Perdu sur les chroniques...

C’était, étrange, n’est-ce pas ? Etrange, oui. Il avait tout préparé depuis des jours, mais maintenant que le moment était arrivé, il était indécis concernant l’attitude à adopter. Il parcourut la pièce du regard. Non, cette fois c’était clair : il était temps de partir. Quant à savoir quand il reviendrait, ou même s’il reviendrait, c’était une autre affaire.Il avait passé ces dernières semaines à arpenter le château en long et en large, tout seul. Constaté son état de délabrement général. Brulé d’antiques feuillets à la valeur inestimable, pour se tenir chaud. Mangé… Il préférait ne pas se rappeler ce qu’il avait été contraint de manger, certains jours. Petit à petit, il en était venu à éprouver des sentiments ambigus vis-à-vis de ce qu’il avait autrefois considéré comme son foyer. Il ne parvenait plus à étouffer la crainte qu’il ressentait au plus profond de lui-même : la crainte d’être enseveli avec ces vestiges du passé. Il en était venu à la conclusion que ce n’étaient pas ces murs qui faisaient son foyer ; c’était ceux qui les avaient animés, par leurs discussions et leurs rires. Mais des rires et des discussions, même les plus lointains échos étaient depuis longtemps évanouis.Il se chargea de son paquetage – il était habitué à sa vie d’errance, et n’éprouvait pas de crainte particulière à la reprendre – et avant de partir il jeta un dernier regard pour le message qu’il avait gravé sur le mur, au fond de la bibliothèque.

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- Alors, qu’est-ce que tu en penses ?
- Beaucoup trop mélodramatique ! Qu’est-ce qui t’es passé par la tête ? On parle d’un site web, à la fin !
- Ah oui ? Et tu aurais fait quoi à ma place ?
- Laisse-moi réfléchir. Ca aurait pu commencer… Oui, ça aurait pu commencer comme ça :  

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Peut-être que les sites ne vieillissaient pas comme les gens.  Imaginez que vous retrouvez un site, un forum, que vous avez fréquenté dans votre jeunesse. Et bien entendu, vous pensez pouvoir vous reconnecter à celui que vous étiez. Vous reconnecter, littéralement, reprendre comme si de rien n'était une conversation entamée dix ans plus tôt. Mais, c’est une illusion, bien sûr. Elle n’existe plus, cette conversation. Celui avec lequel vous débattiez est parti depuis bien longtemps, évanoui dans la nature ; vous-même, vous n’êtes plus celui qui avait entamé le débat. La conversation, elle, n’existe plus, ce qu’il en reste c’est une coquille vide qui s’effritera si vous la touchez du doigt. Mais si vous vous perdez dans sa contemplation, alors, gare à vous :car c’est de votre âme, que cette illusion pourrait bien se nourrir.  

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- Tu rigoles ? Le fantôme dans la machine, c’est tout ce que tu as trouvé ? C’était bien la peine de me faire la leçon !
- Hmm…
- Et puis, ça ne va pas du tout, avec tous ces points-virgules, c’est illisible.
- OK.
- OK ?
- Oui, OK.
- Et on fait quoi, maintenant ?
- Eh bien, puisqu’on est dans l’impasse, si on attendait un peu de voir ce que le lecteur en pense ?