file Le rapport de bataille

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il y a 10 ans 5 mois #18885 par Mr. Petch
Le rapport de bataille a été créé par Mr. Petch
Le rapport de bataille


Déploiement

Sur la pelouse synthétique achetée pour l'occasion de la bataille, Yves plaça, derrière le bois, les cinq figurines qui composaient son unité de cavalerie. Le socle plastique les maintenait en troupe compacte, figées dans l'élan du galop. Johan, le général impérial, et son cousin Francis, suivaient le déploiement de son armée.
" Tu ne devrais pas les mettre derrière le bois.
" Et toi Francis tu ne devrais même pas être derrière cette table. Tu n'as pas d'armée.
" Laisse-le apprendre, Yves.
" Je peux faire le rapport de bataille.
" Oui, c'est ça, fais le rapport de bataille.

Tours 1 et 2
Scénario : c'est une bataille rangée où l'Empire tente de reprendre un village contrôlé par les elfes noirs, qui en ont massacré et réduit en esclavage la milice et les habitants.
Début du premier tour des elfes noirs.
Le despote sur son dragon vole jusqu'à l'orée du bois qui se trouve devant la portion de rivière. Le coeur de l'armée, les furies et les lanciers, et les arbalétriers, s'avancent de quelques pas. Ce sont maintenant les ombres, les éclaireurs, cachées derrière une tour très réaliste, qui bondissent à quelques pas de la ligne de déploiement de l'Empire. Quels terribles dégâts vont faire ces sournoises créatures ?
La magie n'a pas d'effet. Le sort lancé par la matriarche est facilement dissipé par le sorcier du feu. Les vents de magie étaient trop faibles à ce tour pour lui permettre de lancer un autre sort, et la phase se termine rapidement. Je suis un peu déçu de ne pas avoir vu l'effet de la magie noire...
Mais c'est à présent la phase des tirs ! Et je crois bien savoir que les elfes noirs sont une armée redoutable en la matière, armés de leur terribles arbalètes à répétition ! D'abord la baliste tire, perchée sur la colline dans le coin de la table (le général elfe noir a eu la chance de pouvoir choisir son bord de table, et les canons impériaux doivent se contenter d'un terrain plat, et d'une ligne de vue limitée). La baliste, ce lointain insecte de métal et de bois noyé dans la brume des sortilèges, abat un valeureux chevalier de l'Empire. Les dix ombres, qui doivent pourtant toucher sur du 6+, tuent deux pistoliers, l'unité de cavalerie se trouvant juste devant elle.
Fin du premier tour des elfes noirs.
Début du premier tour de l'Empire.
Il est urgent de venger les morts de ce premier tour ! Les traits acérés des elfes de Naggaroth ont causé déjà trop de pertes ! Les pistoliers, bien décidés à ne pas laisser la mort de leurs frères impunie, manoeuvrent pour tirer au plus juste sur les ombres et, je pense aussi, pour protéger l'artillerie d'une charge. Les bataillons avancent en marche forcée malgré les cris perçants et menaçants des ennemis : les troupes régulières au centre, peintes en rouge et blanc, font voler leur drapeau sous le vent qui se lève dans la plaine. A leur droite un groupe désordonné de flagellants traîne sa plainte : ces fanatiques, drogués par leur foi aveugle, sont pourtant une pièce maîtresse de l'armée impériale, on reconnaît bien leurs figurines aux haillons qu'ils portent et aux gros fléaux qu'ils brandissent. A gauche, comme un miroir inversé, les nobles joueurs d'épée (ce sont des épées à deux mains d'après les figurines de Johan), fiers et valeureux, contournent le centre par la gauche, espérant gagner le couvert d'une vieille bâtisse abandonnée, une ferme impériale désertée par ses habitants à l'annonce de l'attaque d'elfes noirs. Ils sont ainsi hors de vue des arbalétriers, et leur rôle sera décisif dans la mêlée prochaine.
Vient la magie, et les vents sont toujours aussi indisposés, le sorcier de feu ne parvenant à rien sur les ombres qu'il visait d'une boule de feu renforcée. C'est un autre vent qui se fait entendre, un vent du nord, froid, venue des étendues glacées kislévites où rodent les loups et par où la menace se précise. Le sorcier de feu distingue à peine l'énergie qui louvoient dans le vieux moulin, derrière les ombres ; l'énergie de la matriarche préparant ses incantations, murmurant des mots de terreur.
Si les pistoliers parviennent à éliminer quelques unes des ombres, ce n'est pas sans mal tant la dispersion et la hâte de ces maudits éclaireurs les rend presque invisibles, et les chevaux nerveux, qui piaffent. Du côté de l'artillerie, ce n'est guère mieux. Le canon abat bien quelques furies, mais c'est un maigre butin, et le canon dit "feu d'enfer" et ses multiples fûts ne touche personne malgré la présence de l'ingénieur impérial Karl Woltan.
Fin du tour de l'Empire.
Début du second tour des elfes noirs
Ça y est ! Les ombres chargent les pistoliers, à sept contre quatre, c'est un défi mais s'il est tenu un coin sera enfoncé dans le flanc de l'armée impériale, et déjà le général Wolfgang Schuller, de loin du flanc opposé, s'inquiète des premiers sangs de ses hommes du côté de l'ancienne tour de guet de la marche de Midland. Et l'approche du despote et son dragon, toute serre dehors, planant en menace sur le ciel couvert à présent, dépassant la ligne de la rivière, n'arrange rien ! Il devra s'élancer à sa rencontre quand ce sera son tour de charger...
Pendant ce temps, les furies et les lanciers poursuivent leur marche, à présent en vue des troupes régulières, et les armures d'écailles des uns, peintes en vert émeraude – mais une émeraude comme noircie par la fumée et le sang – contrastent avec la peau blanche et nue des autres. Quel malheur attendent les troupes derrière ces lames ? Les arbalétriers se sont arrêtés à la hauteur du creux de la rivière, dont les eaux tourmentées semblent surgir de la résine et du flocage. Ils vont tirer, sans doute, mais ce n'est pas leur tour.
Les premiers éclairs jaillissent du vieux moulin ; les vents de magie s'annoncent enfin, depuis le nord, le souffle que ressentait le sorcier de feu n'était pas celui des plaines kislévites mais celui des dieux noirs des elfes, de leurs dieux maudits. Il ne parvient pas à dissiper le mot de douleur qui s'échappe de la bouche difforme de la matriarche, elle y a mis toute sa puissance et en paye le prix tant son corps est parcouru au lancer d'une douleur qu'elle sait toutefois supporter, en bonne mère du peuple de Slaanesh. Le sorcier impérial ne peut rien faire face à la magie noire qui s'acharne sur les pistoliers, qui en lâchent leurs armes, qui agitent leurs chevaux et perdent leur contenance, comme déjà vaincus par la nuée des ombres qui fond sur eux en même temps. En quelques minutes, affaiblis par la peur, les pistoliers se laissent mourir sous les lames des ennemis invisibles.
Et les tirs pleuvent, encore, des arbalétriers, et des balistes sur la grande colline, s'acharnant sur les flagellants dont ils déciment près d'un quart. Que leur folie les garde de s'enfuir est un bon signe pour la bataille, mais pas pour leur propre destin, remis au dieu guerrier Sigmar.

Ils avancent à leur tour et sans hésiter chargent les lanciers en face, hurlant le nom de Sigmar comme un gigantesque fléau s'abattant sur les impies. Que donnera ce combat ? Je ne le saurai qu'à la fin du tour. Un autre se prépare, plus décisif sans doute, certainement plus héroïque, du côté du coude de la rivière, entre la forêt sombre et le vieux moulin : le général impérial charge le despote sur dragon ; il est loin mais a confiance en l'aisance de sa monture ; il est loin mais sent l'élan qui le gagne ; il est loin mais échoue près du but, sent la fatigue de Scharfklaue, son griffon, qui ne peut poursuivre sa course jusqu'à la cible et s'arrête à quelques mètres, remettant la lutte à plus tard, et perdant l'avantage et la force. Tout autour d'eux l'impulsion du général fait accourir les hommes, droit devant eux, et en retrait pour les joueurs d'épée à l'affût du combat, de côté à la bâtisse close et silencieuse.
Le sorcier se prépare. Les vents soufflent. Il sent monter en lui l'envie d'une conflagration, capable d'anéantir le despote et son dragon que l'échec de la charge du général rend d'autant plus dangereux. Il réunit ses pouvoirs : il aura besoin de tous ses dés pour réussir ce coup et non seulement faire passer le sort, mais aussi empêcher sa dissipation par un jet implacable... Le verdict est bon, mais suffira-t-il ? Il espérait que son pouvoir fût irrésistible, mais il n'est que puissant, et c'est non sans amertume qu'il manipule son bâton et vise le despote.
L'amertume se transforme en déception : s'il n'a pu l'entendre, car la sorcière est bien trop loin (mais il la sent, il la sait à l'affût de ses gestes, comme un œil l'observant du vent du Nord), il comprend que la déclamation d'un contre-sort a ruiné ses efforts. Le despote se tient droit, sur son dragon hideux, le sort a été dissipé.
C'est aux canons de rattraper la mise ! L'ingénieur s'évertue à viser au plus juste : les ombres, encore ensanglantées de leur crime sur les pistoliers, lardant les chevaux restés veiller leur maître de coups de dague, ne doivent pas parvenir jusqu'aux canons. Karl Woltan connaît bien le feu d'enfer : il en a fait tirer des dizaines, sur tous les champs de bataille de l'Empire. Il ajuste, il commente, il enseigne aux jeunes artilleurs sortis d'école, et enfin les fait tirer. Derrière les étincelles, toutes les ombres sont abattues, et il regrette d'avoir tué quelques chevaux au passage, mais au moins rejoindront-ils leurs maîtres pour rendre hommage à Sigmar. A peine s'est il reposé sur les taillis qui leur sert de semi-couvert qu'il entend un crépitement curieux sur sa gauche, un bruit qu'il ne connaît que trop bien... L'autre canon s'enraye ! L'incident de tir a eu lieu ! La bruine humide qui accompagne le vent en est la cause, il aurait dû sentir que l'air s'affraîchissait, et les artilleurs ont fait l'erreur de renforcer la dose de poudre. Il se précipite sur eux pour leur hurler de se baisser, car l'impact peut être mortel... Ce sera ses derniers mots. Il protège ses hommes, mais le retour de feu projette le canon en arrière et lui écrase les reins. C'en est fini de l'ingénieur Karl Woltan, au grand dam des artilleurs impériaux...
La chance du fou et du croyant n'a pas accompagné jusqu'au bout les flagellants ; un à un ils s'empalent sur les lances, la frénésie ne leur suffisant pas, et très vite leur nombre se réduit, de vingt ils ne sont plus que huit, et leur agonie sera longue tant la foi les incite à rester.
Sur cette tragédie s'achève leur second tour.

Tours 3 et 4
Début du troisième tour
Le froid réunit au vent, et au claquement de la bruine sur les pièces d'armures, a fait monter la brume de la rivière proche. D'ici je la vois accompagner la charge du dragon et de son cavalier comme un cortège funèbre de charognards à l'attente. Face à lui Wolfgang Schuller et Scharfklaue se tiennent prêt, l'épée étincelante du général impérial est peut-être le seul flambeau que tous peuvent admirer. Les cris du despote est aussi strident que celui de son dragon, aussi strident aussi, et unanime à celui des furies à portée de charge des troupes régulières, dont l'assurance menace de s'effondrer à la vue de tant de chairs et de danses d'envoûtement. Les joueurs d'épée qui suivent depuis le couvert de la ferme (je devine à présent qu'ils prendront les furies par le flanc si les troupes parviennent à résister) se contiennent pour le régiment allié ; certains ont peut être un fils parmi eux, d'autres un oncle ou un neveu. Ils prient intérieurement, se protégeant des cris et des claquements infernaux du temps qui se déchaîne.
Autour du vieux moulin s'amoncellent d'autres vents, plus froids encore, plus dangereux. La rivière à son pied s'anime encore davantage, presque animale maintenant, tant ses vagues semblent des griffes, et ses tourbillons des crocs. La fumée qui en monte présage le pire, et le sorcier de feu brandit son plus puissant parchemin pour empêcher le mot de douleur d'arriver jusqu'au seigneur Schuller : il a besoin de toutes ses forces pour combattre le sombre despote, et rien ne doit l'affaiblir. Le sorcier se félicite d'avoir pressenti le danger, mais les eaux ne cessent de bouillir, les vents ne cessent de souffler, et il n'anticipe pas l'éclair qui le terrasse, lui, en l'espace d'une seconde. Dans le vieux moulin sourit la sorcière.
"A votre droite, protégez-vous ! crie le capitaine des joueurs d'épées.
La multitude des traits n'en a atteint que deux, et la baliste n'a cette fois-ci pas distribué la mort. Leurs armures sont solides, et leur entraînement suffisamment rigoureux ; seules quelques égratignures qui seront vite oubliées percent la peau des épéistes de l'Empire, cette troupe d'élite qui attend son heure. En attendant le spectacle est ailleurs...
Car c'est un spectacle que cette confrontation, sur le fond d'un décor de brume et de crachin, des deux généraux ; si la haine du despote est naturelle, celui de Wolgang Schuller a gonflé pendant les premiers tours du combat, et avant même. L'annonce de l'attaque du village de Midlandburg l'a touché : une partie de sa famille en vient, et son cousin Franz est membre de le milice. Il pleure de le savoir réduit en esclavage par les elfes, et le commandement de l'armée punitive était sa récompense autant que sa vengeance, accordée par l'empereur pour que la haine soit dans les deux camps, et à défaut du mépris partagé la même rage de tuer et d'humilier l'ennemi. Wolgang espère, non sans raison, que quelques uns des miliciens sont encore cachés dans les ruines du village, et qu'ils sauront lui dire où se trouve le camp des elfes noirs. Mais avant cela, il faut vaincre.
Schuller brandit son épée pour contrer la lame rapide du despote, qui l'injurie dans sa langue pointue. Les deux animaux se montrent leurs griffes et les aiguisent l'une contre l'autre. Schuller résiste, car il sait qu'un contact même léger avec le cimeterre elfique peut lui infliger plus de douleur qu'en apparence. Il se courbe, se force, et enfin abat l'épée, dont le scintillement magique décuple ses forces, et la force a brisé l'armure écaillée du despote, qui n'esquive que trop tard le coup porté.
Est-ce la surprise de l'elfe de se voir défait par un simple homme ? Est-ce l'affolement du dragon ressentant, par empathie, la douleur de son maître ? Est-ce l'effet magique de l'épée que lui confia avant la bataille son vieux maître en Altdorf, le sage Gemellus, en lui glissant que l'arme était crainte des elfes ? Le général Schuller voit avec plaisir son ennemi fuir. Et s'il ne peut le rattraper, déjà sa satisfaction est grande. Il lance à l'assaut Scharfklaue, et la bête enivrée rugit d'un rugissement qui retentit pour tous les hommes. Il me semble un instant que la brume se lève, que la pluie cesse, que les éléments même réagissent à la nouvelle et que, comme le coq annonce l'aube sur tout le saint Empire, le griffon annonce la victoire des impériaux.

A ce cri je sentis que l'issue du combat me passionnait mieux encore. Et à travers le verre brisé des fenêtres de la ferme, je cherchai du regard Wolfgang Schuller, le héros du jour. Sa poursuite éclairait l'aile est du champ de bataille, et vers là même où les ombres avaient massacré les escorteurs de l'Empire, il chassait le dragon.
Ma recherche fut de courte durée. Par la fenêtre jaillit le cadavre encore brûlant de sang et de sueur d'un soldat régulier au regard en extase. Après avoir combattu les furies de Khaine, après avoir supporté leurs cris et cherché leurs faiblesses sous la chair aveuglante, il n'avait pu résister et s'était laissé faire, guidant lui-même la lame de son bourreau. Autour de lui les elfes maudites anéantissaient les pauvres soldats, dont certains pourtant ne manquaient pas de courage, et il ne me semblait guère possible qu'ils purent résister plus d'un tour encore à l'épreuve des lames furieuses des furies frénétiques.
"Pour Sigmar ! Pour l'empereur ! Pour le comte Schuller !
A ma gauche les cris des joueurs d'épées, certains mêmes traversaient la ferme pour pouvoir charger les furies et aider la troupe. Il tenait leurs épées comme on tient un couperet, l'ajustant avec précision pour atteindre les chairs dénudées. Je sentais là tout l'art tactique des impériaux, la tenaille qu'ils avaient préparé en amont portait ses fruits et les démons venus du Nord n'y résisteraient pas. Le courage des troupes leur avait permis de tenir, et à présent les joueurs d'épée, l'élite de l'infanterie impériale, se tenaient prêts. La mêlée était acharnée, et les pertes partagées dans cette lutte pour la survie, pour le massacre.
Changeant de fenêtre, je cherchai d'autres visions de la bataille, et me rassura de voir que les chevaliers impériaux atteignaient à présent les lignes elfiques où les attendaient d'autres monstres qu'ils ralentiraient suffisamment pour assurer la victoire de l'Empire. Et si je déplorais la perte du sorcier, dont les pouvoirs n'avaient pu montrer tout leur éclat, il y avait encore, sur le flanc est, suffisamment d'animation pour assurer le spectacle. Wolgang Schuller chargeait le dragon en fuite, devant les yeux des artilleurs pour qui la vue de leur général compensait la perte de leur ingénieur : Sigmar était avec eux, leur semblait-il.
Imprévu, irrationnel, magique peut-être autant qu'incohérent, un trait de baliste au profil de tronc transperça la brume depuis la colline. Il alla se ficher dans le corps du général Schuller, qui tomba mort d'un coup de son griffon. Le rugissement retentit à nouveau, mais de glas cette fois-ci.
"Abattez-moi cette baliste ! criait l'artilleur qui, par son ancienneté, avait pris le relais de l'ingénieur Woltan, mais qui ne savait pas aussi bien que lui les subtilités du feu d'enfer.
"On ne peut pas ! On ne la voit pas !
L'artilleur jura : s'il avait pu mieux choisir le terrain, il serait monté sur une colline. Mais là le terrain plat ne lui permettait pas d'embrasser tout le champ, et la longue-vue de l'ingénieur s'était brisée avec lui. Plus que tout l'inquiétait désormais la silhouette du dragon qui surplombait les artilleurs. Précipitamment vinrent ses ordres confus :
"Le dragon ! Tuez le dragon !
Le feu d'enfer dégaina, les fusées partirent, les flammes explosèrent en gerbe. Puis quand se furent dissipés les fumées mêlées à la pluie, ils virent tous quatre que le dragon s'était écroulé, criblé, même s'il les regardait toujours. Des écailles du monstre sortit une lame courbe. Sans même un regard pour sa monture agonisante, le despote s'extirpa du cadavre, comme de ses entrailles, et fixa en souriant les hommes dispersés autour du canon. C'en était fini de l'artillerie impériale.

Tours 5 et 6
A quelques mètres de ma cachette les joueurs d'épées finissaient de tuer les dernières furies, sous les regards étourdis des soldats réguliers, encore sous le choc de la confrontation. Le capitaine tentait de réorganiser les deux régiments. Non loin d'ici les lanciers elfiques, qui en avaient terminé avec les flagellants, s'apprêtaient à jaillir sur la proie la plus proche, à plus forte raison si elle était épuisée. J'en avisai le capitaine.
"Les lanciers sont proches, mon capitaine !
"Toi tu ne devrais pas être là ! Tu n'as même pas d'arme.
A ma ceinture le fourreau était vide, comme l'avait remarqué le capitaine.
"Prends-en une au sol, ce n'est pas ça qui manque.
Et comme je me penchais :
"Mais non, imbécile ! Pas une arme elfique ! Qui sait quels sorts les protègent ?
"Et les lanciers ?
"J'ai vu les lanciers. Nous nous reformons, nous les affronterons. Ils ont tué le général, ils doivent payer, pour Sigmar. Tu dois pouvoir comprendre cela, non ?
La vision du trait épais traversant le corps du général me revint.
"Mais je ne sais pas me battre ! Je suis venu pour raconter la bataille...
Le capitaine était parti, il avait pris la tête de son régiment et aidait le porte-étendard, affaibli par le venin elfique, à brandir haut le drapeau aux couleurs de l'Empire. Le général mort, ce drapeau était le dernier signe de ralliement.
"A votre droite ! Protégez-vous ! cria le capitaine, comme une nouvelle volée venait de l'horizon, et je n'en distinguais pas les tireurs, sans doute étaient-ce les arbalétriers que je pouvais encore identifier quelques heures auparavant, quand le ciel était clair. Cette fois le tir fut plus meurtrier : les hommes étaient fatigués, les armures usées, et la portée plus courte garantissait l'impact. Ils furent une petite dizaine à tomber, certains blessés seulement, mais même ceux-là se tordaient : le venin elfique agissait. L'un d'eux m'agrippa la jambe.
"Aide-nous ! Prends mon épée !
"Je suis juste là pour raconter la bataille... Je ne peux me battre.
"Que crois-tu raconter en restant à l'abri ? Penses-tu que le général elfe noir t'épargnera lorsqu'il t'aura trouvé, avec tes papiers et ta mine ? Que connais-tu du combat, pauvre lâche ?
Le brouillard épaississait, je ne voyais plus à dix mètres. A mes pieds traînait l'arme de l'agonisant, qu'il me tendait presque en forme de dernier spasme. Je m'en saisis et joignais les joueurs d'épée dans leur charge.

Les lanciers elfes avaient pointé en avant leurs armes, et par chance je me trouvais encore à l'arrière au moment de l'impact, mais assez près pourtant pour viser et toucher un elfe mal protégé. Mon épée le blessa, mais pas suffisamment sans doute car il me vit et fit tourner sa lance. Je vis passer les épines perçant le long de la lame, juste devant mes yeux, en menace. L'épée du capitaine stoppa le coup en l'air.
"Il faut parer, garçon, et riposter.
Un peu maladroitement je brandissais l'épée des deux mains sur mon ennemi qui recula, cette fois terrassé.
"Bien Franz, ton cousin serait fier de toi.
Le capitaine ajouta :
"Il m'a demandé de te retrouver, et de te protéger. Wolfgang savait que tu ne serais pas de taille dans cette bataille, que tu essaierais de fuir dans tes histoires, que tu y parviendrais, peut-être une fois, mais pas deux fois.
"Je...
J'admirais la capacité du capitaine à parler en même temps qu'il combattait et pourtant à mes oreilles ses paroles étaient limpides, ses mots précis, autant que ses coups, là où les miens visaient souvent à côté.
"Merci mon capitaine...
Il ne sembla pas m'avoir entendu.
"Ce n'est pas un des tes récits. Ce n'est pas un de tes jeux. Là tu me battrais sans doute, ici tu dois me faire confiance.
Autour de nous les lanciers et les épéistes se mêlaient en une seule grande farce, en un même décor répétitif et vain : des coups encore, et des parades, et d'autres coups portés non par le hasard mais comme si la main de Sigmar au-dessus guidait et donnait ses ordres. Rien ne pouvait rendre mieux que le bruit et l'odeur du sang (les différents stades de l'odeur du sang, celui encore visqueux et musqué, celui cristallin et plus acide, celui enfin séché et âcre, moins aigu mais plus puissant) les fracas du combat. Aucun artifice, aucun décor des histoires que j'écrivais, seul dans la chambre haute du château à contempler l'entraînement des gardes et les tactiques des généraux sur la grande carte de bataille, ne pouvait aussi bien m'imprégner dans la guerre.
"Attention, garçon : à ta gauche !
Les pas de danse orchestrés par les elfes m'avaient amené presque au bord du régiment. Et me retournant, je voyais la silhouette d'un cavalier. Qui était-ce ? Les pistoliers étaient morts, la cavalerie impériale bien trop lointaine. Alors je reconnus le rictus... C'était celui du despote ! Que faisait-il sur un cheval aux armes de l'Empire ? Avait-il caché dans les bois un cheval trompeur pour couvrir sa fuite ? Ou plus sûrement avait-il subtilisé une des montures errantes après le massacre des pistoliers ? Et sans doute avait-il tué un à un tous les artilleurs, même les suppliants, même les fuyards...
Le capitaine para hardiment le coup qui m'était destiné.
"Va-t-en, Franz ! Sauve-toi ! Va prévenir la garnison d'Eckfürt que nous sommes débordés par les elfes ! Raconte-leur ce qui s'est passé !
L'épée du capitaine flancha, et il subit la morsure du cimeterre ennemi le long de son bras, à l'armure désormais découverte. Des deux mains il fit tourner son épée pour l'asséner de front tandis que le despote para d'un bouclier improvisé d'une vieille et solide sellerie portant griffon rampant. Alors vers le flanc découvert du capitaine des joueurs d'épée, il fit glisser sa lame plus légère, et visa avec un doigté maléfique l'espace où la pièce d'armure se soudait au cuir.
Je suivais tétanisé la scène, me repassant au ralenti les coups. La morsure du cimeterre, l'épée de front, le bouclier improvisé, et la lame entre la soudure pénétrée dans la chair.
J'aurais dû écouter mon cousin. Je n'aurais pas dû chercher à écrire cette bataille. Le sang acide me montait aux sinus et m'empêchait de penser.
Je cours.

Epilogue
Dans la fuite, les bois sont menaçants. Les arbres prennent des formes torves, comme si leur résine coulait sous l'incendie en marche, et le sol se dérobe et trompe. Les pas s'enfoncent au sol de ce décor bien trop réel. Le galop s'éveille. Les branches m'agrippent. A gauche le hennissement ricanant des chevaux, et encore le goût des armes.
"Hé bien, Francis ? Tu as oublié ma cavalerie ?

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il y a 10 ans 5 mois #18886 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Le rapport de bataille
Une petite explication sur le pourquoi de ce texte, qui se veut avant tout un exercice de style plus qu'un véritable texte.

Raison 1 : J'ai lu récemment L'Espoir d'André Malraux et le roman parle des rapports entre la philosophie et la guerre, et indirectement de la façon d'écrire la guerre ; entre les scènes d'action et les scènes d'explication, quel est la place du narrateur ? Comment s'implique-t-il dans un récit de guerre et de combat ? Je pense que c'est une question qui nous préoccupe tous ici qui écrivons, notamment, de la fantasy et de la SF où les scènes de guerre sont présentes. Et je ne sais qu'elles ne sont pas mon fort, justement parce que je peine à décrire l'action, là où Zara, par exemple dans Rêve d'Ether, y arrive plutôt bien.

Raison 2 : J'ai rejoué récemment à Warhammer, j'ai relu des rapports de bataille et des livres d'armée, et je me suis souvenu que ces rapports de bataille et ces livres d'armée étaient l'une des premières motivations d'écriture que nous avons pu avoir, du temps du Warfo. En tout cas c'était mon cas, qui voyais mes récits hommes-lézards comme des "compléments" au livre d'armée. J'ai eu envie de retrouver cette sensation, d'où un rapport de bataille qui se veut d'abord classique. Et qui rappelle opportunément que le moteur de l'écriture est l'action...

Mr Petch

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il y a 10 ans 5 mois #18887 par Vuld Edone
Réponse de Vuld Edone sur le sujet Re:Le rapport de bataille
Francis est littéralement moi, sauf qu'à l'époque c'était une bataille entre morts-vivants et empire, et les armées étaient moins grandes. J'étais là à regarder les autres jouer et je leur ai écrit le rapport de bataille.

J'ai assez vite compris quel était le mécanisme du texte, la lente plongée dans l'action. Je l'ai compris surtout en me rendant compte à quel point je me fichais de la bataille, intéressé seulement de savoir ce que faisait/pensait Francis.
Et quelque part ça répond au sujet. La bataille est accessoire, seul l'avis du narrateur vaut quelque chose.
Pour être honnête, une fois cela pris en compte, j'ai vite décroché. Je ne suis pas arrivé au bout du tour deux, j'ai juste survolé le reste. Ca tient effectivement de l'exercice de style.

À noter qu'il y a déjà quelqu'un qui décide pour toi : le jeu, et Warhammer. Ils ont leur propre vision des combats et te forcent, par les règles, à t'y soumettre. Tu ne décris pas la guerre, tu décris la guerre "dans Warhammer".

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il y a 10 ans 5 mois #18888 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Le rapport de bataille
C'est étrange, mais la transition est malgré tout trop brutale. Je suis passé de "ceci est un rapport de bataille imagé" à "en fait tout ça est réel". En fait, pour être précis, on a quatre étapes (que je vois):
- rapport de bataille classique et structuré (selon l'ordre du tour)
- rapport de bataille imagé
- narrateur dans l'action
- narrateur est réel, action est réelle

La fin laissant à penser qu'en fait non.

A ce cri je sentis que l'issue du combat me passionnait mieux encore. Et à travers le verre brisé des fenêtres de la ferme, je cherchai du regard Wolfgang Schuller, le héros du jour.

Ce sont ces deux phrases qui font la transition entre l'étape trois et quatre. Cependant, l'ennui c'est que cette transition s'appuie sur:
- le combat de Schuller contre le général elfe noir, avec comme gros problème l'emploi de termes comme "fuite", "empathie du griffon" ou "arme magique" qui sont des références, dans ce contexte, au livre de règle et à warhammer. Du coup, la transition me laisse dans le rapport de bataille.
- la ferme, qui, dans ce contexte, reste un décor du champ de bataille.

En gros, je crois qu'il manque quelque chose de plus significatif pour me faire abandonner l'idée qu'il s'agit d'un simple rapport de bataille. Quelque chose comme l'observation de détails inutiles par exemple (mal au pied, murs délabrés, traces de la famille qui habitait là auparavant, souvenir de la famille au château, etc...).

Au niveau de la fin du texte... tu joues sur le fait que le narrateur est réel, mais en fait pas:

Wolfgang savait que tu ne serais pas de taille dans cette bataille, que tu essaierais de fuir dans tes histoires,

Il est réel.

"Hé bien, Francis ? Tu as oublié ma cavalerie ?

Mais en fait pas.

Soit. L'ennui c'est que ça fait relativement peu de sens. Le type ne faisait que regarder la bataille, pas de raison qu'il se sente menacé ou que quelqu'un le menace. Donc si on considère qu'il n'est pas réel, mais juste à côté du plateau de jeu, quelque chose cloche (vu qu'il ne peut pas être sur le terrain à l'exact même moment).
S'il devait être réel, dans ce cas il n'y a aucune raison pour qu'un joueur lui rappelle l'existence de la cavalerie.

Dans le premier cas, il faudrait, pour que ça fasse sens, à mon avis, que le narrateur s'identifie avec une unité en fuite qui cherche à fuir à travers le bois, ce qui le pousse à commenter "nous, au moins, on va pouvoir s'en sortir" à voix haute, poussant le joueur à rappeler l'existence de sa cavalerie avec humour et satisfaction.

Dans le second cas, il faudrait que ce ne soit pas le joueur, mais le narrateur qui rappelle l'existence de cette cavalerie: "J'avais oublié la cavalerie [...]"

***

En termes de fond...

J'ai rejoué récemment à Warhammer

Je suis très fort pour perdre à un peu près tout, mais warhammer a été un summum de frustration. Plus de hauts elfes sont morts entre mes mains que dans toutes les histoires contées à travers les âges et l'entièreté d'internet. Si, à ce point là. Et la V7 fut juste un retour aux unités "tout ou rien".
Comme un biais concernant warhammer...

quel est la place du narrateur ? Comment s'implique-t-il dans un récit de guerre et de combat ?

J'ignore qui est André Malraux (la première pierre, quand vous voulez...), mais c'est une bonne question. Personnellement, j'adore le film "Sky Crawlers" (merci Vuld pour me l'avoir montré à l'époque) qui fait une critique extrêmement violente et profonde de la guerre et ce quasiment sans dialogues (enfin, un minimum) ni combat (enfin, pour ce qu'il y a de combat dans ce film, on peut considérer qu'il n'y en a pas).

Dans ton texte, le narrateur prend partie dans le combat, d'abord émotionnellement, puis personnellement en s'immergeant dans l'action jusqu'à faire littéralement partie de la bataille.
D'un point de vue narratif, la description de la guerre n'est probablement intéressante que si le narrateur s'y intéresse, donc prend partie, partage son opinion, etc... (sans forcément la forcer). Et pourtant...
En fait, je crois que j'ai écouté (c'était uniquement en audio) les meilleurs récits de bataille lors de mon service militaire durant les exercices du simulateur tactique. Je me contentais d'écouter la radio, avec les rapports des troupes, les ordres, la moitié du bataillon qui disparaît sous les tirs ennemis dans les dix premières minutes de l'assaut, etc... ou alors simplement bloqué au fond d'un bunker à remplir des cartes selon un plan d'annonce préconçu pour l’exercice. Mais Je me souviens que même en sachant que l'action n'avait pas lieu, je m'étais pris au jeu et que ces simples annonces relativement neutres suffisaient à présenter une histoire extrêmement passionnante (et effrayante...).

Mais il faut dire que j'étais habillé en militaire, dans une carcasse de char pour l'ELTAM, et au fond d'un bunker pressurisé pour le second cas, donc l'immersion était déjà faite en somme.

Décrire une bataille est-il vraiment si différent que de décrire une histoire d'amour? Je suis à peu près certain que les mêmes mécanismes opèrent. La seule différence étant que dans le cas d'une bataille réelle, le bagage émotionnel du narrateur entre fortement en jeu. Mais c'est aussi un bagage émotionnel qu'un autre auteur pourrait chercher à simuler...

En gros, je ne sais pas... Je crois que je n'ai pas lu assez de batailles bien écrites pour pouvoir comparer et me faire une idée.

Et puis:

Et je ne sais qu'elles ne sont pas mon fort

Je suis carrément incapable de conter une scène d'action. Par manque d'intérêt comme de talent.

Impe.

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il y a 10 ans 5 mois #18894 par Mr. Petch
Réponse de Mr. Petch sur le sujet Re:Le rapport de bataille
@Feurnard

Et quelque part ça répond au sujet. La bataille est accessoire, seul l'avis du narrateur vaut quelque chose.
Pour être honnête, une fois cela pris en compte, j'ai vite décroché. Je ne suis pas arrivé au bout du tour deux, j'ai juste survolé le reste. Ca tient effectivement de l'exercice de style.


Mouif... ça répond au sujet mais le but était aussi de rendre la bataille intéressante, de faire que le lecteur a envie de la lire et d'un seul coup il se rend compte qu'il a changé de type de récit. Donc si tu as lu en diagonale la suite, c'est que c'était un peu raté.
Une solution serait de retarder le moment où le mécanisme se dévoile : on aurait alors un rapport de bataille classique ; reste à trouver une raison qui rende intéressant un rapport de bataille en tant que récit.

L'objectif était aussi de créer un récit "mutant" au sens de "capable de muter" et de trouver les techniques qui amène la mutation en direct. Soit, le mécanisme voulu est là, mais je voulais rendre le récit intéressant au-delà du mécanisme... c'est là dessus que j'aurais aimé des conseils.

À noter qu'il y a déjà quelqu'un qui décide pour toi : le jeu, et Warhammer. Ils ont leur propre vision des combats et te forcent, par les règles, à t'y soumettre. Tu ne décris pas la guerre, tu décris la guerre "dans Warhammer".


Là aussi j'ai essayé de passer outre. Notamment, sur la fin, il se passe des évènements qui ne pourraient avoir lieu dans une vraie partie de Warhammer à cause des règles (par exemple le despote monté sur un cheval de l'Empire, ou encore la baliste fauchant le général impérial en train de poursuivre).

@Impe

En gros, je crois qu'il manque quelque chose de plus significatif pour me faire abandonner l'idée qu'il s'agit d'un simple rapport de bataille. Quelque chose comme l'observation de détails inutiles par exemple (mal au pied, murs délabrés, traces de la famille qui habitait là auparavant, souvenir de la famille au château, etc...).


Bien vu : la transition est trop brutale. J'ai éprouvé plusieurs méthodes. Au départ j'avais en effet imaginé que la transition viendrait du décor (il en reste des traces avec la rivière) mais j'ai abandonné cette idée en cours d'écriture. En gros, le décor était d'abord clairement identifié comme un décor, puis la richesse et le détail des descriptions semait le doute dans l'esprit du lecteur. A retenter, peut-être...

Soit. L'ennui c'est que ça fait relativement peu de sens. Le type ne faisait que regarder la bataille, pas de raison qu'il se sente menacé ou que quelqu'un le menace. Donc si on considère qu'il n'est pas réel, mais juste à côté du plateau de jeu, quelque chose cloche (vu qu'il ne peut pas être sur le terrain à l'exact même moment).


J'ai eu une grosse hésitation sur un détail de la phrase "Hé bien, Francis ? Tu as oublié ma cavalerie ?" : l'emploi de "Francis" ou de "Franz". Avec le premier, on avait cette ambiguité que tu soulignes, avec le second, on restait dans le récit de bataille. Que penses-tu de la fin avec "Franz" à la place de Francis ? Ou alors simplement une intervention du narrateur du type "Je compris alors que j'avais oublié les chevaux".

En fait, je crois que j'ai écouté (c'était uniquement en audio) les meilleurs récits de bataille lors de mon service militaire durant les exercices du simulateur tactique. Je me contentais d'écouter la radio, avec les rapports des troupes, les ordres, la moitié du bataillon qui disparaît sous les tirs ennemis dans les dix premières minutes de l'assaut, etc... ou alors simplement bloqué au fond d'un bunker à remplir des cartes selon un plan d'annonce préconçu pour l’exercice. Mais Je me souviens que même en sachant que l'action n'avait pas lieu, je m'étais pris au jeu et que ces simples annonces relativement neutres suffisaient à présenter une histoire extrêmement passionnante (et effrayante...).


C'est extra ce témoignage, ça pourrait être un pitch de récit : un récit de guerre raconté uniquement par des moyens indirects : transmission radio, ennui des soldats à la base, rapports des troupes, ordres pas toujours compréhensibles. C'est excellent !

Décrire une bataille est-il vraiment si différent que de décrire une histoire d'amour? Je suis à peu près certain que les mêmes mécanismes opèrent. La seule différence étant que dans le cas d'une bataille réelle, le bagage émotionnel du narrateur entre fortement en jeu.


J'identifie, à tort peut-être, récit de bataille et récit d'action. Mais Feurnard avec Chimio' avait prouvé qu'un récit de guerre est aussi un récit de tactiques... Ou du moins qu'il peut être intéressant par ce biais.

Mr Petch

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il y a 10 ans 5 mois #18896 par Imperator
Réponse de Imperator sur le sujet Re:Le rapport de bataille
En parlant de transition, et en repensant au texte, il y avait aussi cette transition-là:

"Il m'a demandé de te retrouver, et de te protéger. Wolfgang savait que tu ne
serais pas de taille dans cette bataille, que tu essaierais de fuir dans tes histoires, que tu y parviendrais, peut-être une fois, mais pas deux fois.

Peut-être que tout mettre dans une seule phrase (et le répéter une fois encore au travers du narrateur) est un peu trop rapide et direct.

Que penses-tu de la fin avec "Franz" à la place de Francis ?

Qui serait en train de lui parler? Comment cette personne connaîtrait son nom?

un récit de guerre raconté uniquement par des moyens indirects

Si tu veux t'y essayer, je suis preneur. Je pense que de mon côté je serais trop biaisé par mon expérience personnelle.

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