Vingt minutes.
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il y a 7 ans 8 mois - il y a 7 ans 8 mois #21139
par Vuld Edone
Vingt minutes. a été créé par Vuld Edone
Hi'.
Lors du Discord de mercredi on a décidé sur un coup de tête de se donner vingt minutes pour écrire n'importe quoi. Bon Zara' et Dude se sont aussi donnés pour règle de nous utiliser comme personnages mais voilà.
Rae avait parqué son rover à un petit kilomètre au nord de la zone industrielle, sur une route formée à force de passages des camions-citernes sur le fongus. Depuis ce léger plateau les lourds bâtiments de ferromasse étaient réduits à quelque chose de grotesque, penchés au hasard à des hauteurs éparses et groupés comme des enfants craintifs autour des hautes tours chargées de câbles. Il y avait le fourmillement des machines à l'ouvrage, et il y avait l'ombre menaçante de quelques tourelles, plus avant dans les grands espaces dégagés qui faisaient face au désert mauve-vert.
Le rover lui-même s'était écarté de la route pour, de travers, lui tourner le dos et faire face à l'immensité. Il n'y avait, face à elle, pas âme qui vive, pas un relief, seulement le trait infini de l'horizon, l'infini de ses pensées. Et tout ce à quoi elle arrivait à penser, en laissant son regard vaquer dans ces profondeurs et dans le ciel, était à quel point tout cela était beau.
Elle avait deux packs de bières en canettes dans leur glacière, un petit parasol multicolore pour la protéger d'un soleil depuis longtemps effacé et sa fidèle chaise pliante sur laquelle elle paraissait, et tout ce qu'elle arrivait à penser était à quel point ce qu'elle voyait était beau, comme elle avait trouvé beau le paysage précédent et le paysage d'avant encore.
Rae n'était même pas bien sûr de ce qu'elle faisait si loin de tout, et peut-être que c'était un enfantillage. Elle voulait reprendre la route, mais avec nulle part où aller, alors elle restait là à admirer rien du tout et elle songeait à des choses qui lui échappaient aussitôt, comme par exemple, dans quoi elle investirait à nouveau son argent, ou bien, quel était le sens de la vie. Des préoccupations banales en somme.
Quelque chose attirait son attention, un peu à droite, bien loin, à la périphérie de son champ de vision. Elle avait l'impression d'une ombre pareille à celles qui venaient au réveil, quand le rêve piétinait encore la réalité. Le paysage, là-bas, était tout à fait désert, du fongus à peu près plat à perte de vue. Mais Rae voulait croire qu'il y avait quelque chose, ne serait-ce que par ennui, pour avoir quelque chose sur quoi se concentrer. Et même si c'était quelque chose, ce pouvait n'être qu'un animal de passage, et elle pensa un instant au safari, se demanda si elle devait aller chercher son fusil. La jeune simienne fit la moue et saisit une canette, soupesa la boisson froide dans sa main, la reposa dans la glacière.
Il y avait définitivement quelque chose là-bas, même si elle ne le voyait pas. Elle l'avait décrété et maintenant qu'elle avait une destination, Rae quitta sa chaise, la replia et saisit ses affaires pour les redescendre à l'arrière du rover.
Elle allait se rendre compte par elle-même.
Lors du Discord de mercredi on a décidé sur un coup de tête de se donner vingt minutes pour écrire n'importe quoi. Bon Zara' et Dude se sont aussi donnés pour règle de nous utiliser comme personnages mais voilà.
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Rae avait parqué son rover à un petit kilomètre au nord de la zone industrielle, sur une route formée à force de passages des camions-citernes sur le fongus. Depuis ce léger plateau les lourds bâtiments de ferromasse étaient réduits à quelque chose de grotesque, penchés au hasard à des hauteurs éparses et groupés comme des enfants craintifs autour des hautes tours chargées de câbles. Il y avait le fourmillement des machines à l'ouvrage, et il y avait l'ombre menaçante de quelques tourelles, plus avant dans les grands espaces dégagés qui faisaient face au désert mauve-vert.
Le rover lui-même s'était écarté de la route pour, de travers, lui tourner le dos et faire face à l'immensité. Il n'y avait, face à elle, pas âme qui vive, pas un relief, seulement le trait infini de l'horizon, l'infini de ses pensées. Et tout ce à quoi elle arrivait à penser, en laissant son regard vaquer dans ces profondeurs et dans le ciel, était à quel point tout cela était beau.
Elle avait deux packs de bières en canettes dans leur glacière, un petit parasol multicolore pour la protéger d'un soleil depuis longtemps effacé et sa fidèle chaise pliante sur laquelle elle paraissait, et tout ce qu'elle arrivait à penser était à quel point ce qu'elle voyait était beau, comme elle avait trouvé beau le paysage précédent et le paysage d'avant encore.
Rae n'était même pas bien sûr de ce qu'elle faisait si loin de tout, et peut-être que c'était un enfantillage. Elle voulait reprendre la route, mais avec nulle part où aller, alors elle restait là à admirer rien du tout et elle songeait à des choses qui lui échappaient aussitôt, comme par exemple, dans quoi elle investirait à nouveau son argent, ou bien, quel était le sens de la vie. Des préoccupations banales en somme.
Quelque chose attirait son attention, un peu à droite, bien loin, à la périphérie de son champ de vision. Elle avait l'impression d'une ombre pareille à celles qui venaient au réveil, quand le rêve piétinait encore la réalité. Le paysage, là-bas, était tout à fait désert, du fongus à peu près plat à perte de vue. Mais Rae voulait croire qu'il y avait quelque chose, ne serait-ce que par ennui, pour avoir quelque chose sur quoi se concentrer. Et même si c'était quelque chose, ce pouvait n'être qu'un animal de passage, et elle pensa un instant au safari, se demanda si elle devait aller chercher son fusil. La jeune simienne fit la moue et saisit une canette, soupesa la boisson froide dans sa main, la reposa dans la glacière.
Il y avait définitivement quelque chose là-bas, même si elle ne le voyait pas. Elle l'avait décrété et maintenant qu'elle avait une destination, Rae quitta sa chaise, la replia et saisit ses affaires pour les redescendre à l'arrière du rover.
Elle allait se rendre compte par elle-même.
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- Zarathoustra
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il y a 7 ans 8 mois - il y a 7 ans 8 mois #21140
par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Vingt Minutes
Le matin, Iggy regardait toujours ses chaussettes pour savoir si elles étaient percées. Et si elles l'étaient, alors il se recouchait pour attendre le café que son épouse lui préparerait immanquablement pour se remettre de ses émotions. Quand soudain, la porte s'ouvrit...
Devant lui se tenait un renard. Iggy le regarda d’un mauvais œil, car son épouse n’aimait pas les renards et jamais elle ne ferait son café avec un tel animal dans la pièce. Il prit le vieux balai pour le chasser. Il lui avait déjà donné deux coups, mais à chaque fois le renard revenait vers lui. Il remarqua alors qu’il portait un petit collier et que, sous son pelage, était dissimulée une petite feuille de papier pliée en quatre. Il s’approcha du petit fauve devenu encore plus craintif après les coups. Immédiatement, il le vit reculer en arrière, en hérissant les poils, avec la couche ouverte qui laissait s’échapper des « Ksss… Ksss…Ksss… ». Iggy changea alors d’attitude et essaya de l’apaiser en lui parlant calmement, doucement.
Avec beaucoup de patience, il parvint même à approcher sa main de lui en prenant garde à ne pas se faire mordre. Peu à peu, l’attitude de l’animal se fit moins agressive. Ses yeux le regardaient même avec une curieuse lueur qui semblait dire « enfin, tu as compris ! ». Bientôt, il put parcourir son pelage épais de la main pour le caresser. Discrètement, il cherchait à s’approcher du petit bout de papier, mais quelque chose retenait sa main. Une légère impression de danger à venir si près de la gueule dont il avait vu toutes les rangées de dents acérées. Imperceptiblement, elle progressait dans sa direction, jusqu’à enfin pouvoir s’en saisir. Le renard ne réagit pas. Au contraire, il semblait avoir rempli sa mission.
Intrigué, Iggy déplia la feuille. Il s’agissait d’un morceau de carnet à petit carreau, sans doute déchiré à la va vite. Les mots semblaient avoir été écrits soigneusement. Il lut alors cette phrase qui le laissa perplexe : « Ceci est important ! ».
Devant lui se tenait un renard. Iggy le regarda d’un mauvais œil, car son épouse n’aimait pas les renards et jamais elle ne ferait son café avec un tel animal dans la pièce. Il prit le vieux balai pour le chasser. Il lui avait déjà donné deux coups, mais à chaque fois le renard revenait vers lui. Il remarqua alors qu’il portait un petit collier et que, sous son pelage, était dissimulée une petite feuille de papier pliée en quatre. Il s’approcha du petit fauve devenu encore plus craintif après les coups. Immédiatement, il le vit reculer en arrière, en hérissant les poils, avec la couche ouverte qui laissait s’échapper des « Ksss… Ksss…Ksss… ». Iggy changea alors d’attitude et essaya de l’apaiser en lui parlant calmement, doucement.
Avec beaucoup de patience, il parvint même à approcher sa main de lui en prenant garde à ne pas se faire mordre. Peu à peu, l’attitude de l’animal se fit moins agressive. Ses yeux le regardaient même avec une curieuse lueur qui semblait dire « enfin, tu as compris ! ». Bientôt, il put parcourir son pelage épais de la main pour le caresser. Discrètement, il cherchait à s’approcher du petit bout de papier, mais quelque chose retenait sa main. Une légère impression de danger à venir si près de la gueule dont il avait vu toutes les rangées de dents acérées. Imperceptiblement, elle progressait dans sa direction, jusqu’à enfin pouvoir s’en saisir. Le renard ne réagit pas. Au contraire, il semblait avoir rempli sa mission.
Intrigué, Iggy déplia la feuille. Il s’agissait d’un morceau de carnet à petit carreau, sans doute déchiré à la va vite. Les mots semblaient avoir été écrits soigneusement. Il lut alors cette phrase qui le laissa perplexe : « Ceci est important ! ».
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- dude
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il y a 7 ans 8 mois #21141
par dude
Réponse de dude sur le sujet ça roule ma poule
Il régnait une étrange ambiance. Chacun s'attelait à sa tâche. Unis dans un même effort.
Dans un coin<, Zara maniait ses couteaux avec la dextérité d'un serial killer. Finement ciselée cette coriandre!
Le tintement métalliques des casseroles, le grésillement de l'huile brûlante, parfois un cri de douleur.
Personne ne connaissait la recette (y en avait il eu une un jour?). Pourtant Iggy devant son piano s'activait avec ferveur. Même le fieffé renard, armé d'un épluche légume, décimait des carottes alignées en rang d'oignon.
Quel serait le fruit de ce labeur acharné? Planté au milieu, Dude tenait ses casseroles, les serrait contre lui, troublé par cette effervescence, cette fureur créatrice, ce tourbillonnement d'idées.
On le bouscula, un nain l'invectiva, un renard lui mordit le mollet. Zara lui cria une suite inintelligible de mots.
Puis il avança, attiré par un ustensile anodin.
Il prit la râpe à fromage et se mit à râper. Tout le monde aime le fromage.
Non?
Dans un coin<, Zara maniait ses couteaux avec la dextérité d'un serial killer. Finement ciselée cette coriandre!
Le tintement métalliques des casseroles, le grésillement de l'huile brûlante, parfois un cri de douleur.
Personne ne connaissait la recette (y en avait il eu une un jour?). Pourtant Iggy devant son piano s'activait avec ferveur. Même le fieffé renard, armé d'un épluche légume, décimait des carottes alignées en rang d'oignon.
Quel serait le fruit de ce labeur acharné? Planté au milieu, Dude tenait ses casseroles, les serrait contre lui, troublé par cette effervescence, cette fureur créatrice, ce tourbillonnement d'idées.
On le bouscula, un nain l'invectiva, un renard lui mordit le mollet. Zara lui cria une suite inintelligible de mots.
Puis il avança, attiré par un ustensile anodin.
Il prit la râpe à fromage et se mit à râper. Tout le monde aime le fromage.
Non?
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- Iggy Grunnson
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il y a 7 ans 8 mois #21142
par Iggy Grunnson
Réponse de Iggy Grunnson sur le sujet Les 20 minutes d'Iggy
Au dehors, la pluie continuait de tomber. Comme depuis des jours. Il y avait là une tristesse et une monotonie au-delà de sa compréhension. Il préféra reporter son attention sur le travail qui l'occupait depuis le début de la journée.
Habituellement, il n'avait pas de mal à écrire ce genre document. Soyons clair : cela relevait moins de la science que d'un boniment largement éprouvé, et dont il savait qu'il sonnerait aux oreilles de ses clients comme une démonstration d'une rigueur inattaquable. Il avait rédigé des dizaines de notes semblables sans même y réfléchir, au point qu'il lui semblait parfois que c'était la principale mission que lui confiait encore son entreprise.
Et pourtant, ce matin là, quelque chose clochait. L'inspiration n'était pas au rendez-vous. C'était peut-être le manque de sommeil, ou le mauvais temps qui finissaient par peser sur ses nerfs, mais quelle qu'ait pu en être la raison il finit par abdiquer et reconnaître que son rapport devrait attendre quelques heures de plus. Il sortit.
Sur le parking les grosses flaques crépitaient et c'était bien là la seule animation qui l'attendait. Malgré sa grosse parka il fut vite trempé et, oubliant toute prudence, il commença à se promener parmi les rangées de voitures. Sagement alignées, brillantes sous la pluie. A un moment donné il se mit à chercher un pierre, mais comme il n'en trouvait pas il prit son attaché case et le balança au travers du pare-brise d'une grosse berline. Il resta là quelques instants, à contempler son méfait en silence. Lorsqu'il ne fut plus capable de résister plus longtemps il se mit à courir, à fuir, et peu importe vers où cela pouvait bien être, il traversa une succession de terre-pleins miteux et finit par atteindre le bosquet rabougri qui marquait la limite de la zone industrielle. Il avait bien dû croiser un ou deux passants en chemin, mais, pensez-vous! Avez la pluie, aucun ne s'était attardé à lui demander la raison de son empressement.
Arrivé sous les arbres, il éprouva le besoin de ralentir. Cela faisait des années qu'il n'avait pas couru de la sorte. Des années, oui... Il repensa à l'époque du lycée, des cross auxquels il était parfois contraint de participer, aux études, aux filles... Il se mit à rire. Autour de lui la pluie continuait de tomber drue et les arbres, les arbres le regardaient avec leur flegme imperturbable.
Habituellement, il n'avait pas de mal à écrire ce genre document. Soyons clair : cela relevait moins de la science que d'un boniment largement éprouvé, et dont il savait qu'il sonnerait aux oreilles de ses clients comme une démonstration d'une rigueur inattaquable. Il avait rédigé des dizaines de notes semblables sans même y réfléchir, au point qu'il lui semblait parfois que c'était la principale mission que lui confiait encore son entreprise.
Et pourtant, ce matin là, quelque chose clochait. L'inspiration n'était pas au rendez-vous. C'était peut-être le manque de sommeil, ou le mauvais temps qui finissaient par peser sur ses nerfs, mais quelle qu'ait pu en être la raison il finit par abdiquer et reconnaître que son rapport devrait attendre quelques heures de plus. Il sortit.
Sur le parking les grosses flaques crépitaient et c'était bien là la seule animation qui l'attendait. Malgré sa grosse parka il fut vite trempé et, oubliant toute prudence, il commença à se promener parmi les rangées de voitures. Sagement alignées, brillantes sous la pluie. A un moment donné il se mit à chercher un pierre, mais comme il n'en trouvait pas il prit son attaché case et le balança au travers du pare-brise d'une grosse berline. Il resta là quelques instants, à contempler son méfait en silence. Lorsqu'il ne fut plus capable de résister plus longtemps il se mit à courir, à fuir, et peu importe vers où cela pouvait bien être, il traversa une succession de terre-pleins miteux et finit par atteindre le bosquet rabougri qui marquait la limite de la zone industrielle. Il avait bien dû croiser un ou deux passants en chemin, mais, pensez-vous! Avez la pluie, aucun ne s'était attardé à lui demander la raison de son empressement.
Arrivé sous les arbres, il éprouva le besoin de ralentir. Cela faisait des années qu'il n'avait pas couru de la sorte. Des années, oui... Il repensa à l'époque du lycée, des cross auxquels il était parfois contraint de participer, aux études, aux filles... Il se mit à rire. Autour de lui la pluie continuait de tomber drue et les arbres, les arbres le regardaient avec leur flegme imperturbable.
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Modérateurs: San, Kundïn, Zarathoustra