MdT - Développe !
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il y a 11 ans 9 mois #18531
par Vuld Edone
MdT - Développe ! a été créé par Vuld Edone
Hi'.
Comme promis on commence en douceur avec le conseil peut-être le plus courant dans le texte amateur.
Et en tout cas celui que je retrouve le plus ces temps-ci.
Cela commence quand le texte est court. Mais court. De type trois-quatre paragraphes pour un chapitre et vous me direz "on a vu pire", je suis personnellement tombé sur le cas d'une phrase par chapitre (authentique, une histoire de loups-garous d'ailleurs) mais c'est généralement par la taille qu'on aborde le problème, alors qu'il se cache quelque chose de vaste et d'abominablement compliqué.
"Développe !", c'est le "doucement", "tu vas trop vite", "prends ton temps", "calme", "relis" et j'en passe... c'est l'idée du texte squelettique, du brouillon et ainsi de suite.
Mais c'est aussi la critique la plus vague et la plus générale qu'on puisse donner, avec peu d'espoirs que ça change rapidement (malgré les efforts évidents du débutant) mais de grandes chances de découragement.
En général donc le texte est simplement perçu comme "trop court" et le conseil donné sera de le rallonger. Nous savons, nous, que la taille ne fait rien à l'affaire. J'ai lu des textes de quatre paragraphes très bien au demeurant. Le risque est au contraire que le débutant, habitué au freestyle, se lance dans de l'écriture au kilomètre, du roman-fleuve et surtout du remplissage.
Mais plus généralement le débutant ne va simplement pas voir ce qu'on lui demande : pour lui le texte est complet, il n'y a rien à développer et même si dans ce texte-ci on peut lui montrer où il y aurait quelque chose de plus à dire, lors du prochain ce sera retour à la case départ. Je vais insister là-dessus, le débutant essaie vraiment d'écrire plus, seulement il n'a aucun repère et aucune idée de ce qu'on lui demande vraiment, et le résultat est hasardeux au mieux.
Quant à la méthode de travail, elle gère cela au travers du rapport entre "résumé" et "développement". Ce résumé est le "noyau" de l'histoire (en fait une manière d'y accéder) à partir duquel on développe les scènes, et ce développement à son tour permet de préciser le résumé. Ce va-et-vient tient la route en théorie mais dans la pratique personne, pas même moi, ne l'applique vraiment. On a déjà nos scènes en tête et il y a plus ou moins une idée d'ensemble.
On se trouve donc devant un problème insoluble.
Le débutant a clairement un problème, le texte est rachitique, pas de description, des événements à peine esquissés, des ellipses ou des transitions abruptes...
Et le critique a clairement un problème aussi, ses conseils étant vagues, plutôt décourageants et forcés de revenir de texte en texte chez le même auteur.
Qu'en est-il dans la pratique ?
Je ne donnerai pas ici d'exemple réel, seulement de mémoire le genre de cas que l'on peut rencontrer. Je pense ici aux passages qu'on donnera en exemple au débutant pour lui montrer où il peut développer.
-- La parenthèse:
"David (c'était son ami) demanda à John si..."
"Il arriva à la gare (il était dix-huit heures onze) tout essoufflé..."
"Le rocher s'était effondré sur sa maison (me demandez pas pourquoi) pile sur le toit..."
Ce n'est pas si courant mais beaucoup de textes de débutant utilisent la parenthèse pour glisser, comme à l'oral, une information qui aurait dû apparaître plus tôt et qu'ils jugent nécessaire pour traiter l'information en cours.
Ce qu'on va faire est alors de pointer la parenthèse du doigt pour dire, "ici tu aurais pu décrire David", "ici tu pourrais décrire la gare, une horloge", "ici tu peux faire ressentir l'absurde" et ainsi de suite. Les interventions du narrateur sont un problème en soi mais propices également à développer, je suppose.
L'idée serait alors qu'un débutant a l'interdiction d'utiliser la parenthèse (et c'est en général la manière dont je le présente, je lui dis "pas de parenthèses" d'une manière ou d'une autre pour le forcer à utiliser d'autres ressources) et que tous ces moments où il en introduit une sont des occasions de développer une scène.
-- Le sentiment
"Jean ouvrit une sardine. Il était si content ! Il mangeait à grand bruit quand..."
"Son chat était mort. Elle se mit à pleurer. Puis elle alla chercher..."
Et ainsi de suite. J'avoue être tombé sur un cas d'exclamation récemment, où il y a vraiment une phrase qui sert uniquement à exprimer un sentiment du personnage, et ce mécanisme isolé laisse le lecteur nettement sur sa faim. Mais sinon il y a aussi ces cas où on se contente de dire que tout le monde pleure ou rit avant de passer à la suite, ces instants vite brossés, ce qui pose aussi d'autres problèmes mais essayons d'en rester au développement.
Ici le plus souvent on va faire appel à l'immersion, au plaisir du lecteur et tout cela pour convaincre le débutant de donner plus de détails sur la scène. Dire en quoi Jean est content d'ouvrir une sardine. Dire comment elle pleurait, en rapport avec le chat. On va donner quelques conseils de type "elle se cachait la vue pour ne pas voir le petit corps inerte" et ainsi de suite.
-- La description
"Il arriva à l'école. John (c'est son ami) le salua dans le couloir..."
"La flotte de l'amiral se composait de quatorze galions. Celle de son adversaire..."
C'est sans doute le cas le plus fréquent où on va demander un développement, et le plus risqué aussi. Tout le monde déteste les descriptions inutiles et donc il est difficile d'expliquer pourquoi on a envie d'en savoir plus sur l'école ou les galions : tout le monde sait ce qu'est une école et un bateau de guerre.
Aussi, en disant même que le débutant comprenne par miracle ce qu'on attend de lui et qu'il se force à décrire l'élément, le plus probable est qu'il donnera une description-liste :
"Il arriva à l'école. C'était une école de quartier avec des murs et des fenêtres, peinte en bleu..."
Ce qui fait qu'il est presque impossible de lui demander un développement des descriptions sans aborder les techniques de description en soi, et mine de rien ça rallonge d'un bon pavé le commentaire.
Il y a sans doute d'autres cas mais ce sont ceux qui me viennent ici spontanément, et si je cherche à faire un exposé systématique ou pire, exhaustif, je ne me mettrai jamais au travail. On dira que ce sont les plus fréquents.
Il s'agit de toute manière des exemples donnés pour pousser le débutant à développer. C'est au mieux un pis-aller et comme dit plus tôt, ça ne fonctionne pas. Le débutant va se forcer, mais sans idée claire de ce qu'il doit faire, il va faire peu et n'importe quoi. Et bien sûr il ne peut pas faire plus que tant.
Donc la question est simple, comment dire à un débutant de développer, d'étoffer son texte ?
En général cela se fait en deux temps. Dans un premier temps expliquer pourquoi le texte est trop bref, dans un second temps donner ces fameux exemples où il pourrait développer. Les deux moments sont problématiques et c'est un joyeux casse-tête d'expliquer les véritables attentes qu'on peut avoir.
Parce que ce qui m'arrive le plus souvent, c'est quand enfin le scribouillard a étoffé son texte, de devoir lui dire "tu as fait du remplissage, c'est mal" et de me sentir coupable de l'avoir poussé à l'erreur.
Il faut garder en tête que derrière se cache l'histoire des fils rouges, bleus et ainsi de suite. Une histoire principale, des histoires secondaires, des événements accessoires, le fameux "tuer un dragon", "aller dans un village", "acheter une épée". Certains événements plus importants que d'autres et donc ce qu'on développe est ce qui a de l'importance - la fameuse "pertinence".
Mais ça c'est un pavé à mettre dans un commentaire.
Bref, je pense m'être déjà bien étendu - et j'ai l'impression de le pouvoir encore - et sans plan ni plus je risquerais de me disperser.
Le fait est que les gens qui commentent vraiment les textes, même pas sous mon influence, vont très souvent ressortir le "développe", "ton texte est trop court" sans plus et que moi-même je peine à faire comprendre ce qu'on attend vraiment.
Donc qu'est-ce qu'on attend vraiment quand on dit à quelqu'un de développer ?
D'où est-ce qu'on part, où veut-on arriver, comment on passe de l'un à l'autre ? Quels exemples donner, quelle théorie utiliser, comment présenter la chose ?
C'est autant une question de méthode qu'une question de pédagogie et là-dessus je prends un verre d'eau et je cède la parole.
Comme promis on commence en douceur avec le conseil peut-être le plus courant dans le texte amateur.
Et en tout cas celui que je retrouve le plus ces temps-ci.
Cela commence quand le texte est court. Mais court. De type trois-quatre paragraphes pour un chapitre et vous me direz "on a vu pire", je suis personnellement tombé sur le cas d'une phrase par chapitre (authentique, une histoire de loups-garous d'ailleurs) mais c'est généralement par la taille qu'on aborde le problème, alors qu'il se cache quelque chose de vaste et d'abominablement compliqué.
"Développe !", c'est le "doucement", "tu vas trop vite", "prends ton temps", "calme", "relis" et j'en passe... c'est l'idée du texte squelettique, du brouillon et ainsi de suite.
Mais c'est aussi la critique la plus vague et la plus générale qu'on puisse donner, avec peu d'espoirs que ça change rapidement (malgré les efforts évidents du débutant) mais de grandes chances de découragement.
En général donc le texte est simplement perçu comme "trop court" et le conseil donné sera de le rallonger. Nous savons, nous, que la taille ne fait rien à l'affaire. J'ai lu des textes de quatre paragraphes très bien au demeurant. Le risque est au contraire que le débutant, habitué au freestyle, se lance dans de l'écriture au kilomètre, du roman-fleuve et surtout du remplissage.
Mais plus généralement le débutant ne va simplement pas voir ce qu'on lui demande : pour lui le texte est complet, il n'y a rien à développer et même si dans ce texte-ci on peut lui montrer où il y aurait quelque chose de plus à dire, lors du prochain ce sera retour à la case départ. Je vais insister là-dessus, le débutant essaie vraiment d'écrire plus, seulement il n'a aucun repère et aucune idée de ce qu'on lui demande vraiment, et le résultat est hasardeux au mieux.
Quant à la méthode de travail, elle gère cela au travers du rapport entre "résumé" et "développement". Ce résumé est le "noyau" de l'histoire (en fait une manière d'y accéder) à partir duquel on développe les scènes, et ce développement à son tour permet de préciser le résumé. Ce va-et-vient tient la route en théorie mais dans la pratique personne, pas même moi, ne l'applique vraiment. On a déjà nos scènes en tête et il y a plus ou moins une idée d'ensemble.
On se trouve donc devant un problème insoluble.
Le débutant a clairement un problème, le texte est rachitique, pas de description, des événements à peine esquissés, des ellipses ou des transitions abruptes...
Et le critique a clairement un problème aussi, ses conseils étant vagues, plutôt décourageants et forcés de revenir de texte en texte chez le même auteur.
Qu'en est-il dans la pratique ?
Je ne donnerai pas ici d'exemple réel, seulement de mémoire le genre de cas que l'on peut rencontrer. Je pense ici aux passages qu'on donnera en exemple au débutant pour lui montrer où il peut développer.
-- La parenthèse:
"David (c'était son ami) demanda à John si..."
"Il arriva à la gare (il était dix-huit heures onze) tout essoufflé..."
"Le rocher s'était effondré sur sa maison (me demandez pas pourquoi) pile sur le toit..."
Ce n'est pas si courant mais beaucoup de textes de débutant utilisent la parenthèse pour glisser, comme à l'oral, une information qui aurait dû apparaître plus tôt et qu'ils jugent nécessaire pour traiter l'information en cours.
Ce qu'on va faire est alors de pointer la parenthèse du doigt pour dire, "ici tu aurais pu décrire David", "ici tu pourrais décrire la gare, une horloge", "ici tu peux faire ressentir l'absurde" et ainsi de suite. Les interventions du narrateur sont un problème en soi mais propices également à développer, je suppose.
L'idée serait alors qu'un débutant a l'interdiction d'utiliser la parenthèse (et c'est en général la manière dont je le présente, je lui dis "pas de parenthèses" d'une manière ou d'une autre pour le forcer à utiliser d'autres ressources) et que tous ces moments où il en introduit une sont des occasions de développer une scène.
-- Le sentiment
"Jean ouvrit une sardine. Il était si content ! Il mangeait à grand bruit quand..."
"Son chat était mort. Elle se mit à pleurer. Puis elle alla chercher..."
Et ainsi de suite. J'avoue être tombé sur un cas d'exclamation récemment, où il y a vraiment une phrase qui sert uniquement à exprimer un sentiment du personnage, et ce mécanisme isolé laisse le lecteur nettement sur sa faim. Mais sinon il y a aussi ces cas où on se contente de dire que tout le monde pleure ou rit avant de passer à la suite, ces instants vite brossés, ce qui pose aussi d'autres problèmes mais essayons d'en rester au développement.
Ici le plus souvent on va faire appel à l'immersion, au plaisir du lecteur et tout cela pour convaincre le débutant de donner plus de détails sur la scène. Dire en quoi Jean est content d'ouvrir une sardine. Dire comment elle pleurait, en rapport avec le chat. On va donner quelques conseils de type "elle se cachait la vue pour ne pas voir le petit corps inerte" et ainsi de suite.
-- La description
"Il arriva à l'école. John (c'est son ami) le salua dans le couloir..."
"La flotte de l'amiral se composait de quatorze galions. Celle de son adversaire..."
C'est sans doute le cas le plus fréquent où on va demander un développement, et le plus risqué aussi. Tout le monde déteste les descriptions inutiles et donc il est difficile d'expliquer pourquoi on a envie d'en savoir plus sur l'école ou les galions : tout le monde sait ce qu'est une école et un bateau de guerre.
Aussi, en disant même que le débutant comprenne par miracle ce qu'on attend de lui et qu'il se force à décrire l'élément, le plus probable est qu'il donnera une description-liste :
"Il arriva à l'école. C'était une école de quartier avec des murs et des fenêtres, peinte en bleu..."
Ce qui fait qu'il est presque impossible de lui demander un développement des descriptions sans aborder les techniques de description en soi, et mine de rien ça rallonge d'un bon pavé le commentaire.
Il y a sans doute d'autres cas mais ce sont ceux qui me viennent ici spontanément, et si je cherche à faire un exposé systématique ou pire, exhaustif, je ne me mettrai jamais au travail. On dira que ce sont les plus fréquents.
Il s'agit de toute manière des exemples donnés pour pousser le débutant à développer. C'est au mieux un pis-aller et comme dit plus tôt, ça ne fonctionne pas. Le débutant va se forcer, mais sans idée claire de ce qu'il doit faire, il va faire peu et n'importe quoi. Et bien sûr il ne peut pas faire plus que tant.
Donc la question est simple, comment dire à un débutant de développer, d'étoffer son texte ?
En général cela se fait en deux temps. Dans un premier temps expliquer pourquoi le texte est trop bref, dans un second temps donner ces fameux exemples où il pourrait développer. Les deux moments sont problématiques et c'est un joyeux casse-tête d'expliquer les véritables attentes qu'on peut avoir.
Parce que ce qui m'arrive le plus souvent, c'est quand enfin le scribouillard a étoffé son texte, de devoir lui dire "tu as fait du remplissage, c'est mal" et de me sentir coupable de l'avoir poussé à l'erreur.
Il faut garder en tête que derrière se cache l'histoire des fils rouges, bleus et ainsi de suite. Une histoire principale, des histoires secondaires, des événements accessoires, le fameux "tuer un dragon", "aller dans un village", "acheter une épée". Certains événements plus importants que d'autres et donc ce qu'on développe est ce qui a de l'importance - la fameuse "pertinence".
Mais ça c'est un pavé à mettre dans un commentaire.
Bref, je pense m'être déjà bien étendu - et j'ai l'impression de le pouvoir encore - et sans plan ni plus je risquerais de me disperser.
Le fait est que les gens qui commentent vraiment les textes, même pas sous mon influence, vont très souvent ressortir le "développe", "ton texte est trop court" sans plus et que moi-même je peine à faire comprendre ce qu'on attend vraiment.
Donc qu'est-ce qu'on attend vraiment quand on dit à quelqu'un de développer ?
D'où est-ce qu'on part, où veut-on arriver, comment on passe de l'un à l'autre ? Quels exemples donner, quelle théorie utiliser, comment présenter la chose ?
C'est autant une question de méthode qu'une question de pédagogie et là-dessus je prends un verre d'eau et je cède la parole.
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- Krycek
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il y a 11 ans 9 mois #18532
par Krycek
Réponse de Krycek sur le sujet MdT - Développe !
Intéressant parce qu'étant néophyte dans l'analytique, tu mets des mots sur des idées que j'avais déjà mais ne savais les décrire proprement.
Si je demande à quelqu'un d'étoffer un texte c'est en général parce qu'il passe à côté de ce qui y est intéressant. Si Jean Gratton avait dessiné Michel Vaillant aux 24 heures du Mans sur la ligne de départ avec une page pour dire que la course était tendue avant qu'il ne gagne ç'aurait été inintéressant au possible.
Pourtant le début est là et la finalité aussi.
Voici donc pourquoi je demander d'étoffer, c'est pour ces textes dont l'objectif n'est pas la fin mais bien le chemin parcouru pour y parvenir.
Et parfois, à force de Deus Ex Machina pour amener son personnage au niveau suivant, là où des choses vraiment sympa vont se passer sans pour autant risquer le hors sujet, l'auteur oublie que le niveau précédent a aussi son utilité, aussi courte et fonctionnelle qu'elle soit.
C'est la 2e raison pour laquelle je demande d'étoffer : passer rapidement sur une partie du texte pour aller à la suite c'est dire comme de sauter un tome d'une trilogie ou sauter un chapitre sur DVD. Le perso, lui, ne saute pas ce temps là. Et donc ce temps là devrait avoir une influence sur le perso, c'est le moment de laisser s'approcher le lecteur pour qu'il en distingue les traits.
...
Il n'y a vraiment que de l'eau à boire ou c'est possible d'avoir une bière ?
Si je demande à quelqu'un d'étoffer un texte c'est en général parce qu'il passe à côté de ce qui y est intéressant. Si Jean Gratton avait dessiné Michel Vaillant aux 24 heures du Mans sur la ligne de départ avec une page pour dire que la course était tendue avant qu'il ne gagne ç'aurait été inintéressant au possible.
Pourtant le début est là et la finalité aussi.
Voici donc pourquoi je demander d'étoffer, c'est pour ces textes dont l'objectif n'est pas la fin mais bien le chemin parcouru pour y parvenir.
Et parfois, à force de Deus Ex Machina pour amener son personnage au niveau suivant, là où des choses vraiment sympa vont se passer sans pour autant risquer le hors sujet, l'auteur oublie que le niveau précédent a aussi son utilité, aussi courte et fonctionnelle qu'elle soit.
C'est la 2e raison pour laquelle je demande d'étoffer : passer rapidement sur une partie du texte pour aller à la suite c'est dire comme de sauter un tome d'une trilogie ou sauter un chapitre sur DVD. Le perso, lui, ne saute pas ce temps là. Et donc ce temps là devrait avoir une influence sur le perso, c'est le moment de laisser s'approcher le lecteur pour qu'il en distingue les traits.
...
Il n'y a vraiment que de l'eau à boire ou c'est possible d'avoir une bière ?
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- Vuld Edone
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il y a 11 ans 9 mois - il y a 11 ans 9 mois #18533
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:MdT - Développe !
Je dois dire qu'en la matière la règle "importance / insistance" est encore la meilleure qu'on ait jamais trouvé pour expliquer ça. C'est quelque chose que j'utilise souvent pour les paragraphes.
Il faut se rappeler qu'on parle de textes de débutants, et presque uniquement sur internet. Il arrive donc très, très souvent qu'à côté des dialogues-fleuves (vous pouvez être certain qu'on en reparlera ailleurs) les paragraphes de narration soient moins longs que la réplique du personnage.
Pas de description, juste une ou deux actions le temps de reprendre son souffle.
"- Salut John !
- Salut Henri !
- Comment ça va ?
- Super et toi ?
- Ah ouais la patate !
Il lui montra une patate qu'il venait de cueillir.
- Tu l'as gardée combien de temps dans ta poche ?"
Donc il n'y a pas que le texte qui doit être étoffé. Au niveau local, un paragraphe ou même une phrase - mais en général on s'arrête au paragraphe - doit également faire une certaine taille pour se justifier. Parce qu'un paragraphe d'une phrase... on aimerait que ce soit l'exception plutôt que la règle.
En général je dis au débutant que soit il a quelque chose à dire, et alors il peut en dire plus, soit il ne peut rien dire de plus dessus et alors il n'avait rien à dire. Une manière détournée de le pousser à évaluer ce qui importe dans son texte, ce qui sert juste à boucher les trous par rapport à ce qui sert vraiment.
Mais là.
Là techniquement dans l'exemple construit cette phrase n'a pas à être plus longue. Elle dit déjà tout et pour l'effet humoristique, la brièveté est de mise. On ne peut pas faire :
"Ils se saluèrent, nonchalant, des "ça va ça va super la patate" et la patate entre les mains d'Henri..."
Non, ça ne passe pas, il y a un genre de la toile, humoristique, qui nécessite beaucoup de dialogue et de la narration plus de type "didascalie". À la Zaleth. Et le problème est que souvent le débutant va considérer sa narration, pour un texte entre guillemets sérieux, de la même manière. C'est suffisant, rien de plus à ajouter... quand il ne revendique pas directement l'humour comme faisant partie de son style (yay...)
"- Alors, tout est prêt ? demanda Kitu.
- J'ai ça dans la mallette. lui répondit Kikoo.
Il tapa sur sa valise, l'air satisfait.
- Tu sais où déposer ça. lança Kitu en se détournant."
Qu'est-ce que tu veux ajouter à ça ? C'est un script de film mais en disant qu'il ait introduit les éléments plus tôt, type rencontre dans une ruelle sombre de gars en manteau une nuit bien cliché, pourquoi il se fatiguerait à en dire plus sur la valise ?
Le débutant il voit les choses comme ça. Il en a dit assez, et c'est un casse-tête de le pousser à en faire plus.
Alors oui, ça aiderait s'il pouvait arrêter le dialogue en chaîne mais on le sait tous, le dialogue est incroyablement efficace (et une solution de facilité pour cette raison), c'est immersif, c'est direct, c'est une promenade de santé à lire et ça aère le texte au point qu'on vole sur un jet stream. Donc là, imaginons qu'on ne puisse pas réduire le dialogue : on fait quoi ?
Il m'arrive d'invoquer la "réactualisation". Rappeler au lecteur où on est, à quoi ressemblent les personnages, tout ça. Il a dit au début du passage qu'ils sont dans une ruelle noire, mais après dix lignes de dialogue entre deux noms on a tendance à l'oublier. Donc mon conseil est de répéter ces éléments, par petites touches, en prenant l'occasion d'événements du type "taper sur sa valise" :
"- Blablabla kitu
- Blablabla kikoo
Il tapa sur sa valise, l'air satisfait. La ruelle était noire. Son manteau flottait au vent. Face à lui le manteau de kitu faisait de même..."
C'est du remplissage. Techniquement quand je donne ce conseil je pense plus à :
"Il tapa sur sa valise, l'air satisfait. Dans le noir de la ruelle son geste était passé plus inaperçu que ce sourire plein de faux."
Et ainsi de suite.
À part la réactualisation, donc sauter sur les occasions pour rappeler des détails - et en profiter donc pour décrire - j'invoque aussi l'ambiance, et c'est un peu ce qui fait la différence entre remplissage et vrai développement. L'ambiance est un mot formidablement vague, un peu comme les émotions, et on parle aussi d'immersion, de "faire rentrer le lecteur dans le texte".
C'est aussi à cette occasion que je vais dire au débutant qu'il doit "montrer" plutôt que "dire" ce qui se passe, toujours pour le pousser à étoffer - même si à ce stade j'essaie aussi d'expliquer comment mener une narration. Là, en l'occurrence, "l'air satisfait" sert déjà à l'ambiance donc ça ne fonctionne pas, mais je demanderais la réaction de kitu, ou bien d'exprimer cet air satisfait au travers des ombres de la ruelle, quelque chose... le cri d'un chat au loin...
On parlerait de "faire vivre le texte", il y a tellement d'expressions pour ça...
Donc on a déjà deux cas de développement : le texte en général (ou un chapitre) et le paragraphe.
Et dans les deux cas c'est un casse-tête puisque le débutant, lui, est persuadé d'avoir tout dit, qu'en dire plus est inutile (ou trop d'efforts) et il ne voit pas quoi ajouter. Et il ne verra pas quoi ajouter au prochain texte, au niveau du texte comme au niveau du paragraphe.
Quelque part je me dis qu'il est plus simple d'apprendre à développer au niveau local.
Le mieux serait sans doute, face à un cas de texte rachitique, de prendre un passage - en général celui qu'on préfère - et de montrer comment, pas à pas, on le développerait.
"- J'ai tué ton fils.
Markhav se mit à ricaner. Lagentille s'effondra en larmes. Autour d'eux l'orage faisait rage."
Ici mon premier réflexe est de dire au débutant : "chaque phrase pourrait être un paragraphe". C'est ridicule, bien sûr, nous on ferait une gradation à mesure que l'idée s'ancre chez Lagentille et tout ça, mais on peut au moins prendre le plus évident :
"Lagentille s'effondra en larmes."
"Lagentille plaqua ses mains sur son visage, livide, et déjà les larmes commençaient à couler qu'elle ne pouvait pas retenir..."
"Ce rire la perçait, alors même qu'elle se raccrochait à un dernier espoir, du mensonge, mais à mesure de ce rire fou elle sentait ses forces la quitter, et dans un hoquet, plaqua les mains à son visage..."
Mais je me dis aussi que ces exemples sont déjà "construits". Je veux dire qu'il n'y a pas la progression qu'on pourrait attendre chez le débutant, on a déjà fait des phrases "un peu compliquées" et toute une structure, là où les exemples devraient être beaucoup plus simples et accessibles.
Je ne sais pas moi...
"Lagentille s'effondra en larmes."
"Lagentille s'accrocha à un dernier espoir. Ensuite elle sentit ses forces la quitter. Elle eut un hoquet, un sanglot. Elle se plaqua les mains sur son visage et..."
Et dans un second temps seulement en venir à la manière de narrer, la construction de phrases.
Et mine de rien ça en fait des choses à dire dans un simple commentaire, je vous laisse imaginer les pavés que mes scribouillards ont à digérer chaque fois que je les critique. Comme en plus j'ai pleins d'autres choses à dire à côté, je n'ai pas le temps de... développer, et mes conseils restent vagues.
Mais la difficulté est bien là. Nous on sait pourquoi développer, le débutant, lui, pas.
La bière c'est à la taverne, mais si tu veux du jus d'orange...
EDIT:
Ah, j'oubliais.
Toujours dans l'idée de développement - et oui ce sujet est là pour jeter les idées en vrac - une manière que j'ai de conseiller le débutant mais qui ne fonctionne vraiment pas, c'est de lui dire de "questionner le texte".
"Jean prit le train. Il descendit à Hubbigton où l'attendait Pierre. Ils se rendirent au manoir."
J'ai essayé de demander à des débutants de poser des questions à leur texte, de type "Jean prend le train, comment ? Pourquoi ?" Pourquoi pas la voiture, l'avion ou le dirigeable, à quelle heure, en quel lieu, habillé comment, et cetera. Même chose pour les autres passages, comment il descend, comment il retrouve Pierre...
Le problème saute aux yeux, ces questions n'ont aucun intérêt pour le débutant qui se fiche éperdument de la manière dont Jean retrouve Pierre sur le quai. "Pierre l'attendait", point barre.
L'idée de "questionner le texte" repose sur la potentialité, c'est-à-dire ce qu'un détail dans le texte permet d'imaginer. Justement, on dit "où l'attendait Pierre", le lecteur reconstruit toute la scène du train en gare, de la descente et de la personne sur le quai cherchant parmi la foule... c'est un travail que le lecteur fait gracieusement à la place de l'auteur.
Et tant que le lecteur est prêt à faire ce travail...
Mais l'idée est que ces potentialités, ces moments peuvent être exploités au profit de l'histoire. S'il y a quelque chose entre Jean et Pierre, un conflit, une connivence... alors la manière dont ils se retrouvent peut être lourde de conséquences. Dans "Les faux-monnayeurs" de Gide ça saute aux yeux, selon la manière dont le personnage salue tout change.
Donc "questionner le texte" est un exemple de conseil qui ne fonctionne pas, alors même que quelque part on le fait constamment en imaginant nos histoires.
Ou en tout cas, quand j'ai un personnage qui doit se déplacer, j'y réfléchis à deux fois sur le moyen de transport. Et ne serait-ce que le temps qu'il fait. Et le mouvement de clé dans la serrure...
C'est peut-être un réflexe pratique mais c'est un conseil qui ne fonctionne pas.
Il faut se rappeler qu'on parle de textes de débutants, et presque uniquement sur internet. Il arrive donc très, très souvent qu'à côté des dialogues-fleuves (vous pouvez être certain qu'on en reparlera ailleurs) les paragraphes de narration soient moins longs que la réplique du personnage.
Pas de description, juste une ou deux actions le temps de reprendre son souffle.
"- Salut John !
- Salut Henri !
- Comment ça va ?
- Super et toi ?
- Ah ouais la patate !
Il lui montra une patate qu'il venait de cueillir.
- Tu l'as gardée combien de temps dans ta poche ?"
Donc il n'y a pas que le texte qui doit être étoffé. Au niveau local, un paragraphe ou même une phrase - mais en général on s'arrête au paragraphe - doit également faire une certaine taille pour se justifier. Parce qu'un paragraphe d'une phrase... on aimerait que ce soit l'exception plutôt que la règle.
En général je dis au débutant que soit il a quelque chose à dire, et alors il peut en dire plus, soit il ne peut rien dire de plus dessus et alors il n'avait rien à dire. Une manière détournée de le pousser à évaluer ce qui importe dans son texte, ce qui sert juste à boucher les trous par rapport à ce qui sert vraiment.
Mais là.
Là techniquement dans l'exemple construit cette phrase n'a pas à être plus longue. Elle dit déjà tout et pour l'effet humoristique, la brièveté est de mise. On ne peut pas faire :
"Ils se saluèrent, nonchalant, des "ça va ça va super la patate" et la patate entre les mains d'Henri..."
Non, ça ne passe pas, il y a un genre de la toile, humoristique, qui nécessite beaucoup de dialogue et de la narration plus de type "didascalie". À la Zaleth. Et le problème est que souvent le débutant va considérer sa narration, pour un texte entre guillemets sérieux, de la même manière. C'est suffisant, rien de plus à ajouter... quand il ne revendique pas directement l'humour comme faisant partie de son style (yay...)
"- Alors, tout est prêt ? demanda Kitu.
- J'ai ça dans la mallette. lui répondit Kikoo.
Il tapa sur sa valise, l'air satisfait.
- Tu sais où déposer ça. lança Kitu en se détournant."
Qu'est-ce que tu veux ajouter à ça ? C'est un script de film mais en disant qu'il ait introduit les éléments plus tôt, type rencontre dans une ruelle sombre de gars en manteau une nuit bien cliché, pourquoi il se fatiguerait à en dire plus sur la valise ?
Le débutant il voit les choses comme ça. Il en a dit assez, et c'est un casse-tête de le pousser à en faire plus.
Alors oui, ça aiderait s'il pouvait arrêter le dialogue en chaîne mais on le sait tous, le dialogue est incroyablement efficace (et une solution de facilité pour cette raison), c'est immersif, c'est direct, c'est une promenade de santé à lire et ça aère le texte au point qu'on vole sur un jet stream. Donc là, imaginons qu'on ne puisse pas réduire le dialogue : on fait quoi ?
Il m'arrive d'invoquer la "réactualisation". Rappeler au lecteur où on est, à quoi ressemblent les personnages, tout ça. Il a dit au début du passage qu'ils sont dans une ruelle noire, mais après dix lignes de dialogue entre deux noms on a tendance à l'oublier. Donc mon conseil est de répéter ces éléments, par petites touches, en prenant l'occasion d'événements du type "taper sur sa valise" :
"- Blablabla kitu
- Blablabla kikoo
Il tapa sur sa valise, l'air satisfait. La ruelle était noire. Son manteau flottait au vent. Face à lui le manteau de kitu faisait de même..."
C'est du remplissage. Techniquement quand je donne ce conseil je pense plus à :
"Il tapa sur sa valise, l'air satisfait. Dans le noir de la ruelle son geste était passé plus inaperçu que ce sourire plein de faux."
Et ainsi de suite.
À part la réactualisation, donc sauter sur les occasions pour rappeler des détails - et en profiter donc pour décrire - j'invoque aussi l'ambiance, et c'est un peu ce qui fait la différence entre remplissage et vrai développement. L'ambiance est un mot formidablement vague, un peu comme les émotions, et on parle aussi d'immersion, de "faire rentrer le lecteur dans le texte".
C'est aussi à cette occasion que je vais dire au débutant qu'il doit "montrer" plutôt que "dire" ce qui se passe, toujours pour le pousser à étoffer - même si à ce stade j'essaie aussi d'expliquer comment mener une narration. Là, en l'occurrence, "l'air satisfait" sert déjà à l'ambiance donc ça ne fonctionne pas, mais je demanderais la réaction de kitu, ou bien d'exprimer cet air satisfait au travers des ombres de la ruelle, quelque chose... le cri d'un chat au loin...
On parlerait de "faire vivre le texte", il y a tellement d'expressions pour ça...
Donc on a déjà deux cas de développement : le texte en général (ou un chapitre) et le paragraphe.
Et dans les deux cas c'est un casse-tête puisque le débutant, lui, est persuadé d'avoir tout dit, qu'en dire plus est inutile (ou trop d'efforts) et il ne voit pas quoi ajouter. Et il ne verra pas quoi ajouter au prochain texte, au niveau du texte comme au niveau du paragraphe.
Quelque part je me dis qu'il est plus simple d'apprendre à développer au niveau local.
Le mieux serait sans doute, face à un cas de texte rachitique, de prendre un passage - en général celui qu'on préfère - et de montrer comment, pas à pas, on le développerait.
"- J'ai tué ton fils.
Markhav se mit à ricaner. Lagentille s'effondra en larmes. Autour d'eux l'orage faisait rage."
Ici mon premier réflexe est de dire au débutant : "chaque phrase pourrait être un paragraphe". C'est ridicule, bien sûr, nous on ferait une gradation à mesure que l'idée s'ancre chez Lagentille et tout ça, mais on peut au moins prendre le plus évident :
"Lagentille s'effondra en larmes."
"Lagentille plaqua ses mains sur son visage, livide, et déjà les larmes commençaient à couler qu'elle ne pouvait pas retenir..."
"Ce rire la perçait, alors même qu'elle se raccrochait à un dernier espoir, du mensonge, mais à mesure de ce rire fou elle sentait ses forces la quitter, et dans un hoquet, plaqua les mains à son visage..."
Mais je me dis aussi que ces exemples sont déjà "construits". Je veux dire qu'il n'y a pas la progression qu'on pourrait attendre chez le débutant, on a déjà fait des phrases "un peu compliquées" et toute une structure, là où les exemples devraient être beaucoup plus simples et accessibles.
Je ne sais pas moi...
"Lagentille s'effondra en larmes."
"Lagentille s'accrocha à un dernier espoir. Ensuite elle sentit ses forces la quitter. Elle eut un hoquet, un sanglot. Elle se plaqua les mains sur son visage et..."
Et dans un second temps seulement en venir à la manière de narrer, la construction de phrases.
Et mine de rien ça en fait des choses à dire dans un simple commentaire, je vous laisse imaginer les pavés que mes scribouillards ont à digérer chaque fois que je les critique. Comme en plus j'ai pleins d'autres choses à dire à côté, je n'ai pas le temps de... développer, et mes conseils restent vagues.
Mais la difficulté est bien là. Nous on sait pourquoi développer, le débutant, lui, pas.
La bière c'est à la taverne, mais si tu veux du jus d'orange...
EDIT:
Ah, j'oubliais.
Toujours dans l'idée de développement - et oui ce sujet est là pour jeter les idées en vrac - une manière que j'ai de conseiller le débutant mais qui ne fonctionne vraiment pas, c'est de lui dire de "questionner le texte".
"Jean prit le train. Il descendit à Hubbigton où l'attendait Pierre. Ils se rendirent au manoir."
J'ai essayé de demander à des débutants de poser des questions à leur texte, de type "Jean prend le train, comment ? Pourquoi ?" Pourquoi pas la voiture, l'avion ou le dirigeable, à quelle heure, en quel lieu, habillé comment, et cetera. Même chose pour les autres passages, comment il descend, comment il retrouve Pierre...
Le problème saute aux yeux, ces questions n'ont aucun intérêt pour le débutant qui se fiche éperdument de la manière dont Jean retrouve Pierre sur le quai. "Pierre l'attendait", point barre.
L'idée de "questionner le texte" repose sur la potentialité, c'est-à-dire ce qu'un détail dans le texte permet d'imaginer. Justement, on dit "où l'attendait Pierre", le lecteur reconstruit toute la scène du train en gare, de la descente et de la personne sur le quai cherchant parmi la foule... c'est un travail que le lecteur fait gracieusement à la place de l'auteur.
Et tant que le lecteur est prêt à faire ce travail...
Mais l'idée est que ces potentialités, ces moments peuvent être exploités au profit de l'histoire. S'il y a quelque chose entre Jean et Pierre, un conflit, une connivence... alors la manière dont ils se retrouvent peut être lourde de conséquences. Dans "Les faux-monnayeurs" de Gide ça saute aux yeux, selon la manière dont le personnage salue tout change.
Donc "questionner le texte" est un exemple de conseil qui ne fonctionne pas, alors même que quelque part on le fait constamment en imaginant nos histoires.
Ou en tout cas, quand j'ai un personnage qui doit se déplacer, j'y réfléchis à deux fois sur le moyen de transport. Et ne serait-ce que le temps qu'il fait. Et le mouvement de clé dans la serrure...
C'est peut-être un réflexe pratique mais c'est un conseil qui ne fonctionne pas.
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il y a 11 ans 9 mois #18534
par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:MdT - Développe !
Développer? La plupart du temps, j'aurais tendance à plutôt proposer d'enlever des passages.
"Un homme pénétra dans la pièce et tua tous ceux qui s'y trouvaient."
Est-il utile de développer cette phrase? Faut-il dire qui est l'homme, à quoi il ressemblait, pourquoi il tua tout le monde, de quelle pièce il s'agit, comment il les a tué, pourquoi les gens s'y trouvaient?
Cela dépend uniquement de l'objectif du texte. Si le texte veut mettre en évidence l'obéissance aveugle d'un employé de l'administration, on peut imaginer laisser cette phrase telle quelle et ne développer, par la suite, que la description de l'homme (psychologiquement en particulier). Parce que pour l'objectif du texte, la pièce n'a aucune importance, tout comme ceux qui s'y trouvaient.
Bien sûr, on peut développer avec brio, mais pour un débutant, je le déconseillerais.
En revanche, cette même phrase pourrait être développée en une histoire en entier si on en développe chaque aspect.
Côté description...
- Syndrome du pistolet.
- une description vague est parfois meilleure pour exploiter l'imagination du lecteur ("un repas particulièrement appétissant" est parfois plus efficace qu'une description complète, la définition d'appétissant changeant d'une personne à l'autre).
Impe, pas vraiment envie d'aller se coucher... où sont mes vacances?
"Un homme pénétra dans la pièce et tua tous ceux qui s'y trouvaient."
Est-il utile de développer cette phrase? Faut-il dire qui est l'homme, à quoi il ressemblait, pourquoi il tua tout le monde, de quelle pièce il s'agit, comment il les a tué, pourquoi les gens s'y trouvaient?
Cela dépend uniquement de l'objectif du texte. Si le texte veut mettre en évidence l'obéissance aveugle d'un employé de l'administration, on peut imaginer laisser cette phrase telle quelle et ne développer, par la suite, que la description de l'homme (psychologiquement en particulier). Parce que pour l'objectif du texte, la pièce n'a aucune importance, tout comme ceux qui s'y trouvaient.
Bien sûr, on peut développer avec brio, mais pour un débutant, je le déconseillerais.
En revanche, cette même phrase pourrait être développée en une histoire en entier si on en développe chaque aspect.
Côté description...
- Syndrome du pistolet.
- une description vague est parfois meilleure pour exploiter l'imagination du lecteur ("un repas particulièrement appétissant" est parfois plus efficace qu'une description complète, la définition d'appétissant changeant d'une personne à l'autre).
Impe, pas vraiment envie d'aller se coucher... où sont mes vacances?
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- Leagend7381
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il y a 10 ans 3 mois #19266
par Leagend7381
Réponse de Leagend7381 sur le sujet Re:MdT - Développe !
Je ne vais pas faire un long pavé, mais bon, j'ai vu que l'on attendait des débutant quelques remarques dans cette catégorie, je me lance.
Je vais me mettre dans la peau d'une personne lambda qui écrit un texte lambda dans un forum lambda.
Je suis content de mon texte, je le poste fièrement et là:
C'est vide, développe, étoffe, ...
On ne me l'a jamais dit, mais je pense que cela peut faire l'effet d'une grande claque, et peut être ressenti comme (à l’extrême): "passe ton chemin et retourne te coucher."
Mais alors développe, que peut on faire?
On est déjà passé sur les émotions, mais si un autre débutant me lis, il pourra voir (j’espère), comment développer sur le point des émotions.
Texte lambda: Elle était triste car son chat était mort. Puis elle rentra fêter son anniversaire avec ses copains.
Wouhou!!!
C'est l'une des caractéristiques d'un texte pas assez développé non? Le héro/ l'héroïne change subitement de sentiment.
Pour cela, il faut passer plus de temps sur les sentiments. Quelques techniques que vous pouvez utiliser ici:
-La métaphore: c'est une sorte de comparaison, sans outil de comparaison. (pour faire simple pour ceux qui ne l'ont pas encore vue.
Les sentiments peuvent être liés à certains éléments (je sait, cela fait un peut bizarre):
La tristesse: l'eau
La colère: le feu, les éclairs et la tempête (Bouillonner de l'intérieur)
Le désir: la flamme (bruler de désir)
Quelques exemples:
Mina ramassa le pauvre animal, son chat était mort. Ses sentiments se déchainaient (violent), balayant ses pensées et emportant son esprit dans le flot tumultueux de sa tristesse.
Jean l'insulta. Soudain, c'en fut trop pour Jack. En son fort intérieur, il brulait de haine (on peut encore mettre: d'une haine sans égal, afin de renforcer le sentiment).
-Montrez: au lieu de dire que quelqu'un est épuisé, nous pouvons le montrer:
Il était fatigué et s'endormit vite.
Il entra dans la chambre, les pieds trainant par terre, le regard hagard, puis s'effondra sur son lit sans même avoir prit la peine de quitter ses vêtements.
Là, on voit clairement qu'il est fatigué: il traine des pieds, il a le regard hagard, et il s’effondre carrément sur le lit, son corps ne peut plus le soutenir. Il est même trop fatigué pour avoir quitter ses vêtements.
Pour une personne triste, une larme peut couler sur sa joue, elle sanglote, elle se prends la tête dans les mains.
Une personne heureuse vas sauter de joie, crier, hurler de joie, courir dans tout les sens, trépigner.
-Les verbes: les verbes sont utiles, plus que vous ne le croyez.
Se coucher dans son lit. S'éffondrer dans son lit. Se jetter dans son lit. S'affaler dans son lit.
L'action est la même non? Pourtant, on sent une différence dans l'état d'âme du personnage.
-Exagérez: cela vous permet d'insister sur l'information.
Par exemple, notre héro se promène dans les bois lorsqu'un monstre jaillit des fourrés.
Que ce passe il dans sa tête?
Il a peur...
Ok, c'est évident, mais pas assez fort. Je vais être carrément gore, mais si un monstre se met à étrangler X personne en se servant de ses propres tripes, le héro n'a pas juste peur, il est effrayé.
Toujours dans l'idée de montrer.
X se promenait dans les bois. Soudain, un monstre sortit des fourrés en poussant un hurlement. X fit un bond de trois mètres puis s'immobilisa, tétanisé.
Voila, c'est mieux. Mais n’exagérez pas trop non plus. Restez crédible. Si le héros fait un bond de deux mille trois cent quatre-vingt-douze kilomètres de haut,...
-Les signes corporels: devenir tout rouge, devenir pâle, être, comme je l'avait dit au dessus, tétanisé.
Cela permet de renforcer l'émotion.
-Faites durer l'action: rhytmez, donnez le tempo, jouez avec les signes de ponctuation et avec la longueur de vos phrases.
Mala descendit l'escalier lorsqu'elle sentit que quelque chose ne tournait pas rond.
Elle entra dans la cuisine et vit son père allongé dans une marre de sang.
Ok, c'est pas mal, mais voyons ça:
Mala descendit l'escalier lorsqu'elle sentit que quelque chose ne tournait pas rond.
Elle s'avança, lentement, sur la pointe de ses pieds nus, se glissa devant la table ou sa jupe s’agrippa pour se déchirer dans en bruit de tissus rompu. Mais elle n'en avait cure. Elle passa sa tête dans entrebâillement de la porte, et se figea d'horreur. A quelques pas de là, la tête reposée sur un barreau de chaise cassé, gisait son père, étendu dans une grande mare de sang.
Alors là, on sent que j'ai changé mon texte: c'est plus long. Cela pourrait être perçut comme du remplissage, mais non. Je titille le lecteur en lui envoyant une tonne d'information inutiles. Après tout, que sa jupe s’agrippe à une table, on s'en fiche! Mais là non. Cela permet de faire durer le moment, c'est l'effet de suspense.
Dans un film d'horreur, Mr X vas ouvrir la porte. Ok. Je vous cite ce qu'il fait:
Il s'avance, lentement. Il tente de regarder par la serrure. Il se retourne dix fois car il entends quelque chose. On a un gros plan sur sa tête ou on voit qu'il est fatigué et terrorisé. Puis il s'agenouille, il se relève, fait tourner la poignée. Mais elle est fermée à clef. Alors il rends la clef. La glisse dans la serrure. Tourne la clef. S'immobilise. Saisit la poignée.
Et la VLAN! La porte s'ouvre toute seule, une main en sort, lui prends la tête et la fait exploser. BIM.
Alors qu'en fait, nous, ce qui nous intéresse c'est ce qui vas se passer. Et non, on passe des plombes sur des détails inutiles, mais qui nous font stresser.
C'est ce qu'il faut faire, quitte à imaginer la scène en film dans votre tête puis à l'écrire au fur et à mesure qu'elle se déroule (ce que je fait régulièrement).
Bon, là, j'en passe, mais c'est déjà pas mal, rien que sur les émotions.
Et on passe de:
La jeune fille pleurait parce que son père était mort.
à:
Elle s'avança, lentement, craignant le pire. Lorsqu'elle eut passée la porte dont le bois vernis reflétait la lueur du jour qui passait à travers l'unique fenêtre de la pièce, elle se figea.
Derrière elle, l'horloge sonnait minuit, et les douze coups résonnèrent longuement dans la petite pièce. Enfin, elle accepta ce qu'elle voyait. Son père gisait, par terre, plongé dans une énorme flaque de sang.
Sara se mit à trembler, dut s’assoir car ses jambes furent soudain incapable de la porter, une larme coula sur sa joue. Ce n'est pas vrais, se dit elle, faites que ce ne soit pas vrais. Mais la scène était bien réelle. Alors, en elle, il y eut comme une barrière qui s'éfondre, et le flot tumultueux de sa tristesse l’emporta. Elle perdit pied.
---
Je sait, c'est un peut brouillon et peut être incomplet, mais je n'ai pas eut trop de temps pour l'écrire.
Je vais me mettre dans la peau d'une personne lambda qui écrit un texte lambda dans un forum lambda.
Je suis content de mon texte, je le poste fièrement et là:
C'est vide, développe, étoffe, ...
On ne me l'a jamais dit, mais je pense que cela peut faire l'effet d'une grande claque, et peut être ressenti comme (à l’extrême): "passe ton chemin et retourne te coucher."
Mais alors développe, que peut on faire?
On est déjà passé sur les émotions, mais si un autre débutant me lis, il pourra voir (j’espère), comment développer sur le point des émotions.
Texte lambda: Elle était triste car son chat était mort. Puis elle rentra fêter son anniversaire avec ses copains.
Wouhou!!!
C'est l'une des caractéristiques d'un texte pas assez développé non? Le héro/ l'héroïne change subitement de sentiment.
Pour cela, il faut passer plus de temps sur les sentiments. Quelques techniques que vous pouvez utiliser ici:
-La métaphore: c'est une sorte de comparaison, sans outil de comparaison. (pour faire simple pour ceux qui ne l'ont pas encore vue.
Les sentiments peuvent être liés à certains éléments (je sait, cela fait un peut bizarre):
La tristesse: l'eau
La colère: le feu, les éclairs et la tempête (Bouillonner de l'intérieur)
Le désir: la flamme (bruler de désir)
Quelques exemples:
Mina ramassa le pauvre animal, son chat était mort. Ses sentiments se déchainaient (violent), balayant ses pensées et emportant son esprit dans le flot tumultueux de sa tristesse.
Jean l'insulta. Soudain, c'en fut trop pour Jack. En son fort intérieur, il brulait de haine (on peut encore mettre: d'une haine sans égal, afin de renforcer le sentiment).
-Montrez: au lieu de dire que quelqu'un est épuisé, nous pouvons le montrer:
Il était fatigué et s'endormit vite.
Il entra dans la chambre, les pieds trainant par terre, le regard hagard, puis s'effondra sur son lit sans même avoir prit la peine de quitter ses vêtements.
Là, on voit clairement qu'il est fatigué: il traine des pieds, il a le regard hagard, et il s’effondre carrément sur le lit, son corps ne peut plus le soutenir. Il est même trop fatigué pour avoir quitter ses vêtements.
Pour une personne triste, une larme peut couler sur sa joue, elle sanglote, elle se prends la tête dans les mains.
Une personne heureuse vas sauter de joie, crier, hurler de joie, courir dans tout les sens, trépigner.
-Les verbes: les verbes sont utiles, plus que vous ne le croyez.
Se coucher dans son lit. S'éffondrer dans son lit. Se jetter dans son lit. S'affaler dans son lit.
L'action est la même non? Pourtant, on sent une différence dans l'état d'âme du personnage.
-Exagérez: cela vous permet d'insister sur l'information.
Par exemple, notre héro se promène dans les bois lorsqu'un monstre jaillit des fourrés.
Que ce passe il dans sa tête?
Il a peur...
Ok, c'est évident, mais pas assez fort. Je vais être carrément gore, mais si un monstre se met à étrangler X personne en se servant de ses propres tripes, le héro n'a pas juste peur, il est effrayé.
Toujours dans l'idée de montrer.
X se promenait dans les bois. Soudain, un monstre sortit des fourrés en poussant un hurlement. X fit un bond de trois mètres puis s'immobilisa, tétanisé.
Voila, c'est mieux. Mais n’exagérez pas trop non plus. Restez crédible. Si le héros fait un bond de deux mille trois cent quatre-vingt-douze kilomètres de haut,...
-Les signes corporels: devenir tout rouge, devenir pâle, être, comme je l'avait dit au dessus, tétanisé.
Cela permet de renforcer l'émotion.
-Faites durer l'action: rhytmez, donnez le tempo, jouez avec les signes de ponctuation et avec la longueur de vos phrases.
Mala descendit l'escalier lorsqu'elle sentit que quelque chose ne tournait pas rond.
Elle entra dans la cuisine et vit son père allongé dans une marre de sang.
Ok, c'est pas mal, mais voyons ça:
Mala descendit l'escalier lorsqu'elle sentit que quelque chose ne tournait pas rond.
Elle s'avança, lentement, sur la pointe de ses pieds nus, se glissa devant la table ou sa jupe s’agrippa pour se déchirer dans en bruit de tissus rompu. Mais elle n'en avait cure. Elle passa sa tête dans entrebâillement de la porte, et se figea d'horreur. A quelques pas de là, la tête reposée sur un barreau de chaise cassé, gisait son père, étendu dans une grande mare de sang.
Alors là, on sent que j'ai changé mon texte: c'est plus long. Cela pourrait être perçut comme du remplissage, mais non. Je titille le lecteur en lui envoyant une tonne d'information inutiles. Après tout, que sa jupe s’agrippe à une table, on s'en fiche! Mais là non. Cela permet de faire durer le moment, c'est l'effet de suspense.
Dans un film d'horreur, Mr X vas ouvrir la porte. Ok. Je vous cite ce qu'il fait:
Il s'avance, lentement. Il tente de regarder par la serrure. Il se retourne dix fois car il entends quelque chose. On a un gros plan sur sa tête ou on voit qu'il est fatigué et terrorisé. Puis il s'agenouille, il se relève, fait tourner la poignée. Mais elle est fermée à clef. Alors il rends la clef. La glisse dans la serrure. Tourne la clef. S'immobilise. Saisit la poignée.
Et la VLAN! La porte s'ouvre toute seule, une main en sort, lui prends la tête et la fait exploser. BIM.
Alors qu'en fait, nous, ce qui nous intéresse c'est ce qui vas se passer. Et non, on passe des plombes sur des détails inutiles, mais qui nous font stresser.
C'est ce qu'il faut faire, quitte à imaginer la scène en film dans votre tête puis à l'écrire au fur et à mesure qu'elle se déroule (ce que je fait régulièrement).
Bon, là, j'en passe, mais c'est déjà pas mal, rien que sur les émotions.
Et on passe de:
La jeune fille pleurait parce que son père était mort.
à:
Elle s'avança, lentement, craignant le pire. Lorsqu'elle eut passée la porte dont le bois vernis reflétait la lueur du jour qui passait à travers l'unique fenêtre de la pièce, elle se figea.
Derrière elle, l'horloge sonnait minuit, et les douze coups résonnèrent longuement dans la petite pièce. Enfin, elle accepta ce qu'elle voyait. Son père gisait, par terre, plongé dans une énorme flaque de sang.
Sara se mit à trembler, dut s’assoir car ses jambes furent soudain incapable de la porter, une larme coula sur sa joue. Ce n'est pas vrais, se dit elle, faites que ce ne soit pas vrais. Mais la scène était bien réelle. Alors, en elle, il y eut comme une barrière qui s'éfondre, et le flot tumultueux de sa tristesse l’emporta. Elle perdit pied.
---
Je sait, c'est un peut brouillon et peut être incomplet, mais je n'ai pas eut trop de temps pour l'écrire.
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- Zarathoustra
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il y a 10 ans 2 mois - il y a 10 ans 2 mois #19307
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:MdT - Développe !
Pour moi, "développe", c'est aussi l'idée d'une sorte de temps suspendu au cours duquel il ne se apsse aps forcément des choses "utiles" mais qui ont parfois plus de poids que ces choses utiles.
Je vais prendre un exemple concret car je suis en train de faire exctement ce travail. Dans Ether, j'ai le groupe d'elfes de Berenis qui quitte leur île pour aller rencontrer les humains. Déjà quand j'avais écrit le chapitre, j'avais d'abord carrément sauté l'étape, il passait de l'île à l'Eldred en quelques lignes parce que ça ne m'importait pas. Pourtant je savais au fond de moi que cette traversée pouvait être un moment "fort". "Fort" non pas en termes d'histoire mais en termes d'intimité avec les personnages.
Donc j'avais repris ce chapitre pour écrire une traversée en introduisant une tempête et en développant les compagnons de mon héros qui n’existaient pour ainsi dire pas. Mais je n’étais toujours pas satisfait. La structure du chapitre manquait de fluidité parce que je présentais les différents personnages un peu dans le même prolongement. Certes, j’étais satisfait de leur description car chacun était typé mais l’ensemble ne fonctionnait pas vraiment.
Deuxième faiblesse, je pensais ne pas exploiter suffisamment le temps du voyage pour explorer la psychologie de Berenis, notamment face à la mort de sa sœur.
Troisième faiblesse, la traversée n’avait pas vraiment d’enjeu en soi. Malgré tout ce que j’avais mis dedans pour l’enrichir, la scène restait quelque chose d’inutile qu’on pouvait très aisément supprimer. Il n’y avait qu’à glisser ailleurs les descriptifs des personnages, de manière plus étalée et sans doute plus pertinente.
Là, je suis en train de reprendre tout pour fluidifier la présentation des protagonistes et essayer de trouver quelques scènes clés qui rattacheraient vraiment la traversée à l’histoire. En fait, je profite même de cette non-action que constitue une traversée pour poser plus fortement les enjeux de mon histoire.
Bref, quand on dit « développe », cela veut aussi dire « savoir donner vie à une scène » ou « profite donc des opportunités que te donne ton récit pour creuser dans les vides ». Pour moi, le « vide » d’une histoire est souvent l’occasion d’en faire un « plein ».
Bon, j’ignore si ça vous cause, mais, moi, quand je sens dans ma tête qu’il faut développer, c’est comme si, dans ma tête, j’avais un petit film qui n’y trouvait pas sa place. Et tant que j’ai cette impression en moi, je me dis que ce n’est pas assez développé.
Vous allez me dire qu’à ce compte, on finit par tout développer et on oublie l’histoire. Pas faux. Mais, généralement, son histoire, on ne l’oublie pas, on la chérit, on la bichonne, alors que tous ces temps-morts, on les déteste, on les bâcle ou on y va à reculons. Or, quand on comprend ce qu’il faut développer ou quand on sent ce qui manque, la scène devient passionnante à écrire. Pour ma part, ce sont souvent celles que je préfère. Et pour qu'un récit vive, il faut aussi des moments où le lecteur puisse reprendre son souffle. Si votre héros court tout le temps; comment faîtes-vous pour faire comprendre au lecteur que ça fait trois qu'il accélère et que là il court encore plus vite que les autres fois?
Bref, "Développe!" c'est aussi trouver le vrai sens de ce qu'on écrit ou de ce qu'on veut faire vivre au lecteur. C'est ce qui permet de rendre le lecteur davantage complice de ce qu'on veut lui faire vivre. Si on oublie le lecteur qui est en nous lorsqu'on écrit, alors on passe souvent à côté de choses secondaires pour l'auteur mais essentiel pour le lecteur. "Developpe!", c'est juste dire à l'auteur, "n'oublie pas que tu es un lecteur toi aussi!".
Je vais prendre un exemple concret car je suis en train de faire exctement ce travail. Dans Ether, j'ai le groupe d'elfes de Berenis qui quitte leur île pour aller rencontrer les humains. Déjà quand j'avais écrit le chapitre, j'avais d'abord carrément sauté l'étape, il passait de l'île à l'Eldred en quelques lignes parce que ça ne m'importait pas. Pourtant je savais au fond de moi que cette traversée pouvait être un moment "fort". "Fort" non pas en termes d'histoire mais en termes d'intimité avec les personnages.
Donc j'avais repris ce chapitre pour écrire une traversée en introduisant une tempête et en développant les compagnons de mon héros qui n’existaient pour ainsi dire pas. Mais je n’étais toujours pas satisfait. La structure du chapitre manquait de fluidité parce que je présentais les différents personnages un peu dans le même prolongement. Certes, j’étais satisfait de leur description car chacun était typé mais l’ensemble ne fonctionnait pas vraiment.
Deuxième faiblesse, je pensais ne pas exploiter suffisamment le temps du voyage pour explorer la psychologie de Berenis, notamment face à la mort de sa sœur.
Troisième faiblesse, la traversée n’avait pas vraiment d’enjeu en soi. Malgré tout ce que j’avais mis dedans pour l’enrichir, la scène restait quelque chose d’inutile qu’on pouvait très aisément supprimer. Il n’y avait qu’à glisser ailleurs les descriptifs des personnages, de manière plus étalée et sans doute plus pertinente.
Là, je suis en train de reprendre tout pour fluidifier la présentation des protagonistes et essayer de trouver quelques scènes clés qui rattacheraient vraiment la traversée à l’histoire. En fait, je profite même de cette non-action que constitue une traversée pour poser plus fortement les enjeux de mon histoire.
Bref, quand on dit « développe », cela veut aussi dire « savoir donner vie à une scène » ou « profite donc des opportunités que te donne ton récit pour creuser dans les vides ». Pour moi, le « vide » d’une histoire est souvent l’occasion d’en faire un « plein ».
Bon, j’ignore si ça vous cause, mais, moi, quand je sens dans ma tête qu’il faut développer, c’est comme si, dans ma tête, j’avais un petit film qui n’y trouvait pas sa place. Et tant que j’ai cette impression en moi, je me dis que ce n’est pas assez développé.
Vous allez me dire qu’à ce compte, on finit par tout développer et on oublie l’histoire. Pas faux. Mais, généralement, son histoire, on ne l’oublie pas, on la chérit, on la bichonne, alors que tous ces temps-morts, on les déteste, on les bâcle ou on y va à reculons. Or, quand on comprend ce qu’il faut développer ou quand on sent ce qui manque, la scène devient passionnante à écrire. Pour ma part, ce sont souvent celles que je préfère. Et pour qu'un récit vive, il faut aussi des moments où le lecteur puisse reprendre son souffle. Si votre héros court tout le temps; comment faîtes-vous pour faire comprendre au lecteur que ça fait trois qu'il accélère et que là il court encore plus vite que les autres fois?
Bref, "Développe!" c'est aussi trouver le vrai sens de ce qu'on écrit ou de ce qu'on veut faire vivre au lecteur. C'est ce qui permet de rendre le lecteur davantage complice de ce qu'on veut lui faire vivre. Si on oublie le lecteur qui est en nous lorsqu'on écrit, alors on passe souvent à côté de choses secondaires pour l'auteur mais essentiel pour le lecteur. "Developpe!", c'est juste dire à l'auteur, "n'oublie pas que tu es un lecteur toi aussi!".
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra