Tempus Edax Rerum

Tempus edax rerum

Alors que dépérit
Lentement la tige fleurie
Que s?envolent les pétales
Ne reste-il que le mal ?

De la graine au pistil
N?est-ce que futile ?
De l?humide humus au ciel
Rien n?est donc éternel ?

Ainsi faillit la fleur
Quand vient son heure
Elle chute dans la boue
Car le temps détruit tout

Tandis que s?éteignent les étoiles
Et que se dissipent les voiles
Le temps continue d?avancer
Distribuant ses mortels baisers
Irrémédiablement, entraînant la Chute
Tous savent que vaine est la lutte
Mais continuent de se battre comme des loups
Peut importe car le temps détruit tout

Tempus edax rerum
Car rien ne revient
Des limbes de la Fin

S?écroulent les cités
S?enfonce l?humanité
Disparaissent les pierres
Vestiges de ce qui fut une ère

Lianes rampantes et voraces
Qui dépouillent tel des rapaces
Plantes vertes grimpantes
Mettent à bas tours et temples

Intempéries qui abattent
Ouragans qui érodent
Murs d?esprits qui chutent
Mais toujours résonnent
Les psaumes et les chants
Qui ont fait la gloire d?antan
Qui ont fait la gloire?
D?un peuple à présent noir
Entre les cris du vent?
Persiste la grandeur de jadis
À présent que finit l?abysse
Entre les cris du vent?
Percent les âmes du passé
À présent que tous ont décédé
Entre les cris du vent?
Ce qui fut s?entend
Entre les cris du vent?
Transperce l?amertume
De voir ce que nous fûmes
Et ce que nous sommes
Après l?automne
Après la Chute?
Entre les cris du vent?
Tout semble vain
Tout est vain
Ainsi disparaissent les fous
Car le temps détruit tout

Tempus edax rerum
Car rien n?est vivant
Au fond du Néant

Ainsi tombe l?humanité
Tel un météore du ciel étoilé
Vaincue par le temps
Car elle n?est qu?éphémère
Et ne sera jamais mieux d?avant
Sur cette Terre qui est sa Mère

Ainsi tombe l?humanité
Dans une abysse sans fond
Dans un gouffre sans fin
S?annoncent les durs lendemains
S?effondrent les tours de béton
S?éteint une humanité

Le temps, géant dévastateur
À qui personne ne résiste
Le temps, titan destructeur
Qui toujours persiste
À vouloir annihiler toute vie
Et ce pendant l?infini

Le temps qui détruit tout...
Même les plus fous

Tempus edax rerum
Car rien n?est fort
Au fin fond de la mort

Tempus edax rerum
Le temps qui détruit tout
Peu importe où?

Tempus edax rerum

La pensée humaine est la chose la plus éphémère qu?il soit.
À peine est-il né que l?humain ne pense plus. Il régresse.

Le printemps des poètes à l'honneur ce mois-ci sur les Chroniques, avec un superbe poème de Gulzan.

Le spleen semble t'avoir envahi cher ami, voilà un poème bien sombre où le vent, une fois encore, charrie en son sillage les souvenirs t'antant.

Le poème m'a fait un clin d'oeil personnel, à un moment où je suis plongé dans mes méditations concernant le chapitre troisième des Chroniques du Ponélion. Voilà un beau morceau que la Grande Prêtresse aurait pu déclamer à Alandëlle ! Mais les paroles sybilines sont parfois trompeuses, et ma jeune héroïne sait à juste titre s'en préserver.

Un grand bravo encore !

Jolie poëme Gulzan assez annonciateur de l'apocalypse de l'humanité!! Le temps sera notre fin c'est sûr car de tout évidence il gagne toujours...
Bien à toi
Abyss

C'est marrant que tu mentionne les Chroniques du Ponelion et la Grande Prêtresse ! J'y ai pensé en parcourant le poème. Comme quoi, les esprits se rencontrent...
J'ai également pensé (et c'est normal me direz-vous) au Chant du Temps. Faut dire que tout y était : même auteur, emploi de "tempus", la forme choisie (un poème ne se rapproche-t-il pas d'un chant ?). Je verrais bien ce poème en introduction ou en conclusion du Chant du Temps.

J'apprécie beaucoup les ruptures de rythme, où l'on passe d'une strophe de quatre vers à une succession rapide de vers, ce qui s'adapte bien au fond (vents, tempête ouragan.. Ca bouge tout ça).

Gulzan, inspiré, écrit: Le temps, titan destructeur

Jolie allitération ! Le genre de truc que tu met en signature et qui est en plus une réalité.

Le même, plus philosophique, écrit: La pensée humaine est la chose la plus éphémère qu?il soit.
À peine est-il né que l?humain ne pense plus. Il régresse.

Houlà, c'est bien sombre tout ça. Si j'ai bien compris, l'humain pense avant de naître ? Et je ne dirais pas "régression", au contraire : il y a une évolution constante avec l'âge et une tendance vers une pensée plus sage (cf. Socrate... je crois ).


Bref, je souhaiterais voir ce poème figurer au menu de la prochaine Maj.

Par contre, faudra que tu m'explique "tempus edax rerum"... :

En fait ce poème aurait du être une chanson dont le refrain aurait été Tandis que s?éteignent les étoiles
Et que se dissipent les voiles
Le temps continue d?avancer
Distribuant ses mortels baisers
Irrémédiablement, entraînant la Chute
Tous savent que vaine est la lutte
Mais continuent de se battre comme des loups
Peut importe car le temps détruit tout

Mais j'ai préfér la version poème. Sinon je n'avais moi-même pas fait le rapprochement avec Le Chant du Temps (merci à vous) Et il est vrai que cela serait une bonne intro à l'histoire.

Tempus Edax Rerum, c'est du latin et cela signifie "Le temps détruit tout". Je ne suis pas sur de la traduction puisqu'elle est tirée d'une BD (Zone mortelle 2ème volume).

Le même, plus philosophique, a écrit:
La pensée humaine est la chose la plus éphémère qu?il soit.
À peine est-il né que l?humain ne pense plus. Il régresse.

Houlà, c'est bien sombre tout ça. Si j'ai bien compris, l'humain pense avant de naître ? Et je ne dirais pas "régression", au contraire : il y a une évolution constante avec l'âge et une tendance vers une pensée plus sage (cf. Socrate... je crois ).

Oui c'est sombre mais bon, c'est une vision personnelle des choses. Évolution, régréssion, tout dépend de ton jugement de l'humanité.

Gul'

Bravo gugul !!!

C'est vraiment magnifique, surtout le refrain !!! et ce paragraphe là :

Intempéries qui abattent
Ouragans qui érodent

C'est vraiment génial, beaucoup de courts vers qui décrivent ce que les grands ne peuvent décrire... c'est magnifique !!!
Les courts vers evoque aussi la rapidité du temps qui passe !! Bravo !!!


il y a de l'irrégularité dans les pieds, ce qui n'enlève rien à la trame du poeme par ailleurs...

A+++

Pour les pieds (c'est bien les syllables ?), je me suis décidé tout au début de ne pas me casser la tête avec ça ! J'ai toujours trouvé ça chiant...Enfin, c'est tout à fait personel.

Gul

Ma position rejoint la tienne quant aux pieds d'un poème (oui, il s'agit bien des "syllabes", à quelques détails près). Vivent les vers libres !

Notre démon favori écrit: Oui c'est sombre mais bon, c'est une vision personnelle des choses. Évolution, régréssion, tout dépend de ton jugement de l'humanité.

Bien, je comprend ce que tu voulais dire. En effet, "évolution" et "régression" sont deux termes applicables. Mais je ne partage pas forcément ton point de vue... Diantre, les Chroniques auraient-elles des tendances philosophiques à leurs heures perdues ?

J'avais bien compris "tempus rerum", mais je séchais sur "edax"... Je vérifirais la traduction auprès de ma prof de Latin, dès demain matin.

Tempus edax rerum : Le Temps est destructeur de toute chose. Citation (originelle) d'Ovide dans Les Métamorphoses, suivie de "tacitisque senescimus annis" "Et en silence les années nous conduisent à la vieillesse". A noter que cette citation était autrefois reprise assez souvent comme maxime sur les cadrans solaires, tout comme le célèbre "Tempus fugit velut umbra" (Le Temps s'enfuit comme l'ombre).