[Cadavre Exquis] Mise à neuf

Elfi cracha la brindille qu'il mastiquait depuis plus de deux heures.

Les mains sur les hanches, il contemplait dépité l'état dans lequel se trouvait la taverne, à demi abandonnée depuis plusieurs éons...

Les batants était arracher, les fenêtres brisées, le sol vermoulue grinçait sous son pas qui soulevait la poussière accumulée. Le bar s'était effondré, emportant bouteilles et verres...

*soupir* "Ca ne peut plus durer!"

Il ressortit d'un pas décidé. Quelques instant après, sa silhouette se découpait devant la porte. Droit, fier, tel un roc. Il était équipé pour cette campagne digne des plus grandes guerres elfiques. Un bandana rose autour de la tête, un tablier bleu, des gants mapa, seau, balai, brosse à dents pour les petits coins innaxcessibles. Il avait tout.

*frooot frooot* *ssshhhkk ssshhhhkk* *tousse tousse* *BAM BAM BAM BAM* *SPLASH* *essui essui* *Kaboom!* *grat grat* *broosss brooosss* *snip snip snip snip* *griiiince* *VRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRRR* *Flotche* ...

Les aunomatopées s'amusèrent encore des heures. *vaisselle vaisselle* *scie scie scie* *grat grat* et j'en passe.

Trois jours et trois nuits d'un travaille arrassant s'écoulèrent. Epuisé mais satisfait, Elfi fut heureux d'afficher à la porte un petit carton "ouvert".

La tanverne brillait maintenant de milles feux. Lustres, tonneaux, tables, chaises et crachoires... Un vrai palais. Il fit demi tour pour aller se mettre derrière le bar.

*gliiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiisse BOUM*

"Aïheuuuuh! J'ai tombé!"

Alors que le tavernier et le vieillard se regardaient fixement, ne sachant trop par où commencer une éventuelle conversation pour détendre l'atmosphère, la porte de derrière de la taverne s'ouvrit à la volée, laissant apparaître un individu hirsute et couvert de poussière. C'était Kundïn.
"Elfi, qu'est-ce que c'est que ces manières ? On peut même plus cuver sa bière tranquillement sans se faire jeter dehors maintenant ?"
L'elfe le regarda pendant un moment, sans comprendre... Puis il se souvint d'un énorme tas de saletés qu'il avait pris pour un "mouton" de poussière digne du Grand Livre des Records et qu'il avait balayé dehors à coups de tractopelle. Oh, sur le moment, il lui avait bien semblé entendre un murmure étouffé de protestation mais il avait attribué cela à son imagination.
Pour le moment, Elfi contemplait en pâlissant le nain couvert de crasse s'approcher du comptoir, laissant derrière lui une traînée de saletés diverses qui venait maculer le sol tout propre de la taverne.
"Bah, oublions ça ! Allez, sers moi une Bugman !" fit le nain en se hissant sur un tabouret tout neuf, un grand sourire aux lèvres.

Mais qu'est ce que c'est que ce bordel ?! s'écria le démon. Il avait à peine finit sa courte sieste de quelques srfichit (la fameuse échelle de temps des soutafis de Mortelune), que des mortels avaient le culôt de dresser un nouveau bar au-dessus de son antre.... Quand je pense que j'avais crucifié leurs prédécesseurs pour faire un exemple.... ronchonna la bestiole... Mais il y a peut-être un autre moyen...

Dans la taverne, le nain et l'elfe échangaient bon train ragots, reflexions diverses (la biére étant alors un sujet revenant périodiquement dans la discussion), et nouvelles du vieux monde... Mais leurs débats_d'une profondeur philosophique incontestable_prirent soudain court avec un râle provenant du vieillard. Ce dernier était élégamment vautré à terre, et contemplait avec ahurissement sa canne effectuer de jolis pas de danses sur le comptoir, comme dôté d'une vitalité propre...

Hiiiiiiiiii(La porte s'ouvre avec un gros crissement qui indique au tenancier qu'il a sans doute oublier d'astiquer quelque chose). Dans l'encadrure apparaît un homme de stature moyenne, un chapeau à larges bords vissés sur la tête. Il s'approche du comptoir et dévisage les trois clampins regroupés autour d'une canne lévitante.
"A Voté !" dit-il, en indiquant le bureau de vote situé plus loin dans la rue. Se faisant, il dépose sa rapière dans le bac prévu à cet effet à l'entrée, puis se retourne vers le comptoir.
"Y a moyen de s'en griller une ?" demande-y-il à l'elfe derrière le comptoir. Avant même d'avoir une réponse, il plante une cigarette roulée à la main au coin des lèvres, et l'allume d'un claquement de doigt.
"J'vous ai pas dit ? Mon père était originaire du plan du Feu, j'en ai hérité quelques pouvoirs sympathiques" Pendant qu'il se dirige vers le comptoir, les autres n'ont pas quitté ses yeux dans laquelle brûlait une lueur maligne.

"Ta meilleure bière, et que ça saute ! Et j'vous préviens, m'arrive de ne plus pouvoir contrôler mes pouvoirs quand j'ai bu le coup de trop" finit-il, un rictus amusé au coin des lèvres.

"Huiii..."

La porte, aux crissements de gonds désormais fort bien connus, s'ouvre à nouveau.

Un elfe, mal rasé et aux vêtements déchirés, s'engouffre dans l'antre anormalement proprette. Son regard hirisute et ses cheveux en bataille en disent long sur son hygiène (pas plus que l'odeur suspecte qui se dégage de ses loques).

" TAVERNIER !!!"

L'elfe s'approche en clopinant lamentablement. Dans son sillage, un énorme grimoire doté de mille pattes s'engouffre à son tour dans la taverne. Sa couverture, reliée de cuir humain et griffonnée de runes impies, luit à la lueur des bougies d'une couleur rouge malsaine.

"Ho toi, reste couché !!!" Hurle l'elfe à son curieux compagnon. Le livre s'execute, dans un glapissement canin, et se vautre au coin du poële.

Le mage se retourne vers le tavernier, jetant au passage un regard ironique en direction des quelques clients. S'approchant du comptoir, il se pose aux côtés du nain, qu'il gratifie d'une violente claque dans le dos:

"Alors Kundïn, on salue plus ses vieux amis ?? !! TAVERNIER ! Une bière pour fêter celà !"

Elfiriond s'execute, le regard mauvais. Aurait-il mieux fait d'ouvrir un salon de thé, comme le lui disait toujours sa chère maman ?

"Chère Maman que j'aime

Ca fait bien longtemps que je ne t'ai écrit. J'ai barouder tout ces temps et il m'est arrivé tout un tas de choses folles que je te conterais pluys tard. Désormais, je me suis installé.

J'ai ouvert mon propre bar! Ce n'est pas très facil comme travail, surtout que je fais tout tout seul... J'aurais peut être du suivre ton conseil maman. un salon de thé c'est plus facil à vivre... Mais maintenant j'ai des emprunts à rembourser donc je n'ai plus le choix.

Des milliers de bisous à mam maman adorée.

Ton Fifi"


Elfi plia le bout de papier en dix. Il ouvrit une cage à oiseau dans laquelle il prit par le cou un pigeon. Il lui attacha la bout de papier à une pate et l'expulsa vers ouest grâve à un lance pierre géant. En locurence, le célèbre lance-pigeon.

Bon messieurs! Pour les bières, ça fera cinq pièces de bronze par chopines. Je descend à la cave cerhcer un tonneau. Pas de grabuge en mon absence...

*GGnnnnnniiiiIIIiiiiiii*

Tiens, il avaitaussi oublié de gresser les gnds de la porte de la cave...
A peine la porte fut-elle ouverte qu'un souffle d'ai froid frappa le tavernier au visage. La pénombre était totale. Il décrocha une torche du mur, l'alluma dans un brasero puis franchi le pas de la porte. La torche n'avait pas une grande utilitée dans ce lieu... Les ténèbres vampirisaient la pauvre flame. Elfiiond s'avença sur la première marche. Puis sur la seconde... La troisième...

* fssssssssshhhhhhhhhhh GGnnnnnniiiiIIIiiiiiii BLAM! *

Un courant d'air venait de faire claquer la porte... Il courut en arrière et tira sur la poigné. Il fut soulagé de constater qu'elle ne s'était pas vérouillée... Cette fois il prit son courage à deux mains. Il descendis deux marches par deux marches, pris le premier tonnelet qu'il trouva sur sa route puis rebroussa chemin encore plus vite, fuyant les bruits étanges de cette cave.
Une fois qu'il fut à nouveau derrière son comptoir, il essuya les sueurs froides sur son front.
Gulix fit:
"Ca va mon vieux, on dirait que vous avez vu un fantôme dans cette cave!
_T'en fait pas, c'est la poussière qui me fait cet effet"

Kundïn, qui jusque-là avait gardé le nez dans la mousse de sa bière, releva la tête d'un air hagard. Il venait de reconnaitre l'inconnue qui apostrophait vertement le pauvre vieillard. Ainsi, Elle avait survécu ! Malgré dix-huit boules de feu, l'effondrement d'une montagne et l'éruption d'un volcan, Elle avait réussi à ne pas quitter le monde des vivants... Décidément, le nain était maudit. Serrant les dents, agrippant sa hache, et balançant les oreilles en mesure, Kundïn se mit à entonner à pleine voix son chant de mort avant de sauter de son tabouret et de se précipiter toute hache dehors sur la faible femme et sous les regards dubitatifs de l'assistance.
"KEUM-SOOK, MAUDITE VIPERE ! RETOURNE AUX ENTRAILLES DE LA TERRE, CREATURE DU MALIN !" hurla-t-il avant de se prendre les pieds dans la canne du vieux crouton et, emporté par son élan, de passer à travers la porte d'entrée avant d'aller terminer sa course dans un des dépôts d'ordures qui jonchaient le sol aux alentours de la Taverne. Au bout de quelques secondes, il revint, en marchant cette fois-ci, sentant encore plus mauvais qu'avant. Une peau de banane était perchée sur le sommet de sa crete.
- "Je vais te désosser, canaille ! grommela-t-il entre ses dents.
- Il doit y avoir une erreur..." murmura la jeune femme alors que le Tueur s'approchait, menaçant.

"Tttt, attends un peu, le nabot !"
L'homme au chapeau se leva de son siège et se dirigea vers le nain, visiblement courroucé d'avoir été interrompu, et appelé "nabot". L'étrange individu, dans les yeux duquel brillait une étrange flamme, tendit la main vers la tête du nain, et ... prit la peau de banane!!!

"Fait faim !! " dit-il tout en mâchouillant un reste de chair de banane resté collé à la peau.
En se tournant vers le tavernier, visiblement habitué à cette agitation, et déjà blasé, il lui demanda de retourner à la cave, voir s'il y avait pas un gigot ou un jambon à bouffer.
"J'veux bien allumer le feu dans la cheminée", fit-il pour finir avec un grand sourire

Mais qu'est ce que c'est que cette assemblée de dingue ? Tout en méditant, assit dans un coin de la cave, la créature torturait négligeament un rat, qui poussait de pathétiques gémissements. Et l'autre abruti qui débarque tranquillement dans ma cave.... Nan mais je rêve !! Et en plus, il se permet de snober mes p'tits fantômes !! Il sait pas comment c'est dur de faire ces p**** d'invocations !!!? Entre ses griffes, le rongeur poussa un ultime petit cri. C'est alors que le démon entendu un sombre cri de guerre venir de la taverne. Un cri qui ranima chez lui de vieux démons (ce qui est tout de même un comble, convenez en...). Un nain...... articula t'il, l'écume à la bouche.....

Kundïn, regardant perplexe la peau de banane que l'homme au chapeau achevait de machouiller, se calma soudain en entendant les mots "gigot" et "jambon". Un large sourire illumina sa face couverte de saletés et il posa sa hache dans le porte-parapluie, déclarant à l'assemblée :
- "Un gigot ? Bonne idée ! Je vais chercher tout ça, vous dérangez pas !" fit-il en salivant. "Elle est où, cette cave ?"
- "Au sous-sol", fit l'aubergiste d'un air navré.
Et le nain descendit les marches en sifflotant, ignorant superbement la jeune femme et le vieillard médusés. C'est alors qu'Elfiriond, qui venait de sortir son mouchoir de sa poche pour s'éponger le front, s'aperçut que ce dernier comportait un gros noeud en son centre. Il se creusa la cervelle pendant quelques instants, puis après avoir fouillé dans les tréfonds de sa mémoire, se souvint enfin... Avec horreur, il se saisit fébrilement de sa montre, et en apercevant la date, eut un soubresaut de panique... D'un bond, il sauta par-dessus le comptoir, bousculant ses clients au passage, puis se rua dehors en hurlant "JE REVIENS DANS DIX SEMAIIIINES !!!"
Après quoi, il s'enfuit en courant dans la nuit orageuse.
Pendant ce temps, dans la cave...

« Salut ma beauté. Il fait une de ces chaleurs ici ou c?est moi ?»
Keum-Sook se retourna vivement vers l?inconnu qui avait osé l?apostropher de la sorte et ne vit?personne !
« Rentre les griffes ma mignonne, je ne me mords pas, sauf si on me demande ».
Serrant négligemment dans un coin de sa bouche un bout de cigare mâchonné, le lapin, lunettes teintées vissées sur le nez rose et frétillant, se tenait sur le seuil de la porte.
« Et toi l?animal ! C?est à mon épouse que tu parles ! » Le vieillard s?était rapproché aussi rapidement que lui permettaient ses jambes raides comme des piquets. Il planta un regard mauvais droit sur le lapin, brandissant un poing tout ridé et menaçant.
« Calmos Papy, t?as le palpitant qui s?excite ! Tu vas finir par casser ta pipe ! »
Au bord de l?apoplexie, le vieil homme resta muet de fureur ! Mais le lapin l?avait déjà dépassé de sa démarche sautillante.
« Je ne suis pas venu pour la bagatelle de toute manière. »
Le lapin se pencha vers le sol « Hum? ». Il se saisit délicatement d?un objet. « Migration inexpliquée de ce qui semble être une canne, tout à fait ordinaire d?ailleurs ». Il retira ses lunettes et fit le tour des visages inquiets tournés vers lui.
« Le danger rôde ce soir ! Un mal obscur est tapi dans ces murs (ou se mure dans ces tapis). Un mal très ancien? Que moi, Dude , je m?en vais débusquer! Qui osera m?accompagner dans les tréfonds du monde! Tout en bas?dans la Cave Maudite !».
L?homme au chapeau tapota sur l?épaule du lapin dont la tirade commençait à n?en plus finir.
« Désolé de couper tes effets, mais je crois que Kundïn s?est déjà aventuré par là-bas ! »
« Ah bon ? Ben?euh? je ferais peut-être mieux de le rejoindre alors? »

Plus ils sont p'tits, plus ils sont crétins.... Le démon observait médusé notre nain descendre en toute tranquillité les marches menant à son repaire. La main de ce dernier se porta soudainement à son nez. "Dis donc Elfi, tu devrais aérer... Ca pue vraiment dans ce trou !". Sans attendre de réponse, il se mit en recherche du jamboneau. C'est alors que ses doigts rencontrérent dans l'obscurité un morceau de viande fraichement découpé. Ca doit être ça... Sacré Elfi, ça saigne encore ! Pour être frais, il est frais le cochon... Tout éprouvé par la dépense d'efforts inhabituels (le nain avait en effet dut sautiller pour atteindre les étagéres...), il en saisit une fraction pour l'avaler gloutonnement...
"Fameux, fameux..." eut-il le temps de prononcer, avant de remarquer la fine queue de rongeur qui dépassait de ses lévres. Le démon sourit en entendant le flot d'injures s'échapper du petit être, avant de se reconcentrer sur la formule qu'il recherchait. Puis il écarta les bras, entonna une longue mélopée, envoutante et surnaturelle. "J'invoque le maléfice de KRAKANGAAAA...."

-Excusez-moi ! fit une petite voix derrière lui.

Le démon faillit s’étrangler de surprise et se retourna furieusement à la recherche de celui qui avait eut l’audace de l’interrompre dans son invocation. Mais il n’y avait personne. Presque au même moment, le démon sentit qu’on lui tirait la queue. Il baissa vivement les yeux en quête de la créature inconsciente et bientôt morte qui se permettait une telle familiarité.
Debout entre ses pattes griffues et tenant encore en main son appendice caudal, un petit bonhomme, moitié moins grand que le nain, le regardait avec insistance sans paraître le moins du monde impressionné par la promiscuité avec un démon des enfers. Le gnome grisonnant et portant des lunettes aux verres aussi épais que des fonds de bouteille était probablement aussi myope qu’une taupe.

-Etes-vous monsieur Elfiriond ? demanda le nouveau venu à la créature infernale.

-Par les aisselles de Belzébuth ! rugit le démon. Veux-tu bien lâcher ma queue ?

-Oh pardon, s’excusa le gnome. Je suis à la recherche du tenancier de cet établissement. Ne l’ayant pas vu en haut, je pensais le trouver ici.

-Mais qui est-tu ? lança le démon d’une voix où perçait nettement une légitime exaspération.

-Leste-Plume, Percepteur des Impôts et accessoirement Huissier de Justice, répondit le nabot en bombant le torse, apparemment très fier de ses titres.

C’est bien ma veine ça : tomber sur deux demi-portions. Mais j’y pense, deux demi-portions, ça fait une portion entière, se dit le démon en se pourléchant les babines.

Mais l’autre revenait déjà à la charge.

-Si vous n’êtes pas Elfiriond, puis-je savoir ce que vous faîtes ici ?

-Mais je…je…vis ici, balbutia le démon, désarçonné par l’assurance du gnome.

-Intéressant, fit le fonctionnaire en sortant un parchemin de sous sa tunique. Ha, ha, s’écria-t-il d’un air triomphant, après avoir brièvement parcouru le document. Le sieur Elfiriond n’a pas déclaré à l’administration fiscale qu’il louait ses sous-sols. De plus cet endroit me semble largement insalubre, j’en toucherai un mot à mes collègues de l’Inspection du Logement.

Sur ces mots, le gnome sortit une plume et se mit à coucher sur le papier l’inventaire exhaustif de la cave. Le dit Elfiriond ne s’était pas acquitté de la taxe sur les fûts de vins et tonneaux d’hydromel en vigueur depuis ce matin même et au vu des nombreuses marchandises entassées ici, cela allait lui coûter cher songea le fonctionnaire les lèvres déformées par un rictus carnassier.

Satisfait de lui, le fonctionnaire rangea plume et parchemin dans un pli de sa tunique et se dirigea vers l’escalier ou se tenait toujours Kundin, interdit, interloqué voire franchement dubitatif.

-Et vous, lança le gnome, on peut savoir ce que vous faîtes ici ?

-Euh moi je, balbutia le nain. Je…Elfi était occupé et …enfin je suis descendu pour ramener de la nourriture.

-Ah un garçon de salle, s’exclama le gnome. Et je pourrais voir votre permis de travail ? demanda-t-il en tendant la main.

-Un permis ? C’est-à-dire que…en fait…, s’embrouilla le nain confus.

-Voyez-vous ça, ricana le gnome, notre tavernier emploie des travailleurs au noir. Voilà qui devrait intéresser mes collègues de l’Inspection du Travail. Sur ce messieurs, bonne fin de journée.

Et le fonctionnaire disparu derrière la lourde porte de la cave laissant nos deux protagonistes se fixer mutuellement avec un air bovin.

Le nain !! Bouffer le nain !! fut la première pensée qui traversa l'esprit de la sombre créature. De toute façon, ils sont tous barges ici. Alors un gnome de plus ou de moins.... Plus on est de fous, plus on se nourrit... Délaissant la sombre pratique des arts occultes, notre démon opta pour une stratégie plus en accord avec sa nature. D'un bond leste, griffes sorties, il arracha quelques poils de barbes au nain. Kundïn, d'un geste reflexe, porta sa main au manche qui pendait à sa ceinture, et assena un magistral coup au visage de la bête."PAR LE SANG DE KREUK'NASS, SOIT MILLE FOIS ROTI PAR TON FEU !!!!!!"

Mais le cri de Kundïn s'étouffa dans sa gorge lorsqu'il s'aperçut qu'en lieu et place de sa hache, il tenait un lourd rouleau de patisserie, rouleau que Elfiriond avait négligeamment laissé trainé ce matin dans l'auberge. Par le marteau de Moradin ! Cette maud... merveilleuse bière m'a trompé en plus de ma précipitation...

En attendant, le démon était fort occupé à ramasser les restes d'une de ses dents qu'avait si bien touché Kundïn. Profitant de l'aubaine, le nain fila entre ses jambes, et regagna l'étage supérieur.

"Z'ont bien failli me faire peur, ces espèces de khroumirs !" soupira le nain en regagnant la salle. Il ne revenait pas les mains vides, ayant réussi à chiper au passage un jambon qui pendait au plafond. Tentant de se donner bonne contenance auprès des autres, le nain entonna une chanson en sortant de la cave :

"Allons enfants de la taveeeerneuh
Le jour de boire est arrivé !
C'est pour nous que le boudin grille !
C'est pour nous qu'on l'a préparé !
C'est pour nous qu'on-on l'a préparééé !
Ne sent on pas dans la cuisine
Rôtir et dindons et gigots
Ma foi, nous serions bien nigauds,
Si nous leur faisions triste mine.
A table, compagnons, videz tous les flacons
Buvez, buvez, qu'un vin pur abreuve nos poumons !"

Les clients intrigués reprirent le refrain en coeur, au grand désespoir du démon de la cave, qui en plus d'avoir mal aux dents avait maintenant mal aux oreilles...


[size=75:1a7ge8c5](Extrait de la Marseillaise du Buveur)[/size]

"Ca s'endort ici" ronchonna le nain. Les clients étaient en effet tous en train de tomber dans une torpeur silencieuse, dûe sans doute aux effets incertains de l'alcool frelaté que le tenancier distillait lui-même derrière sa taverne. Kundïn se mit à réfléchir : en l'absence du tenancier, il lui incombait d'animer un peu l'endroit frappé de sinistrose. Organiser une partie de cartes ? Bof, la plupart des clients manquaient d'énergie pour se battre après avoir triché. Promettre une tournée gratuite à tous les nouveaux clients pour attirer du monde ? Non, ça n'allait pas, il faisait partie des plus anciens et n'aurait droit à rien. Monter sur le comptoir et entamer un french-cancan ? Mmm... Trop tôt pour cela. Retourner à la cave et inviter le démon à venir faire quelques tours de magie ? Ah ?...

Le nain se creusait la cervelle, quand soudain...

" COUCHE J AI DIT !"

L'elfe jaillit des toilettes, toujours à la poursuite de son livre aux mille pattes. Apparement, le curieux mage avait échappé à l'agitation des instants précédents, bien trop absorbé par la poursuite de son compagnon magique.

Saisissant enfin le livre, il le serra dans ses bras. Le bouquin émit un glapissement contrarié, à la manière d'un caniche frustré. Ses pattes battaient l'air frénétiquement. Le mage le secoua par la reliure. "Non mais, en voilà des manières !". puis, se retournant vers le nain:

" KUNDIN !!! Vieux briscard ! A nous deux maintenant !