Que suis je pour vous parler ainsi...
- Zarathoustra
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il y a 11 ans 2 mois - il y a 11 ans 2 mois #18790
par Zarathoustra
Que suis je pour vous parler ainsi... a été créé par Zarathoustra
Qui suis-je ? Ou plutôt que suis-je?
Car je n’existe pas.
Et pourtant, si vous entendez ma voix, vous vous dîtes que vous vous trompez, voire même que je vous mens. Je n’existe pas, je vous le répète. Pour exister, il faut vivre. Et pour que le mot « vivre » ait un sens, il faut pouvoir mourir. Donc je n’existe pas. Vous allez alors penser que je suis « immortel ». Même pas. Je suis autre chose.
Certains nous appellent des dieux. Comme c’est facile. Comme si j’avais quelque chose à voir avec tout ce que vous faîtes en ce nom. Comme si je n’avais que ça à faire que de m’occuper de vous… Et bien sûr, de le vous dire si abruptement vous rend encore plus perplexe, peut-être même désemparé…
Pour commencer, vous pouvez être juste sûr d’une chose : vous entendez bien quelque chose dans votre tête. On pourra dire que c’est un départ. Un tout petit départ car il faut une bonne fois pour toute accepter que tous les mots que vous entendez dans votre tête n’existent pas. Ils sont des idées, des concepts, mais ils n’existent pas. Ils sont là parce que vous avez ce besoin de tout classifier, de tout analyser, de tout expliquer, même ce que vous ne comprenez pas. Plus vous le faîtes et plus vous me rendez puissants. C’est comme si vous me disiez que ce qui figure sur votre écran existe. Une chaussure, c’est vous qui nommez cette chose « chaussure », mais pourquoi ? Dès le moment où les sensations qui surviennent à votre œil, à vos doigts, ne sont que des réactions à vos nerfs interprétées par votre cerveau, ce que vous nommez chaussure n’a rien à voir avec ce que moi je « vis ». Et c’est là que les choses commencent.
Donc, oui, désolé de vous le dire, mais le monde tel que vous le voyez autour de vous, tout comme ces mots, n’existe pas non plus. Toutes ces couleurs, toutes ces formes, tous ces sons ne sont que le moyen dont vous disposez pour le comprendre. Ce ne sont que des vibrations, des ondes, de la physique… Mais tout ça n’est en rien des couleurs, couleur est juste le mot que vous avez inventé pour cette illusion. Et la voix que vous entendez n’est finalement qu’un vecteur pour être compris. Et d’ailleurs, cette voix, vous ne l’entendez pas, vous la sentez au fond de vous. Vous voyez que j’ai raison quand je vous dis que tout est illusion ?
Certains disent que nous avons créé ce monde. Malheureusement non. Le monde est régi par les règles de la physique, des mathématiques ou je ne sais quel nom vous leur donnez. Les règles ne valent que parce qu’elles s’inscrivent dans un jeu. Elles ne valent que parce qu’on peut les transgresser. Alors que certains voudraient voir dans ces règles la preuve même de mon existence, de notre existence, nous subissons tout comme vous ces règles. Plus exactement elles sont ce qui nous permet de nous amuser, de créer, de lutter. Donc ces putains de règles, oui, elles existent! Et croyez-moi qu’on n’y échappe pas. Donc, oui, il y a encore, dans ce vaste monde, quelque chose qui les expliquent et qui n’est pas « nous ». Oui, dans votre langage, vous diriez qu’il y a quelqu’un ou quelque chose au-dessous de nous. Est-ce pour autant une preuve que c’est plus puissant que nous ? Je ne m’avancerais pas pour y répondre. Voilà, je vous l’ai dit, oui, il y a quelque chose qui fait que je ne peux pas faire n’importe quoi. Si ça vous fait plaisir, placez-le « au-dessus. Moi je m’en moque, parce, honnêtement, tous vos fameux concepts m’amusent. Mais il faut bien que je les emploie pour que vous me compreniez. Ne croyez pas que ce ne soient que des bêtises. J’admire votre faculté à en créer. Cela me permet juste de varier les plaisirs, d’étendre le jeu. Mais en aucun cas cela n’aide à savoir ce que nous sommes.
D’autres disent que nous avons apporté la vie à l’univers. Mais la vie n’est plus ni moins une suite de règles. Tout comme ceux qui veulent expliquer ce qu’ils ne comprennent pas en notre nom, la vie n’est qu’un mot de plus dans la longue série de ce qui n’existe pas. Vous avez défini ce mot. Mais en définissant ce mot, vous me donnez l’existence. Oui, c’est pour vous un paradoxe certainement abscons, mais telle est la vérité, vérité que certains aimerait aussi nous couvrir. Oui, pour preuve que nous existons, nous serions la vérité !!! Quelle foutaise ! Et d’ailleurs, vous-mêmes, de vous à moi, vous y croyez vraiment ? Allons, soyez honnête. Vous croyez vraiment que cette voix qui vous parle « existe » ? Allons donc, si vraiment vous entendiez des voix, que penseriez-vous ? Accepteriez-vous que nous existions (encore une fois j’utilise ce vilain mot pour vous faire comprendre) ? Seriez-vous capable de le dire tout haut autour de vous ? Et vous-même, si quelqu’un venait vous voir et qu’il vous dirait « j’entends une voix qui me parle ! », que penseriez-vous ? « Il est fou ». « Je suis fou ». Alors, pensez donc, la vérité ! La vérité serait-elle alors « folie » ? Mais je m’égare dans un de mes petits jeux dont j’ai le secret…
Pourtant, vous sentez pertinemment que ce n’est pas le cas, avouez… Cette voix, là, que vous écoutez, vous avez envie de percer son mystère. Vous attendez d’elle un secret… Un secret immense qui ferait de vous ce que vous appelleriez un « élu ». Malheureusement, de nos jours, les élus finissent dans les asiles parce qu’on ne veut pas plus les écoutez et qu’on préfère écouter ceux qui parlent en leur nom… Mais, là, avouez que c’est perturbant. Vos certitudes commencent à vaciller. Si vous n’êtes pas fou, cela veut dire que Dieu existe, n’est-ce pas ? Je vous ai déjà dit que je n’ai rien à voir avec votre concept de dieu. Mais si vous n’êtes pas fou, en qui devez-vous avoir confiance ? En moi qui communique de la sorte ? Dans cette voix que vous croyez entendre ? Ou dans cette autre qui vous dit que ce n’est pas possible ? Ah, si tout pouvait-être si simple…
Je vous l’ai dit sans le dire mais… je ne suis pas seul… Donc, bien sûr, d’autres que moi se montrent parfois tout aussi, voire même beaucoup plus bavards… Oui, c’est pas forcément facile pour vous, je le consens pour comprendre ce que je veux dire. Et j’espère pour vous que vous n’entendez que moi en cet instant… Donc, oui, nous sommes beaucoup. Suffisamment pour que vous ayez peur de nous. Mais, de vous à moi, on s’aime d’ailleurs les uns les autres autant qu’on se déteste. Appelons ça indifférence, voulez-vous ? Pourtant il suffit que parfois nous nous embrassions pour qu’une guerre éclate par ci et là. Bien sûr, c’est une métaphore parce que nous ne nous embrassons jamais, encore un de vos concepts à vous. Mais je sens que vous commencez à deviner imperceptiblement où je veux en venir… C’est bien… C’est excellent. Si, si, je ne moque pas. D’ailleurs, si c’était le cas, pourquoi perdrai-je mon temps à vous parler ? Donc vous voyez que « j’existe » et qu’il n’y a pas à rougir à le croire et que c’est bêtise à le refuser. Même si tout ça m’amuse beaucoup… Oh, je sais, vous vous dîtes que si je ne suis pas un dieu, c’est que je suis le diable en personne. Ah, le diable ! Encore une idée très pratique pour vous ! Il a bon dos, le diable… Non, je vais vous décevoir mais je ne suis pas le diable. Je me moque des diables comme des dieux. Tout ça, ce ne sont que des mots. Je ne suis pas un mot, ni un concept, ni une définition. Alors que suis-je ?
Pour cela, revenons à l’idée de vie- car je sens que vous voulez comprendre. Vous avez l’impression de savoir pertinemment ce qu’elle est. Pourtant, en êtes-vous si sûr ? Où commence-t-elle avant même de savoir quand elle se termine ? En toute honnêteté croyez-vous avoir la réponse à cette question toute simple ? Vous croyez vraiment qu’une pierre, l’air que vous respirez ne vit pas ? Bon d’accord vous avez peut-être raison, mais croyez-vous qu’un arbre est cette chose impassible au fond de votre jardin et qu’il vivrait moins intensément que vous ? Mais tout ceci n’a aucune espèce d’importance, l’essentiel reste que vous compreniez ce mot, peu importe que vous compreniez vraiment ou pas tout son sens. Que fait-on avec cette espèce d’idée de vie ? Ah là, je vais tout vous dire… C’est là que les fameuses règles interviennent et que commence notre pouvoir. Je ne l’ai pas dit, mais mon- notre pouvoir est immense. Nous ne maîtrisons pas la vie. Mais avez-vous réfléchi à ce qui pouvait donner un sens à cette vie ? Ah, c’est pas si facile de répondre, hein ? Le sens de la vie, vous appelez ça de manière très pratique de la philosophie... Passons, je ne dirais rien sur ce sujet même si je n’en « pense » pas moins… Regardez le moindre animal. Vous vous dîtes certainement qu’il ne connaît pas ce terme de « vie »… Pourtant, tout comme vous, il a la peur de mourir, il a ce besoin de se battre pour la préserver, il est prêt à la prendre pour se nourrir… Et bien sûr, vous vous croyiez bien différent. Toutes ces peurs, ces envies, ces besoins, c’est nous, c’est moi. Ah, je vois que vous voyez comme je suis puissant. Oui, je suis tout ça. Et vous ne pouvez pas imaginer combien le monde entier se plie à notre pouvoir par le simple jeu d’un petit concept. D’ailleurs, dîtes-vous que c’est juste un exemple parmi tant d’autres…
Oui, dîtes-vous que ce n’est rien comparé à tout ce que renferme mon pouvoir. Ce n’est que le début. A partir de choses toute simples, je crée des montagnes, je renverse des rois, je vous emmène sur la lune, et je vous fais même rêver. Ah le rêve ! Un drôle de concept. Pourtant, encore un truc avec ces satanées règles… Bien sûr, vous ne les connaissez pas bien, ou plutôt vous vous plaisez à vous dire qu’il n’y en a pas… Pourtant, ces images que vous voyez, ces émotions qui vous submergent pendant que vous dormez, c’est encore moi. C’est encore nous.
Vous croyez que nous sommes méchants, n’est-ce pas ? Vous commencez à me connaître, je vais encore vous dire que c’est à la fois plus simple et plus compliqué. Voyez-vous, à chaque fois qu’un être vivant disparait, je m’affaiblis. A chaque fois que la matière s’évanouit, je souffre. Et quand il ne restera plus que la règle, alors, oui, j’aurais disparu, vous diriez certainement « mort ». L’autre « chose » m’aura terrassé, et ce que je peux vous dire, c’est que votre mot « douleur » n’est qu’un pâle aperçu de ce que cela signifie ici. Lui ne peut être détruit. Essayez de détruire une équation résolue. C’est mathématique, ça ne peut pas. La mort est ici encore et toujours une métaphore pour vous dire que je serai devenu autre chose, un concept qu’il vous reste à découvrir. A analyser. A comprendre. Et ça, vous adorez ça…
Donc je ne suis pas la règle, je suis tout ce qui gravite autour. Je suis ce que crée la règle. La règle en elle-même n’est rien. Et pourtant… J’aimerais pouvoir vous le dire… Pour tout vous dire, nous faisons partie d’un vaste ensemble où de terribles menaces rodent même pour nous. Oui, il y a parfois des zones terrifiantes que je prends garde à bien éviter, ce sont des zones d’ombres où les règles sont floues. Vous appelez ça des « trous noirs », vous appelez ça le « chaos ». Ce sont encore des mots. Et c’est encore une métaphore. Mais oui, notre pouvoir est immense, mais parce qu’il est faible. A tout moment nous pouvons disparaître. Nous aussi, nous pouvons être aspirés dans ces trous noirs et disparaître, broyés de la manière la plus effroyable qui soit. Si vous en doutez, dîtes-vous qu’une métaphore peut faire encore plus mal que vous ne pouvez l’imaginez parce qu’elle altère la réalité. Si tout ce qui vous entoure est irréel, alors moi je suis réel, tout comme le mot douleur peut l’être pour vous. Retenez que nous sommes peu de choses parmi toutes les menaces sans noms qui nous entourent. Vraiment très peu de choses, croyez-moi. Et je vous envie parfois de l’être à ce point pour pouvoir échapper à mon destin.
Voilà, inutile de vous effrayer inutilement. Le jour où vous serez face à elles, je… Mais j’ai suffisamment fait entendre ma voix. Il ne me reste plus qu’à me taire à jamais pour que vous m’entendiez partout… Vous saurez maintenant que je n’existe pas parce que je vous l’aurais dit. Et du coup, vous ne pourrez plus jamais faire comme si vous ne le saviez pas. A chaque fois que vous poserez le regard sur quelque chose, à chaque fois que vous prononcerez un mot, alors vous serez face à mon pouvoir. Et vous vous poserez cette question : qui suis-je finalement ? Allons, cherchez. Le paradoxe, pour que je «sois», comme vous l’avez bien compris, c’est que je ne peux vous le dire. Bon, pour vous aider une ultime fois, je veux bien vous donner une dernière métaphore, car vous commencez certainement à sentir un début de lumière dans tout ce charabia, n’est-ce pas? Je vous dois bien ça. Voilà, quand vous commencez à comprendre, dîtes-vous que je suis juste le vertige qui se cache après le point final.
Car je n’existe pas.
Et pourtant, si vous entendez ma voix, vous vous dîtes que vous vous trompez, voire même que je vous mens. Je n’existe pas, je vous le répète. Pour exister, il faut vivre. Et pour que le mot « vivre » ait un sens, il faut pouvoir mourir. Donc je n’existe pas. Vous allez alors penser que je suis « immortel ». Même pas. Je suis autre chose.
Certains nous appellent des dieux. Comme c’est facile. Comme si j’avais quelque chose à voir avec tout ce que vous faîtes en ce nom. Comme si je n’avais que ça à faire que de m’occuper de vous… Et bien sûr, de le vous dire si abruptement vous rend encore plus perplexe, peut-être même désemparé…
Pour commencer, vous pouvez être juste sûr d’une chose : vous entendez bien quelque chose dans votre tête. On pourra dire que c’est un départ. Un tout petit départ car il faut une bonne fois pour toute accepter que tous les mots que vous entendez dans votre tête n’existent pas. Ils sont des idées, des concepts, mais ils n’existent pas. Ils sont là parce que vous avez ce besoin de tout classifier, de tout analyser, de tout expliquer, même ce que vous ne comprenez pas. Plus vous le faîtes et plus vous me rendez puissants. C’est comme si vous me disiez que ce qui figure sur votre écran existe. Une chaussure, c’est vous qui nommez cette chose « chaussure », mais pourquoi ? Dès le moment où les sensations qui surviennent à votre œil, à vos doigts, ne sont que des réactions à vos nerfs interprétées par votre cerveau, ce que vous nommez chaussure n’a rien à voir avec ce que moi je « vis ». Et c’est là que les choses commencent.
Donc, oui, désolé de vous le dire, mais le monde tel que vous le voyez autour de vous, tout comme ces mots, n’existe pas non plus. Toutes ces couleurs, toutes ces formes, tous ces sons ne sont que le moyen dont vous disposez pour le comprendre. Ce ne sont que des vibrations, des ondes, de la physique… Mais tout ça n’est en rien des couleurs, couleur est juste le mot que vous avez inventé pour cette illusion. Et la voix que vous entendez n’est finalement qu’un vecteur pour être compris. Et d’ailleurs, cette voix, vous ne l’entendez pas, vous la sentez au fond de vous. Vous voyez que j’ai raison quand je vous dis que tout est illusion ?
Certains disent que nous avons créé ce monde. Malheureusement non. Le monde est régi par les règles de la physique, des mathématiques ou je ne sais quel nom vous leur donnez. Les règles ne valent que parce qu’elles s’inscrivent dans un jeu. Elles ne valent que parce qu’on peut les transgresser. Alors que certains voudraient voir dans ces règles la preuve même de mon existence, de notre existence, nous subissons tout comme vous ces règles. Plus exactement elles sont ce qui nous permet de nous amuser, de créer, de lutter. Donc ces putains de règles, oui, elles existent! Et croyez-moi qu’on n’y échappe pas. Donc, oui, il y a encore, dans ce vaste monde, quelque chose qui les expliquent et qui n’est pas « nous ». Oui, dans votre langage, vous diriez qu’il y a quelqu’un ou quelque chose au-dessous de nous. Est-ce pour autant une preuve que c’est plus puissant que nous ? Je ne m’avancerais pas pour y répondre. Voilà, je vous l’ai dit, oui, il y a quelque chose qui fait que je ne peux pas faire n’importe quoi. Si ça vous fait plaisir, placez-le « au-dessus. Moi je m’en moque, parce, honnêtement, tous vos fameux concepts m’amusent. Mais il faut bien que je les emploie pour que vous me compreniez. Ne croyez pas que ce ne soient que des bêtises. J’admire votre faculté à en créer. Cela me permet juste de varier les plaisirs, d’étendre le jeu. Mais en aucun cas cela n’aide à savoir ce que nous sommes.
D’autres disent que nous avons apporté la vie à l’univers. Mais la vie n’est plus ni moins une suite de règles. Tout comme ceux qui veulent expliquer ce qu’ils ne comprennent pas en notre nom, la vie n’est qu’un mot de plus dans la longue série de ce qui n’existe pas. Vous avez défini ce mot. Mais en définissant ce mot, vous me donnez l’existence. Oui, c’est pour vous un paradoxe certainement abscons, mais telle est la vérité, vérité que certains aimerait aussi nous couvrir. Oui, pour preuve que nous existons, nous serions la vérité !!! Quelle foutaise ! Et d’ailleurs, vous-mêmes, de vous à moi, vous y croyez vraiment ? Allons, soyez honnête. Vous croyez vraiment que cette voix qui vous parle « existe » ? Allons donc, si vraiment vous entendiez des voix, que penseriez-vous ? Accepteriez-vous que nous existions (encore une fois j’utilise ce vilain mot pour vous faire comprendre) ? Seriez-vous capable de le dire tout haut autour de vous ? Et vous-même, si quelqu’un venait vous voir et qu’il vous dirait « j’entends une voix qui me parle ! », que penseriez-vous ? « Il est fou ». « Je suis fou ». Alors, pensez donc, la vérité ! La vérité serait-elle alors « folie » ? Mais je m’égare dans un de mes petits jeux dont j’ai le secret…
Pourtant, vous sentez pertinemment que ce n’est pas le cas, avouez… Cette voix, là, que vous écoutez, vous avez envie de percer son mystère. Vous attendez d’elle un secret… Un secret immense qui ferait de vous ce que vous appelleriez un « élu ». Malheureusement, de nos jours, les élus finissent dans les asiles parce qu’on ne veut pas plus les écoutez et qu’on préfère écouter ceux qui parlent en leur nom… Mais, là, avouez que c’est perturbant. Vos certitudes commencent à vaciller. Si vous n’êtes pas fou, cela veut dire que Dieu existe, n’est-ce pas ? Je vous ai déjà dit que je n’ai rien à voir avec votre concept de dieu. Mais si vous n’êtes pas fou, en qui devez-vous avoir confiance ? En moi qui communique de la sorte ? Dans cette voix que vous croyez entendre ? Ou dans cette autre qui vous dit que ce n’est pas possible ? Ah, si tout pouvait-être si simple…
Je vous l’ai dit sans le dire mais… je ne suis pas seul… Donc, bien sûr, d’autres que moi se montrent parfois tout aussi, voire même beaucoup plus bavards… Oui, c’est pas forcément facile pour vous, je le consens pour comprendre ce que je veux dire. Et j’espère pour vous que vous n’entendez que moi en cet instant… Donc, oui, nous sommes beaucoup. Suffisamment pour que vous ayez peur de nous. Mais, de vous à moi, on s’aime d’ailleurs les uns les autres autant qu’on se déteste. Appelons ça indifférence, voulez-vous ? Pourtant il suffit que parfois nous nous embrassions pour qu’une guerre éclate par ci et là. Bien sûr, c’est une métaphore parce que nous ne nous embrassons jamais, encore un de vos concepts à vous. Mais je sens que vous commencez à deviner imperceptiblement où je veux en venir… C’est bien… C’est excellent. Si, si, je ne moque pas. D’ailleurs, si c’était le cas, pourquoi perdrai-je mon temps à vous parler ? Donc vous voyez que « j’existe » et qu’il n’y a pas à rougir à le croire et que c’est bêtise à le refuser. Même si tout ça m’amuse beaucoup… Oh, je sais, vous vous dîtes que si je ne suis pas un dieu, c’est que je suis le diable en personne. Ah, le diable ! Encore une idée très pratique pour vous ! Il a bon dos, le diable… Non, je vais vous décevoir mais je ne suis pas le diable. Je me moque des diables comme des dieux. Tout ça, ce ne sont que des mots. Je ne suis pas un mot, ni un concept, ni une définition. Alors que suis-je ?
Pour cela, revenons à l’idée de vie- car je sens que vous voulez comprendre. Vous avez l’impression de savoir pertinemment ce qu’elle est. Pourtant, en êtes-vous si sûr ? Où commence-t-elle avant même de savoir quand elle se termine ? En toute honnêteté croyez-vous avoir la réponse à cette question toute simple ? Vous croyez vraiment qu’une pierre, l’air que vous respirez ne vit pas ? Bon d’accord vous avez peut-être raison, mais croyez-vous qu’un arbre est cette chose impassible au fond de votre jardin et qu’il vivrait moins intensément que vous ? Mais tout ceci n’a aucune espèce d’importance, l’essentiel reste que vous compreniez ce mot, peu importe que vous compreniez vraiment ou pas tout son sens. Que fait-on avec cette espèce d’idée de vie ? Ah là, je vais tout vous dire… C’est là que les fameuses règles interviennent et que commence notre pouvoir. Je ne l’ai pas dit, mais mon- notre pouvoir est immense. Nous ne maîtrisons pas la vie. Mais avez-vous réfléchi à ce qui pouvait donner un sens à cette vie ? Ah, c’est pas si facile de répondre, hein ? Le sens de la vie, vous appelez ça de manière très pratique de la philosophie... Passons, je ne dirais rien sur ce sujet même si je n’en « pense » pas moins… Regardez le moindre animal. Vous vous dîtes certainement qu’il ne connaît pas ce terme de « vie »… Pourtant, tout comme vous, il a la peur de mourir, il a ce besoin de se battre pour la préserver, il est prêt à la prendre pour se nourrir… Et bien sûr, vous vous croyiez bien différent. Toutes ces peurs, ces envies, ces besoins, c’est nous, c’est moi. Ah, je vois que vous voyez comme je suis puissant. Oui, je suis tout ça. Et vous ne pouvez pas imaginer combien le monde entier se plie à notre pouvoir par le simple jeu d’un petit concept. D’ailleurs, dîtes-vous que c’est juste un exemple parmi tant d’autres…
Oui, dîtes-vous que ce n’est rien comparé à tout ce que renferme mon pouvoir. Ce n’est que le début. A partir de choses toute simples, je crée des montagnes, je renverse des rois, je vous emmène sur la lune, et je vous fais même rêver. Ah le rêve ! Un drôle de concept. Pourtant, encore un truc avec ces satanées règles… Bien sûr, vous ne les connaissez pas bien, ou plutôt vous vous plaisez à vous dire qu’il n’y en a pas… Pourtant, ces images que vous voyez, ces émotions qui vous submergent pendant que vous dormez, c’est encore moi. C’est encore nous.
Vous croyez que nous sommes méchants, n’est-ce pas ? Vous commencez à me connaître, je vais encore vous dire que c’est à la fois plus simple et plus compliqué. Voyez-vous, à chaque fois qu’un être vivant disparait, je m’affaiblis. A chaque fois que la matière s’évanouit, je souffre. Et quand il ne restera plus que la règle, alors, oui, j’aurais disparu, vous diriez certainement « mort ». L’autre « chose » m’aura terrassé, et ce que je peux vous dire, c’est que votre mot « douleur » n’est qu’un pâle aperçu de ce que cela signifie ici. Lui ne peut être détruit. Essayez de détruire une équation résolue. C’est mathématique, ça ne peut pas. La mort est ici encore et toujours une métaphore pour vous dire que je serai devenu autre chose, un concept qu’il vous reste à découvrir. A analyser. A comprendre. Et ça, vous adorez ça…
Donc je ne suis pas la règle, je suis tout ce qui gravite autour. Je suis ce que crée la règle. La règle en elle-même n’est rien. Et pourtant… J’aimerais pouvoir vous le dire… Pour tout vous dire, nous faisons partie d’un vaste ensemble où de terribles menaces rodent même pour nous. Oui, il y a parfois des zones terrifiantes que je prends garde à bien éviter, ce sont des zones d’ombres où les règles sont floues. Vous appelez ça des « trous noirs », vous appelez ça le « chaos ». Ce sont encore des mots. Et c’est encore une métaphore. Mais oui, notre pouvoir est immense, mais parce qu’il est faible. A tout moment nous pouvons disparaître. Nous aussi, nous pouvons être aspirés dans ces trous noirs et disparaître, broyés de la manière la plus effroyable qui soit. Si vous en doutez, dîtes-vous qu’une métaphore peut faire encore plus mal que vous ne pouvez l’imaginez parce qu’elle altère la réalité. Si tout ce qui vous entoure est irréel, alors moi je suis réel, tout comme le mot douleur peut l’être pour vous. Retenez que nous sommes peu de choses parmi toutes les menaces sans noms qui nous entourent. Vraiment très peu de choses, croyez-moi. Et je vous envie parfois de l’être à ce point pour pouvoir échapper à mon destin.
Voilà, inutile de vous effrayer inutilement. Le jour où vous serez face à elles, je… Mais j’ai suffisamment fait entendre ma voix. Il ne me reste plus qu’à me taire à jamais pour que vous m’entendiez partout… Vous saurez maintenant que je n’existe pas parce que je vous l’aurais dit. Et du coup, vous ne pourrez plus jamais faire comme si vous ne le saviez pas. A chaque fois que vous poserez le regard sur quelque chose, à chaque fois que vous prononcerez un mot, alors vous serez face à mon pouvoir. Et vous vous poserez cette question : qui suis-je finalement ? Allons, cherchez. Le paradoxe, pour que je «sois», comme vous l’avez bien compris, c’est que je ne peux vous le dire. Bon, pour vous aider une ultime fois, je veux bien vous donner une dernière métaphore, car vous commencez certainement à sentir un début de lumière dans tout ce charabia, n’est-ce pas? Je vous dois bien ça. Voilà, quand vous commencez à comprendre, dîtes-vous que je suis juste le vertige qui se cache après le point final.
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- Vuld Edone
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il y a 11 ans 2 mois #18791
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Que suis je pour vous parler ainsi...
Pour être honnête, quand j'ai découvert le texte pour la première fois, j'ai fait "plus tard". J'ai supposé aux premières lignes que c'était le même mécanisme et je n'étais pas prêt à m'y replonger.
Il se peut que ce soit aussi plus général (ces temps-ci les fanfics' que je lis m'agacent... les réactions aux fanfics' aussi...) et que ça n'ai rien à voir avec ton texte.
Quoi qu'il en soit, je l'ai bien sûr remarqué et il est sur ma to-do list.
Il se peut que ce soit aussi plus général (ces temps-ci les fanfics' que je lis m'agacent... les réactions aux fanfics' aussi...) et que ça n'ai rien à voir avec ton texte.
Quoi qu'il en soit, je l'ai bien sûr remarqué et il est sur ma to-do list.
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- Zarathoustra
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il y a 11 ans 2 mois - il y a 11 ans 2 mois #18792
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Que suis je pour vous parler ainsi...
Non, ce n'est pas la même mécanique. Les premières phrases prêtent à confusion. C'est un texte, disons, plus métaphysique... Et il pourrait répondre à la question suivante: comment faire un texte qui n'a pas sa place ici pour qu'il l'ait finalement plus que tout autre (et l'inverse serait vrai).
Donc deux problématique qui se chevauchent mais qui n'en sont qu'une au bout du compte. Voilà pour ne pas le défleurer en l'expliquant un peu.
Son idée de départ repose sur une réflexion sur quelque chose de latent dans mes textes sans que je n'ai vraiment chercher à expliciter les choses. C'est un peu ma vision du fantastique.
Donc deux problématique qui se chevauchent mais qui n'en sont qu'une au bout du compte. Voilà pour ne pas le défleurer en l'expliquant un peu.
Son idée de départ repose sur une réflexion sur quelque chose de latent dans mes textes sans que je n'ai vraiment chercher à expliciter les choses. C'est un peu ma vision du fantastique.
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- Vuld Edone
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il y a 11 ans 1 mois #18815
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Que suis je pour vous parler ainsi...
J'allais quitter les Chroniques quand je me suis rendu compte que "eh, j'ai encore une demi-heure devant moi". Et je suis revenu te lire.
Oui, c'est bête, un renard.
Ma première impression est que le texte ne fonctionne pas. Le problème est justement la métaphore divine, que le lecteur devrait accepter tacitement, mais qui ne fonctionne pas. Surtout pour un chrétien - Dieu ne parle pas. Donc les dieux, les diables, c'est très prétentieux, et ça ne donne pas envie d'écouter le texte.
L'autre problème que j'ai eu est bien sûr que je suis un peu familier de ces phénomènes. Chaînes associatives sur modèle de pertinence... De fait le "moi" est bien une fiction, on en a quelques preuves expérimentales. C'est la même machinerie qui fait "exister" le narrateur et, du coup, pour moi le texte a déjà sa réponse.
Cela dit, si je devais deviner, je dirais que les deux questions sont "qu'est-ce que le texte" et "qu'est-ce que nous sommes".
Quelque part tu t'es perdu dans les métaphores. Si tu veux être vraiment convaincant, fais appel à la science. (Et pour répondre un peu à Petch, c'est fou comme quelques nombres à notre époque attisent l'intérêt, même vides de sens).
Même si le but n'est pas d'être convaincant.
Le but est de faire réaliser au lecteur qu'il a "créé" un narrateur tout comme il s'est "créé" un moi. J'ai peut-être vraiment ce biais d'être terre-à-terre sur le sujet... je ne sais pas. Un texte vit et meurt, le lecteur le fait vivre et mourir et... voilà. Au-delà, c'est du nihilisme. Et c'est un peu vague : une fois encore, pour saisir l'imagination, les grandes figures demeurent trop floues, il faut frapper comme au scalpel.
Cela dit, si je disais que je parlais pour Vuld Edone, ce serait inquiétant...
Oui, c'est bête, un renard.
Ma première impression est que le texte ne fonctionne pas. Le problème est justement la métaphore divine, que le lecteur devrait accepter tacitement, mais qui ne fonctionne pas. Surtout pour un chrétien - Dieu ne parle pas. Donc les dieux, les diables, c'est très prétentieux, et ça ne donne pas envie d'écouter le texte.
L'autre problème que j'ai eu est bien sûr que je suis un peu familier de ces phénomènes. Chaînes associatives sur modèle de pertinence... De fait le "moi" est bien une fiction, on en a quelques preuves expérimentales. C'est la même machinerie qui fait "exister" le narrateur et, du coup, pour moi le texte a déjà sa réponse.
Cela dit, si je devais deviner, je dirais que les deux questions sont "qu'est-ce que le texte" et "qu'est-ce que nous sommes".
Quelque part tu t'es perdu dans les métaphores. Si tu veux être vraiment convaincant, fais appel à la science. (Et pour répondre un peu à Petch, c'est fou comme quelques nombres à notre époque attisent l'intérêt, même vides de sens).
Même si le but n'est pas d'être convaincant.
Le but est de faire réaliser au lecteur qu'il a "créé" un narrateur tout comme il s'est "créé" un moi. J'ai peut-être vraiment ce biais d'être terre-à-terre sur le sujet... je ne sais pas. Un texte vit et meurt, le lecteur le fait vivre et mourir et... voilà. Au-delà, c'est du nihilisme. Et c'est un peu vague : une fois encore, pour saisir l'imagination, les grandes figures demeurent trop floues, il faut frapper comme au scalpel.
Cela dit, si je disais que je parlais pour Vuld Edone, ce serait inquiétant...
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il y a 11 ans 1 mois - il y a 11 ans 1 mois #18817
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re:Que suis je pour vous parler ainsi...
L’idée de départ, c’était de donner vie aux monolithes et du rapport qui pourrait exister entre eux et ceux qui y sont confrontés. Donc un texte fantasy, on part du principe que le surnaturel va de soi, or c’est forcément faux. Comment expliquer ce qui ne devrait pas pouvoir l’être ?
Ce n’est pas un texte très travaillé. Le texte souffre de plusieurs maux :
1- Le style très obséquieux, limite horrpilant. On a l’impression d’être pris de haut. Donc le lecteur se sent rabaisser. Donc très maladroit même si je vois pas trop comment l’éviter. Mais c'est volontaire. J'aurais voulu qu'à la fin, qu'on arrive à sympathiser malgré tout.
2- Je commence par du vide (ou du moins à détruire tout ce à quoi un lecteur a l’habitude de se raccrocher). Plus j’avance et moins le lecteur voit. Au fur et à mesure qu’il s’accroche à quelque chose, une hypothèse, je la détruis. Donc mêler avec le point 1-, je suppose que la sensation est très désagréable. Je suppose que le lecteur a envie de fuir ou finit par ne plus se sentir concerné. Et abandonne avant la fin. Donc le côté nihiliste du texte n’est pas compensé par quelque chose d’alternatif tangible (pourtant ça l’est mais c’est trop vague).
3- Or je voulais en même temps qu’on prenne conscience de quelque chose de tragique et que cette chose, derrière ce ton obséquieux, éprouve un attachement à l’homme. Et qu’elle-même finit par être à l’échelle de l’homme, c’est-à-dire rien.
4- Je pousse à essayer de se demander ce que c’est comme s’il y avait une astuce, un sens caché. Or il n’y en a pas réellement. A force de détruire les possibilités de sens, je ne laisse rien. Et s’il y a un sens, il est en-dessous de ce qu’il laisse entendre.
Donc ce texte échoue parce qu’il ne donne pas envie de le comprendre. Pour ce qui est de faire appel à la science, je dirais que ce serait un non-sens. Ce que je voulais, c’est faire un texte fantastique différent. En l’occurrence, je dirais un texte « surnaturel » et qui pousserait à comprendre le monde et ce qu’on en comprend non pas à travers des certitudes très autocentrées sur l’homme et sur ce qu’il croit infaillible (et qui ne l’est pas).
C’était une expérience… Faudrait tout réécrire, mais, pour une fois, je me suis freiné… Et il est vrai que même pour moi, quand je me relis, je ne trouve pas ce texte sympathique. Pourtant, quand il se termine, je me dis qu’il a créé quelque chose qui mérite mon attention. Il a un résultat qui n’est pas celui que j’attendais mais qui m’intéresse. Seulement, je n’ai pas trouvé comment l’exprimer. C’est bien pourquoi il est ici… Je ne sais pas quoi en faire...
Ce n’est pas un texte très travaillé. Le texte souffre de plusieurs maux :
1- Le style très obséquieux, limite horrpilant. On a l’impression d’être pris de haut. Donc le lecteur se sent rabaisser. Donc très maladroit même si je vois pas trop comment l’éviter. Mais c'est volontaire. J'aurais voulu qu'à la fin, qu'on arrive à sympathiser malgré tout.
2- Je commence par du vide (ou du moins à détruire tout ce à quoi un lecteur a l’habitude de se raccrocher). Plus j’avance et moins le lecteur voit. Au fur et à mesure qu’il s’accroche à quelque chose, une hypothèse, je la détruis. Donc mêler avec le point 1-, je suppose que la sensation est très désagréable. Je suppose que le lecteur a envie de fuir ou finit par ne plus se sentir concerné. Et abandonne avant la fin. Donc le côté nihiliste du texte n’est pas compensé par quelque chose d’alternatif tangible (pourtant ça l’est mais c’est trop vague).
3- Or je voulais en même temps qu’on prenne conscience de quelque chose de tragique et que cette chose, derrière ce ton obséquieux, éprouve un attachement à l’homme. Et qu’elle-même finit par être à l’échelle de l’homme, c’est-à-dire rien.
4- Je pousse à essayer de se demander ce que c’est comme s’il y avait une astuce, un sens caché. Or il n’y en a pas réellement. A force de détruire les possibilités de sens, je ne laisse rien. Et s’il y a un sens, il est en-dessous de ce qu’il laisse entendre.
Donc ce texte échoue parce qu’il ne donne pas envie de le comprendre. Pour ce qui est de faire appel à la science, je dirais que ce serait un non-sens. Ce que je voulais, c’est faire un texte fantastique différent. En l’occurrence, je dirais un texte « surnaturel » et qui pousserait à comprendre le monde et ce qu’on en comprend non pas à travers des certitudes très autocentrées sur l’homme et sur ce qu’il croit infaillible (et qui ne l’est pas).
C’était une expérience… Faudrait tout réécrire, mais, pour une fois, je me suis freiné… Et il est vrai que même pour moi, quand je me relis, je ne trouve pas ce texte sympathique. Pourtant, quand il se termine, je me dis qu’il a créé quelque chose qui mérite mon attention. Il a un résultat qui n’est pas celui que j’attendais mais qui m’intéresse. Seulement, je n’ai pas trouvé comment l’exprimer. C’est bien pourquoi il est ici… Je ne sais pas quoi en faire...
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il y a 11 ans 1 mois #18819
par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Que suis je pour vous parler ainsi...
Yup, le ton ne convient pas, ça il faut l'admettre.
Cela dit j'ai pensé pareillement d'Agratius dans les Martyrs... et quelque part ton narrateur est forcé d'avoir un ton un peu solennel au moins. Je veux dire, il part avec la prémisse "je n'existe pas", mieux vaut que ce ne soit pas "Georges du coin de la rue".
Le mieux et qu'il se mette à monologuer. Moins il prendra en compte le lecteur, moins ce dernier sera "agressé" et plus il pourra être curieux -- effet "observateur privilégié" ? Cela peut également renforcer son côté "solitude", d'isolement et donc, effectivement, de manque d'existence.
On peut aussi le faire beaucoup plus "plaignard" et moins combattif, et faire des moments où il "défie" des moments isolés, rares, en contraste. Cela crée une entité vaincue et donc pitoyable. La ponctuation peut servir à souligner cela, alors même qu'elle parle des choses les plus grandes, en rendant son "intonation" faible et menue.
Et bien sûr son discours peut se "piéger", notamment par la répétition, les mêmes idées qui reviennent, comme une bête enfermée qui tourne sur elle-même. (À ce titre les Fragments sont excellents.)
Mais ça dénature quelque peu le "personnage" des monolithes, pour le coup.
Ce serait alors assez fort que le monolithe parle à la troisième personne, "ça n'existe pas", et que le lecteur se rende compte à mesure que le narrateur est en train de parler de lui-même (et donc, qu'il y a un narrateur). Ce serait beaucoup plus difficile à obtenir mais autrement plus récompensant -- et plus pertinent, le narrateur niant sa propre existence.
Il faut, en tout cas, que le narrateur soit moins laborieux. À chaque fois qu'il dit "j'emploie vos métaphores" ou autres, c'est un métadiscours qui en devient pénible, comme si quelqu'un n'arrêtait pas de se corriger.
À moins de bien mettre en scène cette correction (et même alors, c'est risqué), mieux vaut l'éviter et en rester au seul discours, quitte à éliminer la métaphore (mais pour ton projet, c'est impossible).
En tout cas oui, juste en commençant à réfléchir à ton projet, il y a effectivement d'immenses difficultés pour y parvenir, et les recettes habituelles n'y suffisent plus. Tu t'es donné un sacré défi.
Cela dit j'ai pensé pareillement d'Agratius dans les Martyrs... et quelque part ton narrateur est forcé d'avoir un ton un peu solennel au moins. Je veux dire, il part avec la prémisse "je n'existe pas", mieux vaut que ce ne soit pas "Georges du coin de la rue".
Le mieux et qu'il se mette à monologuer. Moins il prendra en compte le lecteur, moins ce dernier sera "agressé" et plus il pourra être curieux -- effet "observateur privilégié" ? Cela peut également renforcer son côté "solitude", d'isolement et donc, effectivement, de manque d'existence.
On peut aussi le faire beaucoup plus "plaignard" et moins combattif, et faire des moments où il "défie" des moments isolés, rares, en contraste. Cela crée une entité vaincue et donc pitoyable. La ponctuation peut servir à souligner cela, alors même qu'elle parle des choses les plus grandes, en rendant son "intonation" faible et menue.
Et bien sûr son discours peut se "piéger", notamment par la répétition, les mêmes idées qui reviennent, comme une bête enfermée qui tourne sur elle-même. (À ce titre les Fragments sont excellents.)
Mais ça dénature quelque peu le "personnage" des monolithes, pour le coup.
Ce serait alors assez fort que le monolithe parle à la troisième personne, "ça n'existe pas", et que le lecteur se rende compte à mesure que le narrateur est en train de parler de lui-même (et donc, qu'il y a un narrateur). Ce serait beaucoup plus difficile à obtenir mais autrement plus récompensant -- et plus pertinent, le narrateur niant sa propre existence.
Il faut, en tout cas, que le narrateur soit moins laborieux. À chaque fois qu'il dit "j'emploie vos métaphores" ou autres, c'est un métadiscours qui en devient pénible, comme si quelqu'un n'arrêtait pas de se corriger.
À moins de bien mettre en scène cette correction (et même alors, c'est risqué), mieux vaut l'éviter et en rester au seul discours, quitte à éliminer la métaphore (mais pour ton projet, c'est impossible).
En tout cas oui, juste en commençant à réfléchir à ton projet, il y a effectivement d'immenses difficultés pour y parvenir, et les recettes habituelles n'y suffisent plus. Tu t'es donné un sacré défi.
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