file [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos

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il y a 16 ans 6 mois #14272 par Zarathoustra
Je ne vais pas faire une analyse précise comme tu le fais, mais le faire à ma façon, en partant plus d'un resenti général qui pourra permettre d'ouvrir une discussion. D'une part, parce que la taille du récit ne s'y prete pas et il y a, AMHA, des choses suffisement importante sur la vision d'ensemble à évoquer avant d'aller dans le détail.
Je vais d'abord parler de ton introduction jusqu'au "reveil". J'avoue ne pas avoir eu le courage d'aller plus loin dans un premier temps parce que je dois t'avouer que ce début m'a un peu tombé des mains.

Tout d'abord, j'ai essayé de faire un parallèle entre ta première version et la seconde. Et, comment dire, cette 2eme version ne me convient pas du tout. Autant il y a un mystère et une certaine modestie, autant la 2eme version dégouline de partout. Tu en fais trop. Là où on avait un subtile équlibre, on a des phrases et des phrases où on a l'impression que l'auteur se fait plaisir et oublie le lecteur. Ce sont de belles phrases, longues et travaillées et complexes et tout et tout. Mais ce sont des phrases qui sentent l'auteur qui cherche à faire écrivain. Je suis sans doute très dur, mais je sais le degré d'exigence que tu as en terme d'écriture avec nous et avec toi-même et devine quelle est ton ambition. Mais, tu es actuellement au stade où tu te découvres écrivain et où tu veux le montrer, et c'est ça qui me gène. Tu veux en mettre plein la vue, mais, pour moi, fondamentalement, ça tourne à vide. Je te trouve d'un coup lourd et prétentieux. Lourd non pas sur le style mais sur le sens. On sent que c'est tellement travaillé que tu as tué l'étincelle.
C'est d'autant plus choquant lorsqu'on relit ta première version (mais c'est aussi ça l'intérêt de nous soumettre les deux versions). En commençant ma lecteure, je me suis immédiatement mis à tiquer là où j'avais été immédiatement séduit (je me suis dit d'abord: tiens, je m'étais planté à ce point?). Entre temps, tu nous a expliqué tes intentions. Effectivement, on voit mieux ton travail sur la musique et ton récit, mais du coup, tout s'alourdit. Je trouve tes phrases creuses. OU inutlement clinquantes.
Attention, on sent un immense travail, sur le ryhtme, sur le champ lexique etc. Mais c'est ça qui va pas pas, on sent ce travail, là où il y avait une fluidité, un point d'equilibre entre travail et intuition. Ici, tout n'est que travail. Or j'apprécie tout particulièrement le travail qui ne se voit pas. Le spontané qui ne l'est pas. Surtout quand on veut commencer à être écrivain. Et il me semble qu'il faut être très sur de soi pour écrire "simplement" quand on sait qu'on peut écrire compliqué. Tu utilises la musique comme toile de fond. Un musicien que j'apprécie tout particulièrement (mais qui a fait du tattapoum pas du classique ;) ) citait la parole de son professeur: "avant de faire un accord il faut savoir jouer une note". Et lui l'appliquait à la lettre en allant vers plus d'épure, jusqu'à utiliser la silence en tant que matière sonore. Je ne sais pas si ça te parle. Ta première version jouait justement avec cette interrogation. Ici, tu sembles vouloir montrer l'orchestre sans chef d'orchestre. C'est sans doute réussi sur le fond, mais la forme me gène (ou l'inverse, je ne suis pas un vrai littéraire)

Cela dit, soyons un peu plus positif. Je pense qu'il y a plusieurs étape pour être un écrivain (chose pour lequel tu donnes les moyens). La première est d'écrire en apprenant à écrire en quelque sorte. Bref, ecrire sans savoir écrire. La seconde consiste à écrire en sachant écrire. Cette étape est certainement en partie infinie, mais je dirais qu'à un moment on organise son travail, on utilise des procédés d'écriture et surtout on montre ce qu'on sait faire. La troisième serait pour moi celle où on ne cherche plus mais où on trouve (c'est plus ou moins un citation de Picasso). Tu es clairement dans le 2eme étape. Picasso avant d'être cubiste a d'abord montré au monde qu'il savait peindre. Ca a donné sa periode bleue et rose. Puis, il a fait table rase et est parti dans l'inconnu et il est devenu véritablement Picasso. Le Picasso qu'il a été jusqu'à la fin de sa vie (ce qui ne veut pas dire qu'il a stagné). Bon, l'exemple est un peu prétentieu en terme de comparaison sur un site tel que le notre. Mais il me semble que tu as une certaine ambition, donc inutile de te comparer à nous! ;)
Si je formulais un peu à ta façon, ne nous montre pas que tu sais écrire mais écris. C'est étonnant parce qu'encore une fois, c'est ce qui m'avait impressionné dans ta première version/ Cela dit, ce n'est que l'introduction donc tu t'es peut-être rattrappé après. Mais si l'esprit de ton retravaill suit la direction du début, il me semble que tu as perdu beaucoup de choses en chemin en voulant rallonger la sauce (et ça ne me donne pas trop envie d'y aller, surtout si je vais en premier lieu apprécié les vestiges de l'autre version... A toi de me dire). Là on voit de belles choses, on voit un immense potentiel, mais c'est un peu le cuisinier qui a force de vouloir faire la plus elle sauce oublie qu'il n'y parfois besoin que de 4 ou 5 ingrédients si ceux-ci sont choisis avec perspicacité. En fait, j'ai un peu l'impression d'un texte qui a été écri par quelqu'un qui ne vit plus que pour ce texte et qui n'arrive plus à prendre de recul. Un texte d'une personne qui se noie à force de regarder son travail et qui ne peut s'empêcher d'en rajouter encore et encore pour améliorer l'ensemble (comme si le "toujours plus" était une fin) en se disant que plus la coque est grande plus elle flottera, là où il y avait besoin d'un mot ou une phrase, et qui du coup, laisse des brèches encore plus grandes à colmater dans sa barque. Un travail sans fin qui va mener nul part.

Bon, je suis en train de délayer affreusement quelques idées, mêmes si j'y mets des petites nuances, et je file en métaphore inutilement, je pense que tu auras compris ce que je voulais dire. Je reste dispo pour te donner des éléments plus précis si ça t'intéresse.
D'un autre côté, je me dis qu'au lieu de passer du temps à m'étendre sur les textes des autres, je ferais bien de finir les miens! Mais bon, j'ai comme ça un bel alibi pour ne pas travailler depuis presque un an... Et tu es aussi l'image même de ce qui me ferait peur, atteindre un niveau d'écriture où on peut s'autoriser une ambition d'écrivain mais aussi se rendre compte qu'on est finalement seulement au début de ce travail. C'est peut-être maladroit de te dire ça, mais quelque part, j'avoue te respecter aussi beaucoup pour ce choix que tu fais (et que je ne veux pour ma part pas assumer par lacheté).

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il y a 16 ans 6 mois #14278 par Vuld Edone
Je n'ai abordé que le premier paragraphe et j'en reste sidéré. Zarathoustra a raison. Je n'arrive pas à croire ce que je vais dire mais la comparaison du seul premier paragraphe est à elle seule éloquente.
Mais ce qui me frappe le plus, à la comparaison, c'est que la première version, certes partie que j'avais considérée comme la plus discutable du texte mais qui, comme le reste du texte, avait résisté à toute critique de ma part, cette première version a volé en éclats. Je me suis effrayé à y trouver à redire.

Je commencerai par la seconde version.

Galwyn cilla à plusieurs reprises, comme pour vérifier la réalité de sa vision, mais il ne distingua rien d’autre que ce carré immaculé placé devant la portée vierge d’un ciel sans nuages. L’éclat incroyable d’une lumière ambiante, dont il ne parvenait pas à déterminer la source, l’éblouissait ; son instinct lui soufflait de chercher le soleil, qu’il ne voyait pas, mais une partie de sa conscience se persuadait que cette forme vierge, dont la brillance semblait parfois se fondre dans la voûte céleste, devait être l’astre des lieux.

Tout comme j'ai hachuré dans le texte de Forge-rêves, je devrais barrer la fin de la première phrase. C'est exactement l'erreur que je ferais, le besoin de tout dire, tout de suite, avec renfort d'adjectifs. "immaculé", "vierge", "sans nuages", cette construction m'est familière suffisamment pour ne pas me frapper, mais si j'en crois les outils qu'on m'a donné, il faut supprimer, tailler là-dedans.
Cette première phrase contient une autre faiblesse, qui m'est toute particulière parce que, employant massivement la figuration et donc la comparaison autant que la métaphore, je passe sans arrêt par le "comme". Toute construction en "comme" est un risque, et je sais consciemment que quand j'écris la comparaison, c'est par manque d'application, parce que je veux finir et donc par facilité. L'incise est à supprimer, à modifier, le "comme" n'a pas sa place, surtout pas en début de texte.
Un détail étrange, je ne peux pas m'empêcher de me dire "un carré immaculé blanc", ajouter ce second adjectif comme une nécessité, même s'il s'agit d'une redondance. Je crois que c'est lié au mot "vision", par sonorité, mais cette intuition me dépasse quelque peu.
A la seconde phrase, le plus frappant est l'indéfini, "d'une lumière" et non "de la lumière", comme je me serais attendu à le trouver. Je crois que la lumière est là par défaut, et que donc vouloir l'introduire serait en introduire une seconde, mais mon interprétation peut s'avérer fausse. Je me demande si je suis le seul à avoir été frappé par ce détail.
J'effacerais bien sûr "incroyable", quoique par sonorité il se glisse bien dans le texte. Par contre, je suis sans pitié pour "ambiante", j'y trouve un sens de calme opposé à l'éblouissement qui suit, qui est pour moi une véritable agression.
Dans la troisième phrase, la plus grave erreur est le "devait être". Cette modalisation a peut-être pour elle la véracité, mais elle trouble la lecture. Il faut être sans pitié, pas de nuance. C'est. Je suis porté à toujours nuancer, et les "peut-être" abondent dans mes textes. Il faut croire (nouvelle prudence) que le lecteur n'aime pas ce tâtonnement. Même chose pour le "semblait", elle le fait ou ne le fait pas. A mon avis, une modalisation doit être motivée autant qu'une figure de style.
Dans cette même phrase se produit une opposition entre instinct et conscience, une opposition qui, à ce stade du texte, manque de sens. Si j'avais écrit ce texte, j'aurais diagnostiqué le besoin d'éviter la répétition du même mot, et je sens qu'ici ces deux notions si différentes sont trop rapprochées pour ne pas obliger à une interprétation laborieuse.
- Un mot sur "brillance", terme trop peu familier qui demande un effort, même léger. Il paraît trop technique, mais j'ai trouvé l'autre source du problème. Il existe trois autres "b" dans tout le paragraphe, "incroyable" que j'ai supprimé mentalement, puis "ambiant" et "éblouissait". Avant "brillance", nous avons eu une série de "p" et de "q", donc des occlusives (il y a aussi un "d") : "qu’il [...] pas, [...] partie [...] conscience [...] persuadait que [...] dont..." Dans ces conditions, j'ai associé "ambiant" et "brillance", car le "b" de "éblouissait" disparaît dans le "l", et parce que "ambiant" avait ce dernier son nasalisé "an". Le mot "brillance" a soudain pris beaucoup trop d'importance, du fait de sa prosodie. -
Enfin, la conclusion se fait sur "l'astre des lieux". Je me suis arrêté là, en me demandant ce qu'on voulait me dire. Nous partons d'une toile blanche, pour obtenir un astre. L'image est-elle pertinente ? Etait-ce ce qu'il fallait obtenir ? A la transition de deux paragraphes, nous nous retrouvons à parler d'un astre, qui ne reviendra plus, puisqu'après nous traitons d'un son.

Le premier paragraphe à lui seul a déroulé une foule de phénomènes qui n'existaient pas à ma connaissance dans ta première version. Je ne pourrais pas décrire ces phénomènes, parce que si je le fais, j'aurais doublement l'orgueil et l'égocentrisme de me les attribuer en tant qu'erreurs. Il est certain par contre que ce sont tous ces éléments qui ont donné cette impression à Zarathoustra de "phrases qui sentent l'auteur qui cherche à faire écrivain".

Voyons maintenant la première version, qui devrait être de loin supérieure, à nos souvenirs.

Une toile blanche était posée sur un chevalet si vétuste qu’il semblait à peine croyable que l’ensemble puisse tenir debout. D’autant plus surréaliste que le-dit chevalet se trouvait au sommet d’un pic démesuré battu par des vents d’une violence inouïe ! Mais par quel extraordinaire prodige le souffle phénoménal de la nature ne parvenait-il pas à faire basculer dans le vide ce ridicule petit ensemble ? Les morceaux de bois du chevalet ne semblaient pourtant pas enfoncés dans le sol. La toile elle-même n’était pas attachée aux boiseries. Absolument rien ne retenait ces objets fragiles d’une chute vertigineuse. Cet attirail d’artiste aurait dû s’envoler. Il devrait s’envoler, ce n’est pas possible.

Tout de suite, je m'arrête. La théorie est formelle, tous les verbes "être", "avoir", les verbes faibles comme "faire" ou encore "dire" et "voir" doivent être impitoyablement supprimés. Second verbe, modalisateur, le même que je critiquais dans la seconde version. Plus loin, je trouve une ponctuation forte, le point d'exclamation, et je n'en reviens pas, parce que l'effet que la phrase avait eue sur moi autrefois, de puissance et de vraisemblable, s'est envolé à cette seule ponctuation. J'y ai trouvé de l'exagération, et ce détail a tout détruit.
Ce qui n'empêche pas la phrase d'être tout à fait équilibrée. N'importe qui se serait loupé en ajoutant "battu par les vents" après "pic démesuré", une précision qui normalement aurait été fautive. Ici, non seulement cela passe, mais la structure réclame sa nécessité. Je n'ai pas réussi à la supprimer sans nuire à la phrase. Le moindre mot est utile. "Pic battu par des vents d'une violence inouïe", "pic démesuré battu par les vents", le seul mot qui n'est pas supprimable, mais qu'on peut remplacer par un autre, est "inouïe". J'ai tenté avec "rare", mais la sonorité en "i" est profitable à la phrase, et complète parfaitement la gradation de la phrase.
Tout de suite après, j'ai été frappé par le "mais" et l'interrogation. C'est tellement loin de ce que je me souvenais de ce texte que j'avais cru avoir mal lu. Le plus fort étant que cette insistance, sous formule banale sinon d'amateur, complète le texte et donne toute sa puissance, là où n'importe quel autre n'aurait fait qu'amputer la progression.
J'ai été frappé aussi par "les morceaux de bois du chevalet", alors qu'il aurait suffi de dire "les pieds du chevalet". La répétition de la préposition "de" aurait été dommageable à n'importe quel texte, alors pourquoi pas celui-là ? "Morceaux de bois" forme un tout qui ne signifie plus "pied" au sens de partie boisée, mais signifie vraiment "morceau", et ce seul mot a quelque chose de puissant en lui-même, discret mais violent. Ce sont des morceaux de bois, et cela accompagne l'idée de fragilité, donc, cela incarne parfaitement le chevalet.

En fait, tous les outils employé dans le premier paragraphe de la première version sont des outils accessibles à n'importe quel amateur, mais employés avec une maîtrise indiscutable. A l'analyse, sans prendre compte du tout, on s'en aperçoit, mais à la lecture, le texte a sa propre force, et prend avantage de toutes ces formes.
Dans le première paragraphe de la seconde version, les outils, les figures, les formes sont beaucoup plus complexes et très difficiles à maîtriser. Une forme seulement, de type rythmique :

L’éclat incroyable d’une lumière ambiante, / dont il ne parvenait pas à déterminer la source, \ l’éblouissait

L'acmé se trouve à la source, et la chute sur l'éblouissement. L'apodose (la chute) est très courte, alors que la protase (tout ce qui est avant) est très longue. Le français fonctionne sur le principe contraire, ce que j'aurai du mal à démontrer, mais qui devrait être évident à l'oral.
Il s'agit ici rien de moins que séparer le verbe du sujet, former une apodose courte et donc une chute violente, et produire une incise, ici qui plus est subordonnée et donc demandant un effort supplémentaire de lecture.
N'importe qui pourrait contourner la difficulté en faisant deux phrases : "L'éclat l'éblouissait. Il n'en trouvait pas la source." Et de dire qu'il a fait mieux. Mais la violence potentielle de la première structure, bien maîtrisée, surpasse de loin le découpage. Notons ici que "incroyable" et "ambiante" maintiennent la cohésion avec "éblouissait", par assonance, puisque l'incise est fabriquée en occlusives, "dont" "parvenait" "pas" "déterminer". C'est surtout le verbe "éblouir" qui, par manque de force et de motivation, fait échouer la construction. Je parie que si on changeait ce verbe, et que ce dernier n'avait pas de "b", incroyable disparaîtrait à la relecture.

Je vais continuer à lire ce texte, mais je crois déjà avoir pu résumer ce que j'avais à en dire, à ce seul premier paragraphe. Je m'en excuse, mais ces derniers temps, je suis obnubilé par le début des textes, et je ne peux pas m'empêcher de m'y arrêter plus qu'il n'est nécessaire.
Je donnerai sans doute un commentaire général, à partir d'ici.

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Au moment de traiter de ce premier passage, celui du rêve, jusqu'à l'apparition du plafond boisé, je n'ai pas pu m'empêcher de retourner à la comparaison du premier texte. Ce qui était uni alors se retrouve éclaté. Je ne ferai pas la comparaison plus loin, celle du premier paragraphe suffit. Je ne tiendrai pas compte des phrases qui existaient au demeurant, pour discuter seulement des lacunes du présent texte.

Je commencerai par là :

Dans cette vision, rien n’avait changé, comme si tout ce qui venait de se passer n’existait pas.

Cela me permet de faire reparaître un "comme", et j'en ai vu au moins un autre, ainsi que de nouveaux modalisateurs. Le "comme" est, ironiquement, une forme de modalisateur, au sens "il semblait que... mais non...", devant ici permettre de dire "on aurait dit que ça n'avait pas existé, mais ça a eu lieu". Le plus important à savoir est qu'un lecteur ne tient presque aucun compte de la modalisation.
Mais ce qui m'intéresse le plus, c'est ce "rien n'avait changé". Nous venons de passer huit paragraphes. Je me demande soudain ce qu'il nous apprenait. Je ne me permettrai pas l'hypothèse que ce passage soit immotivé. Ce n'est pas non plus la nouveauté du passage, par rapport à l'ancien, qui fait son défaut. Il se peut que ce soit plus que cela, ce que je crains le plus à la réécriture, et qui me fait sans autre tout effacer plutôt que corriger : le plaquage. Je crois que le passage ajouté ne trouve pas sa cohérence avec le reste du récit, qu'il est plaqué à côté et comme détaché.
A cela s'ajoute un autre problème. La puissance du rêve venait de ce qu'il était concret. Nous voyions le chevalet, nous savions exactement ce qui se passait. Ici, tout est beaucoup plus abstrait, nous ne savons pour ainsi dire rien durant huit paragraphes. L'abstraction est sans doute à terme l'élément le plus difficile, sinon l'unique élément impossible à maîtriser en écriture.
Je dirais surtout que dans ces huit paragraphes, ce qui compte le plus est la voix, c'est-à-dire, ces parenthèses de discours. Le lecteur s'y concentre, et dès lors, le contenu des paragraphes même perd beaucoup de valeur. Il n'est plus étonnant alors d'en sauter des passages, inconsciemment, de ne pas retenir ce qui y est dit. Je m'amuserais presque à trouver dans ce dialogue italique un métalangage, l'auteur disant au lecteur "regarde mon texte, et tu ne fuis pas ?" Mais c'est aller trop loin et c'est déprécier le texte lui-même.

Les erreurs repérées dans le premier paragraphe reviennent, inévitablement, mais il s'en ajoute d'autres, dont je suis assez familier. Tu n'as par exemple pas hésiter à faire une reprise pronominale du sujet pour une phrase particulièrement longue :

Les variations, encore un peu indistinctes, poursuivaient une route ascendante, elles déroulaient les fils de leur expansion vers des chemins de plus en plus curieux

Le problème, toutes choses égales par ailleurs, est que le lecteur y voit deux phrases séparées, soudain reliées par une virgule inexplicable, et que cela peut tant sortir de ses habitudes de lecture qu'il pourrait se demander ce qu'est le "elles" à quoi il se rapporte. Une question à éviter à tout prix, pour un anaphorique.
J'en profite pour indiquer que "encore un peu indistinctes" bloque la lecture, quand il aurait été plus simple, sans nuire à mon sens au sens du texte, d'écrire "encore peu distinctes", ce qui est bien sûr très différent mais, comme je le disais, le lecteur n'est pas attentif à la modalisation.

L'autre problème grave est la reprise presqu'étouffante de la pronominalisation à la troisième personne, je parle du "il" :

Il ne hurlait pas, il n’entendait pas tous les mots qu’il disait, mais il comprenait parfaitement les idées qu’il lui formulait.

L'exemple est ici sans doute le meilleur que je puisse trouver, cinq pronoms identiques dont, comble de l'incidence, deux ne reprennent pas le même sujet. Un tel choix est un brouillage de la lecture assuré de perdre le lecteur à plus de soixante pour cent. J'en suis assez familier pour les employer abondamment, sans pour autant les maîtriser.
Formulé autrement, "il ne hurlait ni n'entendait tous les mots, ni ne comprenait parfaitement ces formules d'idées", la phrase ne pose plus problème. Il y a donc eu choix à mon sens, choix ou facilité.
La même impression à l'emploi très fréquent du "mais", un peu aussi du "et", qui sont les connecteurs les plus classiques de la langue française. L'emploi du "mais" est comparable à l'emploi du verbe "avoir", à supprimer, modifier, en relecture. Nous devons le penser comme une facilité, surtout s'il s'avère trop fréquent dans un passage. Sa motivation demande une compétence qui me dépasse de loin, une compétence que, je crois tu détiens.

Il ne hurlait pas, il n’entendait pas tous les mots qu’il disait, mais il comprenait parfaitement les idées qu’il lui formulait. Ses perceptions précédentes commencèrent à prendre un sens, une boule d’affolement naquit au creux de son estomac, il voulut courir vers la toile, mais à peine eut-il esquissé un mouvement que l’azur du ciel, dans une immense vibration, vira à un noir impénétrable.

Nous remarquons aussi dans la dernière phrase le "dans" qui forme souvent une incise. Aussi surprenant que cela paraisse, je dis qu'il faut éviter ces formules, les chasser par tous les moyens.
A propos du "dans", je te laisse seul juge, s'il t'apparaît qu'il est trop fréquent, alors il est fautif, et demande à être maîtrisé également.

Reprenons, comme je l'ai fait pour Forge-rêves, le sujet du texte, ici du passage. Comme nous étions sur une corniche face au vide, nous sommes ici face à une toile blanche. Je suis d'avis que tout le rêve doit nous le dire, à tout instant, et que tout d'une manière ou d'une autre doit constamment nous y reporter. Je crois que la toile blanche est oubliée en cours de rêve, et que même durant la discussion, il arrive de s'en détacher, pour ne tenir compte que de la parole.
Je vais continuer ma lecture du texte. Dans ce passage, pour l'instant, je te conseillerai de donner un repère au lecteur, à partir duquel tout juger, et que ce repère soit la toile blanche. Ce devrait être le cas, mais pour une raison ou une autre, ce ne l'est pas.

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Les trois passages suivants s'avèrent beaucoup trop longs pour être discutés dans le détail. J'y trouve des phrases maladroites, des erreurs que je n'aurais jamais cru trouver.
J'ai souvenir, dans l'ancien récit, d'une histoire à reconstruire, donnée par bribes, et dont les bribes suffisaient pour construire un tout cohérent, empreint de mystère autant que de réalisme. Nous découvrions l'histoire sans nous arrêter. Avec la nouvelle version, l'histoire est donnée dans sa chronologie, les personnages s'y trouvent subordonnés et chaque événement du chapitre est savamment séparé des autres, par une méthode quasi-scolaire.
J'ai vu trois passages, trois parties, la première étant l'histoire, la seconde étant Sahren, la dernière étant le père. Découpage logique, avec Grégoire dans Sahren, puisque la majeure partie se passe à la bibliothèque, bornée par la chambre "mortuaire". Mais découpage artificiel. Dans le premier récit, nous ne suivions que Grégoire, qui se levait, écrivait, passait dans cette chambre puis allait voir son père, et c'est à peine si l'arrêt à la cuisine pouvait être noté, s'il avait jamais eu lieu.
Ici, avant même de se lever, il s'est remémoré ou quelqu'un nous a remémoré toute son histoire. Il passe dans la chambre un temps interminable à se trouver en bibliothèque, et même, cette clarté finit par perdre, car chaque partie trop séparée manque de cohérence avec les autres, et finit par nous faire demander où nous sommes et ce que nous faisons, ces questions mêmes que le texte voudrait nous voir abandonner pour la simple lecture, et que le lecteur ne peut pas laisser échapper.
Il y aurait beaucoup de phrases à corriger, je les ai laissé échapper à ma lecture, parce qu'en corriger une ne sert à rien, si l'erreur revient dans d'autres.

De son bureau, situé en hauteur par rapport à cette grande salle de lecture, pièce principale de la bibliothèque, où passaient tous ceux qui voulaient y entraient, Grégoire pouvait embrasser du regard ce qui s’y déroulait depuis cet immense œil de verre.

D'une part, je devine qu'on critiquera cette phrase pour être trop longue. Le véritable problème derrière est cette répétition formelle, qui se contredit. Il s'agissait bien sûr de dire que du bureau, par l'oeil de verre, il pouvait voir la bibliothèque. Le "depuis" reprend "de son bureau", et donne la localisation émettrice, non le lieu de passage. Non seulement il s'agit d'une répétition prépositionnelle spatiale, mais elle se contredit puisqu'elle donne deux lieux au final différents.
A terme, la phrase donne l'impression d'en contenir deux, qui seraient entrées en collision. Ici, sans aucun doute, à la relecture tu barrerais la moitié des mots.

J'en profite pour dire que la figure de Grégoire devient beaucoup plus conventionnelle et prévisible, jusqu'à me rappeler le début du jeu Baldur's Gate. La personne au passé glorieux qui s'enterre, alors que tout nous dit qu'il a été au centre du monde. En récit classique, je ne serais pas étonné qu'il meurt, encore moins au début, et moins encore en révélant quelque chose au héros.
J'en arrive, en fin de lecture, à m'attendre que Galwyn passe par la forge, achète une cotte de maille et un épée pour aller tuer quelques dragons. Loin, très loin, à un univers de distance de ce que m'avait laissé la première version. L'histoire devient trop évidente, trop affichée, dans un effort de clarté tourné à la facilité.

Mais plutôt que de comparer deux versions, puisqu'il n'y a pas de chemin derrière nous, il ne reste plus qu'à avancer. J'en reviens à ce que dit Zara', en te conseillant pour ma part de définir des faiblesses (verbes "être" et "avoir", participes présent et passé, connecteurs "et", "mais", comparaison, modalisation, etc...). Je suppose qu'il te faudrait dire aussi de prendre du recul d'avec le texte, mais pour ma part, je crois que tu t'en éloignes déjà bien assez.
Surtout n'essaie pas de revenir à la première version. Il aurait fallu l'effacer, entièrement, depuis le départ, car vouloir y revenir ne fera que te freiner. A toi de voir jusqu'où tu veux aller.

N.B. : Sans la moindre raison particulière et sans rapport aucun avec le texte, j'ajouterais à la liste des faiblesses les prépositions "de" et "avec", et en général, toutes les propositions, tous les connecteurs, en fait, tout.

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il y a 16 ans 6 mois #14301 par Post Scriptum
Réponse de Post Scriptum sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos
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il y a 16 ans 6 mois #14302 par Post Scriptum
Réponse de Post Scriptum sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos
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il y a 16 ans 6 mois #14303 par Post Scriptum
Réponse de Post Scriptum sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos
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il y a 16 ans 6 mois #14312 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos
Bon, j'ai fini de lire. La suite est bien meilleur que ce début. Si j'ai le temps je t'en ferais retour (tout comme je voudrais faire des retours sur tes retours :) ). Pour revenir sur la nécessité que j'ai eu à comparer les deux versions, c'est parce quej'avais l'impression que ce que jelisais ne fonctionnais pas, alors que'il m'avait semblé ne pas avoir eu cette impression la première fois. j'ai voulu savoir si c'est moi qui m'étais trompé ou si c'est toi qui avais tout changé.
Tu ne veux pas qu'on fasse de parallèle entre les deux versions, mais dis-toi au contraire que c'est très intéressant. On peut voir tes choix, et donc essayer de les comprendre et de te donner un avis.
Donc le texte est mieux que ce que me laissait penser ton début, mais c'est logique vu lamatière première que tu avais déjà à ta disposition, mais encore une fois, je ne suis pas certains que les changements que tu as fait soient tous pertinents. Notamment ta volonté de "raconter" le passé des personnages si vite. On a le temps. Ton texte est long, et tu as oublié d'accrocher le lecteur. Cen'est pas enlui racontant l'éducation de ton personnage central que tu vas y arriver. C'était justement les zones d'ombre qu'il y avait dans la précédente version qui m'avaient plus. Et force est de constater que tu as fais le choix de prendre une direction contraire. J'aimerais bien comprendre cette décision, surtout de le faire si tôt dans ton histoire qui n'en avait pas besoin avant.

Je m'arrête là, il est temps de me recoucher (sinon je me connais, les chroniques vont encore me voler quelques heures de sommeil!).

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il y a 16 ans 6 mois #14321 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos
Reprenons quelues uns de tes retours:

Paresseux. Tous les récits se prêtent à une analyse précise comme à une analyse générale. Ne me dis pas le contraire !

Ah mais je n'ai pas dis le contraire.. Seulement c'est toui qui a fait le choix de nous imposer une telle livraison qui, tu peux le reconnaitre, n'est pas la plus simple à lire et à commenter. Comment veux-tu qu'on te commente de manière précise 24 pages word, ce qui donne en gros une centaine de pages format livre!!!! Tu ne trouveras personne qui aura ce courage bénévolement. Tu aurais pu l'avoir en scindant ton texte (peut-être artificellement) en 3.
C'était juste une petite remarque qu'il ne faut as prendre mal. Mais elle est logique, on donne ici un temps qui n'est pas illimité et tu es le premier à signaler tes limites pour le faire.

D'autre part, les analyses dans le détails m'intéresse assez peu. Mais j'essaie de donner du recul à mon retour. Et je le fais d'autant plus que je suis assez le seul ici à procéder ainsi. Et j'essaie aussi de livrer les premières impressions qui sont selon moi essentiel pour l'auteur puisque c'est souvent les seuls qui existent avec un lecteur (très peu de lecteurs vont se donner la pein d'analyser ce qu'ils lisent: ils iament ou pas. Point. Et c'est très bien ainsi.). Bref, j'essaie de t'apporter un éclairage différent des autres, et tu auras remarqué que chacun a sa propre façon de faire des retours. Et toutes son intéressantes pour former le miroior qu'attend l'auteur que tu es.

Lire d'abord, lire sans penser à ce qui fût. C'est dommage, tout de même, que toi comme Feurnard soyez allez immédiatement effectuer un parallélisme avec ce qui fût.

Je me suis expliqué (dans la shoutbox et un peu plus haut). On se place quand même pour juger d'un travail, il est intéressant de juger de tes choix.

Je n'ai pas cherché à faire des phrases complexes, ni belles. Mon objectif reste de coller à mon exigence : j'ai voulu, autant que faire se peut, laisser le fond embrasser la forme. En l'occurrence, il s'agit ici d'un bruit démentiel, d'une cacophonie infernale, d'un monde onirique, incohérent, furieux. J'imaginais que des phrases trainant en longueur, des successions de virgules et d'adjectif sauraient embrasser mon idée.

Que tu aies voulu faire ou pas de belles phrases n'a pas d'importance, c'est ce qu'on resent qui compte. Et ce qu'on resent immédiatement, pas après réflexion et analyse. Je serais sans doute moins sévère sur une 2eme lecteure, mais le fait que c'ela m'ait sauté aux yeux la première fois est indélebile et surtout plus important pour toi que tout le blabla que je peux te mettre pour me justifier ou me nuancer. Considère que c'est n fait, qui est partagé qui pus est.
Tu ne poses pas le problème dans le bon sens. C'est pas dans tes intentions qu'il faut chercher mais dans ce qui est dans ton texte qui a pu ma faire penser ça. Effectivement, je tacherais de te donner des exemples. Ca t'aiderait, mais encore une fois, c'est à toi de 'tinterroger et de trouver des pistes, je suis davantage là pour te donner un rentit. Et plus je l'analyserais plus je lui oterais de sa valeur.
Pour essayer de t'apporter un peu d'au à ton moulin, je pense que tes intentions de départ sont justement indigestes sur un démarrage de texte. Donc AMHA (à mon humble avis pour les intimes :P )c'est même pas dans tes phrases, mais plus dans tes intentions qu'il faut chercher. Tu saisis un peu mieux les nuances et ce que j'entendais? ;)

Ca me parle. Mais tu te parles à toi-même ici, non ?

Aux deux mon capitaine! J'aurais voulu plus de dépouillement dans ton texte. Je pense que as ralongé ton texte, tu as introduit beaucoup d'aéléments, mais que l'étape suivante est dans les coups de ciseaux, dans la simplification. C'est d'autant facile à dire qu'on dispose de ta première version et qu'on sait que tu as rallongé. Et je ne le dis pas en comparant les deux mais bien en tant que resenti à ma lecture (et tout ce que j'ai dit tourne autour de ça quand je dis prétentieux , lourd et creux (mais la suite l'estbeaucoup mins (je tacherais d'y revenir une autre fois)). Donc en ce sens, je parle bien à toi.

C'était tout à fait ça, l'année dernière, à la fin de l'été. Je devenais Monsieur Sonaruo

Tu me demande des éléments concrets. Mais est-ce imprtant. Je te donne mon impression sur un texte, je ne te connais pas, et purtant j'ai renti quelque chose de jsute à travers ce texte et qui t'es arrivé. Je serais incapable encore une fois à te donner des éléments conret qui m'ont permi de le formuler. Ce qui m'a paru important, essentiel même je dirais, c'est de te donner cette impression. Et la réponse est justement en toi , là, dans ce texte. Mais c'est à toi de troiuver ce qui m'a permi de faire cette incursion dans ton psyché. Pas à moi. Et je t'assure que je ne suis pas Mme Irma.
Bref, ce que je veux te dire, c'est que je te donne des éléments qui doivent te permettre de relire ton texte avec l'oeil du lecteur. Mais ce n'est pas au lecteur de dire le pourqoi du comment sur de telle senstation. C'est une impression diffuse, qui est pourtant là, et qui pourrait être juste comme tu as pu le signaler. C'est à toi de repenser ton texte en fonction de ce qu'il produit (alors qu'un auteur cée et donne des choses différentes de ce qu'il peut produire). En l'occurence, c'est que ce que jet'ai dit n'est plas dans la subjectivité totale puisqu'elle touche une réalité qui est tienne.

Bon c'est encor plein de blah blah abstrait... Mais tu comprends pourquoi je ne me lance pas dans le concret et le détail parce que je ne m'en sortirai pas :mrgreen: (et en plus, j'ai même pas le temps d'écrire pour moi :( ). J'essaie de t'apporter un regard différent, il est possible que ce ne sot pas ce que tu attend ou que ça t'intéresse moisn que les détails, mais je sais que moi, sur mes textes, ça m'intéresse parfois plus que les détails et le concrets.
La vie n'est pas simple avec internet. :P mrgreen:

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il y a 16 ans 5 mois #14348 par Post Scriptum
Réponse de Post Scriptum sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos
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il y a 16 ans 5 mois #14353 par Vuld Edone
J'ai "des tas de" choses à dire, donc, je ne sais pas comment commencer, ni ordonner la masse phénoménale d'informations. Surtout, je ne veux pas redire ce que nous savons tous déjà, et qu'à force de dire, on finit par ne plus comprendre.
Alors je ferai simple.

Tu pleures sur la facilité, parce que justement, c'était facile. Mais la simplicité, elle, demande bien plus de rigueur et bien plus de complexité que tu n'en auras jamais fourni. Bien sûr, tu as écrit des textes équilibrés, superbes, et tu disais ce que tu avais à dire ! Tout comme il est facile ce château de cartes à un étage, qui s'abat au premier souffle ! Et tu pleures parce qu'arrivé à cinq étages, à six, les cartes n'arrêtent pas de s'effondrer.
Et qu'est-ce que ce serait, si tu te mettais au défi d'empiler les cartes à la verticale, sur la tranche, à hauteur d'homme, et les faire résister à toutes les tempêtes !
Le faible empile les cartes à l'horizontale, et pour cela il est très fort, et son texte n'aura aucun mal à tenir bon. Mais qui s'y intéresse ? Quel mérite face à la pyramide à dix étages, qui en quatre cartes s'élève plus haut que les cinquante-deux du faible ? Le fort fait face à une difficulté implacable, qui le rend faible, et son oeuvre sera d'autant plus faible qu'il sera fort.
Personne ne remarque la boue dans une porcherie.

Ne me mens pas, tu as toi-même donné les preuves que tu n'as pas stagné, les preuves que tu n'as rien perdu, au contraire, et tu le sais, et ça m'énerve de savoir que tu le sais pertinemment ! Je ne devrais pas avoir à dire une évidence ! Plume innocente n'est que plume facile, l'écrivain manipule son lecteur et manipule son histoire, et pour cela il est coupable ! Il n'y a pas d'écrivain innocent, nous nous damnons pour un peu de style, et la seule fraîcheur qui existe est celle que nous créons de toutes pièces !
Alors je ferai simple :
L'écriture est un crime. Sois la victime, ou le bourreau.

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il y a 16 ans 5 mois #14355 par Zarathoustra
Réponse de Zarathoustra sur le sujet Re: [Avril 2008] L'avertissement de la toile blanche - Aetos

par Post Scriptum sur 24 Mai 2008 17:48

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Dernière édition par Post Scriptum le 24 Mai 2008 23:58, édité 1 fois au total

Ecris-tu de la même manière que tu nous réponds, en avançant et en reculant? ;)
Du coup, je ne sais pas ce que t'as inspiré mon commentaire? Ce que réclame mon commentaire, c'était une discussion, c'est le moment précis où les pièces des Chroniques deviennent plus petites, où la lumière se tamise, bref, ce serait dommage de se censurer :(

Je tache de te faire un retour plus succint sur le reste, sans doute lundi.

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