[Octobre 2007] Fufu', Larmes (les), ch1
- San
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Es alicujus fallaciae...
Chapitre 1 - Et si personne n’attendait ?
de Fufu'.
Un premier chapitre plus onirique encore que le prologue, qui nous confirme donc à la fois l'ambiance surréelle du texte et les difficultés prévisibles pour y voir clair. Venant de ce cher Fufu', on s'y attendait, et il n'y a plus qu'à repérer les indices pour débrouiller l'histoire.
En outre le chapitre répond au prologue, en est un prolongement, puisqu'on retrouve presque inchangée la trouille de Tale, son côté petit-renard-perdu, de la fin du prologue. Cette trouille, placée dans un univers rêvé, enfin, halluciné, aussi durement réel que la pierre brute mais totalement inconnu, nous égare avec le renard.
Bon, passons un peu sur le texte au lieu de palabrer.
Ca sonne artificiel, comme tournure, et au vu du reste de ce passage quasi-onirique, je verrais mieux quelque chose de plus simple, sans "embellissement".Aux angles, des colonnes de bois s’élèvent, que des sculptures embellissent
cette répétition de la curiosité me fait l'effet d'une maladresse au milieu de ce passage pour moi sans défaut.et la curiosité seule lui reste. [...]
Le jeune renard s’accroupit et la ramasse, une expression curieuse sur son visage.
Tala, un nouveau personnage?mais Tala s’attend toujours à voir la poignée trembler
petite faute de frappe
Je trouve ce passage assez maladroit... par rapport au reste du texte. Cette lapalissade ne fait qu'accentuer cette impression, mais le fait de passer 4, 5 phrases à dire qu'il ne sait pas quoi faire, et qu'il est figé, ça ne te ressemble pas, enfin, c'est une manière d'accentuer l'impression de détresse, mais là du coup c'est un peu trop je trouve.[...] Il ne comprend pas, parce qu’aucune réponse ne se présente à ses questions. [...]
Trop de "s'estompe" par iciPuis l’illusion s’estompe, et la pierre remplace l’espace. Les bruits que sa mémoire avaient fait ressurgir s’estompent d’eux-mêmes.
L'une d'ellesL’une d’elle se trouve
tapis. Et bien, je rêve d'avoir une telle bibliothèque dans ma future maison...Des dizaines d’étagères, une centaine, deux même, s’alignent sur un tapis de velours, au bleu royal. Elles sont de bois sombre, lourdes, écrasantes, avec d’innombrables rangées de livres. Le renard fait un pas : le tapi étouffe tous les sons.
disposées (et bien, Fufu', tu es amoureux ou quoi?!)sont disposés de nombreuses tables d’écriture
ellesDevant elle attendent
Mince alors... On parle pourtant bien d'un tapis?...la douceur de la lumière et du tapi
sontLa plupart son abominablement longs
un mot en tropregardant des de part et d’autre
Ce château immense, ces collections... On dirait le petit renard perdu au milieu d'un musée gigantesque, fait pour des géants.
titres. Est-ce que par hasard tu laisserais des fautes pour que j'aie quelque chose à critiquer dans tes textes?...une suite de titre en fait
Il y a quelque chose entre la première et la 2ème phrase que je n'ai pas saisi...? Il reprend courage. Cette situation le perdait complètement. Non vraiment, quelle est la raison d'être des 2ème et 3ème phrases ici?Cette première victoire sur ses peurs infantiles, si elle ne le débarrasse pas de toutes ses craintes, suffit à lui redonner courage. Il aurait donné beaucoup pour savoir où aller, quoi faire, pour voir son ennemi devant lui. Cette situation indécise, où tout changeait sans arrêt, le perdait complètement.
Le monstrueux renard (et qu'est-ce que cela pourrait être d'autre? Une belette?) aux yeux jaunes me plaît bien en tout cas. En maître des lieux, il se pose là, et puisque cela ne laisse en rien augurer de la suite ni ne me permet de commencer à comprendre ce que notre "héros" fait ici, je le prends pour ce qu'il semble être : le monstre du cauchemar de Tale. Sa peur cachée. Ca reste léger comme analyse... Très léger. Enfin, j'aime bien.Le monstre le fixe de ses deux yeux jaunes.
Que dire de plus... J'ai suivi notre ami renard pas à pas et je me suis perdue avec lui, voilà qui résumerait bien la situation! A quoi je ne peux ajouter qu'un pâle "J'attends la suite!", puisque ce n'est au fond qu'un premier chapitre.
Petite note : sur combien de chapitres environ tables-tu pour cette histoire?
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- Vuld Edone
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Ces derniers temps, j'ai eu énormément de mal à écrire (je parle en termes de mois), d'où l'empressement à le finir, et les fautes.
Je me souviens clairement avoir eu des problèmes précisément là, parce que je ne trouvais pas la bonne formulation. Ce qui m'a bloqué pendant au moins un jour...Aux angles, des colonnes de bois s’élèvent, que des sculptures embellissent...
Les embellissements, ici, avaient surtout pour but de mettre de la végétation, par le bois, par les feuilles, et donc une continuité à la forêt.
Je n'ai plus le cotexte en tête, mais ce genre de phrase, chez moi, est destinée directement au lecteur.[...] Il ne comprend pas, parce qu’aucune réponse ne se présente à ses questions. [...]
Aujourd'hui, j'aurais écrit : "il ne comprend pas, et pourtant ne manque pas de réponses". C'est un enthymène, je ne développe pas, c'est un avertissement au lecteur sur le double-niveau du texte.
Mais oui, trop indirect, trop flou et biaisé pour être compris, je l'avoue.
Rêve partagé, j'aimerais avoir ça dans les Chroniques ...Et bien, je rêve d'avoir une telle bibliothèque dans ma future maison...
Cela vient du fait que, justement, je trouvais Tale trop "trouillard", donc j'ai cherché, tout au long du chapitre, à le rendre courageux, mais sans y arriver. J'avais encore trop dans la tête le Tale "frêle et timide".Cette première victoire sur ses peurs infantiles, si elle ne le débarrasse pas de toutes ses craintes, suffit à lui redonner courage. Il aurait donné beaucoup pour savoir où aller, quoi faire, pour voir son ennemi devant lui. Cette situation indécise, où tout changeait sans arrêt, le perdait complètement.
C'est aussi ce qui me pose problème pour écrire la suite : je n'arrive pas à reconcevoir, à adapter le personnage, pour lui enlever ce côté "trouillard" tout en ne le dénaturant pas.
En fait, celui qui est perdu, c'est plus moi que lui, et le lecteur avec moi...
Je n'avais pas numéroté les chapitres, je crois qu'il y en a douze.sur combien de chapitres environ tables-tu pour cette histoire?
En fait, au milieu de l'histoire (ce n'est pas vraiment une surprise), je reprends les mêmes titres dans l'ordre inverse, en les traduisant en français. C'est d'ailleurs en milieu l'histoire qu'a lieu la conclusion, avec le pari de faire durer la tension jusqu'à la fin (défi, défi, quand tu nous tiens...).
Tu sauras donc très vite combien de chapitres il y a... enfin très vite, encore faut-il que j'écrive la suite.
Un dernier mot.
Le texte souffrait de passages difficiles : description du lit, sortie de bibliothèque, et l'armure, la seconde fois. Que tu en aies cité au moins deux m'a frappé.
Zara' m'aura assez dit de faire plus attention au fond, et je pense qu'il est plus que temps pour moi de l'écouter.
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- San
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Tu peux plaider coupable, mais c'est d'autant plus dommage que tu n'aurais guère de problème à ne pas en publier du tout. Allons Fufu', ressaisis-toi!et les fautes
pour moi c'est le mot embellir qui ne colle pas. ornées de feuilles, de bois et de lianes, ça me semble tellement simple que tu as dû le rejeter : une solution de facilité?que des sculptures embellissent...
A propos de la bibliothèque merveilleuse, tu parles d'écrire à propos de cet endroit dans un récit des Chevaliers Chroniqueurs? (pour ton adoubement, tu veux qu'on t'offre le château qui va avec? ) ("cher papa noël, pour mon adoubement moi je voudrais... des sucreries et puis aussi... une belle épée"...)
Oh, Kundïn te dira "Fufu', tu n'as qu'à lui crever les yeux, à ton héros jeune et insouciant, et après ça marchera!"je n'arrive pas à reconcevoir, à adapter le personnage, pour lui enlever ce côté "trouillard" tout en ne le dénaturant pas.
Disons seulement qu'un personnage comme Tale a plus que du mal à se débarasser de sa peur, ce qu'on peut comprendre, mais par envie de relever un défi, de se mettre au défi lui-même, il pourrait se montrer courageux, autant que tu le veux, quitte à craquer quelque part, piquer une bonne crise de trouille après qu'on ait cru qu'il avait vraiment changé, disons que les possibilités existent de ne pas trop le dénaturer tout en le faisant Vraiment changer.
J'ai été chercher la petite bête sur ce coup-là. Plus un sentiment ou une intuition. J'aimerais en avoir plus souvent. Mais c'est aussi assez subjectif.Que tu en aies cité au moins deux m'a frappé.
Par ailleurs, je crois que je n'ai critiqué que très partiellement ton texte, et j'espère que tu m'en excuses, en attendant de voir ce que d'autres en diront. Mais si tu as des commentaires à faire sur ton texte, ils m'intéresseront fortement, sur l'histoire et ce que l'on pourrait déjà comprendre de ton texte.
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- Kundïn
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Par où commencer... Voilà un texte étrange, onirique, bien loin du pain quotidien des chroniques ! A tel point qu'il m'a laissé sur une impression mitigée : je ne sais pas si j'aime ou si je n'aime pas, si j'accroche ou pas, et je crois que c'est l'un des textes les plus difficiles à commenter qu'il m'ait été donné de commenter...
Je ne reviendrai pas sur les remarques orthographiques (San a fait le boulot !) mais d'un point de vue général, le niveau de langue est très bon, ce qui est une condition sine qua non pour ce genre de texte à mon humble avis. On note une apparition inopinée du latin ; je crois que c'est une première sur les Chroniques, et c'est là que je regrette d'avoir fait 8 ans de latin et de n'être malgré tout qu'un latiniste médiocre. Ceci dit j'aime bien l'effet rendu, ça me rappelle un peu Le Nom de la Rose et pour le coup, l'ignorance du lecteur rejoint celle du personnage et participe très bien à ce thème de découverte qui sous-tend le texte.
Sur le fond, c'est complexe... Vous connaissez Myst, ce jeu vidéo mythique qui révolutionna le concept des jeux lors de sa sortie en introduisant un jeu où l'on ne mourait pas à tout bout de champ, où les énigmes et la recherche de savoir consituaient l'essentiel de l'action et où les ennemis n'étaient pas des monstres errants qui se mettent à vous attaquer dès que vous vous approchez ? Ben voilà, ce texte m'a remis un peu dans la même ambiance. Une quête onirique à laquelle on participe aux côtés du personnage sans trop savoir ce qu'on va découvrir.
Autre chose : plus haut dans les commentaires, Feurnard disait :
je n'arrive pas à reconcevoir, à adapter le personnage, pour lui enlever ce côté "trouillard" tout en ne le dénaturant pas.
Je pense que c'est un peu normal avec ce genre de situation. C'est un processus qui doit prendre du temps, car on parle ici de développement personnel pour le personnage, donc par définition quelque chose de lent et qui implique soit un long effort sur soi, soit un changement brusque dû à une expérience traumatisante. Pour gagner un peu de courage, peut-être faudrait-il que le personnage soit confronté à un danger quelconque qu'il affronterait à sa propre surprise. Suite à la confrontation, il en sortirait plus fort... Enfin c'est une issue que je peux imaginer au problème, mais je ne crois pas que le besoin soit réellement pressant...
Bon, pour en revenir à mon avis sur le texte, je ne sais pas quoi en penser.... Etais-je d'humeur adéquate au moment de lire ce texte ? Peut-être pas (lu au boulot...) Mais le fait est que je suis resté perplexe. Je ne peux pas dire que je n'aime pas, mais je n'accroche pas non plus complètement. C'est comme s'il manquait un ingrédient pour rendre le personnage plus attachant, ses pérégrinations plus intéressantes. Bref le concept est intriguant mais j'attends de voir ce que ça va donner...
Voilà à peu près mes sentiments sur le texte... J'ai conscience d'avoir été pas mal confus, mais ça reflète assez mon impression en fait ! Ceci dit pour une fois qu'on ne nous sert pas du combat sanglant et des orques décapités je ne peux que saluer l'essai fait par Feurnard et l'encourager à continuer !
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- Monthy3
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Presque, parce qu'il a y a pas mal de maladresses/fautes auxquelles tu ne nous avais pas habituées. San t'en a citées quelques-uns, en voilà d'autres :
Petite répétition.mais toute l’attention du renard est attirée, juste à côté, par la fenêtre. Il s’en approche rapidement, jusqu’à se trouver dessous.
Enfoncée en profondeur dans le mur, la fenêtre lui est inaccessible.
Préoccupé de voir. Je n'en suis pas sûr, mais "à" sonne très mal.un papier repose dessus, qu’il balaie de la main, préoccupé seulement à voir où il se trouve.
J'en ai repéré d'autres, mais j'étais trop pris par le récit pour les relever, et peut-être que San l'a fait.
Oui, j'ai été captivé par le texte, vraiment. Pour être honnête, je ne cherche pas vraiment à interpréter ; mais en tout cas, l'ambiance est parfaitement rendue et l'exploration passionnante. Je t'avias dit pour le prologue que j'avais eu l'impression de passer la journée avec tes personnages ; eh bien là, idem (t'as vu, je parle trop bien latin moi aussi ) : j'avais l'impression de regarder la scène par-dessus le dos de Tala (c'est mignon aussi). C'est donc un chapitre très réussi à mon goût, et qui se clôt une nouvelle fois (après le prologue) de la plus belle des manières.
Pour tout dire, tu m'as quand même fait ressortir mon Gaffiot, ce n'est pas rien
Bonne continuation.
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- Vuld Edone
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Fondamentalement, le texte servait à découvrir le personnage de Tale. Savoir qui il était, comment il pensait, réagissait. En fait, je me rappelle avoir essayé de l'échanger avec d'autres personnalités, des gens toujours joyeux, ou combattifs, ou dépressifs, un peu de tout : j'ai découvert que l'histoire est impossible si le personnage n'a pas très exactement tel caractère.je n'arrive pas à reconcevoir, à adapter le personnage, pour lui enlever ce côté "trouillard" tout en ne le dénaturant pas.
De fait, c'est la nature de Tale qui explique sa présence dans le manoir.
Je t'avais fait des pages, je résumerais.Mais si tu as des commentaires à faire sur ton texte, ils m'intéresseront fortement, sur l'histoire et ce que l'on pourrait déjà comprendre de ton texte.
Le premier chapitre devait servir à mettre les symboles en place. C'est un désastre. Avec un système polaire, blanc-noir, tout va bien. Le problème, c'est quand on passe à blanc-bleu-vert-jaune-rouge-brun-noir, en échappant de peu au rose et au violet. Regarde les tapisseries, un désastre, vraiment.
Si je devais réécrire cette partie, le manoir serait "blanc-rouge-noir". Il faut vraiment que je m'en tienne à un simple manichéisme.
L'histoire a trois niveaux et a pour but de tout inverser.
1er niveau : je l'ai appelé "guerre", c'est juste la rencontre du gentil avec le méchant. => à la fin paix, le gentil est méchant, le méchant gentil
2ème niveau : appelé "silence", en bon linguiste je ne pouvais que m'intéresser à l'impossibilité de communiquer. Un niveau à la frontière entre les deux autres, puisqu'il représente aussi l'interdit (bêtement, on ne séquestre pas les gens juste pour leur parler). => à la fin parole, celui qui avait raison a tort, l'autre a raison.
3ème niveau : appelé "mort", c'est le troisième personnage. => vie, si si, le texte est une résurrection.
Je vais tout faire pour que le lecteur se focalise sur le premier niveau, constate le second pour un peu plus de richesse, et ne remarque pas le troisième, pourtant central, à défaut d'être constitutif.
Le texte est structuré en deux temps, "première partie" et "seconde partie". Dans la première, Tale veut juste sortir du manoir, rentrer chez lui, les titres sont en latin. Dans la seconde, Tale décide enfin de faire ce pour quoi il a été amené, c'est-à-dire 1. être gentil 2. parler 3. ressusciter. Titres en français, qui sont la traduction des titres latins, dans l'ordre inverse.
Tous les symboles fonctionnent donc en polarité, "blanc-noir", à quoi j'ai ajouté tout récemment un troisième élément, la "barrière", qui sépare les deux. Bêtement, "Tale-monstre", et le troisième personnage au milieu. Ou encore "blanc-rouge-noir". Mais aussi "dehors-dedans".
Toute la difficulté réside, en plus de bien écrire, dans l'emploi du symbole sur les trois niveaux. Ce n'est pas trop compliqué, "gentil->parole->vie", mais dans la pratique, c'est un véritable labyrinthe, surtout quand, comme moi, on veut tout inverser.
Presque par coeur.Vous connaissez Myst
Non, j'aurais réussi ça ?Ce qui m'a frappé, c'est la belle unité de style que j'ai retrouvée entre le prologue et le chapitre 1 malgré la différence de lieu.
Sur le coup, je me suis dit : "Flatté !"Oui, j'ai été captivé par le texte, vraiment.
Je dois dire être très satisfait de mon "au fil des intempéries", admettre les répétitions, y compris pour "ombres", d'accord pour les virgules, quant au "à", influence germanophone, tu as raison.
Pour les répétitions, surtout, il faudra que je fasse attention.
Pour l'anecdote, j'avais aussi profité du texte pour entraîner mon latin, d'où que vous devinez mon niveau tout à fait risible.
Mais ce que j'ai compris de ton message, c'est que non seulement il y aurait une unité dans mon chapitre, mais qu'en plus elle serait maintenue entre les deux... flatteur, oui. Si c'est le cas, pour citer Jules Renard : "Mes félicitations à moi-même."
Je traite chacun de mes chapitres comme un one-shot, en lui donnant un début, une fin, et ce que j'appellerai encore vaguement une unité. Tu vois donc en quoi ton message, interprété comme je l'ai fait, est flatteur.
Cela d'autant plus que je ne peux plus autant accorder d'attention à la forme, qu'on traite au niveau syntaxique, puisque mes plus grands défaux relèvent du discours, de l'ordre pragmatique, en plus du rythme.
Bref, je m'accorde un D+, je m'améliore.
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- Falc'hun
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Je n'ai pas le temps ici de m'attarder (cette période pré-exams étant peu propice) sur un texte qui le mérite pourtant.
Je passe donc sur nombre de compliments parmis lesquels le niveau de langue, la qualité du personnage, les petites apparitions latines bien énervantes (j'aime pas pas comprendre) mais tellement originales, le monde clairement onirique et le scénario trouble à souhait qui me permet de m'adonner à un de mes jeux favoris, à savoir les spéculations et hypothèses en tous genres.
Je vais accentuer ma critique sur un point: l'ambiance.
En effet j'ai eu un peu de mal à entrer dans l'ambiance de ce chapitre. En effet j'ai eu du mal à rentrer dans l'atmosphère de ce chateau comme il aurait fallu pour que je prenne l'entière mesure du chapitre.
Après ce constat je vois deux explications:
- d'abord, un peu comme Kundin, je ne sais pas trop que penser des "Larmes". Etant donné que ce que tu nous propose est assez peu habituel il y a sans doute une période d'adaptation et d'aprehension de cette nouveauté, d'où une difficulté à s'abandonner entierement à tes écrits malgré leur qualitée évidente.
- ensuite peut être est ce dû à ton style auquel j'ai du mal à me faire. Il est vraiment très riche, presque trop pour moi. Sachant que je suis plutôt quelqu'un d'instinctif peut être que cette richesse me demande trop lors de la lecture. Comme si cette concentration, cette attention permanente portée à la lecture m'empéchait de m'évader. Attention je ne veux pas dire par là que ton style est mauvais, loin de là, mais peut être qu'il est parfois trop riche, ou qu'il manque de simplicité tout du moins pour me toucher.
Quoi qu'il en soit c'est sans doute avec plaisir que je lirai la suite et j'ai surtout hate de découvrir la suite et de savoir si mes hypothèses ont une quelquonque valeur.
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- Post Scriptum
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Maitrise du style, artificialité du récit.
La balance oscille. Heureusement, elle s'équilibre parfois dans un mouvement gracieux, et parvient à me subjuguer. Un instant seulement. Car à chaque moment de pure harmonie succède un chaos progressif qui, devenant trop auto-destructeur, tend à disparaitre lui-même. Lorsque tu veux maitriser un secteur précis du récit, forme ou fond, la rigueur que tu appliques à l'un des secteurs désorganise immédiatement celle de l'autre secteur. L'illustration la plus pertinente à ce sujet reste la scène de la bibliothèque. Emporté par une plume qui cherchait ses mots au seuil de ta conscience, tu as laissé s'altérer la forme du récit. Trop souvent tu prends tes distances avec l'une des parties du texte : le fond ou la forme, l'idée ou sa représentation. Tu sépares le corps de l'esprit. Et l'âme flotte, tel un fantôme dans les recoins les plus sombres de ce chapitre.
Ton âme.
Le renard ouvre les yeux, subitement. Autour de lui, le silence.
Excellente, cette façon d'assimiler ta façon d'écrire à ce que tu racontes.
Le renard ouvre les yeux,
subitement.
Autour de lui,
le silence.
Parfaite musicalité du fond et de la forme. Un début sous de bons auspices.
Le silence. Déjà, tout est dit. Silencieusement.
Ce silence me renvoie déjà à ces "deux yeux jaunes" qui fixent le renard ... silencieusement.
A la lecture des deux paragraphes suivants, je déchante un peu. Tu parles d'un onirisme que ta plume cérébrale à du mal à saisir dans sa dimension onirique justement. Le silence, pense au silence : un rêve, contrairement à la réalité, est toujours bruyant, furieux, toujours en mouvement sonore ou visuel.
Il est assis dans un lit immense, gardé par un dais blanc qui flotte autour de lui. Le voile léger laisse passer la lumière, mais aucun son. Aux angles, des colonnes de bois s’élèvent, que des sculptures embellissent, formées de lierres et de feuilles d’acambre. Des fleurs de lilas, figées, pendent, minuscules, jusqu’au sommet. Il soulève sa main, avec surprise : elle s’était enfoncée dans un des coussins de plumes, qui font, chacun d’entre eux, presque sa taille. Ils ont conservé les marques de ses bras, de sa tête, et silencieux, rappellent sa nuit agitée. La couverture aussi, froissée par ses gestes brusques, en garde le souvenir. Il n’en sent pas le poids, seulement le toucher soyeux.
Artificialité de la forme ici. L'histoire perd de sa substance à cause des trous dans sa surface. Le silence du chapitre fait résonner tous ces errements stylistiques, il les amplifie, comme autant de fausses notes qui font grincer les dents de dépit : je dirais que l'interprétation est peu en phase avec la composition.
Même remarque pour ceci :
La lumière brille, fabuleuse, dans cette enclave de paix. Déjà ses craintes font place à la curiosité. Pourtant lui vient l’envie pudique de tirer la couverture sur lui, comme pour se cacher, démuni.
Seule reste pour le rassurer l’odeur familière des fleurs, celle de la forêt.
L'odeur familière ne me dit rien. Le prélude déjà, se contentait de parler des odeurs, pas de les exprimer. Tu demandes ici au lecteur, comme au personnage, de se souvenir d'une image figée, imposée comme familière, parce que c'est comme ça, parce que tu le dis.
Il ramène ses jambes, les retire doucement de sous la couverture, et se sent soudain pris au piège, vulnérable, livré à lui-même. Le matelas s’enfonce sous son poids, pourtant si léger. Le petit renard se glisse à quatre pattes jusqu’au dais pour l’entrouvrir. Ses doigts se glissent près de la colonne de bois, puis soulèvent le tissu avec lenteur. Sa respiration se fait plus lente, ses gestes plus prudents, à l’instant de découvrir ce qui se cache de l’autre côté.
Etonnant. Il se sent pris au piège et vulnérable, mais décide d'entre-ouvrir le voile dans l'instant même ou il prend conscience de cette fragilité. Pourquoi ? Pourquoi un moment d'angoisse incroyable vers lequel tout son caractère de froussard le poussait logiquement, pourquoi un tel moment n'arrive pas ?
Le renard ne voit d’abord que le gris de la pierre, le mur face à lui qui se présente, brutal.
Ne dis pas qu'il est brutal, rends-le brutal. Ou fais penser le renard, fais lui penser qu'il est brutal. Dans le silence tout résonne avec une grande profondeur, comme tu l'as déjà compris.
Par terre, un plancher de bois verni, plus foncé que celui du lit, s’étend aussi loin que porte son regard. Il tourne la tête, et voit le reste de la pièce, cachée en partie par le baldaquin : une chambre aux proportions qui le dépassent.
Le fait d'inclure ici le "caché par le baldaquin" ôte toute la puissance qui aurait du animer la concrétisation écrite d'une information déjà évoquée : les proportions de la chambre ne sont pas adaptées à celle du renard. L'image est forte, mais te places devant elle pour nous la cacher.
L’invitation le pousse à se glisser dehors, à poser ses pieds nus sur le plancher.
Surprenant. Tu interprètes toi-même ton propre texte au sein de celui-ci, et plus tard cette attitude se répète. Aurais-tu donc si peu confiance en ton écrit pour vouloir expliquer (au sein même celui-ci !) ce qu'il me faut saisir ? La scène doit se suffire à elle-même, ce que tu racontes n'a pas besoin de marche-pied, ou d'éclairage. La force d'une histoire réside dans les possibilités d'interprétation que arrives à suggérer. Hors ici, tu condamne tes lecteurs à ne suivre qu'une seule voie de lecture : celle que tu leur a imposée.
Pourtant, cette impression qu’il avait au réveil, d’être observé, lui reste encore.
C'est un effet de style volontaire, ou tu as trébuché sur ta phrase en mélangeant les différentes pièces de son puzzle dans un ordre assez extravagant ?
ses gants
Toujours ces gants. Otés au coucher, retrouvés à l'éveil. D'une vie à l'autre, certaines choses ne changent pas. Le prélude, tout le prélude se retrouve dans ses gants. Ici je persiste : bravo. Car on ne pense pas souvent à rendre palpable ce qui fut écrit avant, et ce qui le sera après.
A chaque instant il s’attend à voir apparaître quelqu’un, ou au moins, une explication de sa présence.
Placer sur le même plan "quelqu'un" et "une explication de sa présence", c'est assez dissonant car les deux termes ne jouent pas sur le même plan.
Le manque de repères l’effraie.
Je n'en ai jamais eu l'impression. C'est très fort le terme que tu utilises. Effroi. Le mot lui même donne déjà la chair de poule, et semble appeler avec lui les vents les plus glacés de la peur. Tale est effrayé par le manque de repères ? Non. Toi, tu nous dit qu'il est effrayé. Mais jusque là, lui, n'est pas effrayé.
Est-ce toi qui veut qu'il soit effrayé ou est-ce lui qui est vraiment effrayé ?
On ne comprend pas souvent sa peur parce que tu parles ici (et avant) de la peur en elle-même, pas de Tale, pas de ce qui lui fait peur.
Au-dessus de lui brûlent cent bougies, en cercles sur un lustre de cristal pendu au plafond.
La phrase est n'est pas une ligne et les lettres ne sont pas des couleurs. L'art figuratif rend assez mal une plume à la main.
Les pieds de la chaise sifflent sur le plancher, créant un bruit assourdissant, mais il n’en tient pas compte.
Un sifflement crée un bruit assourdissant ? J'en tiens compte.
“Hic carcer animo.
Omnis verus sed fallax.
Hic animus solus captivitas.
Es alicujus fallaciae.
Salutem, Miles.”
Le silence de la chambre donne à ces mots une puissance inouïe. L'effet est prodigieux, toute cette absence de sons et de pensées concrètement exprimées fait jaillir ces sonorités latines, langue teintée de cuivre s'il en est, comme autant de flammes crépitantes.
Quel dommage que cette réussite soit totalement plombée par ce qui suit :
A ce dernier mot, Tale risque de crier. C’est son nom.
Pourquoi nous imposer ceci ?
Passer directement ici :
"Ses oreilles se dressent, et d’un coup, la feuille lui échappe des mains. Ce nom appartient à son passé, un souvenir prisonnier que seul son meilleur ami connaît."
aurait été plus judicieux. Insiste encore sur les sensations physiques du renard après cette lecture. Tout est si silencieux que la moindre de ses réactions prend une ampleur démesurée : tu n'as pas besoin de faire beaucoup de bruit avec ta plume pour créer un gigantesque écho.
Face à lui se trouve la porte, cachée à sa vue, auparavant, par l’armoire.
Tu es incroyable. La tension bondit avec autant de vivacité effrayée que les oreilles de Tale en entendant ce souffle, et tu prends tranquillement le temps de nous rappeler, à travers maintes virgules, qu'une "armoire" l'empêchait avant de voir la porte. C'est le moment présent qui compte ici. La peur, le souffle, l'effroi. Bloquer le chemin en nous rappelant la présence passée d'une armoire paralyse totalement tout le déferlement de crainte sourde que nous devrions percevoir.
Il remarque alors, sous la poignée, une grosse clef enfoncée dans la serrure, et se précipite dessus. Un tour suffirait à bloquer toute intrusion, et cependant, plaqué contre la porte, le petit renard ne bouge plus.
Première phrase, il se précipite. Deuxième, il ne bouge plus, plaqué. Entre les deux, à cheval sur le point, la grosse clef, la serrure, et ce tour "qui suffirait à bloquer toute intrusion", cheminement d'une association d'idée précipitée qui s'arrête sur un mur : le petit renard ne bouge plus. Arrêt brutal.
Comme les murs reflètent la lumière, le son s’y reproduit en écho, magnifié. Il prend peur de sa propre voix. Personne ne lui répond.
Tu sais ou réside toute la force du texte. Le silence.
Le silence qui le met face à sa peur. Le silence qui, déjà, crée le monstre.
Sa main tourne la poignée, tire le battant, la porte s’ouvre : personne.
Personne ? Non. Pas vraiment. Il y a de nouveau le silence. Tout à l'heure, il y avait un souffle et le silence.
Maintenant, il n'y a plus que le silence.
A la place, tout ce qu’il voit n’est qu’un long couloir, tout de pierre brute, comme celui d’une forteresse.
A la place de quoi ? De qui ?
A la place de personne ?
Des suites de tentures tentent de cacher cet aspect agressif, mais leurs couleurs mêmes sont violentes.
Les suites de tentures tentent de cacher l'aspect agressif parce que tu veux qu'elles le cachent. C'est toi qui le dis, toi qui le vois. Tu l'impose au lecteur, et surtout, tu te l'imposes à toi-même.
Plutôt que des bougies, ce sont des chandelles qui brûlent, sur des bougeoirs de cuivre, le long des murs.
Ceci est une pensée d'être humain ou de personnage de roman, mais pas celle d'un auteur. L'auteur n'hésite jamais, il sait s'il y a des bougies ou des chandelles dans le couloir. Les personnages et le lecteur peuvent en douter (dans ce cas il faut adapter ta phrase à eux), mais jamais l'auteur.
Le renard croit en lui.
Que veut dire ceci ? Que veut dire "croire en soi" ? N'est-ce pas toi qui parles ici, au delà du personnage, au delà de ton rôle d'auteur ? N'est-ce pas toi, être humain, qui veut se rassurer sur lui-même ? Sur son récit et son travail ?
Tu n'as pas à croire en toi, l'auteur que tu es n'a pas à croire en lui, ni même le renard Tale n'a pas à croire en lui. Il doit faire, avancer ou reculer, il faut choisir. Il doit faire.
Ses pas résonnent sur la pierre, comme des détonations dans le silence.
Image parlante, intuitive et... ah ce silence, encore ce silence. Omniprésent. La plus grande présence de tout ce chapitre. Le prélude était fait de sons, puis la nuit tombe. Je te disais que tu avais écrit la scène de l'enlèvement dans un chuchotement. Bien sûr. Un chuchotement, puis un murmure. Puis vient le premier chapitre.
Silence.
Une silhouette y apparaît, luisante aux lueurs fauves des flammes. Tale se fige, sans savoir quoi faire. La silhouette ne bouge pas : ses contours luisent avec fureur.
Quelles bégaiements ici (lueur, luisent). Fauve et fureur se renvoient leur animalité, et la couleur qu'ils évoquent ou à laquelle ils sont associés nous ramène à Tale et sa toison rousse. Il ne sait pas quoi faire, car tout le ramène à lui-même.
Tale regarde le casque, et écarquille les yeux en voyant la nasale, forgée pour un long museau d’animal.
Là oui, Tale est terrifié. Et moi avec lui car, dans le silence ambiant, dans l'immobilité de l'armure, l'image évoquée éveille toutes les horreurs présentent en mémoire. La suggestion, toujours. La suggestion est puissante. Surtout dans le silence.
Ses espoirs prennent fin là. L’armure garde le passage, monstrueuse. Elle annonce la violence, et pire encore, avec une force que n’avait jamais connue le renard. ... L’armure le menace, et fait de lui un intrus, le rejette, le fait fuir. Il recule, se détourne, tant qu’il a ce choix. Ce n’est plus une frayeur passagère, mais la peur de rencontrer le porteur de cette cuirasse.
Je te renvoie à une remarque précédente : tu interprètes toi-même ton propre texte. Tu décortiques tes propres pensées.
Ai confiance en la force de ce que tu écris et des images que tu veux susciter. L'histoire, les lieux, les personnages parlent d'eux-mêmes. Ai confiance en eux. Ecris ce que tu veux raconter, ne te demande pas si tu l'as bien ou mal fait. Tu maitrises déjà assez bien nombre de subtilités pour douter de ce dont tu es capable. Quand tu écris, ne t'écoutes plus penser : écris, sois concret.
Y retourner ne servirait à rien.
Inutile.
Ses pas, sa respiration, sont autant de vacarme pour ses oreilles. Il se décide, s’approche de la porte la plus proche, pour y apposer l’oreille, à l’écoute du moindre bruit.
Le silence, le silence. L'obsession du bruit. Là tu as confiance en ton texte. Tu sais ou est son essence. La balance s'équilibre.
Le jeune renard jette ses mains sur la poignée, pousse et se précipite à l’intérieur.
De la même manière que tout à l'heure, quand il a ouvert la porte de sa chambre. Et juste avant, quand il voulait se précipiter sur la clef.
Les bruits que sa mémoire avaient fait ressurgir s’estompent d’eux-mêmes.
Tu sais ou es la force, la puissance, l'essence du chapitre.
La pierre y est polie, marbrée, dallée, et les colonnes de pierre d’une pièce qui s’ouvrent à leur sommet comme des bouquets sont couvertes d’albâtre. Entre elles, des deux côtés de la pièce, s’ouvrent d’immenses fenêtres dont l’ogive se perd en hauteur.(...) La lumière s’y engouffre par flots entiers, inondant l’espace de ses rayons.
L'intense luminosité comme expression visuelle du silence.
Des dizaines d’étagères, une centaine, deux même, s’alignent sur un tapis de velours, au bleu royal.
Vraiment ? Des dizaines d'étagères seraient donc posées sur un tapis de velours. Au vu du soin minutieux que "l'habitant" des lieux semble consacrer à son antre, je doute qu'il lui soit venu l'idée d'écraser ses tapis sous le poids immense de centaines d'étagères.
Le bleu maintenant. Pourquoi royal ? La bibliothèque, le livre, le mot ne sont pas l'un des aspects de la majesté, et ne pourront jamais l'être. L'érudit et le sage ne règnent pas, le roi ne peut pas être sage et érudit, car il agit toujours. Le roi est un symbole qui doit vivre à moitié dans l'abstraction que lui confère son rôle. Le sage et l'érudit sont une réalité qui se construit jours après jours, cycle après cycle. Ce à quoi correspond d'ailleurs parfaitement une phrase plus en avant :
Tous les livres se ressemblent, variant du brun au vert, dans des teintes automnales.
Automne. Chute des feuilles, évocation du cycle de renaissances, de ce qui meurt pour renaitre grandi, puis meurt à nouveau, et renait encore, toujours. Ici, tu as saisi la bibliothèque dans sa réalité. Là, tu lui donnes vraiment vie.
A mes yeux, c'est assez étonnant, presque incongru, une bibliothèque au sol bleu royal. Un bibliothécaire vêtu de bleu royal pourrait éventuellement s'associer intuitivement. Mais le lieu ou se garde le silence, la pensée matérialisée, l'idée concrétisée, non. Pas de bleu royal. Pas possible.
Puis la pièce est déjà très surchargée. Et tu parles tellement de la lumière.
le tapi étouffe tous les sons.
Tu vois que sa couleur devrait être passée sous silence.
Si beaucoup d’écritoires sont vides, sur certains se trouvent des livres fermés, des feuilles de papier ou des tomes ouverts, à une page inachevée.
Puis-je passer sous silence une certaine artificialité de la forme, ici ? Là, tu ne t'es même pas écouté penser, tu t'es regardé penser. Et tu as écrit ce que tu as vu.
Par contre, ici :
Après la dureté du couloir, la douceur de la lumière et du tapi, la présence de livres, le rassurent partiellement.
tu t'as oublié de regarder ce que tu avais écrit.
La dureté du couloir ? Seul Tale le voit dur.
La douceur de la lumière ? Mais les bibliothèque et le tapis "avalent" toute cette douceur. Il n'y a rien, ni la douceur, ni la violence. Il n'y a que la profondeur du silence.
La présence des livres le rassure ? Non. Elle te rassure, toi, Auteur.
Tale s’avance entre elles, jetant des regards des deux côtés. Les titres en lettres d’or, sur reliure de cuir, lui sont incompréhensibles. La plupart son abominablement longs, avec comme des nombres à la suite. Les livres eux-mêmes, larges et épais, lui semblent des encyclopédies. Il n’ose toucher à rien, et s’inquiète soudain de se perdre, mais un seul coup d’œil lui suffit pour se situer. Maintenant, l’envie de rencontrer quelqu’un lui est revenue, parce qu’ici, ce ne serait plus un monstre, mais un gentil bibliothécaire, à la barbe blanche, qui l’aiderait à sortir.
Stylistiquement poussif. Parfois abominable :
La plupart son abominablement longs, avec comme des nombres à la suite.
Tale a donc acquis la certitude que vivaient ici des scribes, ou/et des bibliothécaires. Le silence crée la vie, et donne au décor une présence et des prolongations invisibles. Grand travail sur le silence, qui crée ses présences, rassure et effraie à la fois. Grand travail, mais le résultat n'est pas à la hauteur du travail fourni. Comme si tu t'étais contenté de l'esquisse de tes idées, du coup de crayon effaçable.
"Il n'ose toucher à rien" est très significatif. Là, je t'identifie, toi, auteur, à ton renard, à Tale : tu n'oses pas toucher l'idée que tu te fais tu texte, par peur de la briser. Tu n'oses toucher à rien, et à trop t'engouffrer jusqu'au fond de conceptions, tu crains de te perdre. M'est avis que cette saga des Larmes saura te faire définitivement passer une étape sur le chemin de l'écriture. Quand tu l'auras terminée : non pas dans ses chapitres, mais dans sa concrétisation. Car tu gardes trop d'esquisses encore.
Au milieu de la pièce passe un long couloir aménagé, un espace laissé entre les étagères.
Là encore, tu t'es regardé penser. Je devrais dire : tu as regardé l'image de ta pensée, et en as écrit quelques notes, prises sur le vif.
L'esquisse de l'idée, encore. Ne te contentes pas le l'esquisse quand tu peux facilement aller au-delà.
retient son souffle.
Et amplifie le silence.
Tout au fond, des deux côtés, ce qu’il n’avait pas vu en entrant, une peinture titanesque est exposée, qui recouvre l’entier du mur.
Je suis toujours stupéfait de voir combien la façon d'écrire peut ôter tout le sens d'une image ou d'une scène. La forme écrase le fond de ses talons ferrés.
Peinture titanesque s'accorde assez mal à "recouvre l'entier du mur", et toute cette impression d'immensité que tu as par ailleurs développé. Un lecteur attentif saura percevoir cet aspect "titanesque" de la peinture, sans que tu ais à le signifier.
Je repense inévitablement aux bibliothèques à la lecture de ce passage : écrasantes, emplies de livres "larges et épais". Pourquoi cette peinture ?
La pièce est symétrique, comme tu le dis plus tard. Au sol, le bleu royal, sur les murs les bibliothèques, au fond, la peinture titanesque. Et toute cette lumière, si forte, si puissante dans sa blancheur silencieuse. Comment peut-tu à la fois développer cet aspect au sein de l'ambiance oppressante (par sa grandeur) et surchargée (par son baroque, ébouriffant dans une bibliothèque, décalé par rapport à la chambre et au couloir) de la pièce ?
La cadre d’or détache l’image du mur, et cette dernière s’enfonce, dans une perspective qui ouvre sur l’horizon : les deux tableaux représentent un paysage, et Tale, y plongeant le regard, se sent comme au sommet d’une colline, contemplant l’immensité autour de lui.
Regrettable musicalité. Tale "plonge" le regard au sommet d'une colline. Le cadre d'or "détache" l'image qui "s'enfonce".
La solitude le frappe de plein fouet. Le silence lui pèse.
Oui. Silence. Solitude.
Le silence et la solitude amplifient tout.
Le voilà à présent au centre de la pièce, sans pouvoir retrouver son chemin. L’immensité le fait tituber, à force de regarder autour de lui la hauteur des étagères, et ce plafond qui se dérobe à son regard.
Je ne peux m'empêcher de te voir, toi, ici ; d'autant plus que le mot "renard" est absent de cet extrait. Te voilà à présent là ou tu voulais être : une plume à la main, au milieu d'une bibliothèque. Autour de toi, la hauteur des étagères, étagères qui semblent se perdre vers un plafond invisible.
Il ne te reste plus qu'une chose à faire : écrire, et grandir.
Une main sur son front, l’autre contre les livres, le jeune renard essaie de calmer le flot de ses pensées. Devant lui les rangées de livres défilent, des dizaines de milliers d’ouvrages, plus qu’il n’en pourrait lire en toute une vie. Ses yeux les fouillent à la recherche d’une réponse, sans croire pouvoir en trouver.
La main sur le front, la main sur les livres : l'une prend de "l'extérieur", l'autre prend de "l'intérieur". Il n'y a plus de renard, il y a toi ici, dans la bibliothèque.
Tu cherches une réponse mais il n'y en a pas.
Alors écris là toi même. Ce qui n'existe pas doit être créé.
Un titre l’arrête, une suite de titre en fait, parce qu’il a cru y lire son nom. Ca lui semble comme un appel ; il s’avance, encore étourdi, pour tirer un des lourds ouvrages qui s’effondre à ses pieds, sans bruit.
Je continue ma lecture sur le même style que mes interprétations précédentes ou tu as déjà compris ce que je vais te dire ?
A vrai dire, tu as déjà compris ce qu'il te reste à faire.
Définitivement, les larmes sont les tiennes.
La même beauté étrange, qu’il avait trouvée dans la chambre, le saisit avec cet ouvrage. L’écriture est identique. Tale tourne les pages, parfois par paquets entiers, sans savoir quoi chercher. Il s’arrête très vite, parce qu’une image, envahissant toute la page, a frappé son regard.
La table d'écriture établissait déjà un lien assez fort avec la chambre, ta chambre. Le voici maintenant fort et étroit. La même écriture sur le petit texte en latin que dans l'immense livre au milieu des bibliothèques.
C’est l’armure, la même que dans le couloir, qui y est représentée. Il la reconnaît immédiatement. Sa main lâche la page, comme brûlée par le contact. Chaque pièce de plates y est décrite, et à côté, l’épée apparaît encore, elle aussi. Tale se lève, recule d’un pas. L’illustration, en couleurs, se détache presque de la page. Il la voit bouger en même temps qu’il bouge. Pourtant, ce n’est qu’une représentation, un schéma, mais la trouver dans cette bibliothèque, dans un livre qu’il croyait porter son nom, le panique.
Une armure vide qui emplit d'effroi le renard. Il sait déjà avoir peur de se battre.
Même les écritoires à présent lui semblent menaçants. La raison n’a plus de prise : il veut partir, retrouver son ami, sa vie, il n’a rien à faire ici. Ce monde n’est pas le sien, tout y est horrible, porteur d’une violence qu’il ne peut pas encore exprimer, qu’il ne veut pas découvrir. Il se sent piégé, traqué, joué par les ombres, finalement acculé.
De plus en plus significatif.
"Ce monde n'est pas le sien", "tout y est horrible", mais surtout "porteur d'une violence qu'il ne peut pas encore exprimer". Et qu'il exprimera pourtant. Le silence favorise toujours l'expression. Ici, Tale sera acculé avant de s'exprimer.
Au travers de ce monstre qui, quelque part, le soulagera, en lui donnant une raison concrète d'avoir peur.
Se créer son propre monstre pour mieux le combattre.
La porte s’ouvre sur le couloir, le baignant de lumière, mais il referme déjà la porte, comme si quelqu’un le poursuivait.
J'imagine ne pas être le premier à relever la regrettable répétition de "porte" ici.
« croire en moi, croire en moi… »
Plus que croire en toi. Prendre la plume, et écrire.
cet endroit ne devrait pas lui faire peur.
Comme un adulte
Tale n’arrive pas à se convaincre d’avancer.
Cette première victoire sur ses peurs infantiles
L'enfance, toujours. Les peurs de l'enfance. Je l'ai déjà dit, l'enfance de ton talent.
Un son faible, même pas un murmure, lui fait dresser les oreilles. Cela vient du fond du couloir, dans la même direction qu’il avait suivie la première fois. Le renard écoute encore, mais n’entend plus rien. Cet appel pourtant a suffi. Décidé à trouver la raison de sa présence, il repart en direction du fond du couloir, là où l’attend l’armure. Celle-ci brille toujours aux éclats des bougies, mais le premier contact passé, il ne la trouve plus si effrayante. Le jeune renard, pour finir de se rassurer, lui adresse quelques mots et, entendant sa propre voix, décide qu’il peut avancer.
Tu passes très vite sur l'armure. Le regard de Tale a changé. Il ne devrait plus la voir de la même façon, ses détails ne lui apparaitraient pas sous le même angle. Parle encore de l'armure. Car, maintenant, elle a changé.
L’impression qu’une présence l’épie perdure, mais il s’y est habitué, à présent, et rejette la faute sur l’ambiance des lieux.
Cette situation indécise, où tout changeait sans arrêt, le perdait complètement.
Et c'est Tale qui fait tout changer sans arrêt. Car, autour de lui, les lieux sont immobiles, écrasés de silence et de solitude.
Ses pas maintenant résonnent dans l’escalier, se répercutent jusqu’en bas et remontent, déformés.
Les seuls sons sont étouffés ou déformés.
Quelques tapisseries y pendent, mais aussi de rares tableaux, accrochés à un fil par un clou d’argent. La richesse du matériau contraste avec la simplicité des lieux, presque le dépouillement.
Le clou d'argent. Quel étonnant détail d'une extrême précision au sein de cet ensemble plutôt vague de tapisseries et de tableaux.
Les bougies y éclairent mieux, et les tableaux de verdures y donnent une allure moins brutale.
Les tableaux de verdure. Le terme n'est peut-être pas très adapté ici, mais je m'attarde juste sur ce qu'il signifie. Tous les tableaux décrits évoquent des paysages extérieurs ou le vert prédomine. Le prélude est toujours présent. Tu as beau dire, le prélude contient l'histoire, et l'histoire contient le prélude.
à l’écoute du moindre bruit.
Un silence effrayant l’entoure, qu’il s’attend à chaque instant à voir rompu.
Toujours, toujours ce silence. Silence tendu car le renard n'attend qu'une seule chose : qu'il se brise.
Au-dessus se trouve un bouclier, un écu frappé de couleurs vives, où s’entrecroisent deux épées. Elles sont pareilles à celle de l’armure, leur lame cachée par l’écu, mais leur garde est tout aussi riche, chargée de symboles. Alors un souvenir frappe le jeune renard, un détail que sa mémoire avait retenu, mais auquel, sur le moment, il n’avait prêté aucune attention. Une telle armoirie se trouvait également dans la chambre, au-dessus du lit, sauf qu’il n’y avait pas d’armes.
Lame cachée derrière l'écu. Protection. L'arme ne doit pas tuer.
Une Garde riche, chargée de symboles. De l'épée ne se voit donc que la partie dont peut se saisir la main. La main, ici gantée de blanc, comme tu l'as souligné dans le prélude et à l'éveil. Mais dans la chambre, il n'y avait pas d'armes. Le renard ne cherchait qu'à se protéger, il ne voyait que sa peur. Maintenant, s'il ce que lui cache sa peur (les armes).
un détail que sa mémoire avait retenu, mais auquel, sur le moment, il n’avait prêté aucune attention
Pourquoi ne pas en parler déjà dans la chambre ?
Le silence le fait sursauter.
Toujours. Le silence fait tout.
mais les gonds huilés ne produisent aucun bruit.
Seul la peur crée du bruit.
La confiance en soi finira par en créer d'autres, aussi.
A la place apparaît un sol de dalles blanches, baignées de lumière.
Donc de silence.
La salle qui se présente à lui semble à peine plus petite que la bibliothèque.
Mais rien qu'à lire tes mots, elles apparait beaucoup plus grande.
Deux rangées de colonnes la traversent tout du long, décorées richement à leur piédestal, de gravures et de sculptures qui forment un ensemble époustouflant.
Toujours ce problème récurent d'harmonie de la musicalité. Tu n'arrive pas à nous parler de cet "ensemble époustouflant". Tu te débarrasses de l'effort, ou te sens impuissant à retranscrire ce qui époustoufle ainsi. Alors tu me lances ce mot, "époustouflant". Débrouille-toi, lecteur.
à environ deux mètres de hauteur
Pourquoi une telle précision ? Quelle importance. Tout ici est intemporel. Il ne faut pas de mesures précises, juste des impressions.
leurs grosses bougies brûlent sans produire vraiment de lumière. De même, au plafond, une série de lustres, pareils à celui de la chambre, brillent dans le vide.
Les illusions du bruit. Il n'y a ici que le silence, et la lumière de la nature.
Cependant, ici, les reflets se font agressifs, trop puissants pour l’œil, et la lumière comme rendue folle se répercute partout, baignant l’ensemble dans un voile lumineux.
Tu parles de "voile lumineux". Très étonnant, pour des "reflets agressifs" et une "lumière rendue folle". Le voile appelle la douceur, la sérénité, l'apaisement.
Au-dessus se trouve une gigantesque rosace, faite de vitraux, qui filtre une lumière rougie, comme le soleil à l’aube ou au crépuscule.
Non, pas "se trouve". Il y a. La gigantesque rosace est là, c'est un fait. Elle ne s'y trouve pas, elle y est.
Apparition du rouge, de l'aube, du crépuscule, donc des changements primordiaux d'un état vers un autre (vu les termes que utilises). Déjà s'annonce la transition, le bruit, la fureur sourde.
Tale progresse dans le silence
Toujours.
Cette pièce lui semble immensément vide, comme désertée.
Entre les murs et les colonnes, un vaste espace reste totalement vide, laissé nu.
Silence.
Concrétisé dans couloir, l'escalier et la lumière, voici ce qui relie les pièces et scènes. Grâce à ces trois éléments le chapitre possède une continuité rarement brisée.
cette atmosphère fabuleuse ou onirique
Non, non, non. Tu es l'Auteur. Tu ne peux pas dire ceci. Tu n'as pas le droit d'être vague sur certaines choses, et celle-ci en fait partie.
Mais en ce lieu, le moelleux du matelas, la douceur des coussins, le soyeux du drap sont remplacés par la dureté tranchante de la pierre.
Dureté tranchante, certainement pas. La pierre ne tranche jamais, elle écrase. Le moelleux, la douceur, le soyeux sont écrasés.
Cette vision le frappe, parce que normalement, la lumière devrait arriver là-bas aussi, mais il lui semble vraiment qu’un nuage d’ombre recouvre cette large porte.
La lumière n'y parvient pas, donc le silence non plus :
Un bruit sourd, parfaitement audible cette fois, le paralyse.
Le monstre est là, assis sur un siège en chêne.
Que vient faire le chêne ici, en cet instant précis ? Le monstre est là.
Il a le pelage roux, presque ocre, qui ne cache pas sa musculature.
Roux. La peur est toujours à l'image de ceux qui la fabriquent. C'est un :
réflexe d’enfant
parce qu’aucun bruit ne se fait entendre
Plus j'avais dit que tout était déjà dit avec le silence, le silence qui au début me renvoyait déjà à :
Le monstre le fixe de ses deux yeux jaunes.
J'ai souvent utilisé le terme "enfance de ton talent", et je l'applique à nouveau ici. Tu agis avec ton texte comme un enfant effrayé par le silence des mots. Pour le combler, tu ne cesses de penser, et tu t'écoutes penser, en écrivant parfois tes pensées et non pas le récit qu'elles construisent. Un peu comme un architecte qui ne cesserait de dire "je faire ça, de cette façon", au lieu de le faire.
Fais, alors.
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