[Février 2007] Nominavit... - Feurnard
- San
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Pour commencer, les renards dessinés en bas de la page m'ont bien fait rire Je n'avais pas encore vu sur les Chroniques de fichiers à télécharger (et très peu d'illustrations par ailleurs de toute manière).
Ils sont de toi? Bref, passons.
Ce texte m'a (et ce n'est pas pour faire bande à part) moins interpelée que H&F. Je ne m'aventurerais pas à les comparer sur la forme, mais sur le fond, cette histoire-là aux allures de fable de la Fontaine (pour les personnages et pas mal de choses à part la morale) me botte moins. Enfin, elle est chouette aussi d'un autre côté.
Je te trouve aussi assez dépréciatif vis-à-vis de tes textes, tu abandonnes même H&F, enfin je veux dire que je les trouve vraiment chouettes ces textes. Que ce soit simplement dû à ta plume et qu'ils soient en fait à moitié ratés n'y change rien (mais pas pour toi bien sûr). Donc, moi j'aime bien H&F (snif alors)
Nominavit est bien écrit. Ce n'est peut-être pas assez clair, direct ou frappant, il manque peut-être une étincelle ou du mordant, mais il me semble que la substance y est, et ce que tu voulais dire se voit (un peu, pas beaucoup) derrière les couches de détails psychologiques et paysagiers. En tout cas il y a des phrases vraiment belles, comme :
Et puis les structures complexes, les phrases à contresens et autres jeux de langage que tu manies habilement.dans son esprit pour les y écouter sonner comme le feraient des gouttes de cuivre disparaissant dans une mer d’argent
Je trouve ce renard noir franchement dégonflé. L'autre n'est peut-être pas mieux d'ailleurs, mais le noir vient étaler sa misère, s'apitoyer sur lui-même, s'échouer devant une porte qui ne s'ouvrira pas, il supplie sans but, rien que pour supplier. Les mendiants dans la rue ne sont pas comme ça, les gens désespérés non plus (on peut se demander si le noir est désespéré, oui ou non).Il aurait voulu, lui aussi, s’il lui était resté autant d’espoir qu’à ce désespéré renard noir,
Il n'a rien trouvé d'autre que de venir s'échouer et supplier à la porte du rouge, il a l'espoir qu'on lui ouvre, qu'on ait pitié, ou éventuellement qu'il se passe un miracle, et qu'il échappe à sa condition. Condition qu'il fuit, mais pas de la bonne manière, donc sans vraiment y croire.
S'il était franchement désespéré il forcerait le passage et arriverait à entrer chez le rouge. Il n'en est pas à ce point, il lui reste même des sandales, il ne va pas entrer par effraction chez quelqu'un et lui voler son pain, ça non. Par contre s'inviter chez quelqu'un qu'il ne connaît pas en attendant qu'il ouvre, ok, mais on ne parle pas d'un acte désespéré, c'est plutôt acte un peu fou et insouciant, insensé certainement.
Le rouge a l'air d'aimer se faire prier, il voudrait même que cela ne s'arrête pas : ça a l'air assez méchant, ou bien il est insensible (ou habitué), mais à vrai dire le noir n'est pas différent, il n'a pas l'air de croire que sa complainte et ses supplications vont s'arrêter, et si le rouge n'avait pas répondu, il aurait continué jusqu'à ce qu'il ne puisse plus...Cependant d’avoir écouté, profité de ces larmes, les avoir presque dérobées aussi longtemps, pousse le gardien, malgré la force de son refus, quoiqu’il voudrait faire durer cet instant plus longtemps encore, à répondre au renard.
Les hommes sont des créatures sociales... (les renards aussi je n'en doute pas), peu d'êtres sont faits pour vivre seuls. A part ça, je retrouve l'idée que la scène n'aurait pas dû s'arrêter, dans l'esprit du rouge comme du noir, qui se complaisent dans leur état respectif.Néanmoins le gardien reste face à la porte, immobile, dans l’espoir peut-être que revienne le renard.
C'est une phrase assez troublante, et le rouge va peut-être regretter sa fainéantise (son manque de volonté, son oubli) qui l'a fait rater cette rencontre. En quelque sorte, les deux renards étaient bloqués d'une part et d'autre d'un mur, sans espoir de se rencontrer, et ce à cause de leur faiblesse, peur, complaisance...Encore a-t-il oublié d’aller jusqu’à l’une d’elle pour regarder l’inconnu, voir à quoi peut ressembler tant de misère, parce que sa voix lui suffisait.
Du coup ils ne se sont pas rencontrés, ni affrontés, et ils ne se frotteront sans doute plus jamais l'un à l'autre. => Les armes de la paix? Comment tenir éloignées les parties et échapper aux risques de conflit?
Bon, pour revenir à H&F, je l'ai sans doute préféré parce qu'il y a justement plus de conflits etc... De mouvement et de sang
Un texte sur la paix, c'est paisible, c'est reposant, mais...
Ca, c'est très subjectif, et ça ne change rien à la qualité du texte.
J'arrête là pour cause de reprise des cours. En espérant avoir fait à peu près le tour (mais je suis aussi passée à côté de pas mal de choses, selon ta réponse ça s'arrangera peut-être).
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- Vuld Edone
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Vu la qualité des dessins, oui, ils sont de moi. Je les ai gribouillés sur un coup de tête, pour voir à quoi pouvaient ressembler ces yeux. Enfin non, je mens, c'est un personnage de JdR pour un univers assez infantile. D'ailleurs le personnage lui-même n'a rien à voir avec celui de l'histoire mais on s'en fiche. Nominavit a été une sorte de dédicace, un peu comme un poème pour quelqu'un qu'on aime...
Vu la qualité de H&F, hélas, c'est aussi de moi. Peut-être que sans H&F il n'y aurait pas eu Nominavit... Je ne juge pour le moment (je pourrais m'amuser à les analyser) mes textes que vis-à-vis de vos commentaires mais je sais avoir beaucoup plus travaillé l'un que l'autre et puis, il y a la part émotive. Parler de "tout va mal", moi, j'aime pas.
"comme le feraient des gouttes de cuivre disparaissant dans une mer d'argent", je suis d'avis que "disparaissant" est de trop, même si j'ai dû le conserver pour une raison pragmatique. L'image "goutte de cuivre dans mer d'argent" n'a en fait aucune valeur dans ce texte mais en trouverait énormément dans un autre et j'aurais eu tort de passer à côté.
Ensuite, il y a quantité et qualité : goutte pour mer, cuivre pour argent. Tu as cité en-dessous "autant d'espoir qu'à ce désespéré", c'est bien un stade plus loin dans le malheur, moins d'espoir qu'à un désespéré, à peine envisageable. En somme le renard rouge est bien plus malheureux.
Le renard noir est désespéré mais, justement, le fait qu'il supplie montre qu'il lui reste de l'espoir. Maintenant on ne va pas lui enlever qu'il s'est reçu une tempête dans la figure, qu'il a des cicatrices et que des sandales ne nourissent pas. Il est en pleine forêt, je n'ai parlé ni de chemin ni d'autre trace de civilisation, le manoir est "couvert de mousse", au fond je trouve normal de vouloir y trouver refuge. Ensuite c'est vrai, au petit matin, il aurait dû se lever et marcher encore, quelque part... mais où ? Je ne lui donne aucune destination, nulle part où aller. Il n'y a que ce manoir. Quand il fuit, il disparaît.
Le cotexte mis de côté, on ne peut pas vraiment dire qu'une fois l'orage passé il cherche encore à entrer, du moins pas avant d'entendre la voix du gardien. Au fond, il se contente de pleurer, un peu comme un poète admirerait le ciel, un acte gratuit. On sait juste qu'il pleure, en position de repli, sans aucun geste pour appeler. D'ailleurs il ne se rend pas compte que ses larmes ont appelé quelqu'un, sans quoi il n'aurait pas été surpris.
Le coup de "je vole du pain", j'ai lu un texte du genre, c'est de la crise prolétaire du dix-neuvième, merci. Je préfère le personnage qui meurt de faim (de superbes scènes à ce sujet).
"Ca a l'air assez méchant", je suis heureux de te lire l'écrire (humour pourri). J'ai voulu que ça paraisse méchant, un type qui écoute un autre pleurer et d'ailleurs, quand il dit "ne pleure plus", il suit la logique humaine qui voudrait de réconforter son prochain, il fait un peu ce qu'on attend de lui.
En fait, en disant cela, il a chassé le renard noir et il savait qu'il allait le chasser. Il a obtenu l'effet contraire de celui désiré, en somme ; il aurait dû se taire et ils auraient été tous deux, d'une certaine manière, ensemble.
Le renard est plutôt solitaire mais, en tant qu'être pensants (vulpes sapiens), mes renards sont sociaux.
On ne peut pas parler de fainéantise. Même si le renard noir avait pu le voir par la fenêtre (ce qui est impossible, mais le texte ne le dit pas), on peut aisément spéculer que sa réaction aurait été la même face à une silhouette menaçante, gigantesque et armée : il aurait aussi raté cette rencontre.
On ne peut pas dire non plus qu'ils étaient bloqués en cela que les larmes de l'un ont quand même franchi le manoir en entier (et pourtant il sanglote faiblement) et que la voix de l'autre a passé au travers de la porte (ce qui ne vous semble rien mais pensez à l'orage durant lequel le gardien entend des appels qui auraient dû être noyés dans les trombes d'eau et le tonnerre : la description de la tempête ne parle jamais de bruit). Je dirais qu'il y a eu rencontre.
Au fond, on pourrait résumer cette même histoire en une fable :
"Un renard étant chassé alla souffler un peu sur le haut d'un tronc creux pour tout refuge. Or un autre renard, grièvement blessé à la patte en se cachant dans ce tronc, l'entendant au-dessus de lui voulut l'appeler. Son glapissement passa aux oreilles du pourchassé pour le cri d'un chien et le fit s'enfuir aussitôt."
Morale : un renard de plus au tableau de chasse et un autre qui dépérit solitaire. Ensuite, forcément, je n'ai pas farci l'histoire de détails pour le plaisir de mettre du détail.
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- San
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Dans H&F tout va mal, ce n'est pas tout à fait vrai, quoique ; c'est plutôt qu'il y a du mal partout bien sûr (et surtout dans le bon, et là encore quelle est cette distinction), mais pour le lecteur ça peut insister sur le fait qu'on n'est peut-être pas aussi mauvais que ça finalement. Quand tu parles d'une vision de l'amour (dans tes réponses), je crois que c'est parce que ce texte "apporte" ces idées que je l'aime bien.
Ah oui c'est vrai que la peur de se fondre dans le néant doit l'empêcher de s'éloigner de ce manoir... Je le trouve vraiment bloqué, lui, même si ses larmes franchissent les murs, parce que ça ne lui sert à rien que quelqu'un comme le rouge (ou quelqu'un tout court) les entende.Quand il fuit, il disparaît.
Quant au rouge il s'est coincé lui-même chez lui, il n'y a pas de meilleure prison, il a bien ses livres mais ils sont dépréciés dans le texte (il me semble). Sa voix porte au-delà des murs, mais le coeur n'y est pas, son esprit ne sort pas du manoir.
Oui... Ils avaient l'air d'en avoir envie... Mais leurs aspirations étaient ou auraient dû être bien plus grandes, car en restant comme ça, et ce pour être ensemble, ça ne les menait nulle part ou sûrement dans la mort.il aurait dû se taire et ils auraient été tous deux, d'une certaine manière, ensemble.
Ces deux personnages sont assez macabres à la réflexion, et un manoir et une plaine désolée tout autant. Si la scène est une scène de mort, reste à penser que la fin est, au contraire, un retour à la vie, et effectivement il y a du mouvement, une reprise de la vie des renards qui avait été suspendue durant leur pseudo-rencontre.
C'est presque un Happy End en somme (sans le happy?)
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- Vuld Edone
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Pour l'un, il y a enrichissement vu qu'à la fin il n'est plus comme au début, il y a changement. Il a gagné quelques gouttes de cuivre, on peut le dire comme ça.Ils n'ont pas l'air plus riches qu'avant en tout cas
Difficile de saisir ce que tu entends par là... il est passif, replié sur lui-même mais s'il était vraiment bloqué, il n'aurait pas fui. Je ne sais pas, il m'importait surtout qu'il soit malheureux.Je le trouve vraiment bloqué...
"Hic carcer animo (est)" écrivait-il pour désigner l'endroit. Ce n'est pas qu'il ne veut pas sortir mais qu'il ne peut pas sortir. D'autre part son esprit sort du manoir puisque "sa voix lui suffit", puisqu'on voit au-dehors du manoir (alors qu'on commençait avec le gardien, à l'intérieur), puisqu'il répond en fonction de l'extérieur (relativement à l'intérieur) et qu'écouter les larmes signifie aussi écouter ce qui est à l'extérieur, donc déjà sortir d'une certaine manière, d'où d'ailleurs toute l'importance pour lui de les entendre (au moins en partie).Quant au rouge il s'est coincé lui-même chez lui
A ce même titre, être entendu pour le renard noir signifie déjà entrer, d'une certaine manière. C'est d'ailleurs, ironie de la situation, ce qui le fait fuir, à savoir que derrière les attraits décoratifs du manoir l'intérieur est mort.
C'est justement parce que le renard noir voulait plus que ça a échoué : il voulait entrer. S'il avait juste voulu pleurer, il n'y aurait pas eu de problème. Pour le renard rouge, il a moins d'espoir qu'un désespéré, ne lui demande pas d'avoir une aspiration à quoi que ce soit. Quoique, à la fin, il n'est plus si désespéré puisqu'il cherche, donc il aspire à quelque chose...Mais leurs aspirations étaient ou auraient dû être bien plus grandes
Je veux dire que le message du gardien est clair (hem... à peu près clair) : dehors c'est vivant, dedans c'est mort ; reste dehors. Pour le renard noir, c'est le contraire, aussi va-t-il continuer ce que je pourrais comparer à une quête de paradis terrestre complètement absurde puisqu'il s'y trouve déjà.
Mais ça, avec la seconde bucolique lacunaire, c'était moins évident à comprendre.
Si le renard noir avait écouté... je ne sais pas, je n'ai pas envisagé cette possibilité.
L'intérieur et le gardien sont macabres, là-dessus je ne discute pas. Par contre que quelqu'un pleure n'est pas macabre dans mon esprit mais surtout, surtout, je n'ai pas écrit deux courtes bucoliques pour entendre dire que la plaine est "désolée".Ces deux personnages sont assez macabres à la réflexion, et un manoir et une plaine désolée tout autant.
J'ai l'impression que tu n'as vu que la tempête et, là encore, il aurait fallu que la seconde bucolique soit complète, à savoir positiver la tempête.
D'ailleurs, positiver la tempête ne sert pas qu'à rendre l'extérieur vivant et joyeux : la tempête est aussi celle des sentiments, donc des larmes, vivantes et par là positives.
Alchimie du négatif en positif mais attention avec cette alchimie, elle est... démoniaque.
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- San
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Oups, c'est moi qui suis désoléeje n'ai pas écrit deux courtes bucoliques pour entendre dire que la plaine est "désolée".
Donc je vois ce qu'il y avait dans cette histoire. Et bien voilà,... Je préfère vraiment H&F
Etrangement ou peut-être pas étrangement je n'écrirais jamais ça parce que ce n'est pas vraiment ce que je pense, ... je crois. Ou alors j'aurais aimé que la rencontre se passe autrement... Ou bien... Bref
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- Krycek
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Zara écrit: A quand la verité sur Nominavit?
Feurnard écrit: La vérité : quelqu'un s'est lamenté en public avec une accumulation de malheurs à peine concevable. Je lui ai répondu : "Is that possible to understand that I suffer because I'm happy, because you are not ?"
Tout le texte sert à répondre à cette question.
J'espère que tu vois assez l'aporie : comment quelqu'un, étant heureux, pourrait-il jalouser quelqu'un qui est malheureux ?
Je suis donc parti d'une situation A (qui compose tout le texte), où un passant se voyait refuser le droit d'entrer, pour arriver à une situation B qui explique A, à savoir "dedans mort, dehors vie", pour simplifier.
Si "dedans mort", ce qui me semble dans le texte assez évident, alors le gardien souffre, il ne peut pas être heureux (d'où qu'il voudrait sortir). Au contraire, si "dehors vie", comme le montrent les deux bucoliques, alors le renard devrait être heureux. L'histoire propose le contraire, du moins matériellement (un blessé, un riche possesseur d'un manoir).
On a donc un gardien qui devrait être malheureux mais est heureux et un renard qui devrait être heureux mais est malheureux et qu'est-ce que lui dit le gardien ? "Non lacrima jam", ne pleure plus. Le message est simple, il lui montre l'illogisme (la bucolique mais aussi sa voix froide et cruelle).
Enfin le gardien qui veut voir le renard rester.
Le gardien lui dit d'être heureux mais ne lui ouvre pas (alors qu'il est heureux à l'intérieur), c'est la seconde aporie. La réponse est "autant d'espoir qu'à ce désespéré renard noir", repris par l'accumulation des motifs de souffrance (livres, armures, assiette vide) mais aussi et beaucoup plus simplement par la larme versée par le livre au tout début du texte (par le livre et par le nuage, une traînée dorée si je me souviens bien).
En montrant le premier illogisme le gardien fait apparaître le second, à savoir qu'il devrait être malheureux. C'est visible par sa solitude (la fuite du renard, le souffle mort qui retombe, la chaise) et sa volonté de sortir. Bref, il sombre dans la dépression, d'où qu'il veut retenir (par le son, par l'image, par le souvenir) l'autre renard et qu'à la fin, au lieu de tout oublier (ce qui l'aurait rendu à son état original), il cherche un compagnon. Il s'agit bien de nier son propre bonheur alors que, matériellement, il a tout pour être heureux.
De fait, la plus grande difficulté du texte était de dire que le renard noir est malheureux et le gardien heureux même une fois l'inversion opérée car, de fait, s'il y avait eu changement à ce niveau une fois l'inversion opérée, cette inversion aurait résulté de ce changement et le sens de l'histoire aurait changé.
Voilà pourquoi le gardien semble et heureux et malheureux, problème qui ne se pose pas avec le renard noir complètement passif dans cette histoire (ce n'est pas lui le héros).
J'ai émis l'hypothèse qu'une telle situation n'était pas compréhensible, d'où que le renard noir ne le comprend pas, d'où que le gardien se met à chercher à la fin (au lieu de revenir au départ, ce qui aurait été le plus logique), d'où le latin et cette mise en avant de A "méchant bourgeois ferme la porte à prolétaire" au lieu de B que je voile complètement, la clé de lecture étant le contenu même du texte.
Je n'avais pas, mais alors pas du tout, ne serait ce que l'ombre d'une future idée que c'était là ton objectif, même avec le long débat fait sur ce texte.
(Suite
En fait, si on suit ton explication alors il aurait fallut, ne serait-ce qu'à un moment que tu nous tendes une perche pour nous le dire, et nous faire comprendre que la vérité était plus loin que notre interprétation. D'ailleurs je trouve biz z arre que tu n'ais pas essayé de nous exposer cet objectif dans ce topic. Après tout on aurait compris et l'on aurait pas tourné autour du pot sur 2 pages !!!
Le truc c'est que ton objectifs est vraiment intéressant, le texte l'est aussi mais moins, car on ne saurait faire le lien entre les deux sans ton explication. Et je doute que je serais arrivé jusqu'à cette conclusion par moi même... dans le sens où... j'ai du mal à l'exprimer en fait. Alors voici brut de décoffrage ma pensée (attention aucun travail dessus !!) :
Un texte de cette taille/carrure ne peux pas avoir la portée que tu lui prêtes :
- trop peu d'éléments (quand bien même tu les listerais) ou trop maigres ces éléments
- un fond très peu développé
Au final, je crois que tu as essayé de tailler dans du granite un fil d'ADN. La taille et le fond ne permettent pas au lecteur d'appréhender le texte à sa juste mesure. Le lecteur ne pouvait extrapôler à ce point sans se retrouver avec des myriades d'explications plus ou moins plausibles.
Ceci ne change en rien mon vote qui salue le travail effectué et la richesse de ton style.[/quote]
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- Zarathoustra
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De fait, la plus grande difficulté du texte était de dire que le renard noir est malheureux et le gardien heureux même une fois l'inversion opérée car, de fait, s'il y avait eu changement à ce niveau une fois l'inversion opérée, cette inversion aurait résulté de ce changement et le sens de l'histoire aurait changé.
Les croisements et inversion entre A et B sont je trouve, très bien traité et amené. Et ta réflexion de départ qui t'a poussé à écrire le texte vraiment originale.
Ce qui me dérange, c'est qu'on ne peut s'empêcher de se poser des uqestions auxquelle tu n'as toujours pas répondu:
- Qui sont ces renards?
- Que symbolise la forteresse?
etc.
Je veux dire que tu obliges dans ton insistance sur les détails à chercher des symboles. De toute façon, il s'agit d'un texte métaphorique, donc, pour ma part, ton explication me frustre parce qu'elle n'explique pas tes choix pour raconter ton histoire, d'où mes questions. Cherche-t-on un sens où il n'y en a pas? Si oui, c'est alors une faiblesse du texte. Si non, on attend d'autres explications.
Juste une réserve. Le renard noir est censé être heureux au regard des bucoliques. qu'il ne voit pas. C'est un argument très faible pour qui a justement connu l'orage et les agressions. Donc son "bonheur" hypothétique n'a du poids quepour le renard rouge, et puis, c'est un peu le mayon faible car il y a un côté cliché dedans. Pour revenir au symbole, on ne comprend pas ce qui empêcherais l'autre renard de sortir s'il n'y avait pas autre chose à comprendre.
Ton explication prolétairienne qui saute aux yeux au début devient moins intéressante s'il n'y a que ça à lire parce que justement le texte nouspousse en permanence à la dépasser. La conclusion vient nous dire "vous ne m'avez pas compris! Creusez et vous verrez!". Donc on creuse et on voit le sens de la fin, mais on abandonne en route ce qui était initialement apparent car effectivement ça ne tient pas la route, on voit que le sens est plus riche. En te limitant à celui-ci, tu nous frustres parce qu'on attend plus.
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- Vuld Edone
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Le renard, c'est le démon, avec des griffes, des crocs et culturellement toute la malice du Malin. Pelage rouge, pelage noir, entre sang et nuit il y avait toutes les images négatives du passé médiéval. Le renard a très souvent signifié le mal et l'utiliser ici pour "les armes de la paix" était une nouvelle aporie, imaginer ce qui au fond est l'égal d'un démon pleurer ou compatir.- Qui sont ces renards?
- Que symbolise la forteresse?
C'est aussi une manière de dire que le renard noir, en fuyant, est aussi méchant que celui qui ne lui ouvre pas et ne pleure pas, une nouvelle manière de relativiser leurs comportements.
Enfin c'est ma signature et la possibilité pour moi de parler d'une vérité "que seul un renard peut comprendre", avec l'intéressante négation de l'état du petit renard.
La forteresse est un mur, une porte, du moins dans ce texte, elle se résume à cela : une frontière entre dehors et dedans. Elle représente cependant un édifice solide, résistant aux tempêtes, totalement protecteur. En cela il incarne la chance et par là matériellement le bonheur du gardien. Il est aussi une défense (c'est à ça que sert une forteresse) et appuie donc l'idée de refus d'entrer. Cette attitude agressive est appuyée par la présence de l'épée et des armures et il y a indéniablement interdiction d'entrer.
La forteresse symbolise donc un repli similaire à celui amorcé par le renard noir, un repli sur soi-même qui immunise à toutes les souffrances mais isole complètement la personne qui en bénéficie, la menant à la mort. J'image à ce titre, mais là je disgresse, que le gardien aurait aimé voir mourir le renard noir sur son pas de porte pour, tous les matins, pouvoir l'entendre pleurer à nouveau pour l'éternité. Après tout, c'est un démon.
Ils ont a du sens mais notamment rattachés à l'idée principale, difficilement par eux-même. Ainsi, comme dit, il n'y a que des renards, d'où qu'au fond des blaireaux auraient à peine changé la donne. Quant à la forteresse, j'ai dû (si ce n'est pas le cas ce n'est pas grave mais je l'imaginais ainsi) l'appeler aussi "manoir", plus un habitat qu'un édifice défensif. Cependant ledit champ défensif (armures, gardien, épée, forteresse) est bien présent.
Pour comprendre chaque élément il faut jouer le jeu A et B, A pour ce que c'est vraiment, directement, à savoir deux renards (avec tout ce que ça comporte culturellement, y compris l'animal chassé par les humains, voir mon improvisation de fable) et ce que le texte en dit, à savoir une protection pour l'extérieur contre l'intérieur, soit l'exact inverse de ce qu'on attend d'une forteresse.
En somme il faut tout inverser, par le mouvement même de l'histoire.
Oui ! Voilà justement pourquoi le renard noir est incapable de le comprendre ! Si l'argument était fort, le renard noir aurait ouvert les yeux, se serait écrié "que je suis bête" et tout ce qui s'ensuit. Mais l'argument est très faible, d'une part parce que le renard noir n'a aucune idée du malheur d'être emprisonné dans un édifice qui pue la mort, d'autre part parce que ma fichue seconde bucolique est incomplète, à savoir positiver cette tempête en la reprenant dans la bucolique, l'air de dire (et là encore on retrouve A et "la tempête c'est une chance".C'est un argument très faible pour qui a justement connu l'orage et les agressions.
N'oublie pas que dans mon texte je réponds "on ne peut pas comprendre", or je ne peux pas répondre cela sans argument.
Comme dit, c'est la second aporie, le renard heureux qui devrait être malheureux.Pour revenir au symbole, on ne comprend pas ce qui empêcherais l'autre renard de sortir s'il n'y avait pas autre chose à comprendre.
De un c'est un gardien, le texte le dit et le répète : il garde ce lieu et en tant que fonction pragmatique il ne le garde pas pour rien. On peut donc parfaitement envisager qu'il se garde lui-même (après tout, c'est un démon) mais le texte propose autre chose, à savoir l'assiette vide et la chaise où plus personne ne s'assied qui arrive en fin de gradation de tout ce qui incarne le malheur du gardien.
Pour faire court, la chaise est un vide qui explique la mort car mort il y a bien eu et, à moins d'accepter que le gardien soit un fantôme (on en revient au gardien qui se garde lui-même), quelqu'un d'autre est mort.
Que sont les larmes ? Un souvenir, une résurgence des malheurs, une expression vive de ce malheur, en somme une résurrection (je ne vais pas te convaincre, rappelons juste que le texte positive ces larmes). Or le livre verse une larme (la traînée dorée, si si, celle que personne n'avait remarqué). Cette larme "conserve l'instant" tout comme les larmes du renard noir, au fond, le font encore vivre (je vais très loin mais s'il pleure, ce n'est pas sans raison... mon texte n'a pas pour prétention d'expliquer pourquoi on pleure).referme le livre à la couverture ocre racontant les fables de son histoire. Il ne laisse derrière lui qu’une traînée dorée qui conserve l’instant
Donc, là encore (et sans que cela ne me dérange aucunement), on peut y voir le gardien qui se maintient en vie par son propre souvenir, sa manière de pleurer, mais on peut aussi se demander s'il peut vraiment s'agir de "son" histoire ou s'il ne désigne pas quelqu'un d'autre. Tout le château est une absence, après tout le gardien à la fin va jusqu'à chercher dans les livres un compagnon. Il manque un quelqu'un et ce quelqu'un est incarné directement par cette absence, cette chaise où plus personne ne s'assied, ou quelqu'un s'asseyait.
Donc, deux réponses : un, il est heureux, donc il n'a aucune raison de changer son état, deux, il est gardien, donc il doit rester garder ce qu'il garde, soit lui soit un mort. J'ajoute à cela qu'il est un démon, qu'il n'y aurait rien de pire que de libérer un démon dans la nature (littéralement). Enfin il y a les livres, une autre manière de sortir, donc le message "se suffire de ce qu'on a" et après tout il y a quand même deux cents étagères de bouquins, ce serait bête de tout laisser tomber en poussière.
Là encore, A et B, j'ai bien senti au moment d'écrire ce passage qu'il serait totalement impossible à qui que ce soit de comprendre pourquoi le renard rouge ne peut pas sortir, j'ai même hésité à écrire ce passage. Il me fallait cependant poser le malaise, les lacunes qui appelaient B dans A, donc je l'ai écrit. D'une manière ou d'une autre, je devais signifier cet enfermement.
La conclusion est beaucoup plus méchante : "on ne peut pas comprendre", à quoi j'ajouterais "ce sont des renards".La conclusion vient nous dire "vous ne m'avez pas compris! Creusez et vous verrez!"
Si vous comprenez, allez à l'église et confessez-vous, faites-vous rebaptiser et commencez un pélerinage, il y a de très fortes chances que vous soyez un démon.
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- Falc'hun
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Je m'excuse d'avance si certaines de mes remarques font doublon avec les précédentes critiques mais je suis dans l'impossibilité de toutes les lire si je veux avoir une chance de critiquer tous les textes.
Mon impression à chaud est assez paradoxale. Le sujet est incontestablement maîtrisé, les idées présente et le texte travaillé. Mais en même temps je reste très froid, le texte me donne une impression chirurgicale, comme asseptisé...
Je vais essayer de le développer dans une analyse un peu plus en profondeur.
Je crois que ce qui me laisse le plus froid face à ce texte, c'est l'impression d'épurement qu'il me donne. Les description sont nettes et détaillées comme si tout était figé et observé à la loupe. Les mots utilisés sont très vivants comme par exemple:
l’eau claire de la rivière couler à profusion
les animaux jouer entre les buissons et les fleurs remplir l’air de leurs parfums chauffés au soleil
Il y a dans ces deux phrases des mots d'action forts comme "couler à profusion", ou "jouer entre les buissons". Malgré tout je trouve que le décors ne vit pas. L'eau coule à profusion, mais sans un bruit, sans un éclaboussement. De même les animaux jouent, mais quels animaux? Des petits lapins, des souris...? J'ai l'impression qu'il manque certains détails pour rendre le tout plus vivant, moins asseptisé.
Dans un même temps cette impression, presque de nature morte, avec seulement les deux personnages qui vivent donne un certain cachet au texte. Et puis tout dépend bien sûr de tes intentions à l'écriture.
A la fin du texte j'ai pensé un moment que dans tout le récit il n'y avait pas un bruit excepté les paroles des deux personnages. Ce qui ne faisait que renforcer mon impression de manque de vie. Mais à la relecture je me suis apperçu qu'il y a quand même un certain nombre de mot "sonores", nottament concernant les éléments. Mais malgré tout ils sont restés très loin dans mon esprit, peut être par le fait qu'ils soient presque tous dans le passé par rapport à la scène que tu as écrite.
Je n'avancerai pas d'interpretation sur le texte, la brume crée par les heures de sommeil parties en fumée ces dernières semaines ayant envahit mon esprit. Le troublant et le ralentissant dans sa quête de pensées claires et réfléchies.
Ceci dit j'ai été quelque part touché, plus par le garde que par le renard roux. On le sent quelque part prisonier de l'endroit qu'il doit garder et de sa fonction. Voulant laisser son humanitée ressortir pour aider l'autre dans le besoin mais dans un même temps retenu par sa charge et ses responsabilités. A méditer pour éviter des se perdre dans le travail, les loisirs, les responsabilités... pour rester ouvert à l'humain.
En conclusion que dire? Je n'accroche pas, c'est un fait. Mais dans un même temps je ne peut que reconnaître la qualité littéraire indéniable qui transparait de ce texte et que je ne peux imaginer un jour atteindre dans mes rêves les plus fous.
Désolé de ne pas développer d'autres points comme par exemple les personnages, mais étant donné le temps dont je dispose je préfère m'attarder plus longuement sur certains points et de les développer un maximum plutôt que de m'éparpiller pour essayer de tout aborder incomplettement.
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- Vuld Edone
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Bienvenue dans mon monde.Mais en même temps je reste très froid...
Je réfléchirai quinze secondes sur cette histoire de "nature morte" et d'épurement. Plutôt dix secondes, voire moins.
EDIT : C'est le genre de commentaire qui me donne envie d'écrire.
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