Mes premiers pas
- kane98
- Auteur du sujet
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 10
il y a 18 ans 7 mois #9537
par kane98
Mes premiers pas a été créé par kane98
petite précision pour le titre, je ne savais pas quel titre donner à mon texte, j'ai décidé de dispatcher les quatre parties en quatre livres. comme je trouve que l'introduction, bien que nécessaire, ne permet pas de se faire une idée concise mais puisque suffisemment volumineuse comme ça, je publierai le premier chapitre la semaine prochaine. On m'a reproché à propos d'Abel le sombre d'un peu trop broder, pouvez vous me donner votre avis? Merci d'avance.
Livre premier
Première partie :
Introduction
*
Abel le sombre.
Il pleuvait depuis déjà une semaine sur la sombre forêt, les nuages noirs déversaient sans cesse des litres d’eau, en fines gouttelettes, en grosses averses ou même sous forme de grêles. La terre était gorgée, une épaisse couche de boue recouvrait le chemin qu’une ombre et sa monture affrontaient. Les sabots de l’animal et les bottes de l’inconnu s’enfonçaient à chaque pas et remontaient avec peine du bourbier, les deux corps courbés avançaient avec détermination . le cheval était un magnifique étalon noir, très puissant, taillé pour la course et la combat, ses yeux rouges semblaient brûler dans les ténèbres et le rendait aussi sinistre que son maître. Il ne portait que sur lui sa selle, un petit sac sur sa coupe et une arbalète sur son flanc gauche, flanc où l’homme tenait l’animal par sa bride, sans se laisser tirer ni même le pousser. Malgré un poil propre et un corps musclé, on pouvait deviner une trop longue période de jeûne et de privations. La créature qui s’avançait à ses côtés était enveloppée d’une longue cape noire dont la capuche couvrait la tête et le protégeait de la pluie, sa main droite ganté d’un cuir sinistre, tenait la bride du cheval alors que la gauche était posé sur le pommeau d’une épée. Des vêtements sombres cachaient son corps qui avançait puissamment dans la boue. Quelque part un éclair laboura le sol et le sourd fracas se répandit dans toute la forêt, le cheval poussa un petit gémissement en réponse sans pour autant s’alarmer. L’humain au contraire, s’arrêta brusquement de marcher, l’animal l’imita immédiatement, sa main se crispa sur le manche de son arme alors qu’une autre cherchait l’arbalète. Sa tête bougeait dans plusieurs directions, cherchant des individus invisibles du regard, pourtant et malgré ses nombreux mouvements, la pénombre et la capuche empêchait de distinguer les traits de son visage. Le cheval sentait que quelque chose n’allait pas, il commençait à gratter nerveusement le sol boueux, les alentours semblaient mortellement silencieux. Le claquement de milliers de gouttes frappants chaque seconde la cime des arbres, un petit vent glacial soulevant le chuchotement des branches et le brouhaha lointain du tonnerre, tout cela ne suffisait pas à calmer les deux créatures. Il manquait quelque chose dans cette nature, ce que l’on ne remarquait que lorsque qu’elle s’absentait et que l’on ne pourrait décrire, qui alarmait notre sixième sens avant que le danger ne frappe. Le crissement d’une flèche amena de lourds hurlements bestiaux, des hommes bondirent de chaque côté de la route, surgissant de buissons alors que l’inconnu s’agenouillait, tenant de sa main droite l’embout de bois surmonté d’une plume fiché dans son épaule.
« Sa tête est à moi. »
L’homme qui venait de prendre la parole était manifestement le chef de la bande, plus grand que les autres et aussi plus large, il tenait une immense hache de ses deux mains, un énorme chapeau usé et fatigué ainsi qu’un lourd et grossier manteau en peau de bêtes le protégeait de la pluie. Le reste de la troupe était tout aussi débraillé, celui qui avait décoché la flèche ne possédait presque plus de dents et ne semblait plus d’âge à jouer aux bandits, deux autres humains se cachaient derrière de grands boucliers qui accusaient de trop nombreux combats, tout en brandissant de longues dagues rouillées. Ils empestaient la sueur et la vielle mort, sur leurs visages s’accumulait les cicatrices, la crasse, des barbes en bataille et des traits tirés, le cheval s’énervait mais ne voulait pas fuir,il regardait son maître immobile dans la boue. Le bandit s’approcha, levant son arme au dessus de sa tête afin de porter le coup de grâce à l’inconnu, mais celui-ci tendit son bras meurtri en direction de l’archer et armé de l’arbalète il tira. Le corps souleva un épais mélange de sang et d’eau sale en s’effondrant, le chef, surpris par une si violente réaction, ne vit que brièvement son adversaire enfoncer jusqu’à la garde une épée à travers son crâne depuis sa mâchoire. Il était mort avant de sentir le froid de la lame le transpercer.. L’inconnu venait de se relever alors qu’un second cadavre s’écroulait dans la boue, ensanglantant encore un peu plus la route, les survivants regardaient le meurtrier planter sa lame dans le sol, briser la flèche fichée dans son épaule et ramasser son arme, sa puissante gestuelle trahissant son énervement.
« Allez vous en ou je vous massacrerai. »
Les bandits se dévisagèrent et d’un silencieux et rapide accord, bondirent d’où ils étaient venu, disparaissant parmi les arbres et la végétation. La créature souleva son capuchon, découvrant ainsi son visage, la pluie tomba alors un peu moins fort sur sa peau blanche, ses yeux noirs d’une immense tristesse scrutaient les cadavres alors que ses cheveux blonds se collaient les uns aux autres au fur et à mesure que l’humidité les envahissaient. Ses trais fins ne laissaient pas supposer un âge avancé, pas plus de dix neuf ou vingt ans. Quelques gouttes de sang, diluées par a pluie, coulaient sur son manteau depuis sa blessure pour se noyer dans la boue. Un vent particulièrement doux balaya le chemin, brusquement la pluie l’orage cessa et le lourds manteau nuageux se décidait à laisser des concessions sous les assauts répétés du soleil. Sa main saine parcouru lentement son cuir chevelu comme pour essorer sa pilosité de son humidité, puis il enfourna son cheval et continua sa route avec une tranquillité qui n’égalait que sa détermination…
*
La région de ClairVal est une des plus riche et prospère d’Artoma, considérée comme le grenier du pays, ses terres fertiles et le climat clément permet une exploitation céréalière importante. Cernée par d’imposantes foret et protégé à l’ouest par les montagnes grises, ClairVal n’a que rarement souffert des invasions, du pillage et même du banditisme. Réputés pour leurs accueils chaleureux et les fêtes incessantes, ils sont aussi célèbres pour ce que les Artomites appèlent la ‘chauffe’, un alcool extrêmement fort distillé avec un savant et secret mélange de fruits.
Kan le cadet
Le soleil avait alors complètement chassé les nuages noirs, il ne restait plus qu’une fraîche humidité et la douce odeur de la pluie passée. L’orage s’était éteint avec une brièveté aussi soudaine que son apparition sur la région de ClairVal. Travailler toute la journée dans la boue et sous un ciel franchement triste sapait le moral des habitants du village bien que les récoltes s’annonçaient exceptionnelles, par son abondance et sa précocité. Harassé, l’adolescent jeta sa pelle dans l’herbe en pestant, sa journée était terminée, les villageois s’apprêtaient à rentrer chez eux. Certains, une fois les travaux aux champs terminés, consacraient un peu de temps à l’entretient des palissades d’Aztel comme Kan le faisait. Il n’aimait pas les tâches rurales, le jeune et fougueux fils du chef préférait l’aventure et les voyages. Malheureusement l’aîné, Karl, étudiait à Rochemont la capitale d’Artoma, quand il aurait fini il rejoindrait son père dans la direction du village et deviendrai à la mort de ce dernier le nouveau chef. Le second, Bruno, était déjà officier dans un régiment des lointaines frontières au sud où il défendait le pays contre les goules, les pillards et les anciens légionnaires des Armées Noires. Le troisième, Erik, se consacrait à l’étude de Dieu e prêchait la parole divine dans les régions sauvages au nord d’Adenal. Mais kan ne serait ni soldat, prêtre, ni chef du village, son père ne savait pas trop quoi en faire, du haut de ses dix sept ans il se contentait de réhabilité le village en creusant des digues, aidant les bûcherons au bois et les chasseurs dans leurs battues alors que son cœur désirait ardemment affronter les étendues désertique et les rudesses de la vie martiale. Le jeune homme regarda ses mains, elles étaient sales mais fermes et vigoureuses, préférant manier l’épée plutôt que la pelle. Le soleil s’inclinait derrière la foret noire, Kan ramassa ses outils et prit le chemin de la maison, traînant des pieds et pestant encore un peu contre sa mauvaise fortune, son destin morne et ennuyeux. Il se sentait délaissé par le destin, accaparé par le travail, oublié par son père. Arrivé chez lui, l’odeur appétissante du ragoût lui ranima un peu de bonne humeur, il ne vivait pas dans une maison particulièrement plus grande que les autres, elle se distinguait principalement par sa grande salle du conseil, vide la plus part du temps, animée pour les fête mensuelles et les réunions extraordinaires. En dehors des quelques armes entreposées sur un coin de mur en torchis, l’intérieur ne se différenciait pas d’une banale maison paysanne. Rejoignant ses deux petites sœurs à table, Kan se prépara à avaler la premier chose qui se présenterait sur son assiette. Les fesses dodues de sa mère se promenaient d’un bout à l’autre de la salle commune à la recherche de couverts et de divers ingrédient à ajouter dans sa marmite bouillante. Sans arrêter son perpétuel manège elle demanda :
« Kan t’es tu lavé les mains ?
- Oui, mentit-il.
- Tu as bien travaillé ? je vois que tu es tout mouillé.
- Il a plus toute la journée.
- Votre père ne rentrera pas se soir, il paraît que la rivière à débordée et avec des hommes du village il est partit faire… euh, plein de choses compliquées et il ne rentrera pas se soir. »
Son père, il s’en fichait pas mal, pourtant l’adolescent était plus surveillé qu’il ne le pensait. Son paternel savait quelle fougue animait son fils, il connaissait cette flamme qui brûlait son cœur, nourrissant ses rêves et ses ambitions. Le chef du village se souvenait aussi du lourd tribu que paya sa famille deux décennies plus tôt lors de la Guerre du Grand Désespoir et que les premiers à perdre la vie furent les jeunes impétueux trop impatients et trop imprudents. Pourtant les affrontements étaient bien achevés, le calme restauré, les Armées Noires ne subsistaient qu sou forme de petites légions éparpillées le longs de la frontière en maraude, se livrant au pillage. La paix et l’ordre semblaient bien imposés. Pourtant, kan, tout en savourant son repas, remarqua que le soleil s’éteignant dans la foret, par de là la fenêtre, rendait le ciel sanguinolent, signe annonciateur d’un malheur. Le jeune homme sentait que quelque chose approchait dans la foret, une étrange intuition qui le mettait très mal à l’aise. Il ne parvenait pourtant pas à saisir si cela serait une bonne chose ou pas.
*
Les tribus Nordiques occupent les Montagnes Grises au nord du continent. Bien que vivant sur une terre revendiqué par la République Adenaliène et le Royaume Artomite, selon la frontière, les tribus ne doivent allégeance à aucun maréchal ou roi. Régulièrement les tribus s’unissent autour d’un Berserk, une sorte de guerrier divin, pour lancer un série de raids meurtrier. Pillant et saccageant les campanes, se repliant avant que les armées ne se déploient. De nombreuses expéditions punitives, furent menées mais une seule dans toute l’histoire d’Artoma et d’Adenal fut victorieuse. Malgré cela les Nordiques continuent leur pillages en marge du reste du continent.
Clerka la sauvageonne
Dans le sombre établissement, de nombreux guerriers se pressaient les uns contre les autres pour se faire servir en boissons, cette auberge à la frontière marécageuse accueillait toute la vermine des alentours. Sur quelques mètres carrés se concentraient des soldats usés par les affrontements, des mercenaires en mal de contrats, des pillards qui revenaient de leurs carnages, des bandits cherchant refuge et une silhouette gracile qui se cachait sous un long manteau. Dans le fond de la salle , aux abords de la cheminée, elle buvait en silence sa bière. Ses longs doits fins et agiles serraient la chope qu’elle reposait gracieusement après l’avoir portée aux lèvres. Dans le brouhaha et la saleté, l’inconnue se distinguait par le soins administré à ses étoffes bleues et son dérangeant silence. Nombreux étaient les regards qui se posaient sur sa personne, emplis d’interrogation et de curiosités pour certains, d’envies malsaines et perverses pour d’autres. Mais la jeune femme s’en fichait, ses yeux bleu ne craignait pas d’affronter ceux des hommes et pour les moins ignorants des guerriers, ses longs cheveux blonds étalés sur son manteau ainsi que la solide arbalète à ses pieds avertissaient de ses origines nordiques. Cela ne suffit pas à effaroucher un coupe-jarret ivre et puant de s’approcher d’elle en éclopé qu’il était.
« Ce serait bien le diable i je n’arrivait pas à la culbuter cette donzelle. Qu’est ce que tu fais ici ma belle tu t’es perdue ? Tu veux que je m’occupe de toi ? »
La guerrière ne répondit pas, elle ne leva même pas les yeux, pourtant elle posa une main discrète sous son manteau. Vexé, l’indélicat saisi le menton de la désirée et la tira violement pour l’obliger à le regarder. Ses yeux clairs transpercèrent l’esprit brouillé, défiant le stupide imprudent.
« Qu’est ce qu’il y a t’es pas très causante, c’est pas grave, moi je vais te faire couiner, il y a pas besoin de l’ouvrir pour ce que je vais te faire. »
Aussi rapide que l’éclair, l’inconnue balança sa chope sur le visage de l’ivrogne, arrachant une arcade sourcilière, en se levant elle brandit une dague ensanglanté qui venait de traverser une gorge. L’homme, agenouillé, tenait désespérément sa plaie entre ses mains afin de ne pas laisser échapper son sang, toute l’assemblé se retourna, armes au poing afin de corriger le fauteur de trouble, mais lorsque la sauvageonne se baissa afin de planter sa lame dans les parties de sa victime, les hommes firent chacun un pas en arrière, craignant le même sort pour le prochain prétendant. Alors que le corps du malheureux s’écroulait dans son propre sang, tordu par les douleurs lancinantes de ses plaies et que la jeune femme se préparait à partir, un second agresseur fit son apparition. Aussi laid et mal propre que le premier s’avança en hurlant de colère, hache de bûcheron au poing. Avant même que sa râle ne s’achève, il gisait aux côtés de son camarade, un carreau d’arbalète planté entre les deux yeux. La guerrière rangea son poignard, déposa quelques pièces sur une table et une fois ses affaires rassemblées elle quitta l’auberge soudainement pise d’un silence pesant. Perplexes, les hommes se poussèrent pour laisser passer l’inconnue et alors que cette dernière poussait la porte, les discutions reprirent dans la salle, mais un ton en dessous.
*
Depuis l’indépendance d’Artoma sur Adenal en –1502 de l’ère Titouène et la destruction de Moridan, Rochemont en est officiellement la capitale, avec ses deux cent milles habitants, il s’agit de la plus importante citée du Nord du continent. Le palais royal ainsi que les habitations ont étés construites suivant une architecture très semblable au gothique de la Citée Noire avant sa destruction, la différence majeur restant les pierres, calcaires dans le Nord du continent, volcaniques dans le Sud. Les Artomites sont fière de leur capitale, riche, entretenue et inexpugnable.
Les trois mercenaires.
« T’es sûr qu’il habite ici ?
- Comment veux tu que j’en sois sûr, c’est d’une prostituée que je détiens cette information. Mais pourquoi nous aurai t’elle mentie ?
- Parce que tu n’as jamais eu de chance avec les femmes, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer.
- Tu te trompes, ce sont les femmes qui n’ont jamais eu la chance de voir en moi l’homme idéal.
- Mouais, on ne sait toujours pas si c’est vraiment ici qu’il habite. Qu’est ce que tu en pense César ?
- Moi je ne pense pas, j’agis.
- Il a raison Seth, je suis sensé être l’intellectuel de la bande et après mûres réflexions j’en suis venu à douter de ce qu’une prostituée aurait pu te raconter à toi le type le plus indélicat de la planète avec le beau sexe.
- Et c’est le fait que le patron n’habite peut être pas dans cette maison qui t’arrête ? »
Adès ne répondit pas à la remarque de son camarade d’arme, au lieu de cela il prit une mine offusquée. Ils étaient tout trois devant une immense bâtisse blanche, typiquement citadine. Les rôdeur étant rarissimes dans les quartiers fortunées de la capitale, à la différence des patrouilles, la décision fut vite prise d’enfoncer la porte avant d’être remarqué et signalé. Tout sourire, Seth tira son norme glaive en se positionnant face à l’entrée, Adès se mit volontairement en retrait faisant mine de bouder. Les rues de la ville demeuraient désertes, mais il n’en restait pas moins une certaine agitation s’échappant de chaque patté de maison, inondant d’une très légère clameur les trottoirs abandonnés. A la pâle lueur d’une lune mourante et des innombrables réverbères, les trois guerriers se regardèrent un instant avant de pénétrer dans l’imposante demeure. César était le plus petit de tous, ses yeux gris accompagnaient le bout de sa flèche alors que ses fins bras bandaient un arc en direction de l’imminente ouverture béante. Complètement chauve, comme ses amis, il semblait néanmoins porter un peu d’attention à sa pilosité par l’entretient d’un léger bouc blond. Serré dans une frêle cotte de maille, un regard curieux devinerait sûrement un corps faible mais s’attarderait sur les nombreuses flèches à son carquois ainsi qu’aux bilames et à la dague pendus à sa ceinture. Adès, lui, ne laissait rein percevoir de sa morphologie, il s’enveloppait dans de simples et amples vêtements noirs, une pare de botte, un pantalon, une chemise, un paire de gants et une fine épée se balançant contre ses hanches. Une barbe de quelques jours aussi sombre que l’ensemble encadrait un visage un peu plus joufflu que celui de l’archer. Ses yeux clairs roulaient d’un bout à l’autre de son champs de vision à la recherche du moindre élément qui pourrait lui donner raison et empêcher le groupe d’enfoncer la porte. Un peu plus grand que les autres, Seth se distinguait aussi par son imposante armure métallique couvrant son corps du coup jusqu’aux pieds, ses mains lourdement gantées tenait l’impressionnant glaive décoré de sombres symboles. Seul ses sourcils châtains trahissait la couleur de sa pilosité, au dessous, deux yeux sombres emplis d’excitation.
« On y va à trois.
- Tous les trois en même temps ?
- Non, je comptes jusqu’à trois et ensuite j’enfonce la porte.
- Attends Seth j’ai une idée.
- Quoi encore Adès ?
- Je peux toujours faire sauter la serrure, ce serait plus discret, le patron ne s’en rendrai pas compte, il ne s’enfuira pas et pour finir, si on c’est trompé de maison, nous n’aurons pas toute la garde de Rochemont sur le dos.
- Très sage remarque.
- Je l’avait dit que l’intellectuel c’est moi. »
Seth se retira, il se mouvait avec une étrange aisance malgré sa lourde carapace, cela pourtant n’enlevait rien au conséquent et perpétuel cliquetis du métal. Le barbu s’approcha et à l’aide d’un crochet, il entreprit le forçage de la serrure, les deux autres observaient nerveusement les alentours. Après quelques secondes, le système céda et la grande porte en bois précieux s’ouvrit lentement et tout trois entrèrent.
L’intérieur était sombre, une lueur venant de l’étage e se propageant paresseusement depuis un somptueux escalier éclairait un peu le couloirs.
« Oh putain, vise un peu le fric qu’il a dû investir pour se payer un intérieur pareil.
- Nous ne sommes pas des mercenaires au rabais, notre travail est à la mesure du prix à payer, notre peine mérite salaire, et pas des moindres. Je ne crois pas qu’une seul fois nous ayons travaillé pour un démunis. »
Mais Seth, apposant son index sur sa bouche, somma les deux autres de se taire, aussi discrètement qu’ils le purent, les compères escaladèrent les marches menant à l’étage. Quelques chandeliers posés sur de nombreuses petites tables illuminaient un nouveau couloir, il n’y avait pas un bruit à l’exception de quelques plaintes étouffées depuis une porte. Seth en tête, suivit de César et Adès fermant la marche, avançait en direction des légers sons. Amusé, l’archer se retourna e dit :
« Il est en train de prendre du bon temps le patron. »
L’intéressé adressa un rapide mouvement de tête en direction de la chambre où se trouvait un hypothétique couple afin de lui refaire prendre conscience de leur présence en ce lieu. Vexé, il banda son arc et se prépara à abattre un potentiel agresseur sortant de la salle nuptiale, Seth brandissait déjà son arme alors que comme à son habitude, Adès restait en retrait. D’un puissant coup de pieds, le guerrier fit voler la porte en éclat avant d’entrer précipitamment, les petites plaintes cessèrent et furent vites remplacés par des hurlements hystériques féminins. Haussant des épaules, les deux autres entrèrent à leur tour dans la chambre. Un gros bonhomme et une grosse femme tentaient de cacher maladroitement leur nudité derrière un dérisoire petit drap. Terrorisé, aucun des deux amoureux ne parvenait à dire quoi que ce soit d’intelligible, alors se fut césar le premier qui prit la parole, très calmement.
« Fait taire ta femelle Victor, sinon Seth la coupe en deux. On a remplit notre mission, où est notre récompense ?
- De l’argent, je n’ai pas d’argent ?
- Je sais pas pourquoi mais j’étais sûr qu’il allait dire ça. César, laisse moi lui couper deux ou trois orteil, après ça il fera un peu moins le malin.
- Ce ne sera pas nécessaire, première et dernière sommation, paye nous où tu pourrais regretter amèrement de nous prendre pour des amateurs.
- Je vous ai dit, je n’ai plus d’agent, on m’a tout volé.
- Tu es décevant Victor, bon Seth, sort ton scorpion.
- Pourquoi faire ?… Ah, oui, le scorpion. Le voilà. »
Le grand mercenaire, rangeant son arme, tira d’une sacoche de sa ceinture un petit animal noir gigotant. A la vu des deux imposantes pinces et du puissant dard, la femme pâlit et perdit conscience, son lourd corps s’écroula au sol, emportant ainsi le drap dans se chute. Victor ne quitta pas des yeux le scorpion qui, porté par son propriétaire, s’approchait inexorablement.
« Tu es sûr que tu n’as rien à nous donner ?
- Si, j’ai un peu d’argent, mais je n’ai pas tout, pas tout de suite. Cinquante couronnes.
- Ce n’est que la moitié, il nous en faudra cent de plus qu’en nous repasserons, disons dans trois mois. Si tu n’es pas là ou qu’il n’y a pas d’argent alors nous te tuerons de la manière la plus horrible qui soit. Le venin de ce petit animal quand il se répand sous ta peau pourri ta chaire et tétanise te muscles, en plus des terribles douleurs, la fièvre te fera délirer et l’odeur de ta chaire en décomposition te fera vomir de d’horreur. Notre dernier client récalcitrant à mit deux mois à mourir. Ça te tente ? »
Victor hocha négativement la tête.
« Bien, mène nous à ton pécule et pas de bêtise, tu serais mort avant de l’avoir faite. »
Alors que le pauvre bougre tentait maladroitement d’enfiler son pantalon, Adès prit César par le bras et lui murmura :
« Il se fout de notre gueule, s’il voulait nous payer il l’aurait déjà fait, maintenant il va avoir le temps de se préparer, surtout qu’il va être maintenant obligé de reconnaître notre talent. Et c’est quoi cette histoire d’ancien client récalcitrant, le scorpion de set n’a jamais piqué qui que ce soit.
- C’est pour luis faire un peu peur, mort il ne nous sert à rien, je ne crache pas sur cinquante couronnes supplémentaires, s’il manifeste la moindre résistance lors de notre prochaine rencontre je n’aurai aucune pitié. »
Adès le fixa un instant et ajouta :
« Tu n’en as jamais eu. »
César haussa des épaules et ordonna à Victor de s’exécuter. Le bonhomme s’approcha d’un petit coffre qu’il ouvrit après avoir inscrit une combinaison à un imposant cadenas. A l’intérieur s’accumulait de nombreux documents et une imposante bourse. Tremblant de peur il s’en saisit et l’offrit à Adès qui l’ouvrit, quand ses yeux découvrirent l’intérieur un franc sourire illumina son visage et d’un ordre silencieux, les mercenaires se retirèrent.
Sur leurs montures, les trois amis trottaient tranquillement en direction de l’Ouest, d’un commun accords ils décidèrent de rester loin de la capitale pour quelques temps pour éventuellement se reposer, s’entraîner, trouver un nouveau boulot ou peut être dépenser un peu de ce qu’ils venaient de gagner. Un ancien client et ami possédait une grande propriété au sud des Monts Célestes, une aubaine pour des voyageurs en mal de lits douillets et de vacances. Derrière eux le soleil se levait tranquillement, il ne se manifestait pour le moment que par une légère altération lumineuse dans le ciel sombre, bientôt il se présenterait dans toute sa magnificence, mais les trois héros seraient alors déjà loin.
Livre premier
Première partie :
Introduction
*
Abel le sombre.
Il pleuvait depuis déjà une semaine sur la sombre forêt, les nuages noirs déversaient sans cesse des litres d’eau, en fines gouttelettes, en grosses averses ou même sous forme de grêles. La terre était gorgée, une épaisse couche de boue recouvrait le chemin qu’une ombre et sa monture affrontaient. Les sabots de l’animal et les bottes de l’inconnu s’enfonçaient à chaque pas et remontaient avec peine du bourbier, les deux corps courbés avançaient avec détermination . le cheval était un magnifique étalon noir, très puissant, taillé pour la course et la combat, ses yeux rouges semblaient brûler dans les ténèbres et le rendait aussi sinistre que son maître. Il ne portait que sur lui sa selle, un petit sac sur sa coupe et une arbalète sur son flanc gauche, flanc où l’homme tenait l’animal par sa bride, sans se laisser tirer ni même le pousser. Malgré un poil propre et un corps musclé, on pouvait deviner une trop longue période de jeûne et de privations. La créature qui s’avançait à ses côtés était enveloppée d’une longue cape noire dont la capuche couvrait la tête et le protégeait de la pluie, sa main droite ganté d’un cuir sinistre, tenait la bride du cheval alors que la gauche était posé sur le pommeau d’une épée. Des vêtements sombres cachaient son corps qui avançait puissamment dans la boue. Quelque part un éclair laboura le sol et le sourd fracas se répandit dans toute la forêt, le cheval poussa un petit gémissement en réponse sans pour autant s’alarmer. L’humain au contraire, s’arrêta brusquement de marcher, l’animal l’imita immédiatement, sa main se crispa sur le manche de son arme alors qu’une autre cherchait l’arbalète. Sa tête bougeait dans plusieurs directions, cherchant des individus invisibles du regard, pourtant et malgré ses nombreux mouvements, la pénombre et la capuche empêchait de distinguer les traits de son visage. Le cheval sentait que quelque chose n’allait pas, il commençait à gratter nerveusement le sol boueux, les alentours semblaient mortellement silencieux. Le claquement de milliers de gouttes frappants chaque seconde la cime des arbres, un petit vent glacial soulevant le chuchotement des branches et le brouhaha lointain du tonnerre, tout cela ne suffisait pas à calmer les deux créatures. Il manquait quelque chose dans cette nature, ce que l’on ne remarquait que lorsque qu’elle s’absentait et que l’on ne pourrait décrire, qui alarmait notre sixième sens avant que le danger ne frappe. Le crissement d’une flèche amena de lourds hurlements bestiaux, des hommes bondirent de chaque côté de la route, surgissant de buissons alors que l’inconnu s’agenouillait, tenant de sa main droite l’embout de bois surmonté d’une plume fiché dans son épaule.
« Sa tête est à moi. »
L’homme qui venait de prendre la parole était manifestement le chef de la bande, plus grand que les autres et aussi plus large, il tenait une immense hache de ses deux mains, un énorme chapeau usé et fatigué ainsi qu’un lourd et grossier manteau en peau de bêtes le protégeait de la pluie. Le reste de la troupe était tout aussi débraillé, celui qui avait décoché la flèche ne possédait presque plus de dents et ne semblait plus d’âge à jouer aux bandits, deux autres humains se cachaient derrière de grands boucliers qui accusaient de trop nombreux combats, tout en brandissant de longues dagues rouillées. Ils empestaient la sueur et la vielle mort, sur leurs visages s’accumulait les cicatrices, la crasse, des barbes en bataille et des traits tirés, le cheval s’énervait mais ne voulait pas fuir,il regardait son maître immobile dans la boue. Le bandit s’approcha, levant son arme au dessus de sa tête afin de porter le coup de grâce à l’inconnu, mais celui-ci tendit son bras meurtri en direction de l’archer et armé de l’arbalète il tira. Le corps souleva un épais mélange de sang et d’eau sale en s’effondrant, le chef, surpris par une si violente réaction, ne vit que brièvement son adversaire enfoncer jusqu’à la garde une épée à travers son crâne depuis sa mâchoire. Il était mort avant de sentir le froid de la lame le transpercer.. L’inconnu venait de se relever alors qu’un second cadavre s’écroulait dans la boue, ensanglantant encore un peu plus la route, les survivants regardaient le meurtrier planter sa lame dans le sol, briser la flèche fichée dans son épaule et ramasser son arme, sa puissante gestuelle trahissant son énervement.
« Allez vous en ou je vous massacrerai. »
Les bandits se dévisagèrent et d’un silencieux et rapide accord, bondirent d’où ils étaient venu, disparaissant parmi les arbres et la végétation. La créature souleva son capuchon, découvrant ainsi son visage, la pluie tomba alors un peu moins fort sur sa peau blanche, ses yeux noirs d’une immense tristesse scrutaient les cadavres alors que ses cheveux blonds se collaient les uns aux autres au fur et à mesure que l’humidité les envahissaient. Ses trais fins ne laissaient pas supposer un âge avancé, pas plus de dix neuf ou vingt ans. Quelques gouttes de sang, diluées par a pluie, coulaient sur son manteau depuis sa blessure pour se noyer dans la boue. Un vent particulièrement doux balaya le chemin, brusquement la pluie l’orage cessa et le lourds manteau nuageux se décidait à laisser des concessions sous les assauts répétés du soleil. Sa main saine parcouru lentement son cuir chevelu comme pour essorer sa pilosité de son humidité, puis il enfourna son cheval et continua sa route avec une tranquillité qui n’égalait que sa détermination…
*
La région de ClairVal est une des plus riche et prospère d’Artoma, considérée comme le grenier du pays, ses terres fertiles et le climat clément permet une exploitation céréalière importante. Cernée par d’imposantes foret et protégé à l’ouest par les montagnes grises, ClairVal n’a que rarement souffert des invasions, du pillage et même du banditisme. Réputés pour leurs accueils chaleureux et les fêtes incessantes, ils sont aussi célèbres pour ce que les Artomites appèlent la ‘chauffe’, un alcool extrêmement fort distillé avec un savant et secret mélange de fruits.
Kan le cadet
Le soleil avait alors complètement chassé les nuages noirs, il ne restait plus qu’une fraîche humidité et la douce odeur de la pluie passée. L’orage s’était éteint avec une brièveté aussi soudaine que son apparition sur la région de ClairVal. Travailler toute la journée dans la boue et sous un ciel franchement triste sapait le moral des habitants du village bien que les récoltes s’annonçaient exceptionnelles, par son abondance et sa précocité. Harassé, l’adolescent jeta sa pelle dans l’herbe en pestant, sa journée était terminée, les villageois s’apprêtaient à rentrer chez eux. Certains, une fois les travaux aux champs terminés, consacraient un peu de temps à l’entretient des palissades d’Aztel comme Kan le faisait. Il n’aimait pas les tâches rurales, le jeune et fougueux fils du chef préférait l’aventure et les voyages. Malheureusement l’aîné, Karl, étudiait à Rochemont la capitale d’Artoma, quand il aurait fini il rejoindrait son père dans la direction du village et deviendrai à la mort de ce dernier le nouveau chef. Le second, Bruno, était déjà officier dans un régiment des lointaines frontières au sud où il défendait le pays contre les goules, les pillards et les anciens légionnaires des Armées Noires. Le troisième, Erik, se consacrait à l’étude de Dieu e prêchait la parole divine dans les régions sauvages au nord d’Adenal. Mais kan ne serait ni soldat, prêtre, ni chef du village, son père ne savait pas trop quoi en faire, du haut de ses dix sept ans il se contentait de réhabilité le village en creusant des digues, aidant les bûcherons au bois et les chasseurs dans leurs battues alors que son cœur désirait ardemment affronter les étendues désertique et les rudesses de la vie martiale. Le jeune homme regarda ses mains, elles étaient sales mais fermes et vigoureuses, préférant manier l’épée plutôt que la pelle. Le soleil s’inclinait derrière la foret noire, Kan ramassa ses outils et prit le chemin de la maison, traînant des pieds et pestant encore un peu contre sa mauvaise fortune, son destin morne et ennuyeux. Il se sentait délaissé par le destin, accaparé par le travail, oublié par son père. Arrivé chez lui, l’odeur appétissante du ragoût lui ranima un peu de bonne humeur, il ne vivait pas dans une maison particulièrement plus grande que les autres, elle se distinguait principalement par sa grande salle du conseil, vide la plus part du temps, animée pour les fête mensuelles et les réunions extraordinaires. En dehors des quelques armes entreposées sur un coin de mur en torchis, l’intérieur ne se différenciait pas d’une banale maison paysanne. Rejoignant ses deux petites sœurs à table, Kan se prépara à avaler la premier chose qui se présenterait sur son assiette. Les fesses dodues de sa mère se promenaient d’un bout à l’autre de la salle commune à la recherche de couverts et de divers ingrédient à ajouter dans sa marmite bouillante. Sans arrêter son perpétuel manège elle demanda :
« Kan t’es tu lavé les mains ?
- Oui, mentit-il.
- Tu as bien travaillé ? je vois que tu es tout mouillé.
- Il a plus toute la journée.
- Votre père ne rentrera pas se soir, il paraît que la rivière à débordée et avec des hommes du village il est partit faire… euh, plein de choses compliquées et il ne rentrera pas se soir. »
Son père, il s’en fichait pas mal, pourtant l’adolescent était plus surveillé qu’il ne le pensait. Son paternel savait quelle fougue animait son fils, il connaissait cette flamme qui brûlait son cœur, nourrissant ses rêves et ses ambitions. Le chef du village se souvenait aussi du lourd tribu que paya sa famille deux décennies plus tôt lors de la Guerre du Grand Désespoir et que les premiers à perdre la vie furent les jeunes impétueux trop impatients et trop imprudents. Pourtant les affrontements étaient bien achevés, le calme restauré, les Armées Noires ne subsistaient qu sou forme de petites légions éparpillées le longs de la frontière en maraude, se livrant au pillage. La paix et l’ordre semblaient bien imposés. Pourtant, kan, tout en savourant son repas, remarqua que le soleil s’éteignant dans la foret, par de là la fenêtre, rendait le ciel sanguinolent, signe annonciateur d’un malheur. Le jeune homme sentait que quelque chose approchait dans la foret, une étrange intuition qui le mettait très mal à l’aise. Il ne parvenait pourtant pas à saisir si cela serait une bonne chose ou pas.
*
Les tribus Nordiques occupent les Montagnes Grises au nord du continent. Bien que vivant sur une terre revendiqué par la République Adenaliène et le Royaume Artomite, selon la frontière, les tribus ne doivent allégeance à aucun maréchal ou roi. Régulièrement les tribus s’unissent autour d’un Berserk, une sorte de guerrier divin, pour lancer un série de raids meurtrier. Pillant et saccageant les campanes, se repliant avant que les armées ne se déploient. De nombreuses expéditions punitives, furent menées mais une seule dans toute l’histoire d’Artoma et d’Adenal fut victorieuse. Malgré cela les Nordiques continuent leur pillages en marge du reste du continent.
Clerka la sauvageonne
Dans le sombre établissement, de nombreux guerriers se pressaient les uns contre les autres pour se faire servir en boissons, cette auberge à la frontière marécageuse accueillait toute la vermine des alentours. Sur quelques mètres carrés se concentraient des soldats usés par les affrontements, des mercenaires en mal de contrats, des pillards qui revenaient de leurs carnages, des bandits cherchant refuge et une silhouette gracile qui se cachait sous un long manteau. Dans le fond de la salle , aux abords de la cheminée, elle buvait en silence sa bière. Ses longs doits fins et agiles serraient la chope qu’elle reposait gracieusement après l’avoir portée aux lèvres. Dans le brouhaha et la saleté, l’inconnue se distinguait par le soins administré à ses étoffes bleues et son dérangeant silence. Nombreux étaient les regards qui se posaient sur sa personne, emplis d’interrogation et de curiosités pour certains, d’envies malsaines et perverses pour d’autres. Mais la jeune femme s’en fichait, ses yeux bleu ne craignait pas d’affronter ceux des hommes et pour les moins ignorants des guerriers, ses longs cheveux blonds étalés sur son manteau ainsi que la solide arbalète à ses pieds avertissaient de ses origines nordiques. Cela ne suffit pas à effaroucher un coupe-jarret ivre et puant de s’approcher d’elle en éclopé qu’il était.
« Ce serait bien le diable i je n’arrivait pas à la culbuter cette donzelle. Qu’est ce que tu fais ici ma belle tu t’es perdue ? Tu veux que je m’occupe de toi ? »
La guerrière ne répondit pas, elle ne leva même pas les yeux, pourtant elle posa une main discrète sous son manteau. Vexé, l’indélicat saisi le menton de la désirée et la tira violement pour l’obliger à le regarder. Ses yeux clairs transpercèrent l’esprit brouillé, défiant le stupide imprudent.
« Qu’est ce qu’il y a t’es pas très causante, c’est pas grave, moi je vais te faire couiner, il y a pas besoin de l’ouvrir pour ce que je vais te faire. »
Aussi rapide que l’éclair, l’inconnue balança sa chope sur le visage de l’ivrogne, arrachant une arcade sourcilière, en se levant elle brandit une dague ensanglanté qui venait de traverser une gorge. L’homme, agenouillé, tenait désespérément sa plaie entre ses mains afin de ne pas laisser échapper son sang, toute l’assemblé se retourna, armes au poing afin de corriger le fauteur de trouble, mais lorsque la sauvageonne se baissa afin de planter sa lame dans les parties de sa victime, les hommes firent chacun un pas en arrière, craignant le même sort pour le prochain prétendant. Alors que le corps du malheureux s’écroulait dans son propre sang, tordu par les douleurs lancinantes de ses plaies et que la jeune femme se préparait à partir, un second agresseur fit son apparition. Aussi laid et mal propre que le premier s’avança en hurlant de colère, hache de bûcheron au poing. Avant même que sa râle ne s’achève, il gisait aux côtés de son camarade, un carreau d’arbalète planté entre les deux yeux. La guerrière rangea son poignard, déposa quelques pièces sur une table et une fois ses affaires rassemblées elle quitta l’auberge soudainement pise d’un silence pesant. Perplexes, les hommes se poussèrent pour laisser passer l’inconnue et alors que cette dernière poussait la porte, les discutions reprirent dans la salle, mais un ton en dessous.
*
Depuis l’indépendance d’Artoma sur Adenal en –1502 de l’ère Titouène et la destruction de Moridan, Rochemont en est officiellement la capitale, avec ses deux cent milles habitants, il s’agit de la plus importante citée du Nord du continent. Le palais royal ainsi que les habitations ont étés construites suivant une architecture très semblable au gothique de la Citée Noire avant sa destruction, la différence majeur restant les pierres, calcaires dans le Nord du continent, volcaniques dans le Sud. Les Artomites sont fière de leur capitale, riche, entretenue et inexpugnable.
Les trois mercenaires.
« T’es sûr qu’il habite ici ?
- Comment veux tu que j’en sois sûr, c’est d’une prostituée que je détiens cette information. Mais pourquoi nous aurai t’elle mentie ?
- Parce que tu n’as jamais eu de chance avec les femmes, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer.
- Tu te trompes, ce sont les femmes qui n’ont jamais eu la chance de voir en moi l’homme idéal.
- Mouais, on ne sait toujours pas si c’est vraiment ici qu’il habite. Qu’est ce que tu en pense César ?
- Moi je ne pense pas, j’agis.
- Il a raison Seth, je suis sensé être l’intellectuel de la bande et après mûres réflexions j’en suis venu à douter de ce qu’une prostituée aurait pu te raconter à toi le type le plus indélicat de la planète avec le beau sexe.
- Et c’est le fait que le patron n’habite peut être pas dans cette maison qui t’arrête ? »
Adès ne répondit pas à la remarque de son camarade d’arme, au lieu de cela il prit une mine offusquée. Ils étaient tout trois devant une immense bâtisse blanche, typiquement citadine. Les rôdeur étant rarissimes dans les quartiers fortunées de la capitale, à la différence des patrouilles, la décision fut vite prise d’enfoncer la porte avant d’être remarqué et signalé. Tout sourire, Seth tira son norme glaive en se positionnant face à l’entrée, Adès se mit volontairement en retrait faisant mine de bouder. Les rues de la ville demeuraient désertes, mais il n’en restait pas moins une certaine agitation s’échappant de chaque patté de maison, inondant d’une très légère clameur les trottoirs abandonnés. A la pâle lueur d’une lune mourante et des innombrables réverbères, les trois guerriers se regardèrent un instant avant de pénétrer dans l’imposante demeure. César était le plus petit de tous, ses yeux gris accompagnaient le bout de sa flèche alors que ses fins bras bandaient un arc en direction de l’imminente ouverture béante. Complètement chauve, comme ses amis, il semblait néanmoins porter un peu d’attention à sa pilosité par l’entretient d’un léger bouc blond. Serré dans une frêle cotte de maille, un regard curieux devinerait sûrement un corps faible mais s’attarderait sur les nombreuses flèches à son carquois ainsi qu’aux bilames et à la dague pendus à sa ceinture. Adès, lui, ne laissait rein percevoir de sa morphologie, il s’enveloppait dans de simples et amples vêtements noirs, une pare de botte, un pantalon, une chemise, un paire de gants et une fine épée se balançant contre ses hanches. Une barbe de quelques jours aussi sombre que l’ensemble encadrait un visage un peu plus joufflu que celui de l’archer. Ses yeux clairs roulaient d’un bout à l’autre de son champs de vision à la recherche du moindre élément qui pourrait lui donner raison et empêcher le groupe d’enfoncer la porte. Un peu plus grand que les autres, Seth se distinguait aussi par son imposante armure métallique couvrant son corps du coup jusqu’aux pieds, ses mains lourdement gantées tenait l’impressionnant glaive décoré de sombres symboles. Seul ses sourcils châtains trahissait la couleur de sa pilosité, au dessous, deux yeux sombres emplis d’excitation.
« On y va à trois.
- Tous les trois en même temps ?
- Non, je comptes jusqu’à trois et ensuite j’enfonce la porte.
- Attends Seth j’ai une idée.
- Quoi encore Adès ?
- Je peux toujours faire sauter la serrure, ce serait plus discret, le patron ne s’en rendrai pas compte, il ne s’enfuira pas et pour finir, si on c’est trompé de maison, nous n’aurons pas toute la garde de Rochemont sur le dos.
- Très sage remarque.
- Je l’avait dit que l’intellectuel c’est moi. »
Seth se retira, il se mouvait avec une étrange aisance malgré sa lourde carapace, cela pourtant n’enlevait rien au conséquent et perpétuel cliquetis du métal. Le barbu s’approcha et à l’aide d’un crochet, il entreprit le forçage de la serrure, les deux autres observaient nerveusement les alentours. Après quelques secondes, le système céda et la grande porte en bois précieux s’ouvrit lentement et tout trois entrèrent.
L’intérieur était sombre, une lueur venant de l’étage e se propageant paresseusement depuis un somptueux escalier éclairait un peu le couloirs.
« Oh putain, vise un peu le fric qu’il a dû investir pour se payer un intérieur pareil.
- Nous ne sommes pas des mercenaires au rabais, notre travail est à la mesure du prix à payer, notre peine mérite salaire, et pas des moindres. Je ne crois pas qu’une seul fois nous ayons travaillé pour un démunis. »
Mais Seth, apposant son index sur sa bouche, somma les deux autres de se taire, aussi discrètement qu’ils le purent, les compères escaladèrent les marches menant à l’étage. Quelques chandeliers posés sur de nombreuses petites tables illuminaient un nouveau couloir, il n’y avait pas un bruit à l’exception de quelques plaintes étouffées depuis une porte. Seth en tête, suivit de César et Adès fermant la marche, avançait en direction des légers sons. Amusé, l’archer se retourna e dit :
« Il est en train de prendre du bon temps le patron. »
L’intéressé adressa un rapide mouvement de tête en direction de la chambre où se trouvait un hypothétique couple afin de lui refaire prendre conscience de leur présence en ce lieu. Vexé, il banda son arc et se prépara à abattre un potentiel agresseur sortant de la salle nuptiale, Seth brandissait déjà son arme alors que comme à son habitude, Adès restait en retrait. D’un puissant coup de pieds, le guerrier fit voler la porte en éclat avant d’entrer précipitamment, les petites plaintes cessèrent et furent vites remplacés par des hurlements hystériques féminins. Haussant des épaules, les deux autres entrèrent à leur tour dans la chambre. Un gros bonhomme et une grosse femme tentaient de cacher maladroitement leur nudité derrière un dérisoire petit drap. Terrorisé, aucun des deux amoureux ne parvenait à dire quoi que ce soit d’intelligible, alors se fut césar le premier qui prit la parole, très calmement.
« Fait taire ta femelle Victor, sinon Seth la coupe en deux. On a remplit notre mission, où est notre récompense ?
- De l’argent, je n’ai pas d’argent ?
- Je sais pas pourquoi mais j’étais sûr qu’il allait dire ça. César, laisse moi lui couper deux ou trois orteil, après ça il fera un peu moins le malin.
- Ce ne sera pas nécessaire, première et dernière sommation, paye nous où tu pourrais regretter amèrement de nous prendre pour des amateurs.
- Je vous ai dit, je n’ai plus d’agent, on m’a tout volé.
- Tu es décevant Victor, bon Seth, sort ton scorpion.
- Pourquoi faire ?… Ah, oui, le scorpion. Le voilà. »
Le grand mercenaire, rangeant son arme, tira d’une sacoche de sa ceinture un petit animal noir gigotant. A la vu des deux imposantes pinces et du puissant dard, la femme pâlit et perdit conscience, son lourd corps s’écroula au sol, emportant ainsi le drap dans se chute. Victor ne quitta pas des yeux le scorpion qui, porté par son propriétaire, s’approchait inexorablement.
« Tu es sûr que tu n’as rien à nous donner ?
- Si, j’ai un peu d’argent, mais je n’ai pas tout, pas tout de suite. Cinquante couronnes.
- Ce n’est que la moitié, il nous en faudra cent de plus qu’en nous repasserons, disons dans trois mois. Si tu n’es pas là ou qu’il n’y a pas d’argent alors nous te tuerons de la manière la plus horrible qui soit. Le venin de ce petit animal quand il se répand sous ta peau pourri ta chaire et tétanise te muscles, en plus des terribles douleurs, la fièvre te fera délirer et l’odeur de ta chaire en décomposition te fera vomir de d’horreur. Notre dernier client récalcitrant à mit deux mois à mourir. Ça te tente ? »
Victor hocha négativement la tête.
« Bien, mène nous à ton pécule et pas de bêtise, tu serais mort avant de l’avoir faite. »
Alors que le pauvre bougre tentait maladroitement d’enfiler son pantalon, Adès prit César par le bras et lui murmura :
« Il se fout de notre gueule, s’il voulait nous payer il l’aurait déjà fait, maintenant il va avoir le temps de se préparer, surtout qu’il va être maintenant obligé de reconnaître notre talent. Et c’est quoi cette histoire d’ancien client récalcitrant, le scorpion de set n’a jamais piqué qui que ce soit.
- C’est pour luis faire un peu peur, mort il ne nous sert à rien, je ne crache pas sur cinquante couronnes supplémentaires, s’il manifeste la moindre résistance lors de notre prochaine rencontre je n’aurai aucune pitié. »
Adès le fixa un instant et ajouta :
« Tu n’en as jamais eu. »
César haussa des épaules et ordonna à Victor de s’exécuter. Le bonhomme s’approcha d’un petit coffre qu’il ouvrit après avoir inscrit une combinaison à un imposant cadenas. A l’intérieur s’accumulait de nombreux documents et une imposante bourse. Tremblant de peur il s’en saisit et l’offrit à Adès qui l’ouvrit, quand ses yeux découvrirent l’intérieur un franc sourire illumina son visage et d’un ordre silencieux, les mercenaires se retirèrent.
Sur leurs montures, les trois amis trottaient tranquillement en direction de l’Ouest, d’un commun accords ils décidèrent de rester loin de la capitale pour quelques temps pour éventuellement se reposer, s’entraîner, trouver un nouveau boulot ou peut être dépenser un peu de ce qu’ils venaient de gagner. Un ancien client et ami possédait une grande propriété au sud des Monts Célestes, une aubaine pour des voyageurs en mal de lits douillets et de vacances. Derrière eux le soleil se levait tranquillement, il ne se manifestait pour le moment que par une légère altération lumineuse dans le ciel sombre, bientôt il se présenterait dans toute sa magnificence, mais les trois héros seraient alors déjà loin.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
- Zarathoustra
- Hors Ligne
Réduire
Plus d'informations
- Messages : 2081
il y a 18 ans 7 mois #9563
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: Mes premiers pas
J'ai lu la première moitié (le forum n'est pas convivial pour les longues lecture, je préfère le format des MAJ).
C'est vrai que tu dilues un peu, mais ça ne m'a pas trop géné. Il s'agit du tout début, on est normalement patient pour laisser les choses s'installer.
J'aime bien le premier perso. Par cotre Kan me parait plus cliché (desolé si ça a un rapport avec ton oseudo ). Il représente trop fidélement le jeune impatient de vivre des aventures. Je peux bien sûr me tromper à ce stade...
J'essaierai de lire la suite plus tard. Pense à la mise à jour du site si tu veux plus d'avis. C'est souvent l'idéal pour avoir de vrais retours.
C'est vrai que tu dilues un peu, mais ça ne m'a pas trop géné. Il s'agit du tout début, on est normalement patient pour laisser les choses s'installer.
J'aime bien le premier perso. Par cotre Kan me parait plus cliché (desolé si ça a un rapport avec ton oseudo ). Il représente trop fidélement le jeune impatient de vivre des aventures. Je peux bien sûr me tromper à ce stade...
J'essaierai de lire la suite plus tard. Pense à la mise à jour du site si tu veux plus d'avis. C'est souvent l'idéal pour avoir de vrais retours.
Connexion ou Créer un compte pour participer à la conversation.
Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra