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il y a 8 ans 9 mois #20391 par Vuld Edone
Édito de février 2016 a été créé par Vuld Edone
     Moins que le manque de temps, il y a...

Édito de février 2016

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il y a 8 ans 9 mois - il y a 8 ans 9 mois #20392 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Édito de février 2016
Hi'.

J'ai pris le temps, en janvier, de retomber sur un texte de "débutant". Vous savez, classique, descriptions-listes, plein de dialogues. Et à côté, j'ai regardé un texte plus "maîtrisé", avec tous les petits détails et les techniques de l'auteur qui a bercé sa bouteille. Et je me suis demandé pourquoi les débutants étaient meilleurs.
C'est pendant que je râlais que je me suis aperçu du problème. Le texte "maîtrisé" étalait la confiture. On passait trois-quatre paragraphes à dire des évidences, à perdre du temps sur des détails dont personne a ranafiche -- en tout cas pas moi -- et certes, les débutants ont aussi ces moments, notamment les dialogues, où on aimerait sauter allègrement quatre ou cinq lignes ; mais chez un débutant, ça ne dérange pas. On saut quatre-cinq lignes, on reprend l'histoire sans problème. Faire la même chose dans un texte qui est censé savoir ce qu'il fait est d'autant plus frustrant qu'on a l'impression d'être passé à côté de quelque chose.

J'ai alors regardé comment moi j'approchais mes textes, et je me suis aperçu qu'actuellement j'attribue huit pages par chapitre. Question d'endurance. Et je pars du principe qu'il y aura une "scène" ou un événement majeur toutes les deux pages. Ça varie mais c'est l'idée.
Partant de là, quand j'écris, si ma scène ne fait pas deux pages, je vais trouver un événement de plus à ajouter, quelconque, que je rattache à la scène, mais je ne passe pas à la suite. Inversement si ma scène va plus loin, par avance je coupe dans ce qui suit, ou je mets le holà et la scène doit prendre fin.
Le résultat est que, peu ou prou, chaque paragraphe est une sorte d'événement dans une course constante pour atteindre le quota sans le dépasser. D'une part je dois m'assurer qu'il se passe suffisamment de choses pour remplir mes pages, d'autre part je dois éviter que ça déborde et donc les événements, ou l'écriture de ces événements, est très localisée. On s'étend rarement au-delà d'une demi-page, pour être sûr de pouvoir s'arrêter à temps.
Après il n'y a pas d'à-coups parce que je sais planifier, ou que je triche, mais l'important n'est pas là.
L'important est que mes textes sont soudainement chargés de nouveauté, sans arrêt. Tous les deux ou trois paragraphes quasiment la situation change. Et je le note d'autant plus quand, soudain, quelque chose dépasse la demi-page, dure trop longtemps -- typiquement quand mon personnage doit mener une expérience, et l'expérience prend quasiment une page. J'ai soudain la quasi-certitude que le lecteur va décrocher, sans rapport avec la complexité de l'expérience : juste, parce que l'action dure trop longtemps.

Maintenant, quand je reviens à certains textes ici, ils n'ont pas été pensés ainsi. La plupart ont été écrits en "freestyle", plus ou moins, ou en plan libre, c'est-à-dire que je m'autorisais à allonger au-delà. Pour Keidran j'appliquais un plan de 30 pages en 5 parties de 6 pages, et je ne planifiais pas à l'intérieur de ces six pages -- enfin, pas vraiment.
Le résultat s'est ressenti à l'écriture, avec cette sorte de lenteur, de contenu d'un paragraphe qui déborde sur le second, voire sur un troisième. Parfois on arrive à 4-5 pages, on a déjà tout dit et si on tente de rajouter, on va déborder (cas des soldats enfermés dans la forteresse, lors de l'évasion). Parfois on dépasse les 6 pages et on ne peut pas vraiment s'arrêter parce que l'événement, la "scène", est trop vaste, si on s'arrête là elle serait incomplète.

Prenons un ex- est-ce que je suis en train d'écrire un article ? Oh on s'en fiche.
Prenons un exemple : Un groupe d'aventuriers qui s'assemble dans un village puis va tuer un dragon. Le texte fera x chapitres mais on a décidé que le premier serait pour le village. Qu'est-ce qui s'y passe ? Ils s'assemblent, ils se préparent, ils partent. On peut même sauter l'étape préparation si en JdR on est des sagouins.
Mais restons-en à trois événements, ou trois "scènes" : s'assembler, se préparer, partir. Par avance, je dis : 6 pages (2x3, pour ceux qui suivaient pas). Et cela signifie qu'à mes yeux, il faut qu'il y ait suffisamment de contenu dans le fait de s'assembler pour durer deux pages. Et si ça dure plus longtemps, se demander s'il n'y a pas plusieurs scènes séparées là-dedans.
Mais comme moi j'ai un plan de 8 pages, j'aurais aussi la réaction suivante : eh wait mais j'ai pas assez de matière !
Il est alors probable que j'ajoute une séquence "ils passent la nuit". Et oui, ça signifie que la nuit doit durer deux pages. Je sais pas, y a le rôdeur qui rêvasse sur un toit, le nain qui va vider la cave avec sa bougie, peu importe. Deux pages. À l'écriture ça en fera plus ou moins mais ma scène doit durer ce temps-là, à peu près.

Et là, comme dit, chaque paragraphe devient en quelque sorte une action, avec un maximum d'une demi-page pour les événements vraiment complexes.
"S'assemblent" : décrire la taverne, une chaise vide, le groupe en a marre d'attendre, un soiffard demande kikekoi, ils expliquent le coup du dragon, commencent à s'en aller en ville, le dernier précise qu'ils vont se faire fumer...
À chaque fois, l'idée est que ce qu'il y a entre les virgules doit durer 1-3 paragraphes. Et surtout, pas de limites : c'est là où je vais imaginer tout et n'importe quoi, des tas de petites choses qui n'arriveront pas dans le texte mais qui sont dans ma poche si je n'ai pas assez de matière le moment venu. Je pense que "le groupe en a marre d'attendre" durera trois paragraphes, mais j'ai expédié ça en deux phrases ? Je vais piocher "le paladin semble absorbé" pour broder. Le plan me dit de toute manière de préciser ça, c'est juste que moi je choisis quand.

Je tiens à le répéter parce que tout ce que j'ai dit peut sembler très bête, mais c'est une façon d'écrire assez différente de ce que je fais sur les Chroniques.
Et là on reprend l'exemple, mais en oubliant le côté freestyle et cette fois en appliquant par exemple ce que j'ai utilisé pour "Dans la balance". Donc même groupe d'aventurier qui veut tanner du dragon, même premier chapitre dans le village.
Cette fois-ci je fonctionne par objectifs : mon plan me dit que ceci ou cela doit se produire, j'en connais l'ordre mais je n'ai aucune durée précise. Le texte fera la longueur qu'il fera. Donc à nouveau j'ai mes trois "scènes" : s'assembler, se préparer, partir. Et je n'ai aucune raison d'en ajouter une quatrième.
Pour le coup, il est possible que j'expédie "s'assembler" en une demi-page, le temps de décrire la taverne et de faire taper le nain du poing. On va pas attendre, l'aventure nous attend ! Le temps de commander une tournée, ils boivent cul sec et au départ je mentionne vite fait la chaise vide.
Et là je me retrouve avec un énorme vide, parce que je sais qu'un tiers du chapitre vient de finir : j'ai un immense déficit à remplir. Par souci d'équilibre, le départ sera probablement tout aussi conclusif, donc rapide, une demi-page à peu près aussi. Et tout le poids du texte va reposer, donc, sur les préparatifs.
Là le débutant choisirait sans doute de jouer au saute-mouton entre les membres, mais je vais chercher un récit filé, soit en m'attachant à un seul personnage qui passe voir les autres ou a leur écho, soit en les faisant se croiser avant de changer d'épaule. Je réfléchis aussi aux préparatifs en termes de "voilà à quoi le voyage va ressembler", je suis en train de donner au lecteur mon plan de texte. On aura donc le nain qui va acheter des armes, qui s'arrête causer poudre et comment qu'on tue les dragons, puis voit la foule en colère et fait "ah, c'est le rôdeur" et on passe aux rôdeurs qui se bat parce qu'il a envie de mener cette journée "comme si c'était sa dernière", etc...
Le point est que je n'ai aucune idée du nombre de scènes qu'il me reste, ni de la durée de ces scènes. Tout est déséquilibré et la plupart du temps la tentation est d'abréger, le sentiment est que ces scènes n'ont rien à faire là, que c'est du remplissage. Peu importe comment on les motive.

Ce sont deux manières différentes d'aborder le texte, et les deux manières ont donné des résultats plus ou moins bons chez moi. J'ai l'air d'en privilégier une mais chacune a ses avantages et ses défauts -- et tout repose, finalement, sur le "core" du texte.
Mais l'avantage clair, quand je me fixe des limites de taille et que je compte l'espace qu'il me reste, c'est à quel point je resserre l'action, et donc en résultat comme tout s'enchaîne. Même quand le personnage ne fait plus rien.

Et bref.
J'avais ça en tête.
On parlait de quoi au départ ?

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il y a 8 ans 9 mois #20394 par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet Édito de février 2016
Il y a une certaine ironie dans ce pavé... ;) #FondEtForme

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Modérateurs: SanKundïnZarathoustra
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