file Plan d'une aventure d'Amphitryon Jones... Qui n'attend plus que d'être écrite!

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il y a 7 ans 10 mois #20995 par Iggy Grunnson
Je le disais sur un autre sujet, je n'ai pas été très productif dernièrement en matière d'écriture, mais j'ai par contre pas mal débroussaillé en matière de planification, avec 2 ou 3 projets sur le feu.
Je partage avec vous celui qui est le plus près d'aboutir, afin d'avoir vos retours. Ca fait une bonne quinzaine de jours que je n'ai plus touché à ce plan, et comme je ne me suis pas encore lancé dans l'écriture proprement dite c'est qu'il doit y avoir quelque chose qui ne me convient pas à 100% - même si je n'ai pas encore mis le doigt dessus.


L'idée de cette histoire m'est venue il y a plusieurs années, après avoir découvert le film morse . Le film m'a fasciné sur le coup, et j'ai eu envie de m'en inspirer pour écrire un texte. Le pitch qui a pris forme, en deux mots : une jeune fille découvre progressivement qu'elle est en réalité un vampire. L'histoire prend place au sein des aventures d'Amphitryon Jones, et la jeune fille en question est la pupille d'un dieu reclus et lunatique nommé Havelock qui l'a adoptée (et même peut-être créée) pour avoir de la compagnie. Il a aussi capturé une femme et l'a aussi transformée en vampire pour qu'elle joue le rôle de mère. Contrairement à sa mère adoptive, la jeune fille ignore tout du reste du monde, elle n'a pas conscience des tueries qu'elle provoque - même si elle s'en rappelle sous forme de cauchemars. Pour faire bonne mesure, et ajouter un peu de suspense, AJ est sur le point de se lancer dans l'exploration (et en fait le pillage) de la forteresse prétendument abandonnée où séjourne la petite famille. Il est au courant d'une vague de disparition dans la région mais ne se doute pas de la réalité.

Voilà à quoi ressemble le plan que j'ai en tête:

Scène 1 : la jeune fille se réveille, après un cauchemar. Sa mère est là pour la réconforter. On suit une journée "type" au château, avec un repas un peu guindé avec le maître des lieux. La fille joue ensuite au cerf-volant; lorsque celui-ci s'abîme dans un ruisseau, elle ne peut pas aller le chercher (sous-entendu : les vampires n'aiment pas l'eau).

Scène 2 : La nuit. La jeune fille se réveille et entend du bruit dans la chambre de sa mère. Elle arrive à temps pour voir sa mère se défenestrer. En bas, elle voit Havelock qui protège le corps de sa mère d'une meute de loups hurlante. Est-ce un rêve ?

Scène 3 : Nouveau réveil. Havelock dit à la jeune fille que sa mère est souffrante, et qu'elle ne pourra pas la voir de quelques jours. Il lui interdit de se rendre au sous-sol où elle est alitée. Plus tard dans la journée, la fille s'y rend malgré tout; elle découvre des cellules, dont l'une où un homme est pendu à un crochet, saigné.

Scène 4 : AJ est dans une ferme, non loin du château. Il prépare son expédition. Ses hôtes le mettent en garde contre les disparitions récentes.

Scène 5 : Repas en tête à tête entre la jeune fille et Havelock. Elle se souvient de tout; elle en veut à son "créateur" pour la demi-vie qu'il lui a offerte. Elle ne veut pas se suicider mais libérer les prisonniers. Havelock l'enferme dans sa chambre.

Scène 6 : On suit AJ qui pénètre dans le château, avec un acolyte. Il finit par découvrir les prisonniers : ils ont été massacrés! Il aperçoit la jeune fille et croît qu'elle est une prisonnière en fuite. Il se lance à sa poursuite, dans l'espoir de l'aider. Son acolyte le distance. Il les retrouve plus tard, au plus profond du château : la jeune fille est penchée au-dessus du cadavre de son acolyte, qu'elle a vidé de son sang. Il comprend qu'elle est responsable des tueries et prend la fuite.

Le texte devrait être assez court, 5 à 10 pages A4 au maximum. L'idée serait de faire glisser l'ambiance de quelque chose de féérique à une atmosphère d'épouvante. Globalement j'ai l'impression que ça se tient ; mais d'un autre coté il manque une petite étincelle qui me donne envie de me lancer. La scène la plus problématique pour moi est sans doute la (5), le risque c'est de tout révéler au travers d'un long discours explicatif. Il y a aussi le personnage de l'acolyte, à ce stade il joue vraiment les utilités et il me faudrait trouver quelque chose pour lui donner un peu d'épaisseur. Et puis je ne suis pas sûr de réussir la fin un peu abrupte, à la Lovecraft - le protagoniste prêt à sombrer dans la folie devant l'horreur de la révélation finale...

Qu'est-ce que vous en pensez ?


Iggy

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il y a 7 ans 10 mois - il y a 7 ans 10 mois #20998 par Zarathoustra
En fait, quand je lis ton plan, y a tout de suite un truc qui e saute aux yeux, c'est: mais que vient faire AJ dans cette histoire? Sa présence y parait tellement anecdotique... Et je trouve d'ailleurs qu'elle gagnerait à mon sens à être traitée sans lui. Le vrai sujet, si je ne me trompe pas, c'est ton personnage féminin et sa perception des choses. Plus tu écriras ton histoire en mettant ton point de focal sur elle et plus tu arriveras à intéresser le lecteur. La présence d'AJ crée juste une distanciation qui va casser l'immersion. Surtout que tel que tu le résumes, on n'a aucune envie de s'intéresser à lui.

Je pense qu'en l'état, tu manques d'un vrai point de vue/focal; Si tu veux écrire un texte court, tu ne peux pas multiplier les points de vue. C'est quelqu'un qui sait de quoi il parle parce que j'arrête pas de le faire et je me suis rendu compte que ça desservait mes histoires. Ou si tu veux jouer avec les points de vue, alors ça se travaille sur la durée. Donc vise plutôt les 20-30 pages...

Donc soit tu t'intéresses à AJ et tu le places beaucoup plus tôt de manière à en faire ton personnage principal. Et auquel cas, il faut que ton histoire raconte la rencontre des deux "héros". Ici, on aurait l'histoire avec son regard à lui. La rencontre avec la jeune femme peut être normal. Il ignore tout (du coup le lecteur aussi). Puis tu joues avec le suspense en multipliant des indices. Mais pb: tu ne pourras pas nous faire vivre de l'intérieur ce qu'elle vit. Tout au plus, on aura un témoignage à travers des monologues qu'elle nous dira. Par contre, ici, il y a un vrai suspense à construire, notamment sur la nature mystérieuse du père. L'un des mystères que tu n'exploites pas assez, c'est pourquoi ce dieu a eu besoin de créer un tel monstre...

Autre variante, tu racontes l’histoire du père et avec son regard. Je trouve qu'il est très intéressant pour ma part et offre pas mal de potentiel.Qu'implique être un dieu? Tu en fais quelqu'un capable de transformer à sa guise les êtres.Pourquoi est-il mauvais? Quelles sont ces motivations? Quelles sera sa réaction face à AJ? Pourquoi n'utilise pas ses pouvoirs sur lui s'il y a confrontation? Comment tue-t-on un dieu? Pas d'une simple balle, j'espère...
A la limite, il a suffisamment d'intérêt pour pouvoir resservir dans une autre histoire (ou en faire un adversaire plus récurrent d'AJ.

Mais visiblement, ce qui t'intéresse, c'est ton personnage féminin. Si c'est le cas, je t'invite alors à raconter l'histoire uniquement à travers son regard et de jouer avec sa subjectivité. Le fait qu'elle ignore sa nature (et à la limite qu'elle ait une vision complètement biaisé un monde même) en fait un défi intéressant et stimulant pour écrire. En tout cas, selon mes critères à moi. Si tu y mettre AJ, alors fais-le plus comme un figurant, un PNJ. C'est d'autant plus nécessaire que tu dois raconter ici l'histoire avec un regard enfantin.

Sinon, plus dans le détail:

Séquence 1: je trouve que tu tapes trop dans le cliché avec le repas guindé et la stature du père. Encore une fois, je pense que tu dois creuser ce personnage. Même si tu ne veux pas le développer, tu dois le travailler, connaître sa personnalité, ses motivations. Tu n'arriveras à mon sens à donner de la profondeur à ton histoire que lorsque tu auras plongé dans son âme à lui. Bien entendu, tu peux après continuer à le laisser hors-champ, mais il me parait important que le lecteur sente le poids de sa présence.
Autre point: le cauchemar. Je pense que c'est une scène clés. Pour moi cela doit être la scène 1 en son entier (ou appelle-la la scène "zéro"). C'est là où tu vas jouer avec le lecteur en lui présentant un décor ou mystérieux et ambigu. Donc avant de te lancer, tu dois avoir une vraie vision d ce cauchemar parce que si c'est juste faire rentrer maman qui va calmer sa fille parce qu'elle fait un vilain cauchemar, tu vas pas intéresser grand monde si tu ne détailles pas le dit-cauchemar...
Autre point, là aussi, le personnage de la mère doit être défini. Sinon, si tu en fais une mère lambda, tu vas renforcer la dimension cliché. Et même chose, c'est un personnage intéressant. Elle sait sa vraie nature, elle sait qu'elle doit sans cesse mentir à l'enfant et elle doit se faire passer pour une mère alors qu'elle ne l'est pas (si j'ai bien compris). C'est quand même pas rien ce que tu demandes à un tel personnage. Il lui faut de vraies motivations. Et plus tu t'éloigneras des lieux communs sur les vampires et plus ça sera intéressant. Donc là aussi creuse cette mère. Et réfléchis bien à toutes les implications sur la relation qu'elle intervient avec cette jeune fille.

Scène 2: elle est très scénarisée, mais elle ne peut être crédible que si tu la racontes avec un regard d'enfant, donc avec la part de naïveté que cela implique. Mais tel que tu résumes, on a l'impression que la fille ne réagit pas. Or tu parles d'une petite fille qui voit sa mère se faire dévorer! Pour ma part, j'ai le sentiment que c'est un peu excessif pour raconter l'histoire. Soit elle voit sa mère se défenestrer soit dévorer par des loups, mais pas les deux... Si tu veux utiliser les deux, alors exploite la scène des loups pour le cauchemar du début sans que ce soit la mère (ça peut être une servante qu'elle aime bien).

Scène 3: J'ai du mal à sentir Havelock dire à sa fille une telle chose. Si c'est un dieu, comment dire... Garder le corps dans une cave et dire à une enfant, n'y va pas, y a un côté ridicule. Il y a ici deux choses différentes: le mensonge du père sur la mort de la mère et les événements qui se passe dans la cave. Les associer ici me parait très téléphoné. Il est beaucoup plus intéressant de jouer avec le regard de l'enfant. Plus tu rendras l'exploration logique pour son âge, avec une autre motivation que d'y trouver sa mère, mieux ça sera. Parce qu'un père ne dirait jamais ça s'il ne veut pas que l'enfant y aille. Il dirait plutôt: je t'interdis d'aller dans la chambre de ta mère parce qu'elle a besoin de repos absolu. Donc le mystère pour l'enfant est de découvrir plutôt que sa mère n'est pas dans la chambre. A toi ensuite de lui trouver une raison d'aller voir en bas...

Scène 4: j'ai peur que ce soit très très cliché... Ce serait bien que tu t'empares du mythe du vampire en sortant des lieux communs. Crée-toi ton propre vampire avec son propre mythe. Donc ici, on bascule avec le regard d'AJ. Je trouve que si tu racontes l'histoire avec ce déroulement, alors cette scène ne sert à rien, tu vas éventer tout suspense...
Il faut que tu donnes de vraies motivations à AJ. Parce que le pillage, ça fait un peu léger. Je trouverai plus intéressant que tu présente carrément sa mission comme complexe et non comme fouillé un truc abandonné.
J'ai un peu chaque fois ce problème avec AJ dans tes dernières histoires. On a l’impression qu'il n'a aucune raison d'être dans les histoires. Si tu veux qu'on s'intéresse à l'histoire et à ton personnage, il nous faut de vrais motivations. Si c'est un pilleur, faut que tu le montres intéresser par l'argent facile. Si c'est le défi de faire un truc difficile, alors il faut que ce soit un truc difficile. Si c'est percer un mystère, alors il faut nuos présenter le mystère et pourquoi ça l'intéresse et quelle motivation il a à le percer etc.
Sans ça, tu as des personnages "robots" avec lequel on aura du mal à avoir de l'affect.Il faut donner envie au lecteur de partager ce qu'il va vivre. Sinon on a un lecteur spectateur passif qui regarde de loin.
Accessoirement, je vois mal un dieu vivre incognito et ignoré de tous... Bref, ton idée me parait assez bancale.

Scene 5: Quand je lis ta scène, je me dis qu'il me manque un train pour comprendre la jeune fille... Donc, même chose, cela devient un peu cliché. Tu peux pas effacer une relation fille père en claquant des doigts. Un enfant (bon faudrait mieux définir son âge mais si elle joue avec un cerf-volant je la vois pas avoir plus de 12 ans), même avec des parents monstrueux, ne les juge pas comme ça, surtout si son père ressent un vrai amour pour elle (c'est là où tu dois définir ton personnage de dieu: pourquoi il a eu besoin de créer une telle fille? De là tu pourras mieux définir la réaction de la fille). C'est plus tard qu'un enfant put rejeter ses parents, vers l'adolescence ou en tant qu'adulte. Cela implique que l'enfant est trouvé sa propre personnalité et en ait suffisamment conscience pour s'affirmer face à ses parents, c'est pas une mince affaire, surtout face à un dieu (oui, parce que si c'est un dieu, autant le faire plus intelligent et lucide qu'un humain lambda, or généralement, on en fait de gros crétins définis par un unique trait de caractère, là où l'humain s'avère plus complexe, mais bon, passons)..

Scene 6: Tout parait trop simple ici. Et autre point, tu occultes le seul sujet intéressant: que vit et ressent cette jeune fille? Pour moi, tel que tu donnes tes motivations, c'est tout l'enjeu de l'histoire: une jeune fille ignore qu'elle est une vampire et se croit une jeune fille normale. Comment peut-on accepter cette réalité? Accessoirement, si elle l'accepte, c'est pas trè-s cohérent avec l'attitude qu'elle a avec son père. Elle devrait lui en être reconnaissant. OU alors, elle ignore que c'est mal parce que l'éducation du père l'a entretenu dans l'idée que c'est normal, avec aussi une question morale: peut-on la condamner à être ce qu'elle est? Or la réaction de Jones prouve implicitement que tu la condamnes ou que, finalement, son histoire ou ce qu'elle doit assumer ne t'intéresse pas. Tu escamotes ton histoire là où les enjeux les plus intéressants autour du personnage de cette jeune fille me paraissent les plus passionnants.
Bref, ce sont des points que tu dois creuser avant. Cela rendra ton histoire plus riche et des enjeux plus forts.

Bon, c'est pas forcément l'histoire que tu voyais, mais, moi , en tant que lecteur, si tu veux m'intéresser avec une histoire de vampire, il va falloir sortir des lieux communs. Et il en exite tellement qu'il te faut un vrai regard et non un élément un peu décoratif. Bon, je ne dis pas que tout ce que je dis est génial ou pertinent, mais cela doit te donner l'occasion de te poser des questions qui t'aideront énormément au moment de l'écriture, surtout si tu veux pas avoir des personnages transparents. Accessoirement, si tu les définis parfaitement dans ta tête, tu verras aussi qu'ils auront une petite voix dans ta tête qui t'aidera à bâtir de meilleur dialogue, avec également de vraies oppositions, notamment si tu fais ta scène du repas. Ce travaille t'aidera à créer la tension que nécessite cette scène à travers le poids de chaque personnage.

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il y a 7 ans 10 mois #21000 par Iggy Grunnson
Merci pour ce retour, c'est pas mal d'avoir cet éclairage à ce stade là de la confection de l'histoire (et c'est bien ce que j'espérais d'ailleurs).

Globalement, tu as vu juste sur les points qui me tracassent, à part pour quelques uns où mon message initial était trop flou - mais je ne voulais pas non plus en faire un roman.

Concernant AJ tu as tout à fait raison, en fait j'ai balancé entre deux approches (soit centrer l'histoire sur sa rencontre avec l'héroïne, soit le traiter comme un "PNJ") et la solution intermédiaire est un peu bâtarde.
Une idée serait de vraiment les placer, lui et l'héroïne, au même niveau, en organisant l'histoire autour de l'alternance de leurs points de vue - jusqu'à la scène finale de la rencontre. Concrètement ça reviendrait à décaler la scène 4 après la scène 2, et à créer une nouvelle scène intermédiaire (AJ approche du chateau ?) en lieu et place de la scène 4 initiale. J'aime bien cette approche car elle a le mérite de dynamiser le récit. En plus il y a certaines informations qui me semblent difficiles à faire passer au lecteur par le seul biais de l'héroïne, avoir deux points de vue complémentaires peut être intéressant de ce point de vue là. Enfin, le point important vis-à-vis de la caractérisation d'AJ (et qui dépasse le cadre de cette seule histoire) c'est qu'en réalité il est un descendant du peuple qui a bâti le château abandonné, et qu'il "pille" en réalité l'héritage de ces ancêtres pour le revendre (c'est un point qui a été évoqué dans une autre histoire).

L'autre option, c'est de garder AJ en réserve jusqu'au bout, et de rester sur le point de vue de la fille. A la toute fin, un intrus est identifié dans le château, Havelock s'assure que la fille est en sécurité dans sa chambre avant d'aller s'occuper de l'intrus, la fille profite de ne pas être surveillée pour partir en exploration et finit par tomber sur AJ. Quelque chose comme ça...


Pour les autres personnages :
- La mère, en fait une nourrice en quelque sorte, je la vois un peu comme une femme battue (même si elle n'est pas maltraitée en pratique). Elle est consciente du caractère cauchemardesque de la situation, mais elle maintien les apparences à cause de son affection pour la fille.
- Le dieu, Havelock, est déjà un personnage "récurrent" des aventures d'AJ... Même si en réalité on n'a croisé que ses subalternes jusque-là. Il n'est pas vraiment maléfique même s'il peut commettre des monstruosités, et ce qui le caractérise c'est son obsession "passive" pour le suicide, à savoir qu'il sait tous les projets qu'il mène condamnés à l'échec. La fille est une expérience typique de sa pensée, il cherche un peu de compagnie et de tendresse mais il sait bien qu'avec de tels fondements (c'est un monstre qu'il a créé) leur relation est vouée à mal finir.

Pour le cauchemar, par contre, mon idée est que dans la première scène on n'ait pas d'idée sur la nature exacte du cauchemar, seulement sur son intensité. La deuxième scène, de nuit, doit elle même avoir un caractère onirique de sorte que le lecteur ait l'impression (en tout état de cause, qu'il comprenne) qu'il s'agit d'un cauchemar typique de celui qui a précédé le début de l'histoire. La mère n'est pas dévorée, Havelock la sauve, mais le fait que le lendemain matin il annonce à la jeune fille que sa mère sera remise sur pieds en quelques jours renforce chez le lecteur que la scène précédente n'était pas réelle... Sauf qu'en réalité la tentative de suicide de la mère était bien réelle, et qu'elle ne peut guérir en quelques jours que parce qu'elle même est un vampire!
Les cauchemars ne sont donc pas des rêves, mais les souvenirs flous que la fillette garde de sa vie nocturne - et de ses tueries. Le but est de ne faire cette révélation que très progressivement.

Pas mal par contre ton idée que Havelock interdise à la fille de se rendre dans la chambre où la mère est sensée se reposer, et qu'en fait elle n'y est pas. Il faut bien comprendre qu'à ce moment là (sc. 3), Havelock laisse entendre à la fille que sa mère souffre d'une maladie bénigne, pas qu'elle s'est jetée par sa fenêtre!


J'ai un peu réfléchi à tes remarques sur la fin, et je me dis - pour recentrer plus les choses sur la fille - que ce serait pas mal de conclure sur ses retrouvailles avec sa mère. Du genre : elle est dans les souterrains à la recherche de sa mère, pendant qu'AJ est lui aussi en exploration > un jeu de pistes s'engage entre eux > au moment où AJ comprend qu'elle n'est pas juste une fillette mais une créature assoiffée de sang, il la retrouve dans les bras de sa mère, tremblante de peur > et renonce à les détruire...

Un dernier mot sur le terme de "cliché" qui revient régulièrement dans ton analyse : je ne nie pas entièrement, mais en ce qui me concerne j'aime bien jouer avec les clichés, surtout pour une histoire courte... J'aime me fondre dans des codes établis, reprendre une imagerie très classique. Après j'espère que le traitement que j'y apporte fait que mon histoire reste au final pertinente et intéressante! Mais c'est sûr que c'est une différence très forte entre nous, mon travail est plus "dérivatif" à partir d'œuvres existantes (comme c'est le cas pour cette histoire ou pour "lorsque les brumes se dissipent") alors que tes textes ont une personnalité immédiatement reconnaissable - tu fais du "Zarathoustra" avant de faire de la fantasy!


Pour en revenir à mon projet, il faut que tout ça mûrisse mais le moins qu'on puisse dire c'est que tu m'as donné du grain à moudre. Merci!

Iggy

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il y a 7 ans 10 mois #21002 par Zarathoustra

- La mère, en fait une nourrice en quelque sorte, je la vois un peu comme une femme battue (même si elle n'est pas maltraitée en pratique). Elle est consciente du caractère cauchemardesque de la situation, mais elle maintien les apparences à cause de son affection pour la fille.

Ici, tu décris plus une fonction ou des faits structurant de ton personnage, mais en aucun cas une personnalité. Tu dis que c'est une femme battue. OK. Mais comment le vit-elle? Elle l'accepte parce que elle a un complexe d'inferiorité et qu'elle croit ne jamais en faire assez? Parce qu'elle aime le dieu? Parce qu'elle a des penchants masochistes ou auto-destructeur? OU au contraire, elle rumine sa vengeance? Comment vit-elle le fait d'être une vampire? Pourquoi aime-t-elle cette file qui n'est pas la sienne? Vit-elle sa maternité par procuration? Quelle est sa relation avec le "père"? Est-elle prête à le défier pour préserver "sa" fille? Jusqu'où est-elle prête à aller pour lui? Pour elle? Bref, quelles sont ses vraies traits de personnalité...

- Le dieu, Havelock, est déjà un personnage "récurrent" des aventures d'AJ... Même si en réalité on n'a croisé que ses subalternes jusque-là. Il n'est pas vraiment maléfique même s'il peut commettre des monstruosités, et ce qui le caractérise c'est son obsession "passive" pour le suicide, à savoir qu'il sait tous les projets qu'il mène condamnés à l'échec. La fille est une expérience typique de sa pensée, il cherche un peu de compagnie et de tendresse mais il sait bien qu'avec de tels fondements (c'est un monstre qu'il a créé) leur relation est vouée à mal finir.

C'est vraiment un personnage original avec du potentiel. Pas facile à faire passer effectivement dans une histoire...

Une idée serait de vraiment les placer, lui et l'héroïne, au même niveau, en organisant l'histoire autour de l'alternance de leurs points de vue - jusqu'à la scène finale de la rencontre.

Pour ma part, je crois que je traiterai en faisant deux histoires parallèles distinct, un peu comme je l'avais fait avec La Sentinelle et Les Démons. Cela permet de donner des éclairages différents, de jouer avec les ellipses et la subjectivité, ainsi qu'avec l'imagination du lecteur pour qu'il bouche les trous entre les deux histoires. D'autre part, le lecteur qui connait les deux histoires pourra trouver une plus grande richesse à l'ensemble. Et tu verras aussi que cela te permet plus loin dans l'histoire de chacun puisque tu n'as pas à te préoccuper de l'autre personnage (de ce qu'il vit ou pense ou ressent). Et tu peux aussi donner une vision de l'autre plus subjective et donc plus réaliste pour construire un vrai personnage. Cette subjectivité me parait importante d'ailleurs pour montrer les personnages de la mère et du père. Le regard d'une enfant est forcément déformé mais tout en donnant accès à une dimension plus intime, là où le regard d'un adulte, assez extérieur qui plus est, sera plus "objectif" mais parfois plus superficiel. Moi je trouve l'approche passionnante.

Sinon, il faudra effectivement raconter l'histoire en alternant les séquences de tes personnages. Tu peux d'ailleurs fort bien faire chevaucher les séquences ou donner des informations que le lecteur n'est pas en mesure de comprendre sur l'instant comme le fait régulièrement Tarantino, mais qui éclaire totalement différemment une séquences futures quand on complète le tableau.

Bref, que ce soit l'un ou l'autre, moi, j'aime bien le côté ludique de ce type d'écriture. C'est une sorte de jeu avec le lecteur. A toi d'en faire un complice.

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