[Avril 2008] Introspection au bord du vide - Forge-Rêves
- Krycek
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Première réflexion après lecture : Wah ! On est à des années lumières de la "renaissance du Phenix"... je vais sur ta page d'auteur et me rends compte (oui, aujourd'hui 28 Avril) que nous avons en fait un Kimo Phénix sur les Chroniques ainsi qu'un Phoenix. Hem... d'où mon incompréhension.
Un texte court en 4 parties, 4 paragraphes, ce qui aide déjà à aller au plus clair et favorise la concision.
Première partie, le passé du personnage qui se morfond, se rappelle tout ce qu'il a fait de mal. J'ai trouvé légèrement facile l'explication de ses pêchés par une enfance "malhereuse". Là j'aurai plutôt vu une continuité dans sa passion, la vengeance (non surtout pas d'une femme morte) glaciale d'un homme, la folie... peu importe voire même aucune raison. Juste le fait qu'un personnage si houleux sache voir en son enfance malheureuse les conséquences de ses actes... moyen.
Deuxième partie, il retrouve un chemin plus "digne" tout du moins un camp qui se reconnaît dans ses actions. Puis, vu que l'Ordre se ramasse devant l'Empire, il se rend compte qu'il a peut-être (encore ?) choisi le camp des perdants.
Troisième partie, deux options : soit il se repent et se retrouve sur le billot (peut-être aurait-il été plus intéressant que le personnage voie clair à travers une option de rémission proposée par l'empire, au lieu de simplement savoir qu'il mourra) soit il continue sur sa voie de L'Ebène et meurt honorablement (tout du moins au vu de ses convictions).
Quatrième partie, de deux choix impossibles, qui mènent tous les deux à la mort, il choisit le plus intéressant à vivre.
Remarques que j'aurai habituellement donné et qui ne s'appliquent pas à ce texte :
- Non, pour une fois on n'y voit pas d'héroïsme primaire et cliché.
- Non, il n'y a pas besoin d'expliquer ce que sont l'Ordre, l'Empire, la Glaise, le Bois, etc... on comprends très bien l'évolution au fil des temps des ennemis, des mouvements de religions.
Par contre, peut-être revoir (très très rapidement, une phrase tout au plus) l'excuse du gamin qui se faisait tabasser à l'école ainsi que l'option, un peu trop simplement donnée, de la tête sur le billot du repenti.
A part ça... franchement, j'ai bien aimé ce One Shot. Il se suffit à lui même et le ton donné est des plus apréciable. Retirer les questions de discours indirect libre donnerait peut-être même plus d'unité au tout, mais cela reste de la pinaillerie.
Non vraiment, pour quelque chose de si court, savoir donner tant, chapeau monsieur.
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- Forge-Rêves
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Par contre, peut-être revoir (très très rapidement, une phrase tout au plus) l'excuse du gamin qui se faisait tabasser à l'école ainsi que l'option, un peu trop simplement donnée, de la tête sur le billot du repenti.
Hmm... Ok, je vois ce que tu veux dire par ceci... J'ai une idée sur la façon dont je pourrais modifier ces quelques petites choses.
Sinon... Merci
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- Vuld Edone
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Premier constat, ce texte est monobloc. Pour sa taille, les paragraphes trop gros auraient mérité un découpage plus fin. Je peux les donner.
Au premier paragraphe, retour à la ligne à "Le meurtre de mon père...", retour à la ligne à "Je revois les courbes parfaites...", retour à la ligne à "La brute de l'école...".
Au second paragraphe, retour à la ligne à "Au contact du monde des rêves...", retour à la ligne à "J'aime à croire qu'au contact...".
Au troisième paragraphe, retour à la ligne à "Je me retourne....", retour à la ligne à "L'ordre a été décimé...".
Ce découpage, je m'excuse de peu, devrait sauter aux yeux du premier venu, comme une évidence.
Second constat, les phrases tirent en longueur :
Je n'ai pris que quelques exemples, et s'il existait le double-barre, je l'aurais employé à plusieurs reprises. Ici, il faut séparer en deux phrases, là le détail est totalement inutile. Les images sont dépourvues et d'intérêt et de force. En apprenant cela, nous n'apprenons rien. Pire encore, cela va à l'encontre totale de la phrase lapidaire qui débute le récit.L’abîme devant moi est impénétrable, [barre:2ghs14yq]de la même couleur que le morceau d’Ebène fixé à mon cou par une cordelette.[/barre:2ghs14yq]
Je sens le vide qui m’attire, [barre:2ghs14yq]qui déploie patiemment ses ombres dans les méandres torturés de mon esprit, dans l’espoir d’atteindre mon âme.[/barre:2ghs14yq]
Le cœur de la bataille, les regards emplis de peur de ces enfants-soldats [barre:2ghs14yq]lancés dans l’affrontement comme une meute de chiens auxquels on aurait retiré les crocs et les griffes, seulement capables de se faire massacrer en silence.[/barre:2ghs14yq]
Je me consacre entièrement au Bois, à sculpter des rêves [barre:2ghs14yq]toujours plus audacieux pour ceux qui sont appelés à mourir.[/barre:2ghs14yq]
La falaise qui monte à pic me montre un autre futur possible, [barre:2ghs14yq]me menant à l’Empire où je me vois allongé sur le billot, sanglotant mes dernières prières à voix basse, en espérant que quelqu’un dans la foule me reconnaisse et se porte garant de mon honneur.[/barre:2ghs14yq]
Car c'est cette phrase initiale, mon seul repère dans le texte :
Tout ce qui ne correspond pas à ça est une erreur. Mais faisons un exercice simple. Mettons côte à côte la première et la dernière phrase du texte :Perché sur une corniche instable.
Nous trouverons toujours, par miracle, une signification quelconque, mais avouons la relation extrêmement ténue et la difficulté d'y trouver du sens. Certainement pas celui du texte.Perché sur une corniche instable. Un Héraut ne saurait fuir un combat.
Et c'est là mon troisième constat, les deux premiers paragraphes n'ont rien à voir avec le troisième, et rien à voir avec le sujet du texte. Pour moi, on pourrait sans autres les effacer. Testons :
La transition de la première phrase au troisième paragraphe ne pose strictement aucun problème. La suppression des deux premiers paragraphes est d'autant plus possible que, comme le dit Krycek, on se moque de savoir ce qu'est l'Ebène et ce qu'est l'Empire, et quelle a bien pu être sa vie. Le texte en dit au moins autant avec "comme je l'ai toujours fait" qu'en un paragraphe.Perché sur une corniche instable. Un chemin se dessine vers le vide, un chemin ardu, semé de nombreux obstacles. Je le parcours lentement des yeux, cherchant à identifier les dangers qu’il recèle. Il me dit que je pourrais continuer à me battre, comme je l’ai toujours fait, à initier d’autres enfants aux mystères de l’Ebène, à leur faire entendre Sa voix. Ce parcours est parsemé de cadavres qui accompagneront mes pas et me reprocheront mon choix. Il serait tellement plus simple d’abandonner, de rester sur cette corniche et d’essayer de survivre en silence jusqu’à ce qu’elle cède et que je meure là, seul et oublié du monde. Je me retourne. La falaise qui monte à pic me montre un autre futur possible, me menant à l’Empire où je me vois allongé sur le billot, sanglotant mes dernières prières à voix basse, en espérant que quelqu’un dans la foule me reconnaisse et se porte garant de mon honneur. Mais je le sais, personne ne se présentera pour me sauver. L’Ordre a été décimé. Quiconque s’opposera à l’Empire sera déclaré Parjure. Quiconque s’opposera à l’Empire verra sa tête dessinée sur de grandes plaques de cire placardées dans toutes les villes. Quiconque s’opposera à l’Empire subira des semaines de torture publique, afin que tous se rendent compte de ce qu’implique le refus de l’autorité. Quiconque s’opposera à l’Empire mourra sans que personne ne s’en offusque, sans que l’Histoire retienne son nom.
J’observe attentivement les deux voies et choisis mon destin. Je suis le dernier Héraut, serviteur de l’Ebène. Un Héraut ne saurait fuir un combat.
D'où le quatrième constat, ce texte parle de tout et de n'importe quoi. Au début, il n'y a que le vide, un texte promis comme monochrome. Soudain, on me parle de colère, de honte, de plaisir, de sadisme, d'enfants-soldats, et je me retrouve à traiter de rêves et d'un Empire, et il n'y a strictement aucune connexion entre l'un et l'autre. L'ordre de l'Ebène aurait pu être l'ordre de la Casserole, cela serait revenu au même. Il aurait pu être ramoneur, son discours aurait été pareil.
Testons :
Quoiqu'aberrant (j'ai choisi le fruit en hommage à Fallout 2), cela fonctionne. Nous pourrions tenter la même chose avec l'ordre du Phenix, en "taillant" au lieu de "sculpter", et changer "disciple" par n'importe quel métier de guerre, sans même la connotation mystique, et pour peu qu'on modifie le mot "lame", n'importe quel office comme "grenadier" ou "spatio-pirate".L’illumination. Un prêtre, m’ouvrant les portes du Fruit et d’une nouvelle vie. Je me consacre entièrement à la Pomme, à nourrir des rêves toujours plus audacieux pour ceux qui sont appelés à mourir. La prêtrise prépare mon esprit à la découverte de nouveaux sentiments, forge ma conscience afin qu’elle pense par elle-même et qu’elle fasse ses propres choix. Au contact du monde des rêves, je deviens maître de mon propre univers. Je reprends vite le chemin des armes, celui pour lequel j’étais devenu un Général, il y a déjà si longtemps. Je ne choisis que des causes que je juge justes, leur offre ma lame pour qu’elles deviennent miennes, peut-être pour soulager ma conscience des atrocités que j’ai pu commettre. Une manière de canaliser la haine, la folie qui me consument depuis mon enfance ? Possible. Mais pas forcément vrai. J’aime à croire qu’au contact du Fruit, mon existence a changé. Mais maintenant, de nouveaux bouleversements m’attendent. L’Ordre du Fruit est en passe d’être anéanti. Et je suis sur cette simple corniche, qui me maintient au-dessus de mon passé et de la colère qui s’en dégage.
Non.
La première phrase m'avait promis un texte monochrome et lapidaire, avec l'idée du vide, de la chute, le jeu de la hauteur, mais ni de la psychologie warhammerienne (pour être péjoratif), ni un faux choix sans rapport avec la situation.
J'aurais beaucoup à apprendre de ce texte, pour corriger mes propres erreurs, mais je vous laisser deviner ce que j'apprends de mon écriture en découvrant les corrections que je demande pour celui-ci.
Découpe, réduis la taille des phrases, supprime tous les détails inutiles. J'ai envie de dire qu'il faudrait être obsédé par la première phrase, bien plus que par notre plan ou le sujet même du texte tel que nous l'avons décidé. La première phrase est un repère, le phare dans cet océan d'encre, l'ancrage du lecteur. Si ce n'est pas le cas, ta première phrase est à refaire. Si c'est le cas, relis-là autant de fois que possible, ne cherche pas à savoir ce que tu y as dit, mais ce qu'elle dit par elle-même, rendue à elle-même.
Je me demande... mais ce sera pour une autre discussion.
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- Zarathoustra
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Vu le sujet, il est un éceuil que tu as su éviter: le "en dire trop" et le "en dire pas assez", comme le disait Krycek, tu restes elliptique sur pas mal de sujet, le background notamment, mais on "comprend". Et c'est plutôt pas facile à faire. Du coup, malgré la brieveté du texte, il possède une bonne densité (en fait, c'est logique, plus on est bref, plus on doit être dense), mais une densité tout à fait lisible.
Le thème en soit est intéressant. Il permet de justifier à la fois logiquement le passé du protagoniste, ses pensées et sa projection sur l'avenir. Maintenant, la façon dont tu évoques le passé n'est pas forcément maitrisé. Je veux dire que tu parles de faits, mais il analyse très peu ses faits. Ils sont là pour faire comprendre au lecteur qui il est plus que pour se comprendre soi même lorsque cela aurait dû être le cas à un tel moment de la vie. Ton personnage reste un peu à la peripherie de ce qu'aurait dû être son introspection. Ici, on a plus une succession d'image, un flashback un peu cinématographique, mais pas d'analyse de fond. Pourquoi était-il martyr à l'école? Je trouve que la trajectoire de ton personnage est un peu mécanique. On resent très peu ses émotions malgré tout, alors qu'il aurait dû être un écorché vif (option "il a pas su se faire une carapace de ses blessures d'enfant) ou un dur au coeur tendre (option "il a sa carapace mais elle n'est qu'apparence).
Maintenant, il y a une certaine confusion à te lire. On peut la justifier par la confusion du personnage elle-même, mais au contraire, il semble assez lucide. Je dirais qu'elle provient plus de ta volonté à vouloir dire beaucoup tout en donnant un côté littéraire et poétique à ton texte. Et là, je pense que certaines des suggestions de Feuranrd sont pertinentes (même si Feurnard est très froid en terme d'analyse). Pour ma part, je pense qu'il serait intéressant de donner un peu plus d'ame à ton personnage, à nous faire vivre des émotions plus qu'un déroulement de son parcourt. Jene suis pas sûr qu'à un tel moment, on se raconte sa vie en commençant par le début pour arriver à la fin. On passe du coq à l'ane, mais il y a une logique des idées qui font basculer du coq à l'ane. On le trouve dans ton texte dans le côté confus qu'il peut avoir, dans l'utilisation de l'ellipse, mais assez peu dans la construction chronologique. Le fil des pensées est quelque chose de très subtile à faire naitre dans un texte, mais c'est tout le challenge du sujet. Donc je pense que tu y parviens sur certains aspects mais pas sur le fond du texte, pas dans l'aspect chronologique du texte.
D'ailleurs, si tu avais cassé ta chronologie, si tu avais réussi à construire sur le fil des pensées, tu aurais pu t'apercevoir que le sujet était vraiment là et que le texte aurait pu être beaucoup plus grand. On peut écrire un vrai roman avec un tel sujet. Là tu as écrit une esquisse d'un tel sujet. Ne prends pas sa comme un reproche, mais comme un constat sur ce qu'aurait pu être un tel texte. Je ne pense pas que tu aies eu une telle ambition, donc, encore une fois, ce n'est pas un jugement sur le réultat. Par rapport à ce que tu couhaitais visiblement faire, je pense que tu assez réussi. Maintenant, je te livre des réflexions pour revoir l'ensemble si l'idée t'en chante. Mais ce que je propose estpar contre extrèmement difficile et si tu le réussissais, je pense que tu aurais le droit à avoir une grande ambition.
En espérant que je sois malgré tout clair (ce sur quoi j'ai un petit doute).
Te voilà avec pas mal de reflexions avec tout ce qu'on t'a dit. A toi de jouer, de voir si tu souhaite creuser nos réflexions.
Les Chroniques vont à leur rythme, mais je pense que tu as des retours que tu auras difficlement ailleurs. A toi de jouer le jeu avec nous. La balle est dans ton camp!
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- Forge-Rêves
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Bon, je vais essayer de me "défendre", héhé...
Je vais commencer par Feurnard... Bon là, je sais trop quoi te dire en fait... Je vais essayer de prendre tes arguments un à un pour les commenter, bien que je ne sois pas très doué en ce domaine.
Premier constat, ce texte est monobloc. Pour sa taille, les paragraphes trop gros auraient mérité un découpage plus fin. Je peux les donner.
Au premier paragraphe, retour à la ligne à "Le meurtre de mon père...", retour à la ligne à "Je revois les courbes parfaites...", retour à la ligne à "La brute de l'école...".
Au second paragraphe, retour à la ligne à "Au contact du monde des rêves...", retour à la ligne à "J'aime à croire qu'au contact...".
Au troisième paragraphe, retour à la ligne à "Je me retourne....", retour à la ligne à "L'ordre a été décimé...".
Ce découpage, je m'excuse de peu, devrait sauter aux yeux du premier venu, comme une évidence.
A vrai dire... un découpage plus fin ne m'intéressait pas. Tout simplement parce qu'il y aurait eu un peu trop de ruptures dans le texte et que cela aurait nuit à une certaine fluidité (qui n'existe pas vraiment puisque mes phrases sont plutôt courtes et hachurées...). Le texte est déjà brisé par des phrases peu longues, en trois parties, donnant un certain rythme (en tous cas en principe). Mais... tu n'as pas tort, en tous cas avec les idées de Zara sur lesquelles je m'exprimerai plus bas.
Concernant ta démonstration... Je n'ai ma foi pas grand-chose à dire. A part que je vais vraisemblablement reprendre ce texte... En réalité, je l'ai voulu comme ça, en trois parties. Je voulais le passé, le présent et les futurs de mon personnage. Peut-être que c'est vide de sens pour toi mais moi j'y vois un sens... Et je n'ai pas été assez habile pour vous le faire percevoir, sans aucun doute. Je ne tiens pas vraiment à me justifier mais ce texte, je l'ai presque écrit d'une traite. L'objectif avec ce texte était de partir d'une phrase ("Perché sur une cornique instable") et de voir si j'allais être capable de rédiger quelque chose de correct à sa suite. Concernant Feurnard... Je n'ai rien à ajouter
Maintenant Zarathoustra... Tu as raison, je ne me suis pas vraiment attardé sur l'analyse des faits, je me suis contenté d'énoncer ces faits. A te lire, mon personnage ne fait pas d'introspection, il se contente d'un catalogue exhaustif des évènements qui ont marqué sa vie, sans entrer dans le fond des choses et les analyser, ce que j'aurai dû faire. Tu as également raison quand tu parles de la recherche d'un effet littéraire/poétique : je l'avais recherché, sans néanmoins l'ancrer entièrement dans le texte. Comme je l'ai expliqué à Feurnard, j'ai pris une phrase et j'ai écrit une suite que je voulais ne pas être trop longue. Comme tu le dis plus bas...
Par rapport à ce que tu souhaitais visiblement faire, je pense que tu assez réussi.
... effectivement, j'avais atteint mon objectif. Mais les pistes que vous me proposez me semblent très pertinentes et je pense que je vais travailler dessus comme un exercice. Quand ce sera fait, je vous inviterai à le critiquer dans la section Travaux d'écriture
En tous cas merci pour ces critiques très constructives que je n'avais pas encore eu ailleurs que sur ce site. Et cela fait beaucoup de bien
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- Vuld Edone
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Je me dois de défendre le découpage, parce qu'il existe à priori dans le texte.
Dans la partie passée, aux premières impressions succède une liste des souvenirs, passage de l'abstrait au concret s'il fallait souligner la différence. Le second découpage est justifié avec le retour de la première personne, qui retire du souvenir, ramène en partie au présent, à l'énonciation. De là, c'est le jugement sur cette personne, moins que la liste des actes. Dernier découpage dans le passé, le retour à la source, avec la brute de l'école, et caetera.
En résumé, les parties sont "Emotions - Souvenirs - Jugements - Explication". Quatre parties à priori dans le paragraphe, quatre objets différents que ton découpage fait passer pour un, à mon sens, une erreur. Il en va de même dans les autres paragraphes. La justification, bien entendu, demanderait un développement plus long.
Si j'étais normatif, je ne justifierait le découpage que par facilité de lecture, par un "c'est trop long". Aujourd'hui obligé à l'analyse (pour le mieux, supposerai-je), je le justifierai par la thématique. En mettant en exèrgue le découpage interne du paragraphe, en le soulignant par la mise en page, tu facilites la compréhension du texte, tu valorises chaque partie, et surtout, tu peux mieux les travailler, les mettre en relation.
Je pourrais citer mes textes comme les contre-exemples parfaits de ce que je te dis, mais passons.
Aborder le découpage passé, présent, futur, s'avère plus ardu puisqu'il t'appartient. Quelques banalités à dire, d'abord, par convention. Le choix du temps t'aurait énormément facilité la tâche. Ici, tu veux signifier au lecteur que le second paragraphe parle du présent, que le troisième parle du futur.
Mais le second paragraphe commence par "retour dans un passé plus proche", toujours du passé. Le seul moment où nous sommes réellement au présent, c'est quand arrive le "maintenant", trois phrases avant la fin, quasiment à la dernière ligne. Quant au troisième paragraphe, s'il est surchargé d'indices de futur (le chemin parcouru, les dangers recelés, etc...), il reste au présent, et le choix à faire est au présent. J'observe en ayant voulu le tester que changer le temps des verbes est impossible. Tout se passe vraiment au présent, du début à la fin.
Il t'aurait suffi d'ajouter la contrainte du temps verbal, à savoir n'utiliser qu'un futur au troisième paragraphe, qu'un passé au premier, pour réussir ton découpage. C'aurait été pour moi une solution de facilité. A mon avis, c'est la relation entre les paragraphes, et plus avant, l'image de la corniche, qu'il faut exploiter.
Puisque tu n'as eu pour postulats de départ que la corniche et ce découpage temporel, tu aurais pu sans peine les lier. "Dans mon dos / du bas de la corniche / remontant la pente jusqu'à moi viennent les souvenirs" pour le passé, "Perché sur la corniche / avec moi tout en haut / à la pointe en équilibre se tient l'Ordre, mon ordre" pour le présent, "Dans le vide / devant moi sous mes pieds / l'abîme dessine un chemin etc..." pour le futur. Aucune prétention stylistique, je n'ai voulu qu'exemplifier les possibilités pour exploiter l'image de la corniche, en termes de "passé (en bas de la corniche, comme quand il se retourne), présent (la corniche même) et futur (de la même manière que tu l'as exploité)".
Cela t'aurait aussi permis d'exposer le choix dès le départ, sur le schéma (permets-moi l'expression) ultra-classique sinon sacro-saint de la thèse-antithèse-synthèse. Ici, en l'occurrence, plutôt antithèse-thèse-synthèse, antithèse de la vie passée à être méchant avec un lien que je ne connais pas à l'Empire, thèse de la vie présente à être gentil ébéniste (pardon du jeu de mots) qui tue et massacre pour le bien (pardon pour la subjectivité), synthèse de la vie future avec choix entre le passé et le présent, qui est je crois l'objectif vers lequel tu voulais tendre.
Tout cela n'étant toujours, de mon point de vue, qu'une certaine facilité, mais ce sont les premières idées qui me sautent à l'esprit.
Je crois que nous sommes passés à côté d'un point qui mériterait une certaine attention, à savoir l'Ebène. L'Ebène apparaît dès le début du texte, il revient dans tous les paragraphes, pour ainsi dire, prend une importance démesurée. Il serait bon de l'exploiter aussi, de lui trouver une place. Au vu de ton travail, de ton objectif, j'ai du mal à trouver la raison qui a fait apparaître cette notion.
Autant les courbes parfaites de lames et les enfants-soldats m'ont directement rappelé les drucchis ou elfes noirs de Warhammer, autant l'ébène a immédiatement fait écho aux sylvains, aux druides, à la nature et aux oiseaux. Difficile de comprendre sa place sur une corniche de pierre, plutôt qu'en haut d'un hêtre. L'ébène demanderait vraiment à être motivé, à mon opinion, par la corniche. Dans le texte, il est lié au vide par la couleur, mais l'ébène représente l'Ordre, qui représente le présent, alors que le vide représente le futur, du moins, l'un des futurs possibles. A mon avis, ce serait plutôt la roche qui devrait avoir la couleur de l'ébène, même si cela, vraisemblablement, semble impossible.
Je laisse l'introspection de côté, effectivement, j'ai un coeur de pierre, je l'aurais condamnée à priori.
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- Zarathoustra
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Je pense aussi que c'était une petite limite de ton texte. On resent cette satisfaction et qu'elle t'a bloqué pour améliorer ton texte. En quelque sorte, c'est la limite de ton ambition dessus qui est la principale faiblesse. Mais c'est aussi une qualité dans la mesure qu'à la lecture tu ne crées pas un maque comme c'est le cas d'un texte qui laisse entendre beaucoup et qui donne peu. Tu es plutôt dans ceux qui suggère assez peu au début et qui donne plus à l'arrivée, et je préfère de loin cette catégorie..effectivement, j'avais atteint mon objectif.
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- Imperator
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Or une chose me pousse à écrire ce commentaire qui, sinon, ne rajouterait sans doute rien à ce que les autres ont dit (mais si j´avais une ou deux heures devant moi, franchement, je prendrais plaisir à le décortiquer). Les participes présent.
C´est un peu devenu mon cheval de bataille, mais gaffe en les utilisant.
Par exemple:
- leurs corps s’affaissant devant moi,
- La brute de l’école abattant avec fureur ses poings
- Les paroles assassines du Père me reprochant de ne pas avoir enduré
Franchement, je ne sais pas si je suis le seul, mais c´est quelque chose qui donne à ton texte une allure lourde, un peu pédante et redondante. Je ferais volontiers le rapprochement avec le "parlé Yoda" qui pose problème en poésie.
Un bon participe présent, par exemple, serait:
- d’un courage inexistant
Car le courage était inexistant au moment des faits, c´est une qualité et donc le participe présent est à sa place d´adjectif.
En revanche, pour dire:
- leurs corps s’affaissant devant moi,
Il faudrait ajouter quelque chose comme:
Leurs corps s´affaissant devant moi, je pris conscience de...
Mais le participe présent ne remplace pas un verbe conjugué. Ou alors, mais je ne l´ai jamais vu, en faire un style à part entière. Pas évident.
Bref, qu´on me dise si j´ai tort, mais ces participes présent, vraiment, me dérange.
***
Il me reste un peu de temps pour commenter un peu plus le fond (vais pas m´attaquer à la structure en dix minutes). Au fond, j´ai bien aimé, parce que si le départ est un peu cliché, un rien trop lourd et alambiqué à mon goût (je déveloperais plus tard si j´ai le temps), la fin, elle, apporte sa fraîcheur au texte. Sans être l´originalité incarnée, elle a l´avantage de donner une profondeur au texte qui est là la bienvenue.
Si je devais résumer ma pensée en quelques mots, je dirais surtout, mais ce n´est qu´une impression (pense bien que je n´ai eu que cinq minutes pour juger ton texte, c´est trop peu pour un avis objectif), que le personnage est trop linéaire et ses changements trop fluides. Il manque cette petite défense psychologique que possède les gens, ou un rien de subtilité dans la pensée.
Ah, et le coup de l´enfant battu à l´école est assez cliché quand même. Un bon moyen de faire passer ce genre de chose est de le sous-entendre au lieu de le dire directement.
Enfin bref, un commentaire très incomplet, mais je tenais à le faire.
Impe, qui retourne au néant... euh, au cours d´allemand.
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