[Décembre 2007] Feurnard - Me vides, nec audis...
- Vuld Edone
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- Zarathoustra
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Je tiens à préciser que je n'ai pas lu le chapitre précédent. Je m'étais arrêter à l'enlèvement (à moins que ce soit le chapitre précédent à moins que je n'ai pas eu le temps de t'en faire retour?)
Je dois t'avouer que j'ai du lire deux fois le texte pour comprendre qu'il se passait vraiment quelque chose. Même si on comprend la progression et les inversions à la seconde lecture, les premieres sensations sont plutôt associées à confus, redondant, action hypertrophiée.
L'utilisation du présent, surtout au début, m'a gèné, mais on s'yfait assez vite, et je trouve que ce temps colle finalement assez bien avec une transcription de "rêve".
La confusion est aussi accentué avec un usage biz z arre de la ponctuation (je serais assez en désaccord avec pas mal de virgule et/ou de points qui font soit défaut soit mal approprié, mais n'étant pas expert et connaissant ton goût pour brouiller les pistes, je ne sais si c'est volontaire, mais je t'assure que si c'est volontaire, cela ne rend pas ton récit clair et parfois pas très agréable à lire (si ça t'intéresse je pourrais te signaler les phrases)).
1ere partie:
Je note ton insistance sur "luumière" qui n'est pas moins utilisé 9 neuf fois sur la première page... Une telle insistance a forcément du sens, surtout que tu multiplies les adjectifs et verbes pour la renforcer. On sent également ta volonté de surligner le manichéisme noir/blanc. Plus loin, tu évoqueras cependant le gris dans une phrase assez éclairante. Donc il y a la volonté de monter un lutte entre le bien et le mal, du moins tel qu'on l'attend habituellement de manière simpliste. J'ai souvenir du texte précédent que j'avais lu qu'il y avait déjà de ça et que plein d'ambiguité planait. Donc méfiance. Un renard averti en vaut deux!
On note les ressemblances de Tale avec le démon, qui ressemble parfois étrangement à un renard. Tu aimes les inversions, je me dis que j'en tiens déjà une. On retouve d'ailleurs plusiers de tes marotes, ça aide: le renard, le démon, le cuivre vs l'argent, le poids des regard et des mots prononcées, l'incommunicabilité entre les protagonistes etc. C'est intéressant, c'est un peu comme quand on lit du Lovecraft, on a des indices que le lecteur qui le découvre n'a pas.
Ici les dualité abondent: noir/ténèbre vs blanc/lumière; chaud vs froid; ami vs ennemi; rêve vs cauchemar; donjon/pierre/exterieur vs forêt/nature/exterieur; je note que la forêt était à la fois protectrice et menaçante dans ses recoins obscures, ici c'est presque l'inveserse, la lumière est violente et plein de menace parce que justement elle laisse voir le "monstre" alors que l'obscurité apaise les regards.
Il y a de la violence, mais elle est toute en tension. Cela dit, ta volonté d'excroissance stylistique la neutralise complément. Il y a certes des éléments qui marquent, notamment le sons des griffes sur la pierre, mais tu donnes tellement de détails que tout devient abstrait, chargé.
J'ai évoqué les ressemblances des deux protagonistes. Je voudrais approfondir certaines choses. Je trouve que Tale n'a pas vraiment de personalité. Ces émotions passent du coq à l'âne et tu t'apesentis trop sur ces changements sans pour autant les expliquer. A contrario, le démon est très réussi. Il est fasciant, on le sent mençant mais à la fois fragile. La violence qu'il génère est toute abstraite par sa lenteur, elle devient tellement irréelle, onirique que sa personalité se nuance, s'humanise. On finit par le trouver humain. Il s'approche tellement lentement, semble tellement passif, qu'on devine qu'il n'est peut-être pas là pour faire du mal. Et s'il poursuit le renard, ce n'est pas pour lui faire du mal. Il ne parle pas. Il ne peut qu'agir. Et c'est comme si la faculté de Tale de parler l'attire. Bon du coup, j'ai un peu malnger les parties...
Revenons sur ta structure.
Partie 2: la poursuite
Là, j'avoue que c'est un peu redondant et long. Ici, c'est lobscurité qui commence à s'installer. Le silence aussi, avec son éclat surnaturel. Le besoin d'un autre puisqu'on croit entendre des voix, on croit être observé.
J'avais noté: La cloche-> quel rôle? On sent qu'elle a une fonction mais elle tombe comme un cheveu dans la soupe. Multiplcation de couloir, d'escalier. Tout ça forme un décor très onirique car ce sont des symboles fréquents de rêves. Maintenant, quel est leur rôle dans tout ça?
Bizarrement, la scène du rêve avec la forêt parait réaliste, beaucoup plus réaliste que le décor du donjon.
C'est une partie que je trouve trop longue (mais tout le texte souffre un peu d'excroissance qui, sans pour autant mauvaises ou inutiles, finissent par dénaturer le texte dans son ensemble.
Tiens, je note que j'avais noté "contact du'ne présence" dans la maerge. Donc effectivement le 3eme homme est bien là! Donc, tes efforts n'étaient pas si vain!
Cette idée va revenir avec la resurgence du souvenir de Riss.
J'avais noté cette phrase pour sa volonté de donner des pistes, d'expliquer. Je me suis tromper? La voilà:
Leur clarté, leur rapprochement, le jeu de l’ombre et de la lumière, découpe la réalité, distord les distances, en somme une simple illusion d’optique. Le renard avait cru ce lieu fantastique ; il en est presque déçu ; le bout du couloir, dévoilé pour lui désormais comme l’illusion n’a plus d’effets, lui paraît une promesse d’en finir rapidement.
Ma vision des choses
Bon, tu as expliqué ton texte. Effectivement, tout ce que tu dis est dedans. Mais on a l'impression aussi d'en avoir trop pour ça, que ton message est crypté par plein d'autres éléments qui courcircuitenet l'analyse que tu en fais. Et pourquoi cette longueur? Il me semble qu'un pue de dépouillement ferait du bien. J'ai noté à plusieurs reprises ta volonté d'être méticuleux dans la description des pièces. Je suppose que tu voulais rendre plus réel ta scène, mais je trouve que ça alourdit l'ensemble.
Et puis, comme tu le disait toi-même dans ton introduction avec ton style calimero que tu adores , il ne se passe pas grand chose. Je pense que tes parties ne sont pas assez marqué si bien qu'on se perd, qu'on lit sans s'imprégner de ce qui précède.
Pour ma part, cette succession de salle, d'escalier, cette dualité ambigue entre Tale et son démon, cette opposition entre l'interieur et l'exterieur m'avaient encore une fois donné une lecture plus psychanalitique en quelque sorte. Tale plonge en lui même (la maison est en rêve sa propres personalité, et quend on descend dans la cave, généralement c'est généralement une image pour montrer qu'on se cherche au plus profond de soi). Bref, ici, nous sommes face d'une confrontation d'une sorte de double de oi-même, notre partie démoniaque. Et cette partie, comme le Yin et le Yang, mérite d'être écouté pour se réveler soi-même car, ce qu'on rejette, est parfois une part
impirtante de soi qu'on ne veut admettre et qui nous desequilibre. Ainsi en l'admettant, on devient réellement soi-même.
J'avoue qu'il y a un passage très réussi sur ce démon. Lorsqu'il s'approche, on a presque l'impression d'un viol. D'un atouchement quasi incestueux, comme si ce double était une image d'un père/ogre qui serait près de dévorer son enfant. Cette image du père provient justement de leur ressemblance, mais ce démon est plus grand et plus fort que Tale qui est un enfant. Et de ces sensations jaillit toute l'ambiguité de l'amour des parents. A contrario, si on reprend ce que tu as expliqué, on peut aussi voir dans ton texte la tyranie aussi des enfants sur eux.
A priori, ce n'était pas tes intentions, mais on sait jamais, l'écriture, qui plus est sur un mode oniriquen fait parfois resurgir des choses de son inconscient. Parfois non. Donc voilà, j'ai essayé de faire un retour en essayant de faire le plus possible abstraction de ton auto-critique de manière aussi à t'éclairer sur ce qu'on peut resentir sans être dans ta tête.
Maintenant, si tu me demandes si j'ai aimé, je ne saurais quoi te dire. Le paradoxe, c'est que je préfère parler de tes textes plutôt que les lire. Ils sont passionants à décortiquer, mais pas "sexy" à lire. Il y a ce je ne sais quoi d'austerité, et de pesant qui rend toujours la lecture un peu forcée. Et c'est bien ce qui resort souvent des retours qu'on te fait. On admire certaines choses mais il y a peu d'affects avec eux, comme si on restait à l'exterieur d'eux. C'est en simplifiant, en renonçant à des tructure et des jeux susceptibles d'accentuer les confusions, en admettant que lire doit aussi être un plaisir simple que tu arriveras à davantage jouer avec l'affectif du lecteur. Tu as des thèmes et des images fascinantes, il te reste non pas à être simple mais plus "sobre" autour de ça. Peut-être aussi en imaginant un trame plus stimulante qu'une orangeade à partager! Ce sont des pistes, qui n'ôtent en rien les immenses qualités que le calimero que tues se refuses de voir, bien entendu!!!
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- Vuld Edone
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Le démon est une caricature de mauvaise réalisation de stéréotype de moule préfabriqué de dernière zone. Voici pourquoi.
Un bon texte est un texte découpé, qui isole l'information pertinente et ne rend que celle-ci au lecteur : une sélection dans le sujet du texte, sans jamais en dévier. Clair, net, précis.
Je ne fonctionne pas ainsi. Un bon texte est pour moi, à l'opposé de la convention, un texte qui dit tout. Je suis Calimero, mais je sais ce que je veux, et ce n'est pas une moitié de réalité. Je ne dirai jamais au lecteur quand rire et quand pleurer. La recette pour un bon texte est de n'avoir qu'un et un seul sujet, mais j'ai jeté cette recette à la poubelle depuis longtemps. La réalité est aussi simple que complexe, je dois rendre les deux.
Plus simplement, on m'a dit que je laissais les gens libres, que je ne jugeais pas. Si je dis quand rire et quand pleurer, je juge. Si j'isole, si je découpe, je juge. Je ne veux pas perdre la liberté.
Je corrige, je travaille, le juste milieu est comme toujours la solution, l'"aurea mediocritas", mais le lecteur ne trouvera jamais chez moi une route bien droite, goudronnée, balisée, avec quelqu'un pour le tenir par la main. Je le lâche au beau milieu de la forêt avec, au mieux, des miettes de pain. C'est ça, pour moi, un bon texte.
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- Zarathoustra
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Je ne saisis pas le pourquoi dans ce que tu donnes à la suite. Je trouve au contraire que c'est le pint le plus intéressant. Au départ, tu joues avec les stéréotypes et on le prend pour ce qu'il parait. Mais petit à petit on comprend très bien qu'il ne se réduit pas uniquement à la menace qu'il représentait au début.Le démon est une caricature de mauvaise réalisation de stéréotype de moule préfabriqué de dernière zone. Voici pourquoi.
Mais on est d'accord. Et pourtant c'est exactement ce que tu reproches à mon dernier texte. Je laisse les lecteurs libres sur le fait qu'il puisse croire au divin ou pas. Et ça te dérangeait.Plus simplement, on m'a dit que je laissais les gens libres, que je ne jugeais pas. Si je dis quand rire et quand pleurer, je juge. Si j'isole, si je découpe, je juge. Je ne veux pas perdre la liberté.
Pourquoi être si dogmatique? Pourquoi réduire le "bon texte" à une formule? Et plutôt qu'un texte, je parlerais d'auteur. Qu'est-ce qui fait qu'un auteur est grand et l'autre pas (ou ne l'est pas du tout)? Un texte c'est une rencontre avec un auteur. I n'y pas un "bon texte", il y a "des" bons textes. Je doute que ta définition fonctionne avec tous les auteurs. Est-ce qu'un nouvelle de Carver, lovecratf, Hammet ou Maupassant répondent toutes à ta définition? Tu te places sur une problématique d'écriture bien précise, notamment sur des textes avec une dimension quasi alégorique. Tous les textes ne disent pas forcément plus que ce qu'ils disent et il n'empêche qu'on peut aimer s'y replonger également.Un bon texte est un texte découpé, qui isole l'information pertinente et ne rend que celle-ci au lecteur : une sélection dans le sujet du texte, sans jamais en dévier. Clair, net, précis.
Je ne fonctionne pas ainsi. Un bon texte est pour moi, à l'opposé de la convention, un texte qui dit tout.
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- Vuld Edone
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J'irai dans l'ordre.
Premier point.
Le monstre de la première version est très complexe, ses actions sont constamment contradictoires, indéchiffrables. J'avais ellipsé la scène parce que le renard s'enfuyait au premier regard. Si elle avait duré, comme ici, le monstre aurait accumulé les gestes comme j'accumule les descriptions, il se serait retourné, il aurait tenté de le chasser, de se rapprocher, de s'écarter, il aurait été en proie au doute, il se serait énervé, et plus j'y repense, plus je me dis que jamais il n'aurait levé la main sur Tale.
Pour réaliser cette scène, j'ai appliqué le dogme, du moins pour le démon, c'est-à-dire que j'ai réduit son action à "avancer". Une véritable programmation, un automate. Il n'aurait pas agi autrement avec un bouton on/off. J'avais voulu reporter toute sa logique dans la description, notamment l'opposition lumière/ombre, d'où la surcharge. Mais les gestes du démon, le démon lui-même, a été... j'ai envie de dire "écharpé", c'est le mot qui me vient en tête. Il signifie quelque chose comme "découpé au couteau, privé de sa peau et de ses membres".
Alors oui, c'est classieux, il est puissant, il est faible, mais quand je regarde la scène, sans les descriptions "confuses" et "lourdes", je vois juste des jeux de convention plaqués sur une marionnette prédéfinie.
Il est incomplet, il n'est pas lui. Si j'avais épuré, comme je vais tenter de le faire pour le prochain chapitre, Tale aurait accumulé la peur, j'aurais pu tout simplement passé par-dessus l'étape "colère", ne retenant que le rapport de forces. J'aurais "lapidé" les descriptions, je vais m'y essayer, mais au résultat j'aurai simplement une réalité découpée au sciseau dans du carton.
Cet espèce d'automate, programmé sur "avancer", n'est pas mon personnage. Voilà pourquoi.
Second point.
Non. Tu ne laisses pas le lecteur libre. Tu as étiquetté tes personnages. Le Devin mène son peuple à la guerre, il a des crises, il n'est plus lui-même, il a tué Ilda. Ilda est surchargée d'images positives, depuis le contact charnel jusqu'au martyr. Depuis le début le Devin est critiqué, incapable d'interpréter, ambitions, colère, alors qu'Ilda comprend tout sur tout, humilité, dévouement, etc... ce n'est plus bleu et rouge, c'est blanc et noir.
Or, il y a un or, tes personnages sont associés au thème de la religion. Le Devin défend un dogme, Ilda en défend un autre. Peu m'importe de savoir ce qui se cache derrière ce mot de "religion". C'est un univers fictif, il peut bien y avoir une divinité, un démon, de la magie, des extra-terrestres, le hasard, la nature ou même le néant : la religion est une couleur, bleu contre rouge.
Cela signifie que non, tu ne laisses pas le lecteur libre. Il est obligé de prendre le parti d'Ilda, sans quoi il est pour la guerre, pour le massacre, la colère aveugle, etc... le texte est là-dessus sans concessions. J'ai tenté depuis le départ, d'abord par révolte puis par pitié, du côté du Devin, tant il est seul contre le monde (non, son peuple n'est pas un soutien, au contraire). C'est impossible. Je me retrouverais à défendre un fanatique meurtrier.
Où est la liberté ?
Je vais te donner un des enjeux des Larmes. Le monstre est prisonnier. Le renard va vouloir le libérer, mais le monstre veut être prisonnier. C'est une question de justice. Le renard considère que tout le monde a le droit d'être libre, mais le monstre, parce qu'il est monstre, trouve juste d'être enfermé. Et pourtant, ce n'est pas faute de vouloir sortir, comme le montrent les tableaux.
Mon monstre aurait pu être ton Devin. Torturé, il croit aux armes bien plus qu'à l'amour, et aurait mené sans autres un peuple à la guerre, ou à la mort. Au contraire, le renard aurait voulu vivre simplement, heureux avec ceux qu'il aime, etc... Mais si je présentais mon Devin comme un fanatique, alors mon Ilda serait une hystérique, au moins, je la traînerais dans la boue.
Troisième point.
Je m'excuse d'avance d'être lapidaire. J'applique ici un principe de la stylistique, et le principe fondamental en communication, ressortissant de la linguistique générale de type pragmatique, Sperber&Wilson, 1986 d'après Wikipedia, j'ai plutôt souvenir de 2000, peu importe.
Je parle de la pertinence. Un texte est pertinent s'il définit son sujet, ne s'en écarte pas, ne parle que de ce qui concerne ce sujet et de rien d'autre. Je ne dis pas autre chose en parlant de découpage, de sélection. Cela vaut pour tous les textes, tous les auteurs, cela fonde l'analyse stylistique. A plus forte raison, la littérature.
Il est du reste physiquement impossible de tout dire. J'ai choisi une orientation vouée à l'échec, qui va à l'encontre de la norme fondamentale de communication telle que définie en science du langage. Je le sais, mais il m'est impossible de faire autrement. Dire moins, c'est mentir. Il n'y a rien d'expérimental ou de différent. La simplicité n'est pas être sobre, lapidaire, mais dire le plus avec le moins. Je n'en suis pas capable, d'où ma lourdeur, mes développements, l'amas d'adjectifs et une confusion constante, y compris dans mes explications.
Je serai sobre quand j'aurai trouvé les mots qui résument une opposition inversée à pôle interne générateur. Mais il n'est pas question pour moi de limiter mon sujet, et de jouer le jeu du "non mais lui il est méchant détestez-le et plus vite que ça".
J'espère avoir répondu de façon assez précise, sans entrer trop dans la polémique. Du reste, nous risquons de dévier sur la discussion du Devin, auquel cas je propose de nous reporter à ce texte (dont on attend toujours la suite, d'ailleurs), mais je ne suis pas à un hors-sujet près... tant qu'il est pertinent.
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- Zarathoustra
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Sur le second point, pour finir le hors sujet, on ne se situe pas au même niveau. Tu dis que je propose de faire choisir Ilda contre le devin. Mais ce n'est pas là que le choix existe. C'est dans le fait de croire ou non le surnaturelle. Ilda voit de la brume sur une pierre, est-ce pour autant la manifestation du divin? Le devin entend de vagues bruits. Est-ce la manifestation du divin? Ou est-ce juste des bruits et des jeux de température? Nous sommes dans le domaine des perceptions, la verité, c'est qu'il y a eu des bruits, il y a eu de la chaleur sur la pierre. Ces phénomènes sont captés par nos sens, puis notre esprit cherche à les compendre et se rabat sur le divin par défaut, en quelque sorte.
Ce peuple n'est pas le notre, donc les dieux evoqués ne sont pas là pour faire l'apologie d'une religion ici bas. Le choix du lecteur est bien de réfléchir sur des notions telles que: avons nous besoin du surnaturelle pour croire? Si surnaturelle, est-ce pour autant une preuve ou n'y a-t-il pas une explication autre que nous ne sommes pas encore capable de connaitre? Est-ce une nécessité interieure ou exterieure?
Tu déplaces donc la problématique. Mais tu soulignes effectivement un certain partie pris, qui est tot à fait juste sur les pesonnages. Mais le choix n'est pas sur les personnages mais en amont, sur le fait que tu acceptes ou non qu'il puisse s'agir de manifestations divines. Elles sont suffisemment insignifiante, me semble-t-il et surtout présenté de manière très subjective par le filtre des sens des personnages pour que l'ambiguité soit toujours là. Tu as fait le choix d'accepter le surnaturel et de prendre donc partie pour Ilda. Concernant le devin, ce qui m'intéresse, c'est de montrer comment un être humain peut endosser un rôle qui le dépasse complètement et la façon dont les autres peuvent se conditionner pour le conforter et se conforter eux-mêmes. Mais j'avoue que moi aussi j'ai un peu derivé sur certains points, notamment avec l'epée. Bleu contre rouge, c'est encore des dogmes, qui réduisent forcément la notion d'un dieu. Comment réduire un dieu à une ou des couleurs qui ne sont elles-mêmes qu'une sensation optique pour notre cerveau, un phénomène physique qui n'existe pas en soi?
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- Vuld Edone
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Tu dis que si on est pour le surnaturel, alors on prend le parti d'Ilda (plus précisément, tu dis "donc", mais je le traduis en conditionnelle). Au risque de raccourcir le raisonnement, cela signifie que le surnaturel est le parti d'Ilda. J'ai montré l'opposition des personnages, le parti d'Ilda s'oppose à celui du devin, j'en conclus donc que la parti du devin est le sensoriel (l'alternative que tu proposes).
Après relecture rapide de ton texte, je remarque en effet que ce parti peut être attribué au devin. C'est très difficile, peu soutenable, mais étant moi-même spécialiste de la confusion, je peux l'admettre.
De là deux cas.
1. J'ai raison, l'opposition des personnages est l'opposition sensoriel / surnaturel, et alors ce que j'ai dit sur l'association vaut, le surnaturel est un choix obligé.
2. J'ai tort, l'opposition des personnages est l'opposition guerre / amour, et la question du sensoriel/surnaturel n'a jamais été posée.
Dans ce second cas, tu laisses le lecteur libre de choisir parce que la question ne se pose pas.
Un exemple, qui me permettra de répondre également plus avant à ton premier message :
Ici, opposition "fantastique / illusion d'optique". Tu y avais vu une volonté de donner des pistes, d'expliquer. Tu t'es trompé. Ce passage serait le premier supprimé à la réécriture.Leur clarté, leur rapprochement, le jeu de l’ombre et de la lumière, découpe la réalité, distord les distances, en somme une simple illusion d’optique. Le renard avait cru ce lieu fantastique ; il en est presque déçu ; le bout du couloir, dévoilé pour lui désormais comme l’illusion n’a plus d’effets, lui paraît une promesse d’en finir rapidement.
Il est probable d'ailleurs que désormais à chaque passage je mette en place une et une seule opposition, pour suivre le principe de pertinence, ainsi qu'une opposition générale au chapitre, et probablement une opposition par paragraphe, fondant ainsi un style par contraste, ou polaire. Mais je disgresse.
En fait, même pour le passage le plus mauvais de ce chapitre, je suis resté assez ancré à mon sujet. Rapprochement et distances reprennent des images de la première partie, où le monstre veut se rapprocher de Tale. Par découpage, je pensais alors à ce juste milieu qui sépare les deux pôles, cela s'additionnait à la distance. J'avais apparemment associé la lumière au rapprochement, ce qui correspond toujours à la première partie où le monstre est du côté de la lumière (un monstre du côté de la lumière, il y a de quoi rire). Le mot "fantastique" est très mal choisi, parce qu'avec je joue sur l'ambivalence "formidable" - "magique", or le renard ne pouvait certainement pas trouver ce lieu "formidable". Qui plus est, on ne peut pas parler de lieu "fantasque" pour ce manoir.
Le bout du couloir est bien sûr le bout du tunnel, la sortie de l'auberge, une expression, désignant la manière de traduire le texte. L'illusion est celle du texte, elle fait référence à l'inversion des valeurs (par exemple le monstre fort-faible).
Il n'en reste que cette phrase est mauvaise, ne signifie rien, je me souviens l'avoir écrit pour essayer, en manière de détente. Les relations ci-dessus ne sont qu'accidentelles, dans la continuation de mes outils d'écriture. L'illusion est du reste un clin d'oeil personnel à un autre de mes personnages, que le lecteur n'a aucune chance de connaître.
Bref. Le manoir peut être réel (avec illusions d'optique), ou rêvé (et donc fantastique), les deux alternatives n'auront jamais de réponse. Je ne demande pas au lecteur de répondre, car cette question n'a aucune influence sur le sujet de la justice. Un manoir réel n'est ni plus ni moins juste qu'un manoir rêvé, Personnellement je ne vois pas le manoir comme un rêve mais ça n'a vraiment aucune importance.
De la même manière, savoir si les phénomènes sont sensoriels ou surnaturels n'a aucune importance. Dans les deux cas, les interprétations seront les mêmes, tout comme dans mon manoir, qu'il soit réel ou rêvé, les actes seront les mêmes. Il s'agit d'un facteur nul, dont la réponse n'apporte rien, sans pertinence.
Je ne dis pas que tu ne laisses pas le lecteur libre sur cette question, je dis que tu ne poses pas cette question, dans le cas où l'opposition des personnages ne la traite pas.
La discussion est intéressante, on peut la continuer, d'autant qu'elle m'offre une nouvelle perspective d'écriture par opposition, qui me plait assez, je l'expérimenterai pour le prochain chapitre (en plus de l'élagage).
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- Zarathoustra
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Le "donc" en question n'avait pas vraiment de sens intrinsequement. Sur ce point, Ilda et le devin, même combat. Ils perçoivent des sensations, l'un par l'ouie, l'autre par le toucher et chacun se fait un film à partir de ça.Tu dis que si on est pour le surnaturel, alors on prend le parti d'Ilda (plus précisément, tu dis "donc", mais je le traduis en conditionnelle).
Tu parles d'opposition que je n'ai pas posé, mais ce n'est pas fondamentalement une opposition puisqu'ils sont trois personnages. Et à la limite, c'est coire Ilda, Croire le devin ou croire autres choses (Loentroek est le seul à n'avoir rien "senti", il est obligé de croire et de chercher ce qu'il doit croire). Ou croire rien du tout. Là est le choix.
Revenons à ton texte.
Ta première partie.
Elle gagnerait effectivement à être plus dépouillé. Et je dirais, que si on fait un parallèle avec le cinéma, je pense qu l'éclairagiste a mal travaillé. Il veut occuper toute la place. Jacques Tati, grand linguiste du cinéma , disait "trop de couleur distrait le spectateur". Quand je lis cette partie, j'ai l'impression que l'éclairagiste veut en mettre plein la vue et dominé le metteur en scène et finit par tout gacher là où quelques effets aurait suffi, car la lumière n'est pas le coeur du sujet mais un élément qui permette de construire ta problématique. A force de lire le mot "lumière", j'ai fini par me demander ce qu'elle symbolisait en tant que tout (surtout que c'est un symbole très conoté dans l'inconscient collectif) alors que, à te lire, elle ne signifie rien en elle-même mais plus par ce qu'elle produit. Mais l'idée de l'inversion à son sujet donne quasiment un ton ironique si on y réfléchit.
Ta 2eme partie- Rêve inclu
C'est une partie qui manque de fil conducteur, même si c'est un peu le sujet. Le lecteur se perd un peu. Là encore, l'éclairagiste c'est calmé, mais l'accessoiriste/décorateur qui en fait trop. Par exemple, les armures ont bien sûr une fonction, mais bon, en a-t-on veritablement besoin? Ca déborde de partout.
Le rêve vaut plus pour sa fonction d'apaisement pour le lecteur. Et l'introduction du 3eme personnage qui hantera également la 3eme partie.
En fait, en tant que lecteur, on attend la confrontation des 2 protagonistes qui a été escamotée dans la première, donc, en soit, il s'agit d'une succession de non-action, de non-intrigue. Le lecteur est dans une position très inconfortable.
3eme partie:
Plus on la lit, et plus la question de la présence du personnage absent devient importante. Pour moi, c'est la plus belle idée du texte. Surtout que cette présence est née d'un rêve.
Je trouve que c'est dans cette partie que le texte prend corps, que la lecture y ait plus facile. D'abord parce que tout s'appaise. Tale gagne en personalité, il parait plus sûr, comme si le rêve lui avait apporté une maturité.
La fameuse porte possède aussi une dimension que l'on retrouverait plus dans un rêve. La porte, c'est aussi un objet symbole très fort en tant normal, surtout vu l'insistance qu'il y a. Normalement, elle est là pour séparer deux espaces, mais aussi pour enfermer; elle est là aussi pour protéger. Alors que le renard semblait avoir grandit, il se retrouve miniscule devant elle, comme s'il était à nouveau un bébé et qu'ouvrir une porte devenait un acte impossible. Inversion involontaire?
Dans la première partie, on avait eu à droit à l'amorce d'un comabt. On tient enfin notre combat, mais il s'agit d'une porte comme seul adversaire. Humour sardonique? De même, tu as evoqué le "je veux sortir" qui peut vouloir dire "je veux entrer". Humour noir?
Toute cette partie reprend les ingrédients des précédente mais comme si tout y était ordonné, à sa place. Come si tout ce qui précédait était un rêve dont les ingrédients avaient été arraché au réel et tranfiguré dans l'inconscient, comme la statue transfigurée en démon.
Maintenant, le "c'est juste de l'injustice" (titre comique également). Et tu as dit que ce texte traitait de justice. Et se clot sur le mot "injustice". Si en lisant ton analyse, tes intentions sont plutôt bien transcrites quand on se donne la peine de les trouver, analyser le sens de cette injustice me parait pour l'heure assez perilleux. Mais peut-on voir des traits d'humour dans ton texte sans t'insulter?
Si on reprend globalement ton texte, il y a pas mal d'absurde dedans, voire d'ironie, et, avec une trame qasiment inexistente, tu creuses une intrigue, un peu comme Kafka. Tout en creux. En situation absurde. Et lui-même écrivait des textes très drôles pour qui les comprenait. Et si la parallèle avec lui est juste, ta vision de la justice/injustice serait plus sur des notions existentielles/métaphysiques que dans le dilemne du juge. Pourtant tu as dit que le coeur du sujet était le jugement. Faut-il voir plus loin que le fait que les apparences sont trompeuses et que il n'y a pas de bourreau sans victime et vice versa et que tout bourreau est une victime et vice versa?
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- Vuld Edone
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Je dirais juste que j'envisage de faire une pause, pour y réfléchir, voire réécrire les premiers chapitres afin de profiter d'un fondement solide pour les suivants.
L'ironie est fondée sur l'inversion (dire le contraire de ce que l'on pense). Mais en vérité, les passages ironiques sont surtout dûs à un relâchement de ma part, très visible à propos de l'illusion d'optique, et qui a valu cette conclusion "c'est juste de l'injustice". Quand Tale essaie, la première fois, d'ouvrir la porte, je me moque de lui. La scène est pour moi très comique, il hésite, il tire sur l'anneau, "pour essayer".
De fait, s'il me fallait recenser toutes les situations pour moi comiques, je crois que le texte entier y passerait. Un monstre dans la lumière, c'est une aberration. Tale qui tombe deux fois dans les escaliers, je trouve cela ridicule. Qu'il ordonne à un monstre près de le tuer et que ce dernier s'arrête (alors qu'il ne comprend même pas le mot, entre guillemets), c'est à se tordre de rire.
Mais je manque complètement d'humour, et même quand je plaisante, je suis sérieux. Il n'y a, dans le texte, que le son de la cloche qui me plait. Il est là, indiscutable, il perturbe. Je ne sais plus si, pour le décrire, j'ai employé le mot de "détonation". Ce mot est constitutif de sa signification. Le son de la cloche est une détonation. Si j'avais bien réalisé mon passage, il aurait dû marquer la fin de la fuite, avec au lieu de la chute d'escaliers (qui explique misérablement l'arrivée du monstre), simultané au coup de cloche, la chute de Tale tout court (il s'effondre, évanoui), avec ensuite l'arrivée du monstre tandis qu'il se débat pour rester conscient, et on le verrait qui s'avance vers lui.
C'aurait été, du reste, très fidèle à l'original, où initialement il finissait par se cacher dans l'ombre pour s'assoupir, brisé par la fatigue. Je suppose que ce qui m'a arrêté, c'était d'une part cette misérable explication (comme s'il fallait justifier les mouvements du monstre), d'autre part que ce "yeux mi-clos allongé sur le sol avec pattes de l'autre qui s'approche en flou progressif" était dans mon esprit un mauvais cliché. Je crois pouvoir dire que quand on s'évanouit, au moment de toucher le sol, on est déjà inconscient.
Je crois qu'un lecteur averti, me lisant, passerait son temps à rire, pour peu qu'il n'ait que cela à faire.
En conclusion de ce message, je viens de penser qu'il me faudrait beaucoup plus employer le verbe "être".
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- San
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Un rythme très saccadé, trop je dirais, la phrase ressemble à un pantin désarticulé... Soit il manque quelque chose pour ressouder les morceaux, soit il faudrait un peu aplanir les angles, parce que ça m'a vraiment coupée dans ma lecture.Son corps le tiraille, de l’envie de fuir, face à un interdit.
C'est quoi ça, une queue dégagée soudaine?...la queue dégagée soudaine s’agite dans l’air
J'ai cru lire quelque chose dans les critiques précédentes à propos de rigoler en lisant ton texte... Je commence à avoir ce sentiment, à vrai dire. Loin de moi l'envie de rire, mais quelque chose qui me turlupine (encore ce mot! 0 ) et qui m'empêche gravement de me concentrer...Son propre poil se dresse à la tension palpable.
"y" sont?... Enfin admettons. C'est aussi tordu que le reste en tout cas.Les deux pupilles y sont des lames noires qui le transpercent.
Je crois que j'ai trouvé ce qui pour moi pourrait bien définir tes textes, Fufu' : tordus
Alors ça c'est fort... Comment peut-il sortir une telle réplique face à un astre surpuissant, un monstre terrifiant? Il est suicidaire maintenant notre petit Tale?...Tale s’arrête, tétanisé. Il tremble.
- Que me veux-tu ?
Belle gueule, et là vraiment, je vois les crocs luire comme s'ils étaient devant mon museau.Les canines se frôlent, leurs pointes semblent goutter,
A sa place j'aurais dressé les bras, mais bondont la première réaction est de dresser le bras devant lui.
détone... détonation... Pourquoi ça a l'air si biz z arre?détone
y tonne sonore??? Je comprends rienL’écho d’un second pas vient frapper les piliers, y tonne sonore,
J'aurais préféré "les crocs fulminent".La gueule remue, les crocs y fulminent.
Cette phrase a un potentiel comique inespéré... Rythme très intéressant.Il ne reste plus de marche, la patte touche le tapis, s’y enfonce sans bruit, à ce contact se raidit, il glapit :
J'aime.mais le petit renard ne bouge pas, tant que ne bouge pas le monstre.
Ca aussi c'est bienIl sent ses dents serrées qui lui font mal, les détache pour répéter, plaintif :
- Que me veux-tu ?
Très compliquée cette phrase mine de rien... On a vite fait de s'y perdre. Enfin moi en tout cas.où l’air est de flammes, ou des colonnes de fumée, le crépitement l’enserre, et les armures des glaces sombres qui réfractent ces éclats.
Très chouette,... sauf la fin, la dernière "truc après la virgule", qui mériterait d'être une autre phrase séparée par un point (pour ce que j'en pense).Son cœur empoigné bondit, il fait un pas en arrière, cherche un mot sans le trouver : sa gorge s’agite, sa bouche s’ouvre, mais rien ne surgit, comme anéanti.
Comme Tale le faisait juste avant, ça fait un peu répétitif...Le monstre a repris sa marche, et ses deux pattes alors foulent le tapis.
C'est presque dommage. Et en même temps on se demande pourquoi...La lumière n’est plus si vive, un instant tout se calme, le marbre cesse d’étinceler.
Ca n'explique pas vraiment pourquoi...se rend compte soudain qu’ils sont immobiles, que tout s’est arrêté.
Répétitif, ça aussi...Alors la créature lève un bras, et tout le torse suit
Comment ça dévoré? Par quoi?...son regard braqué sur lui, et dévoré.
Un peu biz z arre... Je ne me rappelle pas trop ce qu'elle a de particulier, cette chambre, à part que c'est la sienne, enfin la leur avec son pote.voit la porte ouverte de sa chambre, la chambre,
Et tu faisais des chichis pour mon "accommoder"?Son pelage de cuivre y disparaît, comme assimilé
J'aurais bien dit que sa course lui évite de penser... Enfin, pareil.Sa course l’empêche de penser.
Le déchirement tombe un peu du ciel...Il n’a pas peur. Il ne ressent rien de tel, mais un véritable déchirement.
Ca, ça passe presque, mais pas tout à fait... Et me fait encore buter.la main insensiblement sur la poignée.
Très biz z arre... Mais ça passe mieux que les autres : il y a une certaine unité, dérangée par le "soudain".Pas de lumière, seulement la nuit, les formes qui se devinent, l’imagination, un bruit de pas qui se répète, soudain, le pousse à reprendre sa fuite.
Mouais...elle y frémit
Voilà autre chose... (il est mal barré ce renard sous acides)il n’est plus sûr de rien, de les avoir vues vraiment.
Mais en fait, puisqu'il court, son cerveau est court-circuité, et comme sa peur est cérébrale, quand il court il ne devrait plus avoir peur, et donc il ne courrait pas! Youpi, un paradoxe!Les questions ne devraient pas importer, pourtant, et il n’aurait pas à courir,
Quel bruit déjà?...à chaque angle, le bruit l’emporte, l’arrache à ce monde.
C'est plutôt un bon passage au fond, mais par contre là tu nous achèves...Ce sont autant de mots qui lui empoignent le cœur, qu’il ne veut pas écouter. Mais se battre, mais résister, l’envie de s’échapper, à ce monde s’évader, prisonnier des murs qui se suivent, les marches, les escaliers, partout des portes closes, partout les ombres tapies, effacées, effondrées, l’obscurité de ce lieu glacial, et cette sensation certaine d’être observé, deux grands yeux en furie qui le suivent.
Jolie tournure.pour écouter le moindre son sans en entendre aucun.
Pourrait être joli si ça voulait dire quelque chose...cette absence partout répétée, la présence qui manque.
Je diagnostique un rêve. Pas possible autrement. Certains trucs rendent sourd, mais ce n'est pas le genre de Tale de toute manière.....Son regard tombe vers le pied criminel, il frappe par terre mais aucun son n’est produit, et comme il murmure d’étonnement, celui-ci aussi s’évanouit.
Depuis quand le couloir est en cuivre??tout le cuivre du couloir
S'il cherche des portes ouvertes, il avait qu'à pas les fermer, aussi...La porte se referme, fermée par lui, et toujours aucune porte ouverte,
Joli.La douleur le maintient conscient, stigmatise sa détresse.
Un passage d'une longueur incroyable où j'ai tout compris. C'est dingue!Le renard finit étalé sur la dernière marche, trouve la force de se relever, mais sonné attend quelques secondes, tandis que le vacarme de cette chute se répercute. L’espace onirique se resserre sur lui, il doit continuer à fuir, nulle part n’est sûr.
Il ne veut penser à rien, ni rien savoir, tout cela ne le concerne pas. « Laissez-moi partir ! » Son cri résonne au loin, plusieurs fois de suite, il le croit étouffé, puis en entend la rumeur dans son dos, qui va croissante, avant de s’éteindre complètement, et déformée.
J'aurais laissé tomber le "aussitôt".mais comme il va l’atteindre, aussitôt, le renard s’arrête,
On parle de quoi là déjà??et le sang afflue, tend ses membres raidis.
Rien à propos de son torse?et tout le corps de la bête, du monstre apparaît.
Euh... ?.... Comment ça des portes après l'armure?L’armure les sépare, et après l’armure, quatre ou cinq portes, presque rien.
Hahahaha! Haha.Ce monstre, il le déteste, pour ce qu’il est, pour ce qu’il lui fait subir, il ne lui pardonnera pas et cependant, se battre, lui est impossible.
Une glace, vraiment? Pas d'autre image plus appropriée? (je n'en trouve pas et c'est dommage)une goutte sur une glace de cristal
Ne me dis pas qu'il avait oublié, et qu'il était sur le point de faire ami-ami??Maintenant, il se rappelle que cette créature est son geôlier, son ennemi
Joli.Il a peur de tomber, se retient à la pierre, cherche un appui. Son murmure s’entremêle au grésillement des bougies. Un pas encore, le sol se dérobe, il chute et s’évanouit.
Certains diraient que c'est plutôt mauvais signe... Mais il ne faut pas les croire. Ce ne sont que de vieux aigris.Il se tient debout, sans se voir, sans sentir son corps
"sa souche" ne sonne pas très bien, mais la phrase reste très chouette.Puis il voit le vieux chêne, et sa souche à côté, mais ce n’est pas le même, déjà sa rêverie l’a transformé.
Ah. Oh.sinon le détail d’un instant, extirpé de son savoir, et qui n’a pas sa place ici.
J'ai peur de comprendre... En fait il n'est pas étonné? Alors pourquoi tu dis qu'il s'étonne?[...], mais sait le contraire.
"dedans"?...comme un silence soudain dedans ses pensées
et pas n'appartenait?comme si toute la mémoire rattachée à ce lieu n’appartient plus qu’au cauchemar,
Pour la 2e fois. Et toujours sans raison.Il en vient à douter de l’existence du monstre.
Comment des rayons peuvent-ils recouvrir quelque chose?... (au contraire je dirais, ils la découvrent)où les rayons qui reviennent la recouvrent rapidement.
Faut dire qu'un froid tel qu'il gèlerait sur place un renard doit faire peur à voir (et être conservé dans de l'azote liquide)...Tale reste un instant figé, à regarder ce couloir ouvert devant lui. Le froid qui y règne n’en est pas la cause.
Je n'ai pas très bien saisi comment le renard peut avoir parcouru ces lieux dans une sorte de songe, et y retourner dans une sorte de réalité après coup pour tout démonter... C'est plus que tordu!!en somme une simple illusion d’optique.
J'envie tes descriptions, elles ont l'air de couler de source et c'est beauDessous se trouve la porte d’entrée.
Bien vu.Un regard fugitif dans son dos le rassure, même s’il n’a pas vraiment regardé.
Un peu répétitif...Il réfléchit déjà à partir, [...]
Il se retourne, près de partir,
Dans le genre "Ayé maman j'ai fini!" il se pose là ce Tale...« Si quelqu’un venait me chercher ? »
Le dernier paragraphe est vraiment très prenant, bien mené. Je ne saisis pas bien où il mène, à part une sorte de temps mort, de chute (jusque là tout va bien) au moment où je m'attendais à quelque chose qui relance l'intrigue (bon, tant pis alors).[...] ou bien l’injustice.
En tout cas la lecture n'était pas désagréable... Mais déroutante, oui, et je n'en ai pas retenu grand-chose, ça encore plus
Bon, je vais jeter un coup d'oeil aux autres critiques avant d'aller en quête d'un repos paisible et salutaire.
Merci pour le texte
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- Vuld Edone
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Quelques tournures du type "y" ou "dedans" me sont personnelles, elles sont de faux archaïsmes, copies d'archaïsmes dont les règles me sont inconnues. Le "y" est contenant, ce qui me permet de parler de "tout le cuivre du couloir", où le couloir est également contenant du cuivre, la proposition signifiant "tout le cuivre dans le couloir". Cela comprend les chandeliers, les cadres, les poignées et serrures de portes et je gage que les portes en sont cerclées ou que les gonds sont également de cuivre.
Il y a aussi une série de phrases où je teste diverses combinaisons de structures, et je reconnais maintenant qu'elles manquent sérieusement de pertinence, pourraient être bien plus simples pour plus d'effet, mais j'aime leurs tournures où l'on se perd. Une inconnue me disait d'expérimenter, ce texte sert aussi à cela.
Enfin, à propos des répétitions, elles sont (pour toutes celles citées) volontaires, à l'image de "lumière" : je voulais matraquer l'esprit du lecteur pour qu'il arrive à suivre, quitte à la redondance.
Bref, je prends en compte toutes les tournures confuses, trop complexes, les mots qui posent problème, etc... mais je ne les traiterai pas ici.
Tu m'as posé un problème qu'en trois heures je n'ai pas réussi à résoudre. En voulant redéfinir Tale, j'ai touché à l'équilibre du texte. Tale couard, il fuyait parce qu'il avait peur, et le sens de sa fuite prenait un autre sens à posteriori. Tale courageux, "il n'a pas peur", et son comportement devient incompréhensible sans passer par une notion trop difficile à expliquer (à savoir qu'il ne peut pas se battre matériellement, mais pourrait se battre par volonté, mais ne peut pas par conviction).Son corps le tiraille, de l’envie de fuir, face à un interdit. [...] Il n’a pas peur. Il ne ressent rien de tel, mais un véritable déchirement. [...] Ce monstre, il le déteste, pour ce qu’il est, pour ce qu’il lui fait subir, il ne lui pardonnera pas et cependant, se battre, lui est impossible.
Pire encore, cette version de Tale courageux a entraîné le "renard sous acides" (je comprends mal l'expression mais l'idée y est), l'idée que "tout cela n'était qu'un rêve" et le matérialisme qui a poussé jusqu'à la scène plus que ridicule de l'illusion d'optique.
Non, j'ai beaucoup perdu à vouloir changer Tale, je préfère sa version "trouillarde".
Si j'ai bonne mémoire, Tale a crié : "Arrête !" Sauf erreur dans le texte, c'est la cause. Si tu en cherches une matérielle, ne compte pas sur moi, au mieux je te proposerais qu'ils se sont éloignés de la rosace et rapprochés de la porte dans les ténèbres, mais c'est aussi ridicule que de parler d'illusion d'optique.C'est presque dommage. Et en même temps on se demande pourquoi... [...] Ca n'explique pas vraiment pourquoi...
S'il court, c'est pour ne pas penser, si les questions n'importaient pas il n'aurait pas à penser et donc pas à courir pour s'empêcher de penser. Mais il court bien pour ne plus avoir peur, seulement moins il a peur, moins il court, plus il pense, plus il a peur, plus il court. D'où ses haltes et départs.Mais en fait, puisqu'il court, son cerveau est court-circuité, et comme sa peur est cérébrale, quand il court il ne devrait plus avoir peur, et donc il ne courrait pas! Youpi, un paradoxe!
Si ça c'est un paradoxe, je comprends que les oppositions du texte soient incompréhensibles.
Le bruit est indéfini, il fait référence au pas, soit celui de Tale, soit celui du monstre, et en fait relève de la voix de la troisième personne. Cette troisième personne est l'absence de la phrase qui ne dit rien.Quel bruit déjà?... [...] Pourrait être joli si ça voulait dire quelque chose...
Dans une réponse à Zara', je disais qu'au lieu des deux chutes d'escalier, j'aurais préféré un évanouissement. Justement, le son s'évanouit. J'aurais eu tout avantage à le faire s'évanouir au coup de cloche, en "disfractant" (désolé du mot, quelque chose comme "en allongeant", "en faisant durer") l'instant.Pas possible autrement.
Je sais qu'au moment de s'évanouir, les sons disparaissent, on entend très mal, on devient absent.
Maintenant rêve ou pas rêve, comme dit également dans les critiques, je m'en moque. Pour moi, rien de plus concret. Je perds énormément à vouloir et devoir expliquer les choses matériellement, d'où d'ailleurs (entre autres raisons) le passage sur l'illusion d'optique. Mon propos est qu'il n'entend plus, cela relève de la communication, cela m'intéresse et cela seul.
Tale aurait gagné à moins courir et à plus se reposer dans la chambre. Ce qui n'est pas dit dans le texte, c'est qu'il est extrêmement difficile de croire qu'un monstre sanguinaire le remette dans son lit et s'en aille sans rien lui dire. Comme tout lui a paru onirique la première fois, il s'autorise à croire à un cauchemar.Pour la 2e fois. Et toujours sans raison.
Encore une sorte de matérialisme, mais dans l'original, c'était dit explicitement, il se demandait qui l'avait ramené dans le lit. Par contre, il ne partait pas en "trip'" sur "tout cela n'était qu'un rêve".
Mon dieu. Et le voile de lumière, dans la première partie ? La lumière recouvrait le monstre, avec le sens de cacher. Pour quelqu'un qui passe des heures devant l'écran et doit baisser les yeux face aux trop fortes sources de lumière, ça fait sens.Comment des rayons peuvent-ils recouvrir quelque chose?... (au contraire je dirais, ils la découvrent)
Elles ne coulent vraiment pas de source, c'est très pénible à écrire. J'envie ceux qui décrivent sans avoir à réfléchir chaque mot et effacer constamment phrase et paragraphe.J'envie tes descriptions, elles ont l'air de couler de source et c'est beau
Tale est Tale, je vais m'en tenir au trouillard enfantin, s'il y a un défaut dans son comportement, je le corrigerai dans la description des lieux.Dans le genre "Ayé maman j'ai fini!" il se pose là ce Tale...
J'aurais pu couper plus tôt, quand il enrage et se met à attaquer la porte (attaquer une porte...), mais dans mon esprit le passage formait un bloc, je n'aurais pas penser à le diviser en deux. Ainsi nous aurions eu une nouvelle source de violence, avec des questions du type "ce vacarme va-t-il attirer le monstre déjà là ? Tale ouvrira-t-il la porte barricadée infranchissable ?" Des questions qui ne m'intéressent pas.Le dernier paragraphe est vraiment très prenant, bien mené. Je ne saisis pas bien où il mène, à part une sorte de temps mort, de chute (jusque là tout va bien) au moment où je m'attendais à quelque chose qui relance l'intrigue (bon, tant pis alors).
J'ai préférer synthétiser ma réponse, plutôt que de reprendre citation par citation, ce qui m'aurait donné l'impression d'éclater mon propos en multiples parcelles. J'ai néanmoins laissé quelques réponses tel quel.
Je m'excuse mais en deux semaines, j'ai réussi à m'épuiser, à un point difficilement imaginable, je me suis retrouvé à lire Etienne de La Boétie et son "Esclavage volontaire".
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J'ai voulu me plonger dans un commentaire très long, empli de remarques concernant ta déroutante utilisation du langage, mais une manipulation malheureuse a effacé la moitié de toutes mes abondantes critiques. J'étais prêt à les réécrire ; et Si quelque chose ne m'avait pas titillé je l'aurais fait.
Ce quelque chose me titillait beaucoup pour que j'en reste à mes premières impressions. Alors j'ai relu le chapitre, plusieurs fois ; et j'ai compris l'inutilité et la vanité de ma première démarche, en me rendant compte à quel point la tienne ne méritait pas tant d'attentions.
Ce chapitre est une expérimentation presque permanente, un essai libre sur un sujet qui ne l'est pas.
J'entends par expérimentation, une aventure créative libérée des règles de cohérence de structure et d'harmonie du fond et de la forme. Je ne m'attarderais donc pas sur tes égarements volontaires dans les limbes les plus étranges de la phrase : je ne suis pas intéressé par les promenades chaotiques. Ta façon d'écrire n'est pas à réinventer en permanence, tu t'égares et devrais te concentrer sur le fond, enfin. C'est ce qu'il te manque vraiment. Ici, tu racontes la façon dont tu voudrais raconter ton histoire, tu ne la racontes pas elle-même. C'est rageant.
Aussi, j'ai fait l'impasse sur de très nombreux passages, lassé d'essayer de suivre les fluctuations incohérentes et faciles d'une plume qui sait pourtant être rigoureuse et maitrisée. Je suis ennuyé car partagé entre l'envie de te louer et celle de te maudire. Ton talent esquissé, gâché, fourvoyé, luit comme une pépite d'or cachée au milieu d'un tas de charbon. Par rapport à mes lectures du prologue et du premier chapitre, je ne suis pas déçu en fin de compte, mais surpris. Jamais dans les Larmes tu n'avais su m'enthousiasmer et me hérisser à ce point.
Le premier paragraphe est l'excellente illustration de ce sentiment :
Sa respiration rompt le silence. Un souffle sourd résonne contre les murs, s’amplifie, va sonner aux vitres, s’y répercute, et sans trouver de prises, se jette affolé parmi les piliers de marbre où il se perd, épuisé, tandis qu’un autre commence. Le renard est saisi d’un frisson, à voir la lumière forte de cette pièce, dans ce silence qu’il n’ose briser, et brise pourtant. Caché derrière la colonne, il observe le monstre, observé par lui. Son cœur en alerte bat un rythme fou, qui le supplie de partir. Une armure les sépare, toute d’argent, où les éclats de lumière scintillent furieusement.
Détaillons :
Un souffle sourd résonne contre les murs, s’amplifie, va sonner aux vitres, s’y répercute, et sans trouver de prises, se jette affolé parmi les piliers de marbre où il se perd, épuisé, tandis qu’un autre commence.
Ici, la forme épouse le fond avec une touche de talent qui frôle le génial. Si, si, le génial. La musicalité est absolument parfaite, ce qui est raconté devient ce qui le raconte. Le mouvement du son, brisant le silence jusque là instauré, a pris corps avec les sonorités de tes mots : le sens et ce qui le représente ne font qu'un.
Un souffle sourd résonne contre les murs.
Ce qui est sourd est à la fois bref et étiré au sein même de sa brièveté.
s’amplifie,
L'amplification du son est immédiate, le mot bref et sec.
va sonner aux vitres
Le son fait le trajet jusqu'aux vitres amplifié, donc plus rapide qu'au sein de celui qui est exprimé au début de la phrase.
s’y répercute
Idem que l'amplification. La répercussion est immédiate. Un mot, bref. Juste une note, un tournant.
et sans trouver de prises
Le "et" exprime comme une hésitation ici. Amplifié par le "sans trouver", concrétisé par "de prises". La perte de repères du son prend peu à peu conscience d'elle-même.
se jette affolé parmi les piliers de marbre où il se perd
L'expression d'avant amène logiquement celle-ci. Sa longueur plus importante que toutes les autres témoigne et transmet l'affolement créé juste avant, car l'affolement semble durer, comme tout ce qui fait peur ou effraye. "Il se perd", expression idéale ici, que "les piliers de marbre", par la multiplicité qu'il évoque, amplifie.
épuisé
Oui. Epuisé, stop. Un mot suffit. L'épuisement arrête l'affolement, l'affolement qui semble durer.
tandis qu’un autre commence
Une certaine forme de fatalisme ici. Fatalité du mouvement qui toujours va recommencer, du son qui va devoir se perdre à nouveau.
Fabuleux. Je te vois déjà penser le contraire. Non, fabuleux vraiment. Un moment de grâce dont tu devrais saisir les rouages pour parvenir à le renouveler beaucoup plus fréquemment.
Mais la phrase qui suit ! Ah ! Bon sang, quelle douche écossaise !
Le renard est saisi d’un frisson, à voir la lumière forte de cette pièce, dans ce silence qu’il n’ose briser, et brise pourtant.
La lumière forte de cette pièce, c'est le silence des lieux, le silence qui hante le chapitre précédent. Le renard ne peut plus voir cette lumière car le mouvement de ce souffle devenu son a fait onduler la pureté de cette lumière, a occulté sa puissance, donc son silence est brisé. Tu ne peux pas nous dire "qu'il n'ose briser" et juste après "et brise pourtant". C'est un non sens, surtout après la phrase qui précède, emplie de son, de fureur sourde, d'un mouvement incessant et voué à recommencer (éternellement ?). On ne peut plus avoir peur d'oser briser quelque chose qui l'est déjà, car la peur se base sur un élément qui peut survenir, qui va survenir, ou que l'on craint de voir survenir.
La peur se base sur le silence, quand le silence est brisé, c'est de frayeur qu'il faut parler.
Son coeur en alerte bat à un rythme fou, qui le supplie de partir.
Étonnamment, tu n'as repris pas le mot rythme juste après cette virgule alors que la situation pourrait très bien s'y prêter.
Son coeur en alerte bat à un rythme fou, un rythme qui le supplie de partir.
L'idée du rythme implique celle d'une certaine répétition, d'un mouvement fait d'appel et de contre-appels. Dans mon exemple, "rythme fou" et "rythme qui le supplie de partir" se répondent, comme un rythme.
de trois pas
Précision symbolique ou détail inutile ?
Son corps le tiraille, de l’envie de fuir, face à un interdit.
J'ai l'impression ici que ta plume sautille d'une gare à l'autre sans prendre le train. Tu sais ou tu dois passer pour arriver au but rechercher, mais ne t'intéresse qu'aux étapes, pas au cheminement. D'ou cette impression de suivre une pensée décousue, qui crache à intervalles réguliers des notions normalement liées par un trait continu.
La rosace avec sa lumière l’écrase, l’empêche de voir distinctement.
Ici nous devons nous souvenir que la rosace envoie une lumière rougie, qui ne peut donc pas être interprétée comme l'image la plus matérielle du silence. Ce n'est pas rappelé, mais évoqué, le lecteur est invité à se souvenir du chapitre précédent. J'ose espérer qu'ils sauront ne pas occulter ce "détail" sous peine ne modifier l'éclairage de la scène d'une manière dramatique pour sa compréhension : si la lumière est vue comme blanche, c'est au silence que leur esprit se tendra, pas au bruit.
Les deux pattes meurtrières ont pesé sur les accoudoirs, la queue dégagée soudaine s’agite dans l’air, touffue et fière, y claque d’un mouvement sec pour retomber battre tapie derrière les jambes.
L'image est forte, mais j'ai l'impression de regarder un tableau abstrait, pas de lire un texte.
Etonnant aussi ces "pattes meurtrières". Accuser quelqu'un de meurtre, même la patte d'un monstre, ne se fait pas à la légère.
se dresse à la tension palpable.
Plus que palpable, exprimée (cf la seconde phrase, sur laquelle je me suis abondamment penché).
Ce qu'appuie ceci :
Ses yeux sont agressés par la lumière.
Effectivement. La lumière n'est plus vecteur de silence. Car le voici, le réceptacle du silence, qui semble l'avoir absorbé aux lieux dès son apparition :
Le monstre n’a pas répondu.
Le silence ne peut plus exister. Il y a le monstre, là, devant.
et tout lui apparaît blanc, et tout lui paraît noir, et plus rien n’est gris.
Tout - Apparaître - Blanc
Tout - Paraîte - Noir
Rien - Etre - Gris
Très intéressant ici de décortiquer les notions de cette trinité des couleurs. Les deux pôles de la totalité tendent à renforcer leur pouvoir, alors que l'existence (être), impossible près des pôles, disparait. La vie, la mort, la renaissance.
Toute la salle en tremble, soudain se contracte, les murs se perdent dans la lumière trop vive. L’écho d’un second pas vient frapper les piliers, y tonne sonore, et ces coups répercutés martèlent la poitrine toujours du même son.
Ici tu retrouves la grâce de la seconde phrase et, ce n'est pas un hasard, sur le même thème : le son.
Petit bémol cependant : le "tonne sonore" sonne assez mal à mes oreilles.
La distance se dérobe
les piliers l’enserrent,
les armures (...) l’encadrent
Excellentes associations. Forme et fond dans un même élan.
tiède
torches ardentes
les traits de lumière lui brûlent les yeux.
l’écho furieux
le contact déchirant des griffes
La gueule remue
les crocs y fulminent
Au démoniaque, à la fureur, au bruit, répond :
la patte touche le tapis, s’y enfonce sans bruit
à ce contact se raidit,
Retour furtif du silence, emmené par celui-là même qui l'a absorbé. Le renard se "raidit". Si je prends ce terme comme une allusion au froid, je constate que tout s'équilibre, que Tale et le Monstre sont la montagne et la montagne inversée. Ce que me confirme cette phrase, plus loin :
Il se sent pris dans un brasier informe, où l’air est de flammes, ou des colonnes de fumée, le crépitement l’enserre, et les armures des glaces sombres qui réfractent ces éclats. Les yeux sont comme deux vastes incendies, et dans son dos les portes glaciales le font frissonner.
Vocabulaire du feu et du bruit, et termes du froid et du silence se répondent.
- Arrête !
- Que me veux-tu ?
- Pourquoi tu m’as amené !
Tutoiement significatif, la peur est toujours une amie proche, et sa représentation une vieille connaissance.
Significatif mais incohérent avec Tale, son caractère, sa nature même. Ici le prélude a été perdu du vue, le premier chapitre aussi, sacrifiés sur l'autel de ton obstination à vouloir bâtir un miroir entre le renard et le monstre. Ton besoin et/ou désir d'expérimentation t'aurait-il fait oublier toute cohérence avec ta ligne de conduite initiale ? La continuité que je sentais encore un petit peu jusqu'ici alors se brise.
Tale ne peut pas dire tout ceci, il ne peut pas rester devant le monstre si longtemps, tu le sais.
Le monstre a repris sa marche, et ses deux pattes alors foulent le tapis.
Tapis, tapis. Il y avait aussi un tapis dans la bibliothèque, un tapis qui retenait aussi le son de la marche du renard. Une peinture "titanesque" remplaçait la rosace, les étagères les colonnes, et le livre le monstre. Tout se rejoint d'une manière ou d'une autre.
Tout lui dit de fuir, et tout de rester.
Quand je lis certaines tournures de phrase, je pense exactement la même chose.
Mais, continue tes expérimentations. Je ne m'en occupe pas. A à mon sens, elles sont ici assez déplacées.
Sur un cri, elles se referment, dans le vide.
Le bruit griffe le silence.
Les murs, la pierre, la cire des chandelles lui rappellent cette créature.
Evidemment. Le silence était la créature dans le premier chapitre ; ici, la présence de la créature est physiquement effective, la peur a trouvé son réceptacle.
Sa mémoire lui rend les traits d’une créature affreuse, aux pattes, à la gueule poisseuses, et pire encore.
Pire encore qu'une gueule poisseuse ? Etonnant que sa mémoire lui ramène des traits sur lesquels il ne s'est jamais attardé. Avait-il occulté délibérément l'horreur que lui inspirait ce visage, lorsqu'il était face à lui ?
Sa course l’empêche de penser.
Et pourtant :
mais sa pensée ne suit plus
quand il pense avoir atteint la dernière marche
Les questions le rattrapent, qui, quoi, pourquoi, en même temps que ce pelage d’ocre, que les griffes serrées sur lui, et le pire, il n’est plus sûr de rien, de les avoir vues vraiment.
Ici, une question me rattrape, moi aussi : pourquoi avoir expérimenté d'une manière aussi désabusée sur un texte qui s'y prêtait si peu ? La moitié de cet écrit respire une incroyable nonchalance créative, un abandon de l'effort permanent propre à l'écrivain. Tu n'écris que pour toi-même, que pour voir matérialisés les mots immédiats de tes pensées.
gigantesque miroir qu’il traverse sans cesse
Miroir, oui, miroir. Tout est miroir dans ce texte. La montagne et la montagne inversée.
Son regard tombe vers le pied criminel, il frappe par terre mais aucun son n’est produit, et comme il murmure d’étonnement, celui-ci aussi s’évanouit.
Silence. Le monstre n'est plus visible.
« Laissez-moi partir ! ».
Vouvoiement ici. Oui. On tutoie la peur seulement quand elle n'est pas vague et impalpable.
Il entend, cette fois, sa voix faible, même timide : « Je veux rentrer chez moi. »
Retour du son. Le monstre est là.
La patte a touché terre comme une goutte sur une glace de cristal.
Et la grâce refait son apparition au bout de ta plume.
L’odeur de la sève le rappelle de l’inconscience. Le lierre l’enserre, s’écarte de lui. Le vent souffle doucement, l’air vif frémit aux feuillages lointains. Il se tient debout, sans se voir, sans sentir son corps, au milieu de la verdure, de ce tableau surgi de son souvenir, et qu’il sait, qu’il se persuade être artificiel. Les arguments s’abattent, un à un, tels des détonations. Aucun oiseau ne chante, les arbres sont immobiles, le ciel désespérément vide, il n’y a que des ombres, immenses, il manque quelqu’un.
Le petit renard ne reconnaît pas ce paysage, pourtant si familier. Les teintes de l’herbe sont comme des coups de pinceau donnés, qui descendent les pentes de la colline, que les arbres ponctuent. Puis il voit le vieux chêne, et sa souche à côté, mais ce n’est pas le même, déjà sa rêverie l’a transformé. Le feuillage printanier est tombé, seules restent les branches sèches, tordues, mordant au vent sec qui y souffle. Il n’a pas le temps d’en saisir plus, car rien ne correspond, sinon le détail d’un instant, extirpé de son savoir, et qui n’a pas sa place ici. Ce n’est pas sa forêt, mais un rêve, et cette pensée ajoute autant de beauté au paysage qu’elle ne lui en enlève.
Alors subitement lui vient le souhait de rester, d’explorer cette région pittoresque, née vraisemblablement de son seul esprit, et pourtant si étrangère, et si familière malgré tout. En même temps il cherche où il peut bien dormir, quel jour il est, quelle heure, ce qu’il doit faire, et qui l’attend. Il s’effraie de ne pas trouver, parce qu’il devrait être chez lui, un matin tranquille, dans son petit lit sous la fenêtre, mais sait le contraire. Comme rien ne presse, il se laisse aller plus avant dans cette rêverie.
Une présence le surprend. Comme un appel, comme un silence soudain dedans ses pensées l’avertissent. C’est un ami, c’est tout ce qu’il sait, le renard ne le craint pas. Ils se parlent, des mots aussitôt oubliés, sans se voir, simplement côte-à-côte, à regarder la forêt s’étendre au loin, sans savoir bien qu’en penser. Le renard a envie de lui demander qui il est, mais aussitôt son intuition lui fait penser à « Riss », ce mot détaché, soudain libre, qui l’atteint d’une flèche. Il a peur de tourner la tête, et que ce ne soit pas lui.
Il se souvient alors. La même légèreté irréelle du tissu le saisit. La blancheur même du souvenir s’impose à lui, sublime l’ensemble du paysage, qui subsiste encore. Le renard se retrouve entre deux mondes, entre le rêve et le cauchemar, il se sent tiré de l’un à l’autre, inexorablement, mais pire encore, la présence se trouve dans le second. Cette conviction l’écrase soudain, il a envie de crier, de tourner la tête, de trouver celui qui lui parle, de l’entendre, de savoir son identité, sans y arriver. Les mots lui manquent, l’appel s’éteint, il s’éloigne, il veut le retenir, les membres raidis s’agitent, se tordent dans des mouvements affolés pour se tourner, pour le voir, pour le saisir, désespérément, désespérément.
Tu es ici totalement détaché de ton texte.
Je te sens absent et décalé par rapport à la réalité de l'écrit. Réalité onirique qui recèle en son sein l'image matérialisée de l'absence. C'est toi, Auteur, "être écrivant", qui est absent du texte : tu penses ce que tu as voulu écrire, tu ne parles qu'à toi-même. "L'être pensant" s'adresse à "l'être écrivain" et lui dit : "voici ce que je pense, voici ce que tu dois écrire". Seulement tu n'as pas écrit. Tu as pensé.
Un nuage lui a rappelé que le monde existe.
Mais quel monde ? C'est assez étrange : au sortir du rêve, c'est un nuage, élément fuyant et évanescent s'il en est qui lui "rappelle que le monde existe".
Plus tard, c'est le mouvement des nuages qui "rendra vie" à la statue du monstre. Le monde existe, le monstre existe.
Peu lui importe, désormais. Elles ne servent qu’à l’effrayer, et même s’il sent le frisson de ses craintes le saisir encore, le renard n’y prête plus d’attention. Il l’observe pour ce qu’elle est, un vaste assemblage de métal, artistique, un épouvantail. En descendant les marches de l’escalier, c’est à peine si le renard pense à regarder derrière lui, si la créature de métal l’aurait suivie.
Etrange d'associer "artistique" à "épouvantail".
Tale fonctionne par suggestions et associations d'idées. Tel élément intérieur, suscité par une réflexion, un élément extérieur, ou une accumulation d'éléments extérieurs saura donner une présence invisible ou effrayante à l'armure. C'est selon. Il passe deux fois au même endroit sans jamais ressentir les mêmes choses, sans jamais voir le même monde. Ambivalence du renard, évidemment. Ce qui me ramène aux nuages, si changeants, les nuages qui lui rappellent que le monde existe, ou qui rendent vie à la statue du monstre.
Plutôt que de l’ouvrir, il plaque contre le battant son oreille, et reste là à attendre, dans le silence, pour ne pas se faire surprendre.
La lumière y est douce, terriblement naturelle.
Attendre dans le silence, alors que le silence l'attend derrière.
Un balcon de bois se présente devant lui, à la rambarde de cyprès, où l’air sent la fraîcheur du matin, la rosée. La sensation vague s’ajoute à sa surprise, d’entendre comme le sifflement des oiseaux, le frémissement imperceptible de l’herbe, le sifflement du vent dans les branchages. Le bois abonde, en piliers épais, en madriers au plafond, et le balcon contre trois des quatre murs, et les colonnes qui le soutiennent, puis les deux escaliers au centre qui se séparent et permettent de rejoindre le plancher de la pièce.
Cyprès. Détail très précis, aussi précis que le trône en chêne du chapitre précédent (et les escalier plus loin, toujours en chêne).
Le cyprès, l'éternité, la résurrection. Je me disais bien qu'il n'y avait que l'auteur pour savoir que la rambarde était de cyprès. Et en bas, va venir la porte, fermée. Pour l'éternité ?
Une statue superbe s’élève entre les deux escaliers, tout de chêne et massifs. Elle aussi marbrée, elle se dresse presque dos au renard, et les deux vastes plumages qui en surgissent, du même marbre blanc, la voilent presque entièrement.
Quelques erreurs plutôt puériles ici.
Le "superbe" de la statue prononcé avant que ce qui lui donne un sens ne soit écrit.
La statue qui "se dresse", alors qu'elle est de dos.
Elle fait face aux deux gigantesques fenêtres en ogive, où la lumière entre, d’où elle étale ses rayons. Des fenêtres plus petites s’ouvrent aux extrémités du balcon mais celles centrales les effacent de leur majesté. Dessous se trouve la porte d’entrée.
La lumière. Le silence.
Pourquoi nous parler des plus petites fenêtres si les centrales les "effacent de leur majesté". Utiliser un mot implique utiliser aussi son pouvoir : effacer, c'est effacer vraiment.
Quand à ce terme de "porte d'entrée". D'entrée ? Tale veut sortir. Tale sent l'herbe derrière cette porte. Il veut "rentrer" chez lui, mais ne conçoit pas la fuite de cet endroit comme une "entrée" chez lui. Il veut sortir. En nous présentant cette porte comme "d'entrée", tu introduis une confusion qui brise la continuité du récit, et annule avant qu'il ne soit arrivé tout l'affrontement à venir avec cette porte, fermée. Laisse la porte être ce qu'elle est, à savoir :
Elle est titanesque, d’emblée infranchissable, deux battants du chêne le plus épais, si hauts qu’ils dépassent le balcon, et fermés par un lourd madrier qui les barrent, renforcé de métal lourd qui le fait scintiller. La porte même est renforcée, véritable entrée de forteresse. Seulement le renard remarque, comme pour les portes de monument, deux portes rectangulaires découpées par leurs bordures métalliques dans les battants en ogive. Des anneaux y pendent, mais aucune serrure.
Laisse là jouer son rôle d'elle-même, comme ici.
Titanesque, le terme a déjà été employé pour le premier chapitre, à propos de cette peinture sur laquelle le renard voit un paysage vert, de l'herbe. Miroirs, miroirs.
Il s’arrête ; il est surpris ; il croit avoir entendu comme un pleur. Aucun écho ne suit, le jeune renard n’y pense plus.
Surpris ? Non. Interpelé. Avoir entendu comme un pleur, ce n'est pas "avoir" entendu une goutte. Un pleur implique le vivant, l'être, la présence physique ; on ne réagit pas de la même manière que s'il s'agit d'une goutte. Surtout en de telles circonstances.
A chaque fois l’anneau de métal retombe lourdement contre le battant.
Ma foi, cet "anneau" retombant sur le battant pourrait presque me faire penser ici à une "porte d'entrée". Cette phrase m'évoque quelqu'un qui frappe à la porte, pour entrer.
C’est le monstre. Il glapit. Il n’a pas pu retenir ce cri, plongé dans ses illusions d’enfant, plaquant sur ce marbre lisse le pelage cinglant de la créature, au roux démoniaque.
Roux ... démoniaque. Le mot est lâché et, immédiatement, je sais ici que tu as pensé et non écrit. Tu veux que ton monstre évoque le démon, mais tu n'as même pas besoin d'utiliser ce terme. La couleur "rousse", associée à un vocabulaire et des circonstances particulières, sait utiliser l'esprit à son escient pour lui suggérer la notion à laquelle tu penses. Penses à ce que tu veux écrire, puis écrit-le. Mais n'écris pas tes pensées.
et avec une rage qui ne lui appartient pas. Il veut se battre, ses poings cognent cassent frénétiques le silence du manoir. Le vacarme fait trembler la pièce. Il n’écoute que ses cris, surgis comme la cristallisation de la plus parfaite innocence :
Oui, la rage ne lui appartient pas. C'est celle du monstre dont la statue le surplombe ; le monstre qui est visuellement présent, mais pas physiquement, ce qui implique une appropriation par Tale de tout ce qu'il renard lui attribue. Tout comme lors de l'affrontement du début de chapitre : là, le monstre physiquement présent, qui avait absorbé le silence, avançait telle une statue.
Il se demande déjà si c’est bien le désespoir qui l’a poussé à se battre, ou bien l’injustice.
Le désespoir ou l'injustice ? Mais la réponse est déjà contenue dans la question. L'injustice suscite le désespoir, le désespoir ne peut pas susciter l'injustice. Tu ne peux pas mettre sur le même plan des notions qui ne sont pas parallèles.
Cette ultime phrase est assez significative du travail fourni ici. Tu formules tes certitudes en questions, et tu cherches à répondre à ces questions, ce qui ne cesse de t'induire en erreur. Je l'ai déjà assez répété : tu penses trop souvent ton texte. Couplé à une tendance expérimentale inutile et auto-destructrice (ici), ces larmes m'ont fait pleurer de rage et dépit. L'incohérence créative a dévoré ta rigueur avec férocité.Mais elle n'a pas tout mangé heureusement : certaines fulgurances isolées sont à noter (ton travail sur le son, merveilleux deux fois ; les reflets interposés entre Tale, l'environnement, et le Monstre ; l'utilisation finale du bois, mal négociée mais fort bien amenée).
Alors je me demande si c'est bien le désespoir qui t'a poussé à te battre contre toi-même, ou la vanité.
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Feurnard écrit: Il n'y a, dans le texte, que le son de la cloche qui me plait. Il est là, indiscutable, il perturbe. Je ne sais plus si, pour le décrire, j'ai employé le mot de "détonation". Ce mot est constitutif de sa signification. Le son de la cloche est une détonation. Si j'avais bien réalisé mon passage, il aurait dû marquer la fin de la fuite, avec au lieu de la chute d'escaliers (qui explique misérablement l'arrivée du monstre), simultané au coup de cloche, la chute de Tale tout court (il s'effondre, évanoui), avec ensuite l'arrivée du monstre tandis qu'il se débat pour rester conscient, et on le verrait qui s'avance vers lui.
Ce n’était pas grand-chose, qu’il avait vu alors, qu’il a cru voir, et voir encore, juste des ailes, sur le dos du monstre, quand il a tendu sa patte vers lui. Cela l’a dissuadé de se battre, et pourtant, acculé, il s’y était préparé. Qu’il en ait eu ou pas, à présent, n’a plus d’importance, n’en a jamais eu, ne devrait pas en avoir. Il veut sortir, fait un pas, sans en entendre le bruit sur la pierre. Son regard tombe vers le pied criminel, il frappe par terre mais aucun son n’est produit, et comme il murmure d’étonnement, celui-ci aussi s’évanouit.
Une cloche sonne dans le lointain.
Tale se retourne. L’ombre le regarde. Déjà, la lumière emporte ce spectre fugace, mais les recoins, les fentes de la pierre, tout le cuivre du couloir en garde la trace immuable, et tout attend tourné vers le petit renard. Alors les sons reviennent, il réentend son souffle, mieux que jamais, le perçoit oppressant, ses pas sur le sol comme il se recule, se retourne pour fuir. Les marches de l’escalier s’effondrent sous lui. La porte se referme, fermée par lui, et toujours aucune porte ouverte, aucun lieu où se réfugier, seulement l’écho affolé répété à chaque chandelier, dans le métal même.
Indiscutable ? Non, car la phrase par laquelle tu le fais intervenir peut tout et rien signifier à la fois. Ce qui est indiscutable s'impose de soi-même. Ici, la phrase est mise en valeur, isolée, mais le son de cloche, non. Tu as fait avec la forme ce que tu n'as pas réalisé avec le fond.
Perturbant ? Non plus car le son de cloche ne perturbe ni ne meut l'environnement. Il devrait appeler, il ne fait qu'emporter ; il devrait susciter, il fait revenir, comme une marée qui emporterait le nageur puis le ramènerait sur la plage.
Le son de cloche arrive entre deux phrases sans que rien ne s'y attache. On le sent venir et repartir sans jamais y accorder une seule attention. Le paragraphe qui suit est artificiel car impalpable : tu parles d'une chose juste arrivée sans jamais plus la citer. Juste avant, un murmure qui s'évanouit, juste après, les sons qui reviennent, l'écho affolé. Je vais me répéter une énième fois : tu as pensé ce que tu voulais écrire, tu as écrit ta pensée, mais ta pensée ne s'imprime pas sur le texte telle que tu la penses.
Ton interprétation du son de cloche me parle plus que le son de cloche du texte. Tu sais ce que tu veux faire, mais tu ne le fais pas. Ta cérébralité étouffe ta plume.
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Tu m'offre l'expérimentation pour nouvelle excuse. J'espère qu'à présent que tu me croiras, quand je te dis que mon propos n'est pas modeste, et que je n'exagère rien.
Tu trouves des incohérences, auxquelles tu cherches toutes les atténuations : il n'y en a pas. Ma démarche profonde, pendant des années, a été leur exploitation. Ce que tu trouves de génial, sont pour moi des erreurs, aussi longtemps qu'elles n'exploiteront pas l'incohérence. En ces termes, oui, les Larmes sont une expérimentation, mais je ne prétendrai qu'à la seule vanité de connaître mon niveau, à des éons plus bas du statut d'écrivain.
J'expérimente aussi, non plus mes propres méthodes, mais les critiques reçues, comme j'expérimenterai les tiennes. Les deux se valent, je me crois autant que quiconque. Si c'est inconciliable, pour sauter mon raisonnement, je veux écrire. Je suis du reste déloyal, mais pas malhonnête, je réduirai la taille de textes criminels. Je l'ai promis à Zara'.
Quant à dire que je corrige mal, cela me semble évident.
Enfin, je remets tout en question, sans en poser jamais. Je l'ai dit dans le texte : tout apparaît blanc, et tout paraît noir, et plus rien n'est gris. Tu cherches le gris dans le texte, mais s'il s'en trouvait encore, c'est que j'aurais échoué.
L'ambivalence de ma réponse tiendra en ce que toutes mes erreurs sont justifiées et que toutes mes erreurs sont des erreurs.
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Au final, j'ai ma réponse : tu es vaniteux et désespéré.
"Je surestime ton texte". Voici ta vanité.
"Ta démarche a été l'exploitation des incohérences". Ton désespoir.
"Te croire à des éons plus bas du statut d'écrivain". Ta vanité.
"Tu remet tout en question, sans en poser jamais". Ton désespoir.
Etre déloyal, c'est être malhonnête envers soi-même. A mentir ainsi à ta plume, il viendra un temps ou tu ne sauras même plus lui parler.
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- Vuld Edone
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Je sais déjà tous les détours que tu feras, fais-les si tu y tiens. A mon avis, tu m'accordes beaucoup plus de temps que je n'en mérite, et je t'en remercie. Je ne peux qu'apprécier plus d'attention.
J'espère qu'un Y<Z<X te satisfaira.
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