[Décembre 2006] Le Brûle-Gueule - Kundïn
- Vuld Edone
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Les gens se surpassent toujours quand il s'agit d'une histoire courte, ce qui me fait les préférer aux grandes sagas interminables. Celle-ci a beaucoup d'avantages, dont un mélange de réalisme et de fabuleux, dans le sens où il y a la touche un peu naïve d'une histoire pour enfants.
Elle n'est pas pour autant exempte de défauts, dont les inévitables petites fautes sans importance mais aussi deux problèmes qu'on ne peut passer sous silence. Je pense à la lettre mais aussi au lourds paragraphes du conte.
La première comparaison du texte est celle de la "communale". L'environnement est sûr, bon enfant, l'esprit plutôt à la fête et relâché. Le lieutenant est "embarrassé", les autres ont "un sourire gêné aux lèvres", Dornon essaie de plaider sa cause sans réelle conviction, on ne parle ni d'horreur ni de dépression, il y a donc déjà quelque chose du conte de Noël.
L'avant-poste est alors le tableau noir, un lieu à redouter, "dangereusement exposé au feu des mitrailleuses d’en face et surtout situé juste à proximité d’une vieille église et de son petit cimetière aux trois-quarts détruits par les bombardements." Le "surtout" met bien l'accent sur le côté supersitieux, laissant le danger de côté, relégué avec la vermine. Ce qu'on craint, c'est un mystère mystique plutôt de l'ordre du merveilleux, comme un élève redoute le tableau non pour sa moyenne mais pour les réactions qui y seront engendrées.
La comparaison cependant s'arrête là, ce qui est bien peu, il faut le reconnaître : on la devine destinée à l'unique phrase où on la trouve. Au mieux elle est liée aux cartes et justement Garrigou s'avoue un bon joueur de cartes, lui dont le rôle est de conter des histoires. Ca reste très vague et au final l'image aurait mérité un grand développement, au moins jusqu'au passage à découvert pour atteindre l'avant-poste.
De là, l'esprit assez relâché reste d'actualité, même si l'image du tableau noir est totalement éclipsée : on n'en conserve que l'idée fondamentale, le passage d'un monde sûr et rationnel au monde des superstitions, plus dangereux.
Cependant le servant de mitrailleuse tire par "distraction", les allemands "ne dorment jamais", celui-ci "eut l’idée saugrenue de lancer une fusée éclairante" et tout cela relève, comme pour la nomination à l'avant-poste, de la chance. La neige vole, le temps dure "des siècles", la fusée "refusait de s'éteindre", comme douée d'une vie propre, enfin le tir s'arrête à cause d'une dispute.
Le danger est ici pris avec beaucoup d'humour et de légèreté, le vague déferlement des balles - assez comique au sens littéral - ne donnant aucune impression réelle de risque à l'épisode. D'ailleurs les dernières balles "viennent s'échouer" comme des vagues sur des tombes qu'on avait oubliées pendant que le héros attend "le nez dans la boue". Le passage est d'autant plus détendu que Garrigou à la fin rigole.
On pourrait même le porter plus loin, lorsque l'artillerie riposte car les artilleurs sont "irrités" et ça devient bientôt un jeu ou une compétition, "à celui qui envoyait le plus d’obus possible derrière les lignes de l’autre." - "Enverrait" serait plus adapté à mon avis. Pourtant, je considère déjà ce passage comme appartenant à la seconde partie car on sait que Garrigou sera touché (ou du moins le danger est bien plus grand).
Le second passage s'ouvre avec le fusil, perdu et qu'il faut retrouver, cachant derrière tout un jeu de croyances et, justement, cette histoire parle des croyances. L'importance donnée par Dornon au fusil est parfaitement ressentie, sa détresse perce nettement et avec elle la notre, d'autant que nous craignons toujours pour Garrigou qui se fait un peu oublier.
La transition est impeccable, la chute de l'obus prenante, l'événement du fusil capte notre attention jusqu'au bout, le tout nous plonge dans un univers beaucoup plus sombre, celui de ce fameux tableau noir où les supersitions sont les plus fortes. Le monde a changé, changement d'autant plus frappant avec l'arrivée de Garrigou que Dornon "ne reconnus pas de prime abord", avec lequel "les accents disparaissent lorsque l’on chuchote." Garrigou est d'ailleurs comparé à un "farfadet maléfique" et surtout il répond à la plaisanterie de Dornon "le plus sérieusement du monde".
Vient alors l'histoire, ce que je passe assez rapidement - j'y reviendrai. A sa suite apparaît le rêve, apporté par un sommeil qui semble presque relever d'une force inconnue. Il est très simple, morbide sans surenchère, offrant un tableau d'horreur de la guerre.
On retrouve alors cette puérilité de l'histoire quand Garrigou, loin d'agir tels les morts avec la diligence, sourit, se résigne et ne se préoccupe au final que de sa pipe, sur laquelle on extrapolera encore longtemps puisqu'elle est centrale. La disparition du brûle-gueule, qui n'est nommé ainsi qu'au moment où commence le conte de Garrigou, n'est qu'un moyen de plus de renforcer ce côté fabuleux du texte.
Un joli petit conte de Noël, donc, peu préoccupé par la guerre, plus par l'étrange, la disparition de la pipe. Comme dit, on peut encore se creuser la tête longtemps pour en comprendre la signification, personnellement j'y verrais un attachement au merveilleux, au surnaturel, à la supersition qui participe largement au récit.
Je me demande quand même ce que vient faire la lettre de Fontaine pour Garrigues dans tout cela : Dornon ne la donne jamais, ne l'ouvre pas, en fait personne n'en parle plus de tout le récit. Passage inutile donc, sinon pour présenter Fontaine (fauché tristement par un obus de passage). Trouver une place à cette lettre, mais aussi faire jouer les deux personnages aux cartes, permettrait de renforcer l'unité entre le début et la fin du récit.
Il y a aussi les deux énormes paragraphes du conte de Garrigues, effrayant, presque monobloc à cause de la mise en page. L'histoire y est très simple, sa forme comptant surtout, très chargée en descriptions, se concluant assez simplement, sans nous surprendre. J'y reprocherais, au mieux, ces cinq personnages décrits qui n'ont guère en commun, qui auraient pu avoir un trait critiqué dans le conte.
Stylistiquement je ne reproche rien, sinon de n'avoir pas étendu l'image de la "communale" à toute la première partie, de n'avoir pas assez lié les deux parties, de n'avoir pas ponctué quelque peu le conte de Garrigues ou découpé celui-ci.
Il y a peut-être aussi que toute la première partie ne prépare pas l'histoire, pas plus que le songe qui le suit, sinon Fontaine dont la lettre est oubliée. Je parle là de détails, l'histoire en l'état me contentant largement.
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Il est vrai que j'aurais pu continuer à développer cette image de la Communale dans le texte, mais je ne l'ai pas fait car en fait, cette comparaison était assez peu importante dans mon intention. Tu relèves un côté "bon enfant" du début du récit qu'à vrai dire, je n'avais pas totalement l'intention de faire passer (mais qui peut être compris comme cela, je m'en rends compte maintenant). La scène du début devait en fait donner l'impression que les soldats de la casemate sont quelque part "en pause", pas à proximité immédiate des premières tranchées et que leur groupe profite d'une accalmie dans le conflit, d'une sorte de "trêve de Noël" qui sera plus tard brisée par la sortie de Dornon. On pourrait interpréter tout cela comme une volonté de diminuer les dangers réels et de mettre en valeur les dangers surnaturels ou superstitieux, surtout avec la phrase que tu as relevée dans ton analyse :La première comparaison du texte est celle de la "communale". L'environnement est sûr, bon enfant, l'esprit plutôt à la fête et relâché. Le lieutenant est "embarrassé", les autres ont "un sourire gêné aux lèvres", Dornon essaie de plaider sa cause sans réelle conviction, on ne parle ni d'horreur ni de dépression, il y a donc déjà quelque chose du conte de Noël.
L'avant-poste est alors le tableau noir, un lieu à redouter, "dangereusement exposé au feu des mitrailleuses d’en face et surtout situé juste à proximité d’une vieille église et de son petit cimetière aux trois-quarts détruits par les bombardements." Le "surtout" met bien l'accent sur le côté supersitieux, laissant le danger de côté, relégué avec la vermine. Ce qu'on craint, c'est un mystère mystique plutôt de l'ordre du merveilleux, comme un élève redoute le tableau non pour sa moyenne mais pour les réactions qui y seront engendrées.
La comparaison cependant s'arrête là, ce qui est bien peu, il faut le reconnaître : on la devine destinée à l'unique phrase où on la trouve. Au mieux elle est liée aux cartes et justement Garrigou s'avoue un bon joueur de cartes, lui dont le rôle est de conter des histoires. Ca reste très vague et au final l'image aurait mérité un grand développement, au moins jusqu'au passage à découvert pour atteindre l'avant-poste.
De là, l'esprit assez relâché reste d'actualité, même si l'image du tableau noir est totalement éclipsée : on n'en conserve que l'idée fondamentale, le passage d'un monde sûr et rationnel au monde des superstitions, plus dangereux.
c'est vrai qu'il y avait une intention de souligner le côté déplaisant de l'endroit, inspirant une peur superstitieuse, mais je n'avais pas voulu le faire au détriment du danger réel. Je me rends compte maintenant qu'avant la scène de bombardement, le danger réel est effectivement éclipsé. Ce n'était pas vraiment mon but, il faudrait que je retravaille l'humeur des soldats en la rendant plus sombre pour rappeler tout de même qu'ils ne sont pas en vacances ! Leurs petits sourires, leurs regards désolés viennent du fait qu'ils montrent leur sympathie à Dornon, qui est comme il l'explique lui-même un gars que tout le monde apprécie..."dangereusement exposé au feu des mitrailleuses d’en face et surtout situé juste à proximité d’une vieille église et de son petit cimetière aux trois-quarts détruits par les bombardements." Le "surtout" met bien l'accent sur le côté supersitieux, laissant le danger de côté, relégué avec la vermine.
Une remarque en passant :
Je pense que c'est une erreur de ta part, je ne crois pas avoir écrit que Garrigou jouait aux cartes...Au mieux elle est liée aux cartes et justement Garrigou s'avoue un bon joueur de cartes, lui dont le rôle est de conter des histoires.
Cependant le servant de mitrailleuse tire par "distraction", les allemands "ne dorment jamais", celui-ci "eut l’idée saugrenue de lancer une fusée éclairante" et tout cela relève, comme pour la nomination à l'avant-poste, de la chance. La neige vole, le temps dure "des siècles", la fusée "refusait de s'éteindre", comme douée d'une vie propre, enfin le tir s'arrête à cause d'une dispute.
Le danger est ici pris avec beaucoup d'humour et de légèreté, le vague déferlement des balles - assez comique au sens littéral - ne donnant aucune impression réelle de risque à l'épisode. D'ailleurs les dernières balles "viennent s'échouer" comme des vagues sur des tombes qu'on avait oubliées pendant que le héros attend "le nez dans la boue". Le passage est d'autant plus détendu que Garrigou à la fin rigole.
C'est vrai que le danger paraît pris avec légèreté, mais encore une fois ce n'était pas vraiment mon intention de le faire passer comme tel. Les traits d'humour et la façon dont Dornon raconte ce passage viennent plutôt d'une sorte d'ironie un peu dépitée, c'est en fait une sorte de refuge pour l'esprit de Dornon que de raconter cet épisode sur le ton de la plaisanterie... Ce qui ne veut pas dire que le danger n'est pas réel. Je voulais en fait plutôt faire passer le cynisme sans espoir du soldat, qui se réfugie dans cet humour noir pour ne pas "craquer" complètement. C'est quelque chose qui m'a été inspirée par Louis-Ferdinand Céline dans le célèbre "voyage au bout de la nuit". Je me rappelle qu'il traite d'une façon similaire une scène où les Allemands tirent sur un officier, un soldat et Ferdinand, en la racontant avec cette pointe d'humour noir qui ne cache pourtant pas le danger et l'horreur bien réels... J'en déduis que Céline est plus doué que moi pour le faire !
Même remarque que précédemment. Tu as raison pour "enverrait", ça sonne mieux il faudrait que je le corrige.On pourrait même le porter plus loin, lorsque l'artillerie riposte car les artilleurs sont "irrités" et ça devient bientôt un jeu ou une compétition, "à celui qui envoyait le plus d’obus possible derrière les lignes de l’autre." - "Enverrait" serait plus adapté à mon avis. Pourtant, je considère déjà ce passage comme appartenant à la seconde partie car on sait que Garrigou sera touché (ou du moins le danger est bien plus grand).
Bon, eh bien là je suis arrivé à ce que je voulais ! Effectivement l'ambiance dans l'avant-poste devait trancher avec celle de la casemate, par le froid, la peur, l'isolement, le danger, et le caractère assez sinistre du lieu. Je suis particulièrement content de tes remarques :Le second passage s'ouvre avec le fusil, perdu et qu'il faut retrouver, cachant derrière tout un jeu de croyances et, justement, cette histoire parle des croyances. L'importance donnée par Dornon au fusil est parfaitement ressentie, sa détresse perce nettement et avec elle la notre, d'autant que nous craignons toujours pour Garrigou qui se fait un peu oublier.
La transition est impeccable, la chute de l'obus prenante, l'événement du fusil capte notre attention jusqu'au bout, le tout nous plonge dans un univers beaucoup plus sombre, celui de ce fameux tableau noir où les supersitions sont les plus fortes. Le monde a changé, changement d'autant plus frappant avec l'arrivée de Garrigou que Dornon "ne reconnus pas de prime abord", avec lequel "les accents disparaissent lorsque l’on chuchote." Garrigou est d'ailleurs comparé à un "farfadet maléfique" et surtout il répond à la plaisanterie de Dornon "le plus sérieusement du monde".
etjustement, cette histoire parle des croyances
C'est tout à fait ça ! Je me suis beaucoup inspiré du conte de Daudet "Les Trois Messes basses" et d'autres contes de Noël de jadis, ayant été frappé par leur caractère superstitieux et pour le moins beaucoup plus terrifiant que ce qu'on nous sert de nos jours (genre conte de Noël à la Walt Disney). Noël, jadis, c'était la messe de minuit, et malheur à qui la manquait ! C'était un moment assez spécial où remontaient à la surface les vieilles croyances païennes d'avant le christianisme, et que ce dernier s'était approprié. C'était aussi une marque de la domination de l'Eglise qui avait réussi à tout christianiser et à faire oublier à l'ensemble de la population le caractère totalement païen de certains rites et symboles (comme le sapin par exemple !). Je m'intéressais beaucoup à ce mélange, ce fouillis de superstitions superposées les unes aux autres qui avait abouti à quelque chose de terrifiant, sans qu'on sache bien pourquoi... C'est pourquoi mon texte se termine de façon différente de celle du conte, et que le rêve est un mélange issu de ce que Dornon a entendu et de ce qu'il imagine lui-même. Quant à la pipe, le brûle-gueule, qui disparaît à la fin... il est là pour introduire ce que je préfère dans le genre de la nouvelle : le Fantastique, cette frontière floue entre le réel et le surnaturel, cet espace de doute où l'on ne sait plus que croire...Un joli petit conte de Noël, donc, peu préoccupé par la guerre, plus par l'étrange, la disparition de la pipe. Comme dit, on peut encore se creuser la tête longtemps pour en comprendre la signification, personnellement j'y verrais un attachement au merveilleux, au surnaturel, à la supersition qui participe largement au récit.
Bien vu. Je me botte encore l'arrière-train de l'avoir laissée passer, cette lettre... C'est en fait une piste qui a été abandonnée et que j'aurais dû (et que je vais) retravailler. La lettre dans la version initiale du texte tenait en fait le rôle qui est celui du brûle-gueule. Elle devait être le déclencheur du surnaturel à la fin et devait aussi servir à créer une amorce de discussion entre Garrigou et Dornon... Et puis j'ai opté pour la pipe, car j'aimais l'image du provençal avec son brûle-gueule au bec (pour info, un brûle-gueule est une pipe très courte, d'où son nom... Je l'ai choisi pour le titre pour des raisons évidentes de sémantique et de sonorité, et aussi pour son côté un peu plus mystérieux.) J'aurais dû d'ailleurs creuser un peu du côté des métaphores que l'on aurait pu faire avec cet objet : la fumée, le feu, l'odeur... Je pense de plus en plus à retravailler ce texte décidément !Je me demande quand même ce que vient faire la lettre de Fontaine pour Garrigues dans tout cela : Dornon ne la donne jamais, ne l'ouvre pas, en fait personne n'en parle plus de tout le récit. Passage inutile donc, sinon pour présenter Fontaine (fauché tristement par un obus de passage). Trouver une place à cette lettre, mais aussi faire jouer les deux personnages aux cartes, permettrait de renforcer l'unité entre le début et la fin du récit.
Le passage du conte, récit dans le récit, est une référence directe à toutes ces histoires folkloriques de tradition orale, qui ont finalement servi de base à toute la littérature fantastique, de fantasy, d'horreur... etc. etc. Je l'ai voulu aussi proche que possible d'un vrai conte, très oral et très simple, presque naïf effectivement. La description des cinq personnages est effectivement un peu inutile vu ce que j'en fais après, elle m'avait été inspirée par la Diligence de Beaucaire de Daudet toujours, mais effectivement l'utilité de s'attarder sur ces personnages n'est pas vraiment justifiée par la suite... J'aime bien leur description cependant, je crois qu'il me faudrait simplement leur donner un peu plus de présence dans la suite du conte.Il y a aussi les deux énormes paragraphes du conte de Garrigues, effrayant, presque monobloc à cause de la mise en page. L'histoire y est très simple, sa forme comptant surtout, très chargée en descriptions, se concluant assez simplement, sans nous surprendre. J'y reprocherais, au mieux, ces cinq personnages décrits qui n'ont guère en commun, qui auraient pu avoir un trait critiqué dans le conte.
La communale ne sera pas vraiment développée car je ne voulais pas en fait montrer une existence trop facile au front. Par contre je vais revoir la lettre...Stylistiquement je ne reproche rien, sinon de n'avoir pas étendu l'image de la "communale" à toute la première partie, de n'avoir pas assez lié les deux parties, de n'avoir pas ponctué quelque peu le conte de Garrigues ou découpé celui-ci.
Il y a peut-être aussi que toute la première partie ne prépare pas l'histoire, pas plus que le songe qui le suit, sinon Fontaine dont la lettre est oubliée. Je parle là de détails, l'histoire en l'état me contentant largement.
Merci encore pour ta critique très détaillée et très bien pensée !
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- Krycek
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En fait je cherchais éperduemment des fautes d'orthographes pour combler cette critique à défaut de réels points à revoir. A part une faute d'accent sur le u d'un "où"... nada !
C'est vrai que tu es en droit d'attendre une longue critique, mais le texte m'a plu et j'ai pour habitude d'éviter des remarques pointilleuses sur un texte qui m'a déjà beaucoup plu dans sa forme.
Ca m'a plus car en lisant je me croyais dans 'Call of Duty', la première personne du singulier nous permet d'être très proche du personnage principal de sorte que j'avais l'impression d'être assis avec eux dans le cabanon, couché avec lui dans le trou d'obus. Oui pour ça, pas de problème les évènements sont clairs, le décors est défini, juste ce qu'il faut... pas de grandes explications ce qui est plutôt bien vu !
La construction est aussi intéressante : le départ dans une salle où tu nous présente le perso principal, le lieu des évènements et un rapide morceau direction le cabanon avec une présentation des "tirailleurs consciencieux". J'ai d'ailleurs adoré cette expression, je crois que tu vas la retrouver rapidement dans la page sans nom !!!
Je passe et me rends au final où Garigou nous propose une légende ma foi bien sympa. Reste que j'aimerai comprendre pourquoi tu as choisis d'endormir le perso principal pour qu'il ait ce rêve. La question est : quel est vraiment ce que tu as voulu nous faire passer/ressentir au final ? L'idée que les morts se sont vraiment relevés ou simplement la dureté de la situation en guerre avec son lot de cauchemard, la mort de Garigan étant une coincidence ? Voilà sur quoi je peine un peu. Ici ce n'est pas un problème de compréhension, simplement je me pose des questions sur la fin... aurais-tu pu faire de façon différente ? Après tout ce genre d'idée sur la réalité ou non à l'aide de la disparition de la pipe est à mon avis plutôt commune...
Voilà, à part un bref septicisme quant à la façon dont tu clos ce One Shot, je dois dire que je l'ai trouvé plutôt bien écrit, comprenez : style direct, sans fioriture pour un récit intéressant. j'ai l'impression que tu as beacoup travaillé à enlever les morceaux qui dépassaient, les phrases ou détails qui nécessitaient plus d'explication ou sortant du décors (si tu vois ce que je veux dire) de façon à vraiment nous laisser dans un lieu clos avec des évènements bien définis, pour nous amener là où tu le souhaitais. A moins que ce ne soit une façon d'éluder des sujets par moins de prise de risques.
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- Kundïn
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Pas de honte à avoir, ta critique n'est pas si courte que cela et elle est bien intéressante ! Effectivement Feurnard avait déjà bien épluché le texte donc inutile de ressasser ce qui a déjà été dit...Bien, je vais utiliser un artifice particulier pour déguiser le fait que ma critique sera plus courte... à ma grande honte.
Et puis, une critique c'est déjà bien en soi ! Même très courte, ça montre que le texte a été lu et s'il a été apprécié, ma foi je ne peux que m'en réjouir !!
Je reviens sur tes remarques :
Oui, j'aime bien la première personne du singulier dans la narration, je l'ai toujours maniée avec une certaine confiance... Sans doute cela me vient-il plus naturellement, peut-être à cause des journaux intimes que je tenais dans ma jeunesse et qui ont été un peu mon "école" d'écriture...Ca m'a plus car en lisant je me croyais dans 'Call of Duty', la première personne du singulier nous permet d'être très proche du personnage principal de sorte que j'avais l'impression d'être assis avec eux dans le cabanon, couché avec lui dans le trou d'obus. Oui pour ça, pas de problème les évènements sont clairs, le décors est défini, juste ce qu'il faut... pas de grandes explications ce qui est plutôt bien vu !
C'est un mitrailleur, pas un tirailleur mais j'apprécie l'hommage, et je suis content de voir que tu as apprécié la façon décalée dont Dornon raconte ce passage...La construction est aussi intéressante : le départ dans une salle où tu nous présente le perso principal, le lieu des évènements et un rapide morceau direction le cabanon avec une présentation des "tirailleurs consciencieux". J'ai d'ailleurs adoré cette expression, je crois que tu vas la retrouver rapidement dans la page sans nom !!!
Eh eh, c'est là tout l'art du récit Fantastique... Le doute. C'est assez frustrant, je le reconnais, mais c'est dans ce doute que réside pour moi toute la peur et le mystère liés à l'intrusion du surnaturel. On ne sait pas, on ne saura jamais. J'ouvre des pistes et chacun peut choisir son interprétation - ou choisir de ne pas interpréter, justement. C'est une technique qui m'est chère, que j'ai puisée chez Maupassant (ah, les Contes Fantastiques... De petits chefs d'oeuvre...) et chez Hoffmann (lui-même inspirateur de Maupassant d'ailleurs).Reste que j'aimerai comprendre pourquoi tu as choisis d'endormir le perso principal pour qu'il ait ce rêve. La question est : quel est vraiment ce que tu as voulu nous faire passer/ressentir au final ? L'idée que les morts se sont vraiment relevés ou simplement la dureté de la situation en guerre avec son lot de cauchemard, la mort de Garigan étant une coincidence ?
L'idée, c'est qu'une fois qu'on sort de ce fantastique, on retombe soit dans l'explication rationnelle (donc dans ce texte ce serait que le rêve n'était qu'un rêve et que les fantômes n'existent pas, et que la pipe a disparue pour une raison X ou Y du genre : un troisième soldat est venu pendant la nuit, a fouillé le cadavre de Garrigou et l'a volée...) soit dans le surnaturel (donc, le rêve était une sorte de semi-réalité et c'est le fantôme de Garrigou qui a effectivement emporté la pipe). Aucune de ces deux explications ne prend le pas sur l'autre, et je fais le choix de ne pas trancher... Libre au lecteur d'imaginer !
Pour le rêve en lui-même, je voulais en fait trouver un procédé de transition qui me permette d'introduire une vision d'horreur sans pour autant quitter cette zone du Fantastique... Donc un rêve était l'idéal.
J'ai toujours eu un style assez dépouillé, comme on le voit dans mes autres textes. C'est simplement un mode narratif qui m'est naturel, je crois que j'aurais du mal à faire autre chose. On le prend parfois pour une volonté délibérée de simplifier et d'aller à l'essentiel, il y a un peu de vrai là-dedans mais c'est surtout dû au fait que j'écris comme ça... En fait je croyais avoir justement mis plus de descriptions et pris plus mon temps dans ce texte que je ne le fais habituellement...Voilà, à part un bref septicisme quant à la façon dont tu clos ce One Shot, je dois dire que je l'ai trouvé plutôt bien écrit, comprenez : style direct, sans fioriture pour un récit intéressant. j'ai l'impression que tu as beacoup travaillé à enlever les morceaux qui dépassaient, les phrases ou détails qui nécessitaient plus d'explication ou sortant du décors (si tu vois ce que je veux dire) de façon à vraiment nous laisser dans un lieu clos avec des évènements bien définis, pour nous amener là où tu le souhaitais. A moins que ce ne soit une façon d'éluder des sujets par moins de prise de risques.
Merci pour ta critique !
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- Krycek
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Oui je pense que c'est un bien nécessaire. Pour ma part je n'ai jamais réussi à tenir de journal vu que, en y repensant, ce qu'il me fallait c'était écrire mais pas sur moi. Voilà pourquoi j'ai énormément de mal à écrire à la première personne. D'autre part le style omniscient ne me plait pas. Mais bon, parlons de toi :Kun' écrit: peut-être à cause des journaux intimes que je tenais dans ma jeunesse et qui ont été un peu mon "école" d'écriture...
En fait, maintenant que tu le dis, je jette une autre pierre : tu aurais trouvé un autre moyen que ce rêve (dont je ne peux malhereusement pas donner d'exemple... ou si : du genre le héros prends une balle et voit défiler les morts puis s'évnouis... à son réveil il se demande à quel moment exact il s'est évanoui... peu importe) donc si tu avais pris un autre procédé que le rêve je crois que j'aurai encore plus aimé ton one shot. Quoiqu'il en soit, après quelques critiques, tu es en route pour mon podium.Kun' écrit: Pour le rêve en lui-même, je voulais en fait trouver un procédé de transition qui me permette d'introduire une vision d'horreur sans pour autant quitter cette zone du Fantastique... Donc un rêve était l'idéal.
De rien... je vais lire la tienne à présent !Kun' écrit: Merci pour ta critique !
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- Zarathoustra
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Pas mal de choses ont été dites. Cepndendant je ne rejoints pas Feurnard sur l'esprit décontracté des soldats. Je ne pense pas que l'on soit forcément angoissé et grave le jour de Noel même dans les tranchées. La confrontation permanente avec la mort et l'horreur émoussent forcément leur impact. Et je dirais que plus le contexte est dur et plus l'humain aura besoin de s'extraire de ce quotidien, notamment par l'humour, même s'il se teintera de noir (il n'y a qu'à lire les blagues des juifs dans leurs camps de concentration).
Donc le texte comporte plusieurs parties. Et 'lon sent très fortement l'influence du fantastique du 19eme siècle dans la seconde moitié. Le 20 eme siècle a donné Lovecraft ou King, or ici, on n'est pas tout à fait dans l'horreur (qui est plus représenté dans la réalité de la guerre) mais bien dans ce qu'on appelait "fantastique au 19eme.
J'ai particulièrement été bluffé par ta façon d'insérer dans la première partie des petits détails ou anecdotes qui rendent l'univers des tranchées très réel. C'est d'ailleurs pour moi la partie la plus réussie, d'une part parce que c'est finalement la plus mysterieuse dans le sens où on se demande comment tu vas faire naître le fantastique du texte (on se doute qu'on va là sinon le texte n'aurait pas sa place dans ce site). Or on a droit droit au contraire, à une description assez minutieuse (tu as fait des recherches?). Je trouve que tu retranscris très bien l'esprit de corps, et finalement l'angoisse du soldat qui se raccorche à Noêl pour fuire le réel. C'est vrai que j'ai également pensé à Céline (par pour le style quand même) ou à Remarque et son A l'ouest rien de nouveau.
La seconde partie est finalement celle qui fait naître l'horreur mais toujours en ne parlant que de la réalité. L'impact d'une mitraillette, l'angoisse de la lumièreet la fragilité du soldat ainsi que l'absurdité de sa situatuion est bien retranscrite. Tu traites encore avec précision, mais tu le fait en restant sobre dans les détails (je veux dire que n'en fais pas trop).
La dernière va donner naissance au veritable fantastique. Je trouve que ton personnage provincial est réusssi, même s'il est presque caricatural du provincial sur certains points. Puis, tu joues un peu avec nous avec un lminisuspense: va-t-il nous raconter son histoire (qu'on doute empreinte de fantastique). Le style du conte me parait moin réussi, un peu rapide et plus brouillon.
D'ailleurs, ton histoire me dit vaguement quelque chose, comme si je l'avais déjà lu. En fait, même si tu réussi à rendre crédible par sa relative concision le fait que le personnage "raconte", je trouve que tu aurais dû traiter ton conte de manière plus écrite. Je ne parle pas du style, mais dans l'ampleur du récit. Certaines scènes sont très/trop courte pour vraiment faire naître l'horreur. Du moins, il apparait nettement moins fort que la rélaité de la guerre. Généralement, dans les nouvelles fanatstique, le procédé du récit oral est assez fréquent 'ainsi que la première personne), mais l'auteur ne se prive pas de basculer dans la littérature plutôt que du stade récit oral (avec tout les contraintes simplificatrice qu'il implique). Je pense que le défit de ton récit était là. Cette partie aurait dû être beaucoup plus longue et plus construite. Cela dit,je suppose que c'était aussi ton intention de limiter et d'equilibrer ton récit.
Comme il se doit dans les n,ouvelles du 19eme siècle, on retrouve l'ambiguité, le doute. Je trouve la partie "rêve" moins intéressante parce qu'au stade de ton récit, on voit très bien où tu vas aller et je dirais qu'il devient presque prévisible. Voilà aussi pourquoi je préfère la première partie voire la première moitié.
Bon, voilà ce que je peux dire en marge de ce qu'on t'a déjà dit.
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- Kundïn
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Voilà pour l'instant le meilleur texte que j'ai lu de cette MAJ.
Pas mal de choses ont été dites. Cependant je ne rejoins pas Feurnard sur l'esprit décontracté des soldats. Je ne pense pas que l'on soit forcément angoissé et grave le jour de Noel même dans les tranchées. La confrontation permanente avec la mort et l'horreur émoussent forcément leur impact. Et je dirais que plus le contexte est dur et plus l'humain aura besoin de s'extraire de ce quotidien, notamment par l'humour, même s'il se teintera de noir (il n'y a qu'à lire les blagues des juifs dans leurs camps de concentration).
C'est vrai qu'il y avait un relâchement réel le jour de Noël sur le front - après tout, on était en présence de deux armées de culture chrétienne voire catholique (enfin au moins les bavarois chez les Allemands) - et j'avais effectivement en tête la partie de foot français contre allemands, au milieu du No Man's Land à la Noël 1914 ! Les deux armées avaient fraternisé, ce qui avait été très mal vu par l'état-major... Je ne sais pas exactement quelle était la situation en décembre 17 mais on peut effectivement supputer que les deux camps en avaient marre et aspiraient à un peu de relâchement... Jusqu'à ce que la guerre reprenne ses droits. C'est un peu ce que j'avais voulu montrer en faisant sortir Dornon de l'abri pour le propulser dans l'avant poste, passant d'une sécurité relative à l'horreur de nouveau...
Merci, c'est tout à fait ça. Cette nouvelle a subi de multiples influences, pour la plupart d'écrivains du XIXème siècle. Bien vu.Donc le texte comporte plusieurs parties. Et 'lon sent très fortement l'influence du fantastique du 19eme siècle dans la seconde moitié. Le 20 eme siècle a donné Lovecraft ou King, or ici, on n'est pas tout à fait dans l'horreur (qui est plus représenté dans la réalité de la guerre) mais bien dans ce qu'on appelait "fantastique au 19eme.
Ah, ça me fait plaisir car comme je le disais plus haut, j'ai justement pris mon temps pour écrire cette nouvelle en évitant de trop tomber dans mon péché de simplification à outrance. Même si mon style reste assez sec, j'avais essayé de ne pas aller tout de suite à l'essentiel en prenant le temps de décrire un peu, afin de donner vie à mes personnages. Cela donne des passages "inutiles" à l'action, comme les considérations de Dornon sur sa position de gars débrouillard du bataillon, mais ça évite d'être trop sobre. Enfin, je suis heureux que tu aies noté une différence !J'ai particulièrement été bluffé par ta façon d'insérer dans la première partie des petits détails ou anecdotes qui rendent l'univers des tranchées très réel. C'est d'ailleurs pour moi la partie la plus réussie, d'une part parce que c'est finalement la plus mysterieuse dans le sens où on se demande comment tu vas faire naître le fantastique du texte (on se doute qu'on va là sinon le texte n'aurait pas sa place dans ce site).
Je n'ai pas fait de recherches spécifiques pour ce texte, mais j'ai toujours eu un intérêt certain pour la Grande Guerre. C'était le point de départ du texte, ce par quoi j'ai commencé : "où vais-je situer ce conte de Noël ? Tiens, les tranchées, c'est un bon sujet."Or on a droit droit au contraire, à une description assez minutieuse (tu as fait des recherches?). Je trouve que tu retranscris très bien l'esprit de corps, et finalement l'angoisse du soldat qui se raccorche à Noêl pour fuire le réel.
Si je pèche par les détails purement militaires (grades et autres, organisation d'une compagnie ou d'un bataillon... etc.) qui ne m'ont jamais passionné, j'ai par contre quelques connaissances sur les conditions de vie durant la 1ère guerre mondiale. J'ai un ancêtre qui était soldat et qui est mort de la grippe espagnole pendant la guerre et le simple fait de le savoir me rattache émotionnellement à ce conflit. De même, j'ai toujours trouvé intéressantes les mutineries de 1917 justement, et les pelotons d'exécution pour les soldats qui étaient accusés de lâcheté pour des motifs parfois complètement absurdes. L'état d'esprit des gens de l'époque était totalement différent du nôtre, et les libertés individuelles étaient totalement sacrifiées à l'esprit patriotique... Un film à voir sur le sujet : "Le Pantalon", dans lequel un soldat ayant refusé de porter un pantalon pris sur un mort est condamné au peloton d'exécution par la cour martiale pour désobéissance à un supérieur... Je vous conseille aussi fortement de lire "Parole de poilus", édité dans la collection des livres à 1F (enfin à l'époque... ça doit être à 1 euro maintenant) par France Info et qui regroupe des lettres de soldats, souvent bouleversantes... Il y a aussi l'excellente BD de Tardi "C'était la guerre des tranchées" qui m'a servi d'inspiration.
Dans une moindre mesure, je dois mentionner aussi le jeu vidéo "Wings", un vieux vieux vieux machin en 3D horrible dans lequel on jouait un pilote de la guerre de 14 aux commandes de son vieux coucou... J'avais bien aimé, surtout que le jeu comportait des passages où le personnage rédigeait son journal intime qui était une sorte de chronique du front... Un jeu très bien documenté.
Enfin, tu écris avec raison :
C'est bien ça. Céline avec son Voyage au bout de la nuit m'a fortement marqué, et j'ai aussi lu Remarque qui décrit de façon très réaliste la vie des soldats au front (côté allemand ce coup-ci) et leur jeunesse sacrifiée... Un très beau livre. Et j'aimerais effectivement avoir le style mordant et l'humour ravageur de Céline, mais bon faut se contenter de ce qu'on a !C'est vrai que j'ai également pensé à Céline (par pour le style quand même) ou à Remarque et son A l'ouest rien de nouveau.
Oui, j'avais un peu peur de passer trop rapidement sur la mitraillade, mais finalement j'ai allongé un peu la sauce et je m'en suis sorti de façon satisfaisante (pour moi en tout cas !). Je crois qu'il y a un mot que je n'aime pas dans ce passage, c'est "concerto" pour décrire le bruit de la mitrailleuse... Ca fait un peu jargon du Chicago des années 20... enfin...La seconde partie est finalement celle qui fait naître l'horreur mais toujours en ne parlant que de la réalité. L'impact d'une mitraillette, l'angoisse de la lumièreet la fragilité du soldat ainsi que l'absurdité de sa situatuion est bien retranscrite. Tu traites encore avec précision, mais tu le fait en restant sobre dans les détails (je veux dire que n'en fais pas trop).
Encore une fois, j'ai voulu temporiser... Histoire de rendre la scène plus réaliste, et de ne pas enchaîner trop vite les actions. Pour la caricature, tu penses sans doute à ses "pécaïre !" Mais là, le conte est directement inspiré de Daudet... j'y reviens tout de suite :La dernière va donner naissance au veritable fantastique. Je trouve que ton personnage provincial est réusssi, même s'il est presque caricatural du provincial sur certains points. Puis, tu joues un peu avec nous avec un lminisuspense: va-t-il nous raconter son histoire (qu'on doute empreinte de fantastique).
C'est normal, tu as du lire du Daudet et j'ai écrit ce conte avec les Lettres de mon Moulin à côté de mon écran. Les expressions, le language très oral, la profession de certains personnages, viennent de là. Pour la description des passagers de la diligence, je me suis inspiré directement de "La diligence de Beaucaire". L'intervention du diable et le sort affreux des pauvres pécheurs ayant manqué la messe sortent tout droit des "Trois Messes Basses" (d'où est tiré aussi le nom de Garrigou). J'ai aussi pris mon inspiration dans une bande dessinée publiées dans la collection "Les meilleurs récits du journal de Spirou", avec le tome 1 : Contes de Noël... Bref le conte en lui-même n'est pas là pour être original, c'est une sorte d'hommage aux multiples contes sur le même sujet qui abondaient au XIXème...Le style du conte me parait moin réussi, un peu rapide et plus brouillon.
D'ailleurs, ton histoire me dit vaguement quelque chose, comme si je l'avais déjà lu.
Ta remarque est très intéressante et m'a fait réfléchir. J'avais effectivement voulu coller au plus près d'un conte oral, et de le rendre aussi réaliste (dans son expression) que possible. Je voulais que cela ressemble à un vrai conte. Mais comme tu le dis, lorsque Maupassant ou Barbey d'Aurevilly écrivent leurs nouvelles en suivant le schéma populaire à l'époque de "conversation de salon qui aboutit après quelques lignes à un récit encastré raconté par l'un des personnages", ils ne se privent pas d'utiliser tous les procédés de la langue écrite au détriment de l'aspect réaliste de la conversation... Je ne sais du coup plus trop quoi en penser. J'aime bien ma forme de conte, elle est courte mais je ne peux pas la développer sans la dénaturer... C'est un bon point que tu soulèves en tout cas.En fait, même si tu réussi à rendre crédible par sa relative concision le fait que le personnage "raconte", je trouve que tu aurais dû traiter ton conte de manière plus écrite. Je ne parle pas du style, mais dans l'ampleur du récit. Certaines scènes sont très/trop courte pour vraiment faire naître l'horreur. Du moins, il apparait nettement moins fort que la rélaité de la guerre. Généralement, dans les nouvelles fanatstique, le procédé du récit oral est assez fréquent 'ainsi que la première personne), mais l'auteur ne se prive pas de basculer dans la littérature plutôt que du stade récit oral (avec tout les contraintes simplificatrice qu'il implique). Je pense que le défit de ton récit était là. Cette partie aurait dû être beaucoup plus longue et plus construite. Cela dit,je suppose que c'était aussi ton intention de limiter et d'equilibrer ton récit.
Oui, le rêve passe un peu sous l'influence de l'Appel de Cthulhu... Pour les connaisseurs... et de scenarios comme "No Man's Land", que j'ai adoré, avec ses soldats morts qui remarchent... Bref je m'autorise une plongée dans l'horreur par un procédé un peu facile mais bon, c'est de bonne guerre...Comme il se doit dans les nouvelles du 19eme siècle, on retrouve l'ambiguité, le doute. Je trouve la partie "rêve" moins intéressante parce qu'au stade de ton récit, on voit très bien où tu vas aller et je dirais qu'il devient presque prévisible. Voilà aussi pourquoi je préfère la première partie voire la première moitié.
Merci pour ta critique !
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- Zarathoustra
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Je ne sais du coup plus trop quoi en penser. J'aime bien ma forme de conte, elle est courte mais je ne peux pas la développer sans la dénaturer...
Disons que ma remarque, c'était si tu voulias faire aussi bien que les ainés qu'on évoque!
Pour ma part, ce que tu as écrit, je l'ai déjà dit, m'a beaucoup plus.
C'est marrant, tu qualifie souvent ton style par "sec", je ne pense pas que ce soit sec. C'est au contraire, une écriture très précise qui arrive aussi à insérer suffisemment de détails pour donner plusieurs niveaux de sens ou d'intentions.
Cette précision est au contraire une grande qualité puisque tu sais faire la part entre le trop et le pas assez.
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- gilfuin
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- Messages : 170
Non, vraiment, tout est bien pensé, le rythme meme...
Une seule chose m'a donc géné: la fin.
Et pour te dire à quel point Kundin...ca m'a gaché toute la lecture. Bon allé, j'exagère.
La préparation du récit est tellement bien faite (en mettant, c'est vrai, cette histoire de lettre oubliée, de coté ), que finalement, je trouve cette fin trop rapide, trop...J'ai presqu'eu l'impression qu'à un moment donné, tu voulais te presser d'en finir.
Au moment meme où le fantastique commence à pointer son nez (avec le reve du héros)...paf c'est la fin. Non mais là, yavait de quoi faire 3 ou 4 pages supplémentaire pour faire monter la véritable angoisse fantastique (qui serait venue se rajouter à l'angoisse de la guerre, beaucoup plus réaliste). Je suis terriblement frustré en fait, parce que devant ta faculté à bien écrire, je me dis qu'on aurait pu avoir un grand grand One shot avec ce récit.
Et je pourrais écrire des heures ma frustration tellement j'ai apprécié lire ton récit, et tellement je...
Non vraiment, ya qu'un seul truc qui m'a géné.
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- Kundïn
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C'est étrange, j'ai un peu survolé les autres critiques...et alors que d'habitude, j'ai toujours plein de choses à dire...là...je dois avouer que je n'ai qu'une seule chose à faire remarquer sur ce récit...à tel point que j'ai aucune remarque à faire sur la forme (qui pour moi, pauvre païen, m'a semblé largement excellente), ni aucune sur le style...disons qu'en fait, j'ai que des qualificatifs positifs envers ce texte, tellement l'ambiance est bien retranscrite, tellement les personnages sont bien développés (pourtant ce n'est qu'un Oneshot!), tellement les détails donnés et le vocabulaire employés me semblent recherchés et contribus à la cohésion de l'ensemble.
Je ne connais pas cette histoire mais effectivement c'est un thème assez commun dans les contes populaires : l'intervention du Diable pour tenter le pauvre pécheur... Je me souviens maintenant que j'ai aussi puisé mon inspiration dans un conte breton, dans lequel un menuisier (me semble-t-il) manquait la messe (et donc se damnait ! Ca rigolait pas à l'époque !) à cause de l'intervention du Diable encore une fois. J'avais en tête une histoire de ce genre depuis longtemps... En fait, je crois que dans les vieux cahiers de notes d'écriture de mon adolescence, où je notais mes idées pour mes futurs projets de nouvelles, j'avais esquissé une nouvelle dans ce thème-là, plus proche de ton histoire de jazzman que ce que j'ai en fait écrit : l'histoire d'un philtre d'amour vendu par le Diable à un pauvre garçon fou amoureux d'une fille qui l'ignore en échange de son âme... (n'y voyez rien de personnel, hein. J'ai une copine, et j'ai réussi à conserver mon âme !)Meme l'histoire de Garrigou est bonne...ca m'a fait penser à cette histoire du musicien black qui avait vendu son ame au diable en échange d'un talent exceptionnel pour le jazz (vous la connaissez cette légende? => c'est comme ca que le jazz serait né ), du moins j'ai trouvé ce passage sur le meme ton, d'autant que cette époque se prete très bien à ce genre de superstition.
On retrouve également de nombreux contes de ce genre, liés pour certains à Noël, dans les Contes Fantastiques d'Hoffmann (je pense à La Nuit de la Saint Sylvestre par exemple) ou plus anciens encore, avec L'étrange histoire de Peter Schlemilh de Chamissot...
Il faut vous dire aussi que la Littérature Fantastique du XIXème siècle était l'un de mes modules de Licence...
Une seule chose m'a donc géné: la fin.
Et pour te dire à quel point Kundin...ca m'a gaché toute la lecture. Bon allé, j'exagère.
La préparation du récit est tellement bien faite (en mettant, c'est vrai, cette histoire de lettre oubliée, de coté ), que finalement, je trouve cette fin trop rapide, trop...J'ai presqu'eu l'impression qu'à un moment donné, tu voulais te presser d'en finir.
Au moment meme où le fantastique commence à pointer son nez (avec le reve du héros)...paf c'est la fin. Non mais là, yavait de quoi faire 3 ou 4 pages supplémentaire pour faire monter la véritable angoisse fantastique (qui serait venue se rajouter à l'angoisse de la guerre, beaucoup plus réaliste). Je suis terriblement frustré en fait, parce que devant ta faculté à bien écrire, je me dis qu'on aurait pu avoir un grand grand One shot avec ce récit.
Et je pourrais écrire des heures ma frustration tellement j'ai apprécié lire ton récit, et tellement je...
Non vraiment, ya qu'un seul truc qui m'a géné.
Intéressant que tu aies trouvé la fin trop expédiée ; ce n'est pas la première fois que l'on m'en fait la remarque sur mes récits (l'épopée de Thror par exemple, a pour principale critique sur La Gazette de Nuln une fin trop vite expédiée). Il est vrai que d'habitude j'ai tendance à aller à l'essentiel lorsque j'écris et que mes fins peuvent parfois sembler abruptes ; mais ici j'ai pris mon temps pour écrire ce récit et la brièveté de sa fin est voulue. Encore une fois, il s'agit d'un procédé assez classique en litérature fantastique, car le Fantastique rappelons-le, c'est le doute, la frontière floue entre réalité et Merveilleux. Le Merveilleux (qui n'est pas forcément tout rose contrairement à ce que son nom semble indiquer) représente un univers dans lequel le réel tel que nous le connaissons n'a plus cours, dans lequel le surnaturel est intervenu de façon manifeste et acceptée. Le Fantastique, c'est une période brève par nécessité, un doute affreux, et de ce doute naît la peur... C'est pourquoi mon rêve final ne pouvait se prolonger indéfiniment. De plus, les rêves sont en général assez courts, donc s'attarder dans ce songe n'aurait pas sonné très vrai. Enfin, la chute qui semble expédiée est encore une fois un procédé récurrent chez les auteurs fantastiques du XIX. La nouvelle La Morte de Maupassant, qui a été elle aussi une source d'inspiration assez évidente pour la dernière partie du texte, se termine de la même façon que mon récit : le héros fait un rêve, somme toute assez bref, et le réveil est résumé à une phrase après la chute nécessaire. (C'est une excellente nouvelle, que je vous conseille fortement de lire d'ailleurs. Elle est en général publiée dans les Contes Fantastiques de Maupassant).
Tout cela pour dire que ma fin rapide est un choix délibéré !
Merci de ta critique !
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- San
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- Messages : 1069
Enfin, tous ceux qui sont passés par ce post t'ont fait des compliments mérités, et en avaient aussi sûrement plus à dire que moi
Bon, le récit de guerre, je... voilà, mais c'est bien écrit et ça se laisse lire sans problème. Le conte est super, j'ai bien aimé la façon simple de le raconter, et s'il serait aussi bien en plus long et plus chiendé, je le préfère autant comme ça.
La fin ne m'a pas paru bâclée! C'est vrai que c'est le fantastique qui m'intéresse principalement dans ton texte (par rapport à la guerre quoi), et puis cette ambiance noire, mais je ne vois pas trop ce qu'il y avait de plus à dire - à moins de faire une toute autre histoire, ce qui n'est pas non plus le but.
Le personnage de Garrigou m'énerve, principalement parce qu'il a un accent du Sud - les romans de Daudet m'auraient beaucoup plus plu sans ça, mais bien sûr, ça ne serait pas pareil sans. Donc, passons.
L'histoire du black qui passe un pacte avec le diable pour jouer du jazz comme un dieu, ça me rappelle quelque chose, un film je crois, encore que je suis loin d'en être sûre, et c'est trop loin...
Une dernière chose (oui, je n'avais pas beaucoup à dire!), c'est que d'après mon expérience des rêves, ils peuvent être très longs, très vrais, très compliqués à raconter. Ca me va qu'il soit court dans ton texte, et s'il était plus long, je pense que ça irait aussi.
Bon, et bien je dois dire que c'était un plaisir de te lire, en espérant que tu nous écriras encore des textes pour plein d'autres MAJ!
Ah oui, tu es sur mon podium aussi.
PS : ça me donne envie d'écrire tout ça
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- gilfuin
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L'histoire du black qui passe un pacte avec le diable pour jouer du jazz comme un dieu, ça me rappelle quelque chose, un film je crois, encore que je suis loin d'en être sûre, et c'est trop loin...
En fait, ca serait plutot le blues (j'avais dit Jazz, mais je me suis planté). Et c'est une légende qui est chanté dans plusieurs morceaux de ce genre musical. Ca doit certainement apparaitre dans un film ou les séries...
Le personnage de Garrigou m'énerve, principalement parce qu'il a un accent du Sud - les romans de Daudet m'auraient beaucoup plus plu sans ça, mais bien sûr, ça ne serait pas pareil sans. Donc, passons.
Ben qu'est ce qu'il a l'accent du sud? (surtout quand on le lit...)
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- San
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- Messages : 1069
Euh... ben... C'est difficile à expliquer, c'est assez irrationnel les goûts...gilfuin écrit: Ben qu'est ce qu'il a l'accent du sud? (surtout quand on le lit...)
Peut-être parce que ça fait très bourru mais ça ne me gêne pas forcément en soi, donc je sais pas trop...
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- gilfuin
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- Messages : 170
D'ailleurs, "bizarrement", j'ai beaucoup aimé ce personnage provencal, tout de suite j'ai accroché. D'autant que dans une compagnie, il y en a toujours un qui traine (au moins 1 sur 20 ) et qui fait parler de lui.
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- Gulix
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- Messages : 1531
En commençant l'histoire, je savais donc qu'on allait parler de la Guerre 14-18, et d'un Brûle-Gueule. Connaissant le larron, je m'étais dit que ce nom se rapportait à une de ces créatures infernales qui rôdent dans son imaginaire... Ben non, en fait, tu m'as bien eu. Et rien que pour avoir donné ce titre au récit, bravo !
La première partie de l'histoire m'a bluffé, par son absence de fantastique, et la facilité avec laquelle tu as décrit ce soldat et son début de soirée. Les petites anecodtes que tu glisses à droite à gauche le rendent extrêmement vivant, tout comme son environnement (le cimetière ouvert par une bombe, ses "sentiments" sur les allemands, qui ne dormiraient pas, la neige et la boue, ...). Je m'attendais toujours, à ce moment-là, à l'irruption du Brûle-Gueule pour mettre joyeusement la pagaille.
Il arrivera plus tranquillement, tout doucement, par les traits de Garrigou.
La légende est sympa, dans le ton de cette veille de Noël et de début du siècle. Elle laisse traîner quelques fausses pistes, mais nous permet, à nous, ainsi qu'aux deux soldats, de sortir du contexte armé.
Là où ça coince un peu, c'est dans la conclusion, seul élément réellement fantastique du récit. Le rêve du soldat (dont j'ai d'ailleurs oublié le nom) est annoncé trop tôt comme tel. Il rêve de ses compagnons, soit... On trouve presque normal que le Brûle-Gueule ait disparu dans la nuit.
Bref, j'ai beaucoup aimé la mise en scène du récit, mais l'épilogue, très bon, est malheureusement un poil court pour moi, et la "surprise" n'en est pas une. J'aurais aimé être plus surpris...
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- Kundïn
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- Messages : 1437
Enfin, tous ceux qui sont passés par ce post t'ont fait des compliments mérités, et en avaient aussi sûrement plus à dire que moi
C'est la variété des points de vue qui fait la richesse des commentaires et de ce qu'on peut en glaner ! Donc toutes les contributions sont bonnes à prendre...
T'en fais pas, je suis assez pacifiste dans l'âme... et puis c'est pas du Rambo non plus hein ! Je trouve assez intéressant de prendre la guerre comme arrière-plan, c'est un moment où tout est bouleversé et où les gens se raccrochent à ce qu'ils peuvent, créant ainsi des situations et des personnalités originales. Mais je comprends qu'on puisse ne pas trop aimer...Bon, le récit de guerre, je... voilà, mais c'est bien écrit et ça se laisse lire sans problème.
Content de te l'entendre dire ! Je l'ai voulu court, pour ne pas trop empiéter sur le récit principal, mais il est vrai qu'il est plus court que les contes de Daudet dont il est inspiré. Quoique, certains sont assez brefs...Le conte est super, j'ai bien aimé la façon simple de le raconter, et s'il serait aussi bien en plus long et plus chiendé, je le préfère autant comme ça.
Merci ! Ca ne passe effectivement pas avec tout le monde mais quand ça passe ça fait plaisir !La fin ne m'a pas paru bâclée! C'est vrai que c'est le fantastique qui m'intéresse principalement dans ton texte (par rapport à la guerre quoi), et puis cette ambiance noire, mais je ne vois pas trop ce qu'il y avait de plus à dire - à moins de faire une toute autre histoire, ce qui n'est pas non plus le but.
C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui n'aime pas l'accent du Sud ! Bon, ça ne fait rien, pour ta peine, relis-le avec l'accent québécois !Le personnage de Garrigou m'énerve, principalement parce qu'il a un accent du Sud - les romans de Daudet m'auraient beaucoup plus plu sans ça, mais bien sûr, ça ne serait pas pareil sans. Donc, passons.
Oui, j'ai eu aussi des rêves très longs (le temps en rêve passe de manière très biz z arre, même si les rêves en eux-mêmes n'occupent le cerveau que durant quelques minutes on peut avoir la sensation que cela dure des heures...). J'aurais pu rallonger la sauce mais bon, je sentais plus un rêve court, sans raison particulière... donc voilà...Une dernière chose (oui, je n'avais pas beaucoup à dire!), c'est que d'après mon expérience des rêves, ils peuvent être très longs, très vrais, très compliqués à raconter. Ca me va qu'il soit court dans ton texte, et s'il était plus long, je pense que ça irait aussi.
Merci merci ! Je bosse en ce moment sur un autre texte d'un genre complètement (mais alors, complètement) différent, qui est un peu dans le style du Barde Empalé... mais je n'en dis pas plus !Bon, et bien je dois dire que c'était un plaisir de te lire, en espérant que tu nous écriras encore des textes pour plein d'autres MAJ!
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- Kundïn
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- Messages : 1437
En commençant l'histoire, je savais donc qu'on allait parler de la Guerre 14-18, et d'un Brûle-Gueule. Connaissant le larron, je m'étais dit que ce nom se rapportait à une de ces créatures infernales qui rôdent dans son imaginaire... Ben non, en fait, tu m'as bien eu. Et rien que pour avoir donné ce titre au récit, bravo !
Ah, c'est le syndrôme du webmestre qui connaît tout à l'avance ! Mais effectivement il était assez difficile de se faire une idée du texte avec simplement le titre et le petit texte de présentation. Pour le titre, merci, j'en suis assez content ! C'est un terme assez obscur au premier abord (car plus personne ne fume la pipe de nos jours ou presque) mais qui évoque beaucoup, qui est très chargé d'un point de vue symbolique et sémantique, donc j'aimais bien... Content de voir qu'il te plaît aussi !
Ca me fait très plaisir, c'était justement l'un des principaux points de travail de mon texte : ne pas aller directement à l'essentiel, prendre le temps d'insuffler un peu de vie à mon histoire. De ce point de vue là, je suis assez content de moi.La première partie de l'histoire m'a bluffé, par son absence de fantastique, et la facilité avec laquelle tu as décrit ce soldat et son début de soirée. Les petites anecodtes que tu glisses à droite à gauche le rendent extrêmement vivant, tout comme son environnement (le cimetière ouvert par une bombe, ses "sentiments" sur les allemands, qui ne dormiraient pas, la neige et la boue, ...). Je m'attendais toujours, à ce moment-là, à l'irruption du Brûle-Gueule pour mettre joyeusement la pagaille.
Effectivement, elle agit à la fois comme une pause et une transition vers le fantastique, en rappelant au passage l'héritage littéraire de Daudet et des écrivains du XIX qui eurent pas mal d'influence sur moi... J'aime revenir sur ce qui m'a aidé à me construire un imaginaire et un style d'écriture.La légende est sympa, dans le ton de cette veille de Noël et de début du siècle. Elle laisse traîner quelques fausses pistes, mais nous permet, à nous, ainsi qu'aux deux soldats, de sortir du contexte armé.
Oui, je vois ton point de vue, c'est vrai que le rêve aurait pu être amené différemment, mais c'est un choix délibéré (le bon ou le mauvais, ça...). Je voulais que le rêve soit présenté comme tel car au fond, tenter de le dissimuler et de berner le lecteur aurait été assez difficile et aurait fait beaucoup plus "cliché". Là, on sait tout de suite de quoi l'on parle, et finalement c'est en estompant les certitudes, en se mettant à la place de Dornon que l'on tombe dans le fantastique : le doute... Certes l'effet de surprise n'est pas aussi fort puisque la disparition de la pipe est en quelque sorte annoncée par Garrigou en rêve, mais bon...Là où ça coince un peu, c'est dans la conclusion, seul élément réellement fantastique du récit. Le rêve du soldat (dont j'ai d'ailleurs oublié le nom) est annoncé trop tôt comme tel. Il rêve de ses compagnons, soit... On trouve presque normal que le Brûle-Gueule ait disparu dans la nuit.
Je crois que je devrais peut-être réarranger la fin, vu que la plupart des critiques portent là-dessus... Sans trop la modifier, juste la retravailler. Elle est directement inspirée de "La morte", une nouvelle de Maupassant. Mais il l'a mieux réussie que moi !
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- Falc'hun
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- Messages : 402
Ma première impression sur ce texte est vraiment bonne. Aussi bien du point de vue du style que de l'histoire. J'aime bcp le contraste entre la première partie du texte et le conte et enfin le tout qui se rejoint dans la dernière partie.
D'abord dans la casemate, j'aime bcp l'ambiance qu'il s'en dégage. On ressent une tranquilité étonnante sur le front. Un peu comme si la soirée de noël était une trève dans l'horreur de la guerre. Puis lors du départ tout le monde se remet à jouer à la belote, comme préférant oublier leur camarade qui s'en va dans la nuit.
Camarade qui en sortant dresse un portrait plutot positif de lui même. Et la fin du paragraphe:
On le sens quelque peu désabusé qu'au final personne ne veuille lui rendre service bien qu'etant le "plus sympathique des homme".et pourtant ce soir-là pas un des gars n’offrit de prendre ma place pour me faire plaisir… Il ne fallait pas rêver non plus.
Pour ce qui est de la description de l'avant poste, l'endroit est lugubre à souhaits. Ceci je trouve la description un peu froide. La focalisation interne (j'ai l'impression d'en parler bcp sur les chroniques...) pourrait entrainer un point de vue plus subjectif, moins neutre.
Après je n'ai pas grand chose à dire sur la rencontre avec Fontaine et sur l'introduction de Garrigou. Vient alors la Traversée. Je trouve le passage réellement réussi. D'abord cette ambiance nocturne et enneigée qui donne l'impression de nager dans du coton malgré les balles qui sifflent, impression encore renforcée par l'isolement. On est sur le front et pourtant toute l'action se résume à cet échange de coups de feu. On retrouve une caractéristique du conte de Noël: dans les rues déserte d'une grande ville...
De plus il y a une proximité interssante entre Dornon et le mitrailleur allemand. Il lui parle comme si il le connaissait, l'incite à ne pas le voir...
Et pour finir, l'humour noir de cette partie est vraiment... vraiment... enfin bref, juste super. On sent le soldat désabusé par la guerre mais qui essaie comme il peut de la supporter.
On retrouve un isolement sympa pendant le bombardement et cette espèce de frénesie à retrouver son fusil est bien trouvée. Ceci dit pendant la canonnade (en passant, Word sous qui j'ai fait un copié collé m'a révélé une petite faute sur le mot, tu as mis deux "n": cannonnade) quelques petits détails pourraient être interessant comme le sol qui tremble ou le souffle des explosion.
La suite du texte me plonge comme dans une sorte de rêverie qui me laisse sans grand chose à dire. Tout d'abord Garrigou qui attend à la "fenêtre" de voir les morts venir le chercher puis racontant son histoire. Et ensuite le "rêve" où reviennent tous les amis disparus. Et enfin la conclusion et cette pipe qui a disparu, nous laissant croire que ce rêve n'en était peut être pas un...
En fait avec le retours de Garrigou on rentre vraiment dans le fantastique et l'inconnu.
Pour ce qui est de la fin je la trouve pour ma part réussie. Les fins de ce genre peuvent parfois être frustrante si il manque trop d'élément au lecteur. Pour ma part je suis pleinement satisfait et aucunement frustré.
Que dire pour conclure si ce n'est que nous avons là une très jolie nouvelle fantastique de Noël.
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- Monthy3
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Quelque chose m'a étonné en lisant certains des commentaires précédents : le fait que le fantastique n'arrive qu'avec le conte de Garrigou. Or, ce que je vois, c'est qu'il a été introduit depuis le début du récit :
La première allusion est celle à la chance, qui n'a pas vraiment de quoi choquer au début, c'est vrai. Cependant, la chance marque déjà l'intervention du hasard, de l'inexplicable. Le mot est posé quelques lignes plus tard :cela ne me porta pas chance
Une nouvelle fois, ça peut sembler anodin. Mais le mot n'est pas courant, et il a immédiatement titillé mon oreille.J’avais donc une faculté presque surnaturelle à me rendre d’emblée sympathique et indispensable où que j’allais
Un peu plus tard, après la traversée, la "deuxième partie" du récit semble se lancer avec
Les termes sont là : on parle de farfadets, premier élément à proprement parler "surnaturel", et de légendes, ce qui se rapproche du conte, bien que ce dernier ait plus vocation à partir de faits réels que la légende. Faits réels qui sont étroitement mêlés avec les termes plus étranges dans ce texte même.il ressemblait à quelque farfadet maléfique tout droit sorti de l’une de ses légendes occitanes.
Avant le conte narré par Garrigou, deux occurences de moindre importance :
De moindre importance, car elles ne me surpennent plus à ce niveau-là du récit. Je suis déjà dedans, assez impatient de découvrir le fantastique que tu m'as promis dans le début du récit, et elles ne font qu'attiser mon impatience.C’est mauvais signe. D’ailleurs, c’est bien connu, il n’est pas bon de ne pas assister à la messe de la Nativité. »
- Oh, de vieilles superstitions, de vieilles histoires… Je m’en rappelle une que mon grand-père me contait chaque année… Pécaïre ! A vous faire froid dans le dos. »
A la limite, le conte paraît presque secondaire à côté de toute cette préparation. Enfin, il est essentiel, bien sûr, mais le texte me semble déjà réussi dans sa construction et dans son attrait.
Le conte est écrit dans un pavé, qui se révèle pourtant très digeste grâce à la simplicité de la narration. Si tu avais voulu la complexifier, je pense qu'une séparation en différents paragraphes aurait été judicieuse.
Enfin vient le rêve. C'est un peu la déception du récit, en fait. Je m'explique : je m'attendais à l'intrusion du fantastique, évidemment. Au vu de la qualité du reste du texte, je m'attendais peut-être à quelque chose de plus imaginatif, de plus troublant, de plus "qui met mal-à-l'aise" qu'un simple rêve. Lequel est tout de même plutôt convainquant, et bien dans le ton du texte avec un Garrigou un peu "hors du monde", tout comme ton provençal paraît "hors du monde" des tranchées par ses histoires.
Hormis cette réserve, la fin est bien celle que j'attendais, à savoir l'incertitude, l'hésitation entre explication rationnelle et phénomène fantastique. Cette fin abrupte est assez caractéristique de ce genre de nouvelles, dans lequel toute la difficulté réside à ne pas faire pencher la balance d'un côté ou de l'autre. Et tu t'en es remarquablement bien tiré
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