Les Martyrs - un travail de réécriture
- Mr. Petch
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Le premier chapitre est dores et déjà publié dans la bibliothèque (d'ailleurs si c'est possible de supprimer la précédente version de ce même chapitre... merci d'avance !)
Je me suis dit que pour agrémenter un peu cette réécriture et me donner du courage (et parce que le sujet est à la mode sur le forum ces derniers mois!), j'allais faire sur ce post une sorte de journal de réécriture, au fur et à mesure...
Finalement, et contrairement à ce que j'avais annoncé dans un précédent post, cette réécriture est davantage une reprise du texte précédent qu'une véritable reprise à zéro.
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Chapitre 1 :
Dans l'ensemble, le style du texte me convenait et n'avait pas soulevé de fortes protestations. De ce point de vue là, les modifications ont donc été ponctuelles, étoffer quelques descriptions par ci, reconstruire quelques phrases par-là. L'enjeu global, que je vais essayer de poursuivre dans les chapitres suivants, aura été de rendre plus homogène le style (il y avait eu une remarque de Demosthène sur ce point) et de mieux assumer une écriture alambiquée, copieuse en adjectifs, presque prétentieuse voir insupportable par moment. La seule véritable modification sur le style a consisté en la suppression de marques d'intervention du narrateur : c'était une piste que je n'avais finalement pas suivi dans les chapitres suivants. En revanche, j'ai tenté d'insister sur la dimension indirectement ironique de ce narrateur, notamment dans les descriptions du pauvre Donatien qui, décidément, ne s'en sort guère mieux cette fois. J'espère que cela se sent, l'objectif étant au final d'imposer au lecteur une distance, une identification ambigue, que ce soit envers Donatien qu'envers Agratius et Ophélia.
Les modifications ont donc principalement concerné certains points de l'histoire.
Les dialogues Agratius/Donatien ont été légèrement revus, notamment pour éviter de faire apparaître d'emblée Agratius comme un mystique.
Surtout, j'ai tenté de mieux préparer la névrose maternelle de Donatien en insistant plus tôt sur sa mère et en construisant un "mensonge" autour de sa mort pouvant justifier son attitude finale dans le robot, comme une forme de vengeance.
La fin de Donatien a été largement revue. Il ne meurt pas accroché à un croc de boucher, et j'ai supprimé l'idée d'une "vengeance" du robot qui se rebelle contre son créateur. Les intentions et l'action me semblent ainsi plus claires. La phrase d'Agratius "Tu as perdu Donatien" a été avancée, sur la suggestion de Feurnard, pour ne pas constituer la phrase finale, même si, je l'espère, on comprend clairement que Donatien est désormais hors jeu.
Deux scènes importantes ont été revues dans la partie finale :
1. L'apparition du robot V. Les remarques autour de cette apparition avait souligné son aspect bien trop soudain. J'ai donc essayé d'y aller plus progressivement, d'autant plus que les descriptions de la mère de Donatien préparent un peu cette apparition. La scène de destruction a été modifiée, réduite à certains éléments essentiels tandis que certains éléments pointés dans les commentaires (notamment les gardiens déguisés en arlequin et le canon à boulet rose ont été supprimés).
2. Le discours d'Ophélia à Donatien par la pensée. Il y avait là deux enjeux :
- trouver un style de discours qui serait celui d'Ophélia et pourrait être repris dans d'autres scènes identiques par la suite
- faire comprendre au lecteur le "pouvoir" d'Ophélia, celui de lire les pensées et de les diriger
Sur le premier point, après plusieurs essais, j'ai opté pour un style direct (Ophélia tutoies sa "victime") et qui soit proche de l'écriture administrative, pour la froideur. J'espère que ça rend bien... J'attends vos commentaires sur ce point, j'ai pris du temps pour décider ce que devait être la voix d'Ophélia qu'on verra revenir par la suite. Il me fallait un mélange de cruauté dans le contenu et de douceur dans la forme.
Sur le second point, je croise les doigts pour que ce mécanisme soit clair, pour que le lecteur ait bien compris qu'Ophélia est là pour "imposer" une vérité, une lecture ultra-rationnelle des événements jusqu'à la cruauté, et aussi qu'elle possède, par le discours mental, un pouvoir de persuasion. Comme ça va revenir voire constituer un enjeu dans la seconde partie, il faut vraiment que le lecteur ait bien compris cela...
Voilà ! Vos commentaires sont les bienvenus... Le chapitre 2 prochainement, je l'espère.
Mr Petch
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- Mr. Petch
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Je voulais absolument garder la découverte de l'éveil des machines, mais celui-ci était trop peu connecté avec le reste du récit, et notamment avec le noeud de ce chapitre : la rencontre d'Agratius et Ophélia avec le cirque de Saturne. La première étape a donc consisté à modifier le premier passage, le moment où Agratius s'aventure seul dans le hangar et découvre les machines. Si l'ambiance et le contenu est globalement le même, deux modifications sont intervenues, surtout sur le sens à donner à la scène :
- les machines n'apparaissent plus comme les rebuts du "temps des campagnes", une intrigue que j'ai complètement perdu par la suite et qui apporte peu de chose à l'intrigue principale, mais elles deviennent les restes d'un cirque, celui du père de Saturne. De cette façon, j'espère mieux relier la découverte des machines avec la rencontre du cirque, et par-là aussi expliquer la présence des forains dans la propriété, puisqu'il s'agit de leur ancienne demeure.
- dans la première version, Agratius "déduisait" des ruines la vie avant l'abolition des campagnes, avant l'abandon des lieux. Feurnard soulignait à juste titre que la connaissance dont il faisait preuve paraissait surprenante pour un enfant ayant passé sa vie dans les jeux de l'orphelinat. J'en ai tenu compte en y ajoutant le fait de faire de la découverte des machines un outil d'insertion dans l'esprit d'Agratius, qui est après tout un personnage plutôt secondaire du premier chapitre. D'où l'idée de passer de phrases impersonnelles au début, avec une focalisation qui peut encore sembler celle d'un narrateur omniscient, à une description des pensées d'Agratius, et ce principe est censé rester dans la suite du récit où le narrateur suit globalement les pensées d'Agratius ; lorsqu'il dévie sur d'autres personnes, cela doit être par l'intermédiaire du pouvoir d'Ophélia. De ce fait, Agratius déduit moins, se trompe éventuellement, et j'évite de faire survenir un passage explicatif incongru au milieu d'une scène de description.
En revanche je crains d'en avoir encore trop fait dans la description... Trop de qualificatifs...
Sur la suite, il me semblait qu'il y avait peu de modifications à faire : la scène de rencontre fonctionnait plutôt bien. Une fois de plus, comme dans le chapitre précédent, j'ai tenté d'homogénéiser le style et de donner une tonalité un peu ironique au narrateur, à la fois quand il suit la pensée d'Agratius et quand il décrit les autres personnages.
L'autre modification primordiale était la voix à donner au professeur Sapiens. Comme pour la "voix" d'Ophélia dans le chapitre précédent, j'ai beaucoup hésité, j'ai éliminé ma première solution, trop complexe à mettre en oeuvre, de l'emploi de mots savants mal à propos, et j'ai opté pour quelque chose de plus classique et de plus raccord avec le reste du style : un ton profondément obséquieux avec beaucoup de circonvolutions et d'hésitations, qui puisse aussi trancher avec les paroles nettes d'Agratius.
La scène finale, que j'aimais bien, reste la même.
Mr Petch
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- Vuld Edone
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Si je m'arrête déjà là, c'est parce que deux remarques formelles me sont venues en tête, et comme ça faisait longtemps je voulais m'arrêter dessus.
À noter que cela concerne le premier paragraphe, il se peut donc que ce soit juste pour ce passage et que ça ne s'applique pas au reste du texte.
Quoi qu'il en soit :
Et c'est comme ça qu'on fait l'accroche d'un texte.Au signal d'Agratius, Donatien sut que le jeu commençait.
C'est ici que je me suis fait la réflexion que "laissés à leurs propres vertus" est de trop - ou, plutôt, déroge à la norme.Mentalement, il se répéta les règles milles fois instruites par son ami, et son jeune esprit, vif comme l'est celui des enfants laissés à leurs propres vertus,
On a donc le jeu puis les règles du jeu, donc Jeu(Jeu, Règles) et on a Donatien puis l'esprit de Donatien, donc Donatien(Donatien, Esprit). Cet esprit est ensuite décrit, jeune et vif : Donatien(Donatien, Esprit(Esprit, jeune, vif)) et cette vivacité est à son tour développée sur les enfants : Donatien(Donatien, Esprit(Esprit, jeune, vif(vif, enfant))). Puis les enfants sont à leur tour décrits.
De fait, "enfant" et "jeune" sont également liés, et même si à ce stade le lecteur ne sait pas encore que Donatien est un enfant, il est encore dans l'histoire. D'autre part l'esprit vif est lié au jeu et à ses règles, là encore une information pertinente.
Par contre, et à ce stade du récit, la remarque sur les vertus semble hors de contexte, une intervention du narrateur et donc une "lourdeur", une précision de trop. Ou de pas assez. Comme pour "vif" et "enfant", la vertu pourrait être ramenée directement à Donatien en continuant encore la phrase.
En fait, et surtout à ce stade du récit, je pense que tu n'as pas le droit d'abstraire. La situation n'est pas encore suffisamment posée pour généraliser : tout doit se rapporter à Donatien.
Et c'est ici ma seconde remarque, ce "il" qui est Donatien mais qu'à la lecture je n'ai su qu'en connaissant l'histoire.Dans l'orphelinat endormi, il trottait d'un couloir à l'autre, poussait délicatement des portes sur des salles absentes qu'il savait vides (...)
J'ai souvent eu cette remarque sur mes propres textes, et cela ne fait que quelques mois que j'accepte de préciser le plus clairement possible qui fait quoi - on se rappellera mes scènes où on ne sait même plus qui parle, et oui c'était volontaire. Je suis donc assez sensible à la question.
Ici, à un moment, on peut se demander si ce n'est pas Agratius qui agit.
De fait, on ne sait encore quasiment rien de Donatien, et deux individus ont été introduits. On a l'introduction de l'orphelinat et ce "il" peut être, à ce stade du texte, n'importe quoi, même si une fois le contexte réinstallé, et avec de l'attention, le doute n'est pas permis. Le lecteur n'a juste pas autant d'attention que ça.
Il faudrait donc remplacer ce "il" par "Donatien" ou tout autre qualificatif plus précis le désignant à coup sûr. Ou alors il faudrait l'ancrer plus solidement avant de se permettre ce "il".
Il est d'ailleurs intéressant de noter que la question ne s'est vraiment posée qu'au second "il", avec "qu'il savait vides". Le lecteur, face à une information qu'il ne comprend pas - typiquement "il trottait d'un couloir à l'autre", peut attendre que la phrase se finisse pour recoller les morceaux.
C'est à l'apparition du second "il" que je me suis aperçu que le texte ne me donnait pas cette information, et que l'individu était toujours indéterminé. C'est à ce moment que j'ai fait l'effort de deviner de qui il était question et c'est là où je me suis rendu compte qu'il était possible de confondre avec Agratius, qu'il y avait un flou.
Il serait donc possible de faire "que Donatien savait vides" pour lever l'ambiguïté. Théoriquement.
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- Vuld Edone
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Le texte est devenu sentencieux, et Donatien a beau être enfantin et la situation intrigante, le ton d'Agratius et la forme du texte fait passer l'ensemble pour une leçon donnée en classe, un ton désagréable.
Le lecteur s'identifie à Donatien et en a vite marre du ton d'Agratius.
Je me suis arrêté là :
Je confirme, à l'instant où Agratius a commencé son "très bien. N'as-tu jamais" j'ai arrêté de le lire. "N'as-tu jamais" est une expression de discours philosophique ou populaire. En tous les cas ce n'est pas raisonnable et c'est très irritant. Plutôt que "n'as-tu jamais" j'aurais préféré "demande-toi ce que les maîtres cachent..." qui demande au lecteur d'être actif plutôt que d'appuyer sur son ignorance.Quelle vérité ?, demanda Donatien.
« Tu ne comprendrais pas, Donatien. Tu n'es pas encore assez intelligent. Tu n'es pas prêt pour la Vérité. »
Mais Donatien avait insisté, car il sentait qu'une partie du jeu auquel le conviait Agratius lui échappait mystérieusement.
« Très bien. N'as-tu jamais voulu savoir ce que les maîtres cachent derrière ces jeux qu'ils nous imposent, derrière ces ruines sinistres et fantomatiques dans lesquelles ils nous emmènent ? Les ruines sont les vestiges d'un monde qu'ils veulent nous cacher. Nous le découvrirons ensemble Donatien, tous les trois. »
Et en effet, Donatien n'avait pas compris l'explication d'Agratius.
Donc quand Donatien n'a pas compris l'explication d'Agratius j'étais d'accord avec lui et beaucoup moins d'accord pour continuer "le jeu". On peut même dire en un sens qu'il me manquait Ophélia.
C'est véritablement à ce moment que le texte a commencé à me peser mais quelque part toutes les explications qu'on me donne m'ennuyaient déjà, à force d'avoir l'impression d'entendre tout le temps la même chose.
On dirait que tu as mis la patte dans un rouage et que tu n'arrives plus à t'en extraire, obligé de donner toujours plus et toujours plus d'information alors que moi, arrivé précisément à "En un bond furtif, Agratius s'était accroupi" je croyais et voulais être revenu à leur fuite. Mais il te fallait introduire l'Arme et un peu du quotidien de l'école, puis la curiosité de Donatien, puis...
C'est long.
Ce n'est peut-être pas inutile mais en l'état actuel c'est long et presque agaçant. Peut-être en commençant le texte à "Donatien connaissait Agratius...", et en supprimant donc deux paragraphes, mais on perdrait une excellente accroche et un "in media res" que j'apprécie. Ce serait la solution de facilité.
En l'état j'avoue ne pas avoir envie de lire plus loin - un peu l'effet "Ether", le texte est bien mais waaah c'est long ; ici c'est surtout lourd - aussi un peu parce que je connais l'histoire, mais surtout parce que le ton me déplait.
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- Zarathoustra
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J’avais essayé de suivre le feuilleton en le prenant en route, et j’avoue que je n’avais pas vraiment pu, il me manquait trop de repères. Je ne pourrais donc pas te faire de retour sur les améliorations. Et surtout je lis sans connaître l’histoire.
Donc Vuld Eldone a signalé que tes premières phrases étaient bonnes. En fait, en relisant je suis d’accord, mais en te liasant pour la première fois, j’ai eu l’impression d’être noyé dans quelque chose que je n’ai pas envie de lire tout de suite. En gros, tu nous accroches bien mais tu détruis ce que tu as très bien créé en voulant expliquer tes personnages et le décor. Or ton amorce réclame autre chose.
En fait, pour moi le texte a vraiment commencé par « Je cherche quelqu’un capable de m’accompagner… »
Et à dire vrai, je me verrais bien commencer par « Il nous faut un 3eme homme, ce sera toi. »
Parce que quand je suis arrivé ici, j’ai eu l’impression que ce qui suivait s’enchainait mieux. Et à dire vrai, j’ai même eu l’impression que ta description des enfants n’étaient pas nécessaire dans la mesure où tout dans leur comportement traduit ta description, donc tu ne fais dire avant que ce qu’on sent implicitement par la suite. Donc je me suis fait la remarque, finalement « même pas besoin de le dire ». C’est devenu une redondance.
A partir de là, tout ce qui est dans la première page pourrait soit être supprimé sous être développé ailleurs.
Ensuite, à partir de l’arme secrète, je trouve que tant le style que l’intrigue se déroule naturellement (à la limite, c’est même ton style qui fait l’intrigue).
J’ai après un peu décroché quand tu introduis les adultes dans la page 3. La scène de la belotte interrompu me parait traitée trop abstraitement. On lit sans voir ce qui se passe. En fait, tout ce qui concerne l’orphelinat et les adultes ne m’intéresse pas vraiment parce que je sens que ça n’a pas directement trait à l’histoire. C’est là mais ça ralentit la venue de ce que j’attends. En fait, ces interventions n’arrêtent pas de me faire dire que quelque chose m’échappe. Que ce décor n’est pas logique pour un orphelinat, que je suis aveuglé par le regard des enfants sur ce monde que tu nous montres.
Le face à face entre le gardien est Norma est à la fois bien et un peu lourd. Bon, on voit avec des yeux d’enfants, OK, le décalage entre ce qu’il voit et comprend très drôle, mais ça me parait un peu long. C’est à nouveau un obstacle à ce que j’attends : l’arme secrète.
Après, nous arrivons à la scène de V. Pour moi qui n’est pas lu le texte, c’est assez déroutant de voir un tel robot créé par des enfants. Bon, je me dis que du coup, je ne lis pas ce que je crois lire et qu’il s’agit d’une sorte de jeu imaginaire, mais la scène de la destruction dure, à tel point que je ne peux m’empêcher de voir des scènes de dessins animés (Le Château dans le Ciel de Myasaki et le Géant d’Acier, où on voit un géant d’acier se réveiller), ou à des films (Metropolis de Fritz Lang pour la Silhouette fortement érotique d’un robot et Austin Power pour les obus mammaires, donc je vois « large »). Bref, ma lecture est un peu parasité par tout ça dans la mesure où je n’arrive pas à « voir » véritablement cet orphelinat. Toutes les descriptions que tu mets détruisent l’image que j’ai inconsciemment en tête.
Par rapport à ta remarque, le fait de parler de la mère avant rend certainement moins surprenant le robot. Donc c'est bien vu. Mais, mise à part la morphologie, tu n'exploites peut-être pas assez la projection maternelle qu'il est censé être. Et rentrer dans un tel robot, ce devrait être une sorte de métaphore du besoin de retourner dans le ventre de la mère. En tout cas, tu le suggère à un moment donné, mais tu ne le montre pas. Je trouve que le regard de Donatien sur sa mère n'est pas celui d'un enfant mais d'un adulte qui désire une femme. Donc on est plus dans une projection érotique que maternelle. Maintenant j'ignore la suite et si cette idée s'insérerait bien dans ton projet, ou si c'est bien ce que tu voulais... C'est d'autant plus curieux que Donatien n'a pas de pulsions érotiques lors de la scène de l'accouplement (même si la vision que tu montre explique très bien pourquoi, mais c'est juste que je trouve que les deux projections ne collent plus).
Ca, c’était pour ce que je me perturbe. Pour le reste, tu as le passage le page2/page 3 que je trouve vraiment excellent. L’intrigue a un vrai potentiel (même si c’est pour moi encore un peu abstrait). Et tous tes personnages ont une personnalité au de la même de leur description. Il y a une sorte de cohérence entre ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent et ce qu’ils font.
Et surtout il y a ces touches d’humour distillé par le ton que tu emploies et le regard que tu portes sur tes personnages. Entre Donatien qui voit avec des yeux d’enfants et Agritus qui raisonne jusqu’à l’absurde (Donc le ton sentencieux d'Agritus ne me dérange pas, comme Vuld, parce que j'y vois une forme d'humour, une distance que tu nous pousses à avoir sur lui). Et surtout Ophélia… Je ne sais pas si c’est volontaire, mais je te trouve très vache avec elle. Tu en fais une poupée qui ne dis pas un mot, une sorte de cruche ou un doudou qu’on promènerait et quand elle parle, elle plus froide que la glace. Tes tournures hyper analytiques et alambiquées fonctionnent très bien. On sent la cruauté et la suffisance. Et on se dit qu’Ophélia a finalement tout de ces petites pestes bien élevées, imbues d’elles-mêmes et qui nous faisaient la leçon quand c’était pas bien qu’on a certainement tous connu dans les cours de récré ! et quand tu luis fais dire sa dernière phrase, on a vraiment envie de lui coller une baffe! Comme si en plus elle ne pouvait pas s'empécher de se montrer qu'elle juste et polie et sympa... La petite phrase qui tue...
Pour l’instant, par contre, je n’ai pas compris ta motivation pour écrire l’histoire. J’ai donc l’impression que quelque chose m’échappe. J’ai du mal à voir où ça peut conduire.
Voilà, si tu as besoin de précisions, fais-moi le savoir.
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- Mr. Petch
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Et je ne dis pas cela nécessairement comme une mauvaise impression : je me demande si ça ne fait pas partie de l'histoire elle-même.
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Sur vos deux commentaires du chapitre 1, il y a une même remarque sur l'interruption de l'action par des réflexions qui viennent "perturber" la lecture.
C'est véritablement à ce moment que le texte a commencé à me peser mais quelque part toutes les explications qu'on me donne m'ennuyaient déjà, à force d'avoir l'impression d'entendre tout le temps la même chose.
On dirait que tu as mis la patte dans un rouage et que tu n'arrives plus à t'en extraire, obligé de donner toujours plus et toujours plus d'information alors que moi, arrivé précisément à "En un bond furtif, Agratius s'était accroupi" je croyais et voulais être revenu à leur fuite. Mais il te fallait introduire l'Arme et un peu du quotidien de l'école, puis la curiosité de Donatien, puis...
En gros, tu nous accroches bien mais tu détruis ce que tu as très bien créé en voulant expliquer tes personnages et le décor. Or ton amorce réclame autre chose.
Et Feurnard résume assez bien mon problème :
Ce n'est peut-être pas inutile mais en l'état actuel c'est long et presque agaçant. Peut-être en commençant le texte à "Donatien connaissait Agratius...", et en supprimant donc deux paragraphes, mais on perdrait une excellente accroche et un "in media res" que j'apprécie. Ce serait la solution de facilité.
Il me faut à la fois poursuivre l'action (la fuite des enfants) et expliquer un certain nombre d'éléments. Or, il est difficile de garder les deux sans que le lecteur ne soit frustré. Je pense qu'il faut trancher à un moment donné et décider soit de commencer par les explications, le contexte, donc supprimer l'intro in medias res, soit raccourcir les passages d'explications et de flash back, quitte à perdre un peu le lecteur. Je suis un peu bloqué par cela, en réalité.
Mais il est vrai que je me suis vraiment posé la question en écrivant, et je crois me souvenir que le texte d'origine était pire de ce point de vue.
Je confirme, à l'instant où Agratius a commencé son "très bien. N'as-tu jamais" j'ai arrêté de le lire. "N'as-tu jamais" est une expression de discours philosophique ou populaire. En tous les cas ce n'est pas raisonnable et c'est très irritant. Plutôt que "n'as-tu jamais" j'aurais préféré "demande-toi ce que les maîtres cachent..." qui demande au lecteur d'être actif plutôt que d'appuyer sur son ignorance.
Clairement, par rapport à la version précédente, j'ai fait le choix de renforcer le caractère brutal d'Agratius. Ce qui explique ta remarque. Je ne dis pas que c'est un bon choix... Mais il m'est venu en relisant les dialogues Agratius/Sapiens des chapitres suivants où Agratius n'arrête pas de poser des questions, et j'avais le sentiment qu'on perdait de vue qu'il était un leader. Certes, les deux ne sont pas incompatibles. Mais dans la relation Agratius/Donatien, j'ai clairement insisté sur ce que le premier peut avoir d'antipathique.
A vrai dire c'est un de mes défis avec Les Martyrs, emprisonner le lecteur avec un héros antipathique tout en le persuadant de continuer sa lecture...
Par rapport à ta remarque, le fait de parler de la mère avant rend certainement moins surprenant le robot. Donc c'est bien vu. Mais, mise à part la morphologie, tu n'exploites peut-être pas assez la projection maternelle qu'il est censé être. Et rentrer dans un tel robot, ce devrait être une sorte de métaphore du besoin de retourner dans le ventre de la mère. En tout cas, tu le suggère à un moment donné, mais tu ne le montre pas. Je trouve que le regard de Donatien sur sa mère n'est pas celui d'un enfant mais d'un adulte qui désire une femme.
J'ai voulu améliorer l'ambiguité de la relation entre Donatien et l'image de sa mère. Dans la version initiale, tout était plus flou, et j'ai voulu clarifier le fait que cette relation était "impure". D'où l'allusion à la sexualité. Mais c'est vrai que du coup il y a un problème par rapport à sa vision de la scène de sexe dans les cuisines. Et il est possible aussi que, pour mieux faire ressortir cette ambiguité, il aurait fallu partir d'une relation plus maternelle, et les pistes que tu donnes (rentrer dans le ventre de sa mère, naturellement) sont bonnes.
Et tous tes personnages ont une personnalité au de la même de leur description. Il y a une sorte de cohérence entre ce qu’ils disent, ce qu’ils pensent et ce qu’ils font.
L'homogénéité des personnages est vraiment ce sur quoi j'ai travaillé pendant la réécriture. Et c'est assez plaisant, ça change de travailler sur le style (qui est ici relativement simple) et ça oblige à bien travailler les dialogues, en attribuant à chacun une "voix" particulière.
Je suis donc content de ta remarque... A voir si cela continue dans les chapitres suivants, où de nouveaux personnages vont apparaître.
(Donc le ton sentencieux d'Agritus ne me dérange pas, comme Vuld, parce que j'y vois une forme d'humour, une distance que tu nous pousses à avoir sur lui)
Le rapport du lecteur à Agratius est un des moteurs de l'histoire : je veux amener le lecteur à réagir "en fonction" d'Agratius, que ce soit pour s'identifier à lui, pour le détester, pour se moquer de lui...
Pour l’instant, par contre, je n’ai pas compris ta motivation pour écrire l’histoire. J’ai donc l’impression que quelque chose m’échappe. J’ai du mal à voir où ça peut conduire.
Voir ce que je disais en intro... Moi aussi quand j'écris j'ai l'impression que quelque chose m'échappe. Je crois que ma principale motivation est d'écrire une histoire qui ait l'air "artificielle", mais tout en restant suffisamment crédible pour qu'on la lise.
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- Mr. Petch
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C'est le premier qui a demandé le plus travail de réécriture au niveau de l'histoire, pour plusieurs raisons :
- il commence là où l'ex-chapitre 3 terminait, sur le retour de Rosa
- il termine plus tôt que la première version du chapitre 4, au moment où ils arrivent dans le camp (la représentation finale dans le camp est reportée au chapitre 5)
=> sur ces deux points, je dirais que j'ai abandonné l'écriture "feuilleton" pour privilégier la cohérence des chapitres. Il n'est plus question de terminer sur un "cliffhanger" spectaculaire (en l'occurrence, dans l'ancienne version, la destruction du cirque par un obus), mais plutot de donner une forme de "closure" au chapitre.
- la révélation de la rencontre entre Rosa et Johannes se trouvait avant au début, et Agratius passait le chapitre à se demander ce que leur voulait vraiment Johannes et à s'inquiéter. A présent, la révélation est à la fin
=> il y avait deux raisons à ce choix. La première est qu'il y avait dans l'ancienne version un concurrence trop forte entre l'intrigue "secondaire" (Johannes poursuivant les enfants) et l'intrigue principale (le cheminement vers le Nord et la frontière). Dans l'ordre, l'intrigue principale va se clore avant l'intrigue secondaire ; il me semblait finalement plus logique qu'à ce stade du récit, l'intrigue principale reste principale. Elle ne deviendra secondaire que quelques chapitres plus loin. Mais pour la clarté du récit, mieux valait que le cheminement d'Agratius et Ophélia reste l'objectif premier.
L'autre raison est que je voulais donner une cohérence au chapitre, et que cette cohérence m'est en partie fourni par Rosa qui ouvre et clôt le chapitre. J'ai toutefois insuffisamment exploité Rosa à la fin.
A l'origine, Agratius et Ophélia devaient, à la fin, chercher à "extraire" de la tête de Rosa sa rencontre avec Johannes, de la même façon qu'ils contrôlent l'esprit du garde. Or, cette tâche demandait de la part d'Ophélia une concentration et l'entrée dans le camp marquait un choix : contrôler l'esprit de Rosa ou celui du garde, Ophélia préférant le garde.
Mais ce bout d'intrigue m'a paru complexifier encore trop la chose, et c'est bien là mon principal défaut que de tout rendre complexe, d'ajouter des intrigues surnuméraires. Ici, je ne voulais pas faire cette erreur ; d'autant plus que le suspens était léger.
Un dernier enjeu a été de rendre moins clair le fait que la guerre annoncée est une "vraie" guerre. Compte tenu de l'univers, il me semblait important de faire persister le doute, et que les habitants croient toujours qu'il s'agisse d'un jeu de reconstitution guerrier.
Sinon, j'ai gardé des éléments importants, dont le discours de Sapiens sur la condition simiesque. Et bien sûr les scènes de montée au front par les soldats.
Globalement, je trouve que ce chapitre reste le moins cohérent, le plus fouillis, les événements s'enchaînant dans un ordre assez aléatoire... Mais j'espère avoir "épuré" ce qui était un chapitre de transition assez désordonné pour le concentrer sur les deux intrigues principales.
Mr Petch
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