[Avril 2008] Le banquet de Marion / Acte 1 - Feurnard
- Krycek
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- Zarathoustra
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Je serais sans doute bref et superficiel, mais je préfère donner quelques pistes car je vais m'absenter bientot une dizaine de jours (pendant lesquels je compte lire Monthy voire te relire).
Déjà, première impression, j'ai pensé à Becket (en attedant Godot bien sûr (c'est d'ailleurs la seule chose que je dois connaite de lui ) pour le fait que tout le monde attend quelque chose d'un peu absurde et qui se refuse d'arriver.
Voilà, tout le monde est invité à un banquet mais personne ne sait où il se trouve. Il y a un côté assez comique dans cette situation, un comique absurde qui est tout ç fait mon genre. Et tu prends plaisir à différer l'évènement. Je suppose que c'est aussi savoureux pour toi de donner le rôle au Renard de celui qui sait où on doit aller. J'espère que tu nous oublieras pas en chemin...
Plus serieusement, ce grand banquet a quelque chose de symbolique. C'est un peu la vie elle-même. On nous promet qu'elle sera merveilleuse et on attend qu'on nous y conduit pour qu'elle le soit...
Donc, on a ce micro évènement puis l'arrivée de plusieurs personnages qui semblent tous devoir jouer un rôle: il y a la personne qui est là pour donner un message, il y a celui qui sait, un professeur, etc.
Tes personnages semblent tous là pour avoir une fonction, en tant que tel, ils sont différent, mais pour l'heure, ils me laissent tous froid, comme s'il n'avait pas d'âme, de personnalité. Ils ne semblent pas vraiment vivre.
Pour ce qui est de la forme, je ne me suis pas amusé à compter (et quand je l'ai fait c'étai bien des alexandrins) mais ce qui m'a importé, c'est que les vers étaient pour la pluspart "fluide". Je veux dore qu'on en arrive à oublier la forme. Bon, il y a quelques passages un peu artificiellement tordus où on sent que la forme a posé problème, mais vu la longueur du travail, je dois avouer avoir été bluffé.
De mémoire, il est principalement en AABB. Ca crée une certaine lassitude, un côté mécanique un peu desagréable. Davantage de ABBA me parit, dans l'absolu, souhaitable.
Bon, voilà ce que j'avais rapidement à dire (je ne l'ai pas lu dans de bonne conditions). Je tacherais de te relire pour creuser le fond et allumer plus loin que ces premières impressions. Mais les premières impressions sont toujours importantes et pour le lecteur et pour l'auteur car elle donne le resenti immédiat. Donc, là aussi, une bonne surprise, ton texte n'a pas ce côté parfois un peu étouffant, j'y ai découvert une légèreté inhabituelle (qui ne t'empêche pas de creuser des choses plus profondes), comme si cette écriture d'une pièce t'avait également diverti, on sent une certaine jubilation à avoir enchainer autant d'alexandrins, qu'il y a eu un peu de ludisme, qui rejaillise dans notre plaisir de te lire. J'espère ne pas me trmper trop en écrivant ça et que tu n'as pas vécu un enfer sans fin...
Peut-être à plus tard avant mes vacances, sinon compte sur moi à mon retour.
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- Vuld Edone
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Facilité de forme : le vers m'a permis de maîtriser sans peine les dialogues, alexandrin et rime plate, tout du long. Facilité de fond, je n'avais ni plan ni personnage, tout s'est construit au fur et à mesure des dialogues. Une facilité qui m'a permis d'achever l'acte en trois jours.
Pourquoi ? Simplement parce que le sujet de réécriture m'avait fait réfléchir, et que je voulais réécrire les chapitres des larmes. Il s'avère que je n'ai jamais pu terminer, au premier chapitre, la seconde phrase.
Ce texte a la valeur de " Un petit lapin tout mignon... ", je veux dire que je n'ai pas réfléchi un instant en l'écrivant. Je me suis amusé du début à la fin. La similitude est d'ailleurs assez frappante pour moi.
Je passe souvent des heures pour réfléchir la moindre phrase, et plus je fais d'efforts, plus j'ai l'impression de m'enfoncer. Trop confus, trop compliqué, trop "pas bien". Au fond, oui, le banquet équivaut en littérature ce qu'est le Berger pour le déplacement en public. Une humeur.
Si je reprends les Larmes, il est probable que ce texte n'aura pas de suite (navré, monsieur Fakt), d'où mon choix d'en faire un texte "one-shot". J'avais commencé l'acte deux, mais je me suis pris à réfléchir, et tout s'est enrayé. J'avais aussi remarqué que j'étais devenu incapable de faire parler Renart, parce que tout le monde lui coupait sans cesse la parole.
Et, permettez la digression, je trouve cela extraordinaire, ayant décidé qu'il était le personnage principal, qui devait se jouer des autres pour les faire attendre (j'en fais même un programme en apparté), que ce même personnage soit celui qu'on empêche de parler, et qui soit le plus inactif. Ses interventions prennent même du retard, comme s'il n'était plus là.
Je dois te donner partiellement raison, Zara'.
J'ai pensé ce chemin comme le chemin "de la vie". Pour être précis, je voyais le banquet comme le Paradis. Mais j'ai très vite abandonné toute cette symbolique, je ne l'ai même pas exprimée dans les premières lignes. Trop compliqué. Il faut se dire qu'au tout départ, toute l'intrigue tenait sur "Marion a oublié de faire cuire ses tartes".
Avec ta réponse, Zara', je me dis que j'ai atteint mon but. Je voulais juste, pour une fois, écrire un texte "léger" (bien que Mr Bouvier ait pour objectif d'être horriblement lourd). C'est un texte que j'ai eu plaisir à écrire, au détriment de la qualité.
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- Monthy3
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En revanche, je vais revenir sur les vers qui ne sont pas des alexandrins (et ils sont bien moins nombreux que semble le penser Krycek ), mais aussi sur quelques vers tout simplement maladroits, quelques fautes d'inattention, ainsi que sur les vers que j'ai préférés.
Je t'indique entre parenthèses le n° du vers que je relève, en espérant que je ne me suis pas planté dans ma numérotation...
On commence par un bon point : c'est un vers plus qu'agréable, bien équilibré, fluide et qui sonne bien avec son allitération en "m". Bref, ça met de suite de bonne humeur pour entrer dans le texte.Je vous adore aussi, Marion mademoiselle. (5)
11 syllabes seulement. Et pourtant, il passe bien, parce qu'on a envie de faire traîner le "seconde".Bienvenue, un instant, seconde, écoutez. (7)
Un vers que j'aime bien aussi, surtout pour le champ lexical, évidemment.Faites le beau, jappez ! C’est bien dans vos manières,(14)
13 syllabes. C'est le problème du "e" muet ou non, qui revient plusieurs fois par la suite.Et pourtant vous rirez, car ma fille s’est sauvée,(22)
Idem : on prononce le "fu/gues/et".Ses fugues et tromperies et se moque partout !(25)
Juste un "¨" malheureux sur le "i". Au passage, on relève une ambiguïté classique amour/haine.Je l’aime, je la haïs, je l’entends qui se moque,(36)
J'aime bien celui-là, l'effet comique est réussi.Non ! Non non non restez. J’y tiens, vous vous trompez : (64)
Ces deux vers font bel et bien douze syllabes, mais le "e" prononcé, à la césure, brise la musique dans les deux cas.Ce qu’il me faut dire, qui va vous étourdir.(83)
Mais vos joues rougissent, vous êtes fatigué,(86)
13 syllabes.J’ai le nom de l’amant, qui l’aime, elle veut y croire.(101
Ah, le Jules avec un "s", il t'a posé des problèmes 13 syllabes ici.Où sont les invités, et Jules, est-il parti ?(107)
Même problème du "e" prononcé à la césure.Que voulez-vous dire ? Que nous sommes perdus ?(112)
13 syllabes.Elle va toujours trop loin, mais ce m’est une chance.(114)
Rev'là le Jules, et sa syllabe supplémentaire.Vous ne le dites pas, mais votre Jules acclame(165)
Très bien vu, le raccourcissement du "tantôt". Ce vers est chouette !Tantôt contre tôt pour, c’est bon pour les filous !(197)
13 syllabes.Tant de générations vous appellent au combat,(204)
Je ne te ferai pas l'affront de te dire ce qui cloche.C’est arbre est du marron de l’automne en déroute !(211)
Belle métaphore. J'aime beaucoup.Ici clair là foncé, plaqué de recoins noirs, 212
Mais tout entier marron, voilà pour mes espoirs ! 213
Là aussi, un très bon vers, avec l'opposition comique "toujours/guère".Vous y pensez toujours ? Mais vous n’y pensez guère !(254)
13 syllabes (à cause du "es" de "auxquelles").Le geste décisif, auxquelles il faut répondre,(262)
Promenés.Dont le terrible sort nous aura promené (265)
13 syllabes (le "es" de "céréales").Céréales ou jambon, la faim donne des ailes.(274)
13 syllabes (à cause du "es", encore et toujours).Appelle un trait parfait et les sciences en sevrages(291)
Idem.Et ? Il pleut de ces mots absurdes où qu’on regarde,(299)
Et nous arrivons au bout !
Bon, ce sont souvent des erreurs toute bêtes, dues à la règle parfois complexe du "e" muet ou prononcé, et relativement fréquentes. Mais pour un texte de plus de 300 vers, eh bien c'est du plus que bon boulot, et les vers savoureux compensent ces erreurs.
Quant aux personnages, j'aime bien les apartés de Renart (encore un procédé classique, mais que tu maîtrises bien), ainsi que la façon dont il se joue de Fakt, et sa relation avec Mme Beaumont. Je reste en revanche plus réservé sur M Bouvier, dont tu n'as, à mon avis, pas encore bien exploité le potentiel comique. Tu as essayé la lourdeur en lui faisant tenir des propos assez patauds qui le font passer par des circonvolutions ridicules pour dire le plus simple/évident ; c'est une bonne idée, mais pas assez bien traitée. Tu as la lourdeur sans vraiment de comique (en tout cas, beaucoup moins qu'avec Fakt - mon préféré - et Beaumont).
Reste que je me demande combien de temps Renart va tenir !
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- Vuld Edone
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Ce qui me ferait dire que le texte s'essouffle dès le départ.
Pour rendre Mr Bouvier drôle, il me suffirait sans doute de faire des métaphores sans rapport, de jouer sur les lieux communs et d'accumuler les contradictions. Le ressort comique tiendrait surtout du cheminement qui d'un point A mène à un point B, si possible totalement différent. C'est un peu ce que souligne Mr Beaumont avec "céréales ou jambon".
Mais Mr Bouvier est le spectre de mon écriture, je serais jaloux de lui s'il avait du succès, aussi restera-t-il très certainement médiocre, même si j'ai en tête un long monologue pour lui (qui se devra alors d'être une once travaillée). Pour ceux qui étaient sur le Wafo', j'écrivais Zaleth de Goten, et même avec plein d'idées, je ne l'ai pas continué. Ici aussi, j'ai pas mal d'idées, que j'aimerais tester, et notamment, je n'ai pas pu lancer toutes les blagues que je voulais voir faire à Renart.
Ah, Spoiler, il ne tiendra que jusqu'au vers 764. J'emploie le nombre d'or, 38.2%, que j'ai vu appliqué dans un texte médiéval, et qui est censé équilibrer le texte. C'est d'ailleurs pour ça, Krycek, la numérotation que j'ai oublié d'effacer.
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- Forge-Rêves
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Scène 1
Je trouve que l'utilisation du verbe "planter" ne colle pas trop avec le style assez précieux de l'introduction et du reste du texte.Elle le plante là et sort, par la droite.
Après la lecture du texte.
Après j'ai un souci avec la rythmique du texte. En effet, le théatre au départ ne doit pas être lu mais récité... Bon j'avoue, je suis passé pour un malade mental aux yeux de ma famille en lisant ton texte à voix haute pendant plusieurs minutes. Tu mets un peu trop de virgules dans ton récit, ce qui le hache et ne le rend pas totalement fluide. Quoique moins sur la fin, au fil de ma lecture...
J'ai bien aimé les personnages d'ailleurs, surtout M. Fakt (le personnage une peu niais, presque le souffre-douleur du récit après Renart) et aussi M. Bouvier rien que parce qu'il a laissé cette bonne Mme. Bouvier de côté.
(D'ailleurs j'y pense... Le "Mr." est utilisé dans les pays anglophones pour "Mister", me semble-t-il... Est-ce fait exprès ?)
Je suis aussi de l'avis de Monthy3 lorsqu'il dit que les paroles de M. Bouvier sont un peu lourdes et j'ai eu du mal à lire sa tirade en une seule fois (surtout à l'oral). C'est tout ce que je trouve pour l'instant, les autres lecteurs ont déjà bien repris ton texte.
Bref, un texte très intéressant et je te tire mon chapeau : je n'aurais pas été capable d'écrire le quart de ce que tu nous as fait là
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