même dans le vide, et sa lutte en est atténuée d'autant. Autrement dit : nous lecteurs ne pouvons pas lutter à ses côtés.
Une fois encore, tout ce que je dis ici de négatif aurait pu être positif, renforcer l'effet de la brume, mais faute de repère on doit juste attendre. Je ne pense pas, comme Zara', que le problème soit d'avoir révélé au départ ou au milieu ce qui allait se passe, explicitement : un texte de lutte gagne au contraire à donner clairement le défi. Le problème est que tout ce qu'on a du bateau est une lanterne coupante et une corde. Il aurait fallu toute une géographie, et un héros entreprenant, luttant férocement, entraînant le lecteur à sa suite contre cette fin annoncée.
Ou alors, effectivement, s'il s'agissait d'être vague et mystérieux, alors Zara' a raison, le texte au contraire en dit trop et le personnage, paradoxalement, pourrait bien être trop actif -- donnant alors justement l'impression que le but est de lutter.
Quand je parle de géographie :
Ouaip. Me voilà littéralement bien avancé.A tâtons, j’identifie la pièce de métal. A peine croyable. Si c’est bien celle à laquelle je pense, j’ai dû faire deux pas depuis que j’ai récupéré la lanterne.
Concernant la forme, un détail d'abord :
Ici le narrateur est en train de raconter "familièrement" des événements passés, mais ce passage a plutôt le style d'une narration "à la troisième personne" et dans le présent. Le "a suivi" n'aide pas, mais je pense que même la première "phrase" n'aide pas. Il aurait sans doute fallu une tournure plus légère, allant dans le ton du ronchonnement.La remarque de Fernand avait suscité des ronchonnements de la part des habitués ; un silence pesant a suivi celle de l’inconnu.
Le texte en général essaie d'avoir ce ton des nouvelles fantastiques, avec un narrateur éloquent, un peu romantique, qui dépeint la réalité et les sentiments. Cela met dans le bain, et c'est très bien, et j'excuse les participes pour cette raison. Le problème, une fois encore, et que ce n'est pas assez poussé.
Voici pour moi tout ce qu'on m'aura vraiment dit de la brume. On n'avance pas, on va au ralenti, la brume pèse. Soit, mais encore ? C'est ici où le lyrisme devrait se déchaîner, contrastant avec la légèreté du marin sous le soleil. Comme dit, je vois dans ce texte une lutte, et ici on ne lutte pas. On dirait plus quelqu'un qui décrit le vent en haut de la piste de ski avant sa descente. "Je n'ai jamais tant eu l'impression d'avoir aussi froid. Chaque coup de vent qui me gèle..." Il manque quelque chose pour passer de la description au... vécu.Je n’ai jamais tant eu l’impression de ne pas avancer. Chaque geste au ralenti... Je sens presque la Brume sur ma peau, épaisse, pesant sur chacun de mes mouvements. Une vague impression de lutter contre la marée qui m’emporte à la dérive...
Comment dire, cela ne retransmet pas vraiment l'émotion. On a un narrateur qui se moque presque de la situation, détaché qu'il est, alors même que ses gestes suggèrent le contraire.A choisir, j’aurais peut-être préféré n’en reconnaître aucun.
Pour moi le texte a un chouette univers, et j'aimerais en savoir plus sur la brume, sur le Scrupuleux et sa capitaine, et sur les autres dangers maritimes -- après tout, ces marins passent leur temps en cale alors qu'ils voient la brume comme un mythe... troublant.
Mais la mise en scène ne permet pas de profiter de l'expérience, et je dois être aussi frustré et détaché que l'est le narrateur, bloqué dans une réalité qui se résume à une lanterne et une corde.
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